Catégorie : Politique et société

  • [Lecture] The Real Name Fallacy

    Not only would remo­ving anony­mity fail to consis­tently improve online commu­nity beha­vior – forcing real names in online commu­ni­ties could also increase discri­mi­na­tion and worsen harass­ment.

    The Coral Project (Mozilla)

  • Du rôle du jour­na­liste

    Stéphane Soumier ne ressemble pas du tout à la défi­ni­tion que je donne du jour­na­liste. Il n’est en rien média­teur, c’est juste un mili­tant, qui utilise sa posi­tion et sa visi­bi­lité média­tique pour relayer ses opinions et sa lecture du monde, en espé­rant convaincre des gens de penser comme lui. Cela ne veut pas dire que tout soit à jeter, ces édito­ria­listes peuvent avoir des analyses inté­res­santes, mais qui ne relèvent pas du métier de jour­na­liste. Or, ils se présentent comme tels, ce qui crée une confu­sion. C’est une espèce malheu­reu­se­ment très répan­due dans les médias, en parti­cu­lier dans l’au­dio­vi­suel. C’est le cancer du jour­na­lisme, car ils discré­ditent toute la profes­sion. Je ne suis abso­lu­ment pas surpris qu’a­vec de tels gugusses, les jour­na­listes soient, avec les poli­tiques, dans le bas des clas­se­ments sur la confiance accor­dée par les citoyens.

    Authueil

    Quand les pigistes ont du mal à obte­nir une carte de presse mais que le présen­ta­teur de la météo au 20h est appelé jour­na­liste météo, on ne peut que confir­mer qu’il y a un problème.

    Comme partout, la visi­bi­lité média­tique a remplacé le travail de fond.

    Le pire est montré dans l’ana­lyse de Samuel Laurent sur cette histoire :

    Ne nous éten­dons pas plus. Les deux hommes fini­ront, après moults inter­pel­la­tions publiques, par recon­naître l’ina­nité de la polé­mique, et par relayer notre article qui dément preuves à l’ap­pui les propos de M. Meil­han.

    Ils le feront sans commen­taire, et sans reti­rer leurs tweets précé­dents, ni expliquer pourquoi ils ont choisi de faire confiance à ce texte plutôt qu’à celui de jour­na­listes profes­sion­nels employés par une rédac­tion recon­nue comme étant fiable. Tous deux semblent esti­mer qu’ayant relayé les deux points de vue, ils ont fait leur travail, et qu’il ne leur appar­tient pas de tran­cher.

    C’est tota­le­ment nier l’im­pact de ce qu’on fait, se déres­pon­sa­bi­li­ser dans son rôle.

    Une discus­sion d’hier menait au même sujet. Peu importe que nos poli­tiques croient dans leurs promesses et dans leur cirque média­tique. À force de dire qu’il y a trop de fonc­tion­naires, que la sécu et le public ne fonc­tion­ne­ment pas, que les Droits de l’H et l’Eu­rope sont un problème, que nous ne pouvons pas accueillir les immi­grés, que l’Is­lam est dange­reux… même si c’est pour ne rien en faire et accep­ter un démenti calme et posé dans un second temps, le mal est fait. L’idée fait son chemin, se propage, se renforce à chaque esclandre

    Plus que par leurs actions ou inac­tions, les poli­tiques font mourir notre devise par leurs paroles. Et les jour­na­listes se tirent des balles dans le pied de la même façon oubliant leur rôle d’ana­lyse et de filtre.

    D’ailleurs, pourquoi aurais-je besoin de jour­na­listes s’il s’agit unique­ment de me réfé­ren­cer les diffé­rentes opinions subjec­tives de chaque polé­mique ?

  • Mais… je n’ai pas demandé à partir moi !

    Comme visi­ble­ment cette suite de billets est lue avec grand inté­rêt, il fallait bien faire le contre-point du précé­dent, même si j’es­père qu’il concer­nera moins de monde.

    Je vais lever le suspense. Tout tient dans une seule recom­man­da­tion :

    Faites-vous accom­pa­gner.

    Toute autre atti­tude est une erreur monu­men­tale.

    Le délé­gué du person­nel.

    Pour les cas simples, ou pour les affaires internes des grandes entre­prises, ou si vous ne savez pas encore trop où vous allez. Il est là pour ça, assu­rera la confi­den­tia­lité de tout ce que vous lui direz, et aura géné­ra­le­ment un mini­mum d’ex­pé­rience (s’il n’en a pas, il aura proba­ble­ment le support de son syndi­cat pour aiguiller). Il aura aussi connais­sance de plus de choses que vous dans la société pour comprendre le contexte.

    Norma­le­ment leurs nom et coor­don­nées sont affi­chés et commu­niqués. Si vous ne savez pas vous pouvez deman­der au collègue qui a l’air le plus porté sur ces ques­tions à côté de vous, lui saura surement. Au pire deman­dez aux ressources humaines, à votre mana­ger, à votre président.

    Vous en aurez plusieurs. Le syndi­cat d’ap­par­te­nance n’a aucune influence (ne choi­sis­sez pas en fonc­tion de vos opinions poli­tiques). Ils vous défen­dront tous pareil. Choi­sis­sez plutôt en fonc­tion de son collège (cadre ou non cadre, il aura une meilleure compré­hen­sion des tenants et abou­tis­sants de la situa­tion) et pour qu’il soit dans le même bureau que vous (ça sera quand même plus simple pour discu­ter).

    Si vous pouvez, évitez toute­fois d’im­pliquer quelqu’un de trop proche, genre le collègue de la même équipe sur le bureau d’à côté. Vous évite­rez de le mettre dans une situa­tion déli­cate et vous aurez quelqu’un de plus objec­tif.

    L’ac­cès aux délé­gués du person­nel est gratuit (il ne vous fera pas coti­ser au syndi­cat) et vous n’avez aucun compte à rendre à personne à ce sujet.

    Le conseiller du sala­rié.

    C’est l’équi­valent du délé­gué du person­nel si la société n’en a pas, c’est à dire si elle n’a pas 11 sala­riés depuis assez long­temps.

    La Direccte de votre dépar­te­ment tient une liste nomi­na­tive acces­sible sur son site web. À défaut vous pouvez la deman­der en mairie et à l’ins­pec­tion du travail.

    Vous aurez une liste de noms, syndi­cat, télé­phone, email et ville. Les critères de choix sont simi­laires à ceux du délé­gué du person­nel. Choi­sis­sez donc préfé­ra­ble­ment un syndi­cat cadre / non cadre suivant votre situa­tion. Si vous avez le choix, regar­dez comme second critère si l’un d’eux est dans un domaine proche du votre (taille d’en­tre­prise, métier, etc.). Parfois le point de contact email est direc­te­ment une boite parta­gée du syndi­cat et ce sont eux qui sélec­tion­ne­ront la personne dispo­nible la plus adap­tée.

    Écri­vez en préci­sant votre situa­tion (ce qui vous arrive) et le contexte (société, métier, date, vos coor­don­nées). Soyez succinct, on vous propo­sera un rendez-vous pour parler ensuite.

    Là aussi, ces conseillers sont là pour vous et rien ne vous sera demandé en échange. Ils auront leur expé­rience, celle du syndi­cat, et l’em­ployeur n’aura aucun moyen de pres­sion sur eux. C’est presque l’idéal.

    L’avo­cat en droit social.

    Si vous commen­cez à parler indem­ni­tés signi­fi­ca­tives ou s’il y a des enjeux impor­tants, faites inter­ve­nir un avocat. Avocat et délé­gué du person­nel ne sont pour autant pas exclu­sifs l’un de l’autre, d’au­tant qu’ils n’in­ter­viennent pas au même niveau ni avec les mêmes capa­ci­tés. Ne vous passez en tout cas jamais d’avo­cat dès que ça commence à envi­sa­ger un tour aux Prud’­hommes.

    L’avo­cat explo­rera le dossier, vous conseillera sur la voie légale, pourra faire les négo­cia­tions en votre nom puis si vous en arri­vez là monter et défendre votre dossier devant la justice.

    Outre son propre travail, l’avo­cat est aussi excellent en ce qu’il fait l’in­ter­mé­diaire. Doré­na­vant les négo­cia­tions et les échanges passe­ront pas lui au lieu de vous impliquer direc­te­ment. Il va permettre de dépas­sion­ner le débat, vous reti­rer beau­coup de stress et éviter que la situa­tion ne s’en­ve­nime.

    Pour le choix c’est plus compliqué : Deman­dez autour de vous si des connais­sances avec un contexte simi­laire ont déjà eu un avocat pour du droit social. Famille, collègues, amis. Si besoin deman­dez au délé­gué du person­nel ou au syndi­cat (éven­tuel­le­ment via l’in­ter­mé­diaire d’une connais­sance syndiquée).

    La diffé­rence avec le conseiller du sala­rié et le délé­gué du person­nel, c’est que l’avo­cat est payant. J’ai vu autour de 1500 € + 8% des indem­ni­tés après paie­ment de la TVA mais ça dépend forcé­ment du travail à faire et des indem­ni­tés qu’on peut espé­rer. Dans tous les cas c’est un tarif qui se négo­cie après avoir entendu la première propo­si­tion de l’avo­cat. Faites-le, vrai­ment. Ça ne le choquera pas.

    Si l’avo­cat arrive à négo­cier des indem­ni­tés direc­te­ment avec l’em­ployeur il est envi­sa­geable de trou­ver un accord où l’em­ployeur paye direc­te­ment l’avo­cat sur cette somme plutôt que ce soit à vous de le faire. Ça revient au même pour tout le monde mais vous vous écono­mi­sez les 20% de TVA.


    IANAL : Si vous avez bien lu ce qui précède, la suite est inutile. Vous avez quelqu’un pour vous accom­pa­gner. C’est lui l’ex­pert en qui vous devez avoir confiance, pas moi. Ce qui suit n’est qu’à titre infor­ma­tif, et je peux me trom­per.


    Partir. Si votre employeur veut vous voir partir, au mieux vous n’au­rez plus sa confiance, plus de projets stra­té­giques, plus de promo­tion, plus d’aug­men­ta­tion de salaire, une mauvaise rela­tion et pas mal de stress. C’est une situa­tion détes­table pour tout le monde, collègues compris.

    La plupart de ceux qui me lisent sont cadres ou infor­ma­ti­ciens. Vous retrou­ve­rez du travail, quitte à cher­cher quelques mois. Mieux vaut proba­ble­ment partir en bonne entente en négo­ciant une indem­nité signi­fi­ca­tive que de jouer le pour­ris­se­ment. Personne n’a rien à y gagner.

    Je sais, ce n’est pas juste, mais la ques­tion n’est pas là.

    Le seul objec­tif de toute la suite c’est gérer ce départ pour qu’il se passe aux mieux tout en compen­sant correc­te­ment le préju­dice qu’il vous porte.

    La rupture conven­tion­nelle. Je vous dis plus haut d’ac­cep­ter de partir, mais vous avez le droit de refu­ser la rupture conven­tion­nelle si vous n’ar­ri­vez pas à vous mettre d’ac­cord sur un montant d’in­dem­ni­tés accep­table.

    Ça veut juste dire que l’em­ployeur va peut-être vous licen­cier sur un autre motif et risquer de perdre aux Prud’­hommes, ou qu’il pense que ça ne lui coûtera pas forcé­ment plus cher au final.

    Si d’aven­ture il vous garde mais vous met au placard ou qu’il y a harcè­le­ment, prenez immé­dia­te­ment contact avec un avocat. Vous parti­rez proba­ble­ment quand même, mais la procé­dure n’a plus rien à voir.

    Le licen­cie­ment écono­mique. On vous propo­sera un contrat de sécu­ri­sa­tion profes­sion­nelle (CSP). Accep­tez-le.

    Ça ne vous empê­chera pas de contes­ter le licen­cie­ment (en fait vous passe­rez même sur un circuit spéci­fique aux Prud’­hommes qui vous raccour­cira signi­fi­ca­ti­ve­ment les délais de juge­ment) et ça n’a que des impacts finan­ciers très posi­tifs.

    C’est même telle­ment posi­tif que vous pour­riez tout à fait être perdant en contes­tant le licen­cie­ment aux Prud’­hommes : Parfois le Pôle Emploi demande le rembour­se­ment des avan­tages du CSP si le licen­cie­ment écono­mique est cassé, et ce rembour­se­ment peut être infé­rieur aux indem­ni­tés que vous perce­vrez (l’em­ployeur le sait, il n’hé­si­tera pas à en jouer).

    Plus exac­te­ment ça vous permet de ne pas avoir de délai de carence (pas même pour vos congés payés), d’être indem­nisé à hauteur de 75% de votre salaire brut au lieu de 57%, et de béné­fi­cier d’une prime de reclas­se­ment si vous retrou­vez un emploi dans les 12 mois. En échange vous partez immé­dia­te­ment sans préavis.

    N’ou­bliez d’ailleurs pas la prime de reclas­se­ment. Il faut la deman­der dans les temps et le Pôle Emploi ne sera pas forcé­ment coopé­ra­tif ou pro-actif à vous la propo­ser. Ça repré­sente la moitié des allo­ca­tions restant à courir sur la première année. Si vous trou­vez un emploi stable au bout de 2 mois, c’est donc une prime « gratuite » de 5 mois de salaire. Pas négli­geable.

    La procé­dure. Quel que soit le licen­cie­ment, il y a une procé­dure à suivre. Globa­le­ment la respon­sa­bi­lité est sur l’em­ployeur, et chaque faute pourra vous ouvrir droit à indem­nité. Respec­tez scru­pu­leu­se­ment toutes vos obli­ga­tions, notez et tracez tout ce qu’il se passe. Faites faire des écrits à la personne d’en face et n’en donnez pas vous-même.

    Vous aurez inté­rêt à être accom­pa­gné du délé­gué du person­nel ou du conseiller du sala­rié à la moindre étape, même infor­melle, même si l’em­ployeur veut vous en dissua­der (c’est valable aussi dans l’autre sens pour l’em­ployeur et son respon­sable RH).

    Au pire ils dépas­sion­ne­ront les débats ou vous permet­tront de ne pas être agres­sés. Ils seront aussi témoin de ce qu’il se passe, pour­ront faire respec­ter les règles et établir des comptes rendus offi­ciels que vous pour­rez utili­ser.

    Les indem­ni­tés. Sauf si l’em­ployeur est tota­le­ment dans son droit à vous licen­cier, sans aucune ambi­guïté, et qu’il n’at­tend vrai­ment rien de vous, vous pouvez proba­ble­ment négo­cier des indem­ni­tés.

    Pour l’em­ployeur c’est géné­ra­le­ment un calcul basique avec ce qu’il risque de payer si jamais vous allez aux Prud’­hommes, la proba­bi­lité que vous avez de gagner, et la proba­bi­lité que vous y alliez effec­ti­ve­ment. Ce que vous pensez « méri­ter » ou pas n’entre nulle­ment dans l’équa­tion. Si vous deman­dez trop, il préfé­rera prendre le risque. Si vous deman­dez moins et qu’il n’est pas borné, il paiera sans trop hési­ter.

    À vous de voir ce que vous pour­riez gagner aux Prud’­hommes si le licen­cie­ment est contesté. Pour une ancien­neté de 2 ans dans une société de plus 11 personnes, c’est 6 mois de salaire brut mini­mum (Les choses ont changé. Désor­mais il y a des barèmes limi­tants mais ça ne vaut pas s’il y a harcè­le­ment et les Prud’­hommes commencent à ne pas les respec­ter en les consi­dé­rant non conformes aux trai­tés inter­na­tio­naux. Rensei­gnez-vous). Vous pouvez ajou­ter aussi un peu si on vous demande un effort spéci­fique pendant la période de tran­si­tion, ou s’il y a eu des irré­gu­la­ri­tés dans le suivi de la procé­dure.

    Ne négli­gez cepen­dant pas l’im­pact humain de faire une procé­dure longue et pénible au Prud’­hommes si c’est juste pour 10% de plus. Un accord amiable est une meilleure solu­tion si vous pouvez l’ob­te­nir.

    La négo­cia­tion. Si vous avez un avocat, il peut s’en char­ger. Ça vous permet­tra d’évi­ter de vous mettre en situa­tion diffi­cile, d’au­tant que l’em­ployeur a proba­ble­ment non seule­ment la posi­tion de force mais aussi plus d’ex­pé­rience que vous à ce jeu.

    Dans l’idéal, refu­sez de faire la première propo­si­tion. C’est lui qui veut vous voir partir, il est logique que ce soit à lui de propo­ser quelque chose de sérieux (si ce n’est pas sérieux dites « non » et atten­dez quelque chose de sérieux). Dans tous les cas : négo­ciez. L’em­ployeur prévoit que vous le ferez, donc il commence bien en dessous au début.

    Le reste des règles de négo­cia­tion clas­siques s’ap­pliquent : Sachez faire des conces­sions mais ne descen­dez pas trop vite, connais­sez la limite de rupture de la personne d’en face, connais­sez aussi la votre mais ne la lais­sez pas devi­ner à votre inter­lo­cu­teur, ne dites pas oui trop faci­le­ment, soyez prêts à dire non, faites le si vous en êtes là.

    Alter­na­ti­ve­ment, si vous ne savez pas négo­cier, que vous n’avez pas d’avo­cat pour le faire, atten­dez la première propo­si­tion et faites une contre-propo­si­tion « à prendre ou à lais­ser » et tenez-vous y contre vents et marées. Par contre soyez prêts à ce qu’il n’y ait pas entente au final.

    Enfin, atten­tion au piège de l’in­dem­nité supra-légale, préfé­rez un autre moyen de compen­sa­tion.

    Les Prud’­hommes. L’em­ployeur se moque roya­le­ment d’al­ler aux Prud’­hommes. Mieux : Ça lui donne un délai de paie­ment et ça montrer au prochain sala­rié qu’il ne cèdera pas faci­le­ment.

    Pour vous par contre, il est proba­ble­ment préfé­rable de trou­ver un accord avec l’em­ployeur et finir en se serrant la main plutôt que d’al­ler aux Prud’­hommes, quitte à avoir des indem­ni­tés un peu plus faibles. Ça sera long (1 an dans le meilleur des cas, poten­tiel­le­ment 2, le double s’il y a appel), stres­sant et usant mora­le­ment. Ne le sous-esti­mez pas.

    Vous avez le droit de vous passer d’un avocat et d’y faire des jolies bulles de chewing-gum, mais ne faites ni l’un ni l’autre même si vous avez un dossier impos­sible à perdre. Prenez un avocat (et jetez votre chewing-gum).

    Votre présence est impor­tante mais l’avo­cat parlera à votre place. L’em­ployeur n’y sera proba­ble­ment pas. Vous y passe­rez une demie-jour­née, en semaine, et vous n’au­rez pas le choix de la date.

    Soyez profes­sion­nel. Quoi qu’il arrive, restez sérieux, profes­sion­nel, honnête et cordial. Même si ce n’est pas juste, même si la personne d’en face ne l’est pas, même si vous êtes dans votre droit. Assu­mez votre contrat du mieux de vos possi­bi­li­tés et de l’in­té­rêt de l’en­tre­prise tant que vous y êtes assujetti.

    Dans tous les cas, ne faites jamais la bêtise de cacher des choses, de faire perdre des dossiers, de faire du sabo­tage ou du refus de travail. Non seule­ment ça va sérieu­se­ment handi­ca­per vos chances d’en sortir quoi que ce soit de posi­tif, mais ça peut aussi handi­ca­per votre avenir profes­sion­nel.

    Ne repro­chez pas non plus à vos collègues ou à toute la société le litige que vous avez avec votre mana­ger, votre président ou le dépar­te­ment des ressources humaines. Vous avez le droit d’avoir un litige qui tourne mal tout en recon­nais­sant que les autres employés sont des gens biens et que la société a du posi­tif.

    Ça vaut aussi dans l’autre sens pour les collègues et les autres mana­gers : Que quelqu’un ait un diffé­rent avec la direc­tion de la société ne doit pas vous entraî­ner à prendre partie, à le consi­dé­rer comme un traitre ou à rompre les contacts posi­tifs que vous aviez avec lui. N’ajou­tez pas un harcè­le­ment ou une puni­tion invo­lon­taires à une situa­tion qui est déjà diffi­cile à vivre pour tout le monde.

  • Je veux partir, lais­sez-moi partir !

    On me pose plein de ques­tions suite au billet sur les indem­ni­tés et je me rends compte que si on parle beau­coup de comment faire son entrée, personne ne parle de comment quit­ter un emploi. Ça semble un peu tabou.


    IANAL: Je ne suis pas juriste. Je peux me trom­per. En ce cas vous êtes invi­tés me corri­ger dans les commen­taires, je mettrai à jour avec plai­sir.


    La démis­sion. C’est simple : Vous signa­lez à votre employeur que vous partez. Il vous faudra respec­ter un préavis, c’est à dire le préve­nir à l’avance. Les durées clas­siques vont de un à trois mois. Pour les cadres c’est géné­ra­le­ment trois mois. Atten­tion : L’em­ployeur n’est pas tenu de vous accor­der de congés pendant cette période de préavis.

    Cette durée peut être raccour­cie d’un commun accord. N’hé­si­tez pas à le deman­der, poli­ment. Il est fréquent que l’em­ployeur accepte de couper à moins de trois mois, mais il est aussi fréquent qu’il ne l’an­nonce qu’au dernier moment, à la moitié du préavis. Inver­se­ment, si c’est l’em­ployeur qui veut unila­té­ra­le­ment vous voir partir plus tôt que prévu, il sera tenu de quand même vous payer l’in­té­gra­lité du préavis.

    Parce que votre mana­ger est un humain, même si le courant ne passe pas entre vous, essayez de le voir pour lui en annon­cer votre démis­sion en face à face. Si ce n’est pas envi­sa­geable, vous pouvez aller voir les ressources humaines, ou le président pour une petite boite. Faites-le, même si la rela­tion est tendue. Si vrai­ment c’est la guerre, envoyez au moins un email infor­mel poli disant que vous allez leur envoyer une démis­sion par cour­rier.

    Et donc… envoyez une lettre recom­man­dée avec accusé de récep­tion, datée, signée et adres­sée soit aux ressources humaines soit à votre président. Elle vous sécu­ri­sera quoi qu’il se passe ensuite. Indiquez dedans la date de départ que vous aurez calculé (le préavis commence à récep­tion de la lettre, donc comp­tez deux jours après son envoi), elle évitera des ambi­guï­tés et ce sera à l’em­ployeur de contes­ter expli­ci­te­ment s’il en calcule une diffé­rente. Comme je suis person­nel­le­ment un stressé de la vie, je la scanne et j’en­voie la copie en paral­lèle par e-mail à partir de mon adresse person­nelle, au cas où le cour­rier se perd mais aussi pour qu’on ne puisse pas en contes­ter le contenu.

    Main­te­nant le conseil : Sauf si vous avez déjà en main le contrat ou la promesse d’em­bauche d’un futur emploi… Ne. Faites. Jamais. Ça. Encore moins si c’est parce que ça se passe mal en interne.

    1 : Passez par une rupture conven­tion­nelle.

    Avant les cadres et mana­gers passaient par un faux licen­cie­ment accom­pa­gné d’une tran­sac­tion. Aujourd’­hui il y a la rupture conven­tion­nelle qui est parfaite pour ça, passez toujours par là. Toujours. Ça vous ouvrira les droits chômage et la porta­bi­lité mutuelle si quoi que ce soit ne se passe pas comme prévu (genre vous avez un acci­dent quelques jours après votre démis­sion et non seule­ment il faut payer l’hô­pi­tal mais en plus ça fait capo­ter le job de vos rêves parce qu’ils ne veulent pas attendre, je l’ai déjà vu).

    Et donc, la rupture conven­tion­nelle. Offi­ciel­le­ment c’est un licen­cie­ment par accord mutuel mais ça ne change pas grand chose : Vous annon­cez que vous voulez partir mais que vous voulez le faire sous le régime de la rupture conven­tion­nelle. Il n’y a pas de préavis mais il y a une procé­dure formelle à respec­ter qui met 4 à 6 semaines mini­mum.

    Pas la peine de vous embê­ter avec la procé­dure, votre employeur vous guidera (et tant qu’il vous donne une copie de la conven­tion signée, vous êtes à priori bordé de votre côté).

    Le seul point à rete­nir c’est de ne lais­ser aucune trace écrite ou publique de la propo­si­tion ou de la négo­cia­tion tant que la conven­tion n’est pas termi­née et signée. Tout se fait à l’oral tant qu’il n’y a pas accord. Ne vous inquié­tez pas, l’em­ployeur en fera tout autant de son côté.

    En sortie c’est un licen­cie­ment. On vous paiera une indem­nité légale. Le montant dépend de votre ancien­neté et de votre conven­tion collec­tive. Pour les cadres syntec c’est 1/3 de mois de salaire par année d’an­cien­neté. Vous aurez le droit au chômage et à la porta­bi­lité de la mutuelle (deman­dez là, c’est impor­tant). Vu que c’est vous qui deman­dez à partir, je ne vois pas pourquoi l’em­ployeur vous donne­rait des indem­ni­tés supra-légales mais si c’est le cas pensez à jeter un œil au billet précé­dent.

    On commen­cera parfois à vous dire « non, si vous voulez partir, démis­sion­nez ». C’est logique, ça coûte des sous à l’em­ployeur qui n’a rien demandé. En pratique il est peu probable que ce « non » tienne plus de deux mois, surtout si la rela­tion est diffi­cile. Sauf pour les SSII qui revendent les colla­bo­ra­teurs en régie, l’em­ployeur n’a pas grand inté­rêt à garder quelqu’un qui veut partir et qui risque de ne plus être motivé. Certains propo­se­ront par contre peut-être des arran­ge­ments à l’amiable (genre un préavis plus long, un effort parti­cu­lier, ou éven­tuel­le­ment l’es­ca­mo­tage d’une période de congés payés équi­va­lente au montant de l’in­dem­nité à payer). À vous de voir.

    Si toute­fois le refus persis­tait, compre­nez bien que vous aurez passé un cap. Quelle que soit votre atti­tude, l’em­ployeur vous consi­dé­rera proba­ble­ment des années comme poten­tiel­le­ment sur le départ et moins impliqué, avec des consé­quences sur les augmen­ta­tions, les promo­tions, les affec­ta­tions, et la rela­tion de travail en géné­ral. C’est humain.

    Ce n’est pas une raison pour jouer à ce jeu là ! Si vous restez, faites-le sérieu­se­ment et profes­sion­nel­le­ment, en gardant votre impli­ca­tion au travail et une rela­tion cordiale. C’est juste une obli­ga­tion morale vis à vis du contrat de travail et d’une démis­sion que vous choi­sis­sez de ne pas donner. Si l’as­pect moral ne vous touche pas, sachez que le milieu est petit. Vos collègues et votre employeur n’hé­si­te­ront pas une seconde à infor­mer vos futurs collègues et employeurs qu’on ne peut pas faire confiance à vos enga­ge­ments et à votre profes­sion­na­lisme, et ils auront raison.

    2 : Restez humain, profes­sion­nel et respec­tueux, avant comme après.

    Certains mauvais employeurs ne respec­te­ront pas cette dernière règle et passe­ront aux mesures de rétor­sion ou de harcè­le­ment pour vous faire démis­sion­ner main­te­nant que le sujet de départ à été abordé.  Malheu­reu­se­ment ça arrive. Si c’est le cas faites inter­ve­nir les délé­gués du person­nels ou la Direccte. Ça y mettra fin immé­dia­te­ment et l’em­ployeur aura vite fait de vous propo­ser une sortie pour éviter un conflit aux Prud’­hommes.

    Le départ. Encore une fois, restez cordial, profes­sion­nel et impliqué jusqu’au dernier jour. Mieux : Faites ce qu’il faut pour que faci­li­ter votre future absence en docu­men­tant ce qui peut l’être et en formant vos collègues à vos tâches.

    Pensez aussi à effa­cer toutes vos données person­nelles de vos outils infor­ma­tiques (les mots de passe du navi­ga­teur, vos mp3, photos ou fichiers person­nels). Atten­tion aussi aux docu­ments profes­sion­nels sensibles : les fichiers ou emails avec des salaires ou des infor­ma­tions confi­den­tielles, les emails aux délé­gués du person­nel ou au syndi­cat, les comptes rendus d’en­tre­tien avec vos colla­bo­ra­teurs si vous êtes mana­ger, etc. Ne comp­tez pas sur votre mana­ger et votre service infor­ma­tique pour être parfaits et éviter tout problème : Prenez les devants. Tout ça se prépare et ne se fait pas en une heure au dernier moment.

    3 : Effa­cez vos données person­nelles et vos donnés sensibles.

    En sortie l’em­ployeur vous remet­tra un certi­fi­cat de travail, un solde de tout compte avec le paie­ment des jours de congé restant, et le chèque corres­pon­dant. Si ce n’est pas une démis­sion, vous aurez aussi une attes­ta­tion pour le pôle emploi et vos indem­ni­tés de licen­cie­ment.

    Ne signez rien, et surtout pas un papier non prévu ou qui vous engage, surtout pas si on condi­tionne la remise des papiers décrits plus haut à un enga­ge­ment quel­conque, même si vous êtes en rela­tion de confiance. Une fuite possible est de signer récep­tion avec une formule du type « signa­ture pour acter récep­tion ce jour ; sous réserve de mes droits passés, présents et futurs ; ne vaut pas pour accord ou comme enga­ge­ment » ou quoi que ce soit qui dit clai­re­ment que tout ça ne repré­senta pas un accord de votre part. Au pire, partez sans les papiers si on refuse de vous les remettre et envoyez une lettre recom­man­dée pour les récla­mer, c’est l’em­ployeur qui sera en tort. Au cas où, même signé sans réserve, le solde de tout compte (et lui seule­ment) est encore contes­table six mois.

    4 : Ne signez rien lors de votre départ, surtout pas sous la pres­sion.

    De votre côté rendez tout le maté­riel profes­sion­nel en personne (ne le lais­sez pas sur le bureau) et exigez un reçu signé en échange. On évite bien des ennuis possibles, même avec un employeur de bonne foi.

    5 : Exigez un reçu pour la remise de votre maté­riel profes­sion­nel.

    Si ce n’est pas une démis­sion et que ce n’est pas déjà fait, profi­tez-en pour deman­der immé­dia­te­ment la porta­bi­lité de votre mutuelle (plus large­ment, des vos droits santé et prévoyance). Vous pour­rez rester ainsi couvert pendant un an, aux mêmes condi­tions. Vous aurez à payer la part sala­riée que vous payez déjà, l’em­ployeur conti­nuera à payer la part employeur qu’il paye déjà.

    6 : Deman­dez la porta­bi­lité de vos droits santé et prévoyance.

    Oh, et même après votre départ, vous avez encore des obli­ga­tions, morales, légales ou contrac­tuelles. Respec­tez-les. Au niveau moral, n’al­lez pas d’un coup salir votre employeur précé­dent simple­ment parce que vous n’y êtes plus. Au niveau contrac­tuel vous avez peut-être une clause de confi­den­tia­lité (elle conti­nue de s’ap­pliquer), de non débau­chage ou de non concur­rence (cette dernière n’est valable que si on vous la compense finan­ciè­re­ment).

  • Indém­ni­tés de licen­cie­ment et délai de carence

    Je vous ai parlé cumul, je vais désor­mais vous parler indem­ni­tés et délais de carence. Je ne sais pas qui a imaginé le système en place depuis 2015, mais il devait être sacré­ment retort.


    Je parle gros sous, vous pouvez arrê­ter de lire si ça vous gêne, mais je me dis que ça pourra servir à certains.


    Quand vous êtes licen­cié vous partez avec des indem­ni­tés légales et onven­tion­nelles, déter­mi­nées par la conven­tion collec­tive en fonc­tion de votre ancien­neté, et éven­tuel­le­ment des indem­ni­tés dites supra-légales négo­ciées libre­ment avec l’em­ployeur. Dans la suite, quand je ne précise pas, je parle de ces dernières.

    Imagi­nons le cas le plus fréquent : Vous retrou­ve­rez un nouvel emploi avant la fin des allo­ca­tions chômage mais il vous faudra tout de même quelques mois.

    Pôle Emploi va divi­ser le montant de votre indem­nité supra-légale par 90 et déca­ler le début de votre allo­ca­tion chômage d’au­tant de jours.

    Premier effet kiss-kool : À cause du délai de carence spéci­fique, l’in­dem­nité ne vient pas en plus de votre allo­ca­tion chômage mais à la place. C’est peut comme si votre employeur indem­ni­sait en réalité le Pôle Emploi et pas vous.

    Dans l’es­sen­tiel des cas, une indem­nité supra-légale est négo­ciée en répa­ra­tion d’un préju­dice. Ce peut être la compen­sa­tion d’un effort ou d’une conces­sion parti­cu­lière de votre part. Plus souvent c’est l’ac­cep­ta­tion d’une rupture conven­tion­nelle alors que l’em­ployeur n’avait pas de motif légi­time de licen­cie­ment.

    Bref, ça vous a coûté humai­ne­ment mais c’est le Pôle Emploi qui est indem­nisé.

    Second effet kiss-kool : Votre indem­nité supra-légale est fisca­li­sée comme une période de travail, avec les mêmes coti­sa­tions sociales. Vous payez donc une assu­rance chômage dessus. Par contre cette coti­sa­tion ne comp­tera ni pour calcu­ler le montant de votre indem­nité, ni pour la durée de votre indem­ni­sa­tion.

    Non seule­ment c’est le pôle emploi qui empoche l’in­dem­nité, mais en plus il se rému­nère une seconde fois dessus sans vous allouer les droits corres­pon­dants.

    La triple peine : Le délai de carence c’est le montant de l’in­dem­nité divisé par 90. Suivant votre niveau de rému­né­ra­tion, un mois d’in­dem­nité peut géné­rer un délai de carence plus ou moins long.

    Si vous êtes bien payé, la perte d’al­lo­ca­tion due au délai de carence peut être supé­rieure au montant de l’in­dem­nité perçue.

    Bref, non seule­ment vous n’y gagnez rien parce que le Pôle Emploi conver­tit ça en délai de carence, non seule­ment vous coti­sez sans que ça ne vous ouvre des droits, mais votre indem­ni­sa­tion va même avoir un solde net néga­tif dans votre compte en banque. Tout ça pour avoir été indem­nisé d’un préju­dice ou d’un effort spéci­fique en plus du licen­cie­ment lui-même. Magique.

    Le palier se situe à un peu plus de 3 200 € nets mensuels pour une allo­ca­tion de retour à l’em­ploi, et à un peu moins de 2 500 € nets mensuels pour un contrat de sécu­ri­sa­tion profes­sion­nel (licen­cie­ment écono­mique).

    Certes on est bien payé à ces montants, mais ils ne sont pas non plus excep­tion­nels pour des infor­ma­ti­ciens seniors.

    Si vous êtes mieux payé que ça, mieux vaut renon­cer à vos indem­ni­tés supra-légales, ou négo­cier pour les toucher sous une autre forme. Ce peut être une période payée mais avec une dispense de travail (ça revient à un mois de salaire gratuit mais il ne subit que le premier effet des trois décrits jusqu’à présent). Ce peut aussi être un accord tran­sac­tion­nel (c’est tombé en désué­tude mais c’est avan­ta­geux et pour l’em­ployeur et pour vous, et c’est juste­ment fait pour compen­ser un préju­dice).

  • De la complexité fiscale, CSG et CRDS

    J’ai envie de mettre des baffes à ceux qui veulent sucrer les minima sociaux ou réduire les taxes et coti­sa­tions sur l’au­tel de la simpli­fi­ca­tion. Ces gens ne simpli­fient pas, ils dimi­nuent.

    Main­te­nant, sérieu­se­ment, des fois j’ai aussi envie de mettre des baffes à ceux qui écrivent les règles fiscales.

    Au début il y a la CSG. Coti­sa­tion unique, assiette large, montant faible. Rien à y redire.

    Mais on a fait deux taxes distinctes avec la CRDS parce qu’un poli­tique a voulu enro­ber l’aug­men­ta­tion de coti­sa­tion avec un discours sur la dette à rembour­ser. Bien entendu même sur la CSG elle-même, il y en a une partie impo­sable et l’autre non, sinon ce serait trop simple.

    Mais on a 8 taux légè­re­ment diffé­rents suivant le type de revenu concerné, sachant qu’il y a en paral­lèle un taux réduit sur certains types de reve­nus pour ceux qui ne dépassent pas un revenu fiscal plafond en fonc­tion de leur quotient fami­lial mais qui gagnent quand même plus qu’un certain montant plan­cher

    Mais c’est appliqué sur 98,25% du revenu (la préci­sion est vrai­ment pour faire ch* à ce niveau) ou 100% à partir d’un certain revenu, sachant que certains reve­nus sont exoné­rés mais que ces exoné­ra­tions dépendent parfois d’une condi­tion de ressources (pour les bourses d’étu­diants ou les retraites) ou ne sont valables que pour l’une des deux taxes (pour des pres­ta­tions fami­liales, mais pas toutes).

    On parle là de la CSG, qui n’est même pas progres­sive et qui est vue comme une taxe qui doit concer­ner un peu tout le monde.

    Même sans aller à penser un revenu d’exis­tence à haut niveau, il y a un sacré gain à diffé­ren­cier ce qu’on donne d’un côté et ce qu’on paye de l’autre plutôt que de faire 50 calculs d’apo­thi­caire sur chaque item et n’avoir aucune vue d’en­semble possible.

  • Cumul emploi chômage

    Quand il reprend un emploi en cours d’in­dem­ni­sa­tion, un deman­deur d’em­ploi peut cumu­ler le salaire (ou la rému­né­ra­tion non sala­riée) avec une partie de ses allo­ca­tions chômage, sous certaines condi­tions.

    Dit autre­ment, quand vous êtes au chômage, le Pôle Emploi veut vous inci­ter à reprendre une acti­vité, même partiel­le­ment, même tempo­rai­re­ment pour quelques jours. Pour vous y inci­ter, ils permettent roya­le­ment un cumul des reve­nus de l’ac­ti­vité en ques­tion avec l’al­lo­ca­tion chômage clas­sique. L’al­lo­ca­tion est réduite pendant le cumul, mais elle est là.

    Allocation de cumul = allocation standard - 70% du revenu d'activité

    Ça a l’air cool, un joli effort du Pôle Emploi qui va dans le bon sens. Main­te­nant si on réflé­chit du point de vue de l’al­lo­ca­taire, c’est moins relui­sant. (suite…)

  • [Commen­taire] Des cher­cheurs ont vu […] la DGSI, qui ont embarqué leurs ordi­na­teurs

    Afin de proté­ger les cher­cheur.e.s qui seraient amené.e.s à consul­ter ces sites [faisant l’apo­lo­gie du terro­risme] pour mener à bien leurs recherches, je vous demande de bien vouloir nous trans­mettre [les] noms et coor­don­nées [des cher­cheurs] qui travaillent ou envi­sagent de travailler en consul­tant ces sites.

    […] Cette infor­ma­tion est hélas néces­saire afin de pouvoir prou­ver qu’un programme de recherche était bien en cours sur ces ques­tions dans votre unité. Il s’agit d’une mesure préven­tive qui nous permet­trait, le cas échéant, de défendre les collègues

    Certains ont cru que l’in­for­ma­tion était là. C’est le symp­tôme d’une crainte, mais la vraie infor­ma­tion elle suit dans l’ar­ticle :

    Des cher­cheurs ont vu débarquer chez eux ou dans leurs labo­ra­toires les services de la DGSI, qui ont embarqué leurs ordi­na­teurs, juste­ment dans ce domaine.

    — Patrice Bour­de­lais, direc­teur de l’INSHS, Fran­ceinfo

    Mesure préven­tive ? vrai­ment ? peut-être pas tant que ça, et là ce n’est plus une crainte mais un vrai problème.

    Je n’ose imagi­ner un système telle­ment défaillant que les services de rensei­gne­ments ignorent qu’ils s’adressent à des cher­cheurs spécia­li­sés sur le sujet. Ils savent, et donc ce qui les inté­resse ce sont les données, les recherches, pas le risque de terro­risme de la part du cher­cheur.

    C’est un problème pour les cher­cheurs aujourd’­hui, mais aussi pour le futur. Je souhaite bien du courage aux cher­cheurs pour ne pas se faire fermer toutes les portes si leurs données peuvent à tout moment être saisies.

    On peut se dire qu’ils méritent la même protec­tion que les jour­na­listes mais c’est se trom­per de combat.

    Le problème est en amont. Tout le monde mérite d’avoir le droit de s’in­for­mer ou d’in­for­mer les autres, sans forcé­ment avoir une étiquette ou un métier parti­cu­lier.

    Ce sont nos liber­tés fonda­men­tales qu’on remet en cause. Lais­ser faire est d’une négli­gence grave. Le trai­ter comme un problème parti­cu­lier de cher­cheurs ou de jour­na­listes, c’est une erreur grave qu’on risque de regret­ter.

  • [Lecture] The 2016 U.S. Mobile App Report

    mob

    — ComS­core, The 2016 U.S. Mobile App Report

    Quelque part ça s’amé­liore, en 2014 65% des gens ne télé­char­geaient rien. Nous en sommes à 49%… aux USA.

    Il reste que moins de 20% des gens télé­chargent plus de 3 apps mobiles par mois. Si on prend l’in­té­gra­lité de l’échan­tillon, c’est moins de deux nouvelles apps par mois en moyenne.

    Dans ces deux apps, il y a le dernier Candy Crush, l’app du jour­nal favori, celle du centre commer­cial du coin, celle d’Ikea ou du drive pour faire ses courses, Uber, AirBnb… Bien du courage pour concur­ren­cer les 10 app domi­nantes d’une tranche d’âge.

    Autant dire que vouloir initier la diffu­sion de son produit/service par une app mobile, c’est partir avec un boulet au pied.

    On le voit d’ailleurs sur le nombre d’app qui dépassent les 5 millions d’au­dience : à peine 130, là où le web mobile en a 580, en progres­sion de +36% dans la dernière année.

    mob2

    Les app mobiles n’ont pas tout perdu. Le temps passé y est 7x plus impor­tant que sur le web mobile (page 12 du rapport). Ce n’est juste pas par là qu’il faut commen­cer. Il sera temps d’y venir quand l’at­ti­rance de la marque sera assez forte pour percer dans les quelques app impor­tantes.

    Et même là… les utili­sa­teurs choi­sissent quelles app mettre sur l’écran d’ac­cueil pour un accès rapide (page 25). Si vous arri­vez à y mettre un raccourci vers une web app, il est probable que l’ef­fet soit le même.

  • Je paye une bière

    Plusieurs même. Pour celui ou ceux qui arrivent à me trou­ver un groupe qui convient à mes crédos pour mili­ter poli­tique avec eux.


    Diffi­cile de se défi­nir avec quelques phrases, et mes écrits passés sont proba­ble­ment plus repré­sen­ta­tif de mes opinions mais :

    J’ai un penchant social très marqué. Je souhaite que la collec­ti­vité permette à chacun de vivre décem­ment : santé, trans­port, loge­ment, éduca­tion, mais aussi confort élémen­taire. Cela n’a pas a être soumis à mérite ou condi­tion.

    Plus géné­ra­le­ment je crois à la mise en commun de tous les services publics et de tout ce qui est dans l’in­té­rêt collec­tif. Pour un exemple ça sous-entend des rembour­se­ments à 100% pour le système de santé, l’uni­ver­sité en accès libre et gratuit, ou des trans­ports en commun locaux gratuits.

    Je crois à un État au service et sous contrôle des citoyens, qui leur est assujetti. J’at­tends donc une trans­pa­rence de l’État et des collec­ti­vi­tés à tous les niveaux et dans les moindres détails, avec des règles qui limitent et contraignent ceux qui ont le pouvoir. Aujourd’­hui nous tendons vers le contraire, le contrôle du citoyen par l’État, et c’est d’un grand danger.

    Je cherche un rapport au travail diffé­rent, l’ar­rêt de la domes­ti­cité et de l’ex­ploi­ta­tion d’une partie de la popu­la­tion au profit d’une mino­rité, l’ar­rêt la culpa­bi­li­sa­tion et la préca­ri­sa­tion comme modèle de gestion du non-emploi. Il ne faut pas qu’a­dap­ter, il faut trou­ver un autre modèle. Le revenu d’exis­tence est une piste mais je suis prêt à en discu­ter d’autres.

    Je mets défi­ni­ti­ve­ment la vie des citoyen·nes en prio­rité par rapport à la ques­tion finan­cière, commer­ciale, écono­mique. Je ne crois pas à l’axiome qui veut que le premier item découle forcé­ment des trois suivants.

    Je crois aux insti­tu­tions publiques, à la fonc­tion publique, au services publics, et à la fisca­lité pour finan­cer tout cela. Il est toujours préfé­rable de payer le moins possible, mais étran­gler nos hôpi­taux ou nos écoles ne sera jamais un bon inves­tis­se­ment. Réduire le collec­tif permet de déga­ger de la marge de manœuvre aux plus aisés en assujet­tis­sant les plus faibles. Je m’y refuse.

    Je crois que la fina­lité des collec­ti­vi­tés publiques est d’as­su­rer une bonne vie aux citoyen·nes. L’éco­no­mie n’est qu’un moyen, pas une fina­lité. On se trompe souvent de prio­ri­tés en privi­lé­giant l’éco­no­mie et en partant de l’axiome que le reste en découle forcé­ment.
    Je crois que tout le monde doit avoir accès à des soins complets, un toit, et globa­le­ment de quoi vivre correc­te­ment.

    Je crois aux liber­tés civiles, aux droits de l’H, à la démo­cra­tie, à l’État de droit, à l’in­dé­pen­dance de la justice, à l’im­por­tance des insti­tu­tions.

    Je crois à l’Eu­rope. Je ne crois pas aux fron­tières, au natio­na­lisme qui se déguise en patrio­tisme.

    Je crois à la démi­li­ta­ri­sa­tion.

    Je ne crois pas à la perti­nence du nucléaire actuel, ni sur les risques ni sur l’as­pect écono­mique, et je crois qu’il faut en sortir mais pas en préci­pi­ta­tion. Je crois (cette opinion a évolué), malgré tout ce que je peux lui repro­cher, que le nucléaire reste notre meilleure — ou notre moins pire, c’est selon — option dans l’ur­gence clima­tique qui est la nôtre. Indé­pen­dam­ment, je crois à l’im­por­tance de conti­nuer la recherche et les expé­ri­men­ta­tions. J’ai pas la solu­tion et ne crois pas que dire « il faut du renou­ve­lable » soit si évident, mais je crois qu’on doit conti­nuer à essayer d’imagi­ner des choses.

    Je crois à la diver­sité, au respect des autres, de tous genre, opinion, culture, couleur de peau, choix de vie, etc. Je crois à la laïcité qui impose à l’État de ne pas se préoc­cu­per des reli­gions mais de respec­ter la liberté de pratique de chacun, y compris dans l’es­pace public. Je rejette les velléi­tés d’im­po­ser un ordre moral venu du siècle dernier, des uniformes ou tout ce qui a trait à un fantasme du « c’était mieux avant, la jeune géné­ra­tion est déca­dente ».

    Je suis certain que j’en oublie plein, je complè­te­rai peut-être au fur et à mesure. Voyez-vous quel groupe puis-je rejoindre ?