Catégorie : Politique et société

  • FBI admits flaws in hair analy­sis over decades

    The Justice Depart­ment and FBI have formally acknow­led­ged that nearly every exami­ner in an elite FBI foren­sic unit gave flawed testi­mony in almost all trials in which they offe­red evidence against crimi­nal defen­dants over more than a two-decade period before 2000.

    Of 28 exami­ners with the FBI Labo­ra­to­ry’s micro­sco­pic hair compa­ri­son unit, 26 overs­ta­ted foren­sic matches in ways that favo­red prose­cu­tors in more than 95 percent of the 268 trials revie­wed so far

    […] The cases include those of 32 defen­dants senten­ced to death. Of those, 14 have been execu­ted or died in prison

    C’est un désastre humain gravis­sime. Pour autant, il est facile, des années après, d’af­fir­mer que les bases scien­ti­fiques d’alors n’étaient pas fiables.

    Des erreurs ont été faites, d’autres le seront. Ce que nous tenons pour acquis fera peut être bien rire nos enfants.

    Fina­le­ment ce qui est à remarquer n’est pas là. C’est dans la manière dont le FBI a réagit :

    “The tools don’t exist to handle syste­ma­tic errors in our crimi­nal justice system,” Garrett said. “The FBI deserves every recog­ni­tion for doing some­thing really remar­kable here. The problem is there may be few judges, prose­cu­tors or defense lawyers who are able or willing to do anything about it.”

    Fede­ral autho­ri­ties are offe­ring new DNA testing in cases with errors, if sought by a judge or prose­cu­tor, and agreeing to drop proce­du­ral objec­tions to appeals in fede­ral cases.

    Ce n’est pas la presse, des asso­cia­tions ou un lanceur d’alerte qui a levé le lièvre. C’est le FBI lui-même qui a détecté des anoma­lies, a enquêté sur ses propres procé­dures, et en a tiré les conclu­sions. Mieux : Ils ont commu­niqué sur le problème, offi­ciel­le­ment, en détail, et tentent d’agir pour atté­nuer l’im­pact.

    Cette conclu­sion qui semble aller de soi n’au­rait pas eu lieu partout. Peut-être suis-je pessi­miste, mais en France j’ai peur que nous aurions eu une loi ou une circu­laire empê­chant de réou­vrir les anciennes procé­dures sur ce motif, « afin de ne pas surchar­ger la justice » et sous prétexte que les juges et jurés ont pris en compte tous les éléments du procès, pas que celui incri­miné.

    Nous faisons tous des erreurs, la diffé­rence tient dans comment nous réagis­sons ensuite.

    à lire sur The Washing­ton Post

  • Se rassem­bler pour ache­ter des loge­ments

    Nous persis­tons à ne loger les gens dans le besoin qu’en cas d’ur­gence grave. Pour cela nous utili­sons des héber­ge­ments payés à la nuit, sortes d’hô­tels, au même prix, mais d’une qualité plus que douteuse.

    Il suffi­rait d’une poli­tique plus durable pour payer des loge­ments en loca­tion à plein temps. Nous couvri­rions plus de besoins, de manière plus quali­ta­tive, et pour moins cher. Pour cela il faut oser poli­tique­ment, oser braver le senti­ment géné­ral « anti-assisté » (qu’on peut refor­mu­ler en « anti-soli­da­rité », mais ça attire moins les foules). Pour l’ins­tant l’opi­nion publique préfère payer plus cher quelque chose de honteux, histoire de respon­sa­bi­li­ser culpa­bi­li­ser les plus dému­nis.

    L’as­so­cia­tion Toit à moi semble réflé­chir encore un coup de plus en avance : Ache­ter les loge­ment plutôt que les louer. Il faut dire que si la situa­tion est amenée à perdu­rer plus de quelques années, l’opé­ra­tion est forcé­ment rentable. On peut donner encore mieux, pour moins cher. Et je défie quiconque de penser que nous n’au­rons plus de sans-abris dans quelques années.

    Bref, quelque chose qui va dans le bon sens, même si ce n’est qu’un pallia­tif cari­ta­tif à une vraie poli­tique globale.

    Le mini-site réalisé par SideWays est en plus un réel plai­sir à décou­vrir.

  • If You Own a Pitch­fork, You Will Grab It When You See This Chart

    Une image vaut parfois mille mots. La somme des bonus donnés à Wall Street en 2014 (unique­ment les bonus, unique­ment Wall Street), vaut à peu près deux fois l’in­té­gra­lité des reve­nus de tous les améri­cains au salaire mini­mum sur la même année.

    Dit autre­ment : En reti­rant les bonus unique­ment à Wall Street, on pour­rait tripler le revenu de tous les améri­cains actuel­le­ment au salaire mini­mum. Et nous sommes il parait dans des années de crise…

    Ça fait un peu réflé­chir sur les inéga­li­tés.

    via Mother Jones

  • Systeme anti copie de merde, où l’art de tuer la poule aux oeufs d’or

    Rupture de stock sur le DVD, mais cela ne l’ar­rêta pas, même face au prix exor­bi­tant de la chose, le petit cochon ayant été brisé en consé­quence, elle se rabat sur la version Bluray

    […]

    Nous avons, dans notre logis, accès à 2 lecteurs Bluray: un clas­sique lecteur de salon qui fait home cinéma et l’autre sur la Free­box. Le premier est de marque Samsung (HT-C5500) qui est supposé se mettre à jour par inter­net pour béné­fi­cier des toutes dernières avan­cées de la tech­no­lo­gie. Sauf que bien sûr, le fabriquant a décidé qu’il était main­te­nant trop vieux (5 ans) donc plus de mise à jour. L’autre lecteur est celui de la Free­box qui est tout le temps à jour à chaque allu­mage. Ni l’un ni l’autre n’a pu lire ne serait-ce que le menu d’ac­cueil du Bluray.

    […]

    Par contre pour le film The mortal instru­ments, non seule­ment on ne peut pas le mettre sur le télé­phone, histoire de regar­der en boucle les scènes préfé­rées avec les copines au collège, mais pire que ça, elle ne peut même pas le voir. Et tout ça pourquoi ? Pour éviter le télé­char­ge­ment illé­gal ?

    MOUUUUUUAAAAAAAAA je me gausse, je me bidonne de rire, je me gondole d’hi­la­rité. Le film est dispo­nible au télé­char­ge­ment sur n’im­porte quelle plate-forme de torrent ou de strea­ming le lende­main de sa sortie en DVD ou en Bluray, quelque soit le système de protec­tion anti copie.

    […]

    Et au final, vous croyez que ma fille va recas­ser sa tire­lire pour prendre le risque d’ache­ter un film la prochaine fois ? Sérieu­se­ment ? Elle était une consom­ma­trice en puis­sance, qui adore possé­der les objets, les livres, les DVD, les photos. Là, elle va être un peu vacci­née.

    — Cédric Augus­tin

    Connu, vu et revu, mais on s’en­fonce jour après jour. On n’en est même plus à dégoû­ter ceux qui veulent ache­ter : On en est à les forcer à utili­ser le circuit de contre­façon. Ceux qui n’ont jamais eu aucune envie d’ache­ter, eux, n’ont jamais été gênés. Allez compren­dre…

    Prix adéquat, retrait des protec­tions qui ne gênent que les honnêtes gens, ça serait un mini­mum pour permettre à la machine de fonc­tion­ner… s’il n’est pas trop tard parce que c’est plus d’une géné­ra­tion qu’on a ainsi perdu.

  • Le Kansas veut limi­ter les loisirs des plus pauvres

    Les personnes rece­vant des aides publiques ne pour­ront plus dépen­ser leur argent à la piscine et dans les débits de bois­son, ni en « pier­cings, massages, spas, tabac, ongle­ries, linge­rie, salles d’ar­cades, croi­sières ou visites chez le psychiatre […] parcs à thèmes, centres équestres ou canins, entre­prises du sexe, ou n’im­porte quel endroit inter­dit aux mineurs » […] il sera impos­sible aux personnes aidées de reti­rer plus de 25 dollars par jour en liquide à un distri­bu­teur [avec 85¢ de frais à chaque retrait]

    [..] dans le Missouri, les répu­bli­cains envi­sagent d’ex­clure la viande et les fruits de mer de la liste des denrées que l’on peut ache­ter avec des bons alimen­taires

    — Libé­ra­tion

    Culpa­bi­li­sa­tion et infan­ti­li­sa­tion des plus pauvres pour leur situa­tion et le fait qu’ils béné­fi­cient d’une aide de redis­tri­bu­tion, au point de contrô­ler comment ils vivent et s’as­su­rer qu’ils font bien preuve de péni­tence et évitent de jouir de la vie qui leur est offerte.

    Nous sommes proba­ble­ment loin de ces excès en France (et ce n’est pas encore voté même là bas), mais l’es­prit de culpa­bi­li­sa­tion et d’in­fan­ti­li­sa­tion y est de plus en plus, par exemple au Pôle Emploi.

    Alors que nous devrions être fiers d’ai­der ceux qui en ont besoin, et de les voir en jouir. Ques­tion de choix.

  • Vous avez aimé la crise finan­cière de 2008, vous allez adorer la prochaine

    […] L’idée même du risque semble avoir disparu de la tête des inves­tis­seurs. Comme s’ils avaient sous­crit une assu­rance tous risques auprès des banques centrales […]

    […] Au total, le bilan des banques centrales a doublé, passant d’un peu moins de 3,5 % à quasi­ment 6,5 % du PIB mondial. […]

    […] Où est passé alors cet argent ? Dans les marchés finan­ciers. Le cours des actions a doublé en cinq ans à Wall Street, en deux ans à Tokyo, et les bourses euro­péennes leur emboîtent le pas […]

    […] “On a confondu créa­tion moné­taire et créa­tion de richesses” tranche l’éco­no­miste Charles Gave. […]

    […] Selon le prix Nobel Robert Shil­ler, grand expert de la forma­tion des bulles spécu­la­tives, le PER (price earning ratio) ajusté du cycle écono­mique s’élève, à Wall Street, à 27, un niveau jamais atteint sauf en… 1929, 2000 et 2007. […]

    […] Selon le régu­la­teur britan­nique, plus d’un hedge fund sur dix utilise actuel­le­ment un effet de levier supé­rieur à 50, ce qui veut dire qu’ils gèrent des posi­tions de marché corres­pon­dant à 50 fois le montant des fonds qu’ils ont en gestion ! […]

    — Le Nouvel Écono­miste

    Fran­che­ment à lire.

    Notre seule solu­tion depuis quelques années, c’est prêter de l’argent gratui­te­ment en quan­tité illi­mi­tée (voire parfois à taux néga­tif, si si)… à des enti­tés qui l’uti­lisent pour alimen­ter la machine à spécu­ler sur les marchés, augmen­tant le risque sans amélio­rer le fond de l’éco­no­mie.

    Sura­bon­dance de liqui­di­tés, écra­se­ment des taux d’in­té­rêt, sophis­ti­ca­tion des outils finan­ciers, garde-fous illu­soires. Autant d’élé­ments qui poussent, à nouveau, “au crime”

  • Fiché

    Par le hasard de la sous-trai­tance de sous-trai­tance, j’ai été amené un jour à inter­ve­nir sur le site Web d’un très grand groupe privé, pour mettre en place leur système de publi­ca­tion.[…]

    Un matin, le client a bruta­le­ment rompu le contrat avec le pres­ta­taire qui travaillait sur le site, sans préavis ni la moindre expli­ca­tion. Je n’ai jamais vu un projet se finir aussi abrup­te­ment.[…]

    Quelques années plus tard, j’ai croisé un ancien collègue côtoyé sur ce projet, et eu le fin mot de l’his­toire. Quelqu’un, chez le client, s’était rensei­gné sur mon compte, avait décou­vert que j’étais un infâme gauchiste, et avait provoqué la rupture du contrat pour écar­ter la menace que je repré­sen­tais à leurs yeux.[…]

    Je n’avais pas de casier, pas de présence en ligne, rien qui aurait pu permettre de décou­vrir léga­le­ment la teneur de mon acti­visme. Quelqu’un, au sein d’une entre­prise privée, a pu avoir accès à des infor­ma­tions. Quelqu’un, au sein des « services » qui déte­naient ces rensei­gne­ments, les a lais­sées fuiter. […]

    Cette histoire n’a rien d’ex­cep­tion­nel, j’ai eu connais­sance d’autres témoi­gnages de même teneur, comme celui d’un came­ra­man membre de la LCR, pas vrai­ment une orga­ni­sa­tion révo­lu­tion­naire, qui, a peine embau­ché par une antenne locale de FR3, a été « dénoncé » à son rédac­teur en chef par les RG locaux […]

    — Esquisses

    À titre de rappel, le projet de loi sur le rensei­gne­ment ne concerne pas que la lutte contre le terro­risme mais aussi les inté­rêts écono­miques et scien­ti­fiques (donc dès que ça concerne une grosse entre­prise), les enga­ge­ments inter­na­tio­naux ou euro­péens (donc si vous mili­tez pour ou contre un élément sur lequel la France a signé un jour une conven­tion), ou les violences liées à l’ordre public (et fran­che­ment là dedans vient quasi­ment toute mani­fes­ta­tion ou acti­visme un peu fort)… pas que les faits avérés, mais la préven­tion de faits poten­tiels : Pas besoin d’avoir fait quoi que ce soit.

  • Reli­sons la notice

    [Je] lis les mêmes argu­ments, varia­tions autour du thème “la sécu­rité est la première des liber­tés” et “point de liberté sans sécu­rité”. Mon poil de juriste, que j’ai dru hormis sur le crâne, se hérisse aussi­tôt. Et je m’en vais faire mien cet apoph­tegme bien connu des infor­ma­ti­ciens : RTFM, qui peut se traduire par “Diantre, et si nous reli­sions la notice ?”

    […]

    La réponse est à l’ar­ticle 2 [de la décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen] : Le but de toute asso­cia­tion poli­tique (dans le sens d’État, et non de parti poli­tique comme cela pour­rait être compris aujourd’­hui) est la conser­va­tion des droits natu­rels et impres­crip­tibles de l’Homme. Voilà le but et l’objet de l’Etat : proté­ger nos liber­tés. Avouez que ça ne semble plus aller de soi.

    Deuxième ques­tion : quels sont ces droits ? Ils sont énumé­rés juste après : Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résis­tance à l’op­pres­sion.

    […]

    clari­fions un point essen­tiel tout de suite : la sûreté n’est pas la sécu­rité que nous promettent nos élus pour peu que nous renon­cions à toute garan­tie de notre vie privée. La sûreté qui préoc­cu­pait les révo­lu­tion­naires de 1789 n’est pas la certi­tude de vivre toute sa vie indemne de tout mal, pensée absurde dans la France de 1789, mais, et c’est là la pensée révo­lu­tion­naire : la protec­tion de l’in­di­vidu face à la puis­sance de l’État, que ce soit un roi ou tout autre diri­geant.

    […]

    Ainsi, ceux qui disent que la sécu­rité est la première des liber­tés se trompent et prennent le problème à l’en­vers. La sécu­rité est bien sûr essen­tielle, mais car elle four­nit le cadre d’une appli­ca­tion sereine et entière des droits de l’homme. L’in­voquer pour limi­ter ces droits est donc une trahi­son et une forfai­ture.

    — Jour­nal d’un avocat

    À lire en entier, parce que le style de Maître Eolas est toujours un plai­sir, mais aussi comprendre d’où on vient, combien la dérive actuelle est dange­reuse, tota­le­ment contraire à l’es­prit fonda­teur de notre État.

  • Proté­ger dans le respect des liber­tés – argu­men­taire

    Projet de loi renseignement - Protéger dans le respect des libertésLe PS vient de publier son argu­men­taire marke­ting pour le soutien au projet de loi rensei­gne­ment. Déco­dage.

    La loi renseignement, annoncée par François Hollande en juillet 2014 n’est pas une loi de circonstance, mais l’aboutissement d’une réflexion approfondie à la suite du rapport des parlementaires J.J. Urvoas et P. Verchère en 2013. Les attentats de janvier 2015 ont accéléré le calendrier en raison de l’urgence pour notre pays de se doter de moyens modernes et efficaces pour prévenir notamment les actes de terrorisme. L’engagement international de la France en fait plus que jamais une cible.Le fait que les atten­tats de janvier 2015 n’au­raient proba­ble­ment pas été empê­chés avec la surveillance que nous prévoyons ici ne semble inter­pe­ler personne.

    En réalité le rapport de 2013 a déjà mené à la loi de program­ma­tion mili­taire de fin 2013, avec déjà des dispo­si­tions large­ment limite vis à vis des liber­tés publiques et parti­cu­liè­re­ment de la liberté d’ex­pres­sion.

    Il s’agit juste ici de profi­ter de l’in­di­gna­tion pour faire passer d’autres dispo­si­tions que l’opi­nion poli­tique n’ac­cep­te­rait jamais à froid. Il y a donc effec­ti­ve­ment urgence, mais pas celle qu’on croit.

    RENFORCER L’ACTION DES SERVICES DE RENSEIGNEMENT - La France est l’une des dernières démocraties à ne pas avoir de cadre juridique pour structurer les activités de ses services de renseignements. Ce vide fragilise potentiellement les libertés individuelles en même temps que les agents de ces services dans leur action quotidienneIl n’y avait aucun « vide », juste des lois que les services de rensei­gne­ment ne respec­taient pas, en toute impu­nité. On avouera que c’est nette­ment diffé­rent. On peut dire que ça fragi­li­sait l’ac­ti­vité des agents, de la même manière que l’in­ter­dic­tion du vol fragi­lise l’ac­ti­vité des voleurs.

    En tout état de cause, cela ne fragi­li­sait en rien les liber­tés indi­vi­duelles, qui elles étaient juste­ment plei­ne­ment proté­gées. C’est juste­ment ce qui va chan­ger.

    1/Les limites du droit actuel. La seule législation encadrant certaines activités de renseignement est la loi de juillet 1991, pour les seules écoutes téléphoniques. Elle a été adoptée bien avant l’essor de l’Internet et de la téléphonie mobile, ce qui rend aujourd’hui, les possibilités d’action des services très limitées.Donc, repre­nons : On nous dit qu’il y a un vide qu’il est urgent de remplir, avant de nous dire qu’en fait non il y a bien un cadre exis­tant au moins depuis 1991 mais limité car ne prévoyant pas la télé­pho­nie mobile, et ce malgré l’en­cart qui rappelle le cadre de 2013 qui auto­rise l’ac­cès à toutes les données tech­niques de connexion et à la géolo­ca­li­sa­tion en temps réel des télé­phones portables.

    Vous le voyez qu’on essaye de nous enfu­mer là ? Trois para­graphes qui se suivent, qui contre­disent chacun l’ar­gu­ment précé­dent.

    Le problème n’est pas de fixer un cadre. Il n’est pas non plus celui de la télé­pho­nie mobile. Le problème c’est d’au­to­ri­ser ce qui était expli­ci­te­ment illé­gal, donc aller instal­ler des outils d’ana­lyse de masse direc­te­ment chez les opéra­teurs.

    Les services pourront toujours mettre en œuvre des interceptions de sécurité et solliciter des données de connexion. Des algorithmes pourront être installés sur les réseaux des opérateurs et fournisseurs d’accès afin de détecter l’organisation de projets terroristes. Certaines techniques aujourd’hui exclusivement employées par la police judiciaire à des fins répressives pourront être utilisées dans un but préventif (balisage de véhicules, prises de sons et d’images dans des lieux privés, captation des données informatiques) sous le contrôle du juge administratif. L’administration pénitentiaire sera également dotée de ces moyens de surveillance pour l’accomplissement de ces missions en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.Il y a 10 ans, on aurait parlé de pédo­por­no­gra­phie pour faire peur. Aujourd’­hui c’est de terro­risme. Donc, on parle de terro­risme, oui, mais aussi (entre autres) :

    Des inté­rêts essen­tiels de la poli­tique étran­gère et de l’exé­cu­tion des enga­ge­ments euro­péens et inter­na­tio­naux de la France

    Dit autre­ment, si l’exé­cu­tif français s’en­gage dans un traité inter­na­tio­nal ou euro­péen, elle peut surveiller tout ce qui risque de le mettre en échec. Nucléaire, copy­right, écono­mie… pas vrai­ment de limite.

    Les inté­rêts écono­miques et scien­ti­fiques essen­tiels de la France

    On parle d’es­pion­nage écono­mique et scien­ti­fique de base, mais aussi plus géné­ra­le­ment de tout ce qui peut entra­ver ce que l’exé­cu­tif consi­dère comme l’in­té­rêt de la France à ce niveau. Tiens, une orga­ni­sa­tion écolo­gique qui milite contre la poli­tique nucléaire, que la France a toujours consi­déré comme au coeur de son inté­rêt natio­nal écono­mique et scien­ti­fique… Plus vrai­ment du terro­risme là.

    La préven­tion de la crimi­na­lité et de la délinquance orga­ni­sées

    Pas vrai­ment du terro­risme là. La préven­tion de la délinquance, fut-elle orga­ni­sée, ça peut toucher quasi­ment tout le monde (éven­tuel­le­ment par erreur).

    La préven­tion des violences collec­tives de nature à porter grave­ment atteinte à la paix publique

    Celui là est le plus joli, car il permet de cibler l’es­sen­tiel des acti­vi­tés syndi­cales liées à des mani­fes­ta­tions.

    Atten­tion ! Tous ces motifs ne concernent pas des faits avérés mais de la préven­tion. Il n’y a donc pas besoin d’avoir été l’au­teur de violences collec­tives, de délinquance orga­ni­sée, ou d’in­té­rêts écono­miques.

    On parle de préven­tion, c’est à dire qu’il suffit que l’exé­cu­tif pense – arbi­trai­re­ment – que la surveillance en ques­tion puisse peut être l’ai­der à savoir quelque chose qui permet­tra de préve­nir un problème. Si vous croyez que ça ne vous concerne pas, reli­sez la phrase précé­dente.

    3/Un contrôle parlementaire. Les services sont des administrations. Et comme pour toutes les autres, il est de la responsabilité du Premier ministre d’en répondre devant le Parlement et de manière régulière devant la Délégation parlementaire au renseignement qui voit croître les informations portées à sa connaissance.

    Quand on parle du Premier Ministre qui en répond devant le parle­ment, ça veut dire que ça repose sur la possi­bi­lité pour le parle­ment de voter une motion de censure afin de renver­ser le Premier Ministre de sa propre majo­rité. Étant donné le fonc­tion­ne­ment de la Vème répu­blique, c’est super rassu­rant comme garde-fou, non ?

    Sachant que dans le cas extrê­me­ment impro­bable où ça arrive, ça n’ar­rête aucune action entre­prise dans le cadre de la présente loi, ça permet juste la nomi­na­tion d’un nouveau Premier Ministre.

    Vous le sentez bien le garde-fou pour vos liber­tés ?

    Ah, la commis­sion de contrôle. Une des moti­va­tions de ce projet de loi est plus ou moins offi­ciel­le­ment que les services de rensei­gne­ment exécutent déjà une partie de ces actions, de façon tout à fait illé­gale, et qu’il faut leur donner un cadre légal (en gros : léga­li­ser leurs actions illé­gales).

    Ils sont déjà surveillés par la commis­sion de contrôle avec des magis­trats et des parle­men­taires. Le rappor­teur du projet de loi en ques­tion fait juste­ment partie de la commis­sion actuelle qui ne trouve visi­ble­ment rien à y redire et n’a pas empê­ché ces dérives. C’est dire combien le verrou contre les abus est au centre des préoc­cu­pa­tions…

    Ça y est, vous vous sentez proté­gés ?

    Oh, et on vous a dit que le président de la commis­sion de contrôle actuelle s’est exprimé dans la presse pour dire que ce nouveau texte affai­bli­rait le contrôle sur l’ac­ti­vité de rensei­gne­ment ? Elle rassure cette commis­sion de contrôle, hein ?

    Là on est limite dans la farce. Donc vous aurez un droit de recours devant le Conseil d’État si vous êtes la cible de surveillances.

    Oh, bien sûr pour ça il faudra savoir puis prou­ver que vous êtes la cible d’une surveillance, qui par nature ne sera jamais publique. Autant dire que c’est de pure forme. Tout au plus ça peut servir à un cas tous les trois ans, et unique­ment après que le dommage ait eu lieu.

    Le reste est à l’ave­nant, avec un tableau de pure mauvaise foi à la fin.

    Alors, rassuré par le docu­ment du PS ?

  • Ener­gie : le rapport caché sur une France 100% renou­ve­lable

    Fruit de 14 mois de travail, extrê­me­ment précis et argu­menté, il explique que rien n’em­pêche qu’en France 100 % de l’élec­tri­cité provienne de sources renou­ve­lables en 2050. Il révèle égale­ment, calculs détaillés à l’ap­pui, que ce scéna­rio ne coûte­rait pas beau­coup plus cher aux consom­ma­teurs que le main­tien du nucléaire à 50 % de la produc­tion élec­trique, seuil fixé par François Hollande pour 2025.

    […]

    Au total, ils ont comparé plusieurs scéna­rios : 100 % renou­ve­lables, 95 %, 80 % et 40 %.

    — Media­part (accès payant)

    Bon, Média­part joue sur le sensa­tion­nel dans le titre en parlant de rapport caché pour un rapport qui attend juste une déci­sion poli­tique sur sa synthèse, mais le contenu reste inté­res­sant, et très lié à des déci­sions de stra­té­gie pure­ment poli­tique (au sens noble du terme).

    Pour une fois on parle de bien de prendre en compte les périodes sans vent, sans soleil, et de compa­rer heure à heure sur l’an­née la capa­cité de produc­tion renou­ve­lable et les besoins en éner­gie, éven­tuel­le­ment la capa­cité de stocker le surplus pour le rever­ser dans les périodes de manque.

    Il est en effet plus que temps qu’on mette ça sur la table avec des chiffres étayés, qu’on sache si c’est faisable, comment, et si c’est une direc­tion qu’on souhaite effec­ti­ve­ment prendre. Pour l’ins­tant le lobby nucléaire a la main mise sur toute la poli­tique française, et empêche l’idée même de débat autre qu’i­déo­lo­gique.

    Le rapport (accès libre mais indi­geste, sans l’ana­lyse)