Pas sous mon nom public

Sommes-nous en guerre ou sous une dicta­ture ? Évidem­ment pas. Nous vivons au contraire dans le confort de la démo­cra­tie. De quoi devrait-on se proté­ger ? De rien.

Un élu, sur Twit­ter, à propos du fait d’être sous pseu­do­nyme

Et pour­tant… je n’ai pas forcé­ment envie de mettre mes collègues, ma famille, mes clients, mes amis, mes voisins, mon employeur ou mes enfants de tout ce que je fais dans le moindre détail.

Il n’y a aucun besoin de se sentir grand résis­tant à une sombre dicta­ture pour ressen­tir le besoin d’une vie privée ou d’un jardin secret.

Le pseu­do­nyme c’est ce qui permet de parfois parler libre­ment sexe, handi­cap, poli­tique, amour, mala­die, droit du travail, avor­te­ment, reli­gion… ou simple­ment faire une surprise.

Vous voulez des exemples ? Ils sont libres, repre­nez ceux que vous voulez et n’hé­si­tez pas à m’en propo­ser d’autres :


Mathis est en plein ques­tion­ne­ment sur la sexua­lité et veut en discu­ter sans renon­cer à sa vie privée.

Lena cherche des recom­man­da­tions pour trou­ver un psycho­logue, elle n’a pas trop envie qu’on s’en serve pour la discré­di­ter dans le cadre du divorce en cours.

Capu­cine a un passé spor­tif au lycée. Ce ne fut pas au point d’être profes­sion­nelle mais elle était un peu connue, via un surnom. C’est là qu’elle a rencon­tré son conjoint, qu’ils ont formé leur groupe d’amis. Le surnom c’est un peu son nom à elle, et c’est resté. C’est son iden­tité désor­mais, même au travail. Si elle utili­sait son nom, nombreux sont ceux qui ne la recon­nai­traient pas.

Maël rêve de chan­ger de domaine profes­sion­nel mais sans pour autant que son employeur ne le mette sur la touche demain.

Naïm est profes­seur. Il a le devoir de présen­ter une image neutre mais ne souhaite pas pour autant s’in­ter­dire de parti­ci­per à la vie de la collec­ti­vité avec ses propres opinions.

Élena a encore 16 ans. Elle est respon­sable, sérieuse et mesu­rée mais sait aussi que ce qu’elle dit ou fait aujourd’­hui ne repré­sente pas forcé­ment qui elle sera dans 10 ans, et ne souhaite pas que ça lui porte préju­dice.

Sasha a sa meilleure amie qui est griè­ve­ment bles­sée dans un acci­dent de circu­la­tion. Elle aime­rait se rensei­gner pour accom­pa­gner mais sans que son amie soit forcé­ment renvoyée au pire en voyant les discus­sions et les ques­tions.

Lyna cherche un cadeau pour les 60 ans de son père, qu’ils fête­ront dans deux ans avec toute la famille. La surprise ne doit pas être éven­tée.

Thibault vient de se faire déce­ler un cancer et ce n’est pas facile à expliquer à ses ados. Il a besoin d’en parler sans qu’ils ne lisent toute la conver­sa­tion en amont sur Inter­net.

Alice ne sait pas comment gérer son fils de 5 ans qui a du mal à se passer de couches. Elle n’a évidem­ment aucune envie que les copains de son fils l’iden­ti­fient quand ce dernier sera au collège.

Louna souhaite parti­ci­per à la vie poli­tique, et parti­cu­liè­re­ment pour promou­voir le revenu de base. Elle sait que ça lui porte­rait tort avec son employeur actuel et renonce à sa liberté d’ex­pres­sion pour l’ins­tant.

Justine a subit des harcè­le­ments. Depuis elle inter­vient sous une autre iden­tité en ligne, pour se proté­ger, elle et ses proches.

Ismaël a été alcoo­lique quand il était jeune. Il n’a plus bu une goute depuis 10 ans mais on ne lui ferait plus confiance dans son milieu profes­sion­nel si ça se savait. Heureu­se­ment, les alcoo­liques anonymes portent bien leur nom.

Imran est une personne connue. Pas sous ce nom là. Mais juste­ment, il a une passion pour le moyen orient et inter­ve­nir sous son nom public dans les forums risque­rait de lui atti­rer du harcè­le­ment de la part de xéno­phobes et radi­caux divers.

Char­lie et sa compagne sont liber­tins. Ils assument leur vie mais n’ont pas forcé­ment envie d’en faire étalage auprès de leurs amis et de leurs voisins.

Gabriel a l’im­pres­sion qu’il se passe des choses louches au bureau. Ça n’est pas le water­gate mais il souhaite se rensei­gner sur la loi et les usages sans risquer son poste.

Giulia a simple­ment besoin de pouvoir discu­ter avec des amis ou connais­sances en ligne, tranquille­ment, sans que demain un inconnu ne l’in­ter­pelle au travail ou dans ses loisirs pour réagir à ce qu’elle a dit la veille.

Adrien a un ex-petit ami jaloux. Il n’y a pas de harcè­le­ment mais avoir des comptes sans son nom civil sur les réseaux sociaux lui permet d’échap­per à la surveillance constante et de se sentir un peu plus tranquille.

Eden perd ses cheveux. Rien de scan­da­leux ni de honteux mais il le vit mal. Il en a parlé sur les réseaux sous pseu­do­nyme, a obtenu du soutien, a tissé des liens et, si ce n’est plus le sujet de discus­sion aujourd’­hui, s’est fait de vrais amis. Chan­ger d’iden­tité main­te­nant serait pour lui renier son vécu et reve­nir en arrière à une époque peu appré­ciée.

Pauline est née Victor. Pour l’ins­tant il n’y a aucune procé­dure admi­nis­tra­tive en ce sens mais c’est juste ainsi qu’elle le vit.

Lila a un voisin trop curieux. Elle n’a proba­ble­ment rien à craindre mais n’a aucune envie qu’il sache tout sur elle, qu’il lise ses conver­sa­tions et ses malheurs du quoti­dien.

Thaïs se sent incom­pris de ses parents. Il a juste besoin de pouvoir échan­ger avec ses amis sans se sentir surveillé. Il ne l’est proba­ble­ment pas et il le sait très bien mais… à 17 ans on a besoin de sentir qu’on a son propre jardin.

Lucas est auteur. Il n’a aucune envie de voir débarquer chez lui des lecteurs de son dernier livre.


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