Auteur/autrice : Éric

  • Indém­nité de fin de mandat des dépu­tés

    On commence déjà à voir quelques amis d’an­ciens dépu­tés qui pleurent sur la préca­rité de leur fonc­tion et sur la dégres­si­vité de leurs indem­ni­tés après mandat.

    Les dépu­tés ont effec­ti­ve­ment des indem­ni­tés dégres­sives mais la première année elles sont à 100% puis 70% de leur indem­nité de base, là où un sala­rié est indem­nisé à 57% de son salaire moyen.

    Il suffit de faire petit tableau pour voir que le régime est outra­geu­se­ment avan­ta­geux.

    Comparé à un sala­rié, leur indem­nité est 75% plus élevée le premier semestre. Si on raisonne en cumulé, comparé à un sala­rié, ils y gagnent 14 500 € s’ils retrouvent un emploi au bout de six mois, 18 900 € s’ils le retrouvent au bout d’un an.

    L’avan­tage se réduit la seconde année mais reste de 10 700 € au mini­mum… avant de remon­ter jusqu’à 27  500 € à la fin des trois ans puisque le député est indem­nisé une année de plus que le sala­rié dans le cas géné­ral.

    À véri­fier mais je doute aussi qu’ils passent par Pôle Emploi et les obli­ga­tions/contrôles de recherche d’em­ploi. Ça n’a l’air de rien mais ceux qui sont passés par là compren­dront combien cette diffé­rence est fonda­men­tale.

    * * *

    Le régime parti­cu­lier n’est pas non plus scan­da­leux puisqu’il n’y a ni indem­ni­tés de licen­cie­ment ni prime de préca­rité.

    Les dépu­tés célèbres, ayant une acti­vité libé­rale ou venant du service public repren­dront une acti­vité immé­diate. Un député issu du privé qui n’ayant pas une célé­brité média­tique devra se mettre à recher­cher, et ne pourra pas forcé­ment valo­ri­ser ses cinq ans hors entre­prise.

    Bref, pas forcé­ment scan­da­leux mais j’ai­me­rais tout de même qu’on arrête de les plaindre, ou de les lais­ser se plaindre, parce que c’est un peu abusé quand même.

  • 228 ans après la prise de la Bastille

    228 ans après la prise de la Bastille, nous allons réins­tal­ler les lettres de cachet. Seule diffé­rence : on est empri­sonné chez soi.

    Je n’ai pas l’im­pres­sion que tout le monde mesure la gravité de l’as­si­gna­tion à rési­dence et de la perqui­si­tion admi­nis­tra­tive.

    Il suffit d’avoir des raisons de penser que, peut-être, dans le futur, vous pour­riez atten­ter à l’ordre public. Peut-être. Dans le futur. Autant dire que l’État fait ce qu’il veut, d’au­tant que la moti­va­tion peut être soute­nue par des notes blanches non signées auxquelles les juges font toute confiance à priori.

    On envi­sage aujourd’­hui de péren­ni­ser ces mesures dans le droit commun. (Media­partLe Monde)

    Ça serait inima­gi­nable dans la plupart des démo­cra­ties. Ça devrait l’être dans la nôtre, mais personne ne se lève.

    Pire : Si on en croit les sondages, on va voter en masse et donner une assem­blée quasi entiè­re­ment affi­liée aux promo­teurs de ce projet. Hallu­ci­nant.

    Sérieu­se­ment, elles sont où les mani­fes­ta­tions ? Ils sont où tous les édito­riaux incen­diaires dans la presse ? Et vous faites quoi, vous ? Je ne vous vois pas râler non plus, à défaut de mieux. Et moi que puis-je faire ?

    Je sais que la prési­den­tielle a créé un ras-le-bol poli­tique, mais on joue là nos liber­tés fonda­men­tales, et celles de nos enfants.

    Ce n’est pas théo­rique. Ce n’est pas que pour les grands méchants terro­ristes. Ces outils ont déjà été expli­ci­te­ment utili­sés pour muse­ler des mani­fes­tants, pour éloi­gner des repor­ters. Certes ce n’est pas un empri­son­ne­ment de masse, mais ce n’en est pas plus accep­table.

    Réveillez-vous. RÉVEILLONS-NOUS !

  • Votez infor­més

    Nous avons choisi une consti­tu­tion où le président ne contrôle pas le parle­ment, où les pouvoirs s’équi­librent. Il s’agit de voter en fonc­tion de ce qu’on croit, et pas simple­ment en fonc­tion du président.

    J’as­sume tota­le­ment avoir voté pour Emma­nuel Macron mais ça n’oblige pas à signer un chèque en blanc aux légis­la­tives.

    Le président aura la majo­rité à l’As­sem­blée. C’est joué d’avance. Par contre on peut faire en sorte qu’il y ait aussi d’autres voix qui soient enten­dues, qu’il y ait des compro­mis, de la modé­ra­tion.

    Quelques liens et cita­tions en vue d’un vote informé dimanche. Chacun fait ses choix, mais Nico­las Sarokzy en aurait même envi­sagé la moitié que tout le monde aurait été dans la rue.

  • Respect du plan­ning et du péri­mètre

    Je lis les fiches de poste, je discute. Visi­ble­ment ce que les DG attendent prin­ci­pa­le­ment de leur direc­tion tech­nique c’est d’avoir de la visi­bi­lité sur la road­map et de garan­tir les délais de réali­sa­tion.

    Ne tape­rait-on pas un tout petit peu à côté ?

    Quand ça commence comme ça j’ai l’im­pres­sion que le boulot prin­ci­pal va surtout être de faire évoluer la DG, ou de s’as­su­rer que jamais oh grand jamais elle ne soit déci­sion­naire sur l’opé­ra­tion­nel.

    * * *

    Ce n’est pas ce qui était prévu ? Ça a pris plus ou moins de temps que prévu ? Ça couvre un péri­mètre fonc­tion­nel plus ou moins impor­tant que prévu ?

    Et alors ?

    Tant que les équipes livrent des réponses adéquates à un rythme correct, le reste n’est même pas secon­daire, c’est juste sans objet.

    On aurait peut-être pu faire une meilleure prévi­sion, mais peut-être pas. Ce qui est certain c’est qu’il y a quarante-douze trucs à plus forte valeur ajou­tée que de faire comme c’était prévu.

    Je préfère l’adé­qua­tion au besoin à l’adé­qua­tion au plan. Je préfère parler péren­nité, adap­ta­bi­lité, coût, inves­tis­se­ment, dette tech­nique, qualité, exper­tise ou capi­ta­li­sa­tion que meilleures esti­ma­tions.

    Et si le besoin est lié à une date précise, alors on livrera quelque chose à la date précise, du mieux qu’on le peux pour les ressources allouées. Peut-être pas ce qui est prévu ou espéré, mais quelque chose d’utile et perti­nent.

    * * *

    Si vous avez des problèmes de respect du plan­ning, ne commen­cez à pas à cher­cher des chan­ge­ments dans les équipes opéra­tion­nelles. Envi­sa­gez d’abord de faire chan­ger le fonc­tion­ne­ment de la direc­tion. Souvent le problème se situe là.

  • Accès à la produc­tion dès le premier jour

    J’avais publié il y a quelques temps une liste de contrôle pour l’in­té­gra­tion des nouveaux déve­lop­peurs. Dans la liste le nouveau venu reçoit et installe son poste de travail, se connecte aux outils de commu­ni­ca­tion, mais voit aussi confi­gu­rés ses accès au code source, à la plate­forme d’in­té­gra­tion conti­nue, et à la produc­tion.

    Oui, à la produc­tion. Dès le premier jour. Et je veux qu’il l’uti­lise dans la semaine.

    Idéa­le­ment tout le monde n’en a pas besoin (*). Toute­fois, si la personne est amenée à en avoir besoin dans le cadre de son travail, c’est dès le premier jour qu’on donne tout ça.

    Il y a deux risques. Le premier risque c’est celui de la boulette. Le second c’est celui de la malver­sa­tion volon­taire :

    * L’an­cien­neté dans l’en­tre­prise n’in­flue pas tant que ça dans la proba­bi­lité de boulettes. C’est plutôt l’an­cien­neté dans l’usage des accès qui compte, et il faut bien commen­cer pour l’ac­qué­rir.

    La boulette elle s’évite par des outils et des pratiques. On prépare, on teste, on fait des revues croi­sées puis on auto­ma­tise. Dans tous les cas on disso­cie tota­le­ment le contexte de produc­tion de celui de déve­lop­pe­ment. Les proces­sus ne doivent pas permettre d’in­ter­ve­nir en produc­tion par erreur ou par inad­ver­tance.

    * L’an­cien­neté n’in­flue pas non plus tant que ça dans le risque de malver­sa­tion volon­taire. On ne sait si quelqu’un souhaite abuser de ces accès qu’une fois qu’il les a, et même géné­ra­le­ment bien après.

    Tout ce que je peux faire c’est ajou­ter des jour­naux pour chaque action, faire des backups, et limi­ter qui a accès aux données sensibles. Parti de là, soit je donne l’ac­cès en produc­tion soit je ne le donne pas. Quitte à enfon­cer les portes ouvertes et paraitre naïf : Vu les respon­sa­bi­li­tés que porte un déve­lop­peur, si je n’ai pas confiance en lui je ne le recrute pas à la base.

    * * *

    Tout le monde semble d’ac­cord pour dire que le problème est du côté de l’en­tre­prise, et que ça ne mérite donc pas licen­cie­ment (**).

    Cepen­dant, pour moi l’er­reur est au niveau des proces­sus et des outils, pas sur le fait d’avoir donné des accès de produc­tion à un nouveau venu. Une erreur de copier/coller dans la confi­gu­ra­tion de poste aurait pu arri­ver à n’im­porte qui, indé­pen­dam­ment de l’an­cien­neté dans la boite.

    Que font les mots de passe de prod dans un docu­ment d’ins­tal­la­tion, plus en évidence que ceux de test ? Que fait la base de données de produc­tion acces­sible en écri­ture direc­te­ment depuis les postes de déve­lop­pe­ment ?

    * * *

    Aparté : (*) En théo­rie tout le monde n’en a pas besoin.

    L’iso­le­ment de la produc­tion se fait au fur et à mesure de besoins et de la crois­sance des équipes. En pratique il y a géné­ra­le­ment une plate­forme d’in­té­gra­tion conti­nue et des déploie­ments auto­ma­ti­sés (c’est le mini­mum). Main­te­nant ces déploie­ments demandent encore souvent les accès SSH de produc­tion pour celui qui les lance. La plupart du temps les batch, scripts et évolu­tions de base de données se font encore en ligne de commande. Quand à opérer suite à un problème constaté en produc­tion, là c’est l’ar­ti­sa­nal total pour la grande partie des équipes.

    Bref, surtout dans des petites équipes auto­nomes qui gèrent elles-mêmes leur produc­tion – ce que je tente de mettre en place, – il est fréquent que tout le monde soit amené à utili­ser les accès en produc­tion. C’est encore plus vrai quand on ne souhaite pas mettre une hiérar­chie forte où tous les déploie­ments sont forcé­ment faits par le lead.

    Même quand toutes les actions sensibles sont réser­vées aux lead ou que l’au­to­ma­ti­sa­tion est bien pous­sée, il faut encore des gens pour gérer la produc­tion. Ça veut dire une rota­tion des astreintes sur suffi­sam­ment de personnes pour palier aux congés et absences des uns et des autres, mais aussi au départ d’un ou deux membres de l’équipe.

    Diffi­cile de donner les clefs à moins de quatre personnes. Selon moi ce serait une erreur plus grave que de donner les clefs à la huitaine de déve­lop­peurs de l’équipe.

    * * *

    Seconde aparté : (**) Virer un déve­lop­peur parce qu’il a fait une erreur de bonne foi, ça me parait incom­pré­hen­sible, et ça quelle que soit la gravité des consé­quences.

    D’une, si des erreurs sont faciles, c’est d’abord un problème de proces­sus. De deux, tout ce qu’on obtient c’est la peur : Pas de prise de risque et éven­tuel­le­ment des gens qui vont cacher les erreurs ou cher­cher des excuses.

    Ce que j’at­tends c’est au contraire qu’on les expose pour qu’elles ne soient pas repro­duites et qu’on trouve des solu­tions de sécu­ri­sa­tion. Pour ça il faut un climat de confiance, qu’on se foca­lise sur « comment éviter » plutôt que « qui a fait ».

    On licen­cie quand la personne pour incom­pé­tence, pour malveillance, pour non suivi conscient des règles et procé­dures ou pour négli­gence grave. Il faut vrai­ment des erreurs répé­tées et ce malgré des proces­sus assez sécu­ri­sés pour consi­dé­rer qu’on ne peut pas garder un colla­bo­ra­teur.

  • La fille et le taureau

     

    J’adore cette histoire parce qu’elle démontre merveilleu­se­ment qu’on peut voir tout et son contraire suivant le niveau d’in­for­ma­tion dont on dispose.

    Il faut dire que la statue est superbe.

    Elle s’ap­pelle « Fille sans peur » et est sous-titrée d’une plaque qui dit « Know the power of women in leader­ship. SHE makes a diffe­rence. »

    Clai­re­ment, quand un artiste ajoute une statue d’un petit chien en train d’uri­ner dessus, on y voit faci­le­ment un problème de sexisme. C’est encore plus vrai quand on sait qu’elle est placée devant une statue de taureau en charge, faci­le­ment symbole de force et de mascu­lin.

    Anti-fémi­nisme.
    C’est le premier niveau de lecture.

    Ajou­tez que l’au­teur du chien qui urine est aussi celui du taureau initial. La fillette y fait face. On y voit donc plutôt une vengeance ou une jalou­sie, et peut-être plutôt une histoire d’égo qu’une histoire de sexisme, même si l’un n’em­pêche pas l’autre.

    Bataille d’égo.
    Deuxième niveau de lecture.

    Le taureau est une statue pirate. Elle été reti­rée avant d’être auto­ri­sée par la mairie devant la pres­sion popu­laire, d’abord tempo­rai­re­ment avant de deve­nir un vrai symbole de la ville.

    La fillette vient d’un concours privé très offi­ciel… porté juste­ment par les multi­na­tio­nales à l’ori­gine du retrait initial du taureau.

    On entre là réel­le­ment dans l’op­po­si­tion de deux mondes, dans la guérilla urbaine. D’un coup on entre dans l’acte poli­tique plutôt que dans les réac­tions person­nelles néga­tives.

    Guérilla urbaine et acte poli­tique.
    Troi­sième niveau de lecture

     

    En réalité le taureau a été mis en place suite à un crash bour­sier. Il repré­sente la force du peuple face au finan­cier, et a été posi­tion­née dans le quar­tier des finances pour cela. C’est d’ailleurs le New York Stock Exchange qui l’a fait reti­rer à l’époque.

    La statue de la fillette a été comman­dée… par une corpo­ra­tion dans le cadre d’une opéra­tion de commu­ni­ca­tion autour de l’an­ni­ver­saire d’un index bour­sier.

    D’un coup la provo­ca­tion a changé de camp et le chien qui urine ressemble plus à un acte de résis­tance, voire de sauve­garde de l’es­prit initial.

    Le peuple contre les marchés finan­ciers.
    Quatrième niveau de lecture

     

    Vous vous souve­nez du « Know the power of women in leader­ship. SHE makes a diffé­rence » ? Le « SHE » en majus­cules n’est pas anodin. C’est le trigramme qui repré­sente l’in­dex bour­sier en ques­tion dans les cota­tions NASDAQ.

    La statue de départ qui repré­sente la force du peuple améri­cain est un pied de nez au milieu bour­sier suite à un crash des marchés. Désor­mais la fillette c’est la bourse qui se met avec une atti­tude de défi face au peuple améri­cain.

    Là ça frise l’in­sulte face à un symbole de la ville. Le chien est presque potache à côté.

    Détour­ne­ment de l’œuvre commune au profit des milieux bour­siers.
    Cinquième niveau de lecture

     

    L’in­dex bour­sier est lié à la diver­sité des genres. Le fait qu’on peut y lire un soutien du fémi­nisme ou la prise de contrôle d’un index bour­sier est certai­ne­ment voulu. L’en­tre­prise publi­ci­taire joue avec les codes, c’est son busi­ness. C’est l’objet même de la statue de la fillette.

    Les plus mauvaises langues pour­ront même dire qu’il y a volonté de mélan­ger les deux dans la statue pour que la bourse prenne sa revanche en se drapant de blanc. On peut même penser que ça consti­tue une insulte encore plus grande à ce dernier niveau de lecture.

    On peut inver­se­ment dire qu’un index bour­sier qui défend la diver­sité des genres est un symbole double­ment fémi­niste et que c’est ça qu’on attaque, que la reprise des anciens symboles mascu­lins fait partie du combat, ou qu’un sujet non lié au fémi­nisme aurait peut être été attaqué autre­ment.

    Tout ça n’est pas disso­ciable, et c’est bien pour ça que c’est complexe. Choi­sis­sez votre camp. Ou pas. Les deux versions ne sont d’ailleurs pas exclu­sives les unes des autres.

    Ce que je trouve inté­res­sant c’est comment la plupart des gens réagissent suite à un seul niveau d’in­for­ma­tion, comme si la ques­tion était simple et méri­tait une indi­gna­tion sans nuances. J’ai peur qu’il en soit autre­ment.

    (discours honteu­se­ment inspiré de l’ana­lyse de greg­fal­lis.com)

  • Mora­li­sa­tion de la vie publique

    Aujourd’­hui j’ai entendu plein de choses satis­fai­santes de notre nouveau gouver­ne­ment. J’at­tends les détails mais à priori, si ça passe, je les applau­dis très fort et très long­temps.

    La Cour de justice de la Répu­blique est une instance dans lesquels les poli­tiques sont jugés non par des magis­trats mais par une instance où les parle­men­taires sont majo­ri­taires. Il n’y a aucune raison que cela se pour­suive. Les poli­tiques seront désor­mais jugés par des magis­trats. Il y aura des filtres pour éviter les désta­bi­li­sa­tions, des filtres acti­vés par le Conseil d’Etat et la Cour des Comptes.

    Dire que ce n’est pas le rôle des repré­sen­tants du peuple (les dépu­tés) ou que c’est idiot de les voir mino­ri­taire par rapport aux magis­trats me parait tota­le­ment déma­go­gique, sauf à reti­rer tous les jurés des procès aux assises.

    Main­te­nant, vu que le système actuel ne fonc­tionne clai­re­ment pas correc­te­ment, pourquoi pas. Le vrai sujet se cache dans la dernière phrase :

    Il y a de bonnes raisons pour que ceux qui exercent un des pouvoirs ne soient pas jugés par le droit commun. C’est impar­fait donc on peut chan­ger ce fonc­tion­ne­ment, mais il est indis­pen­sable d’y avoir des gardes-fous.

    Si le filtre est trans­pa­rent ça peut permettre une prise de contrôle d’un pouvoir par un autre. Si le Conseil d’État reste trop frileux à remettre en cause l’exé­cu­tif, ça peut même être un plus mauvais système que l’ac­tuel. On verra.

    Deuxième réforme : les anciens prési­dents de la Répu­blique ne pour­ront plus être membres du Conseil consti­tu­tion­nel. Pour une raison, les ques­tions prio­ri­taires de consti­tu­tion­na­lité, analy­sées par le conseil consti­tu­tion­nel, sont utili­sées parfois pour juger des réformes prises par ces mêmes anciens prési­dents.

    La justi­fi­ca­tion est tota­le­ment débile, sauf à inter­dire aussi les anciens dépu­tés et les anciens ministres, vu que ce sont surtout eux qui prennent et portent les déci­sions.

    D’au­tant que jusqu’à présent les membres du Conseil consti­tu­tion­nel ont plutôt été dili­gents à ne pas parti­ci­per à juger un fait où ils ont parti­cipé. Le problème n’était pas là.

    J’es­père que dans les faits ça se traduira par l’ar­rêt du mandat auto­ma­tique à vie plus que par une incom­pa­ti­bi­lité avec le mandat passé.

    Troi­sième révi­sion consti­tu­tion­nelle : les élus ne pour­ront pas exer­cer plus de trois mandats iden­tiques d’af­fi­lée. Sont exclus de ce dispo­si­tif les petites communes en raison de la diffi­culté si grande à trou­ver des élus, m’a-t-on expliqué. Les seuils seront défi­nis par la suite par le Parle­ment. Cela peut être le seuil de 3500 ou celui de 1000 habi­tants, de 9000 habi­tants.

    J’au­rais préféré une durée plutôt qu’un nombre de mandats. Trois mandats de séna­teur c’est déjà 27 ans, et il faut avoir été élu local avant. Autant dire que c’est toute une vie d’élu qu’on envi­sage.

    Je ne vais pas faire ma fine bouche mais limi­ter à deux mandats iden­tiques consé­cu­tifs serait encore mieux. J’au­rais même aimé en plus une limi­ta­tion de durée tous mandats confon­dus genre « pas plus de 20 ans de mandat natio­nal ou exécu­tif local sans inter­rup­tion d’un période de plus de 2 ans ».

    20 ans c’est la moitié d’une vie profes­sion­nelle, ça me semble déjà pas mal. J’ai­me­rais qu’on évite qu’une géné­ra­tion puisse prendre tota­le­ment la vie publique. Certains élus ou nommés aujourd’­hui l’étaient déjà à ma nais­sance. Ça fait quand même réflé­chir.

    Quatrième et dernier chan­ge­ment consti­tu­tion­nel : les ministres ne pour­ront plus exer­cer de fonc­tions locales. Le texte prévoira qu’ils auront deux mois pour se mettre en harmo­nie, faire le choix entre le minis­tère ou le mandat local.

    Sérieu­se­ment ? Ils sont prêts à accep­ter une charge natio­nale de ministre en quelques jours mais ont besoin de deux mois pour savoir s’ils veulent bien accep­ter de remettre leur mandat local ?

    Soyons sérieux : Si on accepte une fonc­tion, on aban­donne les autres. On peut par contre imagi­ner juste reprendre auto­ma­tique­ment le rôle s’il y a aban­don du rôle de ministre dans les trois mois. C’est très diffé­rent pour moi d’un cumul auto­risé pendant deux mois.

    Bon, cela dit c’est une évidence que cette propo­si­tion est un pas dans le bon sens donc encore une fois, ne cher­chons pas trop loin.

    2e mesure : une peine d’iné­li­gi­bi­lité de plein droit de 10 ans sera appliquée pour les personnes faisant l’objet d’une condam­na­tion pénale pour des crimes ou des délits portant atteinte à la probité : concus­sion, corrup­tion, favo­ri­tisme, détour­ne­ment de fonds publics, fraude fiscale, décla­ra­tion menson­gère à la haute auto­rité.

    Moi j’at­tends le détail. Sur le prin­cipe c’est un « oui » mais si c’est une consé­quence auto­ma­tique liée à la peine, 10 ans ça me semble énorme. Même un système qui peut être excep­tion­nel­le­ment levé par le juge, comme pour les peines plan­cher, me semble poten­tiel­le­ment fort.

    Permettre l’iné­li­gi­bi­lité me semble impor­tant. C’est peu appliqué là où c’est possible, c’est surtout là qu’il faut fouiller pour comprendre pourquoi. Peut-être qu’une circu­laire pour inci­ter les procu­reurs à deman­der la peine d’iné­li­gi­bi­lité peut suffire à amor­cer un chan­ge­ment. Ça me semble préfé­rable à tout auto­ma­tisme.

    Cela dit on a limité ici la ques­tion aux atteintes de probité et c’est une très bonne chose. J’ajou­te­rai peut-être les délits élec­to­raux (je ne crois pas qu’ils en fassent partie) mais sauf erreur l’iné­li­gi­bi­lité y est déjà possible.

    Ensuite, l’en­ca­dre­ment des acti­vi­tés de conseil : ce n’est pas inter­dit, mais il faudra désor­mais un délai de proba­tion. Aucun parle­men­taire ne pourra pour­suivre une acti­vité de conseil s’il l’a commen­cée un an avant son élec­tion. Ses règles s’ap­plique­ront à toutes les acti­vi­tés de conseil, y compris les avocats.

    Je comprends l’in­ten­tion, mais ça me gêne forte­ment qu’on dise que certains ont le droit à condi­tion de l’avoir fait depuis long­temps. Soit on peut expli­ci­ter ce qui pose problème dans les acti­vi­tés de conseil et on inter­dit unique­ment ce qui pose problème, mais à tout le monde, soit on fait un « oui/non » global mais encore une fois à tout le monde.

    L’ac­ti­vité parle­men­taire étant suffi­sam­ment prenante, je ne trou­ve­rai pas anor­male qu’on demande de cesser toute acti­vité profes­sion­nelle pendant la durée du mandat, conseil ou pas.

    Indem­ni­tés parle­men­taires : nous propo­se­rons que le rembour­se­ment des frais parle­men­taires se fasse au réel, sur présen­ta­tion d’une facture. Chaque assem­blée déci­dera de comment seront gérés les frais de mandats et de fonc­tions, sous le contrôle des bureaux des assem­blées et, nous le souhai­tons, des déon­to­logues de ces assem­blées.

    J’ap­plau­dis des deux mains, et des deux pieds. C’est juste l’évi­dence, et d’autres pays comme le Royaume Uni ont du aussi faire ce mouve­ment.

    Je regrette juste qu’on laisse la porte ouverte à un contrôle interne plutôt que d’y donner un accès direct à tous les citoyens, comme ça se fait dans les pays nordiques. Vu le sketch des décla­ra­tions de patri­moine consul­tables mais sans prise de note et avec inter­dic­tion de publier quoi que ce soit, ça peut vite être perverti.

    Ensuite, suppres­sion de la réserve parle­men­taire pour éviter les risques de clien­té­lisme. Il se trans­for­mera en fonds d’ac­tion pour le monde rural et des actions d’in­té­rêt géné­ral.

    Là aussi. Les fonds arbi­traires pour permettre de combler les situa­tions qui n’entrent dans aucun case sont très impor­tants mais là c’était juste n’im­porte quoi.

    Nous propo­sons que les prêts par des personnes morales autre que les banques morales autre que les banques euro­péennes soient inter­dits. Nous souhai­tons que les dons des personnes physiques soient systé­ma­tique­ment donnés, avec leur montant, ce qui permet­tra de s’évi­ter qu’une même personne ne donne plusieurs fois, au moyen par exemple des micro-partis

    Je réserve mon juge­ment. On parle de consti­tuer une liste de qui donne quoi à quel mouve­ment poli­tique. Je vois bien le danger là dedans.

    Sur l’in­ter­dic­tion des prêts par des enti­tés extra-euro­péennes, je ne vois pas la perti­nence de la restric­tion. Tout au plus pour­rait-on contrô­ler qu’il y a bien rembour­se­ment.

    Le non-finan­ce­ment par des enti­tés étran­gères me semble d’au­tant plus hypo­crite que la France ne se gêne pas pour aider des mouve­ments à l’étran­ger, y compris par du soutien mili­taire ou d’ar­me­ment. À côté de ça une banque russe qui fait un prêt rembour­sé…

    Les prêts consen­tis par les personnes physiques seront restreints, contrô­lés et certi­fiés pour contrô­ler les moda­li­tés de leur rembour­se­ment. Il nous a été souli­gné que plusieurs mouve­ments poli­tiques se servaient de cela pour contour­ner le plafon­ne­ment.

    Là je bondis. S’ils ont connais­sance de prêts non rembour­sés qui contournent le plafon­ne­ment, qu’ils fassent inter­ve­nir la justice ! Là ils en disent trop ou pas assez.

    Nous crée­rons une banque de la démo­cra­tie pour permettre aux forma­tions poli­tiques d’exer­cer leur mission consti­tu­tion­nelle, leurs actions et leurs campagnes élec­to­rales. Par exemple, si les inten­tions de vote sont suffi­santes, les prêts bancaires vont de soi. Si elles ne le sont pas, la banque de la démo­cra­tie pourra propo­ser des fonds complé­men­taires.

    Si vous avez 20.000 perosnnes qui se portent garantes pour 100 euros, vous pouvez emprun­ter 2 millions d’eu­ros.

    À vue de nez, surtout avec l’exemple donné (20.000 personnes qui se portent chacune garante pour 100 euros), ça semble plutôt une bonne chose qui aidera d’éven­tuels nouveaux et petits partis.

    Je vois bien Étalab sur un sujet comme ça, avec un petit outil qui permet de décla­rer sa caution sur un parti, et qui ponc­tionne auto­ma­tique­ment avec les prochains impôts s’il y a besoin de faire jouer la caution.

    Atten­tion toute­fois que ce ne puisse pas être un moyen détour­ner de dépas­ser les plafonds de don.

     

  • Les petits et grands conforts du quoti­dien

    Je n’en aurais jamais acheté un moi-même mais avec les hautes tempé­ra­tures, le frigo améri­cain avec distri­bu­teur d’eau fraiche et de glaçons en façade, c’est juste magique.

    C’est un des petits ou grands conforts que je découvre au fur et à mesure. Je me rappelle l’ar­ri­vée de la machine à laver la vais­selle la première fois. On avait tenu des années à deux en se disant que c’était du luxe et qu’on pouvait bien faire la vais­selle à la main. Combien nous avions été idiots de nous en passer…

    Plus récem­ment il y a eu le sèche linge, les volets roulants auto­ma­tiques, le blue­tooth pour l’au­dio… Tout ça est du luxe. On peut s’en passer, mais quand ça arrive ça fait partie des conforts du quoti­dien qui rendent tout plus facile.

    Je crois que le prochain passage c’est la clima­ti­sa­tion dans la voiture. Là aussi on a toujours vu la voiture comme utili­taire et la clima­ti­sa­tion comme du confort super­flu mais l’été pour les longs trajets aura proba­ble­ment raison de mes réti­cences.

  • Nous avons des prête-noms aux élec­tions légis­la­tives

    Nous avons des prête-noms aux élec­tions légis­la­tives. Des gens dont le seul rôle est d’ins­crire un nom connu sur le bulle­tin mais qui ne comptent aucu­ne­ment siéger, qui lais­se­ront la place à un autre s’ils sont élus – et qui souvent l’as­sument.

    Et nous lais­sons faire.

    Pourquoi ?

    Le pire ce sont ces ministres d’un mouve­ment qui promeut le renou­vel­le­ment et que _pour respec­ter l’élec­teur_ ils seront démis de leur rôle si jamais ils échouent à se faire élire. Ce devrait être l’op­posé, arrê­ter d’être ministre juste­ment s’ils sont élus à un autre rôle !

    Se présen­ter c’est vouloir remplir le mandat demandé. Ce n’est pas « il faudra choi­sir » mais « en cas de réus­site, le choix est déjà fait ». Il suffit de mettre fin à tout mandat public incom­pa­tible exis­tant dès qu’on remporte une élec­tion – auto­ma­tique­ment, par la loi – et d’em­pê­cher d’en prendre un nouveau dans les 12 à 24 mois suivants.

    Ce n’est pas compliqué. Il suffit de le vouloir. Pourquoi accep­tons-nous encore que nos élus faussent les procé­dures démo­cra­tiques ?

  • Vous me deman­dez ce que j’en pense ? voilà

    Je suis triste à chaque fois que quelqu’un me fait passer un lien critique sur La Ruche pour me deman­der ce qu’il en est vrai­ment.

    Venez me parler en privé si vous voulez des détails ou des réponses sur un sujet ou un autre mais je vais donner ici l’es­prit géné­ral.

    Bien entendu ce qui suit n’en­gage et ne repré­sente que moi, d’au­tant que je ne travaille plus à La Ruche. Je n’ai pas non plus *la* vérité. Juste mon vécu.


    La Ruche s’est créée pour démo­cra­ti­ser les circuits courts, à l’aide de la tech­no­lo­gie. L’idée c’est que pour chan­ger la société qui nous entoure il faut embarquer tout le monde, et pas que les mili­tants convain­cus.

    Pour ça il faut faire des compro­mis. Pour toucher tout le monde il y a par exemple le choix d’avoir une offre large, quitte à ne pas avoir que du bio, quitte à y mettre de la viande, quitte à parfois devoir sour­cer un peu plus loin, quitte à s’ou­vrir à des trans­for­ma­teurs, etc. Pour toucher tout le monde il y a aussi le choix d’in­ves­tir dans la commu­ni­ca­tion, dans les outils, dans le logi­ciel, dans le person­nel, et de trou­ver du finan­ce­ment privé pour cela. Du coup oui, aussi, il y a une volonté d’ex­pan­sion, non seule­ment pour arri­ver à la masse critique qui permet que « ça fonc­tionne » mais pour juste­ment toucher tout le monde.

    On peut juger que ces compro­mis ne sont pas les meilleurs. On peut remettre en cause le choix de la démo­cra­ti­sa­tion. D’autres choix co-existent et c’est très bien ainsi ; ils sont complé­men­taires les uns des autres.

    Par contre à aucun moment je n’ai eu le moindre signe qui me fasse douter de l’in­ten­tion de l’en­tre­prise, des fonda­teurs ou des sala­riés. À aucun moment. Vrai­ment. Tous sont là pour parti­ci­per posi­ti­ve­ment à la société qui les entoure, convain­cus que les circuits courts y aidera.

    L’en­tre­prise est compo­sée de beau­coup de gens excep­tion­nels, souvent mili­tants, qui ne lais­se­raient proba­ble­ment pas passer la moindre action qui ne soit pas au béné­fice direct des produc­teurs, des respon­sables de ruche et des membres. En fait c’est peut-être moi qui passait pour le plus capi­ta­liste ou trop peu mili­tant par rapport au autres. Même les inves­tis­seurs privés, capi­ta­listes, sont partie inté­grante de ces choix sociaux.

    Critiquez les choix qui vous paraissent critiquables mais tout ce qui dépeint l’en­tre­prise comme non éthique ou comme fausse d’une façon ou d’une autre, est à mon avis tota­le­ment à côté de la plaque par rapport à ce que j’ai pu voir en interne – et je ne pense pas avoir pu manquer grand chose de majeur.


    Je pour­rais parler des heures des diffé­rents sujets et des critiques que je lis parfois sur le web mais je vais parta­ger une anec­dote :

    De nombreuses distri­bu­tions ont été annu­lées suite des atten­tats de Paris de novembre 2015. Certaines ont conti­nué à l’être par la suite.

    La seule préoc­cu­pa­tion de la réunion de direc­tion du premier jour ouvré suivant l’at­ten­tat n’était pas « la baisse de notre chiffre d’af­faire » ou « quelle commu­ni­ca­tion » mais « comment peut-on compen­ser le revenu des produc­teurs qui ont perdu ou vont perdre des ventes à cause des atten­tats ».

    De mémoire c’est fina­le­ment l’en­tre­prise mère qui a pris dans ses marges pour tenter de compen­ser partiel­le­ment le manque à gagner des produc­teurs.

    Pour moi ça veut tout dire.