Catégorie : Politique et société

  • The scariest thing about the British SIM card hack is how little it accom­pli­shed

    The Gemalto attack is unique not just for its aggres­sive scope, but for how little it seems to have actually accom­pli­shed. Intel­li­gence agen­cies were already able to listen in on phone conver­sa­tions through targe­ted exploits, stin­gray attacks and carrier requests. While the Gemalto attack took bold and crimi­nal steps to break through SIM encryp­tion, it seems to have offe­red only a margi­nal impro­ve­ment in that ability.

    Pour faire court, il faut 2h sur un PC stan­dard pour casser la crypto de la 3G, encore moins pour la 2G. La crypto ne sert de toutes façons qu’entre l’an­tenne relai et le télé­phone. Pour ceux (dont font partie la NSA) qui ont le plus souvent accès aux données derrière l’an­tenne relai, ça n’ap­porte un bonus que dans des cas assez limi­tés. Ne parlons même pas du fait de monter des fausses antennes relai, qui doit être plus facile que d’écou­ter et déchif­frer le trafic en temps réel.

    Intel­li­gence agen­cies are unac­coun­table by design

    If that sounds reas­su­ring, it shouldn’t. If anything, it’s proof of how out of control the GCHQ really is. […] The agen­cies are unac­coun­table by design, and there’s no indi­ca­tion that will change any time soon.

    Ils l’ont fait parce qu’ils peuvent le faire, qu’ils n’ont aucune limite. Il n’y a aucune évalua­tion de propor­tion­na­lité, d’étude de besoin. Nous lais­sons notre sécu­rité mais aussi notre démo­cra­tie à ces gens là, hors contrôle.

    Cela dit ce que tout le monde feint d’igno­rer, c’est que plus que les cartes SIM pour télé­phone portable, Gemalto produi­sait aussi les cartes à puce pour les cartes bancaires et pour les cartes d’ac­cès sécu­ri­sées de beau­coup d’en­tre­prises.

    via theverge

  • Yahoo exec goes mano a mano with NSA direc­tor over crypto back­doors

    Alex Stamos: “Thank you, Admi­ral. My name is Alex Stamos, I’m the CISO for Yahoo!. … So it sounds like you agree with Direc­tor Comey that we should be buil­ding defects into the encryp­tion in our products so that the US govern­ment can decrypt…

    […]

    AS: We’ll agree to disa­gree on that. So, if we’re going to build defects/back­doors or golden master keys for the US govern­ment, do you believe we should do so — we have about 1.3 billion users around the world — should we do for the Chinese govern­ment, the Russian govern­ment, the Saudi Arabian govern­ment, the Israeli govern­ment, the French govern­ment? Which of those coun­tries should we give back­doors to?

    MR: So, I’m not gonna… I mean, the way you framed the ques­tion isn’t desi­gned to elicit a response.

    — Arstech­nica

    Nos États construisent leur propre défaite. Au lieu de promou­voir une sécu­rité à toute épreuve, qui ne peut qu’être favo­rable à la démo­cra­tie, ils encou­ragent l’idée qu’il est normal qu’un État fouille et écoute tout sur simple requête.

  • La réduc­tion des coûts, une obses­sion françai­se….

    les DRH français qui estiment que [la] néces­saire opti­mi­sa­tion [des coûts] devance le main­tien d’un bon climat social, la GPEC ou l’amé­lio­ra­tion de la perfor­mance.

    En seconde place [des prio­ri­tés des entre­prises […] le déve­lop­pe­ment de la produc­ti­vité des sala­riés, autre recette d’op­ti­mi­sa­tion ; loin devant la gestion des compé­tences rares et l’in­no­va­tion qui néces­sitent des enve­loppes budgé­tai­res…

    A contra­rio, hors de France, c’est bien le climat social, l’in­no­va­tion et la gestion des compé­tences rares qui figurent au rang de prio­rité des diri­geants alors que logique­ment pour les DRH monde la gestion prévi­sion­nelle des emplois et des compé­tences et le mana­ge­ment de la perfor­mance consti­tuent l’es­sen­tiel de leur feuille de route.

    Sur les échos, grand jour­nal commu­niste.

    Je ne sais pas si ça mérite un commen­taire, mais je trouve que ça reflète bien et l’état d’es­prit ici, et le fossé qu’on a vis à vis des anglo-saxons.

  • Minis­tère des déten­teurs de droits

    Parce que la culture se réduit à son exploi­ta­tion écono­mique, le minis­tère devient celui de déten­teurs des droits.

    Neil Jomunsi

    Une simple phrase qui donne un telle­ment bon éclai­rage sur le pourquoi des excès au nom du droit d’au­teur et sur la règle­men­ta­tion qui n’avan­tage ni la masse des auteurs ni les citoyens dans leur ensemble.

  • HSBC joue l’arme de la publi­cité face aux « articles hostiles »

    [Le direc­teur géné­ral de HSBC] a docte­ment expliqué que sa banque avait « recours à la publi­cité pour vendre plus de produits bancaires », et qu’en consé­quence, « ça ne fait aucun sens de placer une publi­cité à côté d’une couver­ture jour­na­lis­tique hostile ».

    […]

    Ces décla­ra­tions font suite à la démis­sion spec­ta­cu­laire de Peter Oborne, édito­ria­liste au Daily Tele­graph. Mardi 17 février, celui-ci a accusé le quoti­dien d’avoir sous-couvert les révé­la­tions « SwissLeaks » pour proté­ger son chiffre d’af­faires publi­ci­taire. La banque avait déjà privé le quoti­dien britan­nique de budgets publi­ci­taires en 2012–2013 après une enquête sur la filiale HSBC de Jersey, avait révélé M. Oborne.

    […]

    Ces pratiques ne sont pas rares dans les rela­tions entre médias et annon­ceurs.

    — Le Monde

    La banque a beau se parer d’un prag­ma­tisme et d’une logique à tout épreuve, et affir­mer – proba­ble­ment avec raison – que l’objec­tif n’est pas d’in­fluen­cer la couver­ture édito­ria­le… Vous avez une bonne raison pour payer les conte­nus que vous utili­sez, et parti­cu­liè­re­ment la presse.

    Les modèles basés sur la publi­cité, même partiel­le­ment, ne seront jamais suffi­sam­ment libres pour servir de base à la culture, à la poli­tique, à l’in­for­ma­tion ou à la liberté d’ex­pres­sion.

    Il y a très peu de jour­naux qui ne sont pas signi­fi­ca­ti­ve­ment basé sur la publi­cité. Abon­nez-vous à l’un deux. Je vous recom­mande Media­part, mais choi­sis­sez celui qui vous convient.

  • Scan­dale en Grande-Bretagne : deux parle­men­taires filmés en flagrant délit de malver­sa­tion

    Dans la vidéo, Malcolm Rifkind déclare aux jour­na­listes se faisant passer pour des hommes d’af­faires chinois qu’il dispose d’un accès « utile » aux ambas­sa­deurs, tandis que Jack Straw explique comment il a su par le passé discrè­te­ment utili­ser son influence pour modi­fier les règles euro­péennes au béné­fice d’une autre entre­prise.

    Consé­quence ? Rien. Oh, si, un des deux annonce ne pas se repré­sen­ter, et quelques excuses bancales.

  • McDo, roi du hambur­ger et de l’op­ti­mi­sa­tion fiscale

    Un rapport rédigé par des ONG euro­péennes et améri­caines décrit en détail la façon dont McDo­nald’s esquive ses impôts en Europe depuis 2009. Si elle appliquait les règles de façon loyale, l’en­tre­prise aurait dû payer un milliard d’eu­ros de plus en cinq ans.

    Le système McDo s’ap­puie sur une minus­cule filiale basée au Luxem­bourg […] nommée McD Europe Fran­chi­sing SARL [elle] emploie seule­ment 13 personnes, mais entre 2009 et 2013, elle a cumulé 3,7 milliards d’eu­ros de chiffre d’af­faires. Et elle a payé seule­ment… 16 millions d’eu­ros d’im­pôt.

    […] Il est vrai que la France est le premier marché en Europe pour McD, et le deuxième plus rentable au monde, après les États-Unis

    Si les chiffres sont sidé­rants, le montage est un basique ultra-connu. Plutôt que de pour­chas­ser les chômeurs, plutôt que de priva­ti­ser tout le système public grec, plutôt que d’or­ga­ni­ser la pauvreté, il « suffi­rait » qu’on prenne de vraies mesures au niveau euro­péen.

    Il suffi­rait d’oser. Oser déran­ger les inté­rêts établis.

    [Le président de Mac Donald’s France avait reconnu que son entre­prise faisait circu­ler de l’argent « par le process d’un certain nombre de pays, qui nous permet d’avoir une certaine opti­mi­sa­tion fiscale ». « Il n’y a pas de mal à faire de l’op­ti­mi­sa­tion fiscale ! » avait-il fini par décla­rer.

    Eux osent.

    — via Media­part, article payant

  • Quelques notes sur la décla­ra­tion en auteur indé­pen­dant

    J’ai regardé deux ou trois fois comment décla­rer des reve­nus tirés de la vente de livres auto-édités. Quelques notes pour ceux que ça peut aider, sans aucune garan­tie juri­dique (mais vous êtes invi­tés à commen­ter et corri­ger) :

    Vous ne perce­vez pas de droits d’au­teur

    Vous déte­nez bien des droits d’au­teur sur vos livres, mais votre acti­vité n’est pas liée à la vente de ces droits d’au­teur.

    C’est assez diffi­cile à avaler mais en fait la logique est assez simple : L’au­teur édité vend des droits d’au­teurs sur une oeuvre origi­nale. Vous, vous vendez des copies de livres, ce qui est très diffé­rent. Il se trouve que le contenu du livre est le votre, mais ce qui est vendu est bien une simple copie de livre.

    Coti­sa­tions sociales

    Oubliez donc le fait qu’il y a « droits d’au­teurs » dans la case « trai­te­ments et salaires » de votre fiche d’im­pôts sur le revenu, car ce n’est pas de là que viennent vos reve­nus.

    Mais surtout ce qui doit atti­rer votre atten­tion c’est le paie­ment des coti­sa­tions sociales. Dans le cas d’un auteur édité, c’est l’édi­teur qui s’en occupe et cotise pour vous à l’Agessa. En auto-édité c’est à vous de vous en occu­per et les rappels URSSAF peuvent faire très mal pour ceux qui ont « oublié ».

    Pas d’Agessa ou de MDA

    En fait, qui découle de ce qui précède, vous êtes bien auteur de vos livres, mais pour ce qui est du fisc vous êtes un vendeur, ce qui est diffé­rent.

    Vous pouvez proba­ble­ment vous consi­dé­rer comme éditeur, comme libraire ou comme simple commerçant de livres, mais vous n’êtes pas artiste-auteur. Vous serez refusé à l’Agessa et dans les statuts réser­vés aux auteurs ou artistes si vous tentez d’y coti­ser direc­te­ment.

    Tout au plus, vous pour­riez prétendre à une acti­vité d’au­teur si vous ne vendez volon­tai­re­ment qu’une poignée d’exem­plaires numé­ro­tés de vos œuvres origi­nales, un peu comme un photo­graphe qui vend ses tirages. Je doute que ce modèle soit adapté à grand monde, et ça vous impo­sera en plus de sortir des plate­formes clas­siques de vente de livres.

    Fran­che­ment, c’est le plus dommage est le plus diffi­cile à avaler, mais tous les statuts protec­teurs liés aux auteurs de livres vous sont irré­mé­dia­ble­ment fermés si vous n’êtes pas avali­sés par un éditeur.

    Alors auto-entre­pre­neur ?

    Alors il faut vous décla­rer en travailleur indé­pen­dant ou monter une entre­prise plus clas­sique.

    En travailleur indé­pen­dant vous rele­vez à priori du RSI (et vous avez toute ma compas­sion pour cela, car vous allez souf­frir), et les coti­sa­tions qui vont avec. Il semble que certains arrivent à se faire enre­gis­trer auprès de l’URSSAF avec le code APE 9003B « autres acti­vi­tés artis­tiques » et être exoné­rés de la CFE, ce qui est loin d’être négli­geable pour une petite acti­vité.

    Il vous faudra envi­sa­ger une struc­ture plus clas­sique et moins avan­ta­geuse si vous dépas­sez le plafond de 32 900 €, mais ça laisse déjà de quoi voir venir pour beau­coup d’auto-édités.

    Quid d’une double acti­vité auteur – éditeur sépa­rée ?

    Pour les joueurs il doit y avoir moyen de décla­rer une acti­vité d’auto-entre­pre­neur « éditeur » et de vous ache­ter vous-même vos droits d’au­teurs, ouvrant droit à l’AGESSA pour cette seconde acti­vité d’au­teur édité. Dans certaines condi­tions, via la vente de livres papier, cette acti­vité pour­rait même être consi­dé­rée comme une acti­vité commer­ciale de vente et non une acti­vité de service, amenant une taxa­tion plus légère et un plafond de chiffre d’af­faire plus que doublé.

    Je n’ai pas connais­sance de gens qui aient essayé (mais en cher­chant ça doit se trou­ver), donc il est possible que j’ai manqué une bonne raison pour ne pas le faire. Si rien ne vient l’em­pê­cher et pour peu que vous vendiez assez, il est possible que ce soit un des montages les plus inté­res­sants. Il faut par contre être prêt à passer pas mal de temps entre la gestion de l’ad­mi­nis­tra­tif et le montage (mais j’es­père qu’on vous avait prévenu : être indé­pen­dant c’est aussi subir la pape­rasse).

    Reste à voir si en étant en même temps auteur et éditeur et si votre maison d’édi­tion n’édite que vous, certains ne consi­dè­re­ront pas que vous êtes à compte d’au­teur plutôt qu’à compte d’édi­teur (et là : finie la fisca­lité d’au­teur).

    Pas dans les BNC

    Certains tentent visi­ble­ment de décla­rer les ventes en BNC (béné­fices non commer­ciaux) mais ça me semble haute­ment discu­table. Le fisc avait exclu la chose quand j’avais posé la ques­tion de l’auto-édition il y a quelques années, vous êtes préve­nus (et un rappel de coti­sa­tions sociales ça peut faire très mal).

    Ça ne serait valable que si l’ac­ti­vité n’est pas conçue comme une acti­vité profes­sion­nelle.

    Quelle est votre inten­tion d’au­teur ? Si vous vivez ça comme une acti­vité profes­sion­nelle en cher­chant à vendre et en écri­vant pour vendre, vous avez à priori une acti­vité profes­sion­nelle. Le fait d’échouer à avoir un volume de vente signi­fi­ca­tif n’est à priori pas un critère pour entrer dans les BNC.

    Est-ce que vous faites de la promo­tion, de la publi­cité ? Cher­chez-vous à en tirer votre revenu prin­ci­pal (ou un revenu signi­fi­ca­tif par rapport à votre revenu prin­ci­pal) ? Vous présen­tez-vous comme « auteur » quand on vous demande votre acti­vité profes­sion­nelle ? Y passez-vous vos heures ouvrées en semaine ? Ça peut être autant d’in­dices que vous le vivez à priori comme une acti­vité profes­sion­nelle.

    Si effec­ti­ve­ment vous écri­vez comme une acti­vité de loisir et avez choisi de fina­le­ment propo­ser le résul­tat à la vente pour voir, de façon acces­soire sans que ce ne soit l’objec­tif initial, et qu’en plus les gains sont peu signi­fi­ca­tifs, alors pourquoi pas. Mais dans ce cas vous ne vous consi­dé­re­rez à priori pas comme auteur indé­pen­dant (ce qui est l’objet du billet), pas plus que celui qui a fait de la gouache le week-end dernier ne se consi­dère artiste-peintre.

    Et sans se décla­rer ?

    À ma connais­sance, il faut oublier (et c’est aussi ce que m’avait répondu le fisc il y a quelques années). Toute acti­vité profes­sion­nelle doit être décla­rée en entre­prise (l’auto-entre­pre­neur n’est qu’un sous-cas d’en­tre­prise indi­vi­duelle), sans excep­tion, quel que soit le montant des gains. Le reste ça s’ap­pelle du travail au noir.

    Surtout pas d’as­so­cia­tion loi 1901

    Tourne en ce moment le retour de quelqu’un qui a monté une asso­cia­tion « loi 1901 » pour son acti­vité d’auto-édition, en se rému­né­rant en sala­rié de cette asso­cia­tion.

    Le problème est dans l’objec­tif de l’as­so­cia­tion, qui doit être abso­lu­ment non-lucra­tif. Or monter une asso­cia­tion dans l’objec­tif de vendre ses propres livres et d’en tirer une rému­né­ra­tion c’est typique­ment une volonté commer­ciale et lucra­tive.

    Tenter de formu­ler astu­cieu­se­ment l’objet de l’as­so­cia­tion ne trom­pera personne et fera tomber tout argu­ment de bonne foi dans le cas d’un contrôle ou de la plainte d’un auteur ou éditeur inami­cal.

    On peut tout à fait monter une maison d’édi­tion via une asso­cia­tion. Être sala­rié de sa propre asso­cia­tion me semble plus que border­line. Si tant est que ça puisse être légal, ça deman­de­rait de sépa­rer très forte­ment l’ac­ti­vité sala­riée de la gestion de l’as­so­cia­tion.

    Si par contre se sala­rier est dès le départ l’objec­tif et non le moyen, là on tombe non seule­ment dans le lucra­tif, mais dans l’ex­ploi­ta­tion de l’as­so­cia­tion au béné­fice de ses gérants, et ça peut faire très mal (on parle de prison).

    Pour moi c’est peut-être le pire des montages à faire. La décla­ra­tion de BNC ou le simple report dans « trai­te­ments et salaires » sur la décla­ra­tion de reve­nus me semblent presque moins risqués car on peut au moins arguer de sa bonne foi si les montants sont faibles. Contrai­re­ment au détour­ne­ment du statut asso­cia­tif, ça se résol­vera au pire sous forme d’un doulou­reux rappel de coti­sa­tions sociales avec péna­li­tés.

  • Le drame social des droits rechar­geables

    Non seule­ment son dossier met 57 jours à être traité, mais l’ex-ANPE lui déniche un reliquat de droits rechar­geables issus d’un petit boulot étudiant de 2013. ­Pen­dant sa licence, la Rennaise gardait les collec­tions du musée des Beaux-Arts deux à six jours par mois afin de mettre du beurre dans les épinards. À cause de cet emploi, elle perçoit 310 euros mensuels pendant 610 jours. Alors qu’a­vec son dernier emploi de vendeuse, elle aurait pu prétendre à 700 euros… Un coup de massue. « Je m’en sors moins bien que quand j’étais étudiante précaire ! C’est une puni­tion pour tous les gens obli­gés de travailler pendant leurs études parce qu’ils n’ont pas papa et maman derrière et ça, ça passe très mal ! »

    …Joli monde de droits rechar­geables de la dernière réforme du Pôle Emploi.

    En fait c’est très simple. On calcule le montant de l’in­dem­nité la première fois que vous vous inscri­vez au Pôle Emploi, avec les rému­né­ra­tions que vous avez eu à l’époque. Si vous n’épui­sez pas vos droits à indem­ni­sa­tions, ils sont repris à votre prochaine période de chômage.

    Si vous avez pris un petit boulot alimen­taire à temps partiel pendant vos études et pointé un mois une fois le diplôme en poche… ne retom­bez surtout jamais au chômage ! Même plusieurs années après, on vous indem­ni­se­rait d’abord pendant 23 mois en fonc­tion de votre petit boulot alimen­taire à temps partiel, donc quelques euros par jours.

    Peu importe combien de temps vous avez travaillé depuis, peu importe à quel niveau de rému­né­ra­tion vous avez cotisé entre temps. Une vraie machine à perdre pour tous les jeunes qui commencent par des petits boulots ou CDD précaires.

    Pire, si vous repre­nez quelques CDD, ça recharge vos droits, toujours au montant précé­dent. La situa­tion peut même deve­nir perma­nente pour ceux qui ont une suite d’em­plois précaires.

    Seules solu­tion pour refaire calcu­ler ses droits à un plus haut niveau : 5 ans de CDI sans période de chômage (6 pour les plus de 50 ans), ou épui­ser les dits-droits en cumu­lant 2 ans de chômage (3 pour les plus de 50 ans). Avec un tel système, certains vont même avoir inté­rêt à ne pas poin­ter au chômage suite à une perte d’em­ploi. Géniale solu­tion aux chiffres du chômage, à défaut d’être une solu­tion au chômage lui-même.

    Le plus drama­tique c’est que ce délire a été décou­vert il y a des mois, avant que la situa­tion ne devienne insou­te­nable pour tant de monde.

  • C’est l’édi­teur qui fait la litté­ra­ture

    Tous les textes ne sont pas des livres. C’est l’édi­teur qui fait la litté­ra­ture.

    Mais surtout, on a besoin de cette média­tion [de l’édi­teur], pour se recon­naître, soi-même, comme auteur, et pour savoir que son texte est vrai­ment un livre.

    Ah cette petite phrase de la Ministre de la Culture qui a fait coulé tant d’en­cre…

    Certes l’idée expri­mée a du sens et ne mérite pas le ridi­cule : Le regard de l’autre et la recon­nais­sance de l’autre font souvent partie du chemin pour recon­naitre la valeur de son propre travail, ou aident à le parcou­rir.

    C’est pour­tant aussi un symp­tôme plus profond. Il y a derrière une ques­tion de classe sociale et de recon­nais­sance sociale. Là prend tout son sens la notion de l’édi­teur comme auto­rité établie pour faire la diffé­rence entre les auteurs et les Auteurs.

    Il y a les vrais avec une majus­cule et vali­dés par un éditeur, puis il y a les autres qui écrivent aussi mais qu’on ne peut quand même pas consi­dé­rer de la même façon. Chacun sa place ! L’idée trans­pa­rait très bien dans les propos de Jean-Marie Cavada au parle­ment euro­péen.

    La hiérar­chie entre les romans de gare et ce qui se veut grande litté­ra­ture n’est pas si loin. Elle a juste changé de visage. Quand la notion d’au­teur commence à inté­grer un juge­ment sur le contenu, sur le mérite ou sur une échelle de recon­nais­sance, on ne parle plus de créa­tion cultu­relle mais d’ordre social.

    Parti de cet axiome, on comprend bien mieux le niveau et la forme d’in­ter­ven­tion publique dans la culture et la radi­ca­li­sa­tion systé­ma­tique du droit d’au­teur : Toute diffu­sion large ou peu chère est une atteinte à cette hiérar­chie de classe, à ceux qui se voient au dessus ou à ceux qui valident cette struc­tu­ra­tion.

    Le fait que le droit d’au­teur profite aussi à tout un chacun est juste un effet de bord dans ce qui n’est fina­le­ment qu’une lutte des classes.

    Si on parle de perte de valeur et d’en­cou­ra­ger la créa­tion, on discute en réalité de domi­na­tion et de sacra­li­sa­tion. C’est encore plus flagrant quand on regarde ces mêmes discus­sions en vue d’ac­cords inter­na­tio­naux : Il y a ceux qui luttent pour créer et diffu­ser. En face il y a ceux qui luttent pour contrô­ler l’ac­cès et la recon­nais­sance.

    Je ne dis pas que cette façon de voir est consciente ou majo­ri­taire, mais elle fait bien trop souvent surface depuis quelques temps parmi ceux qui fina­le­ment décident de orien­ta­tions et équi­libres de la créa­tion et du droit d’au­teur. Les consé­quences ne sont pas insi­gni­fiantes.