Auteur/autrice : Éric

  • Signez avec votre sang

    Je vois tout le monde autour de moi signer ses contrats de travail les yeux fermés en véri­fiant juste le salaire.

    Je vois mes contrats mais je conseille aussi souvent des tiers sur le sujet. Je suis effaré des pratiques des dépar­te­ments RH.

    Tout y est fait à sens unique, pour contraindre le sala­rié et proté­ger l’en­tre­prise. Je ne vois pas comment on peut avoir envie de travailler avec un employeur après avoir lu le contrat de travail et vu à quel point il est déséqui­li­bré, faisant porter tous les risques sur le sala­rié.

    On parle de confiance et de colla­bo­ra­tion mais le texte dit tout l’op­posé.


    Les réponses que j’ai, que ce soit de la part des employés ou des employeurs, reviennent en géné­ral à dire « oui mais c’est appliqué intel­li­gem­ment », « c’est unique­ment en cas de problème » ou « l’ap­pli­ca­tion litté­rale ne passe­rait pas les Prud’­hommes de toutes façons » voire « ce serait trop complexe à décrire » ou « si ça pose problème on pourra toujours démis­sion­ner ».

    Mais alors juste­ment, si on sait qu’on ne va pas appliquer le texte, pourquoi ne pas cher­cher une formu­la­tion perti­nente dès le départ ? sauf si l’in­ten­tion est bien de réser­ver la possi­bi­lité de s’en servir un jour, soit comme menace soit comme outil de pres­sion.

    Les effets ne sont pas théo­riques. Il s’agit de se retrou­ver en insé­cu­rité au moindre problème ou dès que la confiance n’est plus là. De façon géné­rale, il s’agit de se retrou­ver dans un rapport de force défa­vo­rable qui va inci­ter à accep­ter, subir ou renon­cer des choses qu’on n’au­rait pas accepté, subie ou renoncé si faci­le­ment. Dans les cas les plus forts ça peut se finir en un licen­cie­ment non souhaité ou dans des condi­tions peu enviables, voire dans des demandes de dommages et inté­rêts aux Prud’­hommes.

    Alors quoi ?

    Je sais bien qu’on n’a pas toujours les moyens de se battre, ni l’en­vie, ni la compé­tence, ni le rapport de force pour ça. Moi aussi j’ac­cepte des clauses que je trouve illé­gi­times et sacré­ment problé­ma­tiques dans mes contrats de travail.

    Il y en a d’autres que parfois — souvent — j’ar­rive à faire évoluer. Certaines que je refuse de signer.

    Ce que j’ima­gine c’est un site, peut-être un forum, où on peut glis­ser certaines clauses types, lais­ser chacun copier la sienne, permettre de voir les formu­la­tions problé­ma­tiques et exces­sives, mais aussi avoir des armes pour prendre exemples sur les formu­la­tions plus équi­li­brées qu’ont certains pairs.

    Bref, j’ai­me­rais outiller le rapport de force contrac­tuel.


    De quoi parle-je ?

    De la clause de mobi­lité « France entière » alors que vous n’êtes en rien un VRP ou amené à bouger autre­ment que ponc­tuel­le­ment dans le poste qui est prévu. Quelles condi­tions aurez-vous s’ils ferment le bureau de Bordeaux ? Saurez-vous prou­ver que la demande de vous trans­fé­rer à Paris n’entre pas dans un rapport de force pour vous faire taire, vous punir ou vous forcer à la démis­sion ?

    De la clause de confi­den­tia­lité qui s’étend sur à peu près tout jusqu’à la façon de travailler, au contenu des produits et services, et au menu de la cantine, alors qu’on vous demande en paral­lèle de colla­bo­rer avec des clients, des parte­naires, des candi­dats au recru­te­ment voir à du public. Bien évidem­ment vous aurez à parler de ce que vous faites mais tout pourra arbi­trai­re­ment vous êtes repro­ché ensuite, au bon vouloir de l’em­ployeur et suivant ses propres critères. Saurez-vous prou­ver que le licen­cie­ment est un prétexte pour autre chose de tout à fait légi­time ? Avez-vous la garan­tie qu’un chan­ge­ment de contexte, de direc­tion ou de stra­té­gie ne risque pas de vous repro­cher une prise de parole passée vu qu’en théo­rie tout était déjà inter­dit à l’époque ? Saurez-vous résis­ter à la pres­sion d’éven­tuelles demandes de dommages et inté­rêts, fussent-elles illé­gi­times, basées sur le péri­mètre large de la clause ?

    De la clause de non concur­rence, telle­ment impré­cise ou large que l’em­ployeur pour­rait vous repro­cher n’im­porte quel nouvel employeur après coup suivant des critères arbi­traires et chan­geants ? Comment faites-vous pour éviter de faire concur­rence à une société qui dit « inter­agir avec des données commer­ciales » ?

    Toujours de la clause de non concur­rence, où l’em­ployeur se réserve parfois la possi­bi­lité d’y renon­cer plusieurs mois après la rupture, empê­chant de fait de répondre aux solli­ci­ta­tions mais sans jamais avoir la compen­sa­tion finan­cière corres­pon­dante. Et l’in­dem­nité, est-ce qu’elle doit être à 40% ? 30 % ? 20% ? Peut-elle inclure les autres indem­ni­tés de licen­cie­ment et de congés payés ?

    De la clause d’ex­clu­si­vité qui peut empê­cher d’écrire, de colla­bo­rer à une asso­cia­tion même de façon béné­vole, d’écrire du logi­ciel open source ou d’y contri­buer sur son temps libre, de se faire payer pour quoi que ce soit à côté.

    De…


    « oui mais c’est appliqué intel­li­gem­ment »

    La version alter­na­tive est « fais-nous confiance ». Je trouve ça hypo­crite.

    Si la démarche est de bonne foi (et je suis convaincu qu’en géné­ral elle l’est), alors tentons une formu­la­tion intel­li­gente équi­li­brée dès le départ, et faisons effec­ti­ve­ment confiance pour que l’es­prit en soit respecté sans cher­cher tous les cas limite.

    Il n’y a pas de secret : Souvent c’est « pour se couvrir » parce que juste­ment il n’y a pas de confiance. Ce n’est ni illo­gique ni illé­gi­time. On ne sait pas quelle sera la rela­tion dans le futur et il se peut que la confiance casse. C’est d’ailleurs pour ça qu’on fait un écrit.

    Main­te­nant si l’in­ten­tion est là, il faut le lire des deux côtés : Il est anor­mal et illé­gi­time de deman­der à l’em­ployé de faire confiance sur une clause déséqui­li­brée et déme­su­rée si elle est juste­ment prévue pour le cas où la confiance est rompue. C’est unique­ment en cas de problè­me…

    « c’est unique­ment en cas de problème »

    Parce que, bien évidem­ment les textes sont là unique­ment en cas de problème. Là où il n’y a pas de problème il n’y a pas besoin de se réfé­rer au contrat.

    C’est juste­ment parce que ça sert en condi­tion de problème et de conflit qu’a­voir une clause équi­li­brée et précise est impor­tant.

    Ce qu’on dit c’est que, au moindre problème, l’em­ployé est pieds et poings liés. Est-ce ça le message qu’on veut envoyer ?

    Géné­ra­le­ment ça veut aussi dire qu’en cas de problème tiers, pas forcé­ment lié à la clause discu­tée, l’em­ployeur va pouvoir arbi­trai­re­ment piocher à volonté dans le contrat de travail pour trou­ver plein de contraintes et viola­tions. Il s’y donne des outils arbi­traires de pres­sion et de rétor­sion. Même quand ce n’est pas l’in­ten­tion de départ – et je veux bien croire que ça l’est rare­ment – j’ai vu plusieurs cas où ça a été utilisé ainsi au final.

    « ce serait trop complexe à décrire »

    Et pour­tant, il va bien falloir l’ap­pliquer cette clause dont la formu­la­tion est exagé­ré­ment large. Il y a quelqu’un qui va devoir l’in­ter­pré­ter pour savoir ce qui est fina­le­ment possible ou non. Dans les mauvais scéna­rios il y aura des conseillers prud’­ho­maux qui vont devoir décrire les limites et équi­libres.

    S’il est effec­ti­ve­ment infai­sable de décrire ce qui est en réalité possible ou non, on a un problème là, dès main­te­nant. Je ne vois pas comment on peut attendre que le sala­rié sache de lui-même ce qu’il faut réel­le­ment respec­ter si le respon­sable légal de l’en­tre­prise est lui-même inca­pable de l’ex­pli­ci­ter par écrit.

    Si en réalité il est possible de décrire les choses correc­te­ment (bien entendu que c’est possible), alors insé­rer une formu­la­tion exagé­ré­ment large sert surtout à faire peur à l’em­ployé, à espé­rer qu’il se retien­dra plus que néces­saire, ou à pouvoir arbi­trai­re­ment lui repro­cher ce dont on jugera gênant après-coup.

    « l’ap­pli­ca­tion litté­rale ne passe­rait pas les Prud’­hommes de toutes façons »

    Si les deux premières réponses peuvent être de bonne foi, Cette réponse passe dans ma caté­go­rie « malveillance ».

    Si on sait que c’est inap­pli­cable, il n’y a aucune bonne raison de l’écrire. Si on sait que l’in­ter­pré­ta­tion légale sera restric­tive, il n’y a aucune bonne raison de ne pas rete­nir la formu­la­tion restric­tive dès le départ.

    Non ça ne revient pas au même. Ça veut dire que l’em­ployeur a une base pour faire pres­sion, pour se battre aux Prud’­hommes, et pour mettre une insé­cu­rité signi­fi­ca­tive sur l’em­ployé en cas de problème futur.

    Et puis, « inap­pli­cable » revient souvent à dire « illé­gal ». L’em­ployeur est en train de dire qu’il est prêt à inscrire des choses illé­gales, qu’il sait comme telles et dont il sait qu’elles ne seront donc pas appli­cables, et ce à votre détri­ment soit pour s’en servir quand même soit parce qu’il consi­dère que les droits du sala­rié sont de peu d’in­té­rêt face à son proces­sus d’en­tre­prise. Est-ce vrai­ment la rela­tion qui mérite d’être initiée ?

    Même ce qui ne passe pas les Prud’­hommes, je vous assure qu’être ou pas en viola­tion formelle d’une clause du contrat change tout pour le sala­rié, que ce soit nerveu­se­ment ou sur le rapport de force.

  • 10% d’al­ter­nants

    Parmi ces enga­ge­ments, 7 500 alter­nants en 2021 essen­tiel­le­ment sur des métiers tech­niques, soit 10% des effec­tifs français (77 000 sala­riés) de l’in­dus­triel éner­gé­tique, contre 7% en 2019. Cela repré­sen­tera un double­ment de la propor­tion d’al­ter­nants par rapport à 2016 (4,5%). « Après leur alter­nance, nous nous enga­geons à recru­ter la moitié de ces jeunes en CDI, déclare Pierre Deheu­nynck, mais le problème est d’ac­cé­der à eux. »

    http://voila-le-travail.fr/engie-veut-10-dalter­nants-en-2021-paru-dans-centre-inffo-le-29–01–2020/

    10 % ? Ça en dit long sur l’em­ploi des seniors.

    Pour en avoir 10 %, que fait-on des alter­nants quand ils prennent de l’ex­pé­rience ?

    Parce que dans la vie d’un sala­rié passé par l’al­ter­nance, cette alter­nance repré­sente entre 4 et 7 % de la vie profes­sion­nelle (2 à 3 ans d’al­ter­nance puis 42 à 45 ans de travail post alter­nance). Même en consi­dé­rant que tout le monde fait 3 ans d’al­ter­nance – ce qui est évidem­ment faux – et que le gouver­ne­ment renonce à l’âge pivot – pas de commen­taire – on ne devrait pas dépas­ser les 7 %.

    Arri­ver à 10 %, surtout si on promet les embauches, veut dire ne pas garder les plus vieux et trou­ver un moyen de s’en débar­ras­ser.

    Comp­tant que de plus on est très loin d’avoir 100% de parcours en alter­nance en France, ça veut clai­re­ment dire un énorme déséqui­libre où les plus vieux n’ont pas d’exis­tence.

    À un moment il va falloir qu’on fasse des choix de société, savoir si on veut faire travailler les gens plus vieux ou pas.

  • 117 milliards d’eu­ros

    — La fortune de Bernard Arnault est esti­mée à 117 milliards. Vous vous rendez compte de combien ça fait ? Ça permet de redis­tri­buer […] euros à […] pendant […] ans !

    — Ça n’est pas compa­rable ! Ça ne permet pas de manger. On ne mange pas des actions !

    Diable ! Bien sûr que ça se compare. C’est même tout le prin­cipe de la monnaie.

    Non on ne mange pas les actions, pas plus qu’on ne mange les billets et les pièces (enfin pas moi). On est juste en train de défi­nir une valeur d’échange commune qui permet­tra ensuite d’ob­te­nir de la bouffe (ou autre chose).

    C’est un peu comme la fameuse compa­rai­son de 1 kg de plomb à 1 kg de plumes. Certes ça fait beau­coup de plumes, mais on peut bien compa­rer les deux et ça pèse bien autant.

    Ici c’est la même chose. La monnaie c’est la mesure pivot. Si on a pour 117 milliards d’eu­ros d’ac­tions, ça « vaut » par défi­ni­tion autant que 117 milliards d’eu­ros de petits pois ou 117 milliards d’eu­ros en rési­dences secon­daires. C’est exac­te­ment ce que ça veut dire.

    Tant qu’il y a à la fois des gens qui veulent vos actions et des gens qui veulent se sépa­rer de bouffe, réfri­gé­ra­teurs, machines à laver & co, l’éco­no­mie permet d’échan­ger tout ça.

    — Ce sont des titres, pas des espèces ! Ça n’a rien à voir !

    Je crois que c’est la réponse la plus WTF qu’on m’ait faite.

    Nous payons avec des titres tous les jours, pour ache­ter le pain à la boulan­ge­rie ou nos légumes au marché.

    Ça fait long­temps que la mani­pu­la­tion d’es­pèces n’est plus le seul moyen de paie­ment. Aujourd’­hui on utilise massi­ve­ment des CB, encore un peu des chèques, mais aussi des tickets restau­rants, des bons d’achat, des cartes prépayées, etc.

    Tout ça est lié à des comptes en banques, qui eux même ne sont pas des gros coffres avec la même valeur en billets et en pièces.

    Et d’ailleurs, même quand on paye avec des billets et des pièces, ce n’est plus la valeur du papier ou du métal qui compte, mais ce qu’il y a écrit dessus. Oui, on a bien un titre, qui peut être échangé ailleurs contre autre chose.

    Refu­ser de consi­dé­rer la valeur des titres dans notre société moderne, c’est vrai­ment un argu­ment insensé. On peut éven­tuel­le­ment appliquer une décote liée l’ab­sence de liqui­dité mais on parle là unique­ment d’un coef­fi­cient sur la valeur qu’on attri­bue au patri­moine, ça ne remet nulle­ment en ques­tion le prin­cipe.

    — On ne peut pas ache­ter du pain et du fromage avec !

    Non, on ne peut pas, ou pas faci­le­ment. L’époque du troc est termi­née depuis long­temps.

    Par contre on peut vendre une action à quelqu’un qui veut l’ache­ter, et ache­ter du pain et du fromage avec ce qu’on a eu en échange. La monnaie et l’éco­no­mie moderne c’est exac­te­ment ça.

    Est-ce qu’on peut vendre 117 milliards d’eu­ros d’ac­tions ? Le volume d’échange trimes­triel est bien au-delà de 30 000 milliards d’eu­ros. Ça passe inaperçu.

    Est-ce qu’on peut vendre les 117 milliards d’eu­ros d’ac­tions LVMH de Bernard Arnault ? En consi­dé­rant que tout est en actions LVMH, ce qui est proba­ble­ment faux, ça repré­sente la 50% de la société. En une fois ça parait impos­sible.

    Il s’échange toute­fois 60 milliards d’eu­ros d’ac­tions LVHM chaque année. Mettons qu’on peut augmen­ter les échanges de 5% sans provoquer une panique, on peut tout solder en 40 ans. Évidem­ment on peut aller plus vite si on accepte d’avoir une influence notable sur les cours (certai­ne­ment à la baisse).

    Main­te­nant, si on veut s’ache­ter du pain et du fromage, on peut aussi se conten­ter des divi­dendes. De 2012 à 2018 LVMH a distri­bué des divi­dendes chaque année, pour une somme repré­sen­tant quelque chose comme 3,5% de la valeur moyenne de l’ac­tion sur l’an­née (je n’ai pas le chiffre exact, j’ai un ordre de gran­deur moyen calculé au jugé à partir de courbes).

    Sur 117 milliards ça fait 4 milliards par an, en espèces sonnantes et trébu­chantes cette fois ci. Un sacré plateau de fromages.

    — Mais c’est vola­tile, ça peut ne rien valoir demain !

    Les inves­tis­seurs n’étant pas fous, ils tiennent compte de ça dans la valo­ri­sa­tion qui fonde leurs inten­tions d’achat et vente, donc dans le cours de bourse. Bref, c’est déjà inté­gré dans le calcul (en même temps que les espoirs de gains, parce qu’en ce moment LVMH semble plutôt au contraire croitre vite).

    Mais, surtout, allez dire ça aux fonc­tion­naires qui voient leur point d’in­dice gelé. Ils vous explique­ront que même les euros n’ont pas une valeur si constante que ça en vue d’une conver­sion en pains et fromages.

    Allez aussi voir les Espa­gnols, qui vous explique­ront la varia­tion de la valeur de leur maison. Allez voir les Chypriotes, qui ont vu une ponc­tion massive sur tous leurs comptes en banque pour éviter la faillite de ces dernières. Tiens, parlez aussi aux grecs (d’un peu tout).

    Bref, oui, les valeurs asso­ciées aux choses changent avec le temps. La bourse est plus vola­tile que certains autres biens ou services mais ce n’est pas comme si le reste était stable. Les proba­bi­li­tés sont diffé­rentes mais les espoirs aussi. Comme nous disions, la valo­ri­sa­tion tient déjà compte de tout cela.

    Et bon, on parle de vendre, donc les risques futurs concernent surtout les ache­teurs, pas le vendeur. Si vrai­ment ça ne valait rien, je suppose que de toutes façons Bernard Arnault n’au­rait pas de quoi se plaindre si on l’en spoliait ;-)


    Note : Bien entendu qu’on ne propose concrè­te­ment pas de spolier Bernard Arnaud et liqui­der arbi­trai­re­ment son patri­moine de 117 milliards d’eu­ros là comme ça de but en blanc. La cita­tion géné­rique d’ori­gine permet de prendre conscience de ce que repré­sentent les nombres, puis discu­ter de répar­ti­tion et accu­mu­la­tion des richesses, de mérite indi­vi­duel, et du modèle de société que nous voulons.

  • « Infra­s­truc­­ture vélo » – L’évo­lu­tion

    Vous rappe­lez-vous le premier billet sur l’in­fra­struc­ture vélo à côté de chez moi ?

    Ça fait depuis fin août que ça dure. Oh, ça évolue, mais c’est pire à chaque étape, de plus en plus dange­reux. Petite rétros­pec­tive pour rire (ou pas) :

    1er septembre – Celui de droite débouche sans préve­nir à contre­sens au milieu d’une voie de circu­la­tion auto­mo­bile 😱
    11 septembre : On connait désor­mais l’in­ten­tion de l’ur­ba­niste. Le cycliste de droite doit bel et bien faire 10 mètres à contre­sens au milieu de la circu­la­tion puis tour­ner pour prendre le passage piéton afin de traver­ser les rails et rejoindre l’autre sens de circu­la­tion 😱, sans signa­li­sa­tion 😱
    26 novembre : Il y a eu deux étapes.
    1/ Ajou­ter un joli poteau au milieu de la piste, dont la couleur se confond tota­le­ment avec les noir et blanc du bitume 😱
    2/ Prolon­ger le sépa­ra­teur de la voie de droite pour la couper sans préve­nir et avec un marquage qui incite à se le prendre en plein avec le risque de tomber sous les roues de la voiture en face 😱😱
    2 décembre : La voie de gauche n’était pas assez dange­reuse alors on a déplacé le poteau en plein milieu, toujours aussi invi­sible 😱😱
    Main­te­nant il y a égalité, on risque l’ac­ci­dent grave quel que soit le sens de circu­la­tion 😱
    6 décembre : Ce long sépa­ra­teur sans terre-plein était dange­reux aussi pour les voitures alors eux on leur a mis une signa­li­sa­tion. Ce n’est malheu­reu­se­ment pas une solu­tion pour les cyclistes, quand bien même on le verrait sur fond de passage piéton.

    Entre trois et quatre mois pour ça… Oui les collec­ti­vi­tés et le respon­sable des travaux ont été aler­tés. On voit d’ailleurs bien qu’ils agissent.

    Cela dit, comme ils réus­sissent à faire de plus en plus dange­reux à chaque étape, j’en viens presque à me deman­der s’il n’est pas mieux de tout lais­ser en l’état.

  • Usage des données person­­­nelles par France Info et France Télé­vi­sion

    En pour­sui­vant votre navi­ga­tion sur ce site, vous accep­tez l’uti­li­sa­tion de cookies pour vous permettre de parta­ger du contenu via les boutons de partage de réseaux sociaux, pour vous propo­ser des publi­ci­tés ciblées adap­tées à vos centres d’in­té­rêts et pour nous permettre de mesu­rer l’au­dience.

    Bandeau en haut de page sur meta-media.fr

    Pardon ? Ai-je bien lu ?

    Alors j’ai fouillé et ce n’est pas beau à voir. Chaque point est à ma connais­sance une viola­tion du RGPD.

    Les fautes sont graves et massives. Elles néces­sitent proba­ble­ment au moins de suppri­mer toutes les données dont on ne peut pas prou­ver qu’elles ont été obte­nues sans vice de consen­te­ment. Il est aussi possible que consi­dé­rant l’am­pleur des données concer­nées, un signa­le­ment offi­ciel de l’ano­ma­lie à la CNIL soit néces­saire de la part du respon­sable de trai­te­ment.

    Ce qui suit concerne France Info et France Tele­vi­sion, et proba­ble­ment une majo­rité des sites du même groupe.

    1/ Manque de consen­te­ment préa­lable

    Lors de l’ac­cès à la page d’ac­cueil de France Info, sans réali­ser aucune inter­ac­tion clavier ni aucune inter­ac­tion souris (pas de clic, pas de dépla­ce­ment de souris au dessus d’élé­ments, pas de défi­le­ment de la page), le site fait des appels à xiti, chart­beat, urba­nair, et face­book avec des iden­ti­fiants uniques.

    Cela veut dire qu’ils opèrent au mini­mum des collectes et trai­te­ments de mesures d’au­dience (et proba­ble­ment des collectes en vue de person­na­li­sa­tion futures) avant d’avoir un quel­conque consen­te­ment, qu’il soit impli­cite ou expli­cite.

    Depuis mai 2018, le RGPD impose pour­tant un consen­te­ment préa­lable avant tout trai­te­ment de données person­nelles, hors certains cas légi­times qui ne peuvent pas inclure la mesure d’au­dience ou la person­na­li­sa­tion de conte­nus, ni la parti­ci­pa­tion à du pistage par des tiers (Face­book).

    Je ne prends pas en compte ici les appels aux régies de publi­cité et autres bases de données de rela­tion client. Il est possible (voire probable) que ces services fassent du pistage et/ou de la person­na­li­sa­tion mais je ne peux pas m’en assu­rer.

    2/ Manque de consen­te­ment expli­cite

    Un bandeau appa­rait à la première visite avec l’in­for­ma­tion suivante :

    « En pour­sui­vant votre navi­ga­tion sur ce site de France Télé­vi­sions, vous accep­tez l’uti­li­sa­tion de cookies et traceurs servant à mesu­rer l’au­dience, à person­na­li­ser votre expé­rience et vous consen­tez à rece­voir de la publi­cité et des offres adap­tées à votre profil. »

    Sur meta-media.fr j’ai un message simi­laire :

    « En pour­sui­vant votre navi­ga­tion sur ce site, vous accep­tez l’uti­li­sa­tion de cookies pour vous permettre de parta­ger du contenu via les boutons de partage de réseaux sociaux, pour vous propo­ser des publi­ci­tés ciblées adap­tées à vos centres d’in­té­rêts et pour nous permettre de mesu­rer l’au­dience. »

    Tout ou partie des usages décrits néces­sitent un consen­te­ment expli­cite et éclairé de la part des personnes concer­nées depuis la mise en place du RGPD en mai 2018.

    La pour­suite de navi­ga­tion ne peut être consi­dé­rée comme un consen­te­ment expli­cite et éclairé suivant les termes du RGPD. Les collectes corres­pon­dantes sont donc viciées.

    3/ Impos­si­bi­lité de refus de consen­te­ment

    Quand on souhaite confi­gu­rer ses consen­te­ments, l’ou­til proposé n’offre pas de refus possible pour la caté­go­rie « réseaux sociaux », quand bien même ils sont « suscep­tibles d’iden­ti­fier les données de connexion et de navi­ga­tion de l’in­ter­naute ».

    Cette infor­ma­tion a été confir­mée par les conseillers gérant le compte twit­ter :

    Cette impos­si­bi­lité de refu­ser des trai­te­ments annexes les met là aussi très certai­ne­ment en viola­tion du RGPD mais ce n’est pas tout :

    4/ Faux à l’en­re­gis­tre­ment des consen­te­ments

    Si l’uti­li­sa­teur ne se voit pas propo­ser d’op­tion pour refu­ser le consen­te­ment, cette option est bien présente. Elle est juste cachée.

    Comme elle est acti­vée par défaut, la vali­da­tion de la page de consen­te­ment, même pour ceux qui ont conscien­cieu­se­ment tout désac­tivé, enverra un consen­te­ment posi­tif expli­cite au registre des consen­te­ment.

    Plus qu’une absence de choix expli­cite, France Tele­vi­sion produit un faux consen­te­ment posi­tif. On dépasse à mon sens les erreurs d’im­plé­men­ta­tions. Il y a là trom­pe­rie et produc­tion de faux.

    5/ Absence d’in­for­ma­tion

    Vous ne pouvez pas vous oppo­ser au trai­te­ment des réseaux sociaux dans l’ou­til, il enre­gis­trera tout de même un consen­te­ment posi­tif expli­cite alors que vous ne l’avez pas donné, mais il y a une infor­ma­tion qu’on pour­rait s’op­po­ser à certains de ces cookies sur la page « poli­tique de gestion des cookies et sdk ».

    Sur cette longue page, on voit effec­ti­ve­ment en défi­lant qu’il existe un « sdk » pour Twit­ter. Aucun lien ou procé­dure n’est toute­fois donné pour s’y oppo­ser.

    Ce défaut d’in­for­ma­tion est d’au­tant plus gênant que les équipes connaissent ces liens et savent les donner quand une personne sait que c’est un problème et le signale :

    6/ Collecte et trai­te­ment malgré refus de consen­te­ment

    Après avoir refusé expli­ci­te­ment tous les consen­te­ments sur les inter­faces, France Info et France Tele­vi­sion conti­nuent pour­tant la collecte et le trai­te­ment des données.

    Ainsi, bien que les mesures d’au­dience soient expli­ci­te­ment refu­sées, des appels partent encore à Xiti, New Relic (la partie audience et mesures), Global Stats coun­ter, Outbrain et Google Tag.

    Ici encore, je ne prétends pas faire une liste exhaus­tive et je ne prends pas en compte plusieurs pres­ta­taires du domaine publi­ci­taire dont il m’est impos­sible de confir­mer s’ils font ou pas du pistage par iden­ti­fiant unique et/ou de la person­na­li­sa­tion (même si c’est probable).


    Le DPO de France Tele­vi­sion a été informé par email.

    Mouais… Pauvre Benoît Pelle­tier… Il y a un peu de diffé­rence entre l’au­to­pro­mo­tion et la réalité.

    Réponse de France Tele­vi­sion

    J’ai eu une réponse le 14 février. Je ne vais pas dire que c’est rapide, mais j’ai telle­ment de réponses qui prennent parfois 2 mois quand je parle données person­nelles, que j’en viens presque à trou­ver ça posi­tif.

    La réponse l’est moins. Extrait :

    Les déca­lages obser­vés dans la gestion des cookies et autres traceurs sur les sites visés (meta-media.frfran­cet­vinfo.frfran­ce­te­le­vi­sions.fr) par rapport aux nouvelles lignes direc­trices de la CNIL en la matière ont bien été iden­ti­fiés, et les correc­tions néces­saires inté­grées à notre plan de mise en confor­mité dans les délais requis par la CNIL.

    Lors de la présen­ta­tion de son plan d’ac­tion sur le ciblage publi­ci­taire pour l’an­née 2019–2020, la CNIL a en effet indiqué que son ancienne recom­man­da­tion du 5 décembre 2013 rela­tive aux cookies et autres traceurs était deve­nue obso­lète suite à l’en­trée en appli­ca­tion du RGPD, en ce qu’elle permet­tait le recueil du consen­te­ment de l’uti­li­sa­teur via la simple pour­suite de sa navi­ga­tion. Sa déli­bé­ra­tion du 4 juillet 2019 prévoit ainsi la fin de la pour­suite de la navi­ga­tion comme moyen d’ex­pres­sion du consen­te­ment. Afin toute­fois de lais­ser aux éditeurs de sites le temps néces­saire à l’adap­ta­tion tech­nique de leurs sites, la CNIL prévoit une période de mise en confor­mité à ses nouvelles règles, qui pren­dra fin à l’ex­pi­ra­tion d’un délai de six mois suivant l’adop­tion défi­ni­tive de sa recom­man­da­tion sur les moda­li­tés pratiques de recueil du consen­te­ment, dont le projet est actuel­le­ment soumis à consul­ta­tion publique jusqu’au 25 février 2020.

    Cette posi­tion de la CNIL est un vrai problème. Elle n’a aucun pouvoir ni légis­la­tif ni judi­ciaire et son pouvoir admi­nis­tra­tif ne l’au­to­rise en rien à donner un sauf-conduit sur l’ap­pli­ca­tion de la loi française ou euro­péenne (et donc du RGPD qui est appli­cable depuis mai 2018 au niveau euro­péen et enté­riné dans la loi française en juin 2018).

    Ce qui est en viola­tion du RGPD reste illé­gal et punis­sable auprès des tribu­naux, quand bien même la CNIL renon­ce­rait à faire dili­gence sur sa propre mission admi­nis­tra­tive.

    Malheu­reu­se­ment les éditeurs se servent des lenteurs de la CNIL et d’un texte de 2013, pré-RGPD, comme paravent pour s’exo­né­rer de leurs obli­ga­tions. Ces fumis­te­ries doivent prendre fin très rapi­de­ment !

    Je ne compte même pas la mauvaise foi :

    Dans cet inter­valle, nous conti­nuons à travailler sur l’amé­lio­ra­tion de la gestion des traceurs utili­sés sur nos sites. Celle-ci se heurte à certaines contraintes tech­niques impo­sées par des tiers comme Face­book, dont les cookies font l’objet d’une infor­ma­tion des utili­sa­teurs sur les moyens de s’op­po­ser à leur utili­sa­tion via les liens présents dans notre poli­tique de gestion des cookies, et non direc­te­ment dans notre gestion­naire de cookies.

    Je tiens aussi à vous infor­mer que pour remé­dier à certaines de ces diffi­cul­tés, et proté­ger davan­tage les données person­nelles de nos utili­sa­teurs, nous avons pris la déci­sion de mettre un terme à l’usage du « social login » (le dispo­si­tif permet­tant de créer un compte utili­sa­teur via son compte de réseau social) avec Face­book et Google sur les sites fran­cet­vinfo.fr et france.tv.

    Il y a peu de chances que le retrait des créa­tion de compte via un four­nis­seur d’iden­tité tiers (Face­book, Google) ait été motivé pour limi­ter la collecte de données person­nelles. En tout cas reti­rer une fonc­tion­na­lité qui ne peut être que ponc­tuelle, volon­taire et expli­cite de la part du visi­teur et en paral­lèle lais­ser les traceurs invi­sibles de la même source sans donner de moyen simple de s’y oppo­ser… j’ap­pelle ça être hypo­crite.

  • Usage des données person­nelles par Engie

    J’ai reçu un email de pros­pec­tion commer­ciale d’En­gie et je me suis fendu un cour­rier pour savoir d’où venaient mes données person­nelles et quel usage il en était fait.

    6 décembre : Envoi du cour­rier. Ils ont léga­le­ment un mois pour répondre.
    27 décembre : Accusé de récep­tion de la demande (oui, 3 semaines pour ça).
    6 janvier : Toujours aucune réponse, expi­ra­tion du délai légal.

    Ils viennent de me faire un refus impli­cite de réponse à une requête formelle d’ac­cès aux données, reçue et actée par eux. #aie

    Aujourd’­hui, 13 janvier, j’ai un appel télé­pho­nique lié à ma requête. J’y obtiens les infor­ma­tions suivantes :

    • Mes données viennent de mon ancien contrat GDF, rési­lié en janvier 2017 (avant l’en­trée en vigueur du RGPD, donc).
    • Ils gardent les données des anciens clients pendant 5 ans après rési­lia­tion, pour raisons comp­tables.

    Ils justi­fient l’ab­sence de suppres­sion de mes données (qui devrait être la norme) en arguant d’obli­ga­tion comp­tables et légales. Pourquoi pas.

    Je sens venir le hic et il est confirmé expli­ci­te­ment dans la suite de la conver­sa­tion :

    • Les anciens clients sont gardés en base et trans­for­més en pros­pects.
    • L’email commer­cial que j’ai reçu a été envoyé aux pros­pects. Je l’ai reçu à ce titre.

    Engie refuse donc suppres­sion des données et profite de cette réten­tion pour en faire un usage commer­cial bien que les fina­li­tés ne sont en rien corré­lées. #aie bis

    On discute un peu plus utili­sa­tion des données person­nelles. Ils me confirment expli­ci­te­ment que :

    • J’ai bien refusé la trans­mis­sion de mes données à des tiers.
    • J’ai bien refusé l’uti­li­sa­tion de mes données pour des offres de parte­naires.
    • S’ils m’ont envoyé cet email de pros­pec­tion commer­ciale c’est parce que la case « contact possible pour des contrats éner­gie » était dans sa valeur « par défaut ».

    Et là je tique une seconde fois.

    Je ne sais pas pourquoi ma coche « contact possible pour des contrats éner­gie » était dans l’état par défaut. Je ne suis même pas capable de savoir si cette coche m’était acces­sible. Comme je n’ai plus de contrat chez eux, je n’ai plus accès à une quel­conque inter­face pour le savoir – et encore moins pour le modi­fier.

    Ils disent par contre impli­ci­te­ment qu’ils s’au­to­risent les contacts commer­ciaux tant qu’ils n’ont pas un refus expli­cite. Hors rela­tion contrac­tuelle et à défaut de tout compte actif (il ne l’est pas, j’ai essayé de m’iden­ti­fier sur le site et ça m’est refusé cause rési­lia­tion), le RGPD impose pour­tant exac­te­ment l’op­posé. #aie ter

    J’ai demandé à avoir leur réponse par écrit, on verra.

    Engie, entre temps, tu as un problème avec le respect le plus basique des données person­nelles de tes anciens clients.


    Réponse par écrit le 20 février

    Soit deux fois et demi après le délai légal. La réponse est plus courte que celle obte­nue par télé­phone mais pas meilleure :

    1/ Ils y listent mes coor­don­nées person­nelles mais aucune autre infor­ma­tion. Lors de l’échange télé­pho­nique ils avaient pour­tant au mini­mum des détails sur mes contrats passés, mes échanges avec eux, une caté­go­ri­sa­tion clien­tèle, ainsi que les dates et statuts des diffé­rents consen­te­ments. Il y a refus impli­cite de me donner l’in­té­gra­lité des données deman­dées.

    Je les soupçonne d’avoir aussi d’autres histo­riques de connexion, de consom­ma­tion, et d’autres infor­ma­tions de profi­lage mais ça je ne peux pas le prou­ver aujourd’­hui.

    2/ Ils consi­dèrent la pros­pec­tion commer­ciale comme un inté­rêt légi­time permet­tant de se passer de consen­te­ment expli­cite au sens du RGPD, quand bien même je ne suis pas/plus client de leurs services.

    « Comme mentionné dans cette poli­tique, le trai­te­ment de vos données person­nelles à des fins de pros­pec­tion commer­ciale est fondé sur l’in­té­rêt légi­time du respon­sable du trai­te­ment et ne requiert donc pas le recueil du consen­te­ment des personnes concer­nées. »

    À ma connais­sance, c’est tota­le­ment hors péri­mètre du RGPD pour ce qui est des pros­pects. C’est d’au­tant plus vrai pour les données collec­tées avant l’ap­pli­ca­tion du RGPD, dont le consen­te­ment peut diffi­ci­le­ment être consi­déré comme impli­cite.

    3/ Ils m’en­voient le lien vers leur poli­tique de protec­tion des données person­nelles. Malheu­reu­se­ment elle indique expli­ci­te­ment « Vous pour­rez toujours gérer les solli­ci­ta­tions commer­ciales que vous souhai­tez rece­voir ou non […] En plus, sur tous les canaux digi­taux (mail, SMS), Nous vous deman­dons systé­ma­tique­ment votre accord via des consen­te­ments. »

    Indé­pen­dam­ment de la protec­tion légale mini­male, le fait de se passer de consen­te­ment entre donc une viola­tion expli­cite de la poli­tique de confi­den­tia­lité décla­rée auprès des tiers.

  • [Grève et RATP] Rembour­sez !

    On a parlé ((trop) longue­ment) des l’im­pact du finan­ce­ment de la RATP suite aux grèves.

    Discus­sion de départ : Le service étant non rendu, serait-il légi­time de rembour­ser le verse­ment trans­port aux entre­prises pour les mois concer­nés* ? ou plus géné­ra­le­ment de dimi­nuer les subven­tions et paie­ment de la collec­ti­vité à la RATP.

    Et ma grande ques­tion : Pourquoi et qu’en atten­drait-on ?


    Pour une entité publique comme la RATP ça me parait plus diffi­cile. La réduc­tion du finan­ce­ment peut avoir plusieurs effets :

    1. On créé une dette sans rien toucher par ailleurs (et la dette reste donc à vie, gonflant avec les inté­rêts).
    2. On améliore la gestion et la produc­ti­vité pour compen­ser la perte ;
    3. On dimi­nue le service, idéa­le­ment d’abord là où ça coûte cher par rapport au service rendu ;
    4. On fait un report sur les tarifs des périodes hors grèves de façon à ce que ça compense les moindres finan­ce­ment quand il y a grève.

    Je mets d’of­fice de côté le (1) qui n’a aucun sens.

    Le (2) me gêne aussi. Cher­cher des amélio­ra­tions est un travail perma­nent, forcé­ment déjà en cours. Réduire le budget n’y chan­gera rien et peut même limi­ter les marges de manoeuvre néces­saires à la trans­for­ma­tion.
    Si on pense que la contrainte budgé­taire peut forcer la trans­for­ma­tion, cette poli­tique peut être menée indé­pen­dam­ment des grèves actuelles (et l’est déjà, c’est comme ça que fonc­tionnent nos poli­tiques publiques, avec des effets pas toujours heureux). Les sujets ne sont donc pas liés.

    Même réflexion avec le (3). Si on pense que le ratio béné­fice/coût de certains services est trop faible, on peut déjà prendre les déci­sions adéquates indé­pen­dam­ment de la grève.
    Réduire le service apporté hors grève n’ai­dera ni à termi­ner la grève actuelle ni à éviter une future grève. Ce d’au­tant moins que la grève n’est pas liée à un conflit interne à la RATP

    Reste le (4) mais si ce sont les mêmes personnes qui paient en temps normal et qui évitent de payer en cas de service non rendu lors des grèves, même indi­rec­te­ment, j’échoue à voir l’in­té­rêt de l’ar­ti­fice comp­table.

    Alors quoi ? J’en­tends ceux qui veulent respon­sa­bi­li­ser, mettre des limites et des sanc­tions, mais j’échoue à voir quelle est la rétro-action qui soit limi­te­rait soit la grève actuelle soit de futures grèves natio­nales simi­laires en cas de réduc­tion de finan­ce­ment de la RATP.

    Les prin­cipes c’est bien mais il ne faut pas en perdre le sens.


    Sanc­tion­ner une entité publique est déjà diffi­cile à la base. Vu que l’en­tité est censée être pilo­tée par nous et à notre unique béné­fice, ça revient vite à se tirer dans le pied.

    C’est encore plus vrai ici. On parle d’une grève, donc de sala­riés dont on retire déjà le salaire des jours concer­nés et qui sont (à raison) proté­gés par la loi contre toute autre action à leur encontre. On manque de leviers sur les acteurs.

    On parle en plus d’une grève natio­nale liée à une réforme natio­nale. L’en­tité de trans­port à peu de moyens d’ac­tion. Elle ne peut même pas promettre des condi­tions plus favo­rables vu que c’est juste­ment ce qu’on leur retire. On manque de leviers sur les causes.

    Au final j’échoue à comprendre comment reti­rer des moyens finan­ciers à la RATP va permettre aux usagers de moins sentir les effets de cette grève ou d’une future grève natio­nale liée à des enjeux hors RATP.


    Le seul levier que j’en­vi­sage côté RATP est d’ac­cé­lé­rer forte­ment les auto­ma­ti­sa­tions de lignes pour éviter de futures baisses de finan­ce­ment lors des grèves.

    Malheu­reu­se­ment, impos­sible de mener une telle poli­tique avec des baisses de finan­ce­ments. Il faudrait au contraire des augmen­ta­tions massives.

    Et quand bien même, c’est un faux calcul. Jamais on ne laisse une entité publique avec le fruit de ses inves­tis­se­ments. Si les marges de manœuvres s’amé­liorent, on les réin­ves­tira ailleurs (et poten­tiel­le­ment dans des baisses de subven­tions).

    Si le sujet est inté­res­sant, une baisse de finan­ce­ment aujourd’­hui ne sera pas un réel moteur (par contre un espoir de meilleur service ou d’éco­no­mies futures, oui).


    S’il y a des leviers ça peut être entre la région (qui paye) et l’État (qui gère). On peut envi­sa­ger la baisse des finan­ce­ments de la région et des entre­prises à la RATP incite l’État soit à aban­don­ner sa réforme actuelle soit à inves­tir massi­ve­ment pour réduire les effets d’une future grève.

    Le premier effet me semble tota­le­ment irréa­liste. Le second serait réaliste si l’État n’avait pas de toutes façons moyen de contraindre les montants des finan­ce­ments et si les inves­tis­se­ments d’au­to­ma­ti­sa­tion n’étaient pas déjà en cours. Bref, choux blanc


    Où fais-je erreur ? Voyez-vous une rétro­ac­tion possible ?


    (*) On parle de la contri­bu­tion des entre­prises locales de plus de 11 sala­riés au finan­ce­ment des trans­ports en commun, pas du rembour­se­ment de la moitié des abon­ne­ments trans­ports aux sala­riés.

  • J’ado­re­rais tout connec­ter.

    Je veux des volets qui se ferment auto­ma­tique­ment la nuit après avoir véri­fié que je ne suis pas sur le balcon ou l’été en jour­née à certaines heures quand la tempé­ra­ture exté­rieure dépasse les 30°.

    Je veux pouvoir comman­der les prises et les inter­rup­teurs, ouvrir ma porte d’en­trée et mon garage avec mon smart­phone, mesu­rer ma consom­ma­tion d’eau et d’élec­tri­cité, asser­vir mes radia­teurs, program­mer mes machines à laver pour quand je ne suis pas là.

    Je veux mes courbes de consom­ma­tion d’eau et d’élec­tri­cité, mes utili­sa­tions de trans­ports en commun, mais aussi croi­ser mes passages à la station services avec les diffé­rents dépla­ce­ments que je fais en voiture. Je rêve de pouvoir tracer mes diffé­rents dépla­ce­ments avec des points GPS quasi perma­nents.

    J’ai­me­rais même avoir des taux utili­sa­tion des appa­reils et des pièces, savoir combien de temps je suis devant la TV et sur quelles chaînes, combien de temps et jusqu’à quelle heure je lis avec ma lampe de chevet allu­mée.

    Moi aussi j’ai­me­rais savoir si je dors bien, tôt ou tard, en me levant ou pas la nuit, si je me réveille bien ou si je traine, et croi­ser ça avec les autres données de tempé­ra­ture, horaires de travail, acti­vité physiques, horaires de repas…

    Je n’ima­gine même pas comment on pour­rait être trop connecté.


    J’ai­me­rais.

    La tech­no­lo­gie est là, depuis des années, partout. On en est à connec­ter les aspi­ra­teurs et les brosses à dents. Même moi je reste circons­pect sur la perti­nence.

    La tech­no­lo­gie est là mais on a merdé dans les grandes largeurs au niveau éthique et archi­tec­ture. Je n’ai ni contrôle, ni vie privée, ni péren­nité.

    Chan­gez moi-ça et je veux bien tester même la brosse à dents.

  • Je veux des appa­reils connec­tés

    Je veux des appa­reils connec­tés mais…

    Je veux des appa­reils qui fonc­tionnent avec un stockage local. Ce peut-être une carte mémoire, un disque dur sur port usb. Ce peut même être un stockage réseau via FTP, Webdav, CIFS ou autre tant que je suis celui qui décide où je stocke.

    Je veux des données lisibles. Idéa­le­ment elles sont dans un format stan­dard et norma­lisé. À défaut il s’agit d’un format docu­menté, ou au moins quelque chose que je peux explo­rer comme du JSON ou du XML. Dans tous les cas, je ne veux rien qui m’em­pêche d’ac­cé­der à mes données.

    Je veux être auto­nome. Je ne veux pas être dépen­dant de la créa­tion d’un compte, de la main­te­nance d’un serveur en ligne par le construc­teur, ou d’un logi­ciel qui finira pas ne plus être mis à jour. Si un tel élément est indis­pen­sable, il faut une garan­tie de fonc­tion­ne­ment qui se chiffre en décé­nies, ou un enga­ge­ment de docu­men­ter les inter­faces de façon à permettre à un tiers de refaire ce qui manque le jour où ça manquera.


    Oui, ça remet en cause toute la star­tup nation qui fait payer des abon­ne­ments et qui se rému­nère via la donnée des utili­sa­teurs.

    En échange je suis prêt à payer plus cher, mais je veux des objets à moi.

    Infor­ma­ti­ciens, ne contri­buez pas à mettre vos utili­sa­teurs en situa­tion de dépen­dance.

  • Aujourd’­hui c’est (encore et toujours) backup day

    Je note ici toutes mes itéra­tions de backup day.

    La dernière était il y a plus d’un an. J’avais 2 portables et un NAS, tous trois sous Crash­plan.

    Au delà de la sauve­garde, un des portables avait un Drop­box gratuit pour la synchro­ni­sa­tion en ligne, l’autre un Treso­rit payant à 200 Go.

    3 appa­reils crash­plan indé­pen­dants plus un abon­ne­ment à la première offre treso­rit, ça allait finir par faire cher à la fin des offres promo­tion­nelles de nouvel abonné.

    En paral­lèle le Drop­box et le Treso­rit commençaient à être plus qu’à l’étroit sur leurs offres respec­tives donc il y avait quelque chose à chan­ger. Sur le papier ça allait passer de moins de 20 € à plus de 40.


    Au lieu de gérer 3 postes indé­pen­dants, j’ai profité de la synchro­ni­sa­tion et installé Treso­rit sur le NAS.

    L’idée c’est que si tout ce qui est synchro­nisé en ligne se retrouve aussi synchro­nisé sur le NAS, on peut se conten­ter de sauve­gar­der le NAS et reti­rer Crash­plan des portables.

    Je ne m’en sors pas pour moins cher, parce qu’au final j’ai basculé sur l’offre supé­rieure de Treso­rit (afin d’avoir plus d’es­pace) et que je risque aussi de lancer une offre Treso­rit payante pour rempla­cer le Drop­box gratuit du second portable. Au final ce que je vais payer c’est du stockage synchro­nisé en ligne.

    Si vous avez des besoins plus légers ou que vous êtes prêts à ne pas avoir de chif­fre­ment côté client sur l’offre de synchro de fichier, il y a des offres moins chères que Treso­rit.


    Pour l’ins­tant je garde Crash­plan sur le NAS. J’ai plusieurs To et Crash­plan est le seul fiable que j’ai vu à me propo­ser ça sans des prix déli­rants et sans solu­tion brico­lée à la main.

    Si toute­fois vous avez d’autres propo­si­tions à moins de 10 € par mois pour un petit NAS sous Linux (2 To grand mini­mum, chif­fre­ment côté client), je suis toute ouie.