Mais ce ne sont que des métadonnées…
Metadonnées : pourquoi ce n’est pas anondin pic.twitter.com/Pqe5bP8tz8
— Alserweiss (@Alserweiss) 8 Avril 2015
Mais ce ne sont que des métadonnées…
Metadonnées : pourquoi ce n’est pas anondin pic.twitter.com/Pqe5bP8tz8
— Alserweiss (@Alserweiss) 8 Avril 2015
Depuis la loi Le Chapelier en 1792, la grève est formellement interdite. Alors, tant qu’à être hors-la-loi, pourquoi l’être à moitié ? En cette aube industrielle, les prolétaires s’arment aussitôt de bâtons, de pioches, de pierres. Les grèves sont alors brusques, brèves, violentes : elles éclatent, comme un éclair de révolte, dans une nuit de résignation. Malgré les fusils, malgré l’arrestation des « meneurs », le mouvement ouvrier croît. Et huit ans plus tard, en 1852, le procureur de Lyon, toujours, lui rend presque hommage, à l’occasion d’une grève dans la peluche, à Tarare (Rhône) : les grévistes « s’entretenaient au moyen de secours envoyés par les caisses ouvrières de Lyon. On a ainsi une nouvelle preuve de l’esprit de solidarité et de l’effort d’organisation qui existe chez nos populations ouvrières malgré la différence des industries et sur la base unique d’une communauté d’intérêts de classe
Petite histoire de la grève et de sa présence en France. Je n’en regrette pas la lecture.
La cheffe du gouvernement péruvien Ana Jara a été renversée après des révélations sur l’espionnage de parlementaires, journalistes, hommes d’affaires par les services de renseignement.
Nous allons voter ces jours ci une loi qui donne des outils jamais vus à notre service de renseignement, avec un contrôle quasiment inexistant.
À l’extérieur les exemples se multiplient pour montrer combien il est évident que ce sera non seulement inefficace mais aussi extrêmement dangereux.
Avez-vous confiance dans votre service de renseignement ? dans les élus et administrations qui le dirigent ? Sur quelles garanties est basée cette confiance sachant qu’ils opèrent actuellement illégalement ?
Ce sont autant d’outils que nous donnons pour les élus de demain, sans savoir qui ils seront, ni nous rendre capables de les contrôler ou de les limiter. Il n’y a aucune raison objective pour croire que ces dérives ne pourront pas avoir lieu chez nous, ou que les contrôles prévus les limiteront en quoi que ce soit. Aucune.
Nous sommes fous.
Guardian Australia broke the news that the immigration department had inadvertently disclosed the personal information, including passport and visa numbers, of 31 world leaders in Australia for the G20. Among the leaders whose details were leaked were Barack Obama, Vladimir Putin and Angela Merkel.
S’ils ne sont pas capables de garder confidentielles ces données là, comment pouvons nous espérer qu’ils garderont confidentielles les données de tout un chacun, moins critiques et auxquelles plus de monde a accès, sans contrôle ?
Ce n’est pas une question théorique, puisque les actualités se télescopent :
This is the same department that posted the disclosure of personal details of nearly 10,000 adults and children, including a third of all asylum seekers, a breach that could quite genuinely have put lives at risk.
Nous sommes sur le point, en France, d’autoriser la surveillance de masse de tout ce qui est électronique (et un peu plus), tout ce qu’on reprochait hier à la NSA en se scandalisant. Nous savons déjà que c’est inacceptable du point de vue éthique, inefficace du point de vue pratique, et sacrément risqué.
Et puis ils ont montré la même scène, avec le gamin noir.
Et là, vraiment, SINCÈREMENT, je vous jure, ça rendait pas pareil. Là mon bide a crié : « Aaaah, oui, là ok, oui ! Là on dirait un voleur ! », avant que j’aie eu le temps de réagir.[….]
C’était la télé, c’était les films, les clichés un peu trop vus mais tellement faciles et presque rassurants, c’était le discours ambiant, c’était les préjugés idiots qu’on entend en n’étant pas d’accord au fond en théorie mais qu’on entend quand même huit fois, dix fois, quatre-vingt-seize fois par jour et qui filtrent, petit à petit, et qui laissent une humidité à peine visible mais qui se transforme quand même en moisissure.
[…]
Et j’ai réalisé d’un coup.[ …] j’ai réalisé des années après que c’est pas PARCE QUE les garçons aiment le foot qu’on parle de foot aux garçons, mais peut-être bien l’inverse.
J’ai touché du doigt à quel point ce sont les putains de petits cailloux qui font les putains de grandes rivières.[…]
J’ai avalé la pilule rouge, sans préavis.
J’ai revu les livres pour enfants, les cartables roses, les stylos pour filles, les déguisements d’infirmières et les déguisements de médecins, les espionnes en talons aiguilles de mes séries, les profs qui demandent aux mecs ce qu’ils ont pensé du match, les cases mademoiselle et madame, et je les ai lus autrement.
J’ai compris, enfin, l’histoire de ma mère qui, quand je lui avais raconté mon exaspération du débat du mademoiselle, m’avait raconté sa concierge qui s’était mise à la regarder dans les yeux et à lui sourire quand ma mère avait enfin pu troquer son mademoiselle en madame, quand elle avait enfin cessé de vivre dans le péché.
Parce que c’est important, et que je n’ai moi aussi réalisé ça que récemment, mais que je sais que je suis très loin de m’en être sorti, que malgré toute la bonne volonté c’est un combat de tous les jours pour s’extraire de l’image qu’on se construit inconsciemment pendant des années.
Vraiment à lire, parce que c’est bien expliqué : La faute à Éve, par Jaddo. Nos petits actes ont tous des conséquences, et nous sommes bien moins imperméables à tout cela que nous le pensons. Le danger est justement là, dans cette perméabilité involontaire et inconsciente.
L’idée qu’il y a des trajectoires normales sur Internet et d’autres, anormales. C’est ce qu’on appelle le « nominalisme dynamique » : les individus, à partir du moment où ils savent qu’ils sont classifiés, même s’ils ne savent pas quels sont les critères de classification, vont adapter leur comportement à ce qu’ils pensent qu’on attend d’eux.
Et ce n’est pas rien. Les États qui tendent dans le totalitaire n’ont pas forcément des millions d’opposants en prison. Ils ont surtout des millions de citoyens qui ont peur, peur de sortir des normes, d’avoir un comportement analysé comme déviant.
L’auto-censure est un réel enjeu, autant que la censure elle-même. C’est vers ça que nous mènent la traque des terroristes via des algorithmes en boite noire, qui analysent tous nos comportements sur Internet. La peur est d’autant plus raisonnable quand on voit la démarche implacable et aveugle que peut avoir l’anti-terrorisme dans l’affaire de Tarnac.
Ça me pose question sur les droits et libertés fondamentaux. Parce qu’il me semble qu’ils ne sont pas là pour protéger les formes de vie, d’expression, de comportements, banales, normales, standardisées… Au contraire, ils sont là pour protéger les prises de position qui, sans être jugées illégales, sont jugées déviantes, malsaines, voyeuristes…
Les droits de l’homme jouent le rôle d’auto-subversion de la norme juridique par elle-même.
J’ai un peu peur que ce type de projet de loi érode progressivement, sans qu’on s’en rende compte, cette signification fondamentalement anti-totalitaire des droits et libertés fondamentaux.
Parce que ces algorithmes ne peuvent faire que pointer les comportements a-normaux (ceux qui n’agissent pas comme tout le monde) ou faire des amalagames (ceux qui agissent comme d’autres suspects).
Celui qui n’agit que dans la norme majoritaire n’a pas besoin de protection particulière, son comportement n’est pas spécialement en danger. Ces comportements anormaux ou minoritaires sont justement et exactement ceux que l’État de droit et les droits de l’Homme doivent protéger.
En instaurant ce filet d’algorithme on nie totalement notre droit et nos valeurs fondamentales. Rien que ça.
Et comme dit plus loin dans l’article, la présomption sera forte. Pour qu’un juge, un fonctionnaire ou un politique ose contredire un algorithme qu’il ne connait pas et qu’il ne comprend pas, il va lui falloir un sacré courage. S’il se trompe… autant dire que la présomption ne sera plus à l’innocence une fois qu’on sort de la case prévue par l’algorithme.
Je m’explique : on croit avoir accès à des catégories non-biaisées, mais on ne se soucie plus du tout des causes. Un algorithme qui aide à la décision d’embauche, par exemple, pourrait évincer automatiquement des candidats venant d’une certaine partie d’une ville, parce que statistiquement, ces gens-là restent moins longtemps embauchés que les autres… Ça paraît parfaitement objectif.
Sauf qu’il se peut que les raisons pour lesquelles ces individus restent moins longtemps embauchés tiennent à des préjugés raciaux de la part des employeurs, et que ces individus sont en majorité d’origine nord-africaine. Donc il y a une sorte de masquage des réalités socio-économiques et culturelles par le chiffre.
Là est le danger de toute dictature par les chiffres. Même les humains les plus malins ont du mal à dégager la cause de la conséquence. L’algorithme lui ne le pourra jamais. Il ne regarde que ce qui est. Et à regarder ce qui est, on peut surtout renforcer les injustices, les discriminations, les stéréotypes et continuer à brimer les plus faibles. Il y a un vrai danger, bien au delà du débat de la lutte contre le terrorisme.
Il n’est pas anodin que la plupart des informaticiens ont peur de ces systèmes, et que seuls ceux qui n’y comprennent goute cherchent à les appliquer.
À lire en entier sur Rue89, par Xavier de La Porte et Andréa Fradin.
En 2015, Internet offre le visage d’un espace sans foi ni loi, permettant la diffusion du pire de ce que l’humanité a pu produire. Internet favorise l’expression de tous peu importe leur opinion et leur croyance. Aujourd’hui, le pire a atteint son paroxysme
[…]
En France, des mesures pour bloquer des sites internet faisant l’apologie du terrorisme ont été adoptées, et je m’en réjouis. C’est un signe fort envoyé à nos concitoyens mais aussi aux terroristes. (…) Il n’est pas envisageable qu’une publication de l’État Islamique traduite en langue française puisse être à la portée de tous
Il s’agit d’un discours de Pierre Charon (video), sénateur de Paris et ancien conseiller à l’Élysée du président précédent, au sein d’un débat sur Internet et les libertés de la presse (ça ne s’invente pas).
Suis-je le seul à avoir peur ?
Pour nos élus, au plus haut niveau, que tous puissent s’exprimer peu importe leur opinion et leur croyance est quelque chose de grave qu’il faut combattre.
Pour nos élus, au plus haut niveau, que n’importe quel citoyen puisse accéder aux éléments d’information (on parle de libertés de la presse, et indirectement de censure d’un site de presse) et à leur source, dans une langue qu’il comprend, est grave et inenvisageable.
Nous ne pouvons nous abriter derrière la liberté de la presse pour justifier notre passivité. (…) Donner aux terroristes l’accès à cette liberté, ce n’est plus défendre la liberté. C’est la confier à des fossoyeurs.
J’ai mon avis sur qui est le fossoyeur de la liberté dans ce discours. Pour eux la notion de liberté n’est qu’un paravent dont on ne doit plus s’encombrer.
La classe politique (via l’exécutif) doit être capable de décider à qui elle accepte de donner des libertés et dans quelles conditions. Au moins c’est clair.
Quand je lis ça, je suis à deux doigts de soutenir une révolution. J’ai conscience de la violence du terme et de ce qu’il implique, mais qu’un tel discours ne provoque pas un tsunami d’opposition en dit long sur le partage de telles opinions chez nos élus.
Il y a urgence. Vraiment.
Les ouvriers roumains sont embauchés par Elco et les polonais sont recrutés par Atlanco, boîte d’intérim au siège irlandais qui passe par des bureaux fictifs à Chypre. Cette nouvelle forme de commerce triangulaire vise à profiter des meilleurs taux d’imposition européens. Comme le notent les enquêteurs, les paiements des prestations d’Atlanco par Bouygues passent par Chypre mais sont encaissés dans une banque irlandaise à Northampton. Rappelons également que l’un des responsables d’Atlanco en France n’est autre qu’un ancien cadre Bouygues…
[…] Pour l’Urssaf et les impôts : plus de 22 millions d’euros de pertes entre 2009 et 2012. Pour les ouvriers détachés : pas de couverture sociale, pas de congés payés, un dumping social devenu une règle européenne pour ces métiers. Mais, pour Bouygues, une main-d’œuvre flexible à bas coûts.
[…]
L’amende requise pour Bouygues est de 150 000 euros, en deçà du maximum légal de 225 000 euros, qui reste de toute de façon une amende de pacotille pour le géant du BTP. […] le procureur a tenu à préciser du bout des lèvres et sans aucune explication qu’il ne demandait pas une exclusion du groupe, même temporaire, des marchés publics. Au vu de l’ampleur de la fraude et de la mise en cause de la responsabilité du groupe, cette exclusion serait la seule peine de nature à rappeler à l’ordre Bouygues et l’ensemble des multinationales du BTP.
Allez comprendre pourquoi ces grandes entreprises n’hésitent pas… Moi j’ai ma petite idée. Tout ça n’est pas prêt de changer.
Ils interceptent nos lettres. Par respect pour votre vie privée ils ne regardent pas le contenu même de la lettre. Par contre ils notent dans un cahier la date, l’expéditeur et le destinataire, ainsi que le poids de la lettre, sa forme, et le bureau de poste utilisé pour l’envoi. Tout ça est noté, classé, sauvegardé, officiellement pour 5 ans.
Pour être complet ils font aussi de même avec les livres que nous lisons, les journaux que nous ouvrons, la musique que nous écoutons, les programmes télévision que nous regardons, les discussions que nous avons avec nos amis, nos dossiers professionnels et nos conversations téléphoniques.
Tout ça est de plus analysé par une équipe dite « boite noire ». Elle est chargée de tout croiser et de remonter les comportements qui lui semblent les plus suspects.
On ne connait pas les critères pour être suspect, afin que personne ne sache comment les contourner. Peut-être est-ce de lire un contenu qui semble lui-même suspect selon l’opinion de l’équipe. Peut-être est-ce simplement de parler à quelqu’un qui est lui-même lié directement ou indirectement à un suspect. Peut-être est-ce exprimer une opinion positive d’un évènement qu’on est sensé juger négativement. Peut-être est-ce plus compliqué, ou plus arbitraire.
On sait juste que si nous sommes qualifiés suspects, là ils auront aussi le droit d’ouvrir les lettres, d’enregistrer le téléphone et d’écouter nos conversations. Ils auront même le droit d’enregistrer tout ce que nous écrivons, peu importe où. Ils écoutent, lisent, mais aussi archivent pour cinq ans – ou plus si vous utilisez une langue qu’ils ne savent pas décoder.
Et si un livre, un tract, un journal, une musique ou un programme télé diffuse des informations vraiment gênantes d’après eux, il pourra être mis à l’index, et banni de toute diffusion publique pour éviter qu’on ne puisse y accéder.
Après tout c’est pour notre bien.
Non, ce n’est ni un délire paranoïaque ni de la science fiction à la Orwell dans 1984. C’est ce qu’on est effectivement en train de faire voter en France, aujourd’hui, officiellement.
On parle juste de le faire pour tout ce qui transite par Internet. Juste. Alors qu’aujourd’hui Internet devient le média qu’on utilise pour quasiment tout : livres, presse, divertissement, conversations publiques ou privées, échanges et documents professionnels, et même les discussions téléphoniques (dont skype et assimilés).
Bon, rassurez-vous ils ont prévu d’inclure aussi les téléphones portables classiques et, si vous êtes suspect, de pouvoir entre chez vous poser micros et traceurs GPS. Ainsi ils ne se limitent quand même pas à Internet.
Et on est en train d’accepter ça.
Après tout c’est pour notre bien, non ?
Quand c’est qu’on se rebelle ?
Le musée interdit les photographie. La ministre prend une photographie. Le musée change de politique suite à la polémique. Inintéressant… sauf la fin :
« A la demande de la ministre de la Culture et de la Communication, le président des musées d’Orsay et de l’Orangerie a pris la décision de lever l’interdiction de photographier dans les espaces des deux musées. Cette décision est applicable immédiatement.
L’usage du flash, des perches à selfies et des trépieds reste cependant proscrit. Des restrictions peuvent aussi être prévues dans les expositions temporaires à la demande des prêteurs. »
Sauf que cette dernière restriction est justement l’objet du débat. La loi précise explicitement que l[e droit d]’auteur ne saurait interdire les copies à usage privée du copiste, dont les photographies.
Quand l’interdiction est motivée par d’éventuelles questions pratiques (occupation de l’espace, circulation, etc.) il y a débat, mais interdire les photos parce que le détenteur souhaite en garder le monopole, c’est typiquement un abus du droit d’auteur, un copyfraud, avec la bénédiction des musées publics qui ont théoriquement pour rôle la diffusion de la culture.
Il y a définitivement du chemin à faire…