Auteur/autrice : Éric

  • La rengaine du service mili­taire

    Emma­nuel Macron a annoncé samedi qu’il comp­tait instau­rer, s’il est élu président, un « service natio­nal » obli­ga­toire d’une durée d’un mois pour tous les jeunes.

    L’Ex­press

    Sérieu­se­ment ? Un mois. Déjà qu’un service natio­nal d’un an n’est pas forcé­ment perti­nent, un mois ça n’a juste plus aucun sens…

    Et ça parle d’y faire une remise à niveau scolaire, notam­ment pour l’illet­trisme. Et ça parle d’ai­der à la mixité sociale. Et ça parle de renfor­cer l’adhé­sion à la nation et à la collec­ti­vité. On peut arrê­ter le tir s’il vous plait ?

    L’école étant obli­ga­toire de 6 à 16 ans. 60 000 établis­se­ments, 850 000 ensei­gnants. Que vont donc bien pouvoir ensei­gner les mili­taires qui permette la remise à niveau en un mois après 10 ans d’en­sei­gne­ments par des profes­sion­nels expé­ri­men­tés ?

    L’an­cien service natio­nal avait au mieux su bras­ser diffé­rents milieux sociaux, bien qu’a­vec pas mal de repro­duc­tion. Avec un an de service, l’im­pact sur la mixité sociale de la nation hors des murs mili­taire a été quasi nul. A-t-on vrai­ment là aussi trouvé une formule magique pour prétendre avoir un meilleur effet en un mois alors qu’on prévoit déjà de sépa­rer les 10% les moins lettrés pour une remise à niveau scolaire ?

    J’ai aussi mal à voir en quoi impo­ser la présence et l’obéis­sance par la force pendant un mois va vrai­ment géné­rer une adhé­sion à l’État et à la nation. Mon expé­rience me fait croire qu’on va surtout radi­ca­li­ser les posi­tions. Ceux qui étaient un peu lâchés vont prin­ci­pa­le­ment géné­rer du rejet et un senti­ment d’op­pres­sion. Les autres peuvent se sentir mieux inté­grés, mais avec d’une vision très néga­tive sur ceux qui ne sont pas entrés dans le rang. Un an permet d’at­té­nuer cet effet néga­tif mais c’est impos­sible en un seul mois…

    Cette mesure ne figu­rait pas jusqu’à présent dans son programme.

    On peut croire que l’enjeu est là : Flat­ter les conser­va­teurs et les auto­ri­taires en consi­dé­rant qu’il y a des voix à récu­pé­rer à droite vue la situa­tion de leur candi­dat. Ce ne serait pas très glorieux pour celui qui prétend ne pas faire de promesses de campagne et appor­ter un renou­veau dans la parole poli­tique.

    Le risque c’est que l’in­ten­tion tienne en partie dans le troi­sième point de l’image : « dispo­ser d’une réserve mobi­li­sable en plus de la garde natio­nale. »

    L’Eu­rope s’arme. Le monde se radi­ca­lise et le natio­na­lisme monte rapi­de­ment partout, l’Eu­rope la première. Certains tech­no­crates croient peut-être que l’es­ca­lade à l’ar­me­ment est une bonne idée, voire qu’il faudrait une bonne guerre.

    On l’a déjà vu, et il y a tant de choses qui font repen­ser à l’avant guerre mondiale qu’il ne serait pas éton­nant que ces poli­tiques nous rejouent le même scéna­rio en pensant agir pour le bien de la nation, seuls dans leur micro­cosme.


    Cette idée du service mili­taire est une conne­rie vis-a-vis des objec­tifs présen­tés, mais que peut-on faire ?

    Vous voulez travailler contre l’illet­trisme ?

    Arrê­tez de réduire le nombre d’édu­ca­teurs spécia­li­sés. Embau­chez des ensei­gnants. Permet­tez aux familles non privi­lé­giées d’être là le soir et le week-end autour des enfants pour les accom­pa­gner dans les devoirs. Rédui­sez les effec­tifs par classe ou mieux, ajou­tez un second ensei­gnant par classe.

    On peut aussi favo­ri­ser la diffu­sion gratuite des livres du domaine public ou mettre un ensei­gne­ment continu gratuit. On peut créer des classes spéci­fiques pour ceux qui en ont besoin plutôt que de les porter avec leur tranche d’âge ou de les stig­ma­ti­ser avec des années de retard dans une classe plus jeune.

    Vous voulez favo­ri­ser la mixité ?

    Commen­cez par impo­ser le respect des quotas de loge­ments sociaux, et prin­ci­pa­le­ment dans les villes riches. Impo­sez que les quotas se fassent quar­tiers par quar­tiers plutôt que de relé­guer les plus pauvres dans des ghet­tos en bordure de péri­phé­rique ou d’au­to­route. On peut même imagi­ner que chaque construc­tion neuve de plus de 4 loge­ments inclue une propor­tion de loge­ment sociaux sur place.

    Redo­rez l’école publique pour que les plus aisés ne cherchent plus à la fuir. Non ce n’est pas un hasard s’il y a corré­la­tion avec mes propos plus haut.

    Arrê­tez l’ex­plo­sion des frais sur l’uni­ver­sité. Évitez que les moins aisés aient à travailler en paral­lèle de leurs études. Redo­rez aussi l’uni­ver­sité et ses programmes de recherche pour que les aisés ne fuient pas tous en grandes écoles.

    Vous voulez une cohé­sion natio­nale ?

    Pour rappro­cher le citoyen de l’État, on pour­rait déjà arrê­ter de culpa­bi­li­ser ceux qui sont dans le besoin, finan­ciè­re­ment, humai­ne­ment ou pour leur santé. Arrê­tez de les trai­ter de frau­deurs, d’as­sis­tés, de fainéants, ou de reje­ter leurs cris. Permet­tez aux struc­tures qui ont pour pour but d’ai­der ceux en diffi­culté d’être plus là pour épau­ler et accom­pa­gner que pour culpa­bi­li­ser et contrô­ler.

    Lutte contre la discri­mi­na­tion, arrê­tez de dési­gner l’en­nemi, de monter les uns contre les autres, de segmen­ter et divi­ser en groupes. Redon­nez une vision de progrès social. Quit­tez tous les privi­lèges de fait, redon­nez ses lettres de noblesses à la démo­cra­tie, faites de la poli­tique plutôt du marke­ting.

     

  • Et si je me lançais en indé­pen­dant ?

    En période de chômage entre deux postes, j’ai la créa­tion d’en­tre­prise qui me démange beau­coup.

    Je ne fantasme pas la vie d’in­dé­pen­dant. Ma prio­rité va de loin à la parti­ci­pa­tion à un effort collec­tif dans la durée au sein d’une société.

    L’idée de base c’est d’avoir une acti­vité en atten­dant le poste en CDI qui me fera briller les yeux. Je ne serai pas non plus contre à l’ave­nir avoir un emploi prin­ci­pal aux 4/5ème et une acti­vité d’in­dé­pen­dant en paral­lèle quelques jours par ci par là. J’ai toujours trouvé que ça peut être béné­fique pour se chan­ger les idées, voir d’autres choses, ou modu­ler le volume de travail en fonc­tion de la moti­va­tion.

    * * *

    Le truc c’est que je ne vois pas le risque. Tel que je le comprends, que j’ai ou pas des reve­nus sur l’ac­ti­vité, je peux comp­ter au mini­mum sur le main­tient des indem­ni­tés chômage pendant toute la durée habi­tuelle.

    Si on me fait une belle offre de CDI dans deux mois et que je mets ma boite en sommeil. J’au­rais dépensé quelque chose comme 2 500 € entre les frais d’ou­ver­ture et le comp­table la première année. C’est accep­table et vite remboursé si je fais quand même un peu de pres­ta­tion sur ces deux mois.

    Au pire (ou au mieux, suivant), la belle offre ne vient pas et je mène­rai la barque en indé­pen­dant dans la durée.

    * * *

    Le projet est de créer une SASU et de me rému­né­rer en divi­dendes tant que ce n’est pas une acti­vité prin­ci­pale à plein temps. Il sera temps de bascu­ler en rému­né­ra­tion par salaire si ça devient une acti­vité prin­ci­pale à plein temps.

    Si jamais je dois mettre la struc­ture en sommeil, j’au­rais encore la CFE et le comp­table à payer. La somme des deux ne devrait pas dépas­ser 1 000 ou 2 000 € au grand maxi­mum. Il y a aussi des frais pour clôtu­rer la société. J’ai bon espoir que ça soit du même ordre de gran­deur. Ce n’est pas rien mais ça reste dans des propor­tions raison­nables.

    * * *

    Bref. Sauf si fermer sa société implique des frais très impor­tants, je ne vois pas le risque, ni humain ni finan­cier.

    Ai-je fait une erreur quelque part ?
    Quelqu’un a-t-il déjà parcouru ce chemin ?
    Vous avez des conseils ou retour d’ex­pé­rience ?


    FAQ

    Pourquoi pas Auto-entre­pre­neur ? La fisca­lité est bien plus avan­ta­geuse que celle des divi­dendes d’une SASU mais les règles de cumul avec le Pôle Emploi sont bien moins avan­ta­geuses. Au final j’y perdrais, sans comp­ter que mes frais de dépla­ce­ments Paris-Province seraient soumis à coti­sa­tion.
    Ça aura par contre du sens en acti­vité annexe d’un emploi prin­ci­pal stable. On verra quand j’en serai là.

    Pourquoi pas une EURL ou une SARL ? Fisca­le­ment c’est un peu moins avan­ta­geux que de tirer des divi­dendes d’une SASU et les règles de cumul sont aussi désa­van­ta­geuses que l’auto-entre­pre­neur. Je subi­rai aussi le RSI dans sa tota­lité, et ça j’ai­me­rais éviter.
    Ce serait inté­res­sant fisca­le­ment comme acti­vité prin­ci­pale par rapport à une acti­vité sala­riée en SASU, mais je ne suis pas certain d’avoir envie d’aban­don­ner le régime géné­ral.

    Pourquoi pas du portage sala­rial ? Je connais peu mais j’ai l’im­pres­sion que j’échange les frais de créa­tion + comp­table contre une commis­sion de 6 à 10% sur tout ce que je facture. J’ai peur de la péni­bi­lité quand il faut faire signer les contrats tripar­tites ou pour faire valoir mes frais profes­sion­nels.
    Ce serait un très bon trem­plin pour commen­cer une acti­vité de free­lance avec l’idée de me mettre à mon compte quand ça fonc­tion­nera bien, mais ce n’est pas mon projet. Dans l’idée, je cherche encore un CDI de sala­rié à titre prin­ci­pal.

  • Les offres raison­nables

    Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi les immondes assis­tés chômeurs ont l’im­pres­sion que le Pôle Emploi les enfonce plus que ne les aide…

    Donc voilà, je cherche depuis peu un poste de direc­teur tech­nique auprès d’équipes de déve­lop­peurs et respon­sables produit web. Je suis embarqué pour peut-être créer ma propre struc­ture.

    Ça vous rappelle quelque chose le prin­cipe de « deux refus maxi­mum d’une offre raison­nable avant ce couper les allo­ca­tions » ? On me demande aujourd’­hui de justi­fier mon refus pour une offre.

    Voilà l’offre : Malgré le titre pompeux de « Direc­teur des systèmes d’in­for­ma­tion », il s’agit d’un poste de tech­ni­cien pour gérer l’IT de la petite mairie locale, deman­dant 2 ans d’ex­pé­rience à ce poste, pour un CDD de 3 mois avec 1h30 de travail 4 jours par semaine, vacances scolaires exclues, le tout dans un autre dépar­te­ment que le mien.

    Même finan­ciè­re­ment j’en aurais pour un peu moins de 1h de route et auto­route aller-retour. Je doute que ce soit payé beau­coup plus que le SMIC. Entre l’es­sence et les péages, cette histoire devrait au final me rendre béné­fi­ciaire d’un royal 150 € les mois sans vacances scolaires, avant même de comp­ter l’amor­tis­se­ment de la voiture.

    Le pire c’est que si je suis pris ça me bloque 4 après-midi sur 5, où je ne pour­rais pas faire d’en­tre­tiens sur ma vraie recherche de boulot, celle pour un plein temps durable dans mes compé­tences. Évidem­ment aller faire un entre­tien sur Paris pour la jour­née devient exclu.

    Moi il me reste à justi­fier ce refus en espé­rant qu’il ne me sera pas compté sur les deux offres d’em­ploi raison­nables.


    J’hé­site à candi­da­ter en mettant tout sur le tapis dans la lettre de moti­va­tion, histoire de tour­ner ça en ridi­cule.

    Monsieur le maire,

    Bien que je n’ai aucune expé­rience profes­sion­nelle préa­lable à ce type de poste et que 2 ans sont requis dans l’an­nonce, je tiens par cette candi­da­ture à vous faire preuve de ma moti­va­tion. Je crois en effet être capable d’ap­prendre les rudi­ments néces­saires en un temps raison­nable.

    Je pour­rai cepen­dant avan­cer les capa­ci­tés d’ana­lyse et d’or­ga­ni­sa­tion, force de propo­si­tion, rigueur, auto­no­mie, esprit d’équipe, et écoute qui sont aussi expri­més dans l’an­nonce.

    Compte tenu du volume horaire proposé de 1h30 quatre jours par semaine hors vacances scolaires d’avril à la fin de l’an­née scolaire tout début juillet, soit un équi­valent temps plein total de 72 heures sur toute la période (c’est à dire envi­ron deux semaines temps plein en cumulé), j’ai par contre toute l’ex­pé­rience et les compé­tences néces­saires pour vous aider à prio­ri­ser et choi­sir la mission la plus impor­tante parmi les quinze à vingt présen­tées dans l’an­nonce – d’au­tant que certaines demandent plus de deux semaines à temps plein à elles-mêmes.

    Afin d’ai­der votre plani­fi­ca­tion et par honnê­teté, je me dois toute­fois de vous infor­mer que je suis toujours à la recherche d’un poste CDI et corres­pon­dant mieux à mes compé­tences, mon expé­rience ou ma loca­li­sa­tion profes­sion­nelles, et que je serai donc au regret de rompre ce CDD si d’aven­ture une oppor­tu­nité plus adéquate se présen­tait.

    Je me tiens à votre dispo­si­tion pour un éven­tuel entre­tien où je pour­rai vous montrer plus avant mon expé­rience en star­tup et en déve­lop­pe­ment de produits web grand publics et B2B. En cette attente vous trou­ve­rez mon CV ci-joint.

    Dans l’at­tente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le maire, l’ex­pres­sion de mes salu­ta­tions distin­guées.

    Je n’ai juste pas envie de me fâcher dès le premier jour avec l’ad­mi­nis­tra­tion, mais ça me tente vrai­ment.

  • [Récap photo] Un pas envers tout

    Diffi­cile de quali­fier cette séance. Elle fait partie de celles où j’ai eu beau­coup de mal à accep­ter mon travail, à me mettre à la post-produc­tion, et à être content de moi. Les dernières retouches lors de la publi­ca­tion ont toute­fois beau­coup changé les choses… et ma percep­tion.

    Les textes et les images complètent sont sur les liens suivants : Rien d’autre, Séré­nité, Épuré, Regards, Fort, Dérive, Ombres et Découpe.

    Vous retrou­ve­rez les séances passées sur Flickr, avec géné­ra­le­ment un lien vers le texte en bas de chaque photo. Outre Flickr, les futures publi­ca­tions sont annon­cées sur le RSS et le fil Twit­ter.

    J’ai appris que quelques un·e·s d’entre vous sont parfois tenté·e·s mais hésitent. Je vous encou­rage à venir discu­ter avec moi. Ça n’en­gage rien et je suis preneur même si ce n’est que pour discu­ter photo et pour entendre ce que mes photos vous évoquent. Des petits riens aussi simples que des marques d’ap­pré­cia­tion sont aussi une grande source de moti­va­tion.

  • [Photo] Découpe

    Découpe (9651) - Flickr
    Découpe (9651) – Flickr

    Elle ne me plait pas en clôture de publi­ca­tion mais elle ne s’in­sé­rait pas avant. J’y trouve un aspect très graphique, presque art moderne. Seule me gêne la possi­bi­lité que d’autres y voient du sulfu­reux.

    Le réca­pi­tu­la­tif de séance vien­dra demain mais le Flickr est déjà complet si les textes ne vous inté­ressent pas.

  • [Photo] Ombres

    Ombres (9540) – Flickr

    J’hé­site toujours sur ce que je montre, sur comment je dessine avec la lumière. Quand j’hé­site je retombe faci­le­ment dans mes premières photos, où parfois le noir est un refuge et où seuls les contours ressortent.

    J’ai hésité à savoir si elle valait publi­ca­tion, peut-être juste­ment parce qu’elle me rappelle mes premières déclen­che­ments très gauches d’il y a un peu plus de deux ans. J’ai envie de mon égo me dise que je progresse mais celle-ci est telle­ment proche… Tant pis, elle corres­pond à quelque chose aujourd’­hui et elle mérite d’être publiée rien que pour ça.

    C’est norma­le­ment l’avant-dernière photo à publier de la séance, avant de passer à tout autre chose.

  • [Photo] Dérive

    Dérive (9457) - Flickr
    Dérive (9457) – Flickr

    Je repro­duis sans le vouloir une ancienne photo passée, avec je pense une progres­sion. Cette pose renforce un peu l’image stéréo­ty­pée du corps fémi­nin mais c’est aussi un peu l’objec­tif. Il s’agit d’oser accep­ter que ces images ne sont pas réser­vées aux modèles parfaits et retou­chés des maga­zines, de jouer avec.

    J’ai longue­ment hésité sur le sens à lui donner et fini par garder l’orien­ta­tion à gauche pour forcer à reve­nir en arrière lors de la lecture, et suivre le corps avec ses courbes. L’idée c’est un peu retrou­ver le regard qui dérive sur le corps. Tentez de l’in­ver­ser, je suis curieux de voir laquelle vous préfé­rez et pourquoi.

  • [Photo] Fort

    Fort (9431) - Flickr
    Fort (9431) – Flickr

    J’ai une fois sur deux un gros malaise lors du premier passage sur les photos d’une séance. L’im­pres­sion d’avoir tout loupé, de finir avec une qualité digne de quelqu’un qui n’a aucune recherche, peur de la réac­tion du modèle, de son juge­ment sur mon travail voire d’être pris pour un impos­teur, et surtout de déce­voir.

    Et vient la dernière touche avant publi­ca­tion – avec l’aide de quelques ami·e·s, merci à vous – qui me permet d’avoir quelque chose que j’aime et dont je suis parfois fier.

    La publi­ca­tion de cette séance a commencé par trois images en couleur et j’ai l’im­pres­sion d’avoir fait un pas de plus. Trai­ter la couleur et trou­ver le côté inti­miste me parait infi­ni­ment plus diffi­cile que tout ce que j’ai fait jusqu’a­lors, et pour­tant j’aime parti­cu­liè­re­ment la dernière.

    Le noir et blanc reste toute­fois un vrai choix, au delà de la simpli­cité, et le reste de la séance s’y tien­dra. Pour les images brutes j’y trouve une force que je ne perçois pas autre­ment. C’est encore plus vrai sur les compo­si­tions simples et directes comme celle ci.

  • Mon problème avec le Deco­dex

    J’aime beau­coup ce que font Les Déco­deurs. Je soutiens très fort Samuel Laurent et son équipe qui s’en prennent plein la figure tout le temps sur le moindre sujet.

    Le Deco­dex était une bonne idée, avec une bonne inten­tion. Vous avez essayé et… ça s’est révélé au mieux hasar­deux. Plus proba­ble­ment c’était tout simple­ment une mauvaise idée. Il est temps de le ranger au placard et de célé­brer une bonne initia­tive qui n’a pas fonc­tionné pour pouvoir tenter autre chose la prochaine fois. Persis­ter n’ap­porte rien.

    *

    J’ai un problème avec l’axiome de base du Deco­dex, l’idée que la répu­ta­tion du conte­nant doit permettre d’avoir – ou non – confiance dans le contenu.

    Si je me base dessus, j’au­rais plutôt du donner foi à l’ar­ticle d’un jour­nal fiable qui parle d’une consul­tante profi­leuse, aussi inter­viewée sur une chaîne d’in­for­ma­tion natio­nale. Dans le contenu elle parle de son don de sixième sens, à l’oc­ca­sion de la sortie de son livre sur le sujet. Hum…

    Je repère régu­liè­re­ment des erreurs graves ou gros­sières dans mon domaine d’ex­per­tise dans des propos relayés sur les média très bien répu­tés. Je ne vois pas pourquoi il en serait diffé­rem­ment dans les domaines où je n’y connais rien. Ne parlons même pas des rubriques horo­scope des hebdo­ma­daires bien clas­sés par le Deco­dex.

    Inver­se­ment une ques­tion ou une infor­ma­tion révé­lée sur le plus immonde site poubelle ou sur un blog tota­le­ment inconnu n’est pas forcé­ment fausse pour autant. Toujours sur mon domaine d’ex­per­tise, l’in­for­ma­tique, les blogs sont souvent bien plus poin­tus que les média natio­naux. J’ai l’im­pres­sion que c’est parfois aussi vrai pour le droit.

    *

    Bref, la répu­ta­tion du conte­nant ne me permet pas de juger de la fiabi­lité d’une infor­ma­tion. Je dois faire appel à mon juge­ment. Si une infor­ma­tion semble extra-ordi­naire, je dois remon­ter vers la source, recou­per et utili­ser mon esprit critique.

    Cette analyse est vraie que je commence à partir d’un site fiable ou nonJe ne dois pas l’ap­prendre aux jour­na­listes des Deco­deurs, je suis certains qu’ils véri­fient et croisent leurs infor­ma­tions même quand elle vient d’une source à priori connue comme fiable.

    Tout ça est long, parfois je ne le fais pas, géné­ra­le­ment je ne le fais pas. Quand je ne le fais pas je prête foi à mes sites habi­tuels, ceux que je connais et que j’ai déjà choisi en fonc­tion de mon juge­ment décrit plus haut. Les autres, tous les autres, je les écar­te­rai en atten­dant mieux.

    Je ne me base­rai certai­ne­ment pas sur le simple fait que le conte­nant est marqué comme géné­ra­le­ment fiable sur le Deco­dex. Je connais juste­ment trop ce que ces sources peuvent faire comme erreurs sur mon domaine d’ex­per­tise pour leur faire une confiance aveugle sur le reste. Que le site ait bonne répu­ta­tion ne veut pas dire que toutes les rubriques se valent, ou qu’il n’y ait pas des sujets aussi liti­gieux que l’ho­ro­scope (mais pas toujours aussi faci­le­ment iden­ti­fiables).

    *

    Du coup, de quelle aide est le Deco­dex ?

    Je connais bien un site et il a ma confiance ? Le Deco­dex ne me fera pas chan­ger d’avis, que ce site soit indiqué comme fiable ou non. Les fan des sites liti­gieux risquent même de reje­ter le Deco­dex dans son ensemble.

    Je connais bien un site et il n’a pas ma confiance ? Je doute que je vais d’un coup appor­ter ma confiance à un contenu que j’y lis simple­ment parce que le Deco­dex me dit que le media a bonne répu­ta­tion.

    Je ne connais pas bien un site et il n’est pas classé fiable ? Je suppose que tous ceux qui seraient inté­res­sés par le Deco­dex au point de l’uti­li­ser sont aussi ceux qui vont consi­dé­rer une infor­ma­tion d’un media inconnu comme non fiable par défaut. Tout ça ne va rien chan­ger.

    En fait le seul cas où le Deco­dex aura une influence c’est le dernier cas : le site peu ou pas connu qui est classé comme fiable. Et là le seul risque c’est que ça m’in­cite à faire confiance sans véri­fier… là où il y a peut-être un problème moins évident à remarquer que la profi­leuse un peu medium qui fait la promo­tion de son livre.

    Bref. un peu le contraire de l’objec­tif pour­suivi, non ?

    C’était une bonne idée, je suis heureux qu’elle ait été lancée, je ne critique­rai pas les auteurs pour avoir essayé, main­te­nant il est temps de consta­ter que c’est une impasse qui n’ap­porte rien de posi­tif mais qui en plus pose des ques­tions déli­cates sur qui classe, comment, et les biais que ça intro­duit.

  • Du plafon­ne­ment des indem­ni­tés prud’­hom­males

    E. Macron reprend encore l’idée du plafon­ne­ment des indem­ni­tés prud’­hom­males en cas de licen­cie­ment.

    L’idée c’est de limi­ter la respon­sa­bi­lité de l’en­tre­prise quand elle viole la loi ou le contrat de travail. En creux ça veut aussi dire que la victime de ces illé­ga­li­tés ne serait pas indem­ni­sée à hauteur du préju­dice. C’est déjà la partie la plus faible des deux mais tant pis pour elle si elle est victime, à elle d’as­su­mer.

    Je ne comprends même pas dans quel monde on peut imagi­ner ça légi­time ou même souhai­table. Quelqu’un m’ex­plique ?

    * * *

    Qu’on ne me dise pas que les plafonds sont étudiés en fonc­tion de cas pratiques et ne chan­ge­ront rien en réalité. Si ça ne chan­geait rien, il n’y aurait pas besoin de les mettre en œuvre.

    Lors des discus­sions précé­dentes le ministre avait dit faire en sorte que le plafond corres­ponde en théo­rie à la moyenne des indem­ni­sa­tions de la caté­go­rie. Par défi­ni­tion ça veut dire qu’à peu près la moitié des indem­ni­sa­tions sont réduites, mais que les autres ne sont pas augmen­tées pour autant. Bref, ça change, et pas qu’un peu.

    En pratique je me rappelle que dans mon cas il était prévu que le plan­cher d’in­dem­ni­sa­tion mini­mum de 6 mois de salaire devienne un plafond d’in­dem­ni­sa­tion maxi­mum. Je ne sais pas vous mais pour moi ça chan­geait tout.

    * * *

    Je n’achète pas non plus l’ar­gu­ment d’amé­lio­ra­tion de l’ef­fi­ca­cité et des délais. Quand les parties sont d’ac­cord il y a déjà un proces­sus de conci­lia­tion avec des barèmes de réfé­rence. Si on cherche à faire des plafonds c’est bien que ça ne fonc­tionne pas.

    Il faudra toujours juger qui a raison, et évaluer le dommage (ce serait un plafond, pas un forfait). Les délais seront toujours énormes rien que pour obte­nir la première audience de conci­lia­tion qui ne sert à rien. Si on veut raccour­cir les délais il y a de quoi faire, et ça ne se joue pas sur les montants des indem­ni­tés.

    * * *

    Si la mesure est soute­nue c’est surtout pour les entre­prises, pour faci­li­ter le calcul qu’elles font déjà : « si je licen­cie alors que je n’ai pas le droit, combien ça va me coûter ».

    Là il s’agit non seule­ment de sécu­ri­ser finan­ciè­re­ment une action qu’on sait déjà illé­gale, mais en plus d’en dimi­nuer le montant.

    De là à dire qu’on fragi­lise les droits et qu’on renforce l’en­tre­prise face au sala­rié, il n’y a qu’un pas. Et ‘op, je le fran­chis.

    * * *

    Le dernier argu­ment c’est celui du pauvre gérant de TPE qui fait des erreurs de bonne foi.

    Outre que le plafon­ne­ment couvre surtout tous les autres cas, j’ai toujours du mal à voir pourquoi ce serait au sala­rié d’as­su­mer l’er­reur et de payer le dommage créé par son employeur, fut-il de bonne foi.

    En cette période de chômage de masse le sala­rié (lui aussi souvent pauvre) est-il à ce point en posi­tion aisée pour qu’on doive lais­ser les consé­quences à sa charge ?

    Aidons ces gérants de TPE via une ligne de support juri­dique, propo­sons-leur une assu­rance gérée par le privé ou par l’État pour gérer ce genre de problèmes, mais en aucun cas il n’est légi­time de faire payer la victime qui est déjà celle qui est le plus en posi­tion de faiblesse.

     

    * * *

    Tout ça répond à une seule logique bien connue du libé­ra­lisme contem­po­rain : Il faut privi­lé­gier l’en­tre­prise sur l’in­di­vidu, l’en­tre­pre­neur sur le sala­rié, l’éco­no­mie sur la vie person­nelle. L’idéo­lo­gie jamais confir­mée dans l’his­toire, c’est que ça profi­tera in fine à la popu­la­tion, quitte à sacri­fier quelques années voire quelques géné­ra­tions le temps que ça s’équi­libre.

    Merci mais non merci.