Auteur/autrice : Éric

  • Brage­lonne : 100 livres, 99 centimes l’un

    100 livres, 99 centimes l’un, c’est l’offre des éditions Brage­lonne de ce premier avril. Même si on est à des années lumières de certaines autres maisons, ce n’était pas un pois­son d’avril. Et pour répondre rapi­de­ment : non, ce n’étaient pas des nouvelles, des livres autoé­di­tés sans filtrage ou des rebus. On parle de romans on ne peut plus clas­siques, dont quelques uns que je connais­sais déjà. Oh, et c’était sans DRM bien entendu.

    J’ai­me­rai bien savoir sous quel angle Brage­lonne a fait cette opéra­tion (si vous passez, n’hé­si­tez pas à commen­ter) mais je n’y vois pas une simple opéra­tion commer­ciale. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ePagine a tenu à étique­ter ça « vente flash ». Ça donne l’im­pres­sion d’une vente au bara­tin pour un baril de lessive dans un super­mar­ché.

    Pour moi le moteur de cette offre, c’est surtout l’as­pect décou­verte. On le voit d’ailleurs au fait que pour les livres en série, parfois seul le ou les premiers tomes font partie de l’opé­ra­tion.

    Décou­vrir

    À 99 centimes je n’ai quasi­ment aucun risque. Je peux m’ache­ter deux poches à 8 euros ou un grand format à 16 euro, mais ça risque de ne pas me plaire, malgré les conseils du libraire. Au mieux j’achè­te­rai l’éven­tuelle suite, mais ça s’ar­rête là.

    Ici pour le même prix je vais « essayer ». Je peux prendre 16 livres au même prix, et risquer que seuls deux me plaisent, ça sera toujours mieux que la situa­tion précé­dente. Au pire j’en ai une douzaine qui me plaisent, je tombe amou­reux de Brage­lonne et j’achète toutes les suites.

    Person­nel­le­ment j’ai doublé ce montant. Je sais qu’a­vec 32 livres, certains fini­ront sans être ouverts, parce que je ne me suis jamais trouvé dans l’hu­meur adéquate. D’autres je les refer­me­rai rapi­de­ment parce qu’ils ne m’au­ront pas plus, là où je me serai peut être forcé à finir un grand format payé au prix fort. Mais sur 32 j’en lirai jusqu’au bout certains que je n’au­rai pas tenté de moi-même.

    J’au­rai décou­vert plus loin que mon univers habi­tuel, des livres que je n’au­rai pas acheté ou lu sinon. Seule la biblio­thèque m’of­frait cette possi­bi­lité jusqu’à présent, mais sans rien en numé­rique.

    Oppor­tu­nité contre manque à gagner

    C’est là que se situe à mon humble avis le déca­lage entre les éditeurs ayant compris le numé­rique et les autres. Les premiers ont inté­gré le fait que faire ache­ter à 99 centimes un livre qui n’au­rait pas été vendu sinon sera toujours une oppor­tu­nité posi­tive. Les autres n’y verront qu’un manque à gagner.

    Ce déca­lage se voit aussi sur la DRM. Vaut-il mieux perdre des ventes ou s’in­ter­dire d’en gagner en mettant une DRM, ou risquer que le livre soit lu par des gens qui ne payent pas ? Je ne dis pas que la ques­tion est simple pour un éditeur, mais elle montre des approches très diffé­rentes de la rela­tion au lecteur et de la gestion des droits.

    En réalité, eu importe que j’aie eu accès à 35 livres pour le prix de 3 ou 4. L’im­por­tant est qu’au final j’ai acheté pour autant ou plus que je ne l’au­rai fait sinon, et que je suis incité à reve­nir.

    Hadrien de Feed­books a donné une première réponse en révé­lant que beau­coup d’ache­teurs sur cette offre étaient des nouveaux venus dans sa librai­rie numé­rique. Rien que cette donnée montre que l’offre était une bonne idée. La grande ques­tion sera de voir si ces lecteurs reviennent mais, au pire, comme ces gens ne seraient pas venus sinon : Brage­lonne et ses auteurs n’au­ront rien perdu.

    Un autre indi­ca­teur à surveiller est le panier moyen. J’ai­me­rai bien savoir si les anciens clients sont venus ache­ter juste un ou deux livres – ce qui tendrait à penser qu’ils ont remplacé un achat stan­dard – ou s’ils ont eu un panier de montant équi­valent ou supé­rieur à leurs habi­tudes – ce qui tendrait à penser qu’ils sont en décou­verte et que l’offre n’aura proba­ble­ment pas créé de véri­table manque à gagner. Si quelqu’un a des infor­ma­tions là dessus …

  • De l’ap­pren­tis­sage et de l’uti­li­sa­tion du numé­rique

    Fran­che­ment je suis plus que mitigé sur l’ex­pé­rience de ce profes­seur qui a mis sur Inter­net de fausses infor­ma­tions pour prou­ver à ses élèves qu’ils repre­naient n’im­porte quoi sans analyse critique voire sans comprendre.

    J’avais fais une première réponse très néga­tive, avec cita­tions commen­tées, puis je me suis rendu compte que je risquais de passer tout autant à côté du sujet que l’au­teur initial.

    Les numé­rique, le numé­rique, tu sais ce qu’il te dit le numé­rique ?

    Les élèves ont de tout temps repris des infor­ma­tions ou des analyses toutes faites sans filtre person­nel voire sans les comprendre. Avant on les prenait de la sacro-sainte ency­clo­pé­die papier au lieu de wiki­pe­dia, des livres en biblio­thèques au lieu des sites web, des copains et anciens plutôt que des forums et des sites de partages de disser­ta­tion, et on ache­tait des petits livres « fiche de lecture » à 3€ en librai­rie au lieu de faire la même chose sur Inter­net. Si j’osais : même les analyses des profes­seurs sont reprises telles quelles sans compré­hen­sion ni analyse critique.

    Le numé­rique n’a rien changé de ce côté là, sinon faci­li­ter l’ac­cès et le démo­cra­ti­ser (je me rappelle la diffé­rence entre ceux qui ne pouvaient pas ache­ter ces fameuses fiches de lecture ou des livres réfé­rences, et les autres).

    Comme le dit déjà un commen­taire, la même expé­rience aurait été faite en dissé­mi­nant des fausses infor­ma­tions en biblio­thèque et en faisant passer des fausses disser­ta­tions aux anciens et copains des autres classes, on aurait obtenu stric­te­ment le même résul­tat sur la géné­ra­tion précé­dente.

    Accu­ser le numé­rique c’est se trom­per de combat.

    Chan­ger les attentes de forma­tion

    N’ou­blions pas, ces élèves ne sont pas idiots. S’ils ont pris l’ha­bi­tude de copier des analyses toutes faites, c’est parce que c’est ce qui fonc­tionne. Pire, c’est souvent ce qu’on leur demande : Combien j’ai vu de cama­rades en écono­mie apprendre tout par cœur sans rien comprendre, défi­ni­tions et analyses ? Combien j’ai vu de cama­rades à l’oral du bac rabâ­cher et apprendre par cœur l’ana­lyse du cours disant que le héros fait là son parcours initia­tique en pensant à sa condi­tion humaine tout en expri­mant le passé de l’au­teur lors de la guerre et la mort de sa grand mère (et blabla­bla) ?

    Ne vous y trom­pez pas, ce sont ceux qui ont réussi à ressor­tir parfai­te­ment les plans appris en cours qui s’en sont sortis avec les meilleures notes au lycée et au bac.

    Aujourd’­hui l’in­for­ma­tion est partout. Nous n’avons plus des biblio­thèques sacrées et centra­li­sées, remplies et gérées par des doctes. Cet appren­tis­sage basé sur la retrans­mis­sion verba­tim d’un ensei­gnant n’a plus lieu d’être. Désor­mais il faut apprendre à analy­ser, trier, et savoir réflé­chir sur la base de docu­ments et d’in­for­ma­tions courantes.

    Former à l’uti­li­sa­tion du numé­rique plutôt qu’à s’en défier

    Je comprends le profes­seur qui souhaite les voir réflé­chir par eux-même, et donc leur reti­rer les sources de copie poten­tielles pour les forcer à faire un travail person­nel. Je n’adhère pas du tout à la dernière phrase « on ne profite vrai­ment du numé­rique que quand on a formé son esprit sans lui ». On pour­rait l’ap­pliquer pour les livres, ou même les cours du profes­seur. En fait peu importe qu’il ait raison ou tort sur ce point : C’est déjà trop tard. Le numé­rique est là et il ne partira pas.

    Les jeunes utili­se­ront le web et le numé­rique. On peut trou­ver ça bien ou mal, souhai­table ou non, mais c’est une évolu­tion sur laquelle même cet exer­cice n’aura aucune prise. Je n’ai même pas envie de faire un vrai paral­lèle avec le papier parce que les géné­ra­tions précé­dentes avaient encore une rela­tion de distance et de respect pour le papier. Ici le numé­rique ils baignent dedans, c’est leur façon de vivre.

    Plutôt que de cher­cher à leur dire qu’il ne faut pas l’uti­li­ser parce que les sources ne sont pas fiables et leurs esprits pas assez mûrs, il faudrait plutôt les accom­pa­gner pour les aider à faire le tri. Un accom­pa­gne­ment pour exer­cer une acti­vité critique, pour sélec­tion­ner les sources, véri­fier les infor­ma­tions… c’est ça qu’il manque. Où est cette forma­tion ?

    Encou­ra­ger les docu­ments

    Ce qui doit être frap­pant chez les jeunes c’est la croyance des anciennes géné­ra­tions en tout ce qui est dit à la télé­vi­sion ou écrit dans les livres. Ils ont déjà un recul sur tout ça, mais au lieu de les y encou­ra­ger et de former ce recul, l’école à tendance à leur ensei­gner à apprendre par cœur, à répé­ter l’ana­lyse qu’a docte­ment professé l’en­sei­gnant.

    Oui, certes, tous les profes­seurs disent vouloir de l’ana­lyse person­nelle, mais combien sont prêts à accep­ter que l’élève ait une opinion diffé­rente – et de son niveau de matu­rité intel­lec­tuelle – lors des analyses ? Combien auto­risent et incitent à l’uti­li­sa­tion de toutes les sources dispo­nibles pour travailler au lieu d’in­ter­dire tout docu­ment ? Combien sont prêts à dire « non, ce ton ne vient pas de la perte de sa femme qui a effec­ti­ve­ment eu lieu l’an­née précé­dente, mais c’est vrai que ça aurait pu, en fait ça s’ins­pire de … » et valo­ri­ser posi­ti­ve­ment la réponse au moment de la correc­tion ?

    L’élève qui a reco­pié en travaux sur table un site inter­net à partir de son smart­phone, s’il n’avait pas eu à se cacher et si c’était valo­risé, n’au­rait-il pas pu consul­ter cette source, l’ana­ly­ser et en tirer quelque chose de valeur ? d’une valeur proba­ble­ment meilleure que s’il avait réflé­chi seul ? N’est-ce pas ce qu’on attend de lui dans tout le reste de sa vie ? N’est-ce pas même ainsi qu’on fait progres­ser la connais­sance et le savoir, en réuti­li­sant et en ajou­tant plutôt qu’en recréant dans son coin avec des œillères ?

    Chan­ger les menta­li­tés

    L’école a un sacré problème, mais ce n’est ni le numé­rique ni les élèves. D’autres ont commencé : Le Dane­mark auto­rise l’uti­li­sa­tion d’In­ter­net lors d’exa­mens. Où en sommes nous ? La conclu­sion du profes­seur ici semble au contraire être de tenir les élèves éloi­gnés le plus long­temps possible du numé­rique. Il y a comme un déca­la­ge…

    Il est simple­ment temps de passer d’une école qui enseigne le savoir à une école qui enseigne le « savoir savoir ». Et ensei­gner cela sans accé­lé­rer et propa­ger l’ac­cès à toutes les sources de savoir, bonnes ou mauvaises, ça ne fonc­tion­nera pas.

  • La protec­tion du droit d’au­teur, fossoyeur de la liberté d’ex­pres­sion ?

    Pour la deuxième année consé­cu­tive, la France est le seul pays d’Eu­rope, le seul pays occi­den­tal (avec l’Aus­tra­lie), où RSF consi­dère qu’il y a de graves problèmes de liberté sur Inter­net.

    La carte est éclai­rante. Si elle ne vous fait pas hurler, je ne peux plus rien faire.

    La protec­tion du droit d’au­teur, fossoyeur de la liberté d’ex­pres­sion ?

  • Amazon menace la liberté intel­lec­tuelle

    La conclu­sion de l’ar­ticle Amazon menace la liberté intel­lec­tuelle est magni­fique :

    Au final, Apple, Kobo, Barne’s & Noble vont dans la même direc­tion. Ils produisent le maté­riel néces­saire à la lecture, et controlent la diffu­sion des conte­nus dessus. Et le plus drôle, c’est qu’un livre Amazon n’est pas compa­tible iBooks, ou Kobo, etc etc… Le tout grâce aux DRM que les éditeurs aiment tant. L’aveu­gle­ment et la peur font que les éditeurs s’em­pressent de proté­ger leurs œuvres, et de facto, renforcent la posi­tion des géants. S’ils pous­saient pour de l’epub sans DRM, non seule­ment ils faci­li­te­raient la vie des lecteurs nomades numé­riques, mais en plus ils complique­raient celle des fabriquant de liseuses.

    Mais chut, ne leur dites pas, ils pour­raient s’en rendre compte ;)

  • Écosys­tème fermé, un piège de plus qui se referme

    Apple ? 30%

    Apple taxe 30% sur tout ce qui se vend sur iPhone et iPad. Ok, on le sait. D’un côté on peut juger que c’est légi­time et qu’ils font ce qu’ils veulent sur leur plate­forme. D’un autre côté, quand on devient domi­nant, ça devient une vraie taxe para­site et forcée pour tous les acteurs.

    Sauf que voilà, l’éco­sys­tème App Store cherche à s’étendre sur les micro-ordi­na­teurs. La prochaine version de Mac OS X aura une option de confi­gu­ra­tion pour restreindre les appli­ca­tions passant par l’éco­sys­tème contrôlé (et donc la taxe Apple de 30%). Probable que ce ne soit qu’une seule option au début, certain que cette option sera acti­vée par défaut un jour proche.

    Google ? vous entrez, vous ne sorti­rez pas

    Côté Google l’op­tion existe déjà sur les télé­phones et tablettes Android, acti­vée par défaut. Ça semble un peu plus libre mais fina­le­ment pour toucher le grand public, en France on se retrouve à Google Play (ex Android Market) ou rien, ou presque, avec toujours une taxe de 30%, mais chez Google cette fois.

    Google a toute­fois été un peu vu comme le libé­ra­teur car on pouvait soumettre des appli­ca­tions gratuites ou peu chères, et vendre du contenu, des exten­sions ou des versions premium par un paie­ment hors de l’éco­sys­tème Google.

    They are not evil, mais ils ne sont pas des anges non plus. C’est même plus insi­dieux car il s’agit de lais­ser faire jusqu’à captu­rer les parts de marché et le public, puis ressé­rer le jeu : On commence à faire pres­sion sur des déve­lop­peurs pour faire appliquer une règle que tout le monde pensait absente ou non appli­cable. Désor­mais il faudra passer par les paie­ments Google Wallet, et la taxe Google de 30%.

    Amazon ? pas mieux

    Dans les deux cas il s’agit unique­ment de construire une posi­tion domi­nante et d’en profi­ter pour taxer toute l’in­dus­trie. Impos­sible de voir autre chose qu’un abus de posi­tion domi­nante et qu’un para­si­tage.

    Lorgnez, les domaines sont diffé­rents mais se ressemblent, Amazon semble réus­sir à construire la même chose dans le domaine du livre. N’ou­bliez-pas, ceci se repro­duira, à chaque fois que nous entre­rons dans un écosys­tème fermé. À chaque fois les gens tombent dans le panneau en croyant à la bonne volonté de ces géants, et à chaque fois ils déchantent.

    Dans tous ces cas il est facile de se lais­ser happer. Une fois le contenu acheté, vous avez le choix de partir et tout perdre ou de rester et de perdre encore plus mais plus tard.

    Mozilla ?

    La seule solu­tion : ne pas entrer dans ces écosys­tèmes fermés et dans une société qui n’a pas un enga­ge­ment de valeur clair. « we are not evil » ne suffit pas, c’est encore trop flou.

    Boot2Ge­cko et le Mozilla market place arrivent, mais c’est encore loin, trop loin. Les gens sont déjà coin­cés avec leur iPad et leur jouet à 500€, ils ne chan­ge­ront pas faci­le­ment, pas rapi­de­ment.

    Il n’est jamais trop tard, mais entre temps nous aurons perdu.

  • Mira­dor de Patrick Delper­dange avec les Éditions ONLIT

    Les éditions ONLIT se sont lancées dans l’édi­tion de livres élec­tro­niques il y a moins d’un mois. J’ap­pré­cie beau­coup l’ar­ri­vée de petits éditeurs purs numé­riques.

    Par leur taille de cata­logue ils peuvent oser faire des choses. On parle de gens qui font géné­ra­le­ment à produire de la qualité sur le texte lui-même mais aussi sur l’offre et le conte­nant. Je pense par exemple à des offres d’abon­ne­ment en télé­char­ge­ment, des prix adap­tés, des contrats respec­tueux des auteurs, à une volonté de diffu­sion large sans exigence déli­rante, et des prises de posi­tion tran­chées anti-DRM.

    ONLIT m’a genti­ment donné accès à Mira­dor, un petit polar d’une centaine de pages de Patrick Delper­dange. Afin d’être trans­pa­rent, ONLIT m’a donné accès après que j’ai signalé que la liberté de ton est essen­tielle pour moi. On ne peut pas en dire autant partout.

    Le texte

    Ça commence direc­te­ment. Il ne faut pas plus de trois pages pour être dans l’his­toire. L’air de rien, c’est peut être que je lis trop de pavés dans les genres SFF, mais ça fait long­temps que je n’étais pas dans un livre aussi rapi­de­ment et faci­le­ment.

    Peu de person­nages, dont on comprend immé­dia­te­ment le posi­tion­ne­ment, mais une richesse qui fait qu’on explore les ambi­guï­tés et les inter­ro­ga­tions du héros jusqu’au bout.

    L’his­toire ? On reste du polar dans sa plus simple expres­sion : une intrigue, une enquête qui donne en même temps l’im­pres­sion de comprendre de mieux en mieux et de moins en moins à chaque page, et un dénoue­ment qui permet d’ex­pliquer tout en surpre­nant.

    Avec cent pages et un style sans détours ni  descrip­tions longues, ça se lit en une traite. Le rythme n’est pas rapide en soi, il est simple­ment continu et suffi­sant pour exclure tota­le­ment l’idée de faire une pause avant la fin.

    Il y a un moment aux deux tiers où j’ai eu un peu d’im­pa­tience, avec des ajouts à l’in­trigue qui ne faisaient pas avan­cer. Avec le recul je me dis que c’était peut être juste ce qu’il fallait pour ralen­tir un peu sans géné­rer l’en­nui. Mon seul vrai point moins posi­tif se fait sur le dénoue­ment, sec et légè­re­ment déce­vant même s’il ne se laisse pas devi­ner à l’avance. Mais bon, le plai­sir de la lecture se juge plus au parcours qu’à la dernière page. J’ai pris du plai­sir, et pas qu’un peu, c’est la seule chose que je retiens.

    Le maître mot que je retiens le plus dans le style : simple, dans sa conno­ta­tion posi­tive. Ni rapide ni lent, ni complexe ni simpliste. On se laisse trans­por­ter l’air de rien.

    Le livre

    Le texte est une chose, mais je n’ai pas la préten­tion d’avoir un avis averti sur le sujet. Je ne suis pas un critique litté­raire mais un simple lecteur. Par contre je vais peut-être aller plus loin sur d’autres sujets.

    Tout d’abord la longueur. Je la trouve parfaite pour la lecture numé­rique. C’est assez inha­bi­tuel pour un roman papier, mais très agréable ici. Ça se lit le temps d’un trajet en train, ou en quelques trajets quoti­diens en bus. J’avais déjà croisé un format simi­laire – mais un peu plus court – avec Le Waldgän­ger, mais ce dernier était très sec et haché, plus adapté au smart­phone. Ici c’est parfait pour votre liseuse à encre élec­tro­nique.

    Par contre ce format inha­bi­tuel impose un devoir : Celui d’in­for­mer le lecteur. À 5 € si j’étais tombé sur la fiche du libraire, venant d’un nouvel éditeur numé­rique je me serai attendu à un roman de taille plus clas­sique. La décep­tion voire l’in­di­gna­tion risque d’être au rendez-vous pour ceux qui ne sont pas passés par une recom­man­da­tion.

    Ce peut être en nombre de pages équi­valent papier, ou en temps de lecture, mais la longueur néces­site d’être indiquée sur la fiche du livre et sur l’ex­trait dispo­nible en ligne.

    D’ailleurs, à ce propos, ce sont les 11 premières pages qui sont en lecture libre, soit 10 % du livre. Il ne m’en a pas fallu plus pour m’in­ci­ter à ne pas m’ar­rê­ter. Ça c’est une sacré­ment bonne idée. Si je devais être éter­nel insa­tis­fait j’in­ci­te­rai à propo­ser cet extrait aussi au format ePub. Je n’ai aucune envie de lire en PDF, vrai­ment.

    Les détails

    Quitte à être un éter­nel insa­tis­fait je ferai deux demandes supplé­men­taires sur les détails : La couver­ture est très agréable en couleurs, mais diffi­ci­le­ment lisible une fois passée sur une liseuse noir et blanc. L’encre élec­tro­nique en niveaux de gris repré­sente encore une grande partie du marché et c’est un point à prendre en compte lors de la concep­tion de la couver­ture, ça ne l’a pas été suffi­sam­ment. Oui, c’est du détail, j’avais prévenu.

    Second détail : Il me manque des liens. J’ai un premier lien vers le site de l’au­teur en fin du livre. J’ap­pré­cie. Sur la page d’après, réser­vée à l’édi­teur, on me recom­mande quatre autres livres. C’est assez léger pour ne pas faire trop pub, mais c’est aussi très frus­trant parce que je n’ai pas de lien vers ces epub. C’est tout de même dommage là aussi. Quitte à faire du détail de détail, une vignette des couver­tures pour­rait aussi être sympa­thique.

    TL;DR

    Sur le texte je n’ai aucune décep­tion. C’est simple et effi­cace, ça ne se lâche pas, et ça laisse un très bon moment. Longueur et complexité rendent la lecture on ne peut plus adap­tée aux usages mobiles du numé­rique : C’est jack­pot.

    Sur l’en­vi­ron­ne­ment je conti­nue à pous­ser une recom­man­da­tion assez géné­rale pour le livre numé­rique : Il nous faut des indi­ca­tions de longueur, c’est essen­tiel. Ici ça l’est encore plus à cause du format court et d’un prix qui ne rend pas évidente cette faible longueur.

    Je le laisse sur les livres que je recom­man­de­rai faci­le­ment à ceux qui veulent tenter l’aven­ture du numé­rique. S’il n’était pas plus facile de recom­man­der des libres de droits comme les Maurice Leblanc, je crois même que c’est un des titres qui serait en tête de liste.

    Message person­nel à ONLIT : des comme celui là, vous pouvez m’en envoyer quand vous voulez :-)

  • Du code HTML des livres numé­riques

    J’ex­plore le code des ePub et je tombe sur des choses étranges : du code que je n’au­rai jamais accepté d’au­cun inté­gra­teur web avec qui j’ai travaillé jusqu’à présent, même d’un débu­tant.

    Je ne parle pas des livres extrê­me­ment mal faits mais bien de livres dont l’en­semble du code fait croire qu’il a été produit par des outils intel­li­gents, voire nettoyé à la main par quelqu’un dont c’est le métier.

    Ces livres là conti­nuent à avoir un code qui me semble étrange. Les moteurs de rendu des logi­ciels de lecture sont parfois mauvais. Il semble que les astuces et compro­mis se doivent d’être bien plus nombreux que ceux sur nos navi­ga­teurs web. Alors je demande à ceux dont c’est le métier, pouvez-vous m’éclai­rer un peu sur ce qui est normal ou pas, habi­tuel ou pas, jugé de qualité ou pas ?

    Voici quelques exemples de ce que j’ai trouvé :

    Images

    <img alt="image" height="97%" src="…" style="width: 373px; height: 560px; ">

    La couver­ture a pour texte alter­na­tif « image ». Dans d’autres exemples j’ai trouvé « couver­ture », « cover » et même « image.png ». Malgré mes recherches je n’ai trouvé aucun livre qui ait un texte alter­na­tif vide ou conte­nant le titre du livre (qui sont les deux choix que j’au­rai discuté dans le cadre d’un site web, suivant le contexte).

    Dans d’autres images j’ai parfois trouvé des textes alter­na­tifs vides mais rare­ment. Le plus souvent c’est « image », « carte », ou « illus­tra­tion ». Je n’ai cher­ché que sur un échan­tillon mais d’ori­gine diverse : Aucun texte alter­na­tif présen­tant une réelle alter­na­tive – même limi­tée ou tronquée.

    Sachant que le livre numé­rique offre poten­tiel­le­ment une réelle avan­cée sur l’ac­ces­si­bi­lité des textes aux personnes malvoyantes, je me dis qu’on gâche là une superbe oppor­tu­nité.

    <img alt="cover" height="100%" src="…">

    Dans mes explo­ra­tions j’ai vu pour un petit quart de livres conte­nant certaines illus­tra­tions avec un texte alter­na­tif anglais. « Cover » revient assez souvent. Là, il y a vrai­ment un lais­sez-faire que je ne peux pas comprendre quand le code est nettoyé à la main.

    <img alt="image" height="97%" src="…" style="width: 373px; height: 560px; ">

    Vient ensuite, et je l’ai retrouvé sur plusieurs sources diffé­rentes, un code qui m’étonne vrai­ment : un attri­but hauteur spéci­fié à 93, 95 ou 97%, cumulé à une CSS qui précise un nombre de pixel exact. J’ai même vu un 562.255px traî­ner, c’est dire l’exac­ti­tude – et mon incom­pré­hen­sion. Spéci­fier une taille rela­tive en attri­but ou une taille fixe en style peuvent se comprendre indé­pen­dam­ment l’un de l’autre. Je n’ar­rive cepen­dant pas à conce­voir dans cas il peut être perti­nent d’as­so­cier les deux.

    Titres

    Les titres c’est le domaine qui devrait être simple. On fait du <h1>, du <h2>, et ainsi de suite. Pour des raisons de compa­ti­bi­lité je peux comprendre qu’on ait une hiérar­chie qui ne soit pas la hiérar­chie théo­rique, mais…

    <h1 id="Couverture" title="Couverture"></h1>

    Je vois souvent des titres vides, tout simple­ment. J’au­rai pu le comprendre pour des raisons de compa­ti­bi­lité pour des entêtes de chapitre mais à y regar­der de plus près j’ai une part très signi­fi­ca­tive de livres qui n’ont aucune balise <h1> du tout, et qui fonc­tionnent très bien partout où je les ai essayé. Pourquoi ces titres vides ?

    <p><a id="a2"></a><span class="t1"><b>Chapitre I – </b></span><span class="t1"><i>…</i></span></p>

    À l’in­verse, j’ai donc bien des livres où les titres sont de simples para­graphes mis en gras avec une police de carac­tère spéci­fique. Je ne comprends pas.

    <h1 id="PageTitre" title="Page Titre"></h1>

    De même, la page de titre est un mystère pour moi. La grande majo­rité des livres choi­sissent de ne pas marquer comme titre <h1> le titre du livre, et de réser­ver ces balises aux titres des sections et des chapitres. Je dois avouer ma grande surprise mais je soupçonne qu’il puisse y avoir une raison vis à vis de la manière de fonc­tion­ner de certains lecteurs qui construisent des sommaires auto­ma­tiques.

    <h1 id="PageTitre" title="Page Titre"></h1>
    <div>
    <span>…</span>
    </div>

    Sur un livre récent et proba­ble­ment traité à la main j’ai même trouvé une combo avec une balise titre vide suivie d’un titre sous forme de para­graphe. C’était pour la page de titre (et non un titre de para­graphe).

    Et le corps de docu­ment

    <title>002</title>

    Dans la plupart des lecteurs, la balise <title> reste inuti­li­sée, mais tout de même… Une bonne majo­rité reprend le nom du chapitre en court ou une indi­ca­tion simi­laire. Quelques irré­duc­tibles conti­nuent à simple­ment numé­ro­ter le fichier xhtml, avec de plus un numéro qui ne corres­pond pas à celui du chapitre. C’est dommage, on se coupe de poten­tielles réuti­li­sa­tions plus tard dans d’autres contextes.

    <html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">

    Un sur deux ne précise pas la langue du livre dans la balise <html> ou dans la balise <body> (ni aucune autre d’ailleurs). L’in­for­ma­tion existe peut être dans les méta­don­nées du livre lui-même, mais il s’agit selon moi d’une erreur si on veut permettre la lecture orale du livre.

    <p>&nbsp;</p>

    C’est cette marque qui m’a décidé à aller voir plus loin. J’ai l’im­pres­sion de reve­nir aux années 2000. Même dans un trai­te­ment de texte plus aucun profes­sion­nel ne devrait faire de chose pareille, alors chez un éditeur… Je ne connais pas les problèmes de compa­ti­bi­lité des logi­ciels de lecture mais il y a-t-il vrai­ment des lecteurs qui ne sauront pas reprendre des règles CSS simples de marge et d’es­pa­ce­ment ?

    …moi ?</p>

    C’est arrivé rare­ment, et plus exac­te­ment je n’ai pas réussi à retrou­ver de livres présen­tant ce problème, mais je me rappelle clai­re­ment l’avoir rencon­tré dans mes lectures : des manques d’es­paces insé­cables devant ou après certaines ponc­tua­tion, avec des retours à la ligne malheu­reux. Sur des livres avec un éditeur dont c’est le métier c’est presque inex­cu­sable.

    <h1 id="Toc13" title="Treize">TREIZE</h1>

    Dernier point relevé aujourd’­hui, la présence de titres en lettres capi­tales, sans utili­ser le style CSS dédié à cet usage. Je soupçonne un manque de compa­ti­bi­lité mais je doute quand même : Cette fonc­tion­na­lité est plutôt bien implé­menté dans les moteurs web depuis long­temps.

    Pouvez-vous m’ai­der ?

    Vous allez me dire que je suis poin­tilleux et qu’on se moque de tout ça, mais je n’ai relevé que ce qui pour moi relève de la faute. Même avec les correc­tions ci-dessus on reste trop souvent avec un code en excès de <div> et <span>, avec des classes super­flues et redon­dantes un peu partout, avec un mélange étrange et injus­ti­fiable de styles en ligne et styles externes.

    Bref, je suis poin­tilleux par nature mais croyez bien que dans ce billet je suis encore loin de la qualité que j’at­tends d’un inté­gra­teur web avec qui je travaille. Là j’ai l’im­pres­sion de deman­der le mini­mum.

    Je suis convaincu qu’il doit exis­ter des raisons à certains de ces choix. Je ne suis donc pas vrai­ment là pour poin­ter du doigt, mais pour expo­ser ma pensée et espé­rer que vous saurez m’ex­pliquer ces choix ou les contraintes qui ont mené à ces choix, pour que je comprenne et que je reparte moins igno­rant que je ne suis arrivé.

  • Inter­ve­nants du livre numé­rique : Lâchez prise

    Il est temps que tout le monde lâche prise dans le livre numé­rique, et que chacun accepte de rester dans son rôle, de ne plus tout contrô­ler.

    Trois actua­li­tés se téles­copent d’un coup dans ma liste de liens sur le livre numé­rique :

    Je refuse que Apple ou Paypal puissent déci­der seuls que l’éro­tique ou la violence ne doivent pas être vendus, au point de les faire dispa­raître du paysage pour une part signi­fi­ca­tive de la popu­la­tion.

    Je refuse qu’A­ma­zon ou Apple puissent bloquer l’ac­cès à une part si impor­tante du marché sans réelle alter­na­tive pour se simples bras de fer commer­ciaux.

    Je n’ai pas de réponse toute faite : Je comprends qu’Apple a le droit de déci­der de ce qu’il vend, qu’A­ma­zon a le droit ne pas vendre ce qui lui semble trop cher, et que Paypal a le droit d’avoir des valeurs à mettre en avant et de contrac­tua­li­ser ou non avec qui il veut.

    Main­te­nant, control freaks, on dépasse les bornes. Être domi­nant sur un marché impose des règles de modé­ra­tion, pour le bien de la société. Nous pouvons les impo­ser par la loi, ou simple­ment montrer que nous n’ac­cep­te­rons plus ces types de compor­te­ment.

    On parle ici de socié­tés qui inter­agissent direc­te­ment avec les lecteurs, mais croyez moi il y a aussi des histoires de control freaks côté édition ou auteurs.

    Chacun à sa place, et tout le monde pourra se déve­lop­per en créant une acti­vité profi­table à tous, et en premier lieu à la société dans son ensemble : Lâchez prise.

  • My Star­tup Failed, But It’s OK

    Quand on en sera à cet état d’es­prit en France, on verra enfin une dyna­mique d’en­tre­pre­neurs et d’in­no­va­tion. En atten­dant, ici, on ne regarde pas ce que vous avez essayé de faire, mais si vous avez parti­cipé à une entre­prise qui a réus­sit quelque chose de gros.

    Le rejet de l’échec est telle­ment impor­tant qu’en tant que consul­tant j’ai vu ce que j’ap­pelle la stra­té­gie du para­pluie à tous les étages. D’autres l’ap­pellent la stra­té­gie IBM, du nom de « si j’ap­pelle IBM j’ai peu de chances de respec­ter le budget ou les délais, mais on ne me repro­chera pas cet échec pour­tant prévi­sible : j’au­rai pris les meilleurs ».

    Ce n’est pas dit ainsi dans My Star­tup Failed, But It’s OK, mais ça revient à ça : C’est en essayant qu’on peut réus­sir, et un échec servira toujours d’ex­pé­rience pour la suite.

    Les anglo­phones disent « keep on failing, keep on trying », je préfère « si vous n’êtes pas prêts à échouer, vous n’êtes pas prêts à réus­sir ». Et le coro­laire : Les gens prêts à réus­sir sont ceux qui ont déjà échoué.

    Ceux qui n’ont qu’une seule expé­rience et qui n’ont que réussi, vous ne saurez jamais si c’est grâce à eux, au contexte, à la chance, et s’ils en ont réel­le­ment tiré de l’ex­pé­rience. Pire : Ils arri­ve­ront avec plein de certi­tudes. Embau­chez des gens qui ont fait quelque chose, mais des gens qui ont échoué.

  • Du Bon usage de la pira­te­rie

    Je ne saurai résu­mer telle­ment c’est riche, mais si vous suivez mes peregri­na­tions au pays des droits d’au­teurs et de la propriété intel­lec­tuelle, je ne peux que vous inci­ter à prendre une soirée pour lire Du Bon usage de la pira­te­rie, de Florent Latrive. On y retrace de l’his­to­rique, des enjeux, des exem­ples…

    C’est long, et certains chapitres sont trop enga­gés, mais je vous recom­mande au moins la lecture des chapitres 1 et 6. Sérieu­se­ment. Je ne résu­me­rai pas ici.