Auteur/autrice : Éric

  • L’échange brouillon

    Je vais arrê­ter de partir dans des discus­sions longues ou sur des sujets sensibles sur Twit­ter avec des gens que je ne connais pas déjà très bien. (soyons francs, j’ai l’in­ten­tion d’es­sayer d’ar­rê­ter, ça sera déjà un pas)

    Les réponses se croisent, se mélangent et rendent impos­sible d’avoir une suite struc­tu­rée. L’échange brouillon faci­lite les incom­pré­hen­sions. N’avoir que des messages de 140 carac­tères fait que chaque mot peut être inter­prété et perçu autre­ment qu’il n’a été pensé.

    Quand en plus les gens ne se connaissent pas, n’ont pas de contexte commun, de compré­hen­sion de l’autre et de son vécu, ça dérape forcé­ment, même avec les meilleures inten­tions du monde.

    * * *

    Donc si je vous renvoie ce lien, c’est que j’aban­donne. J’es­père que j’au­rais le courage de le faire avant même le début de l’échange parce que sinon l’in­ten­tion du lien risque d’être là aussi mal inter­pré­tée.

    Vous êtes toujours le ou la bien­ve­nu·e à échan­ger, mais peut être ailleurs, autre­ment. Dans un café en face à face est l’idéal, à défaut un média moins haché et en privé sera déjà mieux que sur un fil twit­ter.

    Géné­ra­le­ment quand un sujet tourne dans la tête je publie un billet ici peu après. Parfois dans l’heure, parfois le lende­main. Ça me permet de penser hors de l’ins­tan­ta­née mais aussi d’ex­pli­ci­ter des choses de façon struc­tu­rée, avec des nuances ou des détails, poten­tiel­le­ment en mettant des liens. Si c’est le cas le billet sera toujours annoncé sur twit­ter. Venez en commen­taire ou répon­dez chez vous. Il y a plus d’es­pace, moins d’ins­tan­tané. Parfois on ne se compren­dra pas mieux, mais au moins nous aurons essayé.

  • De la presse et des images

    Parce que le sujet est sensible il n’est jamais vain de rappe­ler : Ce sont mon opinion, mes pensées, mais ce ne sont que mon opinion et mes pensées, aujourd’­hui, en fonc­tion de ce en quoi je crois et avec ce que j’ai vécu.
    Je ne prétends pas avoir La Vérité. Vous avez le droit d’avoir une posi­tion diffé­rente, de l’ex­po­ser. Je ne vous demande que de m’en concé­der autant, avec respect et ouver­ture. Peut-être que nous évolue­rons en échan­geant.
    Ne venez ici que si vous êtes prêts à avoir le même état d’es­prit.


    Fallait-il la publier ? L’hor­reur de l’image d’aujourd’­hui était-elle néces­saire pour faire passer l’in­for­ma­tion et la prise de conscience ? Fran­che­ment je n’en sais rien mais mon propre avis n’a que peu d’im­por­tance dans l’his­toire.

    Ça n’a que peu d’im­por­tance parce qu’il me semble essen­tiel qu’un jour­nal d’in­for­ma­tion sérieux ait la liberté de faire ses propres juge­ments sur la ques­tion, et qu’au­cune auto­rité morale ne puisse dire que tel ou tel sujet est trop choquant pour faire partie de l’in­for­ma­tion.

    J’y tiens et ça me parait essen­tiel.

    * * *

    On m’au­rait posé la ques­tion avant publi­ca­tion, j’au­rais proba­ble­ment jugé que la photo de l’en­fant mort sur une plage il y a plusieurs mois étaient inutile et irres­pec­tueuse. Vu ce qu’a déclen­ché cette photo, j’au­rais eu tort. C’est le déclen­cheur de l’ac­cueil de dizaines ou centaines de milliers de réfu­giés et d’une prise de conscience d’une partie de l’opi­nion publique.

    Cette image a certai­ne­ment provoqué des trau­ma­tismes forts mais elle a aussi sauvé des vies. Trop peu par rapport à ce qui aurait été possible, mais des vies ont été sauvées.

    Je ne me vois pas dire que les problèmes que peu causer l’image ou sa publi­ca­tion sont insi­gni­fiant face à son rôle et son impact sur la société. Ça n’au­rait aucun sens. Les humains ne se jugent pas en compa­rant des chiffres dans un tableau. Mais juste­ment : Je me refuse aussi à dire le contraire.

    Parfois le jour­nal fait un choix de publi­ca­tion radi­cal. Des fois l’his­toire montre qu’ils ont eu raison. Des fois ce n’aura pas été le cas. Des fois les avis divergent même après coup.

    Je ne sais pas ce qu’il en sera pour l’image d’aujourd’­hui mais je défie quiconque de prétendre savoir à coup sûr. L’im­pact et la néces­sité sont bien diffi­ciles à juger, même après coup.

    * * *

    Et puisque ça a été une partie de la discus­sion : Je comprends ce que veut dire déclen­cher des angoisses ou des états impos­sibles qui peuvent durer des semaines ou amener au suicide. Je ne le nie pas, je ne le dimi­nue pas. C’est inima­gi­nable de me croire le faire pour ceux qui ont connu mon passé. C’en est même insul­tant.

    Mais en même temps je ne peux deman­der à la presse de masquer toutes les images et tous les sujets qui peuvent être un déclen­cheur chez quelqu’un. Je ne le souhaite même pas. Il ne reste­rait rien.

    * * *

    Je me rappelle qu’il y a à peine quelques années tout le monde défen­dait le droit à la publi­ca­tion de cari­ca­tures reli­gieuses.

    On ne parle pas ici de trau­ma­tismes mais ce n’est pas plus léger pour autant. Pour ces cari­ca­tures on a assumé le risques d’at­ten­tat et de morts. Plus loin, on a eu des morts à cause de ça. Des morts, et bien entendu tous les trau­ma­tismes qui vont avec pour les survi­vants.

    Publier ces cari­ca­tures n’avait aucune autre moti­va­tion que de défendre le droit de les publier. Et pour­tant, malgré les morts, malgré qu’on ne préten­dait aider à sauver personne, je n’en connais pas un qui oserait aujourd’­hui dire qu’on aurait du l’in­ter­dire.

    Alors oui, je crois que de la même façon on ne devrait pas inter­dire ou même repro­cher la publi­ca­tion d’une image d’hor­reur qui d’après leurs éditeurs ont un vrai but d’in­for­ma­tion, de prise de conscience et de mouve­ment d’opi­nion.

    * * *

    Je n’au­rais proba­ble­ment pas fait ce choix de publi­ca­tion mais je défend le droit à Libé­ra­tion de le faire. Même si ça pose plein de ques­tions toutes aussi justes les unes que les autres. Même si ça cause des trau­ma­tismes forts à des gens. Même si ça tue. Parce que s’ils jugent que ça a la moindre chance de peser dans le débat public, ça peut aussi faci­li­ter une inter­ven­tion et sauver toute une popu­la­tion, direc­te­ment aujourd’­hui ou indi­rec­te­ment demain.

    Oui c’est moche, et c’est une réflexion froide de ma part parce que juste­ment ce cas ci ne me déclenche rien moi-même, mais je n’ai pas d’autre réponse que celle-ci.

  • Mais pourquoi discutes-tu ?

    Si tu déva­lo­rises ton inter­lo­cu­teur sous prétexte que parfois il se range à tes idées en disant ne pas avoir compris/vu un problème avant la discus­sion… tu as des ques­tions à te poser. Pourquoi argu­mentes-tu ?

    C’est plutôt avec ceux qui jamais ne chan­ge­ront d’avis ou d’ad­met­tront avoir compris quelque chose en cours de discus­sion qu’il faut arrê­ter de discu­ter. Avec eux ça ne sert à rien à part trol­ler sans fin.

    Et tiens d’ailleurs, si tu déva­lo­rises la première caté­go­rie, est-ce donc à dire que tu te places toi-même dans la seconde ? Je dis ça je ne dis rien mais…

  • Une inscrip­tion obli­ga­toire en biblio­thèque

    « Une inscrip­tion obli­ga­toire en biblio­thèque est une démarche qui s’ins­crit dans la logique de droits cultu­rels. »

    Ques­tion de vision de la culture. Moi j’at­tends le contraire, qu’il n’y ait pas besoin d’ins­crip­tion préa­lable, que quiconque puisse emprun­ter dans une biblio­thèque de passage avec une simple carte d’iden­tité.

    Qu’on ne me parle pas de vol et de contrôle. Ce n’est pas comme si les preuves de domi­cile deman­dées lors des inscrip­tions étaient fiables. Ce n’est pas comme si les biblio­thèques enclen­chaient des procé­dures judi­ciaires pour récu­pé­rer les livres. Si besoin était – ce qui n’est pas aussi évident qu’il n’y parait – il suffi­rait d’un proces­sus natio­nal pour que les biblio­thèques puissent se retour­ner contre les usagers à partir de cette carte d’iden­tité.

  • Mon problème avec Masto­don

    Certains ont très bien expliqué ce que c’est. Bref, c’est décen­tra­lisé. Youpi !

    Sauf que bon, je réserve mon juge­ment défi­ni­tif pour plus tard mais à vue de nez c’est encore une réponse pure­ment tech­nique qui passe à côté des enjeux.

    * * *

    Si je veux jouer avec Masto­don il y a toutes les chances que je me retrouve sur masto­don.social et que je créé un compte là bas. Je me retrouve avec un outil simi­laire à Twit­ter, quelques bonnes idées en plus, la stabi­lité et les 150 clients et robots compa­tibles en moins mais surtout… sans tous les gens qui me suivent ni ceux que je suis.

    Comment est-ce que je tran­si­tionne si je ne peux pas forcer mes cama­rades de jeu ? Jabber a échoué face à MSN pour ça. Status.net a échoué face à Twit­ter pour ça. Je pour­rais parler aussi de Google+ et 50 autres.

    Status.net avait tenté la synchro­ni­sa­tion avec Twit­ter. Les clients pouvaient se connec­ter aux deux réseaux, y publier la même chose et inter­agir avec les rési­dents des deux côtés. Jabber avait le soutien de poids lourds comme Google, Face­book et des acteurs locaux comme Orange. Google+ a tenté de se rendre essen­tiel dans l’in­con­tour­nable Google.

    Rien de tout cela ici et je ne vois aucune stra­té­gie qui me permette d’y croire : pas de marke­ting agres­sif (on parle­rait en dizaines de millions d’eu­ros pour envi­sa­ger battre twit­ter), aucun acteur de poids, pas de parte­na­riat impor­tant avec des sources incon­tour­nables, pas de fonc­tion­na­lité impor­tante au point de me faire aban­don­ner le réseau exis­tant… rien.

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    Mais « c’est décen­tra­lisé ! » vous allez me dire. Outre que c’est un argu­ment qui ne convain­cra que les geeks, ma réponse sera surtout « ah bon ? ».

    90% des utili­sa­teurs ont créé un compte sur l’ins­tance prin­ci­pale masto­don.social. Autant dire que côté décen­tra­li­sa­tion… Le pire c’est que leur iden­ti­fiant est lié à la plate­forme donc ils devront aban­don­ner tous leurs contacts et leur histo­rique si d’aven­ture ils devaient chan­ger d’ins­tance.

    Vous pouvez aller voir ailleurs, mais déjà que le réseau est petit, il est bien diffi­cile de se dire qu’une petite instance sera là dans la durée. Si pour migrer je dois tout perdre, même moi je risque d’al­ler sur l’ins­tance prin­ci­pale et jeter l’idée de décen­tra­li­sa­tion.

    Pour jouer à ce jeu, il faut non seule­ment un système de délé­ga­tion ou d’in­di­rec­tion au niveau des iden­ti­fiants mais aussi aider les 90% des utili­sa­teurs à effec­ti­ve­ment l’uti­li­ser (non, implé­men­ter webfin­ger ne suffit pas).

    À défaut il faut prévoir dans le proto­cole un moyen d’an­non­cer aux clients qu’un utili­sa­teur a changé d’ins­tance, que les clients se mettent à jour à partir de là et que les serveurs sachent réim­por­ter l’his­to­rique d’un utili­sa­teur en migra­tion. C’est toujours possible de l’ajou­ter après coup mais qu’ils n’y aient pas pensé ne me rend pas opti­miste sur la compré­hen­sion des enjeux.

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    Bref, pour que j’y crois il aurait fallu une stra­té­gie pour faire migrer une masse critique d’uti­li­sa­teurs, plus une mise en œuvre autre­ment que théo­rique de la décen­tra­li­sa­tion.

    Je n’ai aucun des deux aujourd’­hui et ce n’est pas faute de l’es­pé­rer mais je ne crois pas une seconde que les quelques petites fonc­tion­na­li­tés tech­niques fassent la diffé­rence vis à vis d’un réseau qui est quasi­ment passé dans le langage courant, soutenu par une entre­prise qui peut mettre des dizaines millions sur la table du jour au lende­main.

    Il est temps d’ar­rê­ter de croire que tous les problèmes sont tech­niques et peuvent se résoudre avec des lignes de code. Faire un système de publi­ca­tion décen­tra­lisé c’est (rela­ti­ve­ment) simple. D’autres l’ont déjà fait et ce n’est pas ça qui bloque. L’enjeu pour sortir de la centra­li­sa­tion de Twit­ter se situe ailleurs.

  • Recom­man­da­tion pour équi­pe­ment lumière photo

    Aujourd’­hui je travaille avec un flash cobra déporté accom­pa­gné d’un petit diffu­seur de 20×20cm. Le tout est posé sur sabot ou sur un pied d’ap­pa­reil photo très bon marché, suivant le besoin.

    J’ai­me­rais jouer avec un peu de maté­riel pour voir, genre pouvoir déta­cher le sujet du fond avec un éclai­rage de contour, tester des lumières un peu moins dures et des sources posi­tion­nées bien plus hautes.

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    Je pense à deux pieds de 210cm et deux diffu­seurs pour aller avec. J’ima­gine que le plus simple sera deux para­pluies, d’au­tant qu’il me faut quelque chose qui soit pliable et rela­ti­ve­ment trans­por­table. Main­te­nant j’avoue que je suis curieux d’une grande octa­box avec un nid d’abeille et d’un strip de type 30×140cm.

    Bref, je suis ouvert à beau­coup de choses, ça dépen­dra de ce que je trouve. Avez-vous un site où trou­ver des kits vrai­ment pas chers pour un amateur ? Voire des choses à conseiller ou même à me prêter sur Lyon ?

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    Aujourd’­hui je contrôle la puis­sance et le déclen­che­ment du flash déporté à partir de mon boitier. Si je mets tout ça dans une boite à lumière je risque de devoir cher­cher un système radio. Je regarde les YN-622N-TX ou Godox X1N (je ne compte pas aban­don­ner la capa­cité de régler la puis­sance des flash à distance depuis le contrô­leur).

    Suivant le cas, le second flash cobra sera proba­ble­ment un YN685 ou un Godox TT685N (compa­tible Nikon, déclen­chable à distance, NG 50). L’avan­tage des deux est d’avoir le récep­teur radio inté­gré, même s’il est possible que je teste d’abord en optique avant de confir­mer le besoin et l’en­vie d’in­ves­tir dans la radio.

    Là j’ai déjà des réfé­rences précises donc je peux plus faci­le­ment cher­cher les bons prix mais j’ai­me­rais bien trou­ver des adresses pour du maté­riel d’oc­ca­sion. Vous avez ça ? (ou d’autres réfé­rences à conseiller)

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    Voilà, je cherche des commen­taires, recom­man­da­tions ou bonnes adresses. Vous avez ça pour m’ai­der ?

  • Évidem­ment, ce n’est pas la voiture qui s’est vengée

    Lot : après une dispute, une femme meurt écra­sée par la voiture de son mari
    Le Pari­sien

    Forcé­ment ça ironise. On se moque du titre avec la voiture possé­dée qui écrase seule la femme, par pure coïn­ci­dence après une dispute de couple.

    En réalité je trouve cette ironie assez moche.

    Évidem­ment, intui­ti­ve­ment on y lit qu’il y a eu une dispute et que la femme a ensuite été volon­tai­re­ment écra­sée par son mari.

    C’est intui­tif, probable, mais on n’en sait rien, pas à la simple lecture de l’ar­ticle.

    La police enquête et véri­fie. C’est son boulot de juste­ment ne pas se conten­ter de dire « c’est évident » sans savoir. Pas de fausse naïveté non plus puisqu’il est clai­re­ment dit que le mari est en garde à vue depuis hier. On peut se douter que la police a les mêmes présomp­tions intui­tives que chacun de nous.

    Entre temps, nous on ne sait rien, mais alors rien du tout. On n’a aucun témoi­gnage, aucun récit de l’évé­ne­ment. On ne sait pas comment la femme a été écra­sée. On ne sait même pas si le mari était au volant. En fait on ne sait même pas si quelqu’un était au volant ou si la voiture a été lâchée en roue libre sur une côte. C’est quand même peu pour prétendre l’évi­dence.

    Sauter aux conclu­sions c’est faire justice sur des stéréo­types ou les proba­bi­li­tés, et ça n’est à l’hon­neur de personne.

    * * *

    Pour une fois l’ar­ticle est au contraire très bien fait. On ne sait pas grand chose mais le jour­na­liste expose les faits sans détour. C’est à peu près tout ce qu’il peut faire en l’état.

    Aurait-il fallu qu’il titre « Il tue sa femme en l’écra­sant à cause d’une dispute » alors qu’il n’a aucun élément pour ça à part l’évi­dente suspi­cion que tout le monde verra de toutes façons ?

    Personne ne prétend que la voiture, possé­dée par je ne sais quel esprit, a sauté seule sur la victime. Le jour­na­liste pousse l’idée d’une culpa­bi­lité de l’homme dès la première phrase de l’ar­ticle, en hauteur double :

    Un homme d’une soixan­taine d’an­nées est en garde à vue depuis jeudi et la mort de sa femme à Prays­sac (Lot).

     

    Diffi­cile d’être plus expli­cite sur les faits sans confondre les proba­bi­li­tés avec la réalité. Pour une fois qu’un jour­na­liste présente un article comme il faut sans biais ni sur-inter­pré­ta­tion, n’al­lons pas lui repro­cher.

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    Il y a un vrai problème où la presse écarte trop souvent la respon­sa­bi­lité des atteintes aux femmes ou aux mino­ri­tés. Je fais toute­fois la diffé­rence entre celui qui excuse et celui qui ne sait pas.

    Je n’ai – malheu­reu­se­ment – pas la solu­tion au problème géné­ral mais je ne crois pas qu’ajou­ter des injus­tices en compense d’autres. Ce n’est que mon opinion, mais j’ai plutôt tendance à croire que les maux s’ajoutent entre eux.

  • Pour une sécu­rité sociale

    Je ne comprends pas comment on peut accep­ter d’in­di­vi­dua­li­ser les couver­tures santé.

    Par nature ça veut dire que certaines couver­tures ne rembour­se­ront que partiel­le­ment, ou pas tous les types de soins. Bien évidem­ment ce sont prin­ci­pa­le­ment les plus pauvres qui prennent ces couver­tures au rabais, voire qui s’en passent. Dans le meilleur des cas on augmente l’ex­po­si­tion aux risques de ceux qui pour­ront le moins en suppor­ter l’im­pact.

    Tout ce qu’on obtient c’est qu’ils renoncent aux soins :

    Ce système, à bout de souffle, conduit entre 21 et 36 % des Français à renon­cer aux soins pour des raisons finan­cières (pdf). Derrière ces statis­tiques, il y a des enfants sans lunettes alors qu’ils en auraient besoin (ce qui entraîne parfois un retard scolaire) ; des dents qu’on arrache au lieu de les soigner ; des bron­chites négli­gées qui dégé­nèrent, des personnes âgées qui s’isolent de plus en plus faute d’ap­pa­reil audi­tif …

    Le pire c’est que ça finit par coûter plus cher à la collec­ti­vité en plus d’être un désastre pour les concer­nés.

    On cherche juste à réduire les coûts, par idéo­lo­gie, ou en compa­rant les prélè­ve­ments avec des pays dont le système est payé direc­te­ment par les citoyens.

    Cela n’em­pêche ni M. Fillon ni M. Emma­nuel Macron (En marche !) de prévoir une baisse des dépenses de l’as­su­rance-mala­die : 20 milliards d’eu­ros d’éco­no­mies en cinq ans pour le premier ; 15 milliards pour le second. «  On ne peut avoir des dépenses de santé qui augmentent trois fois plus vite que la créa­tion de richesses  », professe M. Macron, pour­tant guère gêné de voir les distri­bu­tions de divi­dendes augmen­ter, elles, dix fois plus que les richesses produites.

    On a déjà réduit les crédits plus qu’il n’est possible, lais­sant les hôpi­taux dans un épui­se­ment humain et admi­nis­tra­tif, et sans aucune marge de manœuvre. La grippe annuelle arrive à épui­ser les lits dispo­nibles. Le moindre imprévu ne peut plus être géré parce que tout est fait pour suppri­mer tout ce qui semble super­flu par rapport au fonc­tion­ne­ment quoti­dien, et qu’on en a supprimé encore un peu plus pour forcer à faire des écono­mies.

    Il ne reste plus qu’à dimi­nuer les rembour­se­ments. On couvre moins de choses, ou en en rembour­sant une part plus faible. Ce faisant on en laisse plus aux mutuelles, dans un cercle vicieux qui laisse de côté les plus pauvres.

    Ce n’est même pas rentable écono­mique­ment :

    Sur 100 euros de coti­sa­tions reçues par les complé­men­taires, 15 à 19 % partent en frais de gestion (et de publi­cité) (pdf), contre 4 à 5 % pour la Sécu­rité sociale. Aucune «  ratio­na­lité écono­mique  » ne justi­fie donc que l’on préfère l’une à l’autre. Au contraire : un guichet public unique qui rembour­se­rait tout «  permet­trait de gagner 7 milliards d’eu­ros  », précise M. Noam Ambrou­rousi, spécia­liste de la santé et conseiller de M. Mélen­chon. Pour en mesu­rer l’im­por­tance, il faut se rappe­ler que le fameux «  trou  » de la Sécu­rité sociale s’élève à 4,7 milliards d’eu­ros.

    Et bien entendu, il s’agit surtout de segmen­ter. Les jeunes cadre ont beau jeu de mili­ter pour leur liberté de choix. Il s’agit surtout de segmen­ter. On segmente ceux qui peuvent payer et ceux qui ne peuvent pas, mais on segmente aussi les jeunes et les vieux, les handi­ca­pés lourds et les autres, ceux dont on sait qu’ils ont un ennui de santé sérieux et les autres.

    Forcé­ment, le jeune cadre en bonne santé paye moins cher à ce jeu… mais c’est au prix de la soli­da­rité avec les autres. C’est la logique écono­mique d’un assu­reur qui calcule le risque indi­vi­duel mais est-ce souhai­table socia­le­ment ?

    La logique de la sécu­rité sociale unique c’est juste­ment la frater­nité, et s’as­su­rer que personne ne doive renon­cer.

    Dans une tribune reten­tis­sante, ils ont réclamé une prise en charge des soins à 100 %, ainsi qu’une fusion de la Sécu­rité sociale et des complé­men­taires santé (Le Monde, 14 janvier 2017).

    C’est un des points où j’ai un problème avec Benoit Hamon et globa­le­ment le PS. On renonce à un point qui me semble essen­tiel socia­le­ment et qui a du sens même écono­mique­ment… juste parce que c’est diffi­cile poli­tique­ment.

    Oui, je veux une sécu­rité sociale univer­selle, qui rembourse tout le monde – pas que les sala­riés – à 100% pour tous les soins utiles. Ça comprend évidem­ment les trai­te­ments dentaires, ortho­don­tiques ou optiques, mais pas que. Ça comprend l’in­té­gra­lité du parcours hospi­ta­lier, repas compris.

    Oui ça coûte cher, mais pas plus que le système privé, proba­ble­ment même moins. La seule diffé­rence est de soigner aussi les pauvres. Du coup oui ça coûte plus cher que la situa­tion actuelle. Ques­tion de choix poli­tique.


    Les cita­tions viennent d’un article du Monde Diplo­ma­tique, dont je vous recom­mande très forte­ment la lecture.

  • La poli­tique ce n’est pas choi­sir le meilleur projet

    La poli­tique ce n’est pas choi­sir le meilleur projet de façon objec­tive. Un tel clas­se­ment n’a aucun sens. On n’élit pas des inten­dants, de simples gestion­naires.

    La poli­tique c’est faire des choix. Il n’y a pas de baguette magique. Il y a toujours un coût, un effort un four­nir, un pan de la popu­la­tion qui sera moins favo­risé, un risque que ça ne fonc­tionne pas…

    La poli­tique c’est faire un arbi­trage suivant ce qui nous parait le plus impor­tant en notre âme et conscience, suivant ce qu’on veut comme société. Il n’y a rien de plus subjec­tif que ça.

    Fuyez ceux qui pensent qu’il suffit d’ex­pliquer ou de se rensei­gner.

    De ceux là il y a ceux qui manquent de recul et qui ne perçoivent même pas qu’il puissent y avoir une autre vision de la société. De ceux là il y a aussi ceux dont l’idéo­lo­gie voilent toute réflexion et qui pensent avoir forcé­ment la vérité.

    Enfin de ceux là il y a aussi ceux qui n’en­vi­sagent que la vision tech­no­cra­tique du système. Ces derniers sont les plus dange­reux parce qu’ils nient le concept même de démo­cra­tie. Ils refusent la capa­cité de choi­sir en toute conscience une option moins effi­cace sur le papier mais qui parfois respecte des valeurs ou un modèle de société auquel on aspire.

    * * *

    Ne me dites pas « ceux qui sont contre n’ont pas lu le texte ou ne savent pas de quoi ils parlent ». C’est majo­ri­tai­re­ment vrai, mais ça l’est aussi de ceux qui sont pour. C’est par contre insul­tant pour ceux qui ont fait un choix conscient et informé, mais juste un choix diffé­rent du votre.

    Tout ce que ça montre c’est une absence d’ou­ver­ture ou une bien mauvaise consi­dé­ra­tion de la démo­cra­tie.

    Ça n’em­pêche bien évidem­ment pas d’in­ci­ter les gens à lire, à se rensei­gner, et d’es­sayer de convaincre, mais au moins on se posi­tionne sur le fond.

  • Du nom en capi­tales

    Je croise de plus en plus de textes où les noms de famille sont inscrits en capi­tales. Je n’ai plus le lien vers le texte qui a déclen­ché l’hu­meur du jour mais j’ai encore en tête un court texte du gouver­ne­ment où en moins de 5 lignes on avait le droit à trois Bernard CAZENEUVE dont la typo­gra­phie jurait à mes yeux.

    Rien de plus, même si j’ai du en profi­ter pour dire que je maudis de la même façon ceux qui prennent l’ha­bi­tude de mettre le nom de famille avant le prénom.

    * * *

    Je suis un peu d’ac­cord avec ça. Je ne serais pas étonné que l’usage se soit formé dans les registres et listes admi­nis­tra­tives. Je ne me rappelle pas ce type de typo­gra­phie dans les anciennes calli­gra­phies ou dans mes romans par exemple. Il en va de même pour l’usage du nom avant le prénom, qui dans notre culture me semble essen­tiel­le­ment d’ori­gine scolaire pour simpli­fier les listes d’ap­pel des profes­seurs.

    Je serais curieux de savoir si les registres de baptêmes ou d’état civil au 18e ou 19e siècle utili­saient des capi­tales pour les noms de famille. J’en doute.

    Mon impres­sion c’est que certains ont pris l’ha­bi­tude des formu­laires et de l’école et ont fait débor­der ces construc­tions de façon impropre dans les usages de tous les jours.

    L’ad­mi­nis­tra­tif prend le pas sur nos vies, et ceci n’en est qu’un exemple. Je mets ça dans la même case que ces poli­ciers avec un jargon tel qu’ils en deviennent inca­pables de parler de « voiture » plutôt que de « véhi­cule », quand bien même le terme ne pose aucun problème juri­dique ou de compré­hen­sion.

    Au final désor­mais l’ordre prénom/nom n’est plus garanti à 100%, et la mise en capi­tale en devient parfois néces­saire pour lever des ambi­guï­tés chez certains.

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    Il reste que plusieurs personnes m’ont exprimé des diffi­cul­tés person­nelles. Avoir un nom qui peut aussi passer pour un prénom est source de confu­sion, et une moti­va­tion pour le passer en capi­tales.

    Je pensais que l’ordre habi­tuel prénom/nom suffi­sait, mais ce n’est visi­ble­ment pas le cas. Bref, je comprends, surtout si c’est mis en signa­ture ou réfé­rence.

    Pour la prose, où fina­le­ment distin­guer ou pas le prénom n’est pas l’es­sen­tiel, je préfé­re­rais toute­fois qu’on s’abs­tienne de mettre un nom unique­ment en capi­tales. Ceci n’est bien sûr qu’une opinion pure­ment subjec­tive et person­nelle. Je trouve ça lourd à la lecture, simple­ment.

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    Oui, je sais que dans d’autres pays l’ordre nom/prénom peut être diffé­rent. Non ça n’a rien à voir avec l’usage de mettre les noms en capi­tales.

    Effec­ti­ve­ment, je ne saurais pas iden­ti­fier le prénom dans « Choi Min Sik » si on ne me met pas le nom en capi­tales. Pour autant je ne saurais pas mieux le faire si on me met le nom en capi­tales. Le reste est-il un seul prénom ? un prénom prin­ci­pal et un secon­daire ? un prénom et un nom de caste, de clan ou hérité d’une façon ou d’une autre ? un prénom et un titre ? et dans quel ordre ?

    Mettons que j’ar­rive à avoir un prénom, que vais-je bien pouvoir en faire ? Chez moi je sais quand utili­ser le nom et quand utili­ser le prénom. Je connais les usages de certains pays proches qui imposent l’usage des titres là où ici on peut s’en passer. Mais vu qu’on parle d’autres cultu­res… je suis un peu à sec. Ce qui m’in­té­res­sera c’est comment m’adres­ser à la personne, et indi­vi­dua­li­ser le nom ou le prénom ne sera pas vrai­ment mon problème.

    D’ailleurs les concepts de prénom et de capi­tales eux-même ne sont pas univer­sels. Même là où il y a des capi­tales, je ne jure­rais pas que le sens qui s’en dégage soit toujours le même qu’ici. Si vrai­ment il s’agis­sait d’avoir une conven­tion univer­selle, il faudrait juste­ment abso­lu­ment bannir la mise en capi­tale des noms de famille.

    Main­te­nant je parlais de typo­gra­phie. C’est quand même quelque chose de très local. Même avec nos voisins proches, nous ne parta­geons pas les mêmes usages à ce niveau.

    Mon humeur n’avait pas de portée autre que celle de la typo­gra­phie française. Savoir que d’autres cultures gèrent diffé­rem­ment les noms est un peu hors contexte. Si déjà on arri­vait à se mettre d’ac­cord chez nous pour les cas simples, ça serait pas mal.

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    Un point inté­res­sant : Pourquoi même aurais-je besoin d’in­di­vi­dua­li­ser le prénom ?

    Vu que juste­ment désor­mais on croise des personnes de culture diffé­rentes au coin du web, je ne peux avoir aucun préjugé sur comment utili­ser cette infor­ma­tion. Même si je reste aux usages français, je n’ai vrai­ment besoin d’in­di­vi­dua­li­ser le prénom que pour m’adres­ser direc­te­ment à quelqu’un de manière infor­melle.