Quand un politique répond « on ne peut pas, c’est trop cher », il se fout de notre gueule. Désolé du langage mais j’ai fait pire dans le titre.
Éventuellement « on ne veut pas, parce que c’est trop cher » mais ça n’a plus rien à voir. Ça n’a plus rien à voir parce que la discussion se déplace du « est-ce qu’on a les sous ? » à « que veut-on ? ».
Là ça devient intéressant. Ça implique qu’on se pose la question de ce qu’on veut au lieu de se résoudre à ce qu’on nous décrit comme la seule solution possible. On commence à discuter de modèle de société et de la direction qu’on souhaite prendre au lieu de se concentrer sur la faisabilité de l’objectif dès aujourd’hui.
À croire qu’on n’a jamais le choix, que toutes les décisions sont dictées par la situation, qu’on ne peut pas, on finit par ne plus faire que de la gestion de crise. Ça ne vous rappelle rien ? Nos politiques sont devenus des putains de gestionnaires qui n’interviennent qu’en urgence avec le mot d’ordre « nous n’avons pas d’autre choix que… ». Ce n’est pas qu’ils ne peuvent pas, c’est qu’ils n’osent pas, ou veulent restreindre le sujet à une absence de choix.
Or nous avons le choix. Nous avons toujours le choix. Parfois certains choix demandent de changer des choses en profondeur, ou de renoncer à d’autres. Parfois ce sont des mauvais choix, mais centrer le débat sur ce qu’on croit pouvoir faire sans rien remettre en cause c’est abandonner la politique, ni plus, ni moins.
Même quand on vous dit « ça coûte trois fois le budget de l’État » la réponse n’est pas « on ne peut pas » mais « est-ce qu’on veut aller dans cette direction ? ». Si oui alors on trouvera un moyen. Peut-être sera-ce de tripler le budget de l’État. Peut-être qu’on trouvera autre chose. Peut-être que nous renoncerons parce que ça nous coûte trop cher par rapport à ce qu’on en attend, mais au moins on se sera posé la bonne question.
Ne laissez pas nos politiques devenir de simples gestionnaires économiques. À défaut on va finir par faire passer l’inertie économique des entreprises devant l’amélioration de l’humanité, par dire que payer les femmes comme les hommes serait insoutenable pour les entreprises, et ne voir personne autour s’en offusquer.
Payer les femmes comme les hommes c’est bien gentil, mais impossible économiquement, vous explique Christophe Barbier pic.twitter.com/JCJW3zIYqk
— Ulyss (@achabus) 10 janvier 2017
Souvenez-vous. La sécurité sociale, les retraites, l’interdiction du travail des enfants, le temps de travail à 39h puis 35h, les congés payés… tout ça était « impossible économiquement, ça serait trop cher ».
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