« Combien faudrait-il gagner au loto pour assurer une rente à vie à toute la famille et oublier les contraintes financières ? »
La question de ce midi
Oui, parfois j’ai des occupations étranges.
Bon, forcément, ça dépend de la durée de la vie, du montant de la rente, du montant de l’inflation, du taux d’intérêt net qu’on peut attendre du capital, et de l’âge actuel du capitaine.
TL;DR: Il faut gagner bien plus que je ne l’anticipais.
Pour une rente égale au revenu médian pour chaque adulte (40 ans aujourd’hui) et la moitié pour les enfants (un, 10 ans aujourd’hui), une inflation moyenne de 2%, un taux d’intérêt net de 1%, et une vie jusque 100 ans, ça demande quand même un capital de 7 millions d’euros.
Si on s’amuse à pousser les curseurs ça peut monter très très vite.
En imaginant 3 revenus médians au lieu d’un seul (si on gagne au loto, c’est bien pour vivre dans le confort, faire des voyages et en profiter), un taux d’intérêt net plus conservateur de 0,5% (évitons les mauvaises surprises) et une vie jusque 120 ans (soyons très optimistes mais ce serait dommage de tomber à court avant d’être mort), ça monte à 39 millions d’euros.
Le point positif c’est qu’un grand gagnant à l’euro-millions a encore de quoi payer une grande villa avant de mettre en place sa rente.
Si ça vous amuse de jouer vous aussi, vous pouvez cloner cette feuille de calcul et modifier les valeurs des cases en jaune sur la première page.
On vous dira que les indemnités de licenciement sont identiques. C’est vrai mais ça ne dit que la moitié de l’histoire. La réalité est toute autre.
Le licenciement économique est très protecteur en France. Si on vous le propose et que vous avez au moins un an d’ancienneté, ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle en soi mais ça l’est par rapport aux alternatives. Si on ne vous le propose pas et qu’il y a un motif économique, vous avez probablement intérêt à lever vous-même la question, voire à l’exiger.
Quelques points de différence avec un licenciement classique (ruptures conventionnelles incluses) :
Rupture co.
Licenciement éco.
Indemnité de licenciement
standard
standard
Indemnité négociée
possible
possible
Durée d’attente
4 à 5 semaines pas de préavis
21 jours (hors préparation employeur) pas de préavis
Délai de carence
7 jours à 6 mois
aucun
Indemnisation chômage
57%
75%
Prime de reclassement
non
jusqu’à 5 mois de salaire
TL;DR:
Si tu as plus d’un an d’ancienneté et que tu penses mettre entre 1 et 24 mois pour commencer un nouvel emploi ou un projet de création d’entreprise, il est très probable que le licenciement économique soit bien plus avantageux pour toi.
Dans le cas contraire il y a un calcul à faire. Il est possible que l’intérêt d’un licenciement économique soit faible ou nul, mais il reste peu probable que le solde financier soit négatif.
Pour toute la suite je pendrais un exemple de développeur logiciel, cadre convention collective syntec dans une petite entreprise avec un salaire brut de 48 k€ annuels et 4 ans d’ancienneté. Il lui reste environ moitié de congés non pris au compteur (4 RTT + 12 CP).Il commencera un poste dans les 4 mois.
NDLA 1 :Aucun des calculs ne se prétend exact, ils sont uniquement là pour illustrer le scénario en donnant un ordre de grandeur. Faites-moi signe si vous voyez des erreurs ou des oublis.
NDLA 2 : Je ne suis pas expert du sujet et ce n’est pas mon métier. Je ne prétends pas à plus que donner une information et vous inciter à vous renseigner plus avant si ça vous semble important pour vous. Faites-moi cependant signe si vous voyez des erreurs ou des oublis.s
Indemnités de licenciement
L’employeur vous mettra en avant l’indemnité de licenciement. Elle est effectivement identique dans les deux cas, et assez réduite :
Rupture co.
Licenciement éco.
Théorique
⅓ de mois de salaire si > 2 ans d’ancienneté
⅓ de mois de salaire si > 2 ans d’ancienneté
Exemple
5 300 € (bruts)
5 300 € (bruts)
Indemnités de licenciement
Dans les deux cas vous êtes libres de négocier une indemnité supérieure avec votre employeur.
Le supplément, l’indemnité extra-légale, sera cependant convertie les délais de carence du Pole Emploi. Vous n’avez donc intérêt à en négocier une que si vous pensez réembaucher avant la fin des délais de carence du Pole Emploi.
Durée d’attente
Dans les deux cas, vous n’effectuerez pas le préavis de 3 mois prévu au contrat. Les durées d’attente correspondent aux temps de réflexion ou de validation des procédures.
Pour la rupture conventionnelle, il y a un délai de rétractation de deux semaines, plus un délai de validation de la direccte de deux semaines, plus un ou deux jours au milieu. Comptez 5 semaines. Ajoutez-y un premier entretien formel avant de pouvoir contractualiser l’offre. Si c’est l’employeur qui vous le propose il faudra aussi compter quelques jours pour que vous réfléchissiez, donc 1 mois et demi au total.
Pour le licenciement économique vous avez 21 jours de délai entre la notification et le licenciement lui-même, plus la préparation en amont côté employeur.
Rupture co.
Licenciement éco.
Théorique
4 semaines + entretien préalable
21 jours + préparation employeur (0 à plusieurs mois)
Exemple
1 mois et demi
1 mois du point de vue salarié + 2 semaines à 1 mois de préparation côté employeur
Délais d’attente
La préparation côté employeur est variable suivant qu’il s’agit d’une procédure individuelle ou collective, suivant la taille de l’entreprise, et suivant la bonne volonté des instances représentatives le cas échéant.
Un licenciement économique individuel dans une petite entreprise ne demande pas un délai de préparation vraiment significatif par rapport à une rupture conventionnelle (même si souvent l’employeur en fera une montagne pour vous en dissuader, et parfois en y croyant lui-même). Au final l’un ou l’autre sont assez similaires sur le délai.
Un licenciement économique collectif dans une grande entreprise peut effectivement prendre plusieurs mois (mais si vous lisez mon billet pour savoir quoi négocier, vous n’êtes probablement pas dans ce cas).
Délai de carence
On entre dans la partie « Pole Emploi » et c’est là que se logent les différences.
Sur une rupture conventionnelle vous avez déjà un délai de 7 jours francs, puis un différé d’indemnisation correspondant au nombre de congés non pris payés par votre employeur à votre départ. Ce sont autant de jours qui ne vous seront pas indemnisés par l’employeur (23 jours dans notre exemple, soit ¾ de mois d’indemnités chômage).
Si vous avez négocié une indemnité de licenciement extra-légale, elle génèrera un différé d’indemnisation supplémentaire elle-aussi, suivant une formule assez peu avantageuse pour les gens bien payés. Vous n’y aurez rien gagné (sauf à trouver un nouveau job avant la fin de ce différé d’indemnisation).
Sur un licenciement économique vous êtes indemnisé dès le premier jour, sans carence ni différé. Simple et efficace. Les éventuels congés payés vont directement sur votre compte en banque.
Rupture co.
Licenciement éco.
Théorique
7 jours + solde de CP et RTT
Aucun
Exemple
23 jours de non indemnisation
23 jours d’indemnisation (~ 2 250 €)
Délai de carence
Si vous ne pensez pas commencer immédiatement un nouveau poste dans le mois, vous venez déjà de perdre littéralement plusieurs milliers d’euros en acceptant la rupture conventionnelle.
Indemnisation chômage
Là c’est plus simple. L’indemnisation brute est de 57% du salaire brut de référence dans le cas de la rupture collective. Dans le cadre d’un contrat de sécurisation professionnelle (ce à quoi vous avez le droit dans le cadre d’un licenciement économique et plus d’un an d’ancienneté), la première année est indemnisée à 75% au lieu de 57%. 18 points ce n’est pas rien.
Rupture co.
Licenciement éco.
Théorique
57% du salaire de réf.
75% du salaire de réf.
Exemple (3 mois)
~ 6 800 €
~ 9 000 €
Indemnisation
Pour l’exemple, je compte 3 mois après les 23 jours du sous-titre précédent. On vient d’augmenter la différence entre les deux scénarios de plusieurs milliers d’euros supplémentaires.
Outre le financier, le contrat de sécurisation professionnelle ouvert par le licenciement économique vous fera probablement aussi accéder plus facilement à des formations. Il risque aussi de vous donner un encadrement plus serré, on aime ou on n’aime pas.
Prime de reclassement
C’est la grande oubliée. Dans le cadre d’un contrat de sécurisation professionnelle, si vous reprenez un travail durable ou un projet de création d’entreprise dans la première année, vous pouvez demander une prime de reclassement.
Il s’agit d’une prime qui correspond à la moitié des indemnisations restant à pourvoir au titre de la première année. Si vous trouvez un poste dans les 4 mois, on vous offre 3 mois d’indemnisation en prime (la moitié de 12 mois – 4 mois).
Rupture co.
Licenciement éco.
Théorique
(rien)
La moitié de l’indemnisation restante des 12 premiers mois
Exemple
0
9 000 €
Prime de reclassement
Théoriquement vous pouvez demander à la place une compensation de la différence entre votre nouveau salaire et votre ancien salaire. Faites le calcul mais la prime de reclassement est probablement plus intéressante.
Note : Le conseiller Pole Emploi ne vous parlera pas forcément, ou alors en ne vous proposant que la compensation de différence de salaire. S’il vous en parle il ne vous le rappellera pas forcément quand ce sera le moment, ou ne vous donnera les papiers que si vous les exigez explicitement vous-même. Pensez-y, d’autant que vous n’avez qu’un mois à compter de votre embauche pour faire la demande.
Un petit calcul
Dans mon exemple, la différence entre les deux scénarios est d’environ 13 500 € (bruts). Le vrai calcul dépendra de votre solde de congés payés et de la date à laquelle vous pensez retrouver un emploi ou initier un projet de création d’entreprise.
Rupture co.
Licenciement éco.
Indemnité de licenciement
5 300 €
5 300 €
23 premiers jours de chômage
0 €
2 250 €
3 mois suivants de chômage
6 800 €
9 000 €
Reprise après 3 mois et 23 jours
0 €
9 000 €
Total
12 100 €
25 550 €
Différence
13 450 €
Total
Il ne s’agit pas de rentrer systématiquement en confrontation avec l’employeur ni de chercher à le faire plonger alors qu’il est potentiellement déjà en situation difficile. Il ne s’agit pas non plus d’ignorer ce que ça veut dire pour le salarié, parce que c’est plus que significatif.
Maintenant voilà, vous avez un ordre de grandeur de la différence entre une rupture conventionnelle et un licenciement économique.
Exigez le licenciement économique
Si vous acceptez la rupture conventionnelle dans une situation où un licenciement économique serait théoriquement possible, c’est comme si vous faisiez un don de plusieurs milliers d’euros à votre employeur. Dans notre exemple on parle de 13 500 € (bruts) quand même.
Est-ce vraiment légitime ? Est-ce vraiment ce que vous souhaitez faire ?
Sinon exigez le licenciement économique, même si on ne vous le propose pas d’emblée, même si on vous dit que ce sera long et compliqué (parfois l’employeur le croit vraiment, parfois à tort), même si ça l’est vraiment (dans le cas d’une entreprise de plusieurs centaines de salariés avec des instances représentatives qui veulent bloquer).
Souvenez-vous que votre employeur, lui, ne vous aurait pas fait don de 13 500 € dans une situation similaire. Il le montre d’ailleurs très clairement s’il cherche à éviter le licenciement économique.
Et si on me propose une plus grosse indemnité ?
« Faites le calcul » mais n’oubliez pas qu’une indemnité extra-légale augmente d’autant le différé d’indemnisation. Ça n’a d’intérêt que si vous comptez retrouver un emploi avant la fin du différé d’indemnisation. Dans le cas contraire c’est surtout Pole Emploi qui profitera de l’indemnité, pas vous.
Une alternative, ça se faisait beaucoup pour les cadres avant l’existence des ruptures conventionnelles, c’est de faire un licenciement pour faute simple tout en sachant qu’il n’est pas motivé, et de faire un accord transactionnel dans la foulée pour compenser le licenciement irrégulier. Les sommes en jeu sont hors cotisations et hors différé d’indemnisation.
Cela dit il faut qu’on vous propose une grosse sur-prime pour que ce soit intéressant face à un licenciement économique. C’est peu probablement le cas (si ça coûte plus de 3 mois de salaire, l’employeur a aussi bien fait de faire ce licenciement économique, comme c’est détaillé plus bas).
Le coût pour l’employeur
Ne nous le cachons pas, ce n’est pas équivalent non plus pour l’employeur. Il y a un coût de préparation et un coût d’exécution.
La préparation pour une petite entreprise ça veut peut-être dire payer 1 000 € de conseil juridique pour bien confirmer et appliquer la procédure. Pour une entreprise de plusieurs centaines de salariés qui fait une procédure collective, il y a un coût interne d’occupation des ressources RH et légales ainsi que le coût humain d’une négociation avec les instances représentatives. C’est difficilement mesurables mais c’est important.
Ensuite c’est en partie l’employeur qui finance le contrat de sécurisation professionnelle proposé par le Pole Emploi. Au lieu de vous payer à exécuter votre préavis, l’employeur verse le même montant au Pole Emploi (3 mois de salaire brut dans notre exemple).
Ce n’est pas l’exact équivalent mais, pour faire court, si l’ex salarié gagne plus, c’est que l’employeur paye plus, avec un ordre de grandeur similaire.
Mais la boite risque de couler !
Est-ce vraiment le cas ? uniquement à cause des 3 mois de salaire qu’elle versera en plus à Pole Emploi ?
Possible, mais aussi peu probable malgré tout ce qu’on vous dira (nous sommes en période de covid, c’est encore moins probable en ce moment vue la facilité à avoir des aides sous forme de prêt pour justement éviter les dépôts de bilan). L’entreprise est-elle vraiment à ça du dépôt de bilan ? de « situation acceptable » à « on met la clef sous la porte » ?
Et si c’est le cas (soyez-en vraiment certains, ne vous contentez pas des dires de l’employeur, même si vous avez confiance en lui), êtes-vous prêts à faire un don de 10 à 15 000 euros pour que lui éviter ça ? Est-ce votre rôle plutôt que celui des actionnaires de la société ?
Et si vraiment la boite est à ça près, et que vous avez les moyens de donner cet argent nécessaire, et que vous seul pouvez le faire (pfiou, vous cumulez quand même, hein ?) : Est-ce que vous ne devriez pas ensuite en détenir une partie, soit pour récupérer des bénéfices quand elle en fera dans le futur, soit pour revendre ces parts plus tard quand la faillite sera évitée, soit pour, au pire, ne rien en faire mais avoir un droit de regard sur le futur ?
Bref, faites un licenciement économique puis donnez ensuite, si vous le souhaitez, la somme que vous voulez à l’entreprise, sous forme de prêt ou d’achat de capital. C’est quand même plus honnête et plus clair pour tout le monde.
La seule règle à retenir
Ne signez pas de rupture conventionnelle ou d’accord sans avoir fait vos comptes et avoir tous les éléments. Ne signez pas tant que vous n’êtes pas certain de vouloir le faire, avec tous les éléments en tête.
Prenez votre temps, prenez des conseils de tiers, démarchez un syndicat ou un représentant du personnel si besoin.
Quelle que soit l’urgence qu’on vous donne, vous ne devriez pas faire un gros cadeau à votre employeur sous la pression. Si vous le faites, faites le en conscience, volontairement, à tête reposée. Demandez du temps si vous en avez besoin.
Tant pis si vous vous êtes à moitié engagé avant de lire tout ça, ne signez pas juste parce que vous avez donné un accord oral auprès de quelqu’un qui ne vous a pas donné toutes les clefs de compréhension.
Même si vous avez signé, vous avez encore 15 jours de délai de rétractation. Utilisez-les, ils sont faits pour ça. Ce n’est pas une trahison : c’est l’utilisation légitime d’un temps de réflexion prévu à la procédure. L’employeur n’aurait, lui, aucun remord à utiliser un temps prévu pour, comme il le fait (à raison) quand il met fin à une période d’essai.
Je ne vois pas la différence entre une opinion religieuse et une opinion vestimentaire. […] Tant qu’on ne parle que de la foi elle-même, savoir si mon interlocuteur est catholique ou musulman m’intéresse presque autant que de savoir s’il préfère les t-shirt ou les chemises. Le voir exercer son culte me concerne autant que de savoir s’il porte la chemise dont on vient de parler.
Plus exactement, je ne fais pas de différence entre quelqu’un qui prie dans la rue et quelqu’un qui y fait son exercice de yoga.
Je ne fais pas non plus de différence entre quelqu’un qui me tend une invitation à une cérémonie religieuse ou un extrait de je ne sais livre sacré et quelqu’un qui me tend une invitation à un meeting politique ou prospectus à propos du nucléaire.
Je ne fais pas de différence entre quelqu’un qui choisit d’exclure le porc de son assiette pour des questions religieuses et quelqu’un qui choisit de l’exclure pour des questions éthiques vis à vis des animaux, qui exclut les produits de l’agriculture intensive sur des croyances sanitaires, ou qui exclut les OGM par peur des conséquences long terme.
Je ne fais pas de différence entre quelqu’un qui choisit une robe noire longue pour des questions religieuses et quelqu’un qui choisit la même robe parce que ça colle avec son affiliation gothique, ou une mini-jupe parce que ça colle avec sa vision de la libération de la femme.
Je ne fais pas de différence entre qui propose une loi qu’il croit intimement souhaitable parce que c’est enseigné ainsi dans sa religion et qui la propose en la croyant intimement souhaitable pour d’autres raisons morales ou éthiques.
Ce n’est pas que je n’ai pas d’avis sur tout ça, mais que le motif de la personne soit religieux ou non n’entre pas en considération. C’est sa conscience, pas la mienne.
Si nous avons des règles spécifiques sur le fait religieux, c’est essentiellement pour des raisons historiques. Parce qu’il le faisait par le passé et parce qu’il a un rôle particulier qui lui permet d’imposer ou d’interdire, il a fallu contraindre l’État. Il a fallu à la fois le contraindre à garantir la liberté de culte et lui interdire de prendre parti.
La laïcité c’est ça (et des questions pratiques sur comment opérer une séparation entre l’état et l’église, un peu comme la gestion des biens et des enfants après un divorce). Rien de plus.
La prière dans la rue n’est pas interdite (et c’est une bonne chose). Prêcher la bonne parole non plus (idem). La religion n’a pas plus à rester privée qu’une quelconque autre opinion.
Il s’agit de séparer le temporel et le spirituel, pas d’interdire ou de limiter ce dernier, y compris dans l’espace public.
On interdit par contre les discriminations, la violence envers autrui, la contrainte sur autrui. C’est ça qui est interdit, peu importe que ce soit pour des raisons religieuses ou non.
Ce qui est dit c’est simplement que votre religion ne vous ouvre aucun droit en plus, ne justifie rien ni en plus ni en moins aux yeux de la loi. Votre opinion religieuse n’est pas plus protégée des critiques qu’une quelconque autre. On s’assure juste que vous ayez le droit de l’avoir et pas de contrainte spécifique à l’exercer.
J’irai même plus loin. La croyance que dieu n’existe pas est une croyance religieuse (liée au rapport au divin). Je la traite exactement de la même façon que celles qui veulent qu’un ou plusieurs dieux existent.
Vouloir empêcher autrui de prier, de s’habiller, d’exprimer sa croyance, me semble aussi dommageable que vouloir forcer la prière, l’habit, ou l’expression d’une croyance.
J’avais fait un premier inventaire qui a pas mal circulé en avril. J’ai fini par l’arrêter, faute de temps, parce que les pratiques s’étaient (relativement) calmées quand la presse a commencé à s’en faire le relai.
J’ai aussi arrêté parce que mon objectif commençait à être mal interprété. Mon but n’était pas de créer une base exhaustive. Il aurait fallu trier en enquêtant sur chaque cas. Le nombre, le nom de certains des auteurs, la diversité et la crédibilité de certains témoignages me suffisaient à attirer l’attention sur l’existence d’un phénomène.
L’exercice n’était pas plaisant. Je ne pensais pas le recommencer. Et là je tombe sur suffisamment exaspérant pour au moins en faire quelques lignes. Cette fois-ci pas de débat, pas de petite histoire de la cousine sur twitter, mais ce n’en est que pire.
À Paris, les policiers viennent de verbaliser au pied du Tribunal la soeur d’une personne présentée en comparution immédiate, venue là pour remettre des pièces justificatives à l’avocat de la personne qui devait être jugée. Et ainsi meurt le droit. C’est lamentable.#Confinementpic.twitter.com/jcRlWpdYnB
[#ContrelaCovid] Nos policiers veillent à l’application des mesures sanitaires liées à la #COVID19.
Contrôle ce jour dans 2 hypermarchés de #Nantes pour s’assurer du respect des règles & de la fermeture des rayons non-essentiels. Verbalisation des clients démunis d’attestation. pic.twitter.com/EZhgkqBQ7Q
[#Covid19] …L’opération visait également à s’assurer que les clients des supermarchés étaient bien détenteurs de l’attestation de déplacement dérogatoire#TenirEnsemblepic.twitter.com/GS2b1iOaBK
Pourtant être dans un supermarché, s’il y a une chose de certaine, c’est bien que le déplacement est justifié au titre du confinement. Bon, ils n’ont pas auto-attesté qu’ils étaient là où on les a contrôlé alors ça ne compte pas. C’est bien ça l’important, non ?
Vous admirerez la synchronisation des préfectures de Loire-Atlantique et du Morbihan, et la fierté d’icelles au point d’en faire une opération de communication. Difficile d’arguer d’un simple dérapage des agents locaux.
PARIS – Manifestation contre la fermeture des urgences de l’hôpital Hotel-Dieu.
Les forces de l’ordre relèvent les identités des manifestants et annoncent des verbalisations pour leur rassemblement. pic.twitter.com/3EUhW3eU6Q
Je pourrais encore et encore me scandaliser des sorties de nos représentants en réaction au meurtre récent, toutes plus stupides et dangereuses les unes que les autres, et certaines foncièrement racistes ou xénophobes. Je pourrais expliquer et militer, encore et encore.
Mais surtout je ne comprends pas. Vraiment. Je ne comprends pas cette escalade.
Même en agrégeant une décennie d’attentats en France, nous arrivons à peine à quelques centaines de morts et rien — à part nos propres réactions politiques — qui ait réellement mis à mal nos libertés ou notre sécurité, du moins pas au regard des autres enjeux et des autres risques.
Ce n’est pas rien, ça mérite toute notre attention, mais des morts et des scènes horribles on en a eu d’autres. Une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint, avec plus d’une centaine de viols par jour, rien qu’en France, plus d’un demi-million sur la décennie. Cette mort là est particulièrement barbare mais ce n’est pas non plus unique, malheureusement.
Pour autant c’est ici que nous passons en mode bulldozer écrasant tout sur son passage. Nous faisons fi de toute raison ou de tout dommage collatéral.
Traitez-moi d’insensible ou de détaché mais vous auriez tort. Ce n’est pas un froid relativisme à partir d’une naïve comparaison de chiffres. Je ne cherche pas quel est le pire ni ne rejette l’horreur sous prétexte qu’il y a pire. Ça n’aurait aucun sens.
Si je remets en contexte c’est que je ne comprends simplement pas comment nous justifions des discours d’un tel renoncement à toute mesure, à nos libertés et à nos valeurs. Je ne comprends pas l’emballement de ces jours ci.
Notre président a plusieurs fois dit « nous sommes en guerre » par le passé. Nous venons effectivement de passer dans une logique de guerre, où tout devient possible, où la fin justifie les moyens, et où on accepte de mettre nos principes au placard.
Peut-être que ça va se calmer d’ici quelques jours. Je le souhaite. Je l’espère. Même dans ce cas, nous avons passé des lignes que je ne pensais pas voir de la part des personnes au pouvoir.
Un simple tweet de JL Mélenchon suite aux annonces de couvre feu du gouvernement.
Je ne discute pas le fond. Il est un des leaders de l’opposition, et est totalement fondé à dire ce qu’il pense des décisions politiques, qu’on soit d’accord ou pas avec lui. Il a même le droit de dire des bêtises.
S’en suit un article de France Inter qui contredit le chiffre. Ce ne sont pas 60% des contaminations mais 60% des contaminations dans des clusters identifiés, ce qui représente en réalité une très faible part des contaminations totales. Vrai problème : On n’a pas d’indicateurs sur les autres.
Les décodeurs du Monde font pareil moins d’une demie-heure ensuite. Leur article est déjà un peu plus dérangeant parce que les deux paragraphes de conclusion se basent sur des « le gouvernement estime désormais pertinent de … » et « le chef de l’Etat a par ailleurs revendiqué l’objectif de … », donnant un poids aux décisions politiques justement contestées par JL Mélenchon, mais sans les justifier par un quelconque chiffre de meilleure qualité que ceux avancés par JL Mélenchon.
Je suis assez gêné parce qu’entre un opposant qui sur-interprête le seul chiffre disponible et un gouvernement qui n’en donne aucun… on vient de sacraliser la position politique du gouvernement et de déclarer l’opposant comme un trublion qui ne se base pas sur les faits.
Ces journaux sont dans leur plein rôle à remettre de l’ordre dans des affirmations trop rapides. Pour autant, les remises en contexte ont elles aussi un impact politique à ne pas négliger. Le choix de ce qu’on dit ou ne dit pas n’est pas neutre.
Ce qui me gêne vraiment je l’ai vu ensuite. Quelqu’un a republié les dires de JL Mélenchon en capture d’écran sur Instagram.
Et là on saute dans une autre dimension. La parole de l’opposant politique, légitime à défaut d’être juste, se fait remettre en contexte par… un lien vers le site du gouvernement.
J’ai un peu mal. La question n’est pas qui a raison et qui dit des bêtises, mais comment on présente et contextualise tout ça.
Ce n’est pas comme ça que devrait se passer le débat politique public. On a du se planter quelque part.
Entre ceux qui hurlent au fascisme à chaque contrainte d’urgence sanitaire et ceux qui ne veulent pas libéraliser le télétravail là où c’est possible pour ne pas casser le lien social mais qui sont prêts à couper toute relation sociale hors du travail… je ne me retrouve nulle part.
Ok mais si tu es contre les mesures du gouvernement, tu proposes quoi ?
Honnêtement ce n’est pas que je sois contre, juste que je n’ai vu aucun chiffre ni aucune argumentation qui laisse penser que ça aura un effet à la hauteur du nécessaire.
Je sais qu’il faut viser un temps long. Notre président a parlé d’été 2021 mais même ce scénario est assez optimiste. Arrêter de nouveau le pays c’est une solution d’ultime recours.
Cela dit c’est facile d’interdire des trucs au fur et à mesure de la propagation de l’épidémie mais, si on ne veut toucher ni au travail ni aux études, ça finit par brasser beaucoup de vent.
Nous avions un trimestre pour préparer.
On aurait pu se dire que subventionner le matériel et les infrastructures qui permettent de télétravailler aux salariés qui le peuvent. Ça aurait été cher, mais probablement pas plus que du chômage partiel, et ça aurait été un investissement durable pour les entreprises, donc pas perdu pour l’économie.
On aurait pu en faire de même pour les étudiants et les enseignants, avec des équipements informatiques utilisables (pas ceux d’Ile de France), et des solutions 4G pour la connectivité. On a royalement prévu 5 000 postes (non, il ne manque pas de 0), autant dire rien.
On aurait pu établir un protocole pour faire un maximum de cours à distance aux lycéens et étudiants, tout en permettant à ceux qui ne le peuvent pas (isolement très fort, manque de place à la maison, manque de matériel, manque de compétences, suivi absolument nécessaire) de venir suivre ces cours distanciels dans les locaux (bien plus vides et donc moins risqués, y compris côté transports pour y aller) avec quelques recrutements ad-hocs supplémentaires pour cet accompagnement.
On aurait pu faire que le télétravail soit un droit pour les salariés dont le travail et les conditions personnelles le permettent, et les autoriser – éventuellement après confirmation des instances représentatives – à passer outre les réticences des managers ou de la direction, voire à forcer l’entreprise à investir dans un VPN et des outils pour ça. Ça ne concernerait pas tout le monde mais ça sera ça de moins, y compris dans les transports.
On aurait pu renforcer les offres de formation et de reconversion, quitte à les subventionner de façon massive. Si le travail ne tourne pas à plein régime, autant utiliser ce temps pour investir sur l’avenir.
C’est vrai aussi pour toutes les industries qu’on sait en déclin ou problématiques pour le climat. Plutôt que de subventionner leur activité pour la faire redémarrer à l’identique sur fonds publics, c’était l’occasion de jeter les premières pierres de transformation.
On aurait probablement pu et on peut encore probablement plein de choses, mais non. Peut-être pas ce que je propose (je n’ai peut-être pas vu tel ou tel problème majeur dans mes paragraphes précédents) mais imaginer des solutions de transformation.
Les transformations les plus profondes que j’ai vu passer, ce sont des peintures pour des pistes cyclables temporaires dans certaines agglomérations. Je ne critique pas, j’applaudis au contraire d’avoir transformé plutôt que juste interdit ou règlementé, mais c’est bien peu.
Nous avions un trimestre. J’ai envie de hurler parce qu’on n’a rien préparé à part de jolis discours pour dire qu’on était prêts.
J’ai envie de hurler mais je préfère me concentrer sur l’avenir. Nous avons encore du temps, plein de temps, trop de temps en fait parce que la situation risque de durer. Ce temps il serait bien de l’utiliser à autre chose que délimiter ce qu’on interdit au fur et à mesure de la propagation.
Je n’ai pas l’impression que nos réponses soient aujourd’hui à la hauteur des enjeux.
Sans entrer dans le poncif stupide de « transformons le désastre en opportunité », il y avait et il y a toujours une opportunité d’investissement et pas juste de « dépensons plus ».
J’ai lu des choses pas très roses vis à vis de Doctolib, sur ce à quoi les praticiens sollicités via Doctolib peuvent avoir accès. Des médecins qui auraient des comportements ou remarques déplacés en connaissant le nom ou le rôle des autres praticiens consultés.
Je ne me base pas sur des récits lus sur twitter et j’avais une raison personnelle supplémentaire d’en chercher plus alors j’ai fait une requête RGPD pour demander des informations ainsi que tout ce qu’ils peuvent détenir sur moi.
Ce (long) billet tente de résumer l’état en cours. Je le mettrai probablement à jour si ça avance significativement.
Bonjour,
Conformément aux règlementations en vigueur, je souhaite (1) un éclaircissement sur l’usage potentiel que s’autorise Doctolib avec mes données, et (2) la communication de l’intégralité des données attachées à ma personne qui sont traitée ou détenues par Doctolib ainsi que de ses filiales ou prestataires.
1. Éclaircissement
Votre politique de protection des données personnelle indique dans les traitements « Données appartenant au dossier médical que le Professionnel de Santé souhaite partager avec l’Utilisateur ou un autre Professionnel de Santé appartenant à l’équipe de soins du patient »
a- Des données personnelles ou de santé qui me sont rattachées peuvent-elles être échangées entre deux praticiens via Doctolib ?
Si oui, b- Ces transferts se feront-ils uniquement avec mon consentement préalable explicite ou peuvent-ils se faire sous un autre régime ? lequel ?
c- Serai-je systématiquement averti ? par quels moyens ?
d- Aurai-je via la plateforme en ligne ou un autre moyen une visibilité sur les informations me concernant qui sont échangées et avec qui ?
e- Quelle est l’éventuelle procédure pour s’y opposer ?
2. Communication
Je vous prie de me communiquer sous forme électronique et dans les délais légaux l’intégralité des données personnelles qui sont en votre possession ou en celles d’une de vos filiales ou d’un de vos prestataires. Cela inclut, sans s’y limiter, tout historique, tout journal de connexion, ainsi que toute qualification dans des catégories. Cela inclut aussi toute donnée médicale me concernant.
Les informations me concernant sont celles se rattachant directement ou indirectement à une ou plusieurs des données nominatives suivantes :
Si vous n’étiez pas en mesure techniquement ou légalement de me communiquer certaines données demandées, je vous prie de me communiquer les données restante ainsi que, pour chaque donnée que vous ne me communiquez pas, la nature de cette donnée et la raison de la non-communication.
En vous remerciant d’avance,
Email de requête initial, 10 septembre 2020
Leur réponse initiale :
Bonjour,
Nous accusons bonne réception de votre email et vous en remercions.
1. Sur le partage d’informations à un autre professionnel de santé appartenant à l’équipe de soins du patient, le professionnel de santé n’a pas besoin d’informer le patient ni de recueillir son consentement préalable car les informations sont réputées confiées par le patient à l’ensemble de son équipe de soins.
En revanche, l’échange d’informations à un professionnel de santé ne faisant pas partie de la même équipe de soins requiert le consentement préalable du patient.
Si vous souhaitez obtenir plus d’informations sur les transferts de données réalisés par votre professionnel de santé dans ce cadre, nous vous invitons à vous rapprocher de ce dernier.
2. Concernant l’accès à vos données personnelles :
Afin de préserver la sécurité de vos données personnelles, nous favorisons leur accès direct. Aussi, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Doctolib. Vous y trouverez l’ensemble des données pour lesquelles nous sommes responsable de traitement. Ces données seront conservées jusqu’à la suppression de votre compte Doctolib. Veuillez noter que votre praticien est susceptible de conserver ces données plus longtemps dans son propre système informatique.
Cordialement, Service juridique Doctolib
Première réponse de Doctolib, le 24 septembre 2020
En gros leur réponse c’est « niet ». Niet ils ne me diront rien sur le 1 et rien sur le 2. Ça ne me convainc sur aucun des deux.
Tout d’abord sur le 1 il répondent à côté. Ils ne me disent pas ce qu’ils permettent, et rejettent la requête sur d’autres. Je veux savoir ce qui passe ou pas par eux. Je pressens la suite, qu’ils vont jouer sur la notion d’équipe de soin. Je vais donc poser de nouveau la question plus explicitement :
1.a. Le fait d’avoir pris rendez-vous sur Doctolib ne suffisant pas à répondre à la définition de l’« équipe de soin » au sens de L1110–12, me confirmez-vous que les différents médecins que je contacte via Doctolib n’auront *pas* accès par défaut à la liste des autres praticiens que j’ai rencontré ou des autres rendez-vous que je peux avoir pris ?
1.b. Si toutefois votre interprétation diffère et que Doctolib considère tous les praticiens rattachés à un compte de patient comme formant de fait une équipe de soin tel qu’exprimé par L1110–12, merci de m’en informer explicitement.
Première partie de la relance suite à la première réponse, 24 septembre 2020
Idem pour l’information. Je ne suis pas convaincu par le « circulez, rien à voir, allez demander ailleurs ». Ce n’est pas mon interprétation du RGPD.
1.c Votre réponse est aussi incomplète. Si le médecin n’a pas à m’en informer, il doit, ainsi que tous les responsables de traitement, répondre à mes demandes au sens du RGPD. Les deux ne sont pas exclusifs et l’article L1110–12 ne retire explicitement aucune obligation du RGPD hors de la question des consentement. J’ai donc au moins droit à ces informations sur demande.
En tant qu’opérateur vous êtes aussi liés par ces mêmes obligations. Si un tel transfert ou un tel échange passe par Doctolib, considérant qu’il s’agit de données personnelles au sens du RGPD, quelle est la procédure pour obtenir communication de ces échanges de votre part ?
Si la procédure est une requête manuelle et explicite à la présente adresse, merci de considérer cet email comme une demande explicite et me communiquer les partages qui ont pu avoir lieu via votre intermédiaire, ou de m’informer de l’absence de dits partages par votre intermédiaire.
La possibilité d’avoir l’information via une demande aux médecins n’est pas exclusive de votre obligation de répondre vous-même à une telle requête.
Seconde partie de la relance suite à la première réponse, 24 septembre 2020
Sur le 2 j’ai la même impression de « circulez il n’y a rien à voir ». Il est évident qu’ils détiennent plus sur moi. Au grand minimum je suis dans des catégorisations, avec une date d’inscription, un groupement par cohorte, une date de dernière connexion et certainement tout un historique dans le journal de connexions.
Ils ne me donnent pas tout ce qu’ils ont malgré ma demande sur l’intégralité. Ça s’appelle un refus implicite. Comme j’ai très explicitement nommé les journaux de connexion, je ne peux pas croire à une erreur, ce refus est certainement volontaire. Assez mécontent de cette tentative de violation de mes droits, je relance donc aussi là dessus.
L’absence d’une simple donnée comme la date d’inscription du compte rend évident que le compte en ligne ne présente pas toutes les informations que vous détenez. N’avez-vous pas au moins des journaux relevés de connexion, informations telles que le nombre de recherches ou tentatives de prises de rendez-vous, qualification dans des catégories ou cohortes, etc. ?
Je vous confirme donc ma demande de me communiquer sous forme électronique *l’ensemble* de mes données personnelles et données rattachées, y compris celles mentionnées au paragraphe précédent *mais sans s’y limiter*. En vous remerciant,
Troisième et dernière partie de la relance suite à la première réponse, 24 septembre 2020
Je reçois ce jour (1er octobre) une seconde réponse suite à ma relance.
Ils citent mes questions, les questions (légèrement grisées) sont donc de moi et les réponses d’eux :
1.a. Le fait d’avoir pris rendez-vous sur Doctolib ne suffisant pas à répondre à la définition de l’« équipe de soin » au sens de L1110–12, me confirmez-vous que les différents médecins que je contacte via Doctolib n’auront pas accès par défaut à la liste des autres praticiens que j’ai rencontré ou des autres rendez-vous que je peux avoir pris ?
Conformément à l’article L1110–12 du code de la santé publique : « Pour l’application du présent titre, l’équipe de soins est un ensemble de professionnels qui participent directement au profit d’un même patient à la réalisation d’un acte diagnostique, thérapeutique, de compensation du handicap, de soulagement de la douleur ou de prévention de perte d’autonomie, ou aux actions nécessaires à la coordination de plusieurs de ces actes, et qui : […] 2° Soit se sont vu reconnaître la qualité de membre de l’équipe de soins par le patient qui s’adresse à eux pour la réalisation des consultations et des actes prescrits par un médecin auquel il a confié sa prise en charge« . En prenant rendez-vous sur Doctolib avec vos professionnels de santé, vous vous adressez à eux pour la réalisation de consultations médicales, ces derniers font donc bien partie de votre équipe de soin au sens de la loi.
Première partie de la seconde réponse de Doctolib, 1er octobre 2020
J’ai initialement pris ça comme une réponse « ils ont accès à la liste des rendez-vous » mais après discussion sur Twitter je me rends compte qu’ils évitent encore une fois de répondre explicitement en ce contentant de dire que tous les praticiens que je consulte font de fait partie de l’équipe de soin.
Le fait de volontairement ne pas répondre à la question, par deux fois, tout en justifiant que ça pourrait légalement, me fait dire que « oui », ou qu’ils veulent éviter de dire « non ». Je vous laisse vous faire votre idée.
Pour ma part je serais très étonné que cette interprétation soit l’esprit de la loi. Si la notion d’équipe de soin couvre tout le monde, y compris des praticiens consultés pour des éléments totalement différents, la notion d’équipe de soin n’a pas grand sens.
C’est d’autant plus vrai que le 2° qu’ils citent inclut « se sont vus reconnaître […] par le patient » et je n’ai rien reconnu du tout.
Toujours est-il que j’ai leur interprétation. Je n’ai aucune chance de faire changer d’interprétation leur département juridique via retour de mail donc je laisse ce point. Je me contente de leur préciser mon intention, pour qu’ils ne puissent plus se réclamer d’une reconnaissance implicite ou d’interpréter mon intention :
[…] Il me semble abusif de considérer une reconnaissance de membre de l’équipe de soin du 2° de façon implicite.
Toutefois, plutôt que de débattre du passé, allons au plus simple : Merci donc de noter que, jusqu’à nouvel ordre, je déclare explicitement que je ne reconnais PAS une équipe de soin unie dans les différents praticiens que je consulte. Je refuse donc tout partage et toute visibilité entre praticiens qui ne serait pas imposée par la loi.
Cette information vous étant connue à partir de ce jour, merci donc de prendre désormais les mesures nécessaires à la protection de mes données personnelles, et de me confirmer quand ces actions auront été prises.
Première partie de la relance suite à la seconde réponse de Doctolib, 1er octobre 2020
On verra s’ils m’informent de quoi que ce soit de changé.
1.c […] Si un tel transfert ou un tel échange passe par Doctolib, considérant qu’il s’agit de données personnelles au sens du RGPD, quelle est la procédure pour obtenir communication de ces échanges de votre part ? Si la procédure est une requête manuelle et explicite à la présente adresse, merci de considérer cet email comme une demande explicite et me communiquer les partages qui ont pu avoir lieu via votre intermédiaire, ou de m’informer de l’absence de dits partages par votre intermédiaire. La possibilité d’avoir l’information via une demande aux médecins n’est pas exclusive de votre obligation de répondre vous-même à une telle requête.
Doctolib n’agit qu’en qualité de sous-traitant pour le compte des professionnels de santé, responsables de traitement. Il s’agit d’informations liées à votre prise en charge par votre professionnel de santé et il appartient donc à ce dernier de vous informer du potentiel transfert de vos données à d’autres membres de votre équipe de soin. Nous vous invitons à vous rapprocher de votre professionnel de santé afin d’obtenir l’information recherchée.
Seconde partie de la seconde réponse de Doctolib, 1er octobre 2020
Bref, là j’ai un refus explicite de me communiquer des informations qu’ils peuvent avoir sur moi. Étrangement (ou pas), cette non communication n’était pas signalée dans leur première réponse, bien que je l’ai demandé explicitement dans ma requête. De quoi m’agacer.
Toujours est-il que je ne souscris pas à leur analyse qu’en tant que sous-traitant il n’ont pas à répondre à mes requêtes directes. J’en doute très fort, d’autant que j’ai créé un compte directement chez eux avant de prendre un rendez-vous chez le médecin. La relation que j’ai avec eux est directe.
J’ai acté explicitement leur refus de communication, en leur demandant de me prévenir s’ils changeaient d’avis avant la fin du délai légal (parce que bon, un refus explicite de communication, je ne vais pas laisser passer).
2. […] Je vous confirme donc ma demande de me communiquer sous forme électronique *l’ensemble* de mes données personnelles et données rattachées, y compris celles mentionnées au paragraphe précédent *mais sans s’y limiter*.
Pour accéder aux journaux et relevés de connexion, merci de bien vouloir nous fournir tout élément permettant de confirmer votre identité : copie d’une carte d’identité, passeport, ou tout autre élément prouvant votre identité.
Troisième et dernière partie de la seconde réponse de Doctolib, 1er octobre 2020
En dehors de ça ça n’a aucun sens. Mes données sont rattachées au compte en ligne créé, à l’email utilisé pour cela, et aux informations que j’y ai rempli. S’ils ont validé mon email, ils n’ont jamais validé mon état civil. Avoir copie de mon passeport ne leur donne aucune information fiable leur permettant de savoir si ce sont mes données.
Ils ont déjà la preuve que nous échangeons via l’email utilisé pour enregistrer le compte, qui permet aussi de récupérer un mot de passe et donc l’accès au compte. Ils ont aussi mon téléphone s’ils veulent une confirmation par un second canal. Ils peuvent aussi me demander une authentification sur mon compte en ligne. Il est hors de question que leur donne des informations personnelles en plus (la preuve de mon état civil, dont ils n’ont aucun besoin).
Ils commencent par me dire qu’ils m’ont tout donné alors que ce n’est pas le cas, puis après relance me refusent certaines informations et me demandent des conditions pour les autres (que finalement ils avaient). Ça commence à bien faire !
J’ai donc reconfirmé ma demande et mon refus de leur donner plus d’informations personnelles que ce dont ils ont besoin pour l’exécution de ma demande. On verra le résultat.
Mis à jour 1 : Mes aventures sur Twitter ont attiré l’attention de la CNIL qui m’a demandé de créer une plainte chez eux, ce que j’ai fait. J’ai eu très peu après une notification que le dossier a été ouvert chez eux, avec un point de contact.
Ça peut être long, ou ne rien donner du tout. J’essaierai de penser à mettre à jour ici si/quand j’ai des nouvelles concrètes.
Mise à jour 2 (février 2021) : Aujourd’hui je repère un encart « Mon équipe soignante » en bas de ma page Doctolib. Y sont deux médecins que j’ai consulté et un labo auprès duquel j’ai fait des analyses.
(il n’y a qu’une entrée sur l’image parce que je n’ai pensé à faire la capture d’écran qu’après avoir retiré les deux premières)
Note : Je ne sais pas de quand date cet encart. Je ne l’avais pas repéré en septembre dernier et suis assez confiant qu’il n’était pas présent. Nos discussions avaient tourné en bonne partie autour de cette notion et la présence de cette fonctionnalité n’a jamais été mentionné, ni n’a fait partie des données personnelles communiquées lors de la demande d’accès.
Cette association n’est évidemment pas de mon fait et n’a pas été faite avec mon accord ou même en m’en informant. C’est justement le sujet sur lequel je demandais des éclaircissement et contre quoi je me battais.
J’en conclus que :
J’avais raison d’avoir des craintes à ce propos. Ils ont fini par explicitement définir une équipe de soin à partir des différentes consultation.
Ils dépassent le statut de sous-traitant puisqu’ils font d’eux-mêmes des associations entre praticiens impossible à faire si chaque praticien n’a accès qu’à ses propres données.
Ils constituent cette équipe automatiquement sans demande ni consentement alors qu’elle peut avoir des implications légales fortes en termes de partage de données (voir leurs réponses d’octobre à ce sujet)
Ils ont constitué une équipe pour moi malgré un refus explicite de ma part.
Bonjour,
Lors d’une requête d’information au titre du RGPD en octobre 2020, vous m’aviez fait quelques réponses sur la notion d’équipe de soin et de votre interprétation à ce niveau.
Aujourd’hui j’ai constaté un encart en bas de ma page Doctolib nommé « Mon équipe soignante ». Cet encart était rempli avec deux praticiens et un laboratoire. Cette « équipe » n’est pas un simple historique : Elle ne contient pas tout mon historique, consultable par ailleurs, et j’ai pu en retirer des items.
A. Je n’ai pas jamais fait constitué ou donné mon accord à la constitution d’une telle équipe ou à la notion même d’équipe
B. La constitution de cette équipe ne peut relever de votre activité de sous-traitant au regard du RGPD puisque vous m’aviez vous-même explicitement répondu que
> « Sur Doctolib, chaque professionnel de santé avec lequel vous prenez rendez-vous dispose de sa propre fiche patient. Cette fiche reste attachée à un professionnel de santé et n’est pas directement consultable par un autre professionnel de santé avec lequel vous auriez pris rendez-vous via Doctolib. » Seuls vous avez donc pu faire le lien entre les différents praticiens pour créer cette entrée et la maintenir, et êtes le responsable de traitement à ce titre. C. Suite à ma requête précédente, voyant l’ambiguité de certaines de vos réponses sur ce sujet et le risque associé pour mes données, je vous avais informé d’un refus explicite :
> « Merci donc de noter que, jusqu’à nouvel ordre, je déclare explicitement que je ne reconnais PAS une équipe de soin unie dans les différents praticiens que je consulte. » Pour autant vous avez choisi de créer, après ce refus, une telle équipe sans m’en informer explicitement et sans mon consentement. * * *
Cette notion d’équipe soignante peut avoir des conséquences lourdes sur le traitement et le partage de mes données personnelles, dont des données médicales sensibles. Vous avez-vous même cité les passages législatifs concernés dans nos précédents échanges, ainsi que les possibilités qu’ils offrent. Aussi, je vous demande de :
1. Puisqu’elle comporte mes données personnelles, me confirmer de quand date la constitution de cette notion d’équipe soignante au sein de Doctolib. Par exemple la date de création de la fonctionnalité, ou la date du premier ajout dans cette liste
2. Si vous vous considérez responsable de traitement au titre du RGPD pour cette fonctionnalité, me communiquer :
a. les règles d’ajout dans cette liste (puisqu’elle ne contient pas tout l’historique de mes praticiens)
b. que les preuves de mon consentement ou les motifs pour vous dispenser de ce consentement
c. l’explication sur la non prise en compte de mon refus préalable explicite, tel que le prévoit le RGPD
3. Si vous vous considérez sous-traitant au titre du RGPD pour cette fonctionnalité, me communiquer :
-a. quel praticien exact en serait responsable de traitement dans mon cas personnel
-b. confirmation que vous ne lui avez pas transmis d’information qui ne viendrait pas de lui-même (c’est à dire qu’il a dû obtenir de lui-même par un autre moyen le fait que j’ai consulté deux autres praticiens et qu’il les a lui-même entré dans une interface auquel il a accès en tant que responsable de traitement)
-c. ou à défaut les motifs et consentements qui vous ont autorisé à lui transmettre ces informations sans mon accord et malgré un refus préalable explicite
Je vous prie de me transmettre l’ensemble de ces informations par écrit en détaillant l’ensemble des points (1, 2.a à 2.c, 3.a à 3.c), ce dans le délai légal d’un mois à compter de cette demande du 4 février 2021.
Les données nécessaires à répondre à ma demande sont les suivantes: – Identifiant de compte : xxxxx.xxxx@xxxxx.xx
Alors déjà vw et vh prennent en compte les barres de défilement. J’ai perdu l’habitude sous mac mais elles prennent encore de la place à l’affichage sous windows.
Du coup, comme ma page est plus longue que l’écran, j’ai une barre de défilement verticale sur le côté. 100vw + la barre de défilement, c’est plus que l’écran. Mon bloc dépasse donc sur le côté.
J’ai deux solutions : 100%, qui regarde la taille d’affichage disponible (donc sans les barres de défilement) ou window.innerWidth en javascript qui fait la même chose.
Dans les deux cas je ne veux pas que la taille de mon contenu « saute » en fonction de la longueur de ma page. Le plus simple est de forcer l’affichage de la barre de défilement verticale même dans les très rares cas où je n’en aurai pas besoin.
Je ne me préoccupe pas de la barre de défilement horizontale. Normalement je ne devrais jamais en avoir sur une page web.
La barre de navigation
Sur les smartphones les navigateurs proposent désormais une barre de navigation escamotable. Elle est visible quand on arrive sur la page, disparait quand on défile vers le bas, réapparait quand on défile vers le haut.
C’est un bon compromis entre le besoin d’un écran sans rien au milieu et le besoin d’avoir accès à la barre de navigation. Reste que « tout l’écran » peut vouloir dire trois choses :
Tout l’écran de départ, quand il y a la barre, quitte à ce que ça ne prenne plus tout l’écran quand la barre disparait.
Tout l’écran possible, quitte à ce que ça dépasse de l’écran quand la barre est visible.
Tout l’écran disponible, et donc une taille qui change suivant que la barre est visible ou non.
Mon bloc doit prendre tout l’écran au démarrage de la page, et je ne veux pas que quoi que ce soit bouge dans la page simplement parce qu’on défile verticalement. Je cherche donc dans la solution 1.
J’ai deux outils pour ça :
100vh en CSS, qui correspond à la taille n° 2 (sans la barre)
window.innerHeight en Javascript, qui correspond à la taille n°3 (adaptatif) avec un événement « resize » quand la barre apparait ou disparait
Idéalement ma solution c’est « 100vh moins la taille de la barre ».
Malheureusement la taille de la barre ne fait pas partie des variables d’environnement CSS. On a la taille des encoches des écrans iPhone mais pas la taille de la barre qui concerne pourtant quasiment tout le monde.
La seule solution que j’ai trouvée c’est au démarrage faire un <div> de 100vh, regarder la taille qu’il a, retrancher window.innerHeight, et stocker ça dans une variable CSS.
Je ne crois pas vous avoir déjà parlé de Choosy et pourtant je ne saurais plus m’en passer.
Ce petit utilitaire remplace le navigateur par défaut dans la configuration système et se charge de rediriger vers le bon navigateur en fonction des règles que vous lui aurez donné.
Chez moi ça me permet de séparer efficacement le pro et le perso.
Le lien vient de slack ? navigateur pro. Le lien est vers twitter ? navigateur perso. Le lien est vers un domaine pro ? navigateur pro. Le lien contient le nom de la boite ? navigateur pro. Ça vient du terminal ? je l’utilise pour les deux, ça laissera le choix du navigateur à chaque fois (mais rien que l’écrire me fait dire que ça mériterait que j’utilise deux app de terminal différentes pour faciliter la séparation).
On peut filtrer en fonction du lien (domaine, mots clefs, expression rationnelle), de l’application source, de la présence d’une touche appuyée lors de l’appel sur le lien, des navigateurs déjà en train de tourner… et si vraiment on le souhaite il est possible de présenter les différents navigateurs possible pour laisser choisir au cas par cas.
Si ce n’est pas deux navigateurs, Choosy est capable de lancer le lien sur des profils différents dans Chrome.
Un paiement unique de 10 $ pour ne pas avoir des onglets persos dans les onglets pro parce que j’ai cliqué sur un lien pendant la pause, ça les vaut largement.