Si vous ne connaissez pas encore plus.net, il faut faire un tour sur leur tableau de gestion de trafic en fonction des offres. Heureusement nous n’en sommes pas encore là en Europe, mais ce qui se profile n’est pas forcément meilleur.
L’exemple de ce que je crains c’est Telenet qui freine officiellement le P2P et la consommation massive. Ça n’a l’air de rien et à la première lecture on pense facilement que la mesure est sage tout en permettant à chacun de partager les ressources en bonne intelligence.
Là où les choses prennent du relief c’est en relisant deux ou trois fois le dernier paragraphe : Telenet nie avoir des problèmes de capacité. Pourtant, l’objet même de la mesure c’est de /partager/ une ressource limitée pour qu’elle soit utilisable à tous. Ça n’a de sens que dans le cadre d’un fournisseur d’accès qui sature.
Facile de cibler les plus gros consommateurs et les offrir en pâture. Maintenant ne serait-il plutôt pas légitime d’attendre que le fournisseur réalise les investissements nécessaires ?
On voit d’ailleurs bien que c’est une question purement commerciale en ce qu’on peut indisposer les autres avec plus de volume tant qu’on paye une offre plus chère.
Le danger est encore plus fort quand on parle de filtrer par protocole ou par application. Qui décide quel trafic est légitime et quel trafic est de trop ? pourquoi ? selon quels critères ?
Pourquoi le « P2P » est-il visé mais pas Skype qui en fait un usage des plus larges ? Pourquoi le P2P et pas la vidéo ? Pourquoi même juge-t-on le P2P illégitime ? Des applications P2P audio concurrentes à Skype seront-elles libres d’accès ou l’exception est-elle propre à Skype ?
Le passé nous a déjà amené des choses bien jolies, avec des opérateurs Internet mobile qui au nom d’une ressource limitée interdisent la voix sur IP mais autorisent hors quota l’accès à la télévision via 3G. Nous avons aussi des opérateurs qui ont nié pendant des années un bridage P2P et qui se sont fait condamner 6 ans après par la justice pour ce même bridage. Les mêmes ont une interconnexion Youtube trop pourrie pour regarder une vidéo en qualité standard mais qui diffusent de la HD avec une QoS bien réglée sur leur VOD. D’autres ont acheté le concurrent de Youtube.
Qui va dire quelle situation est légitime, où est la limite, qui décide quel investissement est raisonnable et quel pourrissement vient d’une volonté de favoriser ses propres services ?
Cela ne résoudra pas tout, mais nous avons plus que jamais besoin que l’Europe mette quelque part une ligne rouge à ne pas franchir. Laisser l’opérateur décider quel protocole, quelle application ou quel usage est légitime, me paraît être bien au delà de la ligne rouge souhaitable.
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