Catégorie : Politique et société

  • L’abs­ten­sion n’est pas le plus gros parti de France

    L’abs­ten­sion plus gros parti de France ? oui mais non… Parce qu’il y a une centaine d’opi­nions incon­ci­liables dans les gens qui s’abs­tiennent. Ce n’est pas assi­mi­lable à un gros parti mais à plusieurs dizaines, peut-être plusieurs centaines.

    Et quand on se dit qu’en fait ce gros chiffre de l’abs­ten­tion c’est en fait une centaine de petits partis qui indi­vi­duel­le­ment n’ar­rivent pas à la cheville de ceux qui se font élire… ça change un peu la vision de ce qu’on peut en faire.


    Et pour éviter les trolls : Il n’en reste pas moins que oui, le parti qui a la majo­rité sur une assem­blée est au mieux quali­fiable de plus grande mino­rité. Oui ça pose un sacré problème démo­cra­tique (et encore plus quand les votes des élus du parti sont déci­dés par la majo­rité d’un petit bureau poli­tique).

  • Je ne discu­te­rai pas poli­tique avec vous

    Je ne discu­te­rai pas avec vous si vous trou­vez géniales toutes les propo­si­tions de votre favori ou que vous trou­vez une excuse à tout ce qu’il peut dire d’er­roné.

    Je ne discu­te­rai pas avec vous si vous trou­vez idiot tout ce que ses oppo­sants peuvent dire ou que vous imagi­nez un calcul perni­cieux derrière chaque propo­si­tion.

    Avoir des opinions et se retrou­ver dans un courant précis n’em­pêche pas d’avoir une pensée complexe et son propre esprit critique.

    Si vous n’êtes pas capables d’avoir cette pensée non binaire et de l’ex­pri­mer, ne venez pas discu­ter poli­tique avec moi. Ça n’a aucun inté­rêt ni pour vous ni pour moi… et ça m’épuise.

    Merci.


    Les équipes d’au moins deux candi­dats semblent surveiller les réseaux et inter­ve­nir systé­ma­tique­ment pour placer une réponse mili­tante non argu­men­tée. C’est fati­guant, pénible, et moi ça ne m’in­cite pas à les consi­dé­rer posi­ti­ve­ment. Au contraire.

    Depuis, surtout pour ces deux candi­dats, j’ai désor­mais tendance à faci­le­ment suppri­mer ou bloquer à vue les réac­tions des incon­nus qui surgissent de nulle part, dans mes commen­taires ici ou dans mes mentions. Bien entendu ça ne sera jamais le cas si vous abor­dez le fond, des chiffres, des argu­men­ta­tions qui ne se résument pas à votre opinion… et si vous accep­tez qu’on puisse simple­ment avoir une opinion diffé­rente.

  • [Santé] La réalité est complexe

    Pour éviter de payer trop de coti­sa­tions sociales il suffit d’ar­rê­ter de rembour­ser la bobo­lo­gie et les gaspillages, ou au moins de mettre une fran­chise de 1 ou 2 € pour respon­sa­bi­li­ser le patient et éviter qu’il ne consulte pour rien. Non ?

    La réalité est plus complexe que ça.

    En n’al­lant pas consul­ter avant que ce ne soit grave, parfois on évite de consul­ter pour rien… et parfois on empêche de détec­ter un vrai problème à temps, ou d’em­pê­cher que juste­ment ça ne devienne grave.

    L’ef­fet est malheu­reu­se­ment connu, étudié et publié(*). Vouloir limi­ter les rembour­se­ments soins aux cas graves finit par coûter plus cher à la collec­ti­vité que de rembour­ser tota­le­ment les soins léger à tous. Bien entendu, au passage, on a dégradé la santé des plus pauvres. L’équi­libre n’est pas qu’é­co­no­mique, il est aussi au niveau humain.

    * * *

    Au moins pour­rait-on éviter de rembour­ser les médi­ca­ments qui n’ont que peu d’ef­fet, au moins les place­bos type homéo­pa­thie, Non ?

    Même ce qui semble évident ne l’est pas tant que ça.

    Parfois ne pas avoir ce médi­ca­ment peu effi­cace ou ce placebo, c’est se finir par en donner un autre, peut-être plus cher, peut-être avec des risques d’ef­fets secon­daires à préve­nir ou à trai­ter. Ce peut aussi être voir le patient faire une seconde consul­ta­tion ailleurs pour obte­nir une ordon­nance. C’est aussi oublier que le placebo a aussi un effet réel sur le patient, même s’il est d’ori­gine psycho­lo­gique. Les méde­cins sont humains, et ils gèrent des enjeux humains qui ne se traduisent pas si faci­le­ment par de simples calculs.

    Bref, ne pas payer pour ce qui ne sert à rien peut au final coûter plus cher, aussi bien finan­ciè­re­ment qu’en terme de santé.

    * * *

    Mais on peut au moins réduire les gaspillages admi­nis­tra­tifs dans la CPAM et dans les hôpi­taux, non ?

    Devi­nez : C’est plus complexe que ça.

    Là aussi il y a un équi­libre. Faut-il plus de souplesse et donc avoir quelques gaspillages et une utili­sa­tion moins stricte des finances ? ou faut-il contrô­ler, mettre des proces­sus de ratio­na­li­sa­tion au risque de payer les contrôle, ajou­ter de l’ad­mi­nis­tra­tif, ne pas gérer les cas qui sortent des cases pré-établies ?

    L’équi­libre n’est pas évident, et a aussi un impact sur la qualité et le niveau des soins eux même. Tout tend à démon­trer qu’on est allé trop loin dans la ratio­na­li­sa­tion des hôpi­taux, dans les contrôles des méde­cins et dans la mise en cases admi­nis­tra­tives au niveau de la CPAM. Pour­tant ceux qui veulent écono­mi­ser en ajou­tant souplesse et simpli­cité sont les mêmes que ceux qui veulent éviter les gaspillages en bobo­lo­gie. Il va falloir choi­sir.

    * * *

    J’in­siste aussi : Pour ajou­ter à la complexité, il ne suffit pas de trou­ver l’op­ti­mum écono­mique. Les choix écono­miques ont aussi un impact sur le niveau de santé, sur le niveau de soli­da­rité.

    Trou­vez l’op­ti­mum écono­mique au risque d’une baisse raison­nable du niveau de soins dans l’hô­pi­tal public rural. Peut-être que les plus aisés se paie­ront le trajet vers une clinique privée plus loin au lieu d’al­ler à l’hô­pi­tal public local. L’hô­pi­tal public local ayant moins de volume, on y ferme la mater­nité locale dont les coûts fixes seraient trop impor­tants.

    Tout le monde, plus riches inclus, verra le niveau de soin bais­ser moins raison­na­ble­ment que prévu : un peu à cause des temps de trajet en urgence, un peu à cause de l’in­ca­pa­cité d’al­ler voir ses proches aussi faci­le­ment qu’à l’hô­pi­tal local, et beau­coup à cause des risques de compli­ca­tion en cas de problème urgent faute de mater­nité locale.

    Au passage, même si ça ne se verra pas sur les comptes de l’hô­pi­tal, tout le monde paiera aussi plus cher qu’i­ni­tia­le­ment : à cause des distances nette­ment allon­gées, autant pour les patients que leur famille ou que les pompiers et ambu­lances, à cause des jour­nées de congé pour faire le trajet, à cause des frais d’au­to­route, à cause de l’ab­sence de trans­port en commun pour aller si loin, etc.

    L’exemple donné n’est pas si théo­rique que ça.

    * * *

    Bref, Non notre système n’est pas parfait. Oui on peut amélio­rer les choses. Oui on doit conti­nuer à le faire, et à tester d’autres solu­tions.

    Main­te­nant la réalité est complexe et les solu­tions qui semblent évidentes ou de bon sens peuvent parfois bien dété­rio­rer les choses.

    Le fait est que notre couver­ture de santé est plutôt dans le tout haut du panier par rapport à qui se fait ailleurs, pour un coût total plutôt infé­rieur à la plupart des pays occi­den­taux (atten­tion à bien addi­tion­ner ce qui est payé par les orga­nismes publics mais aussi ce qui est payé à titre privé), et pour ce prix on a une soli­da­rité certes impar­faite mais qui là aussi est loin d’être dégueu­lasse par rapport à ce qui existe ailleurs.

     

    (*) Je n’ai pas les liens sous la main. Je me rappelle au moins une publi­ca­tion offi­cielle du Canada et une du Royaume Uni, ainsi que d’autres études. Si quelqu’un retrouve certains de ces liens, je suis preneur.

  • La rengaine du service mili­taire

    Emma­nuel Macron a annoncé samedi qu’il comp­tait instau­rer, s’il est élu président, un « service natio­nal » obli­ga­toire d’une durée d’un mois pour tous les jeunes.

    L’Ex­press

    Sérieu­se­ment ? Un mois. Déjà qu’un service natio­nal d’un an n’est pas forcé­ment perti­nent, un mois ça n’a juste plus aucun sens…

    Et ça parle d’y faire une remise à niveau scolaire, notam­ment pour l’illet­trisme. Et ça parle d’ai­der à la mixité sociale. Et ça parle de renfor­cer l’adhé­sion à la nation et à la collec­ti­vité. On peut arrê­ter le tir s’il vous plait ?

    L’école étant obli­ga­toire de 6 à 16 ans. 60 000 établis­se­ments, 850 000 ensei­gnants. Que vont donc bien pouvoir ensei­gner les mili­taires qui permette la remise à niveau en un mois après 10 ans d’en­sei­gne­ments par des profes­sion­nels expé­ri­men­tés ?

    L’an­cien service natio­nal avait au mieux su bras­ser diffé­rents milieux sociaux, bien qu’a­vec pas mal de repro­duc­tion. Avec un an de service, l’im­pact sur la mixité sociale de la nation hors des murs mili­taire a été quasi nul. A-t-on vrai­ment là aussi trouvé une formule magique pour prétendre avoir un meilleur effet en un mois alors qu’on prévoit déjà de sépa­rer les 10% les moins lettrés pour une remise à niveau scolaire ?

    J’ai aussi mal à voir en quoi impo­ser la présence et l’obéis­sance par la force pendant un mois va vrai­ment géné­rer une adhé­sion à l’État et à la nation. Mon expé­rience me fait croire qu’on va surtout radi­ca­li­ser les posi­tions. Ceux qui étaient un peu lâchés vont prin­ci­pa­le­ment géné­rer du rejet et un senti­ment d’op­pres­sion. Les autres peuvent se sentir mieux inté­grés, mais avec d’une vision très néga­tive sur ceux qui ne sont pas entrés dans le rang. Un an permet d’at­té­nuer cet effet néga­tif mais c’est impos­sible en un seul mois…

    Cette mesure ne figu­rait pas jusqu’à présent dans son programme.

    On peut croire que l’enjeu est là : Flat­ter les conser­va­teurs et les auto­ri­taires en consi­dé­rant qu’il y a des voix à récu­pé­rer à droite vue la situa­tion de leur candi­dat. Ce ne serait pas très glorieux pour celui qui prétend ne pas faire de promesses de campagne et appor­ter un renou­veau dans la parole poli­tique.

    Le risque c’est que l’in­ten­tion tienne en partie dans le troi­sième point de l’image : « dispo­ser d’une réserve mobi­li­sable en plus de la garde natio­nale. »

    L’Eu­rope s’arme. Le monde se radi­ca­lise et le natio­na­lisme monte rapi­de­ment partout, l’Eu­rope la première. Certains tech­no­crates croient peut-être que l’es­ca­lade à l’ar­me­ment est une bonne idée, voire qu’il faudrait une bonne guerre.

    On l’a déjà vu, et il y a tant de choses qui font repen­ser à l’avant guerre mondiale qu’il ne serait pas éton­nant que ces poli­tiques nous rejouent le même scéna­rio en pensant agir pour le bien de la nation, seuls dans leur micro­cosme.


    Cette idée du service mili­taire est une conne­rie vis-a-vis des objec­tifs présen­tés, mais que peut-on faire ?

    Vous voulez travailler contre l’illet­trisme ?

    Arrê­tez de réduire le nombre d’édu­ca­teurs spécia­li­sés. Embau­chez des ensei­gnants. Permet­tez aux familles non privi­lé­giées d’être là le soir et le week-end autour des enfants pour les accom­pa­gner dans les devoirs. Rédui­sez les effec­tifs par classe ou mieux, ajou­tez un second ensei­gnant par classe.

    On peut aussi favo­ri­ser la diffu­sion gratuite des livres du domaine public ou mettre un ensei­gne­ment continu gratuit. On peut créer des classes spéci­fiques pour ceux qui en ont besoin plutôt que de les porter avec leur tranche d’âge ou de les stig­ma­ti­ser avec des années de retard dans une classe plus jeune.

    Vous voulez favo­ri­ser la mixité ?

    Commen­cez par impo­ser le respect des quotas de loge­ments sociaux, et prin­ci­pa­le­ment dans les villes riches. Impo­sez que les quotas se fassent quar­tiers par quar­tiers plutôt que de relé­guer les plus pauvres dans des ghet­tos en bordure de péri­phé­rique ou d’au­to­route. On peut même imagi­ner que chaque construc­tion neuve de plus de 4 loge­ments inclue une propor­tion de loge­ment sociaux sur place.

    Redo­rez l’école publique pour que les plus aisés ne cherchent plus à la fuir. Non ce n’est pas un hasard s’il y a corré­la­tion avec mes propos plus haut.

    Arrê­tez l’ex­plo­sion des frais sur l’uni­ver­sité. Évitez que les moins aisés aient à travailler en paral­lèle de leurs études. Redo­rez aussi l’uni­ver­sité et ses programmes de recherche pour que les aisés ne fuient pas tous en grandes écoles.

    Vous voulez une cohé­sion natio­nale ?

    Pour rappro­cher le citoyen de l’État, on pour­rait déjà arrê­ter de culpa­bi­li­ser ceux qui sont dans le besoin, finan­ciè­re­ment, humai­ne­ment ou pour leur santé. Arrê­tez de les trai­ter de frau­deurs, d’as­sis­tés, de fainéants, ou de reje­ter leurs cris. Permet­tez aux struc­tures qui ont pour pour but d’ai­der ceux en diffi­culté d’être plus là pour épau­ler et accom­pa­gner que pour culpa­bi­li­ser et contrô­ler.

    Lutte contre la discri­mi­na­tion, arrê­tez de dési­gner l’en­nemi, de monter les uns contre les autres, de segmen­ter et divi­ser en groupes. Redon­nez une vision de progrès social. Quit­tez tous les privi­lèges de fait, redon­nez ses lettres de noblesses à la démo­cra­tie, faites de la poli­tique plutôt du marke­ting.

     

  • Et si je me lançais en indé­pen­dant ?

    En période de chômage entre deux postes, j’ai la créa­tion d’en­tre­prise qui me démange beau­coup.

    Je ne fantasme pas la vie d’in­dé­pen­dant. Ma prio­rité va de loin à la parti­ci­pa­tion à un effort collec­tif dans la durée au sein d’une société.

    L’idée de base c’est d’avoir une acti­vité en atten­dant le poste en CDI qui me fera briller les yeux. Je ne serai pas non plus contre à l’ave­nir avoir un emploi prin­ci­pal aux 4/5ème et une acti­vité d’in­dé­pen­dant en paral­lèle quelques jours par ci par là. J’ai toujours trouvé que ça peut être béné­fique pour se chan­ger les idées, voir d’autres choses, ou modu­ler le volume de travail en fonc­tion de la moti­va­tion.

    * * *

    Le truc c’est que je ne vois pas le risque. Tel que je le comprends, que j’ai ou pas des reve­nus sur l’ac­ti­vité, je peux comp­ter au mini­mum sur le main­tient des indem­ni­tés chômage pendant toute la durée habi­tuelle.

    Si on me fait une belle offre de CDI dans deux mois et que je mets ma boite en sommeil. J’au­rais dépensé quelque chose comme 2 500 € entre les frais d’ou­ver­ture et le comp­table la première année. C’est accep­table et vite remboursé si je fais quand même un peu de pres­ta­tion sur ces deux mois.

    Au pire (ou au mieux, suivant), la belle offre ne vient pas et je mène­rai la barque en indé­pen­dant dans la durée.

    * * *

    Le projet est de créer une SASU et de me rému­né­rer en divi­dendes tant que ce n’est pas une acti­vité prin­ci­pale à plein temps. Il sera temps de bascu­ler en rému­né­ra­tion par salaire si ça devient une acti­vité prin­ci­pale à plein temps.

    Si jamais je dois mettre la struc­ture en sommeil, j’au­rais encore la CFE et le comp­table à payer. La somme des deux ne devrait pas dépas­ser 1 000 ou 2 000 € au grand maxi­mum. Il y a aussi des frais pour clôtu­rer la société. J’ai bon espoir que ça soit du même ordre de gran­deur. Ce n’est pas rien mais ça reste dans des propor­tions raison­nables.

    * * *

    Bref. Sauf si fermer sa société implique des frais très impor­tants, je ne vois pas le risque, ni humain ni finan­cier.

    Ai-je fait une erreur quelque part ?
    Quelqu’un a-t-il déjà parcouru ce chemin ?
    Vous avez des conseils ou retour d’ex­pé­rience ?


    FAQ

    Pourquoi pas Auto-entre­pre­neur ? La fisca­lité est bien plus avan­ta­geuse que celle des divi­dendes d’une SASU mais les règles de cumul avec le Pôle Emploi sont bien moins avan­ta­geuses. Au final j’y perdrais, sans comp­ter que mes frais de dépla­ce­ments Paris-Province seraient soumis à coti­sa­tion.
    Ça aura par contre du sens en acti­vité annexe d’un emploi prin­ci­pal stable. On verra quand j’en serai là.

    Pourquoi pas une EURL ou une SARL ? Fisca­le­ment c’est un peu moins avan­ta­geux que de tirer des divi­dendes d’une SASU et les règles de cumul sont aussi désa­van­ta­geuses que l’auto-entre­pre­neur. Je subi­rai aussi le RSI dans sa tota­lité, et ça j’ai­me­rais éviter.
    Ce serait inté­res­sant fisca­le­ment comme acti­vité prin­ci­pale par rapport à une acti­vité sala­riée en SASU, mais je ne suis pas certain d’avoir envie d’aban­don­ner le régime géné­ral.

    Pourquoi pas du portage sala­rial ? Je connais peu mais j’ai l’im­pres­sion que j’échange les frais de créa­tion + comp­table contre une commis­sion de 6 à 10% sur tout ce que je facture. J’ai peur de la péni­bi­lité quand il faut faire signer les contrats tripar­tites ou pour faire valoir mes frais profes­sion­nels.
    Ce serait un très bon trem­plin pour commen­cer une acti­vité de free­lance avec l’idée de me mettre à mon compte quand ça fonc­tion­nera bien, mais ce n’est pas mon projet. Dans l’idée, je cherche encore un CDI de sala­rié à titre prin­ci­pal.

  • Les offres raison­nables

    Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi les immondes assis­tés chômeurs ont l’im­pres­sion que le Pôle Emploi les enfonce plus que ne les aide…

    Donc voilà, je cherche depuis peu un poste de direc­teur tech­nique auprès d’équipes de déve­lop­peurs et respon­sables produit web. Je suis embarqué pour peut-être créer ma propre struc­ture.

    Ça vous rappelle quelque chose le prin­cipe de « deux refus maxi­mum d’une offre raison­nable avant ce couper les allo­ca­tions » ? On me demande aujourd’­hui de justi­fier mon refus pour une offre.

    Voilà l’offre : Malgré le titre pompeux de « Direc­teur des systèmes d’in­for­ma­tion », il s’agit d’un poste de tech­ni­cien pour gérer l’IT de la petite mairie locale, deman­dant 2 ans d’ex­pé­rience à ce poste, pour un CDD de 3 mois avec 1h30 de travail 4 jours par semaine, vacances scolaires exclues, le tout dans un autre dépar­te­ment que le mien.

    Même finan­ciè­re­ment j’en aurais pour un peu moins de 1h de route et auto­route aller-retour. Je doute que ce soit payé beau­coup plus que le SMIC. Entre l’es­sence et les péages, cette histoire devrait au final me rendre béné­fi­ciaire d’un royal 150 € les mois sans vacances scolaires, avant même de comp­ter l’amor­tis­se­ment de la voiture.

    Le pire c’est que si je suis pris ça me bloque 4 après-midi sur 5, où je ne pour­rais pas faire d’en­tre­tiens sur ma vraie recherche de boulot, celle pour un plein temps durable dans mes compé­tences. Évidem­ment aller faire un entre­tien sur Paris pour la jour­née devient exclu.

    Moi il me reste à justi­fier ce refus en espé­rant qu’il ne me sera pas compté sur les deux offres d’em­ploi raison­nables.


    J’hé­site à candi­da­ter en mettant tout sur le tapis dans la lettre de moti­va­tion, histoire de tour­ner ça en ridi­cule.

    Monsieur le maire,

    Bien que je n’ai aucune expé­rience profes­sion­nelle préa­lable à ce type de poste et que 2 ans sont requis dans l’an­nonce, je tiens par cette candi­da­ture à vous faire preuve de ma moti­va­tion. Je crois en effet être capable d’ap­prendre les rudi­ments néces­saires en un temps raison­nable.

    Je pour­rai cepen­dant avan­cer les capa­ci­tés d’ana­lyse et d’or­ga­ni­sa­tion, force de propo­si­tion, rigueur, auto­no­mie, esprit d’équipe, et écoute qui sont aussi expri­més dans l’an­nonce.

    Compte tenu du volume horaire proposé de 1h30 quatre jours par semaine hors vacances scolaires d’avril à la fin de l’an­née scolaire tout début juillet, soit un équi­valent temps plein total de 72 heures sur toute la période (c’est à dire envi­ron deux semaines temps plein en cumulé), j’ai par contre toute l’ex­pé­rience et les compé­tences néces­saires pour vous aider à prio­ri­ser et choi­sir la mission la plus impor­tante parmi les quinze à vingt présen­tées dans l’an­nonce – d’au­tant que certaines demandent plus de deux semaines à temps plein à elles-mêmes.

    Afin d’ai­der votre plani­fi­ca­tion et par honnê­teté, je me dois toute­fois de vous infor­mer que je suis toujours à la recherche d’un poste CDI et corres­pon­dant mieux à mes compé­tences, mon expé­rience ou ma loca­li­sa­tion profes­sion­nelles, et que je serai donc au regret de rompre ce CDD si d’aven­ture une oppor­tu­nité plus adéquate se présen­tait.

    Je me tiens à votre dispo­si­tion pour un éven­tuel entre­tien où je pour­rai vous montrer plus avant mon expé­rience en star­tup et en déve­lop­pe­ment de produits web grand publics et B2B. En cette attente vous trou­ve­rez mon CV ci-joint.

    Dans l’at­tente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le maire, l’ex­pres­sion de mes salu­ta­tions distin­guées.

    Je n’ai juste pas envie de me fâcher dès le premier jour avec l’ad­mi­nis­tra­tion, mais ça me tente vrai­ment.

  • Mon problème avec le Deco­dex

    J’aime beau­coup ce que font Les Déco­deurs. Je soutiens très fort Samuel Laurent et son équipe qui s’en prennent plein la figure tout le temps sur le moindre sujet.

    Le Deco­dex était une bonne idée, avec une bonne inten­tion. Vous avez essayé et… ça s’est révélé au mieux hasar­deux. Plus proba­ble­ment c’était tout simple­ment une mauvaise idée. Il est temps de le ranger au placard et de célé­brer une bonne initia­tive qui n’a pas fonc­tionné pour pouvoir tenter autre chose la prochaine fois. Persis­ter n’ap­porte rien.

    *

    J’ai un problème avec l’axiome de base du Deco­dex, l’idée que la répu­ta­tion du conte­nant doit permettre d’avoir – ou non – confiance dans le contenu.

    Si je me base dessus, j’au­rais plutôt du donner foi à l’ar­ticle d’un jour­nal fiable qui parle d’une consul­tante profi­leuse, aussi inter­viewée sur une chaîne d’in­for­ma­tion natio­nale. Dans le contenu elle parle de son don de sixième sens, à l’oc­ca­sion de la sortie de son livre sur le sujet. Hum…

    Je repère régu­liè­re­ment des erreurs graves ou gros­sières dans mon domaine d’ex­per­tise dans des propos relayés sur les média très bien répu­tés. Je ne vois pas pourquoi il en serait diffé­rem­ment dans les domaines où je n’y connais rien. Ne parlons même pas des rubriques horo­scope des hebdo­ma­daires bien clas­sés par le Deco­dex.

    Inver­se­ment une ques­tion ou une infor­ma­tion révé­lée sur le plus immonde site poubelle ou sur un blog tota­le­ment inconnu n’est pas forcé­ment fausse pour autant. Toujours sur mon domaine d’ex­per­tise, l’in­for­ma­tique, les blogs sont souvent bien plus poin­tus que les média natio­naux. J’ai l’im­pres­sion que c’est parfois aussi vrai pour le droit.

    *

    Bref, la répu­ta­tion du conte­nant ne me permet pas de juger de la fiabi­lité d’une infor­ma­tion. Je dois faire appel à mon juge­ment. Si une infor­ma­tion semble extra-ordi­naire, je dois remon­ter vers la source, recou­per et utili­ser mon esprit critique.

    Cette analyse est vraie que je commence à partir d’un site fiable ou nonJe ne dois pas l’ap­prendre aux jour­na­listes des Deco­deurs, je suis certains qu’ils véri­fient et croisent leurs infor­ma­tions même quand elle vient d’une source à priori connue comme fiable.

    Tout ça est long, parfois je ne le fais pas, géné­ra­le­ment je ne le fais pas. Quand je ne le fais pas je prête foi à mes sites habi­tuels, ceux que je connais et que j’ai déjà choisi en fonc­tion de mon juge­ment décrit plus haut. Les autres, tous les autres, je les écar­te­rai en atten­dant mieux.

    Je ne me base­rai certai­ne­ment pas sur le simple fait que le conte­nant est marqué comme géné­ra­le­ment fiable sur le Deco­dex. Je connais juste­ment trop ce que ces sources peuvent faire comme erreurs sur mon domaine d’ex­per­tise pour leur faire une confiance aveugle sur le reste. Que le site ait bonne répu­ta­tion ne veut pas dire que toutes les rubriques se valent, ou qu’il n’y ait pas des sujets aussi liti­gieux que l’ho­ro­scope (mais pas toujours aussi faci­le­ment iden­ti­fiables).

    *

    Du coup, de quelle aide est le Deco­dex ?

    Je connais bien un site et il a ma confiance ? Le Deco­dex ne me fera pas chan­ger d’avis, que ce site soit indiqué comme fiable ou non. Les fan des sites liti­gieux risquent même de reje­ter le Deco­dex dans son ensemble.

    Je connais bien un site et il n’a pas ma confiance ? Je doute que je vais d’un coup appor­ter ma confiance à un contenu que j’y lis simple­ment parce que le Deco­dex me dit que le media a bonne répu­ta­tion.

    Je ne connais pas bien un site et il n’est pas classé fiable ? Je suppose que tous ceux qui seraient inté­res­sés par le Deco­dex au point de l’uti­li­ser sont aussi ceux qui vont consi­dé­rer une infor­ma­tion d’un media inconnu comme non fiable par défaut. Tout ça ne va rien chan­ger.

    En fait le seul cas où le Deco­dex aura une influence c’est le dernier cas : le site peu ou pas connu qui est classé comme fiable. Et là le seul risque c’est que ça m’in­cite à faire confiance sans véri­fier… là où il y a peut-être un problème moins évident à remarquer que la profi­leuse un peu medium qui fait la promo­tion de son livre.

    Bref. un peu le contraire de l’objec­tif pour­suivi, non ?

    C’était une bonne idée, je suis heureux qu’elle ait été lancée, je ne critique­rai pas les auteurs pour avoir essayé, main­te­nant il est temps de consta­ter que c’est une impasse qui n’ap­porte rien de posi­tif mais qui en plus pose des ques­tions déli­cates sur qui classe, comment, et les biais que ça intro­duit.

  • Du plafon­ne­ment des indem­ni­tés prud’­hom­males

    E. Macron reprend encore l’idée du plafon­ne­ment des indem­ni­tés prud’­hom­males en cas de licen­cie­ment.

    L’idée c’est de limi­ter la respon­sa­bi­lité de l’en­tre­prise quand elle viole la loi ou le contrat de travail. En creux ça veut aussi dire que la victime de ces illé­ga­li­tés ne serait pas indem­ni­sée à hauteur du préju­dice. C’est déjà la partie la plus faible des deux mais tant pis pour elle si elle est victime, à elle d’as­su­mer.

    Je ne comprends même pas dans quel monde on peut imagi­ner ça légi­time ou même souhai­table. Quelqu’un m’ex­plique ?

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    Qu’on ne me dise pas que les plafonds sont étudiés en fonc­tion de cas pratiques et ne chan­ge­ront rien en réalité. Si ça ne chan­geait rien, il n’y aurait pas besoin de les mettre en œuvre.

    Lors des discus­sions précé­dentes le ministre avait dit faire en sorte que le plafond corres­ponde en théo­rie à la moyenne des indem­ni­sa­tions de la caté­go­rie. Par défi­ni­tion ça veut dire qu’à peu près la moitié des indem­ni­sa­tions sont réduites, mais que les autres ne sont pas augmen­tées pour autant. Bref, ça change, et pas qu’un peu.

    En pratique je me rappelle que dans mon cas il était prévu que le plan­cher d’in­dem­ni­sa­tion mini­mum de 6 mois de salaire devienne un plafond d’in­dem­ni­sa­tion maxi­mum. Je ne sais pas vous mais pour moi ça chan­geait tout.

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    Je n’achète pas non plus l’ar­gu­ment d’amé­lio­ra­tion de l’ef­fi­ca­cité et des délais. Quand les parties sont d’ac­cord il y a déjà un proces­sus de conci­lia­tion avec des barèmes de réfé­rence. Si on cherche à faire des plafonds c’est bien que ça ne fonc­tionne pas.

    Il faudra toujours juger qui a raison, et évaluer le dommage (ce serait un plafond, pas un forfait). Les délais seront toujours énormes rien que pour obte­nir la première audience de conci­lia­tion qui ne sert à rien. Si on veut raccour­cir les délais il y a de quoi faire, et ça ne se joue pas sur les montants des indem­ni­tés.

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    Si la mesure est soute­nue c’est surtout pour les entre­prises, pour faci­li­ter le calcul qu’elles font déjà : « si je licen­cie alors que je n’ai pas le droit, combien ça va me coûter ».

    Là il s’agit non seule­ment de sécu­ri­ser finan­ciè­re­ment une action qu’on sait déjà illé­gale, mais en plus d’en dimi­nuer le montant.

    De là à dire qu’on fragi­lise les droits et qu’on renforce l’en­tre­prise face au sala­rié, il n’y a qu’un pas. Et ‘op, je le fran­chis.

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    Le dernier argu­ment c’est celui du pauvre gérant de TPE qui fait des erreurs de bonne foi.

    Outre que le plafon­ne­ment couvre surtout tous les autres cas, j’ai toujours du mal à voir pourquoi ce serait au sala­rié d’as­su­mer l’er­reur et de payer le dommage créé par son employeur, fut-il de bonne foi.

    En cette période de chômage de masse le sala­rié (lui aussi souvent pauvre) est-il à ce point en posi­tion aisée pour qu’on doive lais­ser les consé­quences à sa charge ?

    Aidons ces gérants de TPE via une ligne de support juri­dique, propo­sons-leur une assu­rance gérée par le privé ou par l’État pour gérer ce genre de problèmes, mais en aucun cas il n’est légi­time de faire payer la victime qui est déjà celle qui est le plus en posi­tion de faiblesse.

     

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    Tout ça répond à une seule logique bien connue du libé­ra­lisme contem­po­rain : Il faut privi­lé­gier l’en­tre­prise sur l’in­di­vidu, l’en­tre­pre­neur sur le sala­rié, l’éco­no­mie sur la vie person­nelle. L’idéo­lo­gie jamais confir­mée dans l’his­toire, c’est que ça profi­tera in fine à la popu­la­tion, quitte à sacri­fier quelques années voire quelques géné­ra­tions le temps que ça s’équi­libre.

    Merci mais non merci.

  • Quelques idéaux sur l’hé­ri­tage

    On a parlé héri­tage et je me rends compte que je n’avais toujours pas écrit ce billet. Pas d’ar­gu­men­ta­tion chif­frée, essen­tiel­le­ment de l’opi­nion pour l’ins­tant :

    Je n’ai jamais compris la légi­ti­mité de l’hé­ri­tage. Au delà de la source d’iné­ga­lité, je ne vois pas en quoi on mérite quoi que ce soit sous prétexte de filia­tion. Alors certes, je comprends que les parents veuillent donner mais la fisca­lité des dons me semble alors parfai­te­ment adap­tée. La volonté passée d’un mort ne me semble pas d’un poids suffi­sam­ment fort pour méri­ter des avan­tages fiscaux dans l’or­ga­ni­sa­tion sociale entre les vivants.

    Ce que j’ima­gine :

    Exoné­ra­tion totale de droits pour :

    – Le conjoint (sous condi­tion de vie commune depuis un certain temps et de déjà gérer leur patri­moine de façon commune) ;

    – Les personnes à charge qui vivent sous le même toit ou en insti­tu­tion (enfants jusque 20 à 25 ans, inva­lides, ascen­dants dépen­dants, …).

    Fran­chise totale jusqu’à 100 000 € pour les autres cas de trans­mis­sions à des proches ayant encore un lien actif (si tu n’as plus de liens de soli­da­rité depuis des années, tu oublies).

    Fisca­li­sa­tion élevée de l’ordre de 60% pour tout le reste, sans excep­tion, sans abat­te­ment, y compris pour l’im­mo­bi­lier. Le 60% n’est pas arbi­traire, c’est la fisca­lité pour les dons quand il n’y a aucun statut privi­lé­gié.

    Aucune trans­mis­sion vers des tiers sans lien affec­tif ou de soli­da­rité récent avec le défunt, sauf à ce qu’ils soient dési­gnés nommé­ment dans un testa­ment. Contrai­re­ment à aujourd’­hui, sauf si  par le défunt le demande expli­ci­te­ment, le petit fils du cousin n’au­rait droit à rien même s’il est le descen­dant le plus direct. Ce genre d’hé­ri­tage n’a aucun sens et aucune légi­ti­mité.

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    Par contre je trou­ve­rai légi­time de trou­ver une solu­tion éviter la mise aux enchères forcée des biens dont l’at­ta­che­ment fami­lial est parti­cu­lier.

    Le dona­teur trans­met une habi­ta­tion fami­liale dans laquelle le léga­taire a passé une partie signi­fi­ca­tive de sa vie et dont il projette de faire sa rési­dence prin­ci­pale ? On peut imagi­ner deman­der le paie­ment des droits de succes­sions corres­pon­dants, modulo des inté­rêts légaux, unique­ment quand cette situa­tion change.

    On peut imagi­ner un système simi­laire au cas par cas pour d’autres biens comme des objets d’art.

    Pour les petites entre­prises histo­rique­ment contrô­lées par la famille et dont le léga­taire prévoit d’en reprendre le contrôle actif, on peut imagi­ner un méca­nisme simi­laire, ou que l’État en devienne action­naire silen­cieux avec un droit de sortie conjoint auto­ma­tique en cas de revente.

    Bref, il y a des solu­tions à la problé­ma­tique de la fameuse maison fami­liale qui a pris une valeur déme­su­rée.

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    Je sais que ça ne chan­gera pas les finances publiques de façon gigan­tis­sime, mais si on réaf­fecte ces sommes pour subven­tion­ner l’édu­ca­tion des jeunes ou leur prise d’in­dé­pen­dance, ça sera proba­ble­ment mieux utilisé et plus légi­time.

    Je sais, tout ça est irréa­li­sable, mais au moins ça me permet­tra d’y faire réfé­rence sur une prochaine discus­sion.

  • Mon problème avec E. Macron

    Je lis le billet d’Au­thueil qui illustre très bien mon problème avec Emma­nuel Macron. On nous vend du disrup­tif, du renou­veau, mais je n’ai toujours qu’un superbe embal­lage marke­ting. Je suis désolé, ce n’est pas ce que j’en attends, même si ça fonc­tionne.

    Sur la méthode, Macron détonne égale­ment. Un excellent article de Média­part (payant) explique très bien que « En marche » est diri­gée par un staff qui sort d’HEC, et qu’il est dirigé comme une start-up, avec des méthodes commer­ciales et de mana­ge­ment qui sont fami­lières à ceux qui bossent en entre­prise, mais tota­le­ment étran­gères au monde poli­tique. Le choix des théma­tiques et des messages, comme le posi­tion­ne­ment centriste « ni droite ni gauche », ne doivent rien au hasard, et il y a du y avoir de bonnes études de marché au préa­lable. Emma­nuel Macron est lancé comme un nouveau produit, avec toutes les tech­niques marke­ting qui vont bien pour ça. C’est, pour l’ins­tant, redou­ta­ble­ment effi­cace, et cela donne un sérieux coup de vieux aux appa­reils poli­tiques tradi­tion­nels.

    Moi j’ai­me­rais bien qu’on choi­sisse notre repré­sen­tant natio­nal sur la poli­tique qu’on souhaite appliquer et pas simple­ment sur l’ef­fi­ca­cité de son équipe de commu­ni­ca­tion. Oui, je sais, je suis vieux jeu.

    Authueil parle aussi du programme. Comme tous ses parti­sans, il pointe vers un site tiers pour se faire une idée du programme. Le simple fait de devoir aller pour ça sur un site tiers qui n’en­gage pas le candi­dat alors que l’équipe de commu­ni­ca­tion est jugée excel­lente par tout le monde, ça devrait faire réflé­chir. Sur ce site on y trouve des cita­tions très longues qu’il faut inter­pré­ter sur chaque sujet.

    Si j’osais, je dirais que ça ressemble à un évan­gile. Quel que soit la thèse qu’on défend, on pourra s’y retrou­ver. C’est presque magique. Mais du coup, pour affir­mer quelle est réel­le­ment la posi­tion du candi­dat ou ce qu’il va faire…

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    Vous ne me croyez pas ? J’ai pris l’exemple de la laïcité, sujet clivant en ce moment s’il en est. La moitié du texte décrit le présent ou le passé de façon neutre. C’est « le diagnos­tic ».

    Je me concentre donc sur les prises de posi­tion dans la partie « action ». J’in­siste, j’ai sauté la partie « diagnos­tic ». Ici vous trou­ve­rez verba­tim toute la partie « action » et unique­ment la partie « action ». Vous voulez de l’ac­tion ? il faudra repas­ser :

    Il consi­dère qu’il faut « préser­ver comme un trésor la concep­tion libé­rale de laïcité qui a permis que dans ce pays, chacun ait le droit de croire ou de ne pas croire, l’ex­pres­sion se lisant d’ailleurs dans les deux sens. »

    Je vous mets au défi de trou­ver un candi­dat signi­fi­ca­tif qui ne soit pas d’ac­cord avec ça.

    Ainsi, selon cette concep­tion libé­rale, « en France, aucune reli­gion n’est un problème. »

    Emma­nuel Macron fait néan­moins une distinc­tion majeure entre les reli­gions et les compor­te­ments se plaçant sous le signe du reli­gieux : « Ce qui est un problème […] ce sont certains compor­te­ments, placés sous le signe du reli­gieux, quand ils sont impo­sés à la personne qui les pratique. […] Car si la liberté de conscience est totale, l’in­tran­si­geance quant au respect des lois de la Répu­blique, elle, est abso­lue. […] En France, il y a des choses qui ne sont pas négo­ciables. On ne négo­cie pas les prin­cipes élémen­taires de la civi­lité. On ne négo­cie pas l’éga­lité entre les hommes et les femmes. On ne négo­cie pas la liberté. »

    Toutes les reli­gions sont accep­tables, mais pas forcé­ment tous les compor­te­ments au titre de ces reli­gions. Vous pouvez l’in­ter­pré­ter pour dire tout et son contraire.

    Je soutiens la vision multi­cul­tu­relle ? ça fonc­tionne. Je soutiens la vision qui défend la France d’ex­tré­mistes isla­miques ? ça fonc­tionne. Je soutiens la vision des mulsul­mans, y compris radi­caux non violents, qui se sentent brimés ? ça fonc­tionne. Je peux même soute­nir une vision large­ment raciste qui se défend de vouloir bannir la reli­gion musul­mane mais qui veut en inter­dire toute mani­fes­ta­tion sous prétexte de civi­lité ou égalité.

    Bref, E. Macron est pour le respect des lois, l’éga­lité, la civi­lité et la liberté. Quel candi­dat ne l’est pas ? Aucune action.

    Emma­nuel Macron se réfère à la loi de 1905 qui n’in­ter­dit pas les mani­fes­ta­tions reli­gieuses dans l’es­pace public tant qu’il n’ap­pa­rait pas de trouble à l’ordre public. Il fustige à ce titre les débats autour de l’ex­pres­sion du reli­gieux dans l’es­pace public : « l’Etat est laïc, pas la société. »

    Selon lui, « le laïcisme qui se déve­loppe aujourd’­hui, à gauche et à droite, est une concep­tion étriquée et dévoyée de la laïcité qui dénote à la fois une insé­cu­rité cultu­relle profonde et une incom­pré­hen­sion histo­rique de la France. »

    Là il y a un début de prise de posi­tion. Malheu­reu­se­ment il n’est pas encore suffi­sam­ment clair et tran­ché. Je rappelle que toutes les lois et toutes les actions faites au nom de la laïcité se font surtout au nom de l’ordre public. On retire le voile complet ? au nom de l’ordre public. Le Burkini ? au nom de l’ordre public (et de l’hy­giène). La fin des prières sur les trot­toirs faute de place place à la Mosquée ? au nom de l’ordre public.

    Bref, même si les soutiens d’une laïcité comba­tive tique­ront un peu, tout le monde pourra y trou­vera son compte. Toujours aucune action.

    Si Emma­nuel Macron refuse une « concep­tion étriquée et dévoyée de la laïcité », il ne prétend pas cepen­dant que toutes les situa­tions soient simples. « Ne soyons pas naïfs : certaines tendances d’un islam parti­cu­liè­re­ment rétro­grade sont à l’œuvre dans notre société pour venir en quelque sorte ‘tes­ter’ les limites de la laïcité, pour monter en épingle des compor­te­ments isolés ou mino­ri­taires. »

    Ouf. Comme le para­graphe précé­dent était outra­geu­se­ment modéré, voilà qui va renfor­cer n’im­porte quelle posi­tion radi­cale. Comme on ne parle que de « certaines tendances » sans rien nommer, les modé­rés seront bien d’ac­cord aussi.

    On vient de récon­ci­lier tout le monde en ne prenant… aucune posi­tion.

    Concer­nant par exemple le débat sur le « burkini », il consi­dère que « le port de ce vête­ment de plage, inventé il y a quelques années par une styliste austra­lienne, n’a abso­lu­ment rien de cultuel. Il n’est ni une tradi­tion, ni une pratique reli­gieuse.  C’est donc bien à tort qu’on a voulu l’en­ca­drer sous l’angle d’un prin­cipe de laïcité mal compris. En revanche, l’État impose des règles de vie en société compre­nant le respect intran­si­geant de certaines valeurs : l’éga­lité entre les hommes et les femmes, la civi­lité, l’ordre public… »

    Vision multi­cul­tu­relle : « il a dit qu’on a eu tort de vouloir l’en­ca­drer sous l’angle de la laïcité ».

    Vision radi­cale : « il a dit qu’il fallait être intran­si­geant sur l’éga­lité et l’ordre public » (on se deman­dera d’ailleurs ce que viennent faire l’ordre public ou la civi­lité sur un maillot de bain couvrant).

    Mais fina­le­ment, pensait-il que c’était une bonne chose ou non d’in­ter­dire le Burkini ? Pensait-il que les mairies étaient libres de prendre des arrê­tés ou non ?

    Toujours magique, aucune prise de posi­tion mais des paroles qui peuvent être lues dans les deux sens oppo­sés. Aucune action.

    Pour Emma­nuel Macron, bien que le cœur même de la laïcité exige une neutra­lité de l’Etat, le devoir de permettre à chacun d’exer­cer digne­ment sa reli­gion doit être réaf­firmé : « Lais­sons les Français musul­mans prendre leurs respon­sa­bi­li­tés en toute trans­pa­rence. Aidons-les en sortant aussi de nos réflexes histo­riques, de nos défiances. Aidons-les en coupant les ponts à des orga­ni­sa­tions parfois occultes, à des modes de finan­ce­ment inac­cep­tables, à des compor­te­ments tout autant inac­cep­tables. »

    Vision multi­cul­tu­relle : neutra­lité, permettre à chacun, aidons-les

    Vision radi­cale : (à condi­tion qu’)ils coupent les ponts avec des orga­ni­sa­tions, changent leurs finan­ce­ment, arrêtent les compor­te­ment que nous trou­vons inac­cep­tables

    Bref, toujours lisible dans les deux sens, et aucune action claire.

    L’or­ga­ni­sa­tion de l’is­lam en France et le combat contre une forme radi­cale de l’is­lam ne passent pas pour Emma­nuel Macron par de nouveaux textes ou de nouvelles lois, mais par l’ap­pli­ca­tion de celles exis­tantes : « Nous devons mener ensemble […] un combat contre l’is­lam radi­cal, un islam qui veut inter­fé­rer dans certains quar­tiers sur la chose publique, et qui se pense comme préva­lant sur la Répu­blique et ses lois ». « Je suis pour cette bien­veillance exigeante, je suis pour la laïcité de 1905, mais, dans le même temps, nous avons, sur le terrain, des combat­tants de cette laïcité, des combat­tants des droits des femmes, des combat­tants des règles de la Répu­blique. »

    Là il y a une prise de posi­tion : pas de nouvelle loi.

    Dans le même temps on insiste sur une meilleure appli­ca­tion des exis­tantes comme la solu­tion, ça peut tout de même coller avec les radi­caux qui en demandent plus.

    On voit bien le « bien­veillance exigeante » et le « dans le même temps » qui font bien atten­tion à montrer les deux côtés sous un angle accep­table pour tout le monde sans avan­cer une quel­conque action ou posi­tion clivante.

    Emma­nuel Macron plaide pour une mobi­lité accrue des jeunes habi­tants des quar­tiers popu­laires grâce à un meilleur accès aux trans­ports, à la culture, aux études, à l’em­ploi. « Dans ces quar­tiers, nous avons laissé les arti­sans d’un islam radi­cal faire leur œuvre, faire leur miel de la frus­tra­tion de nos jeunes, de la frus­tra­tion des Français. Voilà pourquoi […] nous devons réin­ves­tir nos quar­tiers pour redon­ner aux habi­tants des oppor­tu­ni­tés et de la mobi­lité ». « Notre mission, elle sera diffi­cile, elle pren­dra du temps, elle sera exigeante avec toutes et tous. Ce sera de faire que les Français de confes­sion musul­mane soient toujours plus fiers d’être Français que fiers d’être musul­mans. »

    blabla­bla­bla. Il y a bien une posi­tion mais liée à l’ur­ba­nisme, et abso­lu­ment consen­suelle. Je suis tout à fait d’ac­cord que ça peut être une piste pour réduire ce qui a mené au symp­tôme « problème reli­gieux » mais ça s’ar­rête là. On redonne un coup de natio­na­lisme à la fin pour équi­li­brer.

    Marine Le Pen et François Fillon n’au­raient peut-être pas avancé les trans­ports et la culture mais en reti­rant ces deux mots je vous mets au défi d’ex­clure que ça aurait pu venir de leur discours. Vouloir des trans­ports et de la culture pour permettre aux français de réin­ves­tir les quar­tiers, ça reste large­ment accep­table donc ça ne choquera pas même avec ces deux mots (surtout que les radi­caux les plus durs consi­dèrent que ne pas se couvrir ou que le style de musique font partie de la culture à impo­ser à ceux qui auraient un avis diffé­rent).

    Bien entendu, très à gauche, mettre du trans­port, de la culture et de l’édu­ca­tion pour désen­cla­ver les quar­tiers, tout le monde sera d’ac­cord. Bien évidem­ment aussi qu’il faut mettre fin au chômage des quar­tiers diffi­ciles. Mélan­chon, Jadot ou Hamon auraient eux aussi pu pronon­cer ce para­graphe.

    Bon, on fait comment ? On fait quoi en pratique ? On coupe les allocs pour inci­ter au travail ou on met en place des CV anonymes et du testing anti-discri­mi­na­tion ? Oui je cari­ca­ture les deux posi­tions oppo­sées mais pour ce qui est de l’ac­tion… on ne saura pas.

    Au nom de sa concep­tion d’une laïcité de liberté plutôt que d’in­ter­dit, Emma­nuel Macron se prononce contre l’in­ter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité car, à la diffé­rence de l’école où les indi­vi­dus sont mineurs, « l’uni­ver­sité est le lieu des consciences éclai­rées et adultes. »

    Selon Emma­nuel Macron, l’in­ter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité serait contre-produc­tive : « Ce qui trouble, c’est le risque que cette jeune femme voilée ait subi une pres­sion maxi­mum, qu’elle ait été contrainte. Il n’em­pêche : inter­dire le voile à l’uni­ver­sité, c’est para­doxa­le­ment inter­dire à cette jeune femme d’avoir ce qui serait peut-être la seule expé­rience qui lui permet­trait de sortir de sa commu­nauté, d’ac­cé­der à un univer­sel, au savoir, à des expé­riences qui pour­raient l’éman­ci­per. En lui refu­sant cet accès, on renfor­ce­rait le commu­nau­ta­risme puisqu’elle serait renvoyée à son quar­tier, à sa situa­tion, à son confi­ne­ment social. En ce sens, les laïcistes favo­risent le commu­nau­ta­risme dans les quar­tiers car ils recréent du clivage. Ils favo­risent une iden­tité qui se construit contre la Répu­blique au prétexte que cette répu­blique exclu­rait. »

    Donc E. Macron est contre l’in­ter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité. Valls avait tenté de renfor­cer sa posture d’homme ferme face aux dérives avec une décla­ra­tion là dessus et l’UMP avait fait de même deux ans avant. Je pense que le FN ne serait pas tota­le­ment contre non plus.

    Bref on aura eu UNE vraie posi­tion claire au dernier para­graphe sur les cinq pages de texte. C’est d’ailleurs la seule phrase en gras sur toute la partie laïcité.

    Bon, en même temps, depuis, le Conseil d’État a pris offi­ciel­le­ment posi­tion pour dire que ça ne passe­rait jamais le Conseil Cons­ti­tu­tion­nel. Le Conseil natio­nal de l’en­sei­gne­ment supé­rieur et de la recherche (Cneser) comme l’Ob­ser­va­toire de la laïcité sont eux expli­ci­te­ment contre. Le ballon d’es­sai de Valls a montré que même la popu­la­tion était plutôt contre aussi, au point de se faire reca­drer immé­dia­te­ment par Hollande (et s’il y a une chose à laquelle on dit que E. Macron tient beau­coup, ce sont bien les études d’opi­nion).

    Bref, une prise de posi­tion qui aurait été clivante dans le passé mais qui n’a plus vrai­ment de sens aujourd’­hui. Il n’y a plus que quelques trolls comme E. Ciotti pour avan­cer dans cette voie (et proba­ble­ment plus pour faire la une que pour réel­le­ment le faire voter). Pas d’ac­tion.

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    C’est tout. La partie action manque telle­ment d’ac­tion que que je vous épargne la partie diagnos­tic.

    Moi j’y lis une vision multi­cul­tu­relle à l’op­posé du combat des radi­caux pro-laïcité, mais la présence systé­ma­tique de contre-poids à chaque phrase permet­tra à tout le monde de croire que ça va dans son sens. Je suis convaincu que, du FN au PG, tout le monde pour­rait se sentir rela­ti­ve­ment en phase avec les para­graphes cités.

    Entre temps, mis à part la non-inter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité qu’au­cun poli­tique sérieux n’au­rait désor­mais jugé réaliste, on n’a que de vagues décla­ra­tions géné­rales sans aucune action derrière.

    Ce que je retiens : E. Macron accueille toutes les reli­gions mais pas les mauvais compor­te­ments. Il est pour l’éga­lité, la liberté, la civi­lité et l’ordre public. Il est bien­veillant mais exigeant. Il est pour inter­ve­nir dans les quar­tiers terreau de compor­te­ments radi­caux mais ne dit pas encore comment. Comment être contre ?

    Si ça se trouve il est même pour la paix dans le monde. C’est dire s’il est bien comme candi­dat. Sauf… qu’on n’est pas à un concours de beauté des années 1990.

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    On me dit que c’est un bosseur, qu’il est sérieux, ouvert, qu’il veut faire enfin bouger les choses. Ça a plutôt l’air vrai dans ce qu’on a pu voir mais… est-ce suffi­sant ?

    Je n’adhère pas à cette vision tech­no­cra­tique où l’élu doit être un expert et bon gestion­naire, où l’ac­tion remplace la vision. On tue la poli­tique, le choix du peuple souve­rain sur son futur et la gestion de son État.

    À force on finit par oublier que derrière il y a des choix, des choix qui sont tout à fait arbi­traires, qui tiennent à des modèles de société. Ce sont ces choix qui doivent nous guider. Si on cherche juste à opti­mi­ser et à gérer, on risque de se retrou­ver avec un modèle de société qu’on n’a pas choisi.

    Comment est-ce que je fais avec E. Macron et sa campagne ? Ça fonc­tionne très bien parce qu’il arrive à trou­ver de beaux mots qui vont à tout le monde, parce qu’il a une image de réfor­ma­teur actif et sérieux, mais quel est son modèle de société ? est-ce le mien ? est-ce le votre ? Je n’en sais rien et c’est gênant.

    Les grands discours de deux heures avec des phrases parfois sans queue ni tête arbi­trées par les études d’opi­nion et des experts en commu­ni­ca­tion devant un public télé­com­mandé… ça fonc­tionne peut être mais j’at­tends autre chose. J’ai­me­rais bien qu’on se mette à discu­ter poli­tique et modèle de société. Oui, je suis vieux jeu. Je l’ai déjà dit plus haut.