Catégorie : Politique et société

  • Mon problème avec E. Macron

    Je lis le billet d’Au­thueil qui illustre très bien mon problème avec Emma­nuel Macron. On nous vend du disrup­tif, du renou­veau, mais je n’ai toujours qu’un superbe embal­lage marke­ting. Je suis désolé, ce n’est pas ce que j’en attends, même si ça fonc­tionne.

    Sur la méthode, Macron détonne égale­ment. Un excellent article de Média­part (payant) explique très bien que « En marche » est diri­gée par un staff qui sort d’HEC, et qu’il est dirigé comme une start-up, avec des méthodes commer­ciales et de mana­ge­ment qui sont fami­lières à ceux qui bossent en entre­prise, mais tota­le­ment étran­gères au monde poli­tique. Le choix des théma­tiques et des messages, comme le posi­tion­ne­ment centriste « ni droite ni gauche », ne doivent rien au hasard, et il y a du y avoir de bonnes études de marché au préa­lable. Emma­nuel Macron est lancé comme un nouveau produit, avec toutes les tech­niques marke­ting qui vont bien pour ça. C’est, pour l’ins­tant, redou­ta­ble­ment effi­cace, et cela donne un sérieux coup de vieux aux appa­reils poli­tiques tradi­tion­nels.

    Moi j’ai­me­rais bien qu’on choi­sisse notre repré­sen­tant natio­nal sur la poli­tique qu’on souhaite appliquer et pas simple­ment sur l’ef­fi­ca­cité de son équipe de commu­ni­ca­tion. Oui, je sais, je suis vieux jeu.

    Authueil parle aussi du programme. Comme tous ses parti­sans, il pointe vers un site tiers pour se faire une idée du programme. Le simple fait de devoir aller pour ça sur un site tiers qui n’en­gage pas le candi­dat alors que l’équipe de commu­ni­ca­tion est jugée excel­lente par tout le monde, ça devrait faire réflé­chir. Sur ce site on y trouve des cita­tions très longues qu’il faut inter­pré­ter sur chaque sujet.

    Si j’osais, je dirais que ça ressemble à un évan­gile. Quel que soit la thèse qu’on défend, on pourra s’y retrou­ver. C’est presque magique. Mais du coup, pour affir­mer quelle est réel­le­ment la posi­tion du candi­dat ou ce qu’il va faire…

    * * *

    Vous ne me croyez pas ? J’ai pris l’exemple de la laïcité, sujet clivant en ce moment s’il en est. La moitié du texte décrit le présent ou le passé de façon neutre. C’est « le diagnos­tic ».

    Je me concentre donc sur les prises de posi­tion dans la partie « action ». J’in­siste, j’ai sauté la partie « diagnos­tic ». Ici vous trou­ve­rez verba­tim toute la partie « action » et unique­ment la partie « action ». Vous voulez de l’ac­tion ? il faudra repas­ser :

    Il consi­dère qu’il faut « préser­ver comme un trésor la concep­tion libé­rale de laïcité qui a permis que dans ce pays, chacun ait le droit de croire ou de ne pas croire, l’ex­pres­sion se lisant d’ailleurs dans les deux sens. »

    Je vous mets au défi de trou­ver un candi­dat signi­fi­ca­tif qui ne soit pas d’ac­cord avec ça.

    Ainsi, selon cette concep­tion libé­rale, « en France, aucune reli­gion n’est un problème. »

    Emma­nuel Macron fait néan­moins une distinc­tion majeure entre les reli­gions et les compor­te­ments se plaçant sous le signe du reli­gieux : « Ce qui est un problème […] ce sont certains compor­te­ments, placés sous le signe du reli­gieux, quand ils sont impo­sés à la personne qui les pratique. […] Car si la liberté de conscience est totale, l’in­tran­si­geance quant au respect des lois de la Répu­blique, elle, est abso­lue. […] En France, il y a des choses qui ne sont pas négo­ciables. On ne négo­cie pas les prin­cipes élémen­taires de la civi­lité. On ne négo­cie pas l’éga­lité entre les hommes et les femmes. On ne négo­cie pas la liberté. »

    Toutes les reli­gions sont accep­tables, mais pas forcé­ment tous les compor­te­ments au titre de ces reli­gions. Vous pouvez l’in­ter­pré­ter pour dire tout et son contraire.

    Je soutiens la vision multi­cul­tu­relle ? ça fonc­tionne. Je soutiens la vision qui défend la France d’ex­tré­mistes isla­miques ? ça fonc­tionne. Je soutiens la vision des mulsul­mans, y compris radi­caux non violents, qui se sentent brimés ? ça fonc­tionne. Je peux même soute­nir une vision large­ment raciste qui se défend de vouloir bannir la reli­gion musul­mane mais qui veut en inter­dire toute mani­fes­ta­tion sous prétexte de civi­lité ou égalité.

    Bref, E. Macron est pour le respect des lois, l’éga­lité, la civi­lité et la liberté. Quel candi­dat ne l’est pas ? Aucune action.

    Emma­nuel Macron se réfère à la loi de 1905 qui n’in­ter­dit pas les mani­fes­ta­tions reli­gieuses dans l’es­pace public tant qu’il n’ap­pa­rait pas de trouble à l’ordre public. Il fustige à ce titre les débats autour de l’ex­pres­sion du reli­gieux dans l’es­pace public : « l’Etat est laïc, pas la société. »

    Selon lui, « le laïcisme qui se déve­loppe aujourd’­hui, à gauche et à droite, est une concep­tion étriquée et dévoyée de la laïcité qui dénote à la fois une insé­cu­rité cultu­relle profonde et une incom­pré­hen­sion histo­rique de la France. »

    Là il y a un début de prise de posi­tion. Malheu­reu­se­ment il n’est pas encore suffi­sam­ment clair et tran­ché. Je rappelle que toutes les lois et toutes les actions faites au nom de la laïcité se font surtout au nom de l’ordre public. On retire le voile complet ? au nom de l’ordre public. Le Burkini ? au nom de l’ordre public (et de l’hy­giène). La fin des prières sur les trot­toirs faute de place place à la Mosquée ? au nom de l’ordre public.

    Bref, même si les soutiens d’une laïcité comba­tive tique­ront un peu, tout le monde pourra y trou­vera son compte. Toujours aucune action.

    Si Emma­nuel Macron refuse une « concep­tion étriquée et dévoyée de la laïcité », il ne prétend pas cepen­dant que toutes les situa­tions soient simples. « Ne soyons pas naïfs : certaines tendances d’un islam parti­cu­liè­re­ment rétro­grade sont à l’œuvre dans notre société pour venir en quelque sorte ‘tes­ter’ les limites de la laïcité, pour monter en épingle des compor­te­ments isolés ou mino­ri­taires. »

    Ouf. Comme le para­graphe précé­dent était outra­geu­se­ment modéré, voilà qui va renfor­cer n’im­porte quelle posi­tion radi­cale. Comme on ne parle que de « certaines tendances » sans rien nommer, les modé­rés seront bien d’ac­cord aussi.

    On vient de récon­ci­lier tout le monde en ne prenant… aucune posi­tion.

    Concer­nant par exemple le débat sur le « burkini », il consi­dère que « le port de ce vête­ment de plage, inventé il y a quelques années par une styliste austra­lienne, n’a abso­lu­ment rien de cultuel. Il n’est ni une tradi­tion, ni une pratique reli­gieuse.  C’est donc bien à tort qu’on a voulu l’en­ca­drer sous l’angle d’un prin­cipe de laïcité mal compris. En revanche, l’État impose des règles de vie en société compre­nant le respect intran­si­geant de certaines valeurs : l’éga­lité entre les hommes et les femmes, la civi­lité, l’ordre public… »

    Vision multi­cul­tu­relle : « il a dit qu’on a eu tort de vouloir l’en­ca­drer sous l’angle de la laïcité ».

    Vision radi­cale : « il a dit qu’il fallait être intran­si­geant sur l’éga­lité et l’ordre public » (on se deman­dera d’ailleurs ce que viennent faire l’ordre public ou la civi­lité sur un maillot de bain couvrant).

    Mais fina­le­ment, pensait-il que c’était une bonne chose ou non d’in­ter­dire le Burkini ? Pensait-il que les mairies étaient libres de prendre des arrê­tés ou non ?

    Toujours magique, aucune prise de posi­tion mais des paroles qui peuvent être lues dans les deux sens oppo­sés. Aucune action.

    Pour Emma­nuel Macron, bien que le cœur même de la laïcité exige une neutra­lité de l’Etat, le devoir de permettre à chacun d’exer­cer digne­ment sa reli­gion doit être réaf­firmé : « Lais­sons les Français musul­mans prendre leurs respon­sa­bi­li­tés en toute trans­pa­rence. Aidons-les en sortant aussi de nos réflexes histo­riques, de nos défiances. Aidons-les en coupant les ponts à des orga­ni­sa­tions parfois occultes, à des modes de finan­ce­ment inac­cep­tables, à des compor­te­ments tout autant inac­cep­tables. »

    Vision multi­cul­tu­relle : neutra­lité, permettre à chacun, aidons-les

    Vision radi­cale : (à condi­tion qu’)ils coupent les ponts avec des orga­ni­sa­tions, changent leurs finan­ce­ment, arrêtent les compor­te­ment que nous trou­vons inac­cep­tables

    Bref, toujours lisible dans les deux sens, et aucune action claire.

    L’or­ga­ni­sa­tion de l’is­lam en France et le combat contre une forme radi­cale de l’is­lam ne passent pas pour Emma­nuel Macron par de nouveaux textes ou de nouvelles lois, mais par l’ap­pli­ca­tion de celles exis­tantes : « Nous devons mener ensemble […] un combat contre l’is­lam radi­cal, un islam qui veut inter­fé­rer dans certains quar­tiers sur la chose publique, et qui se pense comme préva­lant sur la Répu­blique et ses lois ». « Je suis pour cette bien­veillance exigeante, je suis pour la laïcité de 1905, mais, dans le même temps, nous avons, sur le terrain, des combat­tants de cette laïcité, des combat­tants des droits des femmes, des combat­tants des règles de la Répu­blique. »

    Là il y a une prise de posi­tion : pas de nouvelle loi.

    Dans le même temps on insiste sur une meilleure appli­ca­tion des exis­tantes comme la solu­tion, ça peut tout de même coller avec les radi­caux qui en demandent plus.

    On voit bien le « bien­veillance exigeante » et le « dans le même temps » qui font bien atten­tion à montrer les deux côtés sous un angle accep­table pour tout le monde sans avan­cer une quel­conque action ou posi­tion clivante.

    Emma­nuel Macron plaide pour une mobi­lité accrue des jeunes habi­tants des quar­tiers popu­laires grâce à un meilleur accès aux trans­ports, à la culture, aux études, à l’em­ploi. « Dans ces quar­tiers, nous avons laissé les arti­sans d’un islam radi­cal faire leur œuvre, faire leur miel de la frus­tra­tion de nos jeunes, de la frus­tra­tion des Français. Voilà pourquoi […] nous devons réin­ves­tir nos quar­tiers pour redon­ner aux habi­tants des oppor­tu­ni­tés et de la mobi­lité ». « Notre mission, elle sera diffi­cile, elle pren­dra du temps, elle sera exigeante avec toutes et tous. Ce sera de faire que les Français de confes­sion musul­mane soient toujours plus fiers d’être Français que fiers d’être musul­mans. »

    blabla­bla­bla. Il y a bien une posi­tion mais liée à l’ur­ba­nisme, et abso­lu­ment consen­suelle. Je suis tout à fait d’ac­cord que ça peut être une piste pour réduire ce qui a mené au symp­tôme « problème reli­gieux » mais ça s’ar­rête là. On redonne un coup de natio­na­lisme à la fin pour équi­li­brer.

    Marine Le Pen et François Fillon n’au­raient peut-être pas avancé les trans­ports et la culture mais en reti­rant ces deux mots je vous mets au défi d’ex­clure que ça aurait pu venir de leur discours. Vouloir des trans­ports et de la culture pour permettre aux français de réin­ves­tir les quar­tiers, ça reste large­ment accep­table donc ça ne choquera pas même avec ces deux mots (surtout que les radi­caux les plus durs consi­dèrent que ne pas se couvrir ou que le style de musique font partie de la culture à impo­ser à ceux qui auraient un avis diffé­rent).

    Bien entendu, très à gauche, mettre du trans­port, de la culture et de l’édu­ca­tion pour désen­cla­ver les quar­tiers, tout le monde sera d’ac­cord. Bien évidem­ment aussi qu’il faut mettre fin au chômage des quar­tiers diffi­ciles. Mélan­chon, Jadot ou Hamon auraient eux aussi pu pronon­cer ce para­graphe.

    Bon, on fait comment ? On fait quoi en pratique ? On coupe les allocs pour inci­ter au travail ou on met en place des CV anonymes et du testing anti-discri­mi­na­tion ? Oui je cari­ca­ture les deux posi­tions oppo­sées mais pour ce qui est de l’ac­tion… on ne saura pas.

    Au nom de sa concep­tion d’une laïcité de liberté plutôt que d’in­ter­dit, Emma­nuel Macron se prononce contre l’in­ter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité car, à la diffé­rence de l’école où les indi­vi­dus sont mineurs, « l’uni­ver­sité est le lieu des consciences éclai­rées et adultes. »

    Selon Emma­nuel Macron, l’in­ter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité serait contre-produc­tive : « Ce qui trouble, c’est le risque que cette jeune femme voilée ait subi une pres­sion maxi­mum, qu’elle ait été contrainte. Il n’em­pêche : inter­dire le voile à l’uni­ver­sité, c’est para­doxa­le­ment inter­dire à cette jeune femme d’avoir ce qui serait peut-être la seule expé­rience qui lui permet­trait de sortir de sa commu­nauté, d’ac­cé­der à un univer­sel, au savoir, à des expé­riences qui pour­raient l’éman­ci­per. En lui refu­sant cet accès, on renfor­ce­rait le commu­nau­ta­risme puisqu’elle serait renvoyée à son quar­tier, à sa situa­tion, à son confi­ne­ment social. En ce sens, les laïcistes favo­risent le commu­nau­ta­risme dans les quar­tiers car ils recréent du clivage. Ils favo­risent une iden­tité qui se construit contre la Répu­blique au prétexte que cette répu­blique exclu­rait. »

    Donc E. Macron est contre l’in­ter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité. Valls avait tenté de renfor­cer sa posture d’homme ferme face aux dérives avec une décla­ra­tion là dessus et l’UMP avait fait de même deux ans avant. Je pense que le FN ne serait pas tota­le­ment contre non plus.

    Bref on aura eu UNE vraie posi­tion claire au dernier para­graphe sur les cinq pages de texte. C’est d’ailleurs la seule phrase en gras sur toute la partie laïcité.

    Bon, en même temps, depuis, le Conseil d’État a pris offi­ciel­le­ment posi­tion pour dire que ça ne passe­rait jamais le Conseil Cons­ti­tu­tion­nel. Le Conseil natio­nal de l’en­sei­gne­ment supé­rieur et de la recherche (Cneser) comme l’Ob­ser­va­toire de la laïcité sont eux expli­ci­te­ment contre. Le ballon d’es­sai de Valls a montré que même la popu­la­tion était plutôt contre aussi, au point de se faire reca­drer immé­dia­te­ment par Hollande (et s’il y a une chose à laquelle on dit que E. Macron tient beau­coup, ce sont bien les études d’opi­nion).

    Bref, une prise de posi­tion qui aurait été clivante dans le passé mais qui n’a plus vrai­ment de sens aujourd’­hui. Il n’y a plus que quelques trolls comme E. Ciotti pour avan­cer dans cette voie (et proba­ble­ment plus pour faire la une que pour réel­le­ment le faire voter). Pas d’ac­tion.

    * * *

    C’est tout. La partie action manque telle­ment d’ac­tion que que je vous épargne la partie diagnos­tic.

    Moi j’y lis une vision multi­cul­tu­relle à l’op­posé du combat des radi­caux pro-laïcité, mais la présence systé­ma­tique de contre-poids à chaque phrase permet­tra à tout le monde de croire que ça va dans son sens. Je suis convaincu que, du FN au PG, tout le monde pour­rait se sentir rela­ti­ve­ment en phase avec les para­graphes cités.

    Entre temps, mis à part la non-inter­dic­tion du voile à l’uni­ver­sité qu’au­cun poli­tique sérieux n’au­rait désor­mais jugé réaliste, on n’a que de vagues décla­ra­tions géné­rales sans aucune action derrière.

    Ce que je retiens : E. Macron accueille toutes les reli­gions mais pas les mauvais compor­te­ments. Il est pour l’éga­lité, la liberté, la civi­lité et l’ordre public. Il est bien­veillant mais exigeant. Il est pour inter­ve­nir dans les quar­tiers terreau de compor­te­ments radi­caux mais ne dit pas encore comment. Comment être contre ?

    Si ça se trouve il est même pour la paix dans le monde. C’est dire s’il est bien comme candi­dat. Sauf… qu’on n’est pas à un concours de beauté des années 1990.

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    On me dit que c’est un bosseur, qu’il est sérieux, ouvert, qu’il veut faire enfin bouger les choses. Ça a plutôt l’air vrai dans ce qu’on a pu voir mais… est-ce suffi­sant ?

    Je n’adhère pas à cette vision tech­no­cra­tique où l’élu doit être un expert et bon gestion­naire, où l’ac­tion remplace la vision. On tue la poli­tique, le choix du peuple souve­rain sur son futur et la gestion de son État.

    À force on finit par oublier que derrière il y a des choix, des choix qui sont tout à fait arbi­traires, qui tiennent à des modèles de société. Ce sont ces choix qui doivent nous guider. Si on cherche juste à opti­mi­ser et à gérer, on risque de se retrou­ver avec un modèle de société qu’on n’a pas choisi.

    Comment est-ce que je fais avec E. Macron et sa campagne ? Ça fonc­tionne très bien parce qu’il arrive à trou­ver de beaux mots qui vont à tout le monde, parce qu’il a une image de réfor­ma­teur actif et sérieux, mais quel est son modèle de société ? est-ce le mien ? est-ce le votre ? Je n’en sais rien et c’est gênant.

    Les grands discours de deux heures avec des phrases parfois sans queue ni tête arbi­trées par les études d’opi­nion et des experts en commu­ni­ca­tion devant un public télé­com­mandé… ça fonc­tionne peut être mais j’at­tends autre chose. J’ai­me­rais bien qu’on se mette à discu­ter poli­tique et modèle de société. Oui, je suis vieux jeu. Je l’ai déjà dit plus haut.

  • Les 10 enga­ge­ments Anti­cor

    Je suis embêté. Je m’ap­prê­tais à appuyer l’ini­tia­tive mais en fait j’ai deux désac­cords sur 10 points, et ça fait beau­coup.

    J’ai un problème avec le 1– pas de casier et le 3– fin de l’im­mu­nité.

    Avant d’ar­gu­men­ter pour les deux, j’ai­me­rais mettre un peu de contexte avec les paroles attri­buées au Cardi­nal Riche­lieu « Qu’on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j’y trou­ve­rai de quoi le faire pendre. »

    1. instau­rer comme condi­tion d’éli­gi­bi­lité à toutes les élec­tions l’ab­sence de condam­na­tion inscrite au bulle­tin n° 2 du casier judi­ciaire ;

    Je me rappelle tous ces dépu­tés qui un jour on dit « oui, moi aussi j’ai déjà fumé un joint ». Tech­nique­ment c’est de l’usage illi­cite de stupé­fiant. Une telle mesure devrait leur inter­dire de siéger. La seule diffé­rence c’est qu’ils n’ont pas été pris ou pour­sui­vis.

    Je ne crois pas qu’il faille empê­cher quelqu’un de repré­sen­ter le peuple parce qu’il a fumé un joint, ni parce qu’il a été condamné pour outrage et rébel­lion dans une mani­fes­ta­tion passée. On sait combien c’est facile d’en être la cible quand on n’est pas déjà quelqu’un.

    Je ne crois pas non plus qu’il eut fallu par exemple empê­cher José Bové d’être élu natio­nal sous prétexte qu’il a démonté un Mac Do lors d’une opéra­tion de protes­ta­tion.

    Pire : À l’heure où François Fillon tente de s’ac­cro­cher aux branches en accu­sant ses adver­saires de vouloir le disqua­li­fier, vous imagi­nez si n’im­porte quel délit mineur pouvait rendre inéli­gible ? Nous trans­gres­sons tous la loi sur un point ou un autre. Tous, sans excep­tion. Il suffi­rait que l’exé­cu­tif force un peu la main pour cette fois réel­le­ment exclure un gêneur. Même si ça parait peu probable, je ne veux pas ouvrir cette voie au futur.

    l’ins­tau­ra­tion d’une nouvelle clause d’éli­gi­bi­lité, faisant de l’ab­sence de toute condam­na­tion pour des délits ayant trait à la gestion de l’argent public un préa­lable à toute candi­da­ture

    Cette formu­la­tion de la prési­den­tielle de 2012 était bien plus légi­time. Pour faire bonne mesure je n’au­rais pas été contre y ajou­ter les abus de bien sociaux ou d’autres délits liés au pouvoir et au détour­ne­ment de respon­sa­bi­li­tés. Ce sont là des délits graves, et surtout perti­nents vis à vis de l’exer­cice du pouvoir public.

    Je suis furieux parce que cette année ils s’adonnent au popu­lisme et surfent sur la défiance envers les élus. Ce n’est pas ce que j’at­tends d’une asso­cia­tion aussi impor­tante.

    Si on veut vrai­ment pous­ser la probité on pour­rait aussi impo­ser la publi­ca­tion du casier des candi­dats, la tota­lité cette fois. À chacun de justi­fier son passé ou de démon­trer que juste­ment c’est du passé mais on n’han­di­cape ainsi ni la repré­sen­tion ni la rési­lience face aux abus du pouvoir en place.

    1. suppri­mer l’in­vio­la­bi­lité dont béné­fi­cient le Président de la Répu­blique et les parle­men­taires (qui leur permet de ne pas être pour­suivi pendant la durée de leur mandat, même pour des actes étran­gers à l’exer­cice de leurs fonc­tions)

    Petit aparté : L’im­mu­nité parle­men­taire est double. Irres­pon­sa­bi­lité et invio­la­bi­lité. Contrai­re­ment à ce que laisse entendre Anti­cor, l’ir­res­pon­sa­bi­lité ne concerne que les actes dans l’exer­cice de leur fonc­tion (c’est à dire quasi­ment que leur présence à l’As­sem­blée ou au Sénat). L’in­vio­la­bi­lité empêche les mesures coer­ci­tives pendant leur mandat mais, contrai­re­ment à ce que laisse entendre le texte d’An­ti­cor, n’em­pêche pas forcé­ment d’être mis en examen, ni même d’être condamné. S’il y a condam­na­tion à de la prison, ça atten­dra juste la fin du mandat.

    Celui là est plus théo­rique mais il me semble encore plus dange­reux pour la démo­cra­tie (oui, rien que ça).

    L’im­mu­nité prési­den­tielle c’est empê­cher que, même justi­fiés, des faits mineurs ne puissent mettre tout le pays en diffi­culté via la mise en cause de son repré­sen­tant. Injuste ou pas, ça me parait impor­tant et assez peu cher payé. Je n’ai pas en tête de cas où ça ait été un problème majeur.

    L’ir­res­pon­sa­bi­lité parle­men­taire dans l’exer­cice de ses fonc­tions est aussi une liberté essen­tielle au fonc­tion­ne­ment des insti­tu­tions. Vous imagi­nez qu’un député soit inca­pable de parler de terro­risme ou de la loi sur l’apo­lo­gie du terro­risme sans être accusé d’apo­lo­gie ? moi pas. La liberté de parole proté­gée par l’im­mu­nité est essen­tielle au fonc­tion­ne­ment parle­men­taire.

    Plus loin, on touche aussi à la sépa­ra­tion des pouvoirs et à la rési­lience du système répu­bli­cain.

    On permet que l’exé­cu­tif, qui contrôle les forces de police et les procu­reurs, ne puisse empê­cher un parle­men­taire de faire son travail. On évite que n’im­porte quel poli­cier puisse enclen­cher arbi­trai­re­ment une garde à vue ou un contrôle d’iden­tité et bloque le parle­men­taire pendant un vote ou une décla­ra­tion. Si ça vous semble ridi­cule c’est que vous n’écou­tez pas assez l’ac­tua­lité inter­na­tio­nale.

    On permet plus géné­ra­le­ment que le judi­ciaire ne puisse inquié­ter les repré­sen­tant de la nation, de même que l’ina­mo­vi­bi­lité des magis­trats les protège contre les pres­sions de l’exé­cu­tif.

    Malgré toutes les polé­miques on vit ajourd’­hui une démo­cra­tie apai­sée. Ça n’a pas toujours été le cas. Certains ont tendance à oublier que nos grand-parents ont connu d’autres temps, que d’autres pays les vivent en ce moment, et que rien ne nous permet d’écar­ter des jours moins heureux en France dans le futur.

    J’ai­me­rais qu’on évite de jeter nos assu­rances pour l’ave­nir juste parce que les risques ne semblent pas se réali­ser dès la semaine prochaine.

    *

    À noter que dans les deux immu­ni­tés ont des méca­nismes si jamais son béné­fi­ciaire est en roue libre.

    La justice peut deman­der une levée de l’im­mu­nité parle­men­taire. Elle est déci­dée par les pairs du concerné (Assem­blée natio­nale ou Sénat). Contrai­re­ment à ce qu’on peut imagi­ner… ça arrive. Il y a eu huit levées d’im­mu­nité sur la manda­ture actuelle.

    Pour rappel, l’in­vio­la­bi­lité n’em­pêche pas par prin­cipe les pour­suites ou la condam­na­tion. Il est très diffi­cile d’ima­gi­ner un refus de levée d’im­mu­nité pour un parle­men­taire offi­ciel­le­ment condamné.

    Pour le Président il y a des possi­bi­li­tés d’em­pê­che­ment et de desti­tu­tion. C’est plus diffi­cile, mais ce n’est pas une mauvaise chose.

  • Il est temps d’en parler

    J’ai du mal parce qu’on parle encore de Aulnay et de Théo. Oui, Théo s’en sort avec 60 jours d’ITT et une perfo­ra­tion anale faite à l’aide d’une matraque par un dépo­si­taire de l’ordre public et c’est gravis­sime. Cepen­dant parler de cet homme fait croire qu’il s’agit juste d’une bavure et d’une poignée de personnes impliquées.

    Sauf que non. Le même commis­saire en charge aujourd’­hui avait déjà fait l’objet d’une condam­na­tion il y a moins de 10 ans pour absten­tion volon­taire à empê­cher un crime ou délit dans une affaire ou un subor­donné avait menacé de sodo­mie en glis­sant un enjo­li­veur dans les fesses d’un chauf­fard.

    Vous allez me dire que 10 ans c’est beau­coup, mais à Drancy deux semaines avant, se tenait le procès d’un poli­cier muni­ci­pal pour… une perfo­ra­tion anale de 10cm faite avec une matraque enfon­cée à l’ho­ri­zon­tale sur une personne menot­tée et 10 jours d’ITT. Ça ne vous rappelle rien ? Pascal (c’est son prénom) n’a pas eu autant d’im­pact média­tique et les faits ont été requa­li­fiés de viol à violences aggra­vées avec l’ex­cuse du « je ne me l’ex­plique pas, si la matraque a ripé c’était invo­lon­taire ». Six mois de prison avec sursis ont été requis.

    Ne parlons même pas de la mort d’Adama Traoré où, au mini­mum, il y a eu empê­che­ment des secours et maquillage. Là aussi ce n’est pas le premier cas, même si heureu­se­ment c’est rare.

    * * *

    Non ce ne sont pas des cas isolés. Ces cas font surface à cause d’en­re­gis­tre­ments vidéos et/ou de bles­sures impos­sible à attri­buer à autre chose. Ce n’est pas pour rien que depuis un an les forces de l’ordre font la chasse à ceux qui sortent leur smart­phone pour enre­gis­trer, menacent de casser l’ap­pa­reil ou forcent illé­ga­le­ment à effa­cer les images. Même les photo­graphes de presse offi­ciels s’en plaignent.

    Le problème n’est pas que tous les poli­ciers agissent ainsi, c’est qu’il y a une vraie impu­nité et une violence qui n’est pas anec­do­tique. Ce qui est gravis­sime c’est qu’il n’y a pas de remise en cause géné­ra­li­sée, que nos poli­tiques cantonnent tout ça à un fait divers de temps en temps, le seul qui a crevé le plafond média­tique. Même celui là est parfois contesté ou nié.

    * * *

    Il n’y a pas besoin de cher­cher bien loin pour avoir souve­nir de ces images pendant les mani­fes­ta­tions de 2016, avec des forces de l’ordre qui donnent des coups puis­sants sur des mani­fes­tants à terre ou tenus par des collègues, avec des tirs tendus de flash ball qui font perdre des yeux, avec des gens à terre en sang qui sont gazés à bout portant… sans réac­tion poli­tique à part un soutien aux forces de l’ordre et du bout des lèvres une compas­sion pour les quelques cas les plus graves qui ont fait la une des jour­naux plus de quelques jours d’af­filé à cause d’en­re­gis­tre­ments vidéo.

    Même sans parler de ces cas graves, discu­tez avec des gens de banlieue pour comprendre les insultes, les brimades volon­taires, parfois les coups et passages à tabac. Non ce n’est pas que dans les films.

    Je me rappelle, toujours 2016, où quelques jeunes ont échoué à faire recon­naitre au tribu­nal qu’ils étaient contrô­lés tous les jours au même endroit, parfois 10 fois par jour.

    * * *

    Le pire c’est que les poli­ciers se défendent en mettant en accu­sa­tion leurs victimes d’ou­trage et rébel­lion. Leur parole n’est que très diffi­ci­le­ment mise en doute. Vu qu’on ne croit pas les victimes, ce sont les poli­ciers qui le racontent le mieux :c4xgtexw8ae1y7e

    Si vous préfé­rez des faits jugés, il y a ceux de 2010 juste­ment dans la cité de Théo, où une voiture de la BAC renverse et blesse un autre poli­cier. Les sept poli­ciers s’étaient mis d’ac­cord sur une fausse version accu­sant le fuyard de tenta­tive d’ho­mi­cide. Ils s’en sortent avec du sursis.

    Encore une fois, sans prétendre que tous les poli­ciers fautent, il ne s’agit pas d’in­ci­dent isolés mais bien d’un problème struc­tu­rel.

    * * *

    Alors oui, moi aussi je condamne les violences, les voitures brûlées ou les vitrines cassées. Main­te­nant vous m’ac­cor­de­rez aussi que c’est le seul moyen pour qu’on parle un mini­mum de ce qu’il se passe. Et même là quasi­ment personne ne lève le problème global.

    Si j’osais, tant que nos élus ne prennent pas la dimen­sion du problème et n’an­noncent pas publique­ment un vrai plan de reca­drage des forces de l’ordre, moi j’ai l’im­pres­sion que les mani­fes­tants ne font au contraire pas assez de bruit. Et oui, du bruit violent parce que sinon ça ne fera même pas un entre­fi­let dans le jour­nal.

    Vous avez une autre solu­tion ? Propo­sez, mais les violences subies semblent aller gran­dis­santes et nous ne sommes même pas capables d’im­po­ser aux poli­ciers de respec­ter leur obli­ga­tion d’af­fi­cher un équi­valent de matri­cule sur eux.

    Diffi­cile pour un candi­dat en pleine campagne de remettre en cause les forces de l’ordre et se mettre à dos toute la droite dure et la gauche auto­ri­taire. En même temps, avec les affaires Fillon qui commencent à fati­guer, il y a juste­ment un espace à prendre. Ce n’est pas si irréa­li­sable.

  • Passeur d’er­reurs – @Pas­seurS­ciences

    Je vais le faire plutôt ici.

    Je résume pour ceux qui découvrent : Vous avez créé une page Wiki­pe­dia sur un sujet obscur maitrisé par une poignée de personnes et qui n’en inté­resse proba­ble­ment pas beau­coup plus. Dans cette page, vous avez mêlé du vrai et du (très) faux . Il s’est passé quelques semaines sans que le faux n’ait été détecté et corrigé.

    Il est facile de se faire passer pour un cher­cheur qui publie un résul­tat qui gêne. En réalité vous avez surtout répété ce qui a déjà été fait vingt fois et ce dont, surprise, la plupart des utili­sa­teurs de wiki­pe­dia auraient pu vous révé­ler le résul­tat à l’avance.

    Bref, rien de neuf, d’in­connu, ni même de surpre­nant. Le problème n’est pas là.

    * * *

    J’ai un premier problème pour quelqu’un qui prétend avoir une démarche scien­ti­fique : Que comp­tiez-vous démon­trer ?

    Vous auriez pu choi­sir un sujet d’ac­tua­lité ou qui prête à débat public, ce qui aurait collé avec le contexte des fake news que vous invoquez. François Fillon, Donald Trump, l’évo­lu­tion du climat… il y avait le choix. Rien de tout cela ici.

    Pour que le sujet ait un quel­conque inté­rêt, il aurait fallu en prendre un avec un mini­mum d’au­dience. Si la page n’est pas lue, vous géné­rez des résul­tats qui n’ont d’im­pact que sur vous-même. Forcé­ment, ce n’est pas vrai­ment impor­tant et, comme expé­rience scien­ti­fique, ça se pose là.

    Combien de lecteurs qui réel­le­ment souhai­taient s’in­for­mer ? Sur ceux là, combien qui se sont inté­res­sés à la section avec de fausses infor­ma­tions ? Sur ceux là, combien ont réel­le­ment été trom­pés au final ? Voilà le chiffre qui aurait pu être inté­res­sant.

    Ici vous dites vous-même qu’il y aurait eu quelques dizaines de lecteurs en cinq semaines. Sur Wiki­pe­dia ça se traduit quasi­ment par zéro. Outre qu’on se demande sérieu­se­ment quel a été l’ou­til de mesure de l’au­dience, quelques dizaines c’est ce que j’au­rais estimé pour ceux qui surveillent les nouvelles créa­tions ou qui suivent les liens sortants des pages annexes qui ont été modi­fiées. On parle juste­ment de modi­fi­ca­tions de forme sans toucher au fond.

    Bref, le scéna­rio choisi n’avait quasi­ment aucune chance d’ap­por­ter quelque chose faute d’avoir pris un sujet perti­nent.

    Non seule­ment le résul­tat était connu à l’avance mais vous avez choisi une expé­rience où il n’avait en plus aucun inté­rêt. Chapeau.

    * * *

    Main­te­nant le vrai problème que j’ai avec votre démarche, outre qu’elle était inutile et sans inté­rêt, c’est qu’elle s’at­taque à des tiers.

    Vous êtes jour­na­liste au Monde. Avez-vous tenté de faire des erreurs volon­taires dans un sujet obscur destiné au jour­nal papier ? sur le jour­nal en ligne ? Avez-vous même tenté de faire un faux sur votre blog et voir s’il serait détecté ?

    Je doute que ce soit bien vu. Il s’en trou­vera pour dire que ça montre les failles d’un jour­nal qui se veut sérieux, ou que vous trans­for­mez après coup le contenu erroné en fausse expé­rience, ou qu’à tout le moins ils ne pour­ront pas se fier au contenu à l’ave­nir faute de savoir si c’est une nouvelle expé­rience. Ne parlons même pas du risque d’un mauvais buzz où les gens n’en­tendent parler que de l’er­reur mais pas de l’ex­pli­ca­tion qui suit.

    Mon problème est là. Vous êtes jour­na­liste profes­sion­nel. Vous savez que l’in­for­ma­tion a un impact, et que cet impact n’est pas neutre. Combien, même sans n’avoir rien appris de neuf et même si votre expé­rience ne montre pas cela, ne feront que renfor­cer l’image que Wiki­pe­dia n’est pas fiable sur les sujets d’im­por­tance ?

    Et ça s’est fait pour quoi ? pour savoir qu’un contenu lu par personne sur un sujet connu par pas grand monde pouvait conte­nir des erreurs intro­duites volon­tai­re­ment et qui ne seraient pas corri­gées en quelques semaines.

    La ratio dommage / béné­fice m’hor­ri­fie. En tant que jour­na­liste comme en tant que scien­ti­fique, c’est une donnée qui aurait du vous préoc­cu­per.

    * * *

    Person­nel­le­ment je retiens une chose : C’est la personne qui prétend étudier les fake news qui en est juste­ment à l’ori­gine. Ça permet de réflé­chir et il n’y a pas de quoi être fier.

    Pour rire, sur le Deco­dex, à propos de lemonde.fr, faut-il ajou­ter « publie de fausses infor­ma­tions sur les autres sites » ?

  • Empreinte digi­tale et sécu­rité

    Nouveau télé­phone avec un capteur d’em­preinte digi­tale. Il n’y a pas à dire, c’est super pratique et le compro­mis de sécu­rité est plutôt bien adapté au cas d’usage.

    Compro­mis ? C’est évident pour les geeks sécu­rité alors je m’adresse aux autres. Tout est histoire de compro­mis entre la faci­lité d’uti­li­sa­tion et le niveau de sécu­rité recher­ché.

    L’em­preinte digi­tale est facile à utili­ser mais assure un assez mauvais niveau de sécu­rité.

    Security - xkcd 358
    Secu­rity – xkcd 538

    Donc, qu’est prêt à faire celui qui veut accé­der à vos données ?

    Si vous ne vous cachez pas sérieu­se­ment à chaque fois que vous déver­rouillez votre télé­phone, le code PIN ou le schéma à la Android ne sécu­risent que contre le vol à l’ar­ra­chée, quand le voleur ne vous connait pas et ne peut rien obte­nir de vous.

    Si votre voleur est prêt à fouiller votre télé­phone sans votre accord, il est certai­ne­ment prêt à loucher par dessus votre épaule pour voir votre PIN ou votre schéma quand vous le tracez. Pour un schéma il peut même parfois se conten­ter des traces de doigts sur l’écran pour peu que vous ayez oublié de les effa­cer.

    C’est *là* que l’em­preinte digi­tale est inté­res­sante. Elle est est simple à utili­ser mais ne peut pas être repro­duite sans un mini­mum d’ef­forts.

    * * *

    Si par contre votre attaquant est prêt à être… méchant, alors l’em­preinte digi­tale est la pire des solu­tions.

    Le plus simple : Même un grin­ga­let peut vous prendre par surprise et retour­ner votre poignet dans votre dos pour vous faire déver­rouiller le télé­phone par la contrainte.

    Le plus discret : Récu­pé­rer une de vos empreintes quelque part où vous la lais­sez – c’est à dire partout, tout au long de la jour­née – et créer une fausse empreinte propre à leur­rer le capteur permis­sif du télé­phone. N’im­porte qui en est capable avec assez de volonté.

    Contre quelqu’un prêt à faire un mini­mum d’ef­forts il ne reste qu’un mot de passe ou un schéma suffi­sam­ment complexe que vous gardez confi­den­tiel. Rien ne battra même un bête code PIN si l’ap­pa­reil limite le nombre de tenta­tives.

    Le problème c’est que tour­ner le dos à vos proches à chaque déver­rouillage de télé­phone puis s’as­su­rer de ne pas lais­ser de traces sur l’écran, ce n’est pas neutre au jour le jour. Bien entendu, si vous allez dans cette direc­tion, il faut que le disque du télé­phone soit chif­fré, que le télé­phone se verrouille immé­dia­te­ment quand vous le lais­sez sur une table, et que l’éven­tuel schéma à tracer soit très complexe. Sinon autant reve­nir à l’em­preinte digi­tale.

     

  • Payer plus les poli­tiques

    Dire ça c’est un peu accep­ter que les gens fraudent pour se rembour­ser du salaire qu’ils pensent devoir avoir. C’est juste inac­cep­table et que ce type de réflexion soit répan­due dans l’éco­sys­tème poli­tique en dit long sur la corrup­tion en France.


    Main­te­nant j’es­père tout de même qu’un jour l’em­ploi public rému­né­rera mieux que le privé, avec de meilleures condi­tions, que la concur­rence sera rude pour y accé­der et que ce sera la filière d’élite, que les meilleurs seront au service de la nation.

    On en est loin. On fait même exac­te­ment l’op­posé. Les condi­tions dans l’édu­ca­tion, dans les hôpi­taux, dans la police ou dans la justice sont indignes et ne seraient d’ailleurs même pas légales dans le privé. Ne parlons pas des rému­né­ra­tions.

    À force d’éco­no­mies, d’al­lè­ge­ments d’im­pôts, de jalou­sie du statut de fonc­tion­naire, de volonté de faire payer ceux qui dirigent, on se tire une balle dans le pieds. On renforce un modèle social complè­te­ment idiot.


    Alors non, au regard des rému­né­ra­tions des gens extrê­me­ment compé­tents dans le privé, il ne serait pas inap­pro­prié de rele­ver sérieu­se­ment les indem­ni­tés de certains élus, dont les dépu­tés. En échange par contre les frais doivent être justi­fiés, l’uti­li­sa­tion des crédits doit être contrô­lée, le temps doit être dédié au mandat et non au parti ou à la carrière et à la réélec­tion.

    Si on réforme vrai­ment tout ce qu’il y a autour, une indem­nité de base à 10_000 euros suivie de crédits qui permettent d’en­ga­ger les meilleurs juristes et de faire du travail de fond ne me choquera abso­lu­ment pas.

    Ça n’em­pê­chera pas les malhon­nêtes de conti­nuer à abuser du système, mais ça atti­rera aussi d’autres personnes.


    Par contre qu’on ne s’ar­rête pas aux poli­tiques, parce que ce sont loin d’être les cas les plus liti­gieux dans ceux rému­né­rés au service de l’État.

  • Hamon et la vie privée

    Oui, j’ai eu un mouve­ment de recul à la lecture de ce vieux tweet de 2014, comme proba­ble­ment tous les geeks. J’avoue que pour un candi­dat soutenu publique­ment par Edward Snow­den, c’était éton­nant.

    J’in­vite toute­fois à repla­cer dans le contexte. Benoit Hamon parle de Nico­las Sarkozy, scan­da­lisé qu’on ait pu l’in­ter­cep­ter dans le cadre d’écoutes judi­ciaires.

    D’un coup ça change un peu la portée de la phrase. Le contexte est « se savoir écouté dans le cadre d’une enquête judi­ciaire justi­fie de prendre un second télé­phone sous un faux nom ? ». Il ne s’agit (proba­ble­ment) pas d’une décla­ra­tion géné­rale reje­tant la notion de vie privée mais d’un soutien aux insti­tu­tions judi­ciaires et aux procé­dures qui en découlent. La phrase est certai­ne­ment maladroite, surtout hors contexte, mais qui ici aurait contesté ce soutien ?


    Benoit Hamon : « il n’y a pas de problème à être… par LeLab_E1

    Ne lais­sons pas le moindre doute. Deman­dons-lui quelle est sa posi­tion par rapport à la surveillance géné­ra­li­sée. Conti­nuons tant que nous n’avons pas de réponse claire. Par contre, entre temps, évitons de sortir des petites phrases hors de leur contexte pour faire des effets de manche.

    Mise à jour pour ceux qui veulent être convain­cus : Le même jour­na­liste à l’ori­gine de la cita­tion de départ qui rappelle désor­mais les gens au contexte de l’époque :

  • La révo­lu­tion elle est là

    Le prin­cipe du revenu univer­sel c’est de le verser à tout le monde, indis­tinc­te­ment.

    Soyons clairs. On ne créé pas magique­ment plein d’argent à distri­buer, on le répar­tit juste autre­ment.

    Tout le monde ne va pas se retrou­ver avec plusieurs centaines d’eu­ros en plus sur son compte en banque. Désolé. Ceux qui vivent confor­ta­ble­ment verront tout simple­ment leurs impôts augmen­ter d’au­tant. Si on veut amélio­rer la couver­ture des moins aisés, il est même logique de penser que le pouvoir d’achat des autres va bais­ser, bien qu’on leur verse aussi le revenu univer­sel.

    Du coup, comp­ta­ble­ment, qu’on se contente de fusion­ner, étendre et amélio­rer les mini­mums sociaux exis­tants unique­ment à ceux qui en ont besoin ou qu’on instaure un revenu d’exis­tence univer­sel… ça ne change pas forcé­ment grand chose.

    Rien de révo­lu­tion­naire au niveau du finan­ce­ment. Ceux qui y voient un problème sont juste ceux qui ont peur qu’on en profite pour bous­cu­ler la répar­ti­tion actuelle des richesses en faveur des plus pauvres (et ça me peine, parce que c’est un impé­ra­tif humain).

    La diffé­rence est surtout au niveau du prin­cipe. Il n’y a qu’à écou­ter la notion de valeur travail ou de dignité par le travail voire d’assis­ta­nat dans les discours de certains poli­tiques pour s’en convaincre.

    Avec le revenu univer­sel on arrête les paliers, les dossiers à monter et à justi­fier, la victi­mi­sa­tion de ceux qui béné­fi­cient des aides et les non recours qui découlent des problèmes précé­dents.

    On envi­sage simple­ment de renver­ser le modèle de société en consi­dé­rant un nouveau rapport au travail ou à la vie. On affirme qu’il est normal d’avoir de quoi vivre et que ceux qui ont plus contri­buent à la nation à hauteur de leurs ressources, qu’il n’y a pas à gagner sa vie.

    Ça n’a l’air de rien mais ça peut tout chan­ger. La révo­lu­tion elle est là

  • Quel statut si je fais de la pres­ta­tion ?

    Pour plein de raisons, je regarde voir ce que voudrait dire de travailler en pres­ta­taire.

    Note évidente : Je regarde pour mon cas bien spéci­fique. Je ne prétends nulle­ment que les équi­libres restent valables pour des situa­tions diffé­rentes. Pour ceux que ça inté­resse, j’avais déjà une grille de calcul sur des chiffres arbi­traires moyens.

    J’écarte d’of­fice l’EI qui ferait porter une respon­sa­bi­lité sur les biens propres de la famille. J’ai femme et enfant, une maison pour les abri­ter… je ne joue pas avec ça.

    J’écarte aussi la micro-entre­prise. C’est de loin le plus avan­ta­geux mais je compte large­ment dépas­ser le plafond auto­risé.

    Il reste à étudier la SASU et l’EURL. Le COO d’Hop­work a un beau schéma pour faire le tri. Si vous avez assez en banque pour vivre une année (ou que vous accep­tez de capi­ta­li­ser en mangeant des pâtes la première année le temps d’ini­tia­li­ser le circuit), optez pour une SASU et payez-vous en divi­dendes annuels. Si vous avez besoin de libé­rer l’es­sen­tiel de la rému­né­ra­tion de façon mensuelle, alors c’est l’EURL qui offrira le régime le plus avan­ta­geux. Je garde la SASU pour ma part.

    Oui mais… tout ça fait sortir du régime géné­ral pour la retraite. Je ne sais pas encore si ça risque d’être juste un essai ou quelque chose de plus pérenne. À défaut je préfère proba­ble­ment rester sur le régime géné­ral au moins au début. Pour ça c’est aussi la SASU qui est perti­nente. On peut imagi­ner se payer en salaire affi­lié au régime géné­ral les premiers temps, puis glis­ser sur un paie­ment en divi­dendes si ça se péren­nise.

    On peut même mixer, donc prendre ce dont on a besoin en rému­né­ra­tion mensuelle (ou le mini­mum pour vali­der les trimestres de retraite) et lais­ser le prin­ci­pal en béné­fice puis divi­dende annuel. Pour ceux qui ont la chance de passer l’es­sen­tiel de leurs reve­nus en épargne, c’est proba­ble­ment le meilleur choix.

    Oui mais… tout ça fait perdre les droits au chômage. Au moins les 6 premiers mois ça me gêne un peu comme risque. Il aurait fallu créer la SASU avant de quit­ter l’an­cien boulot pour pouvoir cumu­ler les deux.. Ça fait deux fois que je me fais la réflexion… Bref, pour ça il n’y a que deux solu­tions : Lais­ser la créa­tion de la SASU à ma femme et me faire sala­rier, ou passer par une société de portage sala­rial. La SASU permet plus de choses à condi­tion d’ac­cep­ter de faire de l’ad­mi­nis­tra­tif. Le portage est plus bridé, prend 8 à 10% du chiffre d’af­faire, mais permet d’évi­ter toute la complexité et l’ad­mi­nis­tra­tif.

    Bref, pour l’ins­tant, suivant le niveau de risque et d’em­mer­de­ment choisi, j’en suis à :

    1. Portage sala­rial
    2. SASU gérée par ma femme, à laquelle je n’ai pouvoir
    3. SASU en tant que gérant sala­rié
    4. SASU dont je tire des divi­dendes

  • Visi­ble­ment, il gêne toujours

    Vous le savez déjà et personne ne chan­gera d’avis mais ça me fait telle­ment hurler que j’ai besoin de l’écrire.

    Un adulte en posi­tion d’au­to­rité qui sodo­mise une fille de 13 ans après l’avoir fait boire et avoir mis de la drogue dans son verre, on peut tour­ner ça comme on veut mais ça n’est pas une ques­tion mineure.

    Je ne suis pas pour des pour­suites à vie. Quelle que soit l’hor­reur, on peut envi­sa­ger de lais­ser dans le passé des faits regret­tés vieux de 40 ans. Peut-être devrait-on quand même éviter de mettre en avant l’au­teur qui est toujours offi­ciel­le­ment en fuite.

    Je rage par contre quand je lis Alain Finkel­raut mino­rer les faits en consi­dé­rant qu’à 13 ans ce n’est pas une enfant, ou que les faits puissent être moins grave parce que la victime a posé partiel­le­ment dénu­dée sur des photos pour Vogue. Lui n’a à priori pas changé d’opi­nion depuis les faits. Oui, ça date de 2009 mais que cet homme soit encore invité sur tous les plateaux TV unique­ment pour mettre en avant ses opinions… ça me dépasse.

    Quand le direc­teur adjoint de la rédac­tion de l’Ex­press publie hier un texte où il critique « les pudi­bonds, les popu­listes et quelques fémi­nistes [qui] se trompent de combat » pour finir sur « En 1977, Polanski gênait. Holly­wood, l’Amé­rique des Trump et des fake news d’alors, les pisse-froid, les médiocres, les aigris. Visi­ble­ment, il gêne toujours » … je m’inquiète pour ce que certains peuvent dire sans honte et exclu­sion sociale.

    Argu­men­ter le droit de chan­ger et celui de lais­ser de côté des fautes du passé est une chose, les mino­rer ou les défendre en est une autre, et c’est inac­cep­table de le lais­ser dire sans honte dans l’es­pace public.

    (wiki­pe­dia)