#TDInfos @EmmanuelMacron : « Les réformes par ordonnances permettent d’accélérer le débat. » pic.twitter.com/39Es1jc1Nu
— Public Sénat (@publicsenat) 11 avril 2017
Le gouvernement par ordonnance n’accélère pas le débat, il le supprime, et ce n’est pas qu’un détail.
Le système des ordonnances c’est un mandat donné au gouvernement pour que ce dernier légifère à la place du parlement pendant une durée et sur un sujet donné. Les ordonnances sont d’effet immédiat, sans débat ni vote. Il n’est même pas nécessaire que le parlement soit sollicité pour ratifier après-coup les ordonnances réalisées.
On a déjà une procédure accélérée qui permet de n’avoir qu’un seul passage dans les assemblée. On a le temps législatif programmé qui permet de limiter et minuter le débat devant chaque assemblée. On a même la capacité de procéder au vote sans débat ou d’imposer le vote s’il n’y a pas une majorité des parlementaires qui s’exprime contre le gouvernement.
Côté efficacité on a ce qu’il faut, jusqu’à l’excès. Ici on parle d’aller plus loin. On parle de déléguer une mission pour carrément se passer du parlement.
Juste ça, se passer du parlement. Se passer des représentants du peuple qui sont élus spécifiquement pour débattre, amender et voter la loi. Ils ne pourront potentiellement faire aucune de ces trois tâches. Un petit groupe de non-élus le feront à leur place.
L’efficacité supposée ne doit pas mener à oublier la démocratie. D’autant que légiférer devrait au contraire être lent. On devrait penser, réfléchir, faire attention, manipuler avec précaution, chercher l’adhésion de tous.
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On me répond que c’est prévu dans la constitution. C’est vrai aussi pour l’état d’urgence. Ça n’en légitime pas les abus et les détournements. Ça ne veut pas dire que ce sont des outils neutres à utiliser simplement parce que c’est plus rapide. Ce que j’attends d’un président c’est qu’il défende le système, pas qu’il cherche à l’exploiter.
Remettre les pleins pouvoirs au président aussi est prévu dans la constitution. Ce serait diablement efficace. Est-ce pour autant une bonne idée ?
Les ordonnances, bien que dangereuses, ne sont pas illégitimes en soi. On les a utilisé pour des mesures nécessaires et urgentes, comme le maintien de l’ordre en Algérie. Plus récemment on les a utilisé pour des questions techniques, comme des transpositions du droit Européen, de la renumérotation des codes législatifs (théoriquement à droit constant), ou des simplifications du droit.
Les employer pour juste éviter les débats et le vote des représentants du peuple au parlement, c’est quand même tout autre chose. Quand bien même ce ne serait pas la première fois, ça reste inacceptable comme projet.
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J’ai publié quelques minutes avant la réponse à « oui mais il aura été élu ». Ma réponse se résume assez bien dans :
Son élection ne lui donne absolument pas un chèque en blanc.
Son programme est connu dans les grandes lignes, mais que dans les grandes lignes. On est loin des détails d’un texte de loi.
Quand bien même on aurait les détails, on va aussi élire toute une Assemblée, tout aussi légitime que lui. On l’aura élue justement pour débattre et voter des lois et des décisions politiques.
Mais surtout, le type de scrutin pour l’élection présidentielle fait qu’avoir un élu n’implique absolument pas l’accord d’une majorité de la population pour son programme. Le prétendre est une imposture.
Il y a 1 000 élus d’une bien plus grande diversité pour représenter le peuple et débattre de la loi. Respectons-donc le circuit prévu pour ça.
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