Catégorie : Politique et société

  • « Aujourd’­hui, le pire a atteint son paroxysme »

    En 2015, Inter­net offre le visage d’un espace sans foi ni loi, permet­tant la diffu­sion du pire de ce que l’hu­ma­nité a pu produire. Inter­net favo­rise l’ex­pres­sion de tous peu importe leur opinion et leur croyance. Aujourd’­hui, le pire a atteint son paroxysme

    […]

    En France, des mesures pour bloquer des sites inter­net faisant l’apo­lo­gie du terro­risme ont été adop­tées, et je m’en réjouis. C’est un signe fort envoyé à nos conci­toyens mais aussi aux terro­ristes. (…) Il n’est pas envi­sa­geable qu’une publi­ca­tion de l’État Isla­mique traduite en langue française puisse être à la portée de tous

    Il s’agit d’un discours de Pierre Charon (video), séna­teur de Paris et ancien conseiller à l’Ély­sée du président précé­dent, au sein d’un débat sur Inter­net et les liber­tés de la presse (ça ne s’in­vente pas).

    Suis-je le seul à avoir peur ?

    Pour nos élus, au plus haut niveau, que tous puissent s’ex­pri­mer peu importe leur opinion et leur croyance est quelque chose de grave qu’il faut combattre.

    Pour nos élus, au plus haut niveau, que n’im­porte quel citoyen puisse accé­der aux éléments d’in­for­ma­tion (on parle de liber­tés de la presse, et indi­rec­te­ment de censure d’un site de presse) et à leur source, dans une langue qu’il comprend, est grave et inen­vi­sa­geable.

    Nous ne pouvons nous abri­ter derrière la liberté de la presse pour justi­fier notre passi­vité. (…) Donner aux terro­ristes l’ac­cès à cette liberté, ce n’est plus défendre la liberté. C’est la confier à des fossoyeurs.

    J’ai mon avis sur qui est le fossoyeur de la liberté dans ce discours. Pour eux la notion de liberté n’est qu’un paravent dont on ne doit plus s’en­com­brer.

    La classe poli­tique (via l’exé­cu­tif) doit être capable de déci­der à qui elle accepte de donner des liber­tés et dans quelles condi­tions. Au moins c’est clair.

    Quand je lis ça, je suis à deux doigts de soute­nir une révo­lu­tion. J’ai conscience de la violence du terme et de ce qu’il implique, mais qu’un tel discours ne provoque pas un tsunami d’op­po­si­tion en dit long sur le partage de telles opinions chez nos élus.

    Il y a urgence. Vrai­ment.

  • Travail illé­gal: Bouygues voit sa défense taillée en pièces

    Les ouvriers roumains sont embau­chés par Elco et les polo­nais sont recru­tés par Atlanco, boîte d’in­té­rim au siège irlan­dais qui passe par des bureaux fictifs à Chypre. Cette nouvelle forme de commerce trian­gu­laire vise à profi­ter des meilleurs taux d’im­po­si­tion euro­péens. Comme le notent les enquê­teurs, les paie­ments des pres­ta­tions d’At­lanco par Bouygues passent par Chypre mais sont encais­sés dans une banque irlan­daise à Northamp­ton. Rappe­lons égale­ment que l’un des respon­sables d’At­lanco en France n’est autre qu’un ancien cadre Bouy­gues…

    […] Pour l’Urs­saf et les impôts : plus de 22 millions d’eu­ros de pertes entre 2009 et 2012. Pour les ouvriers déta­chés : pas de couver­ture sociale, pas de congés payés, un dumping social devenu une règle euro­péenne pour ces métiers. Mais, pour Bouygues, une main-d’œuvre flexible à bas coûts.

    […]

    L’amende requise pour Bouygues est de 150 000 euros, en deçà du maxi­mum légal de 225 000 euros, qui reste de toute de façon une amende de paco­tille pour le géant du BTP. […] le procu­reur a tenu à préci­ser du bout des lèvres et sans aucune expli­ca­tion qu’il ne deman­dait pas une exclu­sion du groupe, même tempo­raire, des marchés publics. Au vu de l’am­pleur de la fraude et de la mise en cause de la respon­sa­bi­lité du groupe, cette exclu­sion serait la seule peine de nature à rappe­ler à l’ordre Bouygues et l’en­semble des multi­na­tio­nales du BTP.

    — Media­part

    Allez comprendre pourquoi ces grandes entre­prises n’hé­sitent pas… Moi j’ai ma petite idée. Tout ça n’est pas prêt de chan­ger.

     

  • Ils inter­ceptent nos lettres

    Ils inter­ceptent nos lettres. Par respect pour votre vie privée ils ne regardent pas le contenu même de la lettre. Par contre ils notent dans un cahier la date, l’ex­pé­di­teur et le desti­na­taire, ainsi que le poids de la lettre, sa forme, et le bureau de poste utilisé pour l’en­voi. Tout ça est noté, classé, sauve­gardé, offi­ciel­le­ment pour 5 ans.

    Pour être complet ils font aussi de même avec les livres que nous lisons, les jour­naux que nous ouvrons, la musique que nous écou­tons, les programmes télé­vi­sion que nous regar­dons, les discus­sions que nous avons avec nos amis, nos dossiers profes­sion­nels et nos conver­sa­tions télé­pho­niques.

    Tout ça est de plus analysé par une équipe dite « boite noire ». Elle est char­gée de tout croi­ser et de remon­ter les compor­te­ments qui lui semblent les plus suspects.

    On ne connait pas les critères pour être suspect, afin que personne ne sache comment les contour­ner. Peut-être est-ce de lire un contenu qui semble lui-même suspect selon l’opi­nion de l’équipe. Peut-être est-ce simple­ment de parler à quelqu’un qui est lui-même lié direc­te­ment ou indi­rec­te­ment à un suspect. Peut-être est-ce expri­mer une opinion posi­tive d’un évène­ment qu’on est sensé juger néga­ti­ve­ment. Peut-être est-ce plus compliqué, ou plus arbi­traire.

    On sait juste que si nous sommes quali­fiés suspects, là ils auront aussi le droit d’ou­vrir les lettres, d’en­re­gis­trer le télé­phone et d’écou­ter nos conver­sa­tions. Ils auront même le droit d’en­re­gis­trer tout ce que nous écri­vons, peu importe où. Ils écoutent, lisent, mais aussi archivent pour cinq ans – ou plus si vous utili­sez une langue qu’ils ne savent pas déco­der.

    Et si un livre, un tract, un jour­nal, une musique ou un programme télé diffuse des infor­ma­tions vrai­ment gênantes d’après eux, il pourra être mis à l’in­dex, et banni de toute diffu­sion publique pour éviter qu’on ne puisse y accé­der.

    Après tout c’est pour notre bien.


    Non, ce n’est ni un délire para­noïaque ni de la science fiction à la Orwell dans 1984. C’est ce qu’on est effec­ti­ve­ment en train de faire voter en France, aujourd’­hui, offi­ciel­le­ment.

    On parle juste de le faire pour tout ce qui tran­site par Inter­net. Juste. Alors qu’aujourd’­hui Inter­net devient le média qu’on utilise pour quasi­ment tout : livres, presse, diver­tis­se­ment, conver­sa­tions publiques ou privées, échanges et docu­ments profes­sion­nels, et même les discus­sions télé­pho­niques (dont skype et assi­mi­lés).

    Bon, rassu­rez-vous ils ont prévu d’in­clure aussi les télé­phones portables clas­siques et, si vous êtes suspect, de pouvoir entre chez vous poser micros et traceurs GPS. Ainsi ils ne se limitent quand même pas à Inter­net.

    Et on est en train d’ac­cep­ter ça.

    Après tout c’est pour notre bien, non ?

    Quand c’est qu’on se rebelle ?

    (Traduc­tion de Martin Weulerssse en alle­mand)

  • Un Insta­gram de Fleur Pelle­rin et le musée d’Or­say auto­rise enfin les photos

    Le musée inter­dit les photo­gra­phie. La ministre prend une photo­gra­phie. Le musée change de poli­tique suite à la polé­mique. Inin­té­res­sant… sauf la fin :

    « A la demande de la ministre de la Culture et de la Commu­ni­ca­tion, le président des musées d’Or­say et de l’Oran­ge­rie a pris la déci­sion de lever l’in­ter­dic­tion de photo­gra­phier dans les espaces des deux musées. Cette déci­sion est appli­cable immé­dia­te­ment.

    L’usage du flash, des perches à selfies et des trépieds reste cepen­dant pros­crit. Des restric­tions peuvent aussi être prévues dans les expo­si­tions tempo­raires à la demande des prêteurs. »

    Sauf que cette dernière restric­tion est juste­ment l’objet du débat. La loi précise expli­ci­te­ment que l[e droit d]’auteur ne saurait inter­dire les copies à usage privée du copiste, dont les photo­gra­phies.

    Quand l’in­ter­dic­tion est moti­vée par d’éven­tuelles ques­tions pratiques (occu­pa­tion de l’es­pace, circu­la­tion, etc.) il y a débat, mais inter­dire les photos parce que le déten­teur souhaite en garder le mono­pole, c’est typique­ment un abus du droit d’au­teur, un copy­fraud, avec la béné­dic­tion des musées publics qui ont théo­rique­ment pour rôle la diffu­sion de la culture.

    Il y a défi­ni­ti­ve­ment du chemin à faire…

     

  • Moi, censuré par la France pour mes opinions poli­tiques

    Quelle réponse donner au blocage admi­nis­tra­tif décidé par le gouver­ne­ment français ? […]

    Le site isla­mic-news.info a été fondé en mai 2013. Je l’ai créé quelques mois après ma sortie de l’uni­ver­sité, mon diplôme de droit inter­na­tio­nal public, diplo­ma­tique et consu­laire en poche.

    Et là déjà on peut moti­ver et discu­ter de l’ur­gence, pour un site qui a déjà deux ans et pour lequel rien n’a été fait jusqu’à fin mars 2015. Vrai­sem­bla­ble­ment passer par une procé­dure judi­ciaire n’au­rait pas été déli­rant. On ne parle pas d’un site obscur et caché :

    Le site était dirigé par un seul homme, qui vit en Europe et qui est inscrit léga­le­ment sur les registres d’OVH et qui paie avec son propre compte en banque le serveur qu’il loue auprès du numéro 1 français. Aucun cryp­tage de données n’est utilisé.

    Bref, passer par le judi­ciaire ne présen­tait aucun obstacle. Mais surtout, la ques­tion se pose sur le fond. Est-ce que juge­ment un juge aurait accepté une telle mise hors ligne avec si peu de moti­va­tion ?

    L’in­ci­ta­tion ou la provo­ca­tion au terro­risme n’a aucun sens pour moi, aucun inté­rêt. Je suis convaincu que mille mots sont plus effi­caces que tout acte de violence. C’est ma convic­tion person­nelle.

    […] La meilleure manière de prou­ver cela est de citer un article que j’ai écrit début 2014. J’avais vive­ment dénoncé les propos d’un combat­tant en Syrie qui encou­ra­geait à commettre des atten­tats en Europe. J’avais souli­gné le danger de ce genre de message et ses consé­quences néfastes sur la popu­la­tion musul­mane en Europe, qui n’a vrai­ment pas besoin de ça en ces moments.

    […] J’ai­me­rai égale­ment atti­rer votre atten­tion sur l’un des articles les plus influents que j’ai écrit. J’avais abordé la ques­tion des jeunes euro­péens qui s’en­ga­geaient en Syrie pour mener le djihad. J’avais fait un appel public pour qu’ils n’aillent pas se faire tuer pour rien en Syrie dans une guerre qu’ils ne comprennent pas.

    Apolo­gie alors ?

    En résumé, c’est défendre les actes de terro­risme commis et se féli­ci­ter de leur surve­nance. Rien, abso­lu­ment rien, dans ce que j’ai écrit ne fait passer les actes terro­ristes sous un jour favo­rable ni ne les légi­time. Et puis de quels actes de terro­risme parle-t-on ? Je n’ai pas écrit un mot sur la tuerie de Char­lie Hebdo, pas un mot sur les déca­pi­ta­tions de l’Etat isla­mique, pas un mot sur le jorda­nien brûlé vivant, pas un mot sur les soldats alaouites et chiites massa­crés. Bref, j’ai sciem­ment évité les sujets polé­miques qui pour­raient être mal inter­pré­tés.

    En outre, et contrai­re­ment à ce qu’a­vance le ministre de l’in­té­rieur, je n’ai jamais diffusé la moindre vidéo de l’Etat isla­mique sur mon site.

    C’est bien évidem­ment un seul point de vue, mais qui a le mérite d’être argu­menté. Je n’ai aucun juge­ment sur le fond, car pas assez d’élé­ment pour cela, mais ça mérite forcé­ment mieux qu’une censure admi­nis­tra­tive sans débat contra­dic­toire, sans inter­ven­tion d’un juge indé­pen­dant. Dans un État de droit, ce serait le mini­mum.

    Mais alors sur quoi le gouver­ne­ment français a-t-il fondé son blocage ? Je pense que la raison est poli­tique. Ma posi­tion peut choquer à partir du moment où je vise davan­tage les oppo­sants de l’Etat isla­mique plutôt que lui-même. […]

    Je pense donc que j’ai payé mon enga­ge­ment poli­tique à la fois contre l’in­ter­ven­tion­nisme mili­taire arabo-occi­den­tal et chiite dans la région et contre les groupes armés soute­nus par les acteurs préci­tés. Ce qui a fait dire au Monde que je suis contre la « propa­gande chiito-occi­den­tale ». Abso­lu­ment, je me décris comme un oppo­sant de la propa­gande chiito-occi­den­tale et il me semble que cela est mon droit de l’être, quitte à ulcé­rer certains. Être contre cette propa­gande n’est pas illé­gal. C’est même la règle du jeu. Cela ne signi­fie pas non plus un anti-occi­den­ta­lisme primaire. Les va-t’en guerre aux commandes des Etats occi­den­taux ne repré­sentent pas l’oc­ci­dent dans sa globa­lité.

    Combien est loin le soit-disant esprit du 11 janvier où on glori­fiait le droit à avoir des propos qui dérangent, à provoquer…

    À lire la lettre complète de l’au­teur du site Isla­mic News, récente victime de la censure admi­nis­tra­tive en France. Ne connais­sant pas le site préa­la­ble­ment, je suis bien à mal de juger du fond. Sur la forme, par contre, il parait évident qu’il y a maldonne et que nous avons pris un chemin très dange­reux.

    Mise à jour : Il semble que ce qui a été repro­ché est la cita­tion, avec fichier verba­tim audio, d’un discours du leader de l’État Isla­mique. On ne reproche visi­ble­ment pas au site d’avoir soutenu ce discours ou de l’avoir mis dans une lumière favo­rable, juste d’y avoir donné accès. Je reste très dubi­ta­tif sur le contexte, qui est celui d’un site de presse, si on se doit de cacher l’in­for­ma­tion source et de ne pas y donner accès. Les consé­quences peuvent être dange­reuses. – Mais là aussi, c’est à un juge de déci­der, après un débat public et contra­dic­toire, parce que c’est ce qui diffé­ren­cie une dicta­ture d’un État de droit.

  • Bigger threats to their popu­la­tions than terro­rism itself

    The radi­cal measures being adop­ted by western govts in the name of terro­rism are bigger threats to their popu­la­tions than terro­rism itself.

    — Glenn Green­wald

    Censure admi­nis­tra­tive sans inter­ven­tion d’un juge, réten­tion des données pour plusieurs années, accès direct aux flux de données des opéra­teurs sans contrôle d’un juge, clefs de déchif­fre­ment des conte­nus échan­gés…

    Les outils que nous mettons en oeuvre, nous serions tous vent debout si les terro­ristes tentaient de nous en impo­ser la moitié, et nous quali­fions faci­le­ment de dicta­ture hier les pays qui n’en utili­saient qu’une seule partie.

    Demain, n’im­porte quelle personne au pouvoir pourra user de ces outils sans limi­ta­tions, sous le secret défense, et avoir un contrôle et une société dont même Orwell n’au­rait pas rêvé.

    L’État de police est celui dans lequel l’au­to­rité admi­nis­tra­tive peut, d’une façon discré­tion­naire et avec une liberté de déci­sion plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l’ini­tia­tive, en vue de faire face aux circons­tances et d’at­teindre à chaque moment les fins qu’elle se propose : ce régime de police est fondé sur l’idée que la fin suffit à justi­fier les moyens. À l’État de police s’op­pose l’État de droit…

    Raymond Carré de Malberg, Contri­bu­tion à la théo­rie géné­rale de l’état, Librai­rie de la Société du Recueil Sirey, 1920, p. 488

    Nous ouvrons la porte à de possibles dicta­tures, au nom de la liberté. J’ai honte face aux géné­ra­tions futures, ça aura été fait de mon vivant.

  • Une initia­tive avor­tée pour réduire l’at­tente des étran­gers en préfec­ture

    Pour qu’ils évitent d’at­tendre des heures dans le froid ou la nuit, un ingé­nieur à la retraite a distri­bué lundi des tickets numé­ro­tés aux étran­gers venus renou­ve­ler leur titre de séjour à la préfec­ture du Rhône, ce qui lui a valu de passer une heure au commis­sa­riat.

    Le service n’ouvre qu’à 8h30 mais à 4h du matin, ils font déjà la queue devant la préfec­ture, certains avec des chaises. Ils atten­dront parfois huit heures sur le trot­toir pour obte­nir un ticket qui leur permet­tra d’en­trer.

    Il faut dire qu’à la préfec­ture du Rhône c’est une situa­tion quasi idylique même avant ça. Dans d’autres préfec­tures il faut faire la queue depuis la veille au soir, quel que soit le temps ou la tempé­ra­ture, pour avoir une chance (non garan­tie) d’avoir accès au guichet… où on vous dira peut être qu’il manque un papier.

    Bref, le retraité a pris sur lui de consi­dé­rer ça comme inhu­main et a orga­nisé les choses, de lui-même, sans causer le moindre trouble.

    Lors d’une confé­rence de presse dans l’après-midi, le préfet Jean-François Carenco l’a traité d’ »hurlu­berlu » qui « veut faire le boulot du préfet ». « Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées« , a-t-il ironisé en menaçant : « s’il veut le faire, il le fera en taule« .[…]

    « Nous ne sommes pas au super­mar­ché du titre de séjour« , « est-ce que faire la queue pour être en France c’est un drame ? La réponse est non« , a conclu le préfet.

    Comprendre : Au mieux l’hu­mi­lia­tion et les condi­tions inhu­maines arrangent bien l’idéo­lo­gie de la faute aux migrants. Au pire c’est ainsi à dessein.

    — via France Info mais la situa­tion des étran­gers aux préfec­tures est décrite régu­liè­re­ment un peu partout

  • Laïcité, nom de la liberté reli­gieuse

    1– La Répu­blique assure la liberté de conscience. Elle garan­tit le libre exer­cice des cultes […]

    2– La Répu­blique ne recon­naît, ne sala­rie ni ne subven­tionne aucun culte. […]

    Le texte fonda­teur de la laïcité c’est ça. Rien de plus (si on omet tous les détails de comment on va gérer la sépa­ra­tion entre la reli­gion et l’État, autre­fois liés).

    Ce sont des contraintes appor­tées à l’État, et unique­ment à celui ci. On peut éven­tuel­le­ment étendre ces contraintes aux repré­sen­tants de l’État mais le simple citoyen n’a lui aucune contrainte.

    L’idée c’est de sépa­rer la reli­gion de l’État, pour reti­rer l’in­fluence du premier sur le second et garan­tir la neutra­lité de l’État, au béné­fice du citoyen. Il ne s’agit pas de reti­rer la reli­gion au citoyen, ni de le gêner ou de le contraindre à ce niveau en quoi que ce soit. Si vous commen­cez à vouloir faire porter des règles au citoyen au nom de la laïcité, vous êtes déjà hors piste.

    La laïcité n’a jamais eu pour rôle de faire entrer tout le monde dans le même moule et de frei­ner les mani­fes­ta­tions reli­gieuses des citoyens. Quand vous voulez inter­dire à des adultes de porter un voile, à des citoyens de prier dans la rue, à des enfants d’avoir accès au menu alter­na­tif qu’ils ont toujours eu, ne cachez pas vos desseins derrière votre mauvaise inter­pré­ta­tion du prin­cipe de laïcité : Ce n’en est pas.

    Mieux : l’État garan­tit au citoyen le libre exer­cice de son culte. Garan­tir, le mot est fort, et c’est dans l’ar­ticle 1. Ça veut aussi dire la libre mani­fes­ta­tion de cette reli­gion en public (dans les limites du respect de l’ordre et des droits d’au­trui), y compris à des fins de prosé­ly­tisme (parce que si quelqu’un a droit de tenter de vous convaincre d’une opinion poli­tique, il en va juste­ment de même d’une opinion reli­gieuse). Pour ceux qui en doutent, la Décla­ra­tion Univer­selle des Droits de l’Homme est encore plus claire :

    18– Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de reli­gion ; ce droit implique a la liberté de chan­ger de reli­gion ou de convic­tion ainsi que la liberté de mani­fes­ter sa reli­gion ou sa convic­tion seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’en­sei­gne­ment, les pratiques, le culte et l’ac­com­plis­se­ment des rites.

    Rien que ça.

    Non, ça ne donne pas droit à un menu alter­na­tif au porc à la cantine. L’ab­sence de telles alter­na­tives serait juste dommage, voire incom­pré­hen­sible quand elles concernent une part signi­fi­ca­tive des enfants, mais tout à fait légale. Par contre, quand on retire des menus alter­na­tifs exis­tants, ce n’est pas de la laïcité, c’est un simple acte de rejet qui se pare de jolis atours. Que ces alter­na­tives soient moti­vées par des croyances reli­gieuses, des gouts person­nels ou par des impé­ra­tifs de santé importe peu. La ques­tion est de savoir si on souhaite faire des cas parti­cu­liers ou pas.

    Par contre oui, ça donne droit à porter le voile à l’uni­ver­sité, dans la rue, et même à la mairie ou à la biblio­thèque muni­ci­pale. L’in­ter­dic­tion à l’école avec est justi­fiée par la pres­sion sur des mineurs qui ne sont pas encore en pleine capa­cité d’exer­cer leur libre juge­ment. L’in­ter­dic­tion du voile inté­gral en public est  – maladroi­te­ment – justi­fiée pour des ques­tions d’ordre public. Il est juste extrê­me­ment impro­bable qu’on arrive à faire de telles pirouettes pour étendre ces contraintes au voile simple dans l’es­pace public. Nos insti­tu­tions judi­ciaires veille­raient au respect des droits de l’Homme, renver­sant toute tenta­tive d’in­ter­dic­tion, et c’est tant mieux.

  • Quand le pdg d’Air France divague sur les acquis sociaux

    [Il] enchaîne sur un sujet que l’on pensait désor­mais impos­sible à remettre en cause : l’in­ter­dic­tion du travail des enfants. Mais mani­fes­te­ment, pour le patro­nat décom­plexé, aucun sujet n’est tabou. « Je me suis penché sur l’évo­lu­tion du travail des enfants. On a d’abord inter­dit aux enfants de moins de huit ans de travailler, puis l’in­ter­dic­tion a été portée à douze ans, puis à seize. (…) Qu’est-ce que c’est qu’un enfant ? Est ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler ? Pas sûr »,[…]

    Reve­nant sur son expé­rience de patron d’Air France, Alexandre de Juniac se met à expliquer les effroyables contraintes auxquelles il est soumis. Sans possi­bi­lité d’agir sur le prix du kéro­sène, ou sur les tarifs des rede­vances aéro­por­tuaires, sa seule marge de manœuvre, explique-t-il, « c’est le coût du travail ». Tout cela impose, selon lui, de « mettre des limites aux acquis sociaux », d’au­tant qu’il faut faire face à une concur­rence redou­table, avec d’un côté les compa­gnies low cost et de l’autre les compa­gnies du Golfe. Ni les unes ni les autres ne sont bridées par le droit social, à l’en­tendre.

    Se sentant porté par son sujet, le pdg d’Air France ne peut s’em­pê­cher alors de racon­ter une anec­dote, qui mani­fes­te­ment lui tient à cœur : « Comme le disait mon homo­logue de Qatar Airways hier à propos de la grève, “M. de Juniac, chez nous, ce ne serait pas possible, on les aurait tous envoyés en prison” », raconte-t-il d’une mine gour­mande, sous les applau­dis­se­ments de la salle. C’est dire combien la France est défa­vo­ri­sée ! Et le Qatar est un si bel exemple ! Les sala­riés émigrés, trai­tés comme des esclaves, y meurent par tombe­reaux sur les chan­tiers.

    — Media­part, à partir d’en­re­gis­tre­ments vidéos publiés

    Si vous ne croyez pas à la lutte des classes (peut être pas celle de la grande époque des syndi­cats, mais au moins sa décli­nai­son moderne avec le 1‰ qui domine les entre­prises), vous devriez y regar­der à deux fois cas si nous sommes ici dans un excès, la posi­tion de fond est en fait assez repré­sen­ta­tive de ce que j’ai vu de mes propres yeux plus d’une fois.

    La compé­ti­ti­vité et la renta­bi­lité sont l’al­pha et l’omega qui justi­fient l’as­ser­vis­se­ment des 99,9%. Ils ne se rendent même pas compte du déca­lage qu’ils ont avec le reste de la popu­la­tion et certains croient même méri­ter leur distinc­tion.

  • Paypal Cuts Off Mega Because It Actually Keeps Your Files Secret

    MEGA has demons­tra­ted that it is as compliant with its legal obli­ga­tions as USA cloud storage services opera­ted by Google, Micro­soft, Apple, Drop­box, Box, Spide­roak etc, but PayPal has advi­sed that MEGA’s « unique encryp­tion model » presents an insur­moun­table diffi­culty.

    […]

    And, this all goes back to this dange­rous effort by the White House a few years ago to set up these « volun­tary agree­ments » in which payment compa­nies would agree to cut off service to sites that the enter­tain­ment indus­try decla­red « bad. » There’s no due process. There’s no adju­di­ca­tion. There’s just one indus­try getting to declare websites it doesn’t like as « bad » and all payment compa­nies refu­sing to serve it. This seems like a pretty big problem.

    — Tech­dirt

    Quand les proces­sus extra-judi­ciaires deviennent le moyen d’ac­tion de prin­cipe, que ce soit aux USA ou en France, l’État de droit est un loin­tain souve­nir.

    Quand le chif­fre­ment de bout en bout motive de couper les vivres, nous avons à nous inquié­ter, quoi qu’on pense de Mega ou de son contenu.