Auteur/autrice : Éric

  • Forte baisse des salaire en raison de la pénu­rie d’in­for­ma­ti­ciens

    Remix Jobs relance la polé­mique sur la mythique pénu­rie d’in­for­ma­ti­ciens. Les mêmes rengaines arrivent chaque année entre juin et septembre. Cette fois ci, une semaine après, on voit dans la presse « Forte baisse des salaires à l’em­bauche en SSII ».

    Je n’ar­ri­ve­rai pas à comprendre comment on peut consi­dé­rer qu’il y a tension au recru­te­ment tout en faisant bais­ser les salaires. Ce n’est pas tant que les infor­ma­ti­ciens soient mal payés – ils ne le sont pas – mais les salaires d’autres pays sont bien plus haut, donc logique­ment la diffi­culté de recherche devrait faire monter les salaires au moins au niveau des voisins.

    Et qu’on ne se trompe pas, si la propor­tion des expé­ri­men­tés passe en dessous du tiers pour les nouvelles embauches, ce n’est pas qu’ils sont rares, c’est que personne n’a envie de payer pour l’ex­pé­rience avec autant de jeunes diplô­més sur le marché.

    Métier mal consi­déré, loca­tion de person­nel (majo­rité des embauches en SSII), salaire en baisse, déve­lop­peurs français recon­nus comme bons et mieux payés à l’étran­ger, déva­lo­ri­sa­tion du déve­lop­peur avec plus de cinq ans d’ex­pé­rience (« il aurait du passer chef de projet »)… il ne faut pas s’éton­ner que certains claquent la porte des recru­teurs français.

  • Vive la trans­la­tion du jargon

    J’ai cher­ché comment traduire « commit » dans le contexte d’un contrôle de versions type git ou subver­sion. J’ai eu quelques propo­si­tions qui peuvent permettre de construire des phrases au cas par cas, mais aucun terme vrai­ment éclai­rant et géné­rique.

    Mais surtout je me suis heurté à pas mal de réac­tions concer­nant l’idée même de traduire le terme.

    Fran­che­ment je ne cherche pas à « défendre la langue française ». Elle va très bien, merci pour elle, et surtout elle ira d’au­tant mieux qu’elle restera vivante et s’au­to­ri­sera à impor­ter des termes étran­gers. Il est d’ailleurs amusant de voir de temps en temps de la résis­tance à impor­ter un terme anglais… qui est en fait un terme français qui a été importé outre-manche ou outre-atlan­tique il y a bien long­temps. Bref, là n’est pas la ques­tion.

    Ma petite histoire

    C’est Eyrolles qui m’a pas mal ouvert les yeux sur l’uti­lité d’une traduc­tion. À l’époque de la rédac­tion de mon livre sur PHP, ils nous ont imposé de cher­cher au maxi­mum des traduc­tions.

    • Premier constat : Quand on cherche, le plus souvent, on trouve un terme français qui corres­pond très bien.
    • Second constat : Le plus souvent même ceux qui n’uti­lisent que les termes anglais ne remarquent même pas qu’il y a eu effort parti­cu­lier de traduc­tion.

    Tout le monde utilise thread, parser, template, tag… mais fina­le­ment un fil de discus­sion ou d’exé­cu­tion, un moteur ou un analy­seur syntaxique, un gaba­rit, une balise ou une étiquette, ça fonc­tionne très bien aussi. En fait ça fonc­tionne même mieux, avec une lecture bien plus fluide quand bien même les termes sont rare­ment fran­ci­sés dans le contexte infor­ma­tique.

    Il m’a ainsi fallu pas mal de volonté pour faire un chapitre sur les gaba­rits de pages HTML en PHP. Damned, j’ai résisté et voulu écrire « template » jusqu’au bout. Je me demande même si nous n’avions pas fini sur un compro­mis en lais­sant « template » dans le titre de chapitre en crai­gnant que « gaba­rit » ne soit pas immé­dia­te­ment compris. Sauf qu’au final je suis bien content de l’avoir fait ce chan­ge­ment.

    Abra­ca­da­bra

    J’ai vu trop d’in­for­ma­ti­ciens utili­ser les termes anglais comme des formules magiques. J’ai même eu plusieurs discus­sions à l’époque du choix de « gaba­rit » où on m’a expliqué qu’un « template » c’était diffé­rent parce que [insé­rez ici une conno­ta­tion imagi­naire]. Moins mon inter­lo­cu­teur avait de recul sur ce qu’il mani­pu­lait et de compré­hen­sion du fonc­tion­ne­ment, plus il était atta­ché au terme anglais. Cette consta­ta­tion n’a jamais été démen­tie (atten­tion à ne pas vous vexer : je ne prétends pas que la réci­proque est vraie).

    Si je tiens au français, c’est juste­ment pour parler français et pour ne pas utili­ser de termes formules magiques où chacun y met son propre imagi­naire. Ça permet de norma­li­ser le discours, de lais­ser prendre du recul à ceux qui sont trop habi­tués à copier sans comprendre, et de parler du fonc­tion­ne­ment plus que d’une série d’ou­tils et de commandes.

    Comme la plupart des infor­ma­ti­ciens, j’ai beau­coup tendance à utili­ser l’an­glais dans mon jargon. J’ai toute­fois pu noter de réelles diffé­rence d’im­pact et de compré­hen­sion dès que je fais l’ef­fort d’uti­li­ser des termes français. Et cette faci­lité d’échange ne concerne pas que les débu­tants : Je la constate aussi face à des habi­tués du terme comme de la tech­nique qu’il recoupe. À vrai dire plus la personne en face a du recul et de la compré­hen­sion, plus on peut parler de ce qu’il y a derrière et autour et plus la langue utili­sée est un détail.

    À l’usage

    Seule l’ha­bi­tude fait un peu résis­tance, mais pas tant que ça. En fait tout l’enjeu c’est de trou­ver un terme qui sera immé­dia­te­ment compris sans réflé­chir par un natif fran­co­phone, même par celui qui n’uti­lise que le terme anglais dans sa vie profes­sion­nelle. Très souvent on trouve, et si extrê­me­ment peu de mes corres­pon­dants parle­ront eux-même de fil d’exé­cu­tion, aucun ne tique quand je le fais.

    Il reste quelques termes diffi­ciles à traduire. Le plus souvent ce sont des termes qui ont déjà été détour­nés de leur sens usuel en anglais. Forcé­ment, trou­ver un terme français revient aussi souvent à le détour­ner de son sens usuel… et là ça coince. À l’écrit, quand ça arrive, je tente de forcer un peu le terme français s’il me semble viable, quitte à mettre le terme anglais en paren­thèses à la première occur­rence.

    Et quand rien ne va ? et bien j’uti­lise l’an­glais, ça me va aussi très bien. Fuck à l’Aca­dé­mie Française qui créé un nouveau mot complè­te­ment déli­rant par volonté abso­lue de ne pas utili­ser l’an­glais. Ce n’est pas ma moti­va­tion. Par contre j’en arrive là après une recherche sérieuse, avec l’aide de ceux qui le veulent.

    Et pour « commit » alors ? Après un nombre impor­tant de contri­bu­tions sans aucune suffi­sam­ment claire et géné­rique – de mon avis person­nel – Karl a proposé le simplis­sime « enre­gis­trer ». Ça ne plaira peut être pas aux puriste, mais j’ai l’im­pres­sion que ça colle parfai­te­ment à pas mal de sens qu’on donne à « commit », et que je trou­ve­rai bien les termes pour les quelques sens manquants avec les notions de version et tran­sac­tion. Ceci dit ça reste un sujet ouvert pour moi.

  • Publier la loi

    Si quelques data geeks ont tenté d’ex­plo­rer nos lois, ils ont vite vue la diffi­culté de suivre ce qu’il se passe. Legi­france met à dispo­si­tion toutes les données souhai­tées, mais allez-savoir ce qui est vrai­ment modi­fié par telle loi ou tel projet de loi…

    Imagi­nez voir simple­ment les diffé­rences entre diffé­rentes versions d’un même code, de voir faci­le­ment l’in­té­gra­lité des chan­ge­ments d’un projet de loi en cours ainsi que ce que donne­rait le code résul­tant. Mieux, imagi­nez qu’on puisse dupliquer les données pour créer des projets de loi, discu­ter les amen­de­ments actuels, etc.

    D’autres pays ont avancé. Les lois du Bundes­tag sont publiées sous github. Un projet débute aux US sur une loi parti­cu­lière, plus dans l’es­prit d’en propo­ser des modi­fi­ca­tions colla­bo­ra­tives.

    Tech­nique­ment ce n’est pas si compliqué : mettre les articles de loi dans des fichiers textes, le tout dans un dépôt git ; chaque décret ou loi promul­guée sous forme d’une nouvelle version du dépôt avec la réfé­rence qui va bien ; projets de loi ou amen­de­ments sous forme de branches et réin­té­gra­tion sous forme de pull-request. Le problème n’est pas là.

    En France ça reste compliqué, pour des raisons non tech­niques. La loi est forcé­ment un peu plus acces­sible que la moyenne des données publiques, mais on se heurte vite à la réalité. Nos insti­tu­tions consi­dèrent que le contenu des bases de Legi­france relève du droit des bases de données et que toute extrac­tion auto­ma­tique ou substan­cielle est soumise à licence… payante.

    Bref, récu­pé­rer nos textes de loi pour les compi­ler dans un dépôt, c’est 4700 € pour l’his­to­rique, plus 1500 € (par an ?) pour les mises à jour. Ajouté aux 400 € de frais de dossier on peut comp­ter près de 7000 € la première année, 1500 € les années suivantes. Est-ce que cela auto­rise toute forme de repu­bli­ca­tion ? Le site n’in­dique en fait aucun terme précis quant à la licence et aux droits accor­dés.

    Seul espoir : Dans la notice il est indiqué que le télé­char­ge­ment des PDF inté­graux n’est pas soumis à l’ob­ten­tion d’une licence. Je ne sais pas si le télé­char­ge­ment de tous les PDF, de façon auto­ma­ti­sée et régu­lière, peut passer sous ce critère. Je ne sais pas non plus si cette excep­tion auto­rise la redif­fu­sion (mais en même temps une fois l’ex­trac­tion auto­ri­sée, le droit lié aux bases de données ne devrait je pense plus faire obstacle à une repu­bli­ca­tion). Dans tous les cas le résul­tat serait forcé­ment dégradé puisqu’on peut voir les modi­fi­ca­tions succes­sives mais pas les attri­buer à tel décret ou telle loi.

    J’ai­me­rai bien que quelqu’un plus au fait de ces ques­tions puisse m’ai­der à y voir clair. Suivant le cas ça peut vouloir dire tenter un finan­ce­ment parti­ci­pa­tif, ou faire un premier proto rapide pour véri­fier que le projet a du sens. Qui se sent de parti­ci­per à un peu d’ex­plo­ra­tion avant-projet ? Qui a déjà tenté ou exploré des choses ? Je louche vers les gens de Regards Citoyens par exemple. Je ne voudrai dupliquer aucun effort, et surtout ne pas réin­ven­ter la roue déjà aban­don­née par d’autres pour de bonnes raisons. Tout contact, toute info et toute aide bien­ve­nue.

  • Chan­ger le monde

    • Redon­ner contrôle au citoyen sur sa démo­cra­tie
    • Abattre la primauté des entre­prises sur les indi­vi­dus
    • Casser le modèle actuel de la propriété intel­lec­tuelle et assi­mi­lés
    • Amener de la trans­pa­rence dans le public et de l’opa­cité dans le privé
    • Réfor­mer la circu­la­tion de richesses entre les indi­vi­dus et avec l’état
    • Deve­nir maître du monde

    Oui, le chemin est encore long, mais je suis preneur d’ini­tia­tives et de sugges­tions pour avan­cer dans la bonne direc­tion. Pas juste des idées, des actions, utiles.

  • Exten­sion de durée du droit d’au­teur

    Très bon résumé publié sur Actua­litté, lui même repre­nant Michael Hart, de l’ex­ten­sion du copy­right de la durée initiale de 14 ans après publi­ca­tion renou­ve­lable 28 ans à une durée de 70 ans après mort de l’au­teur.

    Ce qui est inté­res­sant c’est qu’au moins les quatre premières étapes n’avaient pas vrai­ment comme objec­tif d’aug­men­ter la durée d’ex­ploi­ta­tion des oeuvres. L’idée est clai­re­ment de lutter contre une avan­cée tech­nique qui aurait faci­lité la diffu­sion des oeuvres : presses à vapeur, presses élec­triques, photo­co­pieuses.

    L’en­nemi c’est la concur­rence du domaine public, et en augmen­tant les durées, on évite que tout un pan de la culture s’y élève. C’est une bête appli­ca­tion de l’offre et de la demande avec une stra­té­gie de la rareté : L’idée n’est pas tant d’ex­ploi­ter plus long­temps les oeuvres que de limi­ter la diffu­sion d’oeuvres qui ne seraient pas aussi chères.

    Ça permet de voir d’un coup le côté patri­mo­nial du droit d’au­teur sous un autre angle, qui a pour but de restreindre la culture et l’ac­cès aux oeuvres plutôt que de la déve­lop­per. Il est peut être temps d’en­vi­sa­ger d’autres modèles, à l’heure où tout un pan d’oeuvres sous droit devient perdu pour tout le monde car ni exploité ni libre­ment diffu­sable.

  • Tout bien réflé­chi, le livre numé­rique…

    J’ai voulu commen­ter, citer et répondre mais je suis arrivé à un texte de plusieurs pages, sans saveur, sans atti­rance.

    Mais fina­le­ment ce qui me choque dans ce texte sur le livre numé­rique c’est ce focus si impor­tant sur l’achat et le coût. Est-ce vrai­ment ça l’im­por­tant dans le livre ? Pourquoi ne parlons-nous pas litté­ra­ture, rencontre et échange ?

    Parce que non, un salon du livre réduit à des bornes de télé­char­ge­ment n’au­rait aucun sens, mais un salon du livre réduit à des piles de papier et des caisses enre­gis­treuses n’au­rait pas plus de sens. Quitte à choi­sir un lieu de rencontre et de décou­verte, ne pas avoir une table pleine de papier entre mon inter­lo­cu­teur et moi, je vois plutôt ça comme un avan­tage, ne pas être limité au stock amené sur place m’ap­pa­rait aussi comme une ouver­ture encore plus grande.

    Le livre numé­rique c’est un côté pratique indé­niable, et c’est peut être ça qui attire le plus, mais c’est aussi l’op­por­tu­nité de redé­cou­vrir des milliers de clas­siques et d’oeuvres épui­sées. C’est aussi nombre de lectures à moins de 3 € qu’on n’au­rait jamais vu appa­raitre dans le circuit papier. Ce sont aussi des nouvelles, des feuille­tons, et des jeunes auteurs qui n’ont pas eu le rela­tion­nel néces­saire pour toucher les maisons d’édi­tion. Ce sont aussi des textes simple­ment diffé­rents, qu’il aurait été risqué de publier en papier ou qui ne touchent qu’un public restreint. Ce sont enfin des décou­vertes infi­nies et non limi­tées par ce que le libraire a jugé comme suffi­sam­ment rentable pour consti­tuer un stock sur place.

    Pourquoi ne parlons-nous pas de litté­ra­ture et d’oeuvre ? Pourquoi centrer le numé­rique sur le côté maté­ria­liste et écono­mique pour ensuite se plaindre que ce n’est pas ça le plus impor­tant ? Pensez à tout un pan de litté­ra­ture qui s’ouvre de nouveau et tout un autre qui s’in­vente. Pensez à ces amis que vous ne voyez pas tous les jours qui peuvent vous envoyer leurs notes, leurs livres ou des extraits dans leur corres­pon­dance.

    Je vais vous dire un secret : La plupart de mes amis fouillent ma biblio­thèque numé­rique et empruntent mes livres quand ils passent chez moi. Peu le font sur ma biblio­thèque papier. Mieux : j’ai la même inter­ac­tion, à distance, avec certains que je n’ai pas la chance de croi­ser aussi souvent que je le voudrais. Nous discu­tons, échan­geons, décou­vrons. Où serait cette chance avec le livre papier sur ma table de chevet ou dans ma biblio­thèque Ikea du bureau ? et c’est dommage d’ailleurs parce que le livre de ma table de chevet je le consi­dère comme essen­tiel, simple­ment c’est juste moins pratique et moins agréable à lire alors je recule depuis des semaines le moment où je m’y consa­cre­rai. J’ai beau en parler il semble qu’il en soi de même pour mes amis car aucun ne me l’a emprunté en atten­dant.

    Parce qu’au final j’ai bien lu « Je ne voudrais cepen­dant pas sombrer dans les points de vue para­noïaques et puant l’égoïsme social qui s’était exprimé contre le livre de poche. » mais je suis capable de rempla­cer quasi­ment toutes les occur­rences de « liseuse » par « livre de poche » dans le texte d’ori­gine sans lui faire perdre de sens. Combien à l’ar­ri­vée du livre de poche se sont plaints de ces couver­tures peu chères et trop petites pour la richesse du livre ? Combien se sont plaints que les librai­ries devien­draient un lieu de vente déshu­ma­nisé ? Combien ont argu­menté sur le fait que le coût n’était pas le plus impor­tant ? Sur la mort des libraires à cause du prix de vente réduit ? Sur le plai­sir d’un livre suffi­sam­ment quali­ta­tif pour être relu ? Seul le passage sur le salon du livre et ses bornes de télé­char­ge­ment néces­si­te­rait d’être réécrit mais je suppose que, si l’au­teur avait parlé de tables remplies de cartons livres de poche, l’ef­fet aurait été le même.

    Chan­ger ses habi­tudes est diffi­cile. Ne le feront que ceux qui le souhaitent et c’est très bien ainsi. Le numé­rique ouvre des portes mais personne n’est contraint à les fran­chir. Le papier vivra encore plus long­temps que moi, et j’en suis heureux. Je ne repro­che­rai son choix à personne, mais il est tout de même préfé­rable que ce soit juste­ment un choix conscient, donc de se rendre compte que les argu­ments avan­cés sont essen­tiel­le­ment des prétextes par peur ou refus du chan­ge­ment.

    Fina­le­ment je ne vais extraire que deux blocs de cita­tion, que je trouve fina­le­ment reflé­ter le même esprit :

    « Le vrai motif de la liseuse, c’est de réduire le coût de produc­tion du livre. »
    « La liseuse tire du côté de la valeur d’échange, le livre […] du côté de la valeur d’usage. »

    Quelle étrange vision alors que juste­ment le numé­rique permet de se recen­trer sur l’oeuvre et non l’échange lié au conte­nant, et que la seule révo­lu­tion est juste­ment dans l’usage.

    Pourquoi ne pas non plus parler des rencontres, des échanges du numé­rique ? Mort des lieux ? De ce qui ne gèrent que l’as­pect commer­cial et maté­riel, c’est possible. De ceux qui apportent des décou­vertes, des recom­man­da­tions et des discus­sions, certai­ne­ment pas. Ils évolue­ront, chan­ge­ront, mais s’ils apportent quelque chose de perti­nent pourquoi donc imagi­ner qu’ils seront déser­tés ?

    Si vous ne savez voir dans le numé­rique que l’as­pect maté­ria­liste et commer­cial, ne lui repro­chez pas vos propres oeillères.

  • Dis tonton, c’est quoi le water­mar­king sur les ebooks ?

    Le tatouage d’un ebook c’est un peu comme le gravage anti-vol des vitres auto­mo­biles. L’objec­tif est autant de pouvoir iden­ti­fier l’objet pour en retrou­ver son proprié­taire que de dissua­der les gens de voler l’objet lui-même.

    Comme les analo­gies auto­mo­biles n’aident quasi­ment jamais à comprendre quoi que ce soit, voici ce qu’on peut avoir dans un fichier EPUB :

    • Des infor­ma­tions dissua­sives : Souvent une page de garde en début ou fin de livre avec des données nomi­na­tives et/ou l’in­di­ca­tion que le livre est marqué ainsi que sa diffu­sion est inter­dite (impli­ci­te­ment : que si vous le faites on vous retrou­vera), éven­tuel­le­ment en fin de chaque page et/ou chapitre.
    • Des infor­ma­tions d’iden­ti­fi­ca­tion invi­sibles à la lecture mais posées de façon qu’elles soient impos­sible (raison­na­ble­ment diffi­cile) à reti­rer ; dans les images et/ou dans les données du livre elles-mêmes.

    Mais pourquoi tout ça ?

    Voyez ça comme une alter­na­tive qui fait levier pour faire aban­don­ner les verrous tech­niques (DRM Adobe, Fari­play et autres Kindle) à ceux qui n’ar­rivent pas à envi­sa­ger de lais­ser des fichiers sans « protec­tion » : Pas de problème d’in­te­ro­pé­ra­bi­lité, de compa­ti­bi­lité, de double iden­ti­fi­ca­tion, de péren­nité du fichier.

    Personne ne trouve ça génial, même ceux qui ne jure que par ça. Il s’agit d’un « mieux que les verrous tech­niques » (qui combinent les mêmes problèmes mais en ajoutent d’autres) et c’est déjà pas mal.

    L’idée de l’iden­ti­fi­ca­tion c’est que si on trouve un fichier sur le réseau, on puisse remon­ter jusqu’au client à qui il a été vendu. Si l’iden­ti­fi­ca­tion est bien faite (diffi­cile à reti­rer sans dégra­der le fichier), ça peut fonc­tion­ner. Ça n’a l’air de rien mais un tatouage est presque plus diffi­cile à enle­ver qu’un verrou cryp­to­gra­phique.

    Et ensuite ? Ça dépend du dépo­si­taire des droits d’au­teur, mais j’ima­gine que dans le cas d’une viola­tion massive cela puisse être suffi­sant pour deman­der des actes judi­ciaires supplé­men­taires (perqui­si­tion ?) pour envi­sa­ger une mise en accu­sa­tion si celui qui diffuse est bien celui qui a acheté. Je n’ai aucun cas en tête ceci dit.

    La vraie fonc­tion­na­lité du tatouage reste la partie dissua­sion. Même si le tatouage ne contient géné­ra­le­ment rien que vos amis ignorent ou qui ne se retrouve déjà dans l’an­nuaire, sur votre CV et un peu partout dans les bases de données de vos four­nis­seurs, commerçants (en ligne ou non) et admi­nis­tra­tions, personne n’aime avoir son nom et ses coor­don­nées dans les mains d’in­con­nus.

    De fait ça incite les gens honnêtes à ne parta­ger le fichier qu’à leurs connais­sances proches, et c’est bien l’objec­tif. Les vrais pirates eux ne mettront proba­ble­ment pas leur vrai nom de toutes façons.

    Pourquoi me dit-on que c’est dange­reux alors ?

    L’idée c’est d’iden­ti­fier. On peut faire beau­coup de choses dange­reuses avec de l’iden­ti­fi­ca­tion : en partant d’un profi­lage publi­ci­taire intru­sif à la perte de vie privée en passant par un État qui contrô­le­rait vos lectures ou les utili­se­rait pour tirer de mauvaises conclu­sions. On touche fina­le­ment quelque part à la surveillance géné­ra­li­sée et à la liberté d’ex­pres­sion. Effrayant hein ?

    Pour modé­rer : La partie iden­ti­fi­ca­tion n’est géné­ra­le­ment qu’une chaîne de carac­tères obscure et indé­chif­frable. Même si vous arri­viez à l’ex­traire, seul le distri­bu­teur d’ori­gine saurait faire la rela­tion avec des noms ou coor­don­nées.

    Il est aussi toujours bon de le rappe­ler, si vous gardez vos fichiers pour vous, personne ne relira rien de ce qu’ils contiennent. Ça peut paraitre un peu idiot à dire mais c’est cohé­rent avec le fait qu’il vous est inter­dit de diffu­ser ces fichiers à des tiers.

    Enfin, il faut bien voir que l’objec­tif c’est de propo­ser une alter­na­tive aux verrous tech­niques, pas d’in­ci­ter ceux qui envi­sagent de vendre les fichiers nus à ajou­ter un tatouage. La posi­tion c’est qu’il vaut mieux un tatouage qu’un verrou tech­nique, ce dernier ayant à peu près les mêmes défauts mais aussi d’autres en plus. Il ne s’agit donc pas de prétendre à l’ab­sence de risques ou de problèmes, mais plutôt d’avan­cer vers un mieux (ou un moins pire, suivant l’angle de vue).

    N’ou­bliez pas non plus que dans l’his­toire vos données sont présentes chez le reven­deur et remon­tées jusqu’au distri­bu­teur voire à l’édi­teur, puis présente aussi en partie au niveau de votre banque et poten­tiel­le­ment de bien plus de pres­ta­taires. Le danger prin­ci­pal semble plutôt par là.

  • Choi­sir sa liseuse – pondé­ra­tion multi-critères

    Je publie ici régu­liè­re­ment des billets « choi­sir sa liseuse ». Les spéci­fi­ca­tions tech­niques entre les diffé­rentes liseuses étaient quasi­ment les mêmes jusqu’à récem­ment. Mes avis reflètent donc un juge­ment person­nel et tota­le­ment subjec­tif, mais après la lecture d’un ou plusieurs livres sur la plupart de ces appa­reils. Le dernier date de la fin 2012 mais les choses ne chan­ge­ront pas avant les liseuses qui arri­ve­ront avec la rentrée ou la fin d’an­née (je viens d’ailleurs de publier un avant-gout de la Kobo Aura 6″ et de la Sony PRS-T3 à partir de ce qu’on en sait pour l’ins­tant).

    Mais juste­ment, des liseuses viennent d’être annon­cées récem­ment, d’autres le seront d’ici la fin de l’an­née. Des diffé­rences objec­tives commencent à appa­raitre. Vous trou­ve­rez sur liseuses.survol.fr un petit outil qui vous permet de faire un premier clas­se­ment à partir de dizaines de critères objec­tifs. À vous de défi­nir quelle impor­tance vous atta­chez à quelle fonc­tion­na­lité, et l’ou­til fera le reste.

    L’idée c’est de pouvoir asso­cier des avis subjec­tifs et des recom­man­da­tions à partir de critères objec­tifs. Les deux se complètent. Ça vous fait un outil de plus.

    Le code est acces­sible sur github et il ne tient qu’à vous de propo­ser amélio­ra­tions ou correc­tions. Si quelqu’un veut modi­fier la CSS pour y poser un vrai design, je suis preneur.

     

  • Kobo Aura 6″

    Pour faire la suite de l’annonce de la Sony PRS-T3, autant parler de la nouvelle Kobo Aura 6″ (à ne pas confondre avec la Kobo Aura HD, qui a une taille plus grande que les autres) et une vidéo de compa­rai­son avec la Kobo Glo, faite par Good e-Reader.

    Pour faire rapide ça ressemble à une version haut de gamme de la Kobo Glo mais ça reste très proche. Quelques diffé­rences prin­ci­pales :

    • Nouvel écran (mais de même réso­lu­tion que la Glo)
    • Nouveau boitier, plus design, légè­re­ment plus petit et plus léger
    • 149 € la Kobo Aura (129 € la Kobo Glo)
    • Un nouveau firm­ware avec entre autres l’in­té­gra­tion de Pocket

    (notez les reflets sur l’écran de la Aura quand le testeur la retourne et la mani­pule)

    Écran

    L’écran c’est un peu la décep­tion de l’an­nonce. Il s’agit de la nouvelle géné­ra­tion d’écran – ce qui est une bonne nouvelle – et on peu préju­ger d’une réma­nence un peu plus faible voire espé­rer un contraste un peu plus fort, mais il est de la même réso­lu­tion que l’an­cien écran de la Kobo Glo. En réuti­li­sant le nom de la Kobo Aura HD, j’avais espéré une plus haute réso­lu­tion, tant pis.

    Mais surtout ça sous-entends que pour marquer la diffé­rence entre la Aura et la Glo, on peut penser que la Glo restera sur l’an­cien écran. D’or­di­naire en élec­tro­nique les nouvelles géné­ra­tions remplacent les anciennes au même prix. Ici l’an­cienne reste à prix constant et on a simple­ment initié une gamme de plus. Un peu dommage, mais proba­ble­ment compré­hen­sible vu les très faibles marges sur ce type d’ap­pa­reil.

    Design

    Le nouveau boitier fait très classe sur les vidéos, il faut avouer. La face avant et plane. C’est un peu la même diffé­rence qu’entre un ancien PC avec un écran entouré de plas­tique et un Mac récent avec une unique dalle de verre sur toute la surface. Première impres­sion de très haute qualité qui justi­fie­rait presque à elle seule la diffé­rence de prix pour ceux qui aiment les objets design. Si on ajoute que le résul­tat est plus petit et plus léger, c’est très bien réussi.

    Juste un truc : Sur un si beau boitier, avoir mis un bouton d’ex­tinc­tion couleur orange-gilet-de-sauve­tage sur la tranche c’est un vrai crime. En plus c’est sur la tranche du haut, donc visible en perma­nence. Si les deux boutons du haut se confon­daient il fallait mieux les agen­cer, pas ajou­ter du orange fluo cheap, surtout sur un design haut de gamme par ailleurs. Je réserve mon juge­ment le temps d’avoir vu un exem­plaire physique, mais je trouve que ça gâche un peu l’ef­fet autre­ment très bon.

    Reflets

    Une dalle qui fait toute la surface, comme pour les Mac et tablettes, ça s’ac­com­pagne malheu­reu­se­ment d’une forte sensi­bi­lité aux reflets. Ces reflets sont extrê­me­ment visibles sur la vidéo de compa­rai­son, alors qu’ils sont inexis­tants sur la Kobo Glo mani­pu­lée de la même façon. Ça n’ins­pire pas confiance pour la lisi­bi­lité, ce qui est pour­tant l’in­té­rêt prin­ci­pal des liseuses.

    Sur un Mac ou une tablette c’est compensé par une forte lumi­no­sité (ce qui demande en plus une grosse batte­rie), et ça traine 90% du temps en inté­rieur ou à l’ombre. Ici ça risque de deman­der d’ac­ti­ver le sur-éclai­rage dès qu’il y a un mini­mum de lumière ambiante, qui va consom­mer d’au­tant la batte­rie. Le sur-éclai­rage des liseuses n’a rien à voir avec la puis­sance lumi­neuse des tablettes ou Mac, elle risque de plus de ne pas suffire quand il y a un flux lumi­neux rela­ti­ve­ment concen­tré (genre l’am­poule du plafon­nier du salon qui se voit dans l’écran, ou un rayon de soleil qui passe par les fenêtres).

    Ça mérite là aussi un vrai test en réel avant de confir­mer ce juge­ment (on ne sait jamais, une vidéo peut être trom­peuse sur ce genre de points), mais les reflets visibles sur vidéo me font très peur. Je vous conseille d’évi­ter l’achat avant de véri­fier ce qu’il en est.

    Qualité / Prix

    Au final ce qui trans­pa­rait c’est surtout une montée en gamme, y compris au niveau du prix. Fini le temps où on mettait à jour pour le même prix, là il faut payer pour avoir le modèle récent.

    Autant les 30 € entre les liseuses éclai­rées et les liseuses non-éclai­rées valent large­ment, autant là c’est unique­ment du design ou presque. À vous de voir si vous vous sentez de mettre 20 € de plus pour ça. 149 € ça commence à faire un budget.

    Je retiens quand même deux points à véri­fier : Ce bouton orange qui risque de faire jurer un design par ailleurs réussi, et la dalle qui semble très sensible aux reflets. Ce second point peut être tota­le­ment disqua­li­fiant si l’im­pres­sion donnée par la vidéo se véri­fie. Si je devais ache­ter une éclai­rée clas­sique ou la Kobo Aura aujourd’­hui, ça serait une clas­sique, par sécu­rité. Ceci dit ça peut chan­ger si les tests avec l’ap­pa­reil en main apaisent mes craintes.

    Et le firm­ware avec l’in­té­gra­tion de Pocket ? et bien il sera distri­bué à toutes les Kobo, donc pas un critère de choix. J’at­ten­drai aussi de voir si l’im­plé­men­ta­tion est réus­sie (Ever­note sur Sony ça s’est révélé assez gadget) mais l’idée est très sympa.

    Mise à jour du 23 septembre : Visi­ble­ment l’écran n’est pas au niveau d’un haut de gamme, peut être même moins inté­res­sant que celui de la Kobo Glo.

  • Liseuse Sony PRS-T3

    sonyprst3La future liseuse e-ink de Sony, la PRS-T3, commence à poin­ter le bout de son nez. Aldus et Mobi­le­read donnent un apperçu des speci­fi­ca­tions.

    Ce que j’en retiens c’est :

    • Écran haute réso­lu­tion
    • Couver­ture rabat­table inté­grée à la coque, qui déclenche seule la mise en veille et le réveil
    • Une charge très rapide (ils parlent de trois minutes, mais sans dire combien de temps de lecture on gagne avec une telle charge)

    L’écran haute réso­lu­tion est le mini­mum syndi­cal désor­mais. Ils ont toute­fois la bonne idée de four­nir un des nouveaux écrans HD (le même que la Kobo Aura 6″), ce qui est une bonne nouvelle à priori même s’il n’y a aucun retour concret encore sur la diffé­rence de qualité avec les écrans HD actuels. Ceci dit ça reste un non-événe­ment : Il ne restait plus que Sony pour propo­ser unique­ment la simple défi­ni­tion. Ça deve­nait ridi­cule de les voir refu­ser l’éclai­rage sous prétexte que ça dimi­nuait légè­re­ment la qualité de l’écran, tout en conti­nuant à four­nir des écrans en simple défi­ni­tion.

    D’ailleurs, puisqu’on en parle : Toujours pas d’éclai­rage, et là je ne comprends pas l’obs­ti­na­tion de Sony à refu­ser l’éclai­rage. Ils ont eu une très mauvaise expé­rience des années avant les autres, mais main­te­nant c’est fran­che­ment la norme et je ne me verra pas recom­man­der une liseuse sans éclai­rage comme outil de lecture prin­ci­pal, surtout pour celui qui lit le soir avant de se coucher. La couver­ture avec éclai­rage inté­grée en option n’est qu’un mauvais palia­tif, même si elle était de meilleure qualité que la précé­dente (ce qui reste à démon­trer).

    Très bonne idée pour la couver­ture rabat­table inté­grée (flip cover, comme les smart­phone Samsung S3 et S4). Le fait de mettre en veille et allu­mer la liseuse auto­ma­tique­ment avec la couver­ture est plutôt gadget mais j’ai vrai­ment appris à appré­cier la flip cover sur mon télé­phone, alors que je ne supporte pas ces sortes d’exo-sque­lettes qu’on vend en option habi­tuel­le­ment.

    C’est ça pour moi la réelle inno­va­tion, et les autres feraient bien d’en prendre de la graine. Malheu­reu­se­ment les options (couver­ture, char­geur) sont là où les reven­deurs font de la marge, donc je doute que beau­coup emboitent le pas à Sony là dessus.

    Et la charge rapide alors ? Sauf si Sony a décou­vert un concept de batte­rie révo­lu­tion­naire (et dans ce cas il le mettrait plutôt en oeuvre sur ses tablettes et smart­phone, plus deman­deurs et plus concur­ren­tiels), c’est proba­ble­ment juste un char­geur rapide et trois minutes ne s’ap­pro­chera même pas de très loin d’une charge complète. Notez qu’en géné­ral une charge rapide implique plus de chauffe et surtout une durée de vie plus faible des batte­ries. Du coup je suis à la limite de consi­dé­rer ça comme un réel incon­vé­nient pour la nouvelle liseuse de Sony.

    Au final il y a une bonne idée, une remise à niveau partielle, mais toujours pas d’éclai­rage. Elle reste proba­ble­ment dans le même créneau que la précé­dente : pour ceux qui travaillent avec une liseuse e-ink (lecture de PDF texte refor­ma­tés, anno­ta­tions à la main, bon écran, et capa­cité à payer un peu plus cher pour cela tout en renonçant aux usages plus grand public comme la lecture du roman le soir avant de se coucher). Et encore, le refor­ma­tage des PDF les concur­rents commencent à l’avoir aussi.

    Mise à jour 25 septembre : Sony a sorti sa couver­ture avec lampe (externe) inté­grée. Et visi­ble­ment ce n’est pas une réus­site.