Auteur/autrice : Éric

  • Fiction amazo­nienne

    Le parle­ment s’est enfin chargé du sujet brûlant des libraires. La concur­rence d’Ama­zon commençait à les mettre à risque dange­reu­se­ment.

    Il faut dire qu’A­ma­zon a un tel volume qu’il pouvait faire ce qu’au­cun libraire ne peut envi­sa­ger: Ache­ter de la surface au sol en centre ville pour y poser du stock au plus près des clients, payer des vendeurs-conseil à attendre ces clients toute la jour­née, et lais­ser ces derniers flâner et se lais­ser tenter sur place. Le volume de vente énorme créé par ce nouveau modèle de vente lui permet d’amor­tir très faci­le­ment tous ces coûts supplé­men­taires et de les offrir aux clients fidèles.

    Les libraires histo­riques qui faisaient de la VPC par écono­mie se retrouvent dépas­sés. Nous risquons de perdre tout notre riche réseau de libraires sur Inter­net si on ne les protège pas. Ceux qui ont tenté l’aven­ture en créant eux aussi des maga­sins physiques ont bien du mal à déga­ger une marge suffi­sante pour ne pas factu­rer les services en plus, comme l’ac­cès au maga­sin, au parking privé atte­nant, ou à la demi-heure de conseil person­na­lisé par un vendeur humain.

    Autant dire que l’ac­ti­vité d’Ama­zon agaçait depuis long­temps, surtout vue du point de vue du prix unique du livre. Offrir tous ces services indé­pen­dants en plus de la pres­ta­tion de vente et de remise du livre acheté était consi­déré par beau­coup comme un détour­ne­ment du prix unique du livre.

    Bien­tôt ce sera fini, les libraires avec maga­sin en centre ville ne pour­ront plus cumu­ler la remise de 5% sur le prix du livre et la gratuité des services atte­nants au maga­sin physique. Les libraires histo­riques (vpc) pour­ront enfin souf­fler et survivre.

    Ce qui est très marrant c’est qu’on peut réécrire l’his­toire actuelle dans l’autre sens, et que ça fonc­tionne encore mieux. Le problème n’est pas celui des frais de port, c’est celui de la défense d’un ancien modèle face au seul un acteur qui a inves­tit massi­ve­ment dans un nouveau modèle perti­nent, et qui acquiert en retour une masse critique dange­reuse. A-t-on vrai­ment choisi le bon style de réponse ?

  • Dimanche, prendre du recul

    L’his­to­rique c’est certai­ne­ment une dimen­sion reli­gieuse. Main­te­nant la ques­tion est celle d’un choix de société. Le dimanche c’est un moyen de permettre un équi­libre entre la vie sociale profes­sion­nelle et la vie sociale person­nelle. S’as­su­rer qu’il peut y avoir une vie famil­liale avec un jour de congé commun. S’as­su­rer qu’il puisse y avoir des acti­vi­tés sociale et cultu­relles avec des heures et des jours communs. S’as­su­rer qu’on peut faire une sortie avec des amis parce qu’on a un jour commun. C’est idiot mais ça permet beau­coup de choses ce dimanche.

    Il peut y avoir des excep­tions. Il doit même y avoir des excep­tions. Peut être même qu’il faille repen­ser les règles ou les assou­plir. Proba­ble­ment. Mais la règle elle-même reste sacré­ment utile et ne doit proba­ble­ment pas être vidée de son sens.

    Ce qui est certain c’est que les argu­ments que je vois passer ont des oeillères énormes. Oui c’est sur qu’ou­vrir le dimanche permet de l’ac­ti­vité écono­mique en plus et qu’il y a de toutes façons des volon­taires. Mais non seule­ment il faut un équi­libre entre ces argu­ments et le besoin social global, mais en plus si on cherche à aller voir plus loin, l’image est bien plus complexe que ça. Je ne suis ni pour ni contre, je suis juste excédé par ces argu­ments qui fina­le­ment n’ap­portent rien et ne prennent abso­lu­ment pas en compte de l’en­semble du sujet.

    Côté entre­prise

    Première ques­tion : Une partie de ceux qui viennent le dimanche se seraient orga­ni­sés pour venir un autre jour de la semaine avant ou après. Est-ce que le nombre de clients supplé­men­taires (ceux qui ne se reportent pas sur un autre jour) compense vrai­ment les frais d’ou­ver­ture le dimanche ?

    Si on ouvre le dimanche alors que les concur­rents ferment, c’est certain. Le cas de Casto­rama c’était surtout à cause d’un concur­rent qui n’avait pas eu la même auto­ri­sa­tion. Le gain est alors indé­niable.

    La réflexion s’étend même dans les autres domaines. On ira plus faci­le­ment faire des emplettes sur un maga­sin ouvert le dimanche si on n’a rien d’autre à faire. Le jour où on assou­plit la loi sur le travail le dimanche, tous les commerces seront en concur­rence et la spéci­fi­cité du dimanche risque de dispa­raitre. Dans ce cas les ventes vrai­ment créées par l’ou­ver­ture du dimanche (par oppo­si­tion aux ventes repor­tées le dimanche) sont-elles vrai­ment encore signi­fi­ca­tives ?

    Allons même plus loin. Si l’ou­ver­ture le dimanche est auto­ri­sée, les maga­sins seront globa­le­ment un peu forcés de suivre, parce que juste­ment les clients vont là où c’est ouvert au lieu de repor­ter leurs achats un autre jour. Même si l’ou­ver­ture le dimanche est clai­re­ment non rentable pour certains, ils le feront quand même car l’al­ter­na­tive serait pire. Il n’est même pas certain que l’éco­no­mie dans son ensemble en sortira du posi­tif.

    Côté sala­rié

    L’ar­gu­ment ultime c’est de dire que certains sala­riés sont pour. Au risque d’en­fon­cer des portes ouvertes, les sala­riés ne sont pas pour travailler le dimanche, ils sont pour vivre avec un revenu correct. Ils sont juste prêts à travailler le dimanche si c’est le seul moyen pour ça. Propo­sez leur d’être payés correc­te­ment le vendredi, et d’un coup il risque d’y avoir beau­coup moins de volon­taires pour le dimanche.

    Avec un argu­ment comme celui ci, on peut suppri­mer le salaire mini­mum (quel que soit ce salaire mini­mum, certains seront prêt pour travailler à 10% de moins s’ils ne trouvent pas d’em­ploi), les congés payés (prêt à avoir un jour de congé de moins), et à peu près toutes les mesures protec­trices mise à part l’in­ter­dic­tion de l’es­cla­vage (et encore, si j’en suis réduit à ça pour pouvoir donner un toit et une vie à mes enfants…).

    Les gens se portent rare­ment volon­taires pour le travail le dimanche, ils se portent volon­taires pour un salaire correct, ou même volon­taire pour accep­ter de renon­cer à plus que le voisin et avoir le poste.

    L’idée est aussi de prendre du recul. Si en travaillant norma­le­ment cela ne suffit pas et qu’il faut accep­ter de travailler le dimanche pour faire vivre la famille, c’est plutôt ça qu’il faut corri­ger et pas le travail le dimanche. Même chose pour les jobs étudiants (et une boutique ne tourne pas le dimanche avec *que* des étudiants, pas possible).

    C’est d’au­tant plus vrai que dans le travail le dimanche l’in­té­rêt est aussi d’avoir du coup un jour de semaine libre pour pouvoir faire ses emplettes tranquille en semaines. Bref, ils sont pour travailler le dimanche aussi parce que juste­ment les maga­sins sont fermés le dimanche. Ça se mord un peu la queue.

    Dimanche sacré

     

  • Aides à la presse

    […]les aides publiques à la presse écrite en ont pris pour leur grade. Une fois de plus. La Cour des comptes présen­tait son nouveau rapport sur la ques­tion[…]

    En 2013, le montant versé par l’État au titre des aides publiques directes à la presse s’élève à 534 millions d’eu­ros. Il faut y ajou­ter le coût estimé du taux préfé­ren­tiel de TVA (2,1 %) : si la TVA était porté à 5,5 %, l’État gagne­rait 200 millions d’eu­ros supplé­men­taires, et plus d’un milliard si le taux normal, de 19,6 %, était appliqué à la presse. Au total, les aides corres­pondent à pas moins de « 7,5 % du chiffre d’af­faires de la presse écrite ».

    À ça (on parle déjà d’un demi-milliard en aides directes) il faut ajou­ter des coti­sa­tions sociales réduites sur les salaires et des exoné­ra­tions de la CET (ex taxe profes­sion­nelle). L’ar­ticle de Media­part est frus­trant, car ce petit jeu dure depuis un moment et commence pour­tant à être connu. On a du mal à voir pourquoi ce nouveau rapport chan­ge­rait quoi que ce soit.

    J’ai plus marrant (ou pas) : Tele­rama + Tele 7 jours + Tele Star + Tele Loisirs + Tele Z + Tele­cable Satel­lite Hebdo + Tele Poche repré­sentent presque 35 millions d’eu­ros de subven­tions directes.

    Autant on peut discu­ter de l’uti­lité pour la démo­cra­tie d’avoir une presse d’in­for­ma­tion quoti­dienne ou hebdo­ma­daire, autant l’uti­lité sociale des programmes télé­vi­sés me semble moins évidente.

    Oh, et pitié, ne me sortez pas l’ar­gu­ment habi­tuel comme quoi le finan­ce­ment de ces jour­naux permet de finan­cer la distri­bu­tion des autres. Si c’était ça le problème il suffi­rait de finan­cer direc­te­ment les quoti­diens « utiles », ou éven­tuel­le­ment les socié­tés de distri­bu­tion. Dans les deux cas ça profi­te­rait aussi aux Tele-machin d’ailleurs, mais ça coûte­rait forcé­ment beau­coup moins cher.

    Il serait fran­che­ment bien d’y mettre un peu d’ordre. Je ne parle même pas du risque démo­cra­tique d’avoir une presse dépen­dante de subven­tions étatiques (et d’ailleurs vous n’y trou­ve­rez pas le palmi­pède bien connu).

  • Fin de notre monde

    Je fais un peu d’ar­chéo­lo­gie dans des « liens à lire » qui date de près de deux ans. Je tombe sur un article à propos de la catas­trophe de Fuku­shima, et une inter­view du direc­teur de la centrale :

    En voyant des travailleurs bles­sés reve­nir du lieu de l’ex­plo­sion, nous avons pensé que si l’en­ceinte de confi­ne­ment avait explosé, il y aurait des rejets radio­ac­tifs massifs et que la situa­tion serait hors de contrôle. Il y a eu ensuite une explo­sion affec­tant le réac­teur n°3 et par ailleurs nous n’ar­ri­vions pas à pomper de l’eau dans le réac­teur n° 2. On ne voyait aucune amorce de règle­ment de la crise. Dans le pire scéna­rio, nous pensions que les fusions [de combus­tible dans les réac­teurs] accé­lé­re­raient rapi­de­ment et échap­pe­rait à tout contrôle, signi­fiant la fin de notre monde.

    Il ne s’agit pas tant de critiquer tel ou tel aspect, mais voilà ce que peuvent penser des gens parmi ceux qui ont le plus de contrôle sur les instal­la­tions, et qui devraient avoir le plus confiance dans la robus­tesse de ces instal­la­tions. Deux scéna­rios, un « hors de contrôle » et un « fin de notre monde ».

    Mais à part ça nos instal­la­tions nucléaires sont maîtri­sées et rien de grave ne peut arri­ver.

  • Marchands de tapis Dell

    J’ai commandé chez Dell cinq postes fixes pour déve­lop­peur :

    On commence à 900 € HT en novembre 2011, puis 945 € un mois après avec des allers-retours, puis 955 € en mars 2012 toujours après les allers-retours de négo­cia­tion. On repasse à 900 € HT en avril par chance lors de l’ab­sence du commer­cial et de son rempla­ce­ment par un tiers.

    Négo­cions encore une fois, voilà que j’ai le nouveau modèle à 780 €, proces­seur plus puis­sant (même fréquence, nouvelle géné­ra­tion), à condi­tion de tirer un trait sur la carte graphique addi­tion­nelle. Consi­dé­rant que la dite carte graphique vaut moins de 80 € HT prix public dans le commerce et que le chan­ge­ment de proces­seur est plus un renou­vel­le­ment de gamme comme il y en a tous les six mois à prix équi­valent, j’ai du mal à voir la cohé­rence.

    Qu’à cela ne tienne, voilà qu’on revient à 955 € HT en septembre 2013, 22% d’aug­men­ta­tion, toujours avec un proces­seur nouvelle géné­ra­tion (même fréquence) et 16 Go de RAM mais en sacri­fiant un des deux disques. Pour le coup impos­sible de compa­rer à confi­gu­ra­tion stric­te­ment équi­va­lente mais je suis même proba­ble­ment au-dessus des prix publics entre­prise du site Dell.fr. Mêmes problèmes pour les écrans.

    Dites DELL, comment est-ce qu’on change de commer­cial atti­tré, parce que là c’est non seule­ment n’im­porte quoi mais ça donne une sacré­ment mauvaise image de votre service. J’ai autre chose à faire que jouer le marchand de tapis pendant des heures à chaque commande, et vous aussi proba­ble­ment.

    À force je vais finir par aller ailleurs, même si c’est plus cher, entre le temps de négo­cia­tion et la rela­tion de confiance, je vais y gagner. Si rien ne s’ar­range, je suis preneur de conseils pour un reven­deur pro (donc PC monté, avec les garan­ties longues qui vont bien, etc.).

  • Encou­ra­ger à copier, toute une éduca­tion

    Je rêve d’une école où on encou­rage les élèves à copier, à échan­ger leurs résul­tats et à colla­bo­rer. Est-ce qu’un élève qui a un besoin régu­lier d’un coup de pouce mérite vrai­ment une mauvaise évalua­tion si en groupe il arrive non seule­ment au même résul­tat mais enri­chit le groupe ?

    Il y a quelques temps je parlais de l’uti­li­sa­tion des docu­ments et des ressources numé­riques – pas pour faire des cours modernes, mais réel­le­ment en travail et en évalua­tion. Je crois que tout ça rejoint la même idée. On forme l’in­di­vi­duel alors qu’on devrait former une géné­ra­tion qui sache colla­bo­rer en société pour arri­ver à quelque chose.

    Tiens, pour ceux qui ont du temps : L’école à bout de souffle, vidéo d’une heure.

  • Forte baisse des salaire en raison de la pénu­rie d’in­for­ma­ti­ciens

    Remix Jobs relance la polé­mique sur la mythique pénu­rie d’in­for­ma­ti­ciens. Les mêmes rengaines arrivent chaque année entre juin et septembre. Cette fois ci, une semaine après, on voit dans la presse « Forte baisse des salaires à l’em­bauche en SSII ».

    Je n’ar­ri­ve­rai pas à comprendre comment on peut consi­dé­rer qu’il y a tension au recru­te­ment tout en faisant bais­ser les salaires. Ce n’est pas tant que les infor­ma­ti­ciens soient mal payés – ils ne le sont pas – mais les salaires d’autres pays sont bien plus haut, donc logique­ment la diffi­culté de recherche devrait faire monter les salaires au moins au niveau des voisins.

    Et qu’on ne se trompe pas, si la propor­tion des expé­ri­men­tés passe en dessous du tiers pour les nouvelles embauches, ce n’est pas qu’ils sont rares, c’est que personne n’a envie de payer pour l’ex­pé­rience avec autant de jeunes diplô­més sur le marché.

    Métier mal consi­déré, loca­tion de person­nel (majo­rité des embauches en SSII), salaire en baisse, déve­lop­peurs français recon­nus comme bons et mieux payés à l’étran­ger, déva­lo­ri­sa­tion du déve­lop­peur avec plus de cinq ans d’ex­pé­rience (« il aurait du passer chef de projet »)… il ne faut pas s’éton­ner que certains claquent la porte des recru­teurs français.

  • Vive la trans­la­tion du jargon

    J’ai cher­ché comment traduire « commit » dans le contexte d’un contrôle de versions type git ou subver­sion. J’ai eu quelques propo­si­tions qui peuvent permettre de construire des phrases au cas par cas, mais aucun terme vrai­ment éclai­rant et géné­rique.

    Mais surtout je me suis heurté à pas mal de réac­tions concer­nant l’idée même de traduire le terme.

    Fran­che­ment je ne cherche pas à « défendre la langue française ». Elle va très bien, merci pour elle, et surtout elle ira d’au­tant mieux qu’elle restera vivante et s’au­to­ri­sera à impor­ter des termes étran­gers. Il est d’ailleurs amusant de voir de temps en temps de la résis­tance à impor­ter un terme anglais… qui est en fait un terme français qui a été importé outre-manche ou outre-atlan­tique il y a bien long­temps. Bref, là n’est pas la ques­tion.

    Ma petite histoire

    C’est Eyrolles qui m’a pas mal ouvert les yeux sur l’uti­lité d’une traduc­tion. À l’époque de la rédac­tion de mon livre sur PHP, ils nous ont imposé de cher­cher au maxi­mum des traduc­tions.

    • Premier constat : Quand on cherche, le plus souvent, on trouve un terme français qui corres­pond très bien.
    • Second constat : Le plus souvent même ceux qui n’uti­lisent que les termes anglais ne remarquent même pas qu’il y a eu effort parti­cu­lier de traduc­tion.

    Tout le monde utilise thread, parser, template, tag… mais fina­le­ment un fil de discus­sion ou d’exé­cu­tion, un moteur ou un analy­seur syntaxique, un gaba­rit, une balise ou une étiquette, ça fonc­tionne très bien aussi. En fait ça fonc­tionne même mieux, avec une lecture bien plus fluide quand bien même les termes sont rare­ment fran­ci­sés dans le contexte infor­ma­tique.

    Il m’a ainsi fallu pas mal de volonté pour faire un chapitre sur les gaba­rits de pages HTML en PHP. Damned, j’ai résisté et voulu écrire « template » jusqu’au bout. Je me demande même si nous n’avions pas fini sur un compro­mis en lais­sant « template » dans le titre de chapitre en crai­gnant que « gaba­rit » ne soit pas immé­dia­te­ment compris. Sauf qu’au final je suis bien content de l’avoir fait ce chan­ge­ment.

    Abra­ca­da­bra

    J’ai vu trop d’in­for­ma­ti­ciens utili­ser les termes anglais comme des formules magiques. J’ai même eu plusieurs discus­sions à l’époque du choix de « gaba­rit » où on m’a expliqué qu’un « template » c’était diffé­rent parce que [insé­rez ici une conno­ta­tion imagi­naire]. Moins mon inter­lo­cu­teur avait de recul sur ce qu’il mani­pu­lait et de compré­hen­sion du fonc­tion­ne­ment, plus il était atta­ché au terme anglais. Cette consta­ta­tion n’a jamais été démen­tie (atten­tion à ne pas vous vexer : je ne prétends pas que la réci­proque est vraie).

    Si je tiens au français, c’est juste­ment pour parler français et pour ne pas utili­ser de termes formules magiques où chacun y met son propre imagi­naire. Ça permet de norma­li­ser le discours, de lais­ser prendre du recul à ceux qui sont trop habi­tués à copier sans comprendre, et de parler du fonc­tion­ne­ment plus que d’une série d’ou­tils et de commandes.

    Comme la plupart des infor­ma­ti­ciens, j’ai beau­coup tendance à utili­ser l’an­glais dans mon jargon. J’ai toute­fois pu noter de réelles diffé­rence d’im­pact et de compré­hen­sion dès que je fais l’ef­fort d’uti­li­ser des termes français. Et cette faci­lité d’échange ne concerne pas que les débu­tants : Je la constate aussi face à des habi­tués du terme comme de la tech­nique qu’il recoupe. À vrai dire plus la personne en face a du recul et de la compré­hen­sion, plus on peut parler de ce qu’il y a derrière et autour et plus la langue utili­sée est un détail.

    À l’usage

    Seule l’ha­bi­tude fait un peu résis­tance, mais pas tant que ça. En fait tout l’enjeu c’est de trou­ver un terme qui sera immé­dia­te­ment compris sans réflé­chir par un natif fran­co­phone, même par celui qui n’uti­lise que le terme anglais dans sa vie profes­sion­nelle. Très souvent on trouve, et si extrê­me­ment peu de mes corres­pon­dants parle­ront eux-même de fil d’exé­cu­tion, aucun ne tique quand je le fais.

    Il reste quelques termes diffi­ciles à traduire. Le plus souvent ce sont des termes qui ont déjà été détour­nés de leur sens usuel en anglais. Forcé­ment, trou­ver un terme français revient aussi souvent à le détour­ner de son sens usuel… et là ça coince. À l’écrit, quand ça arrive, je tente de forcer un peu le terme français s’il me semble viable, quitte à mettre le terme anglais en paren­thèses à la première occur­rence.

    Et quand rien ne va ? et bien j’uti­lise l’an­glais, ça me va aussi très bien. Fuck à l’Aca­dé­mie Française qui créé un nouveau mot complè­te­ment déli­rant par volonté abso­lue de ne pas utili­ser l’an­glais. Ce n’est pas ma moti­va­tion. Par contre j’en arrive là après une recherche sérieuse, avec l’aide de ceux qui le veulent.

    Et pour « commit » alors ? Après un nombre impor­tant de contri­bu­tions sans aucune suffi­sam­ment claire et géné­rique – de mon avis person­nel – Karl a proposé le simplis­sime « enre­gis­trer ». Ça ne plaira peut être pas aux puriste, mais j’ai l’im­pres­sion que ça colle parfai­te­ment à pas mal de sens qu’on donne à « commit », et que je trou­ve­rai bien les termes pour les quelques sens manquants avec les notions de version et tran­sac­tion. Ceci dit ça reste un sujet ouvert pour moi.

  • Publier la loi

    Si quelques data geeks ont tenté d’ex­plo­rer nos lois, ils ont vite vue la diffi­culté de suivre ce qu’il se passe. Legi­france met à dispo­si­tion toutes les données souhai­tées, mais allez-savoir ce qui est vrai­ment modi­fié par telle loi ou tel projet de loi…

    Imagi­nez voir simple­ment les diffé­rences entre diffé­rentes versions d’un même code, de voir faci­le­ment l’in­té­gra­lité des chan­ge­ments d’un projet de loi en cours ainsi que ce que donne­rait le code résul­tant. Mieux, imagi­nez qu’on puisse dupliquer les données pour créer des projets de loi, discu­ter les amen­de­ments actuels, etc.

    D’autres pays ont avancé. Les lois du Bundes­tag sont publiées sous github. Un projet débute aux US sur une loi parti­cu­lière, plus dans l’es­prit d’en propo­ser des modi­fi­ca­tions colla­bo­ra­tives.

    Tech­nique­ment ce n’est pas si compliqué : mettre les articles de loi dans des fichiers textes, le tout dans un dépôt git ; chaque décret ou loi promul­guée sous forme d’une nouvelle version du dépôt avec la réfé­rence qui va bien ; projets de loi ou amen­de­ments sous forme de branches et réin­té­gra­tion sous forme de pull-request. Le problème n’est pas là.

    En France ça reste compliqué, pour des raisons non tech­niques. La loi est forcé­ment un peu plus acces­sible que la moyenne des données publiques, mais on se heurte vite à la réalité. Nos insti­tu­tions consi­dèrent que le contenu des bases de Legi­france relève du droit des bases de données et que toute extrac­tion auto­ma­tique ou substan­cielle est soumise à licence… payante.

    Bref, récu­pé­rer nos textes de loi pour les compi­ler dans un dépôt, c’est 4700 € pour l’his­to­rique, plus 1500 € (par an ?) pour les mises à jour. Ajouté aux 400 € de frais de dossier on peut comp­ter près de 7000 € la première année, 1500 € les années suivantes. Est-ce que cela auto­rise toute forme de repu­bli­ca­tion ? Le site n’in­dique en fait aucun terme précis quant à la licence et aux droits accor­dés.

    Seul espoir : Dans la notice il est indiqué que le télé­char­ge­ment des PDF inté­graux n’est pas soumis à l’ob­ten­tion d’une licence. Je ne sais pas si le télé­char­ge­ment de tous les PDF, de façon auto­ma­ti­sée et régu­lière, peut passer sous ce critère. Je ne sais pas non plus si cette excep­tion auto­rise la redif­fu­sion (mais en même temps une fois l’ex­trac­tion auto­ri­sée, le droit lié aux bases de données ne devrait je pense plus faire obstacle à une repu­bli­ca­tion). Dans tous les cas le résul­tat serait forcé­ment dégradé puisqu’on peut voir les modi­fi­ca­tions succes­sives mais pas les attri­buer à tel décret ou telle loi.

    J’ai­me­rai bien que quelqu’un plus au fait de ces ques­tions puisse m’ai­der à y voir clair. Suivant le cas ça peut vouloir dire tenter un finan­ce­ment parti­ci­pa­tif, ou faire un premier proto rapide pour véri­fier que le projet a du sens. Qui se sent de parti­ci­per à un peu d’ex­plo­ra­tion avant-projet ? Qui a déjà tenté ou exploré des choses ? Je louche vers les gens de Regards Citoyens par exemple. Je ne voudrai dupliquer aucun effort, et surtout ne pas réin­ven­ter la roue déjà aban­don­née par d’autres pour de bonnes raisons. Tout contact, toute info et toute aide bien­ve­nue.

  • Chan­ger le monde

    • Redon­ner contrôle au citoyen sur sa démo­cra­tie
    • Abattre la primauté des entre­prises sur les indi­vi­dus
    • Casser le modèle actuel de la propriété intel­lec­tuelle et assi­mi­lés
    • Amener de la trans­pa­rence dans le public et de l’opa­cité dans le privé
    • Réfor­mer la circu­la­tion de richesses entre les indi­vi­dus et avec l’état
    • Deve­nir maître du monde

    Oui, le chemin est encore long, mais je suis preneur d’ini­tia­tives et de sugges­tions pour avan­cer dans la bonne direc­tion. Pas juste des idées, des actions, utiles.