Auteur/autrice : Éric

  • Réfé­ren­dum en Islande : seconde torgnole à la finance mondiale

    On peut le juger irres­pon­sable, même si le cas est loin d’être celui de la Grèce (il s’agit de la dette d’un établis­se­ment bancaire privé et pas celle de l’État), je ne peux m’em­pê­cher de repen­ser à chaque fois à la maxime « ils ne savaient pas que c’était impos­sible, ils l’ont fait ».

    Les pays pauvres sont complè­te­ment assujet­tis aux pays riches par la dette. Ces derniers sont complè­te­ment assujet­tis aux banques et orga­nismes de crédit, qui eux même sont finan­cés par de la monnaie virtuelle ou des aides des États.

    Au final tout le monde est écrasé par des inté­rêts et dettes à rembour­ser, sur une part fran­che­ment impor­tante du budget. Sans ces dettes nous aurions bien moins de problèmes. Au point où nous en sommes nous savons que nous n’en sorti­rons pas avant la prochaine révo­lu­tion : Il faudra plus de temps pour rembour­ser tota­le­ment les dettes que n’a d’an­cien­neté aucun de nos systèmes poli­tiques.

    Au final ils ne sont que quelques uns à en profi­ter. On peut les appe­ler les banquiers, mais le terme est impropre. Disons qu’ils sont les déten­teurs du capi­tal, souvent rentiers par héri­tage.

    Et si nous envi­sa­gions les solu­tions impos­sibles ? Elles sont proba­ble­ment une mauvaise idée, mais elles valent le coup d’être mises sur la table. Le risque n’est peu être pas si grand : Réfé­ren­dum en Islande : seconde torgnole à la finance mondiale

  • Fraude, para­dis fiscaux… guerre des mondes au Sénat

    Parler fraude, para­dis fiscaux… guerre des mondes au Sénat, c’est sur Media­part (donc payant, mais encore une fois je vous incite à vous abon­ner, ce média vaut 10 fois TF1, Le Monde, Le Figaro, Libé­ra­tion et France Tele­vi­sion réunis).

    Pour un petit avant-gout, Bloom­berg a une superbe anima­tion sur la circu­la­tion finan­cière des multi­na­tio­nales améri­caines. L’exemple est avec Google mais Yahoo! utilise un système assez proche.

  • Properly Salting Pass­words, The Case Against Pepper

    Bon, tout le monde devrait le savoir, même si mon expé­rience récente me montre qu’un rappel n’est pas inutile :

    • On ne stocke pas les mots de passe en clair, on les crypte
    • On n’uti­lise pas un chif­fre­ment réver­sible mais une fonc­tion de hachage
    • Un simple hachage ne suffit pas, il faut y ajou­ter un salage
    • Le salage doit être diffé­rent pour chaque mot de passe
    • L’al­go­rithme utilisé doit être lent, comme blow­fish par exemple

    Croyez moi, j’ai encore décou­vert il y a peu que non seule­ment ce n’était pas évident pour tout le monde mais que certains refusent de consi­dé­rer un simple stockage sous forme md5 sans salage comme une erreur et un problème poten­tiel de sécu­rité.

    Mais plus que tout ça, pour moi la règle de base c’est « ne jouez pas avec la sécu­rité ». Si vous n’êtes pas un expert dans la ques­tion : ne créez rien et n’im­plé­men­tez rien vous-même, utili­sez des biblio­thèques de codes toutes faites.

    Et par pitié, ne tentez pas d’amé­lio­rer les choses

    En jouant sur l’in­tui­tion, vous avez toutes les chances d’ar­ri­ver à un résul­tat opposé à celui que vous espé­rez.

    Dans le texte du jour à lire, Properly Salting Pass­words, The Case Against Pepper, nous avons un superbe exemple que je tente d’ex­pliquer en vain à chaque fois qu’on lève le sujet :

    Pour « amélio­rer » la sécu­rité, en plus du salage géré par l’al­go­rithme, propre à chaque mot de passe, certains cherchent à ajou­ter un second salage, global à l’ap­pli­ca­tion. L’idée est que le salage présent à côté du mot de passe dans la base de données ne suffit pas, il faudrait en plus connaitre le salage global utilisé par l’ap­pli­ca­tif, et donc profi­ter d’une faille de sécu­rité plus impor­tante afin d’ex­ploi­ter quoi que ce soit.

    L’idée semble bonne, intui­ti­ve­ment. Malheu­reu­se­ment vous n’êtes proba­ble­ment pas un expert sur l’al­go­rithme blow­fish. Vous ne *savez* pas si ajou­ter le même salage en début ou en fin du mot de passe avant de l’en­voyer à blow­fish ne risque pas de réduire la sécu­rité du résul­tat. Oh, vous avez proba­ble­ment l’in­tui­tion que ce n’est pas le cas, voire vous en êtes certains, mais aucune docu­men­ta­tion de sécu­rité recon­nue comme étant d’au­to­rité ne le précise expli­ci­te­ment.

    Vous en êtes à l’in­tui­tion et vous avez une chance sur deux de vous plan­ter. Au final, est-ce vrai­ment un bon pari ? Ça pour­rait l’être si l’état de l’art du stockage des mots de passe était fran­che­ment insuf­fi­sant et s’il n’y avait aucune méthode stan­dard pour l’amé­lio­rer. Ici il est probable que vous ne soyez pas encore à l’état de l’art (n’uti­li­se­riez-vous pas sha1 ou md5 ?) et cet état de l’art est proba­ble­ment suffi­sant si vous utili­sez suffi­sam­ment d’ité­ra­tions.

    Mais plus que cette ques­tion du double salage, qui est une mauvaise idée pour ce que vous et moi en savons, c’est toute l’im­plé­men­ta­tion que vous ne devriez pas toucher. Utili­sez une biblio­thèque de code éprou­vée, ou mieux : une fonc­tion prévue pour. En PHP nous avons « crypt », qui avec avec l’al­go­rithme blow­fish et suffi­sam­ment d’ité­ra­tions, rendra votre stockage des mots de passe bien plus solide que tout le reste de votre appli­ca­tion.

  • Vote par valeur

    Il y a toujours quelqu’un pour décou­vrir qu’il existe d’autres procé­dés de vote que nos votes à scru­tin majo­ri­taire. Parfois ça fait buzz aux élec­tions, mais ne nous leur­rons pas : Il n’y a rien de neuf, et rien de mira­cu­leux.

    Le pseudo-miracle de cette prési­den­tielle serait le vote par valeur. Il s’agit de voter pour chaque candi­dat, indé­pen­dam­ment, par exemple entre –2 (surtout pas) et +2 (génial). Ce système a pour moi trois avan­tages majeurs :

    1. Il répond à l’émiet­te­ment des voix, qui effec­ti­ve­ment est le problème majeur du mode d’élec­tion de notre président. Trois candi­dats avec des idées proches mais qui ont une majo­rité s’ils sont grou­pés ne risquent pas de faire gagner un concur­rent.  C’est vrai que ce seul défaut à notre élec­tion actuel mérite qu’on réflé­chisse aux alter­na­tives.
    2. Il prend en compte non seule­ment d’adhé­rence mais aussi le rejet. Surtout pour une prési­den­tielle, l’im­por­tant est le consen­sus. Je préfère celui qui n’a la préfé­rence de personne mais que tout le monde accep­te­rait avec plai­sir, à celui qui est le préféré de la majo­rité mais qui provoque un très franche rejet de tous les autres (toute ressem­blance avec des faits passés ne serait pas tota­le­ment le fruit du hasard).
    3. Il permet aux élec­teurs de s’ex­pri­mer plus en détail. Peu importe si cela a un effet diffé­rent au final, ça reste une bonne chose pour la légi­ti­mité de l’élec­tion et la paix sociale.

    Vulné­ra­bi­lité aux votes tactiques

    Malheu­reu­se­ment pour ses promo­teurs, il n’est pas parfait. S’il répond à l’émiet­te­ment des voix, il reste très sensible aux votes tactiques. En cas de résul­tat serré, un mili­tant aurait inté­rêt à noter un rejet imagi­naire des prin­ci­paux concur­rents.

    Ce sujet est complè­te­ment écarté par le site de promo­tion du vote par valeur. Il y est même consi­déré que le vote mili­tant doit être préservé parce que celui qui a le plus de mili­tants doit avoir une avance. Cette idée me semble contra­dic­toire non seule­ment avec le prin­cipe de démo­cra­tie (un mili­tant ne doit pas avoir plus de poids qu’un autre) mais aussi avec le fonde­ment même du vote par valeur. Dans les mêmes pages on affirme que la prise en compte du rejet est une forme de protec­tion de la cohé­sion sociale (et je suis d’ac­cord), que plusieurs critères de sélec­tion du mode de scru­tin sont écar­tés pour pouvoir donner de l’uti­lité au rejet. Si de l’autre côté on se rend compte que les rejets sont en fait des votes mili­tants non sincères, ce sont deux de mes trois avan­tages ci-dessus qui sont à jeter, et tout l’ar­gu­men­taire du vote de valeur qui tombe en lambeaux.

    Mais plus gênant encore : Le vote tactique est un danger d’au­tant plus grand que toutes les commu­nau­tés ou popu­la­tions n’ont pas la même propen­sion à les utili­ser. Les popu­la­tions les plus à même à utili­ser un vote tactique auront un poids bien plus impor­tant. Ainsi, les mieux éduqués et mieux infor­més auront un avan­tage par rapport aux popu­la­tions qui vote­ront naïve­ment. De même, les radi­caux et extré­mistes auront un avan­tages par rapport à ceux qui s’as­treignent à être modé­rés ou objec­tifs dans leur vision. Ce biais est loin d’être neutre, et risque de faus­ser tout le résul­tat.

    Sensi­bi­lité aux mani­pu­la­tions d’opi­nion

    La vulné­ra­bi­lité aux votes tactiques est d’au­tant moins à écar­ter, qu’elle prend tout son sens dans les mani­pu­la­tions d’opi­nion : Imagi­nons les candi­dats A, B et C. Votre préfé­rence va nette­ment à A, puis à B et à C, dans cet ordre.

    • Les médias vous disent que A et B sont au coude à coude, C plus loin derrière : La tactique sera donc d’as­su­rer la victoire en votant +2 pour votre candi­dat A et –2 pour son concur­rent B.
    • Les média vous disent que B et C sont au coude à coude : La tactique sera d’évi­ter le pire et de voter un +2 à B et un –2 à C.

    Dans le premier cas, si les médias avaient raison, vous venez, en simu­lant un rejet, de faire élire A alors que B aurait peut être été un meilleur candi­dat pour la nation.

    Mais surtout vous avez peut être été mani­pulé. En vous faisant passer de l’un à l’autre on modi­fie votre voix et on peut tout à fait contrô­ler l’élec­tion de B. Certes, c’est un risque qui existe déjà sur le mode d’élec­tion actuel avec l’émiet­te­ment des voix, mais qui reste bien visible à tous pour l’ins­tant et qui sera bien plus caché et diffi­cile à combattre dans un vote de valeur.

    Le risque du nombre de candi­dats

    L’émiet­te­ment des voix est un des facteurs limi­tants pour le nombre de candi­dats actuels. Ne nous lais­sons pas leur­rer par les pleurs du FN qui simule chaque année une diffi­culté pour obte­nir 500 signa­tures. Si des petits candi­dats réus­sissent à chaque fois à se quali­fier avec des scores de moins de 1 %, c’est que la candi­da­ture est raison­na­ble­ment simple.

    S’il n’y a pas de risques à multi­plier les candi­dats, nous en aurons plus. Les maires donne­ront aussi plus faci­le­ment leurs signa­tures. Même pour les grands partis, pourquoi ne pas présen­ter 5 ou 10 candi­dats ? quels risques ?

    Avoir même 25 candi­dats serait diffi­cile à gérer, mais on en risque plutôt 50 si on en fait rien. Il y a forcé­ment des solu­tions à ces problèmes, mais aucune ne sera parfaite, toutes auront des effets large­ment discu­tables et indui­ront des biais. Je me refuse à évaluer le vote par valeur si on ne me propose pas en même temps des solu­tions à ce problème qu’il créé.

    Secret du vote

    Si nous avons même 15 candi­dats, le nombre de combi­nai­sons possibles dépasse de plusieurs milliers de fois le nombre de votants dans un seul bureau de vote. Pour peu qu’un vote soit « étrange », il devient faci­le­ment unique. Il devient donc réaliste de donner des instruc­tions de vote à des tiers et de pouvoir véri­fier si elles ont été respec­tées. Le secret du vote est donc à risque.

    Pour palier ce risque la seule solu­tion envi­sa­gée est de sépa­rer le vote en plusieurs bulle­tins, un par candi­dat. Le site de promo­tion du vote par valeur propose de sépa­rer le bulle­tin après vidage de l’urne, mais c’est déjà trop tard si on veut éviter une relec­ture par des tiers : Cette sépa­ra­tion doit être faite par l’élec­teur lui-même.

    Quinze candi­dats, c’est quinze votes, quinze enve­loppes, quinze urnes, ne pas se trom­per d’en­ve­loppe et d’urne, iden­ti­fier l’élec­teur à chaque étape, puis vider les quinze urnes pour faire quinze dépouille­ments qui chacun seront un peu plus long que l’ac­tuel pour faire le compte final.

    Je passe le fait qu’il faut cocher des cases et que pour garder un anony­mat on propose un poinçon. Ceux qui ont suivi les débats sur l’élec­tion de Georges W. Bush aux États Unis doivent se rappe­ler que cette solu­tion est juste­ment celle qui a provoqué tant de débats lors des dépouille­ments là bas.

    Simpli­cité

    Certains ont du mal à l’ima­gi­ner, mais le vote actuel est déjà à consi­dé­rer comme diffi­cile. Certains ne comprennent pas le rôle de l’en­ve­loppe, certains n’entrent pas dans l’iso­loir, certains mettent plusieurs bulle­tins, d’autres ne prennent qu’un seul bulle­tin avant de se rendre dans l’iso­loir, on en voit repo­ser les bulle­tins non utili­sés sur la table… j’en passe et des meilleures. Là dessus il faut penser que certains recon­naissent le bulle­tin parce qu’ils ne savent pas lire, et je vous laisse imagi­ner la diffi­culté d’un vote secret pour un non voyant.

    Imagi­nons ensuite qu’il ne faut pas que choi­sir, il va falloir cocher ou poinçon­ner. Combien coche­ront deux cases ou entre les cases parce que c’est « entre 1 et 2 » ? Combien ne compren­dront pas le fonc­tion­ne­ment ? Comment aider ceux qui voient mal ou lisent mal ?

    Le résul­tat très clair des États Unis, c’est que les cartons plein de votes, c’est n’est fran­che­ment pas simple.

    Même en dehors du vote lui même, un procédé de vote complexe c’est la source d’in­nom­brables débats sur la légi­ti­mité de tel ou tel candi­dat qui aura eu moins de votes posi­tifs mais aussi moins de votes néga­tifs, alors que tel autre n’a fina­le­ment eu des rejets que parce qu’il y a eu un appel à vote mili­tant… Le scru­tin actuel est haute­ment criti­cable, mais au moins le résul­tat laisse peu de place au débat.

    Alors oui, on répond à l’émiet­te­ment des candi­dats, mais on est encore trop loin d’une bonne solu­tion pour que le chan­ge­ment vaille le coup à mon avis. C’est d’au­tant plus vrai que les défauts du vote par valeur sont bien moins évidents, et donc bien moins trans­pa­rents.

  • Le logi­ciel de télé­pho­nie mobile qui défie le contrôle des États

    On avance lente­ment, lente­ment. Côté infor­ma­tique cela fait des années que tout devrait être chif­fré et décen­tra­lisé. On sait faire, il ne reste qu’à passer quelques limi­ta­tions admi­nis­tra­tives désuètes et mettre un peu de promo­tion.

    Serval est inté­res­sant mais fina­le­ment il y aurait plus effi­cace à mettre en œuvre à court terme : un chif­frage de bout en bout de la commu­ni­ca­tion.

    Mail, messa­ge­rie, télé­pho­ne… plus rien ne devrait être sans chif­frage. Les risques de dérive on les connait et on les a subit maintes et maintes fois. Les « terro­ristes » eux, savent déjà faire, ce n’est pas le problème.

    Le logi­ciel de télé­pho­nie mobile qui défie le contrôle des États

  • La direc­trice de cabi­net de Frédé­ric Mitter­rand à la FNAC : conflit d’in­té­rêts ?

    Le 12 mars 2012 était promul­guée une loi qui inter­dit de revendre de façon régu­lière des billets de spec­tacles sans y être auto­risé par les produc­teurs ou orga­ni­sa­teurs. Un mois plus tard, la direc­trice de cabi­net de Frédé­ric Mitter­rand quit­tait le minis­tère pour prendre la direc­tion de France Billet au sein de la FNAC et du groupe PPR.

    Fran­che­ment la ques­tion n’est pas que ce soit lié ou non. Le problème c’est que ça casse toute notion de confiance dans les insti­tu­tions. Tant qu’on n’aura pas plus de trans­pa­rence, il est simple­ment impos­sible d’ac­cep­ter ce genre de faits.

    Dans la notion de conflit d’in­té­rêt le problème ce n’est pas que quelqu’un ait abusé de sa posi­tion, sinon c’est de l’abus de confiance, de la corrup­tion ou que sais-je encore. Il s’agit unique­ment d’avoir des inté­rêts diver­gents ou une situa­tion qui rend diffi­cile l’exer­cice d’un poste. Il m’est diffi­cile de dire si ce cas est inter­dit ou pas, mais il devrait l’être.

    La direc­trice de cabi­net de Frédé­ric Mitter­rand à la FNAC : conflit d’in­té­rêts ?

  • Fête du travail, ou pas

    La fête du travail c’est la célé­bra­tion de la rébel­lion sociale et syndi­cale contre l’ex­ploi­ta­tion ouvrière. Aux États-Unis comme en France c’est à la fois sur la base de la réduc­tion du temps de travail légal et sur des mani­fes­ta­tions d’op­po­si­tion et de grèves qui ont eu lieu à cette date et qui se sont soldées dans le sang.

    Voilà que Nico­las Sarkozy nous annonce « orga­ni­ser la fête du travail, mais la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur ». Face à la presse il semble qu’il ait ajouté « de ceux qui sont expo­sés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille ». Bref, célé­brer le travail, le fait de travailler, et de vouloir travailler (plus) pour gagner plus : l’exact opposé de l’his­toire de cette jour­née.

    Je ne peux m’em­pê­cher de trou­ver ça indé­cent vis à vis de l’his­toire, un peu comme si on fêtait la guerre contre l’Irak lors de la célé­bra­tion de l’ar­mis­tice du 11 novembre.

    Mais pire, ce qui me choque c’est que ce soit celui qui occupe la fonc­tion de Président de la Répu­blique qui ose ainsi détour­ner les insti­tu­tions et les célé­bra­tions pour de simples visées élec­to­ra­listes à court terme.

  • Pas de vote élec­tro­nique à ma prési­den­tielle (ni ailleurs)

    N’ou­bliez pas le danger pour la démo­cra­tie que son les ordi­na­teurs de vote. Si les villes françaises semblent s’être calmées, ce n’est que partie remise. Tôt ou tard des poli­tiques voudront montrer combien ils sont modernes et à la page, et les machines à voter diverses refleu­ri­ront.

    La première action c’est de rendre ces machines inutiles et de renfor­cer l’as­pect citoyen des élec­tions : parti­ci­pez au dépouille­ment ! Ça prend une à deux heures mais c’est un exer­cice que tout le monde devrait vivre pour mieux comprendre le prin­cipe de trans­pa­rence de l’élec­tion. Si le dépouille­ment rede­vient un moment fort ou qu’au moins on arrête de manquer cruel­le­ment de personnes, c’est une des justi­fi­ca­tions du vote élec­tro­nique qui dispa­raît.

    La deuxième action, si votre bureau de vote est enta­ché par cette igno­mi­nie, c’est de faire noter au procès verbal sur place tout ce qui est anor­mal : scellé manquant, machine qui fait des bip sans raison, asses­seur qui accom­pagne un élec­teur dans l’iso­loir au moment du vote pour l’ai­der à voter (y compris pour des « bonnes » raison comme la présence d’un non voyant ou d’une personne âgée), inter­ven­tions tech­niques sur la machine ou rempla­ce­ment de l’équi­pe­ment en cours de vote (quelle qu’en soit la raison), heure ou date non inco­hé­rence, machine ouverte, qui ferme mal ou qui n’est pas verrouillée, impos­si­bi­lité de voter blanc/nul, refus de vous lais­ser assis­ter au dépouille­ment (véri­fi­ca­tion des tickets de sortie), affi­chage inco­hé­rent sur la machine, nombre votes et d’émar­ge­ments diffé­rents lors du dépouille­ment, etc.

    Pour les asses­seurs on peut ajou­ter d’autres anoma­lies poten­tielles : vote déjà ouvert à l’ou­ver­ture du bureau de vote, numéro de série ou de version inco­hé­rent avec les numé­ros atten­dus ou certi­fiés (ou impos­si­bi­lité de le véri­fier), urne non vide au démar­rage (ou impos­si­bi­lité de le véri­fier), codes confi­den­tiels non secrets, décompte ou procé­dures non fonc­tion­nels, ou globa­le­ment inca­pa­cité à réali­ser les opéra­tions prévues au code élec­to­ral pour garan­tir le bon dérou­le­ment de l’élec­tion.

    Il manque cepen­dant cruel­le­ment un docu­ment fait par quelqu’un qui connaît bien les textes et qui liste les points perti­nents à surveiller et à faire noter au procès verbal, avec quelles réfé­rences et quel forma­lisme. Les docu­ments qui trainent sur Inter­net sont soit trop vieux soit rédi­gés par des non-juristes (et ça se voit).

    Qui s’en charge ? ordi­na­teurs de vote semble mort et diffi­cile à utili­ser.

  • Release early, release often

    Si j’ai retenu quelques choses de ceux qui réus­sissent, c’est qu’il faut arri­ver à avan­cer dans l’ordre, un pas à la fois. Mieux : Il faut sortir les projets le plus tôt possible, ne surtout pas attendre qu’ils soient finis.

    On se confronte plus rapi­de­ment au monde réel, à ses contraintes, aux clients, aux four­nis­seurs. On peut aussi mieux adap­ter la suite en gérant les prio­ri­tés telles qu’elles doivent l’être et non telles qu’on se les était imagi­nées. Le plus souvent cela permet même d’aban­don­ner des idées pour en mettre d’autres à la place, avant qu’il ne soit trop tard.

    Sortir tôt c’est aussi accep­ter de faire des compro­mis avec ses attentes et ses souhaits : On livre un produit ou un service qui sera en deçà de la cible qu’on cherche à atteindre, en deçà des services déjà exis­tants sur plusieurs points, et même pourquoi pas en deçà de ce qu’on consi­dère comme le mini­mum essen­tiel. Le tout est de prendre conscience que ce n’est qu’une étape, qu’on commence tous au début, et de s’en­ga­ger à bouger rapi­de­ment et fréquem­ment vers les objec­tifs fixés.

    Ce fonc­tion­ne­ment est main­te­nant un lieu commun dans les star­tup techno, mais c’est encore frus­trant pour tout le monde et une source d’in­com­pré­hen­sion pour beau­coup de tiers.

    La diffi­culté tient à commu­niquer sur la cible, montrer ce qu’on souhaite faire, tout en ména­geant les attentes car les premières versions ne seront que des premières versions, et que tout ne vient pas immé­dia­te­ment.

    Là où les encou­ra­ge­ments et l’écho posi­tif des tiers devraient être un encou­ra­ge­ment et une source de moti­va­tion, l’at­tente ou les premières versions incom­plètes peuvent très vite se retour­ner en juge­ments néga­tifs et en stress pour le projet. L’équi­libre est diffi­cile à trou­ver, je n’y suis pas encore. Notre objec­tif et notre travail conti­nuent en atten­dant.

  • L’ex­pé­rience 100 livres à 99 centimes

    J’ai parlé de l’offre de Brage­lonne, mais fina­le­ment peu de mon expé­rience ou des livres eux-mêmes, alors voilà un ressenti à chaud :

    Des fiches produit bien pauvres

    Il est diffi­cile de juger des livres sur un bref résumé. Les fiches produits ont encore peu de nota­tions et de commen­taires lecteurs mais c’est peu éton­nant. Je ne me vois pas reve­nir sur la librai­rie pour noter un livre. J’irai sur un site social pour ça et à mon humble avis les librai­ries qui ont cher­ché à travailler seules sans inté­grer un site social tiers ont pris un mauvais chemin.

    L’édi­teur aussi doit faire son travail pour enri­chir le résumé avec des liens ou des critiques. Souvent il n’y a même pas de bio de l’au­teur ou mention de ses autres livres remarquables.

    Je me suis retrouvé à devoir juger sur le titre, la couver­ture, et un résumé souvent cari­ca­tu­ral (surtout pour le genre fantasy). Je pense que je me suis beau­coup plus fié à la couver­ture que je n’au­rai du. Sérieu­se­ment, ceux qui croient que l’ac­ti­vité du libraire est morte feraient bien d’ache­ter un livre en librai­rie puis un livre via Inter­net pour voir la diffé­rence. Il est temps d’avoir de vraies librai­ries sur le web.

    Des offres encore peu adap­tées

    J’étais parti à fond dans l’es­prit décou­verte, mais j’ai vite déchanté. Je ne crois pas qu’un libraire numé­rique ait réel­le­ment fait des mises en avant sélec­tives ou des coups de cœurs spéci­fiques à l’offre. Même à la fin de la jour­née, il semblait y avoir à peine un ou deux sites faisant état de conseils d’achat.

    Avec des fiches produit très pauvres, ça a été un peu le hasard. Je m’étais fixé entre 20 et 50 euros comme budget. Si j’ai certai­ne­ment eu un panier bien plus impor­tant que la moyenne, je suis fina­le­ment resté dans le bas de ma four­chette, à cause de ça.

    Ce n’est pas faute de l’avoir suggéré : J’at­ten­dais des packs. Peu importe qu’ils viennent du libraire ou de l’édi­teur, mais des offres « 20 livres qui parlent de dragons », « 5 livres qui font réflé­chir », « 15 livres qui abordent la magie diffé­rem­ment » auraient été une superbe expé­rience d’achat. Non seule­ment j’au­rai été incité à ache­ter plus, mais ça aurait aussi contri­bué à éviter le risque du lecteur qui ne profite que d’une baisse de prix sans augmen­ter son volume d’achat.

    À vrai dire, si j’avais eu un « 100 livres à décou­vrir » avec un achat simple, j’au­rai proba­ble­ment cédé. Vu le prix j’au­rai accepté d’avoir plein de livres hors de ma zone d’in­té­rêt (et pourquoi pas me lais­ser tenter à décou­vrir) mais je n’al­lais pas les ajou­ter moi-même au panier, surtout pas 100 ajouts indi­vi­duels. Occa­sion manquée.

    Des méta­don­nées encore plus pauvres

    Passer au numé­rique ce n’est pas qu’en­ro­ber le contenu. Il ne vien­drait pas à l’es­prit de publier un livre papier qui a une zone « résumé » en quatrième de couver­ture et de la lais­ser vide. C’est ça qui me fait sortir un livre ou un autre de mon étagère suivant le moment.

    Pourquoi donc en numé­rique laisse-t-on les résu­més des livres vides dans les méta­don­nées ? C’est impar­don­nable : Aucun des livres ache­tés ne semble avoir de résumé embarqué dans le fichier. Comment vais-je choi­sir lequel lire dans ma biblio­thèque person­nelle ?

    Brage­lonne : Il faut *abso­lu­ment* faire quelque chose là dessus.

    Côté clas­si­fi­ca­tion ce n’est pas mieux. La moitié des livres ont « fr » comme étiquette là où j’at­tends au moins « science-fiction », « poli­cier », « fantas­tique » et quelques autres genres de premier niveau.  L’autre moitié n’a rien. Je paye un verre à celui qui convain­cra Brage­lonne de non seule­ment mettre des genres de premier niveau, mais aussi une clas­si­fi­ca­tion complète et précise.

    Là dessus je n’avais quasi­ment aucun espoir, mais quand le livre fait partie d’une série, la méta­don­née corres­pon­dante n’est elle non plus rensei­gnée. Fran­che­ment dommage.

    Si vous voulez atti­rer des passion­nés ou prétendre faire de la qualité, les méta­don­nées sont un enjeu stra­té­gique, vrai­ment. Ils l’ont compris dans la musique, mais peut être un peu tard. Voulons-nous vrai­ment repro­duire toutes leurs bêtises et nous retrou­ver dans la même situa­tion ?