Auteur/autrice : Éric

  • Priva­ti­sa­tion des béné­fices, socia­li­sa­tion des coûts

    Le titre est trom­peur : Nous parlons du milieu cultu­rel. La ques­tion est bien posée :

    L’écart de salaire entre un modeste maître de confé­rence sans grand succès scien­ti­fique et un titu­laire de prix Nobel ou de médaille Fields n’at­tein­dra qu’un facteur 4 (il pourra monter disons à 10 si le titu­laire de prix s’ex­pa­trie dans un pays où on le rému­nè­rera mieux qu’en France, par exemple en Suisse). En revanche, les diffé­rences du monde artis­tique sont bien plus marquées : entre le musi­cien ou l’ac­teur qui vit dans la dèche en enchaî­nant pres­ta­tions mal rému­né­rées et travaux alimen­taires, et la vedette qui possède des maisons bien situées sur plusieurs conti­nents, l’écart est consi­dé­rable.

    Pourquoi finance-t-on avec des exclu­si­vi­tés, des subven­tions et des régimes spécia­li­sés de si mauvaises répar­ti­tions ? C’est encore plus vrai dans le domaine cultu­rel ou il est loin d’être évident que des rému­né­ra­tions gigan­tesques sont de nature à amener de meilleurs résul­tats. On sait depuis long­temps que la force de la culture est plus dans sa richesse et sa diver­sité que dans l’ap­pa­ri­tion de quelques meilleures ventes.

    Priva­ti­sa­tion des béné­fices, socia­li­sa­tion des coûts. C’est un bon symp­tôme que proba­ble­ment il y a un autre équi­libre à trou­ver.

    Je ne suis par contre pas fan de la compa­rai­son avec les foot­bal­leurs. Même si la subven­tion à ces derniers est anor­male, les enjeux ne sont en rien simi­laires.

  • Derrière les muti­la­tions sexuelles sur l’en­fant, les rapports du laïc et du reli­gieux

    J’ai pour habi­tude de reprendre in extenso les titres des articles que je lie. Celui là risque de faire fuir certains, mais je vous recom­mande sérieu­se­ment la lecture. Il s’agit de droit, de reli­gion et de poli­tique, unique­ment de cela.

    Derrière les muti­la­tions sexuelles sur l’en­fant, les rapports du laïc et du reli­gieux

    Scari­fier, marquer ou entailler un enfant doit et est inter­dit dans notre société, quand bien même cela serait fait sur des convic­tions reli­gieuses. La convic­tion profonde des parents ne doit simple­ment pas l’em­por­ter sur le droit et l’in­té­grité physique des enfants. De toutes façons, toute muti­la­tion physique est de fait inter­dite, sauf néces­sité médi­cale.

    Oui, j’en­fonce des portes ouvertes. Tout le monde s’y accor­dera si on parle d’ex­ci­sion ou de scari­fi­ca­tion du visage. La grande ques­tion est, dans notre répu­blique laïque auquel tout le monde tient tant, pourquoi tolère-t-on encore la circon­ci­sion reli­gieuse ?

    C’est fou qu’on consi­dère comme un scan­dale qu’un lycéen porte un foulard mais normal que des parents mutilent le sexe de leur enfant. Visi­ble­ment ça commence à bouger en Alle­magne, et c’est tant mieux. Le droit étant ce qu’il est, déjà là, il faudrait que quelqu’un se bouge en France aussi pour enfin arrê­ter ces pratiques.

  • Tolkien, l’an­neau de la discorde

    On parle de droit d’au­teur, d’hé­ri­tiers qui exploitent les oeuvres des grands-parents et qui n’ont qu’un gros porte-monnaie, ou au contraire qui bloquent toute réuti­li­sa­tion et toute vie à l’oeuvre, mais il existe d’autres types de rela­tions des héri­tiers avec l’oeuvre des parents.

    Tolkien, l’an­neau de la discorde, c’est un article de Le Monde à lire abso­lu­ment, tant pour l’his­toire que pour appré­cier le travail d’un jour­na­liste quand il cherche à ne pas faire qu’un entre­fi­let.

    Et quand bien même on en sort avec un senti­ment mitigé, ne serait-ce pas là l’exemple d’un bon équi­libre entre l’au­teur, ses héri­tiers, l’oeuvre, les exploi­ta­tions de diver­tis­se­ment et le public ?

  • En Argen­tine, fais sexe qu’il te plaît

    Quand en France on s’amuse à savoir si made­moi­selle est un terme discri­mi­nant ou pas, d’autres réflé­chissent plus loin. Fina­le­ment, est-il même vrai­ment perti­nent d’avoir à préci­ser son genre à chaque formu­laire ?

    Pourquoi les impôts ont-ils besoin de savoir si je suis un homme ou une femme ? Pourquoi mon employeur en a-t-il besoin ? Pourquoi chaque petit formu­laire admi­nis­tra­tif ou commer­cial impose une telle décla­ra­tion ?

    En Argen­tine, fais sexe qu’il te plais : Libre à chacun de choi­sir comment il se défi­nit. À vrai dire toute préci­sion liée à la nature biolo­gique ne peut être qu’une discri­mi­na­tion. S’il s’agit unique­ment de savoir quelle formule de poli­tesse est la plus adap­tée, ce doit être un champ libre, y compris sur les états civils et données admi­nis­tra­tives. Tu veux être femme ? et bien tu l’es.

    Ça me rappelle une initia­tive sur un chemin diffé­rent mais là aussi d’une ouver­ture d’es­prit que nous sommes loin d’avoir en France : L’Aus­tra­lie qui permet de ne pas préci­ser son genre sur son passe­port. Je suis plus mitigé dans le cas austra­lien parce que le genre biolo­gique est bien un signe distinc­tif au même titre que la couleur des yeux ou des cheveux. Impo­ser une photo­gra­phie et des champs pour les carac­té­ris­tiques physiques en igno­rant la ques­tion du sexe c’est un peu nier la réalité. Bref, c’est quelque chose que j’au­rai appré­cié quasi­ment partout *sauf* sur le passe­port.

    Et puis, pour ceux qui ne savent pas, xkcd montre très bien qu’outre le fait que la ques­tion n’a aucun sens, elle est quasi­ment impos­sible à trai­ter correc­te­ment en prenant en compte tous les cas réels. Comment trai­ter ceux qui ont ou vont chan­ger de sexe ? ceux qui sont en cours avec des attri­buts fémi­nins et mascu­lins ? ceux dont l’af­fi­chage n’est pas le même que le biolo­gique ? ceux qui ont un statut biolo­gique non binaire (et il y a pas mal de cas possibles).

  • Revente de licences logi­cielles

    Il y a des choses qui n’ont l’air de rien, mais avec le dernier juge­ment de la cour de justice de l’union euro­péenne, je me demande si on ne se dirige pas vers une auto­ri­sa­tion d’un marché de l’oc­ca­sion pour le livre numé­rique, au même titre que le papier.

    Il s’agit ni plus ni moins que d’af­fir­mer le droit de revente au déten­teur d’une licence logi­ciel. Or fina­le­ment, au niveau numé­rique, le livre n’est qu’une copie asso­ciée à une licence ou un droit de lecture.

    Un créa­teur de logi­ciels ne peut s’op­po­ser à la revente de ses licences « d’oc­ca­sion » permet­tant l’uti­li­sa­tion de ses programmes télé­char­gés via Inter­net.

    Le droit exclu­sif de distri­bu­tion d’une copie d’un programme d’or­di­na­teur couverte par une telle licence, s’épuise à sa première vente.

    Qu’en pensent ceux qui ont de véri­tables compé­tences juri­diques ?

  • EuroC­rise : OFCE vs Brain­wa­shing média­tique

    Au niveau des États tout le monde connait la bonne poli­tique : Être strict sur les budgets et finances en périodes normale et en faste, ne pas redis­tri­buer de recettes excep­tion­nelles, et être plus souple en période de crise pour soute­nir les plus faibles et relan­cer le système.

    Étran­ge­ment on trouve toujours une bonne raison de faire diffé­rem­ment et nous faisons actuel­le­ment exac­te­ment l’in­verse. Que ce virage soit justi­fié ou non, est-il vrai­ment légi­time de rogner tous les filets de sécu­rité, les équi­libres sociaux, et les pres­ta­tions au moment où juste­ment les gens en ont le plus besoin ? N’est-ce pas oublier que l’état est d’abord là pour les citoyens et pas pour « le système » et encore moins pour « l’éco­no­mie » ?

    Le mini­mum est donc de s’in­ter­ro­ger sur la perti­nence et du béné­fice attendu des choix que nous faisons, indé­pen­dam­ment des bonnes raisons qui semblent évidentes à tous.

    Nous détrui­sons beau­coup de choses en Europe, en allant des systèmes sociaux aux biens publics qui sont priva­ti­sés. Même si nous réus­sis­sons à sortir de cette « crise » perma­nente qui a bon dos, quel sera l’état de notre société à cette date ?

    EuroC­rise : OFCE vs Brain­wa­shing média­tique. Pas certain que la piste prise soit la meilleure, et en tout cas elle mérite d’être bien plus discu­tée et remise en cause qu’elle ne l’est actuel­le­ment. Dites, et si comme dans tout crime on se posait la ques­tion de qui a un mobile ?

  • Licence crea­tive commons et attri­bu­tions

    J’ai voulu cher­cher une illus­tra­tion sous Crea­tive Commons pour certains billets, en l’at­tri­buant correc­te­ment via une note en bas de page. Sur le billet précé­dent je suis tombé sur une ancienne publi­cité vintage scan­née ou prise en photo puis publiée sur Flickr et… j’ai décidé de ne faire ni attri­bu­tion ni mention de licence.

    Je me refuse à encou­ra­ger ou parti­ci­per à cette appro­pria­tion du bien commun et cette dérive du « tout sous droit d’au­teur ». Désor­mais j’ap­plique­rai stric­te­ment ce qui est prévu par la loi : Le droit protège une œuvre origi­nale et intel­lec­tuelle. Quand il n’y a aucun de ces deux quali­fi­ca­tifs, il n’y aucun droit asso­cié. Je n’ac­cepte pas que certains re-priva­tisent l’es­pace public et s’at­tri­buent des exclu­si­vi­tés ou des droits d’au­teur sans légi­ti­mité.

    C’est vrai pour un simple scan, pour une photo­gra­phie d’un objet cadré et gérée sans inten­tion ou travail intel­lec­tuel, mais aussi pour des photos de monu­ment, de vacances, et plus géné­ra­le­ment tout ce qui ne présente ni travail de l’es­prit ni origi­na­lité.

    Je relayais déjà un peu la ques­tion dans un ancien billet, mais je suis certain que S.I.Lex ou d’autres ont des billets plus précis sur la ques­tion. Si quelqu’un les retrouve, qu’il n’hé­site pas à les parta­ger en commen­taire.

    J’au­rai bien mis une illus­tra­tion de Capi­tain Copy­right en illus­tra­tion, mais je ne suis pas certain d’en avoir le droit… (ironie, quand tu nous tiens)

  • Garan­tie obli­ga­toire de deux ans

    Je stocke parce que je l’ai ecore recher­ché il y a peu : La garan­tie obli­ga­toire est de deux ans en Europe, et elle est à suppor­ter par le vendeur, pas par le construc­teur, peu importe les condi­tions mises en avant par le vendeur.

  • Tele­net qui freine offi­ciel­le­ment le P2P et la consom­ma­tion massive

    Si vous ne connais­sez pas encore plus.net, il faut faire un tour sur leur tableau de gestion de trafic en fonc­tion des offres. Heureu­se­ment nous n’en sommes pas encore là en Europe, mais ce qui se profile n’est pas forcé­ment meilleur.

    L’exemple de ce que je crains c’est Tele­net qui freine offi­ciel­le­ment le P2P et la consom­ma­tion massive. Ça n’a l’air de rien et à la première lecture on pense faci­le­ment que la mesure est sage tout en permet­tant à chacun de parta­ger les ressources en bonne intel­li­gence.

    Là où les choses prennent du relief c’est en reli­sant deux ou trois fois le dernier para­graphe : Tele­net nie avoir des problèmes de capa­cité. Pour­tant, l’objet même de la mesure c’est de /parta­ger/ une ressource limi­tée pour qu’elle soit utili­sable à tous. Ça n’a de sens que dans le cadre d’un four­nis­seur d’ac­cès qui sature.

    Facile de cibler les plus gros consom­ma­teurs et les offrir en pâture. Main­te­nant ne serait-il plutôt pas légi­time d’at­tendre que le four­nis­seur réalise les inves­tis­se­ments néces­saires ?

    On voit d’ailleurs bien que c’est une ques­tion pure­ment commer­ciale en ce qu’on peut indis­po­ser les autres avec plus de volume tant qu’on paye une offre plus chère.

    Le danger est encore plus fort quand on parle de filtrer par proto­cole ou par appli­ca­tion. Qui décide quel trafic est légi­time et quel trafic est de trop ? pourquoi ? selon quels critères ?

    Pourquoi le « P2P » est-il visé mais pas Skype qui en fait un usage des plus larges ? Pourquoi le P2P et pas la vidéo ? Pourquoi même juge-t-on le P2P illé­gi­time ? Des appli­ca­tions P2P audio concur­rentes à Skype seront-elles libres d’ac­cès ou l’ex­cep­tion est-elle propre à Skype ?

    Le passé nous a déjà amené des choses bien jolies, avec des opéra­teurs Inter­net mobile qui au nom d’une ressource limi­tée inter­disent la voix sur IP mais auto­risent hors quota l’ac­cès à la télé­vi­sion via 3G. Nous avons aussi des opéra­teurs qui ont nié pendant des années un bridage P2P et qui se sont fait condam­ner 6 ans après par la justice pour ce même bridage. Les mêmes ont une inter­con­nexion Youtube trop pour­rie pour regar­der une vidéo en qualité stan­dard mais qui diffusent de la HD avec une QoS bien réglée sur leur VOD. D’autres ont acheté le concur­rent de Youtube.

    Qui va dire quelle situa­tion est légi­time, où est la limite, qui décide quel inves­tis­se­ment est raison­nable et quel pour­ris­se­ment vient d’une volonté de favo­ri­ser ses propres services ?

    Cela ne résou­dra pas tout, mais nous avons plus que jamais besoin que l’Eu­rope mette quelque part une ligne rouge à ne pas fran­chir. Lais­ser l’opé­ra­teur déci­der quel proto­cole, quelle appli­ca­tion ou quel usage est légi­time, me paraît être bien au delà de la ligne rouge souhai­table.

  • Web Perfor­mance Daybook Volume 2

    J’ai le plai­sir de vous annon­cer la publi­ca­tion de Web Perfor­mance Daybook Volume 2 (aussi dispo­nible en France). Il s’agit d’un recueil d’ar­ticles de plus de 30 auteurs autour de la perfor­mance web, collec­tés par Stoyan Stefa­nov en fin d’an­née dernière et auquel j’ai eu le plai­sir de parti­ci­per.

    Certes, tout le contenu peut être trouvé par Inter­net mais les béné­fices sont inté­gra­le­ment rever­sés à la fonda­tion WPO, dont l’objec­tif est d’ai­der et finan­cer les projets open source et la recherche autour de la perfor­mance web.

    Bref, proba­ble­ment un geste utile autant qu’in­té­res­sant.

    Si ça fonc­tionne, nous verrons proba­ble­ment un volume 1 prendre la suite (avec des articles de l’an­née précé­dente, mais toujours inté­res­sants).