Auteur/autrice : Éric

  • Écosys­tème fermé, un piège de plus qui se referme

    Apple ? 30%

    Apple taxe 30% sur tout ce qui se vend sur iPhone et iPad. Ok, on le sait. D’un côté on peut juger que c’est légi­time et qu’ils font ce qu’ils veulent sur leur plate­forme. D’un autre côté, quand on devient domi­nant, ça devient une vraie taxe para­site et forcée pour tous les acteurs.

    Sauf que voilà, l’éco­sys­tème App Store cherche à s’étendre sur les micro-ordi­na­teurs. La prochaine version de Mac OS X aura une option de confi­gu­ra­tion pour restreindre les appli­ca­tions passant par l’éco­sys­tème contrôlé (et donc la taxe Apple de 30%). Probable que ce ne soit qu’une seule option au début, certain que cette option sera acti­vée par défaut un jour proche.

    Google ? vous entrez, vous ne sorti­rez pas

    Côté Google l’op­tion existe déjà sur les télé­phones et tablettes Android, acti­vée par défaut. Ça semble un peu plus libre mais fina­le­ment pour toucher le grand public, en France on se retrouve à Google Play (ex Android Market) ou rien, ou presque, avec toujours une taxe de 30%, mais chez Google cette fois.

    Google a toute­fois été un peu vu comme le libé­ra­teur car on pouvait soumettre des appli­ca­tions gratuites ou peu chères, et vendre du contenu, des exten­sions ou des versions premium par un paie­ment hors de l’éco­sys­tème Google.

    They are not evil, mais ils ne sont pas des anges non plus. C’est même plus insi­dieux car il s’agit de lais­ser faire jusqu’à captu­rer les parts de marché et le public, puis ressé­rer le jeu : On commence à faire pres­sion sur des déve­lop­peurs pour faire appliquer une règle que tout le monde pensait absente ou non appli­cable. Désor­mais il faudra passer par les paie­ments Google Wallet, et la taxe Google de 30%.

    Amazon ? pas mieux

    Dans les deux cas il s’agit unique­ment de construire une posi­tion domi­nante et d’en profi­ter pour taxer toute l’in­dus­trie. Impos­sible de voir autre chose qu’un abus de posi­tion domi­nante et qu’un para­si­tage.

    Lorgnez, les domaines sont diffé­rents mais se ressemblent, Amazon semble réus­sir à construire la même chose dans le domaine du livre. N’ou­bliez-pas, ceci se repro­duira, à chaque fois que nous entre­rons dans un écosys­tème fermé. À chaque fois les gens tombent dans le panneau en croyant à la bonne volonté de ces géants, et à chaque fois ils déchantent.

    Dans tous ces cas il est facile de se lais­ser happer. Une fois le contenu acheté, vous avez le choix de partir et tout perdre ou de rester et de perdre encore plus mais plus tard.

    Mozilla ?

    La seule solu­tion : ne pas entrer dans ces écosys­tèmes fermés et dans une société qui n’a pas un enga­ge­ment de valeur clair. « we are not evil » ne suffit pas, c’est encore trop flou.

    Boot2Ge­cko et le Mozilla market place arrivent, mais c’est encore loin, trop loin. Les gens sont déjà coin­cés avec leur iPad et leur jouet à 500€, ils ne chan­ge­ront pas faci­le­ment, pas rapi­de­ment.

    Il n’est jamais trop tard, mais entre temps nous aurons perdu.

  • Mira­dor de Patrick Delper­dange avec les Éditions ONLIT

    Les éditions ONLIT se sont lancées dans l’édi­tion de livres élec­tro­niques il y a moins d’un mois. J’ap­pré­cie beau­coup l’ar­ri­vée de petits éditeurs purs numé­riques.

    Par leur taille de cata­logue ils peuvent oser faire des choses. On parle de gens qui font géné­ra­le­ment à produire de la qualité sur le texte lui-même mais aussi sur l’offre et le conte­nant. Je pense par exemple à des offres d’abon­ne­ment en télé­char­ge­ment, des prix adap­tés, des contrats respec­tueux des auteurs, à une volonté de diffu­sion large sans exigence déli­rante, et des prises de posi­tion tran­chées anti-DRM.

    ONLIT m’a genti­ment donné accès à Mira­dor, un petit polar d’une centaine de pages de Patrick Delper­dange. Afin d’être trans­pa­rent, ONLIT m’a donné accès après que j’ai signalé que la liberté de ton est essen­tielle pour moi. On ne peut pas en dire autant partout.

    Le texte

    Ça commence direc­te­ment. Il ne faut pas plus de trois pages pour être dans l’his­toire. L’air de rien, c’est peut être que je lis trop de pavés dans les genres SFF, mais ça fait long­temps que je n’étais pas dans un livre aussi rapi­de­ment et faci­le­ment.

    Peu de person­nages, dont on comprend immé­dia­te­ment le posi­tion­ne­ment, mais une richesse qui fait qu’on explore les ambi­guï­tés et les inter­ro­ga­tions du héros jusqu’au bout.

    L’his­toire ? On reste du polar dans sa plus simple expres­sion : une intrigue, une enquête qui donne en même temps l’im­pres­sion de comprendre de mieux en mieux et de moins en moins à chaque page, et un dénoue­ment qui permet d’ex­pliquer tout en surpre­nant.

    Avec cent pages et un style sans détours ni  descrip­tions longues, ça se lit en une traite. Le rythme n’est pas rapide en soi, il est simple­ment continu et suffi­sant pour exclure tota­le­ment l’idée de faire une pause avant la fin.

    Il y a un moment aux deux tiers où j’ai eu un peu d’im­pa­tience, avec des ajouts à l’in­trigue qui ne faisaient pas avan­cer. Avec le recul je me dis que c’était peut être juste ce qu’il fallait pour ralen­tir un peu sans géné­rer l’en­nui. Mon seul vrai point moins posi­tif se fait sur le dénoue­ment, sec et légè­re­ment déce­vant même s’il ne se laisse pas devi­ner à l’avance. Mais bon, le plai­sir de la lecture se juge plus au parcours qu’à la dernière page. J’ai pris du plai­sir, et pas qu’un peu, c’est la seule chose que je retiens.

    Le maître mot que je retiens le plus dans le style : simple, dans sa conno­ta­tion posi­tive. Ni rapide ni lent, ni complexe ni simpliste. On se laisse trans­por­ter l’air de rien.

    Le livre

    Le texte est une chose, mais je n’ai pas la préten­tion d’avoir un avis averti sur le sujet. Je ne suis pas un critique litté­raire mais un simple lecteur. Par contre je vais peut-être aller plus loin sur d’autres sujets.

    Tout d’abord la longueur. Je la trouve parfaite pour la lecture numé­rique. C’est assez inha­bi­tuel pour un roman papier, mais très agréable ici. Ça se lit le temps d’un trajet en train, ou en quelques trajets quoti­diens en bus. J’avais déjà croisé un format simi­laire – mais un peu plus court – avec Le Waldgän­ger, mais ce dernier était très sec et haché, plus adapté au smart­phone. Ici c’est parfait pour votre liseuse à encre élec­tro­nique.

    Par contre ce format inha­bi­tuel impose un devoir : Celui d’in­for­mer le lecteur. À 5 € si j’étais tombé sur la fiche du libraire, venant d’un nouvel éditeur numé­rique je me serai attendu à un roman de taille plus clas­sique. La décep­tion voire l’in­di­gna­tion risque d’être au rendez-vous pour ceux qui ne sont pas passés par une recom­man­da­tion.

    Ce peut être en nombre de pages équi­valent papier, ou en temps de lecture, mais la longueur néces­site d’être indiquée sur la fiche du livre et sur l’ex­trait dispo­nible en ligne.

    D’ailleurs, à ce propos, ce sont les 11 premières pages qui sont en lecture libre, soit 10 % du livre. Il ne m’en a pas fallu plus pour m’in­ci­ter à ne pas m’ar­rê­ter. Ça c’est une sacré­ment bonne idée. Si je devais être éter­nel insa­tis­fait j’in­ci­te­rai à propo­ser cet extrait aussi au format ePub. Je n’ai aucune envie de lire en PDF, vrai­ment.

    Les détails

    Quitte à être un éter­nel insa­tis­fait je ferai deux demandes supplé­men­taires sur les détails : La couver­ture est très agréable en couleurs, mais diffi­ci­le­ment lisible une fois passée sur une liseuse noir et blanc. L’encre élec­tro­nique en niveaux de gris repré­sente encore une grande partie du marché et c’est un point à prendre en compte lors de la concep­tion de la couver­ture, ça ne l’a pas été suffi­sam­ment. Oui, c’est du détail, j’avais prévenu.

    Second détail : Il me manque des liens. J’ai un premier lien vers le site de l’au­teur en fin du livre. J’ap­pré­cie. Sur la page d’après, réser­vée à l’édi­teur, on me recom­mande quatre autres livres. C’est assez léger pour ne pas faire trop pub, mais c’est aussi très frus­trant parce que je n’ai pas de lien vers ces epub. C’est tout de même dommage là aussi. Quitte à faire du détail de détail, une vignette des couver­tures pour­rait aussi être sympa­thique.

    TL;DR

    Sur le texte je n’ai aucune décep­tion. C’est simple et effi­cace, ça ne se lâche pas, et ça laisse un très bon moment. Longueur et complexité rendent la lecture on ne peut plus adap­tée aux usages mobiles du numé­rique : C’est jack­pot.

    Sur l’en­vi­ron­ne­ment je conti­nue à pous­ser une recom­man­da­tion assez géné­rale pour le livre numé­rique : Il nous faut des indi­ca­tions de longueur, c’est essen­tiel. Ici ça l’est encore plus à cause du format court et d’un prix qui ne rend pas évidente cette faible longueur.

    Je le laisse sur les livres que je recom­man­de­rai faci­le­ment à ceux qui veulent tenter l’aven­ture du numé­rique. S’il n’était pas plus facile de recom­man­der des libres de droits comme les Maurice Leblanc, je crois même que c’est un des titres qui serait en tête de liste.

    Message person­nel à ONLIT : des comme celui là, vous pouvez m’en envoyer quand vous voulez :-)

  • Du code HTML des livres numé­riques

    J’ex­plore le code des ePub et je tombe sur des choses étranges : du code que je n’au­rai jamais accepté d’au­cun inté­gra­teur web avec qui j’ai travaillé jusqu’à présent, même d’un débu­tant.

    Je ne parle pas des livres extrê­me­ment mal faits mais bien de livres dont l’en­semble du code fait croire qu’il a été produit par des outils intel­li­gents, voire nettoyé à la main par quelqu’un dont c’est le métier.

    Ces livres là conti­nuent à avoir un code qui me semble étrange. Les moteurs de rendu des logi­ciels de lecture sont parfois mauvais. Il semble que les astuces et compro­mis se doivent d’être bien plus nombreux que ceux sur nos navi­ga­teurs web. Alors je demande à ceux dont c’est le métier, pouvez-vous m’éclai­rer un peu sur ce qui est normal ou pas, habi­tuel ou pas, jugé de qualité ou pas ?

    Voici quelques exemples de ce que j’ai trouvé :

    Images

    <img alt="image" height="97%" src="…" style="width: 373px; height: 560px; ">

    La couver­ture a pour texte alter­na­tif « image ». Dans d’autres exemples j’ai trouvé « couver­ture », « cover » et même « image.png ». Malgré mes recherches je n’ai trouvé aucun livre qui ait un texte alter­na­tif vide ou conte­nant le titre du livre (qui sont les deux choix que j’au­rai discuté dans le cadre d’un site web, suivant le contexte).

    Dans d’autres images j’ai parfois trouvé des textes alter­na­tifs vides mais rare­ment. Le plus souvent c’est « image », « carte », ou « illus­tra­tion ». Je n’ai cher­ché que sur un échan­tillon mais d’ori­gine diverse : Aucun texte alter­na­tif présen­tant une réelle alter­na­tive – même limi­tée ou tronquée.

    Sachant que le livre numé­rique offre poten­tiel­le­ment une réelle avan­cée sur l’ac­ces­si­bi­lité des textes aux personnes malvoyantes, je me dis qu’on gâche là une superbe oppor­tu­nité.

    <img alt="cover" height="100%" src="…">

    Dans mes explo­ra­tions j’ai vu pour un petit quart de livres conte­nant certaines illus­tra­tions avec un texte alter­na­tif anglais. « Cover » revient assez souvent. Là, il y a vrai­ment un lais­sez-faire que je ne peux pas comprendre quand le code est nettoyé à la main.

    <img alt="image" height="97%" src="…" style="width: 373px; height: 560px; ">

    Vient ensuite, et je l’ai retrouvé sur plusieurs sources diffé­rentes, un code qui m’étonne vrai­ment : un attri­but hauteur spéci­fié à 93, 95 ou 97%, cumulé à une CSS qui précise un nombre de pixel exact. J’ai même vu un 562.255px traî­ner, c’est dire l’exac­ti­tude – et mon incom­pré­hen­sion. Spéci­fier une taille rela­tive en attri­but ou une taille fixe en style peuvent se comprendre indé­pen­dam­ment l’un de l’autre. Je n’ar­rive cepen­dant pas à conce­voir dans cas il peut être perti­nent d’as­so­cier les deux.

    Titres

    Les titres c’est le domaine qui devrait être simple. On fait du <h1>, du <h2>, et ainsi de suite. Pour des raisons de compa­ti­bi­lité je peux comprendre qu’on ait une hiérar­chie qui ne soit pas la hiérar­chie théo­rique, mais…

    <h1 id="Couverture" title="Couverture"></h1>

    Je vois souvent des titres vides, tout simple­ment. J’au­rai pu le comprendre pour des raisons de compa­ti­bi­lité pour des entêtes de chapitre mais à y regar­der de plus près j’ai une part très signi­fi­ca­tive de livres qui n’ont aucune balise <h1> du tout, et qui fonc­tionnent très bien partout où je les ai essayé. Pourquoi ces titres vides ?

    <p><a id="a2"></a><span class="t1"><b>Chapitre I – </b></span><span class="t1"><i>…</i></span></p>

    À l’in­verse, j’ai donc bien des livres où les titres sont de simples para­graphes mis en gras avec une police de carac­tère spéci­fique. Je ne comprends pas.

    <h1 id="PageTitre" title="Page Titre"></h1>

    De même, la page de titre est un mystère pour moi. La grande majo­rité des livres choi­sissent de ne pas marquer comme titre <h1> le titre du livre, et de réser­ver ces balises aux titres des sections et des chapitres. Je dois avouer ma grande surprise mais je soupçonne qu’il puisse y avoir une raison vis à vis de la manière de fonc­tion­ner de certains lecteurs qui construisent des sommaires auto­ma­tiques.

    <h1 id="PageTitre" title="Page Titre"></h1>
    <div>
    <span>…</span>
    </div>

    Sur un livre récent et proba­ble­ment traité à la main j’ai même trouvé une combo avec une balise titre vide suivie d’un titre sous forme de para­graphe. C’était pour la page de titre (et non un titre de para­graphe).

    Et le corps de docu­ment

    <title>002</title>

    Dans la plupart des lecteurs, la balise <title> reste inuti­li­sée, mais tout de même… Une bonne majo­rité reprend le nom du chapitre en court ou une indi­ca­tion simi­laire. Quelques irré­duc­tibles conti­nuent à simple­ment numé­ro­ter le fichier xhtml, avec de plus un numéro qui ne corres­pond pas à celui du chapitre. C’est dommage, on se coupe de poten­tielles réuti­li­sa­tions plus tard dans d’autres contextes.

    <html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">

    Un sur deux ne précise pas la langue du livre dans la balise <html> ou dans la balise <body> (ni aucune autre d’ailleurs). L’in­for­ma­tion existe peut être dans les méta­don­nées du livre lui-même, mais il s’agit selon moi d’une erreur si on veut permettre la lecture orale du livre.

    <p>&nbsp;</p>

    C’est cette marque qui m’a décidé à aller voir plus loin. J’ai l’im­pres­sion de reve­nir aux années 2000. Même dans un trai­te­ment de texte plus aucun profes­sion­nel ne devrait faire de chose pareille, alors chez un éditeur… Je ne connais pas les problèmes de compa­ti­bi­lité des logi­ciels de lecture mais il y a-t-il vrai­ment des lecteurs qui ne sauront pas reprendre des règles CSS simples de marge et d’es­pa­ce­ment ?

    …moi ?</p>

    C’est arrivé rare­ment, et plus exac­te­ment je n’ai pas réussi à retrou­ver de livres présen­tant ce problème, mais je me rappelle clai­re­ment l’avoir rencon­tré dans mes lectures : des manques d’es­paces insé­cables devant ou après certaines ponc­tua­tion, avec des retours à la ligne malheu­reux. Sur des livres avec un éditeur dont c’est le métier c’est presque inex­cu­sable.

    <h1 id="Toc13" title="Treize">TREIZE</h1>

    Dernier point relevé aujourd’­hui, la présence de titres en lettres capi­tales, sans utili­ser le style CSS dédié à cet usage. Je soupçonne un manque de compa­ti­bi­lité mais je doute quand même : Cette fonc­tion­na­lité est plutôt bien implé­menté dans les moteurs web depuis long­temps.

    Pouvez-vous m’ai­der ?

    Vous allez me dire que je suis poin­tilleux et qu’on se moque de tout ça, mais je n’ai relevé que ce qui pour moi relève de la faute. Même avec les correc­tions ci-dessus on reste trop souvent avec un code en excès de <div> et <span>, avec des classes super­flues et redon­dantes un peu partout, avec un mélange étrange et injus­ti­fiable de styles en ligne et styles externes.

    Bref, je suis poin­tilleux par nature mais croyez bien que dans ce billet je suis encore loin de la qualité que j’at­tends d’un inté­gra­teur web avec qui je travaille. Là j’ai l’im­pres­sion de deman­der le mini­mum.

    Je suis convaincu qu’il doit exis­ter des raisons à certains de ces choix. Je ne suis donc pas vrai­ment là pour poin­ter du doigt, mais pour expo­ser ma pensée et espé­rer que vous saurez m’ex­pliquer ces choix ou les contraintes qui ont mené à ces choix, pour que je comprenne et que je reparte moins igno­rant que je ne suis arrivé.

  • Inter­ve­nants du livre numé­rique : Lâchez prise

    Il est temps que tout le monde lâche prise dans le livre numé­rique, et que chacun accepte de rester dans son rôle, de ne plus tout contrô­ler.

    Trois actua­li­tés se téles­copent d’un coup dans ma liste de liens sur le livre numé­rique :

    Je refuse que Apple ou Paypal puissent déci­der seuls que l’éro­tique ou la violence ne doivent pas être vendus, au point de les faire dispa­raître du paysage pour une part signi­fi­ca­tive de la popu­la­tion.

    Je refuse qu’A­ma­zon ou Apple puissent bloquer l’ac­cès à une part si impor­tante du marché sans réelle alter­na­tive pour se simples bras de fer commer­ciaux.

    Je n’ai pas de réponse toute faite : Je comprends qu’Apple a le droit de déci­der de ce qu’il vend, qu’A­ma­zon a le droit ne pas vendre ce qui lui semble trop cher, et que Paypal a le droit d’avoir des valeurs à mettre en avant et de contrac­tua­li­ser ou non avec qui il veut.

    Main­te­nant, control freaks, on dépasse les bornes. Être domi­nant sur un marché impose des règles de modé­ra­tion, pour le bien de la société. Nous pouvons les impo­ser par la loi, ou simple­ment montrer que nous n’ac­cep­te­rons plus ces types de compor­te­ment.

    On parle ici de socié­tés qui inter­agissent direc­te­ment avec les lecteurs, mais croyez moi il y a aussi des histoires de control freaks côté édition ou auteurs.

    Chacun à sa place, et tout le monde pourra se déve­lop­per en créant une acti­vité profi­table à tous, et en premier lieu à la société dans son ensemble : Lâchez prise.

  • My Star­tup Failed, But It’s OK

    Quand on en sera à cet état d’es­prit en France, on verra enfin une dyna­mique d’en­tre­pre­neurs et d’in­no­va­tion. En atten­dant, ici, on ne regarde pas ce que vous avez essayé de faire, mais si vous avez parti­cipé à une entre­prise qui a réus­sit quelque chose de gros.

    Le rejet de l’échec est telle­ment impor­tant qu’en tant que consul­tant j’ai vu ce que j’ap­pelle la stra­té­gie du para­pluie à tous les étages. D’autres l’ap­pellent la stra­té­gie IBM, du nom de « si j’ap­pelle IBM j’ai peu de chances de respec­ter le budget ou les délais, mais on ne me repro­chera pas cet échec pour­tant prévi­sible : j’au­rai pris les meilleurs ».

    Ce n’est pas dit ainsi dans My Star­tup Failed, But It’s OK, mais ça revient à ça : C’est en essayant qu’on peut réus­sir, et un échec servira toujours d’ex­pé­rience pour la suite.

    Les anglo­phones disent « keep on failing, keep on trying », je préfère « si vous n’êtes pas prêts à échouer, vous n’êtes pas prêts à réus­sir ». Et le coro­laire : Les gens prêts à réus­sir sont ceux qui ont déjà échoué.

    Ceux qui n’ont qu’une seule expé­rience et qui n’ont que réussi, vous ne saurez jamais si c’est grâce à eux, au contexte, à la chance, et s’ils en ont réel­le­ment tiré de l’ex­pé­rience. Pire : Ils arri­ve­ront avec plein de certi­tudes. Embau­chez des gens qui ont fait quelque chose, mais des gens qui ont échoué.

  • Du Bon usage de la pira­te­rie

    Je ne saurai résu­mer telle­ment c’est riche, mais si vous suivez mes peregri­na­tions au pays des droits d’au­teurs et de la propriété intel­lec­tuelle, je ne peux que vous inci­ter à prendre une soirée pour lire Du Bon usage de la pira­te­rie, de Florent Latrive. On y retrace de l’his­to­rique, des enjeux, des exem­ples…

    C’est long, et certains chapitres sont trop enga­gés, mais je vous recom­mande au moins la lecture des chapitres 1 et 6. Sérieu­se­ment. Je ne résu­me­rai pas ici.

  • Droit d’au­teur, quel héri­tage ?

    Dans la suite des droits d’au­teurs, quel héri­tage souhaite-t-on lais­ser aux suivants ?

    On y parle de la prolon­ga­tion de 20 ans des droits dits « voisins ». Il est assez facile d’en­tendre un point : un droit de 70 ans ne profite qu’à quelques rares auteurs. L’unique gagnant est le produc­teur. L’objec­tif devient unique­ment de renta­bi­li­ser et d’as­su­rer une rente aux produc­teurs sur la base de vieilles oeuvres bien renta­bi­li­sées, au détri­ment du public, et parfois même de l’au­teur qui se voit confisquer son oeuvre.

    Un auteur peut-il accep­ter de son vivant que son texte défendu avec talent ne puisse être joué quand il est mort car ses descen­dants ont vendu ses droits ?

    Le problème n’est pas neuf puisque dans le texte en lien, nous voyons que Victor Hugo en disser­tait déjà. Mais le passage le plus clair est proba­ble­ment le suivant :

    L’im­po­si­tion du code de la propriété intel­lec­tuelle vise à créer arti­fi­ciel­le­ment de la rareté sur le monde des idées.

    Et là, n’est-on pas dans l’objec­tif tota­le­ment inverse de celui de l’au­teur, de la diffu­sion de la culture et du partage des connais­sances ?

    Alors je cite Victor Hugo :

    « Le livre, comme livre, appar­tient à l’au­teur, mais comme pensée il appar­tient – le mot n’est pas trop vaste – au genre humain »

     

  • Media­part a-t-il raison ?

    Je suis convaincu de la qualité de Media­part. J’irai même jusqu’à penser que c’est actuel­le­ment un media essen­tiel à notre démo­cra­tie car trop peu ont un posi­tion­ne­ment de fond sur la vie poli­tique et la démo­cra­tie. Je ne peux que vous inci­ter à vous abon­ner et je n’ai pas été déçu un instant depuis que je le suis.

    Derniè­re­ment Media­part a publié des entre­tiens avec les candi­dats à la prési­den­tielle, dont certains d’une qualité excep­tion­nelle dans le bruit média­tique ambiant. La rédac­tion a cepen­dant fait un choix : celui de ne pas invi­ter la repré­sen­tante du FN à s’ex­pri­mer dans leurs colonnes.

    Je n’adhère pas à cette vision de la démo­cra­tie qui voudrait que certaines opinions ne doivent pas être publiées. Le fait de faire un cas excep­tion­nel pour une opinion qui repré­sente 10 à 20 % des français est pour moi l’op­posé d’une démo­cra­tie.

    Je n’adhère pas mais je respecte. Ce choix ils ont toute légi­ti­mité pour le faire s’ils le souhaitent. Ils n’ont aucune obli­ga­tion en la matière, pas plus que je n’en ai person­nel­le­ment. Disons que j’en suis déçu de la part d’un jour­nal qui milite telle­ment pour la plura­lité des media.

    J’au­rai en effet mieux compris cette posi­tion de la part d’un jour­nal qui prend offi­ciel­le­ment parti que d’un jour­nal qui s’en cache : Faire état « contre » quelqu’un est pour moi autant engagé dans la prési­den­tielle que faire état « pour » un autre.

    Par contre je ne comprends pas la dernière réac­tion d’Edwy Plenel. Libre à eux de ne pas donner voix au FN, mais libre aussi au FN de ne pas invi­ter Media­part  en retour. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi ils le feraient. Media­part ayant choi­sit de ne pas être simple­ment un jour­nal d’in­for­ma­tion mais aussi un jour­nal d’opi­nion, le FN n’a pas à invi­ter des opinions diver­gentes à ses meetings.

    Cela ne retire en rien la valeur de Media­part, mais peut-être la rédac­tion oublie-t-elle que la liberté est à double sens, ou que le plura­lisme, la démo­cra­tie et l’in­for­ma­tion imposent parfois de donner aussi voix aux opinions des autres. Parfois on a besoin qu’on nous le rappelle, parce que personne n’est parfait.

    Et selon vous, Media­part a-t-il raison ?

  • Texto en braille

    L’in­no­va­tion peut se voir comme l’avan­cée de la majo­rité avec des nouveau­tés tech­no­lo­giques. Pour moi le texto en braille mérite cent fois plus des récom­penses d’in­no­va­tion que le smart­phone lui-même. Ouvrir de nouvelles possi­bi­li­tés c’est telle­ment plus impor­tant qu’ap­por­ter un simple confort et gadget, même si ce dernier arrive à se rendre indis­pen­sable.

  • Hôpi­tal : « Quand un infir­mier a peur de tuer un gamin, c’est qu’il y a un souci »

    Les moyens des hôpi­taux sont de plus en plus faibles.

    Débor­dés, les infir­miers voient leurs horaires s’al­lon­ger. Les vacances d’été se posent jusqu’à octobre. Le person­nel travaille trois week-ends sur quatre (au lieu de deux par mois). Marc dit n’avoir plus le temps de prendre ses pauses.

    […]

    « On est surme­nés. Une personne crevée n’est pas dans les condi­tions opti­males pour travailler. Combien de temps on va tenir ? »

    […]

    Au delà du problème d’ef­fec­tif, il pointe les « coupures budgé­taires » (rela­tives aussi à des « problèmes d’or­ga­ni­sa­tion ») : l’in­fir­mier explique que parfois, il est obligé d’al­ler piquer une compresse au service voisin pour faire un soin

    […]

    « Quand les infir­miers ont peur de tuer un gamin à la fin de la jour­née, c’est qu’il y a un souci. »

    Cela n’étonne personne, on sait tous que les 35 heures se comptent sur deux à trois jours et pas par semaine dans cette profes­sion. Quel hôpi­tal souhai­tons-nous ? Cher­chons nous un hôpi­tal public à la limite de l’exer­cice de sa mission et le privé prendre soin de la santé de ceux qui ont de l’argent ?

    « Je crois que c’est illu­soire de rendre l’hô­pi­tal rentable. On s’en fout des problèmes d’argent, on sauve des gamins ! »

    C’est toute la ques­tion. L’hô­pi­tal devra être rentable, mais peut être que son finan­ce­ment passe par l’im­pôt.