Auteur/autrice : Éric

  • Conces­sions Vinci

    L’idéo­lo­gie néoli­bé­rale semble dire que l’État n’est pas perti­nent, qu’il coûte trop cher, qu’il faut abso­lu­ment déchar­ger l’État via des parte­na­riats public-privé ou des conces­sions externes.

    Petit docu­ment très rapide pour commen­cer à y réflé­chir :

    Vinci: les concessions représentent 13,9% du chiffre d'affaire et 8% des effectifs, mais 58,8% du résultat net

    Vous prenez ça comme vous voulez, mais j’ai du mal à entendre l’idée que ce système est rentable pour quiconque d’autre que l’ac­tion­naire de Vinci.

  • Nouvelle donne

    Je commente les posi­tions de chacun mais j’évite en géné­ral de recom­man­der tel ou tel mouve­ment. Je préfère parler des propo­si­tions et des sujets eux-mêmes. Le débat d’idées est bien plus impor­tant que le jeu des person­na­li­tés et des partis.

    Main­te­nant il faut aussi le dire quand on voit des projets inté­res­sants. Je vous invite à décou­vrir les propo­si­tions du comité Roose­velt et celles du nouveau parti Nouvelle Donne.

    Vous êtes invi­tés à commen­ter ici ces diffé­rentes propo­si­tions, tant qu’on parle concret et pas idéo­lo­gie.

  • Ce n’est pas de la propriété

    Le droit d’au­teur n’est pas un droit de propriété. Il n’est même pas appa­renté au droit de propriété : il s’y oppose et seul le terme employé s’en approche. Il ne s’agit pas là d’opi­nion mais bien de la façon dont est pensé le mono­pole d’ex­ploi­ta­tion de l’au­teur.

    Petits éclai­rages à lire et relire :

    L’oeuvre n’ap­par­tient pas à son auteur. Ce n’est pas le cas et ça n’a jamais été le cas. L’oeuvre elle-même n’ap­par­tient à personne, ou à tout le monde, c’est suivant. Sa maté­ria­li­sa­tion, elle, appar­tient à celui qui en a la posses­sion, comme tout autre objet.

    L’au­teur n’a qu’un mono­pole d’ex­ploi­ta­tion et un droit de regard sur son deve­nir, certai­ne­ment pas la propriété. Et un mono­pole qui rogne sur le droit de propriété (ou l’ab­sence de), c’est bien natu­rel qu’il soit limité en temps et en éten­due. C’est bien natu­rel aussi que les limi­ta­tions de ce mono­pole dépendent d’un équi­libre au niveau de la collec­ti­vité, pas unique­ment des inté­rêts ou des désirs de l’au­teur.

  • Ce n’est pas de la culture

    III. À propos des produc­tions de l’es­prit et des valeurs qui les accom­pagnent.
    ☆ 1. Ensemble des acquis litté­raires, artis­tiques, arti­sa­naux, tech­niques, scien­ti­fiques, des mœurs, des lois, des insti­tu­tions, des coutumes, des tradi­tions, des modes de pensée et de vie, des compor­te­ments et usages de toute nature, des rites, des mythes et des croyances qui consti­tuent le patri­moine collec­tif et la person­na­lité d’un pays, d’un peuple ou d’un groupe de peuples, d’une nation. La plura­lité des cultures humaines. La culture chinoise. La culture gréco-latine. La culture française, germa­nique, anglo-saxonne. Cultures régio­nales. Les cultures préco­lom­biennes. La culture bantoue. La culture occi­den­tale, orien­tale, afri­caine. Une culture dispa­rue. Une culture qui ne cesse de s’en­ri­chir. Le problème de la coexis­tence des cultures. 
    ☆ 2. Ensemble des valeurs, des réfé­rences intel­lec­tuelles et artis­tiques communes à un groupe donné ; état de civi­li­sa­tion d’un groupe humain. Culture popu­laire. Culture de masse. Permettre l’ac­cès de tous les citoyens à la culture. Spécialt. Minis­tère de la Culture (ou préfé­ra­ble­ment Minis­tère des Affaires cultu­relles), qui a pour attri­bu­tions d’as­su­rer la conser­va­tion et l’ex­ploi­ta­tion du patri­moine, d’or­ga­ni­ser les ensei­gne­ments artis­tiques et de favo­ri­ser la créa­tion et la diffu­sion des produc­tions de l’art. Maison de la culture, établis­se­ment public ayant pour mission de permettre l’ac­cès du plus grand nombre à la culture et de favo­ri­ser la créa­tion litté­raire et artis­tique.

    Diction­naire de l’Aca­dé­mie Française, 9ème édition

    S’il existe une idée majeure dans la notion de culture, c’est la notion de collec­ti­vité et de biens communs. Les oeuvres ne peuvent se récla­mer de la culture que si nous envi­sa­geons qu’elles parti­cipent à cette collec­ti­vité et ce bien commun, aujourd’­hui ou au moins demain.

    À y regar­der, mis à part quelques oeuvres qui ont dépassé leur auteur – souvent avec l’ac­cord de ce dernier – notre culture popu­laire est essen­tiel­le­ment compo­sée de légendes, contes et oeuvres qui ont plus d’un siècle et demi. Suis-je le seul à y voir un problème ?

    À vouloir garder les oeuvres comme des proprié­tés privées indé­fi­ni­ment sous contrôle, ou pendant des géné­ra­tions, nous sortons du domaine cultu­rel pour se canton­ner à celui du diver­tis­se­ment ou de l’en­sei­gne­ment privé.

    Inté­res­sant aussi de noter que le Minis­tère de la Culture a pour attri­bu­tion l’ex­ploi­ta­tion, et la diffu­sion. Qu’on m’ex­plique pourquoi on ne semble pour­tant penser désor­mais la culture que sous forme d’al­lon­ge­ment et de renfor­ce­ment du mono­pole d’au­teur, d’ex­clu­sion des oeuvres de la sphère collec­tive.

    Peut-être est-ce profi­table aux auteurs et globa­le­ment à la créa­tion – même si j’en doute pour cette dernière – mais… Culture ? le terme n’est plus adapté. Nous faisons exac­te­ment l’op­posé. Nous ne parta­geons plus, nous ne béné­fi­cions plus à la collec­ti­vité, nous ne consti­tuons plus de biens communs. Il est temps de chan­ger.

  • L’oeuvre d’un auteur est un peu comme son bébé

    L’image n’est pas mauvaise : Un enfant on régente sa vie pendant des années, mais un jour l’en­fant doit vivre sa propre vie et on ne le contrôle plus. C’est parfois frus­trant, parfois diffi­cile mais si en tant que parents nous avons créé un être, nous n’en sommes pas les proprié­taires pour autant. Cet être aura sa propre vie, avec ses propres erreurs, parfois sans notre accord, parfois malgré notre répro­ba­tion. On ne peut qu’in­fluen­cer en disant ce qu’on en pense.

    Il en va de même pour un oeuvre. C’est certai­ne­ment un lâcher-prise qui ne va pas de soi. C’est parfois frus­trant, diffi­cile, mais ici aussi, si en tant qu’au­teur nous créeons l’oeuvre, nous n’en sommes pas les proprié­taires pour autant.

    Le domaine public c’est aussi ça : Des oeuvres qui finissent par avoir leur propre vie, indé­pen­dam­ment de leur auteur. Elles servi­ront à enri­chir d’autres créa­tions origi­nales, qui vivront à leur tour leur propre vie.

    Et même si les excès récents tendent donner l’illu­sion du contraire, le droit d’au­teur est conçu ainsi depuis le départ. Le mono­pole d’ex­ploi­ta­tion de l’au­teur est prévu pour n’être que tempo­raire, pas perma­nent, pas même pour toute la vie de l’au­teur : Il n’était que de dix ans à l’ori­gine.

    En le faisant perdu­rer des géné­ra­tions et en cher­chant des astuces pour le rendre virtuel­le­ment perma­nent, nous empê­chons nos oeuvres de déga­ger leur propre vie, nous agis­sons comme des parents qui refusent de voir partir pour vivre leur propre vie.

  • Impôts et crédits spéci­fiques

    La France n’est pas malade de ses impôts et coti­sa­tions. Elle est malade de sa répar­ti­tion avec plus de cas spéci­fiques que de cas géné­raux, des exoné­ra­tions et aides parti­cu­lières impos­sibles à quan­ti­fier. Bien entendu, c’est autant qui monte le niveau d’im­po­si­tion et de coti­sa­tion géné­rale et le taux résul­tant fait peur même à ceux qui fina­le­ment ne le payent pas.

    Deux milliards pour la Bretagne ? On peut être pour ou contre la fin de l’éco­taxe mais je n’ima­gine pas une seconde qu’il soit légi­time de donner un bonus de près de deux milliards juste pour calmer une région en colère. Non seule­ment c’est illé­gi­time au niveau de la répar­ti­tion mais en plus ça ne peut qu’in­ci­ter d’autres régions à se révol­ter pour elles aussi obte­nir deux milliards.

    Le budget de l’État n’étant pas exten­sible, encore moins avec ce que va coûter le recul sur l’éco­taxe, donc soit tout le monde y arrive et c’est un jeu de dupes : on donne un peu à chacun en prenant sur le budget global, c’est à dire qu’au final chacun a autant qu’a­vant mais on vient juste de reti­rer du budget là où c’était utile pour le mettre là où c’est visible lors d’une opéra­tion de commu­ni­ca­tion. Soit toutes les régions n’ont pas la même largesse et on vient juste de prendre à ceux qui travaillent et payent leurs impôts & taxes pour les donner à ceux qui mani­festent et refusent de les payer. On voit tout de suite la limite.

    On peut encore argu­men­ter que de toutes façons on n’avait plus le choix et qu’il fallait calmer le mouve­ment avant qu’il ne fasse plus de dégâts à l’éco­no­mie que les deux milliards débloqués, mais au final ça reste un problème.

    Mais alors quand je lis ce matin que la filière des jeux vidéos vient de réus­sir à recon­duire son crédit d’im­pôt spéci­fique, je déses­père. Notez que je parle des jeux vidéos parce que c’est l’ac­tua­lité mais il en va de même pour bien d’autres filières, y compris la mienne. Ce sont jusqu’à 20% du coût d’un jeu vidéo qui sont rembour­sés. Une brève recherche montre que les studios de déve­lop­pe­ment de jeux vidéos demandent aussi le crédit impôt recherche qui rembourse 30 à 40%.

    Est-ce vrai­ment de ça que la France a le plus besoin comme dépense publique en ce moment ? À ceux qui répondent oui, consi­dé­rez bien que ça veut dire un taux de prélè­ve­ment plus fort pour tout le monde.

  • Un connec­teur USB de plus

    On nous prépare un nouveau connec­teur USB, de la taille du micro-USB de nos télé­phones, mais réver­sible : Le type C.

    Génial mais… Disons qu’on avait déjà deux types (A et B) à croi­ser dans trois tailles (stan­dard, mini et micro). Ça faisait déjà pas mal.

    Type A blanc gros plat PC
    Type B blanc gros carré Impri­mante, caméra
    Mini Type A blanc petit plat Obso­lète
    Mini Type B noir petit plat GPS, PDA, APN
    Micro Type A gris / blanc petit plat Obso­lète
    Micro Type B noir petit plat Smart­phone, APN, GPS

    Comme on aime bien s’amu­ser, on a même ajouté de l’USB 3. Ils sont tous rétro-compa­tibles USB 2 mais ont plus de pins et même un double connec­teur pour les petits.

    3.0 Type A bleu gros plat PC
    3.0 Type B bleu gros double carré ?
    3.0 Micro B noir petit double plat Tablette

    Rassu­rez-vous on avait aussi pas mal de dérives proprié­taire. Une brève recherche remonte ces 7 là mais ils ne sont clai­re­ment qu’un petit échan­tillon. D’ailleurs dans les 4 pins on en trouve pas mal de versions (incom­pa­tibles, voire qui peuvent dété­rio­rer les appa­reils si on prend l’une pour l’autre). Je vous fais grâce des connec­teurs mais qui font passer une inten­sité de 2A au lieu des 500mA (ou 900mA pour l’USB 3) qu’on trouve sur les tablettes. Heureu­se­ment ils ont un connec­teur non stan­dard du côté de la tablette.

    Mini 4P (4 pins) noir petit carré
    Mini type A
    (4 pins)
    blanc petit plat
    Mini Type B
    (4 pins)
    noir petit carré APN Kodac
    HTC ExtMi­cro petit plat Smart­phone HTC
    Mini 8M (8 pins) noir petit carré
    Mini 8P (8pins) noir petit rond
    Mini TDK noir petit carré
    UC-E6 noir petit plat Nikon

    Avec cet histo­rique, ajou­ter un type C (qui pour l’ins­tant n’exis­tera qu’en taille micro), ça prend un sens tout diffé­rent.

  • Choi­sir sa liseuse numé­rique – Hiver 2013–2014

    Choi­sir sa liseuse numé­rique – Hiver 2013–2014

    –> Mis à jour pour Noël 2014 <–

    Vous aimez lire ? Vous faites un cadeau à quelqu’un qui aime lire ? Les liseuses et les livres numé­riques commencent à sortir au grand jour. Pour ma part ça m’a permis de redé­cou­vrir la lecture.

    Je lis des roman, des nouvelles, des séries

    1 – Pocket­book Touch Lux
    119 € via Cultura

    Sans contes­ta­tion, il vous faut une liseuse à encre élec­tro­nique : Le confort de lecture sera bien plus proche du papier que celui d’une tablette LCD. Le poids est plus faible qu’un livre de poche et vous pour­rez lire plusieurs semaines sans vous soucier de l’au­to­no­mie.

    Le sur-éclai­rage inté­gré vaut large­ment les quelques euros de diffé­rence avec le modèle de base. C’est ce qui vous permet­tra de lire avec une faible lumi­no­sité ambiante, ou dans le lit sans déran­ger votre conjoint. La lumière est géné­ra­le­ment douce et de faible inten­sité : Rien à voir avec votre smart­phone.

    Évitez les Nolim de Carre­four. Les 20 € de diffé­rence sont loin de compen­ser la baisse de qualité subie. Évitez aussi les Kindle qui ne sont compa­tibles qu’a­vec Amazon et qui enfer­me­ront à vie vos conte­nus hors de votre portée.

    2 – Kobo Aura HD
    170 € via la FNAC

    Le vrai choix est sur le format : Par défaut je propose une 6″. C’est fin, léger, et ça rentre dans les poches de veste. C’est proba­ble­ment le plus adapté si vous comp­tez lire dans la salle d’at­tente du méde­cin, dans les trans­ports, à la pause de midi, etc.

    Dans cette gamme je vous conseille la Pocket­book Touch Lux (le lien est vers Cultura, elle est aussi dispo­nible chez Decitre et peut être chez votre libraire local ; les prix varient). Elle permet d’avoir plusieurs profils utili­sa­teurs, une synchro­ni­sa­tion par Drop­box, l’en­voi de livres par email, et une refonte ergo­no­mique profonde est en cours de déve­lop­pe­ment pour encore plus amélio­rer l’ex­pé­rience utili­sa­teur (les liseuses ache­tées aujourd’­hui y auront accès à la nouvelle version logi­cielle quand elle sortira). La Kobo Glo et la Kobo Aura sont aussi des bons choix, un peu plus chères.

    Si vous ne lisez que des livres grand format depuis votre canapé, alors jetez un oeil aux liseuses grand format. Le choix se rétreint à la Kobo Aura HD (atten­tion à la mention « HD »), nette­ment plus chère toute­fois que les modèles 6″.

    Si vous aimez faire vos propres choix, je vous recom­mande aussi de jouer avec l’outil de sélec­tion multi-critères pour trou­ver la liseuse la plus adap­tée à *vos* besoins. Quel que soit le modèle, je vous recom­mande une liseuse noire ou sombre, qui sera plus repo­sante à la lecture et aidera à avoir un meilleur ressenti sur le contraste de l’écran.

    Je lis des bandes dessi­nées, des livres spécia­li­sés, des livres tech­niques, des PDF grand format, des docu­ments complexes

    Pour la couleur et les docu­ments à mise en page fixe grand format : Point de salut encore cette année hors des tablettes LCD. C’est moins l’objet de ce billet mais si je devais donner quelques conseils :

    • Fuyez les modèles bas de gamme. C’est le meilleur moyen d’être dégouté ou de chan­ger sa tablette six mois après.
    • L’écran est le compo­sant prin­ci­pal. La réso­lu­tion n’est pas le seul critère mais elle donne une bonne indi­ca­tion de la géné­ra­tion de l’écran.
    • Évitez les modèles Android trop custo­mi­sés comme les Kobo et les Kindle, prenez une tablette géné­rique
    Nexus 7 - 229€
    3 – Nexus 7 – 229€ via Google

    Pour un petit prix orienté lecture, vidéo, mail et quelques jeux clas­siques, les Pocket­book Surf­pad 2 me semblent plutôt bien. Je n’ai pas testé la Cybook Tablet de Bookeen mais elle devrait être simi­laire.

    Si je devais recom­man­der quelque chose pour du multi-usage ce serait plutôt les Nexus 7 et Nexus 10. Le prix est nette­ment plus élevé mais c’est tout de même une gamme au dessus, avec un rapport qualité / prix imbat­table. Là dessus vous avez de la très haute réso­lu­tion, du GPS, une double caméra avant/arrière, etc.


    Photo d’illus­tra­tion sous licence CC-BY-SA, par Alexandre Dulau­noy.

  • Léga­li­sa­tion des échanges non marchands.

    La léga­li­sa­tion des échanges non marchands sans autres limi­ta­tion conti­nue à me sembler un jeu dange­reux. Les fans ont montré plusieurs fois combien il était à leur portée de créer des sites web qui indexent, présentent, enri­chissent et distri­buent des conte­nus. Dès léga­li­sa­tion, ces sites vont fleu­rir et s’étof­fer.

    En soi c’est très posi­tif, et ça montre même le désert que repré­sentent les sites web commer­ciaux sur ces sujets, mais j’ai du mal à voir comment une filière commer­ciale va pouvoir survivre en paral­lèle. Si j’ai un site béné­vole qui fonc­tionne très bien, qui n’est pas contraint par les négo­cia­tions de cata­logue, sur lequel tout est gratuit et légal, je ne vois aucune raison d’al­ler cher­cher mon contenu ailleurs. À très court terme auto­ri­ser le partage non marchand c’est tuer tota­le­ment la filière commer­ciale à desti­na­tion des parti­cu­liers.

    Parmi les mili­tants de la léga­li­sa­tion des échanges non marchands j’en­tends les voix qui militent pour un nouveau modèle, où les créa­teurs et produc­teurs se rému­nèrent autre­ment. Ce peut être des dons, des services annexes, une licence globale ou une contri­bu­tion quel­conque. J’ac­quiesce, mais nous sommes tota­le­ment dans la spécu­la­tion quand nous imagi­nons ce que ça peut donner ou non. Un big bang sans avoir expé­ri­menté à une échelle moins radi­cale me semble juste inima­gi­nable : Il n’y aurait pas de retour en arrière possible.

    En paral­lèle si je vois une raison sociale à auto­ri­ser les échanges avec quelqu’un que je connais, je perçois beau­coup moins de perti­nence à auto­ri­ser les échanges aveugles en masse. Vous imagi­nez dire que je n’ai pas le droit de parta­ger ma musique, mon livre ou ma vidéo avec mon conjoint, mes enfants, mon meilleur ami, mon voisin ? pour­tant c’est l’état du droit actuel ou pas loin.

    Alors auto­ri­ser les échanges non marchands, mais à quelques condi­tions :

    • Échange non collec­tif : Je m’adresse à une ou plusieurs personnes spéci­fiques, pas au public ou à un collec­tif. On exclut ici les réseaux pair à pair publics, les sites de partage, les groupes ou asso­cia­tions qui ont pour objec­tif de mutua­li­ser les acqui­si­tions.
    • Échange inten­tion­nel : C’est à moi d’avoir l’in­ten­tion de procé­der à chaque échange indi­vi­duel. On exclut ici toute notion de mise à dispo­si­tion où un tiers va faire son marché.
    • Échange indi­vi­duel : Je partage un contenu ou un groupe de conte­nus spéci­fiques, choisi. On exclut ici les échanges systé­ma­tiques ainsi que les échanges aveugles d’une collec­tion de contenu complète. Les critères du droit sur les collec­tions et bases de données me semblent assez repré­sen­ta­tifs de ce qui peut être appli­cable.

    Avec des critères simi­laires, léga­li­ser les échanges non marchands me semble plus qu’une bonne idée, et de plus tout à fait envi­sa­geable comme compro­mis, sans même imagi­ner de compen­sa­tion (ou en consi­dé­rant que c’est déjà couvert par la rede­vance sur la copie privée).

  • Dis papa, le livre numé­rique ça s’achète d’oc­ca­sion ?

    La ques­tion est entière.

    Impri­més, réel droit

    Un livre imprimé a une vie complète en dehors de la librai­rie. Il se donne, se vend et s’achète d’oc­ca­sion, entre parti­cu­liers ou via un inter­mé­diaire commer­cial. Plusieurs librai­ries font d’ailleurs parti­cu­liè­re­ment commerce d’oc­ca­sion.

    Le mono­pole commer­cial de l’au­teur s’ar­rête à la vente de l’ou­vrage, on parle d’épui­se­ment des droits [d’au­teur]. L’au­teur (ou son éditeur) n’a pas de pouvoir sur ce que vous faites de l’objet livre lui-même. Vous pouvez l’an­no­ter, le modi­fier, le décou­per, le brûler ou… le revendre.

    Pour couper court au premier mythe : Ce n’est pas une tolé­rance, un lais­ser faire ou une mauvaise habi­tude. C’est simple­ment la loi, pour toute œuvre.

    Quid alors du livre numé­rique ? et bien il n’y a aucune diffé­rence entre numé­rique et non numé­rique dans la loi – ou plutôt la diffé­rence n’est pas – et aucune diffé­rence morale.

    Licence d’ac­cès

    Le réel sujet c’est qu’on ne vous vend géné­ra­le­ment pas un objet livre numé­rique. On nous vend un service, une licence d’uti­li­sa­tion. Savoir s’il y a épui­se­ment des droits sur une licence d’uti­li­sa­tion, si on a le droit d’in­ter­dire la revente dans le contrat de licence, voilà les vraies ques­tions.

    On a vu deux réponses oppo­sées au niveau des insti­tu­tions judi­ciaires, faites votre choix :

    La première c’est l’his­toire de Redigi, star­tup US qui voulait orga­ni­ser la revente de fichiers musi­caux. Un juge­ment préli­mi­naire n’a pas permis de sécu­ri­ser le prin­cipe et Redigi a stoppé ses acti­vi­tés en atten­dant.

    La seconde c’est la Cour de Justice de l’Union Euro­péenne qui a acté qu’un éditeur ne pouvait s’op­po­ser à la revente d’oc­ca­sion d’une licence logi­cielle (qui ne s’use pas non plus).

    Tout au plus si on vend un accès restreint par une DRM avec une limi­ta­tion sur la durée, le nombre d’ac­cès ou le nombre de support, on peut consi­dé­rer qu’on se rapproche beau­coup plus d’une licence d’ac­cès logi­cielle et bien moins d’un fichier de musique simple (qui main­te­nant sont tous sans DRM ni limi­ta­tions).

    Ou objet numé­rique

    D’autres consi­dèrent qu’ils vendent bien un fichier, un objet livre numé­rique. Certains se sont même faits l’écho d’une propo­si­tion visant réser­ver le taux de TVA réduit aux livres numé­riques objets, par oppo­si­tion aux licences d’ac­cès et fichiers avec DRM.

    Si nous parlons bien d’un livre en tant qu’objet, il n’y a pas de raison que cet objet, fut-il numé­rique et imma­té­riel, ne soit pas trans­fé­rable. Faites votre choix entre objet numé­rique et licence d’ac­cès mais soyez ensuite cohé­rents. On peut arguer que dans ce cas plusieurs lecteurs profi­te­ront de l’œuvre en ne payant l’au­teur qu’une seule fois, mais il en va de même pour l’im­primé.

    L’ar­gu­ment du numé­rique qui ne s’use pas n’a aucun effet non plus – sans comp­ter qu’il est proba­ble­ment faux, mes contem­po­rains ont plus de chance d’hé­ri­ter de livres de leur grands-parents que d’ac­cé­der aux photo­gra­phies de leurs parents : Dans les multiples restric­tions via le droit d’au­teur, les droits voisins, le droit des marques, les brevets, il y a plus d’un élément soumis à revente dont l’usure n’est pas un critère signi­fi­ca­tif. Rien dans le droit d’au­teur ne parle d’usure, si ce n’est au contraire pour dire qu’au bout d’un certain temps l’œuvre échappe au mono­pole de son auteur.

    Unicité et copie

    Le réel enjeu n’est en réalité pas de savoir si la revente est légi­time. Il est dans la confiance : Le numé­rique étant facile à copier, rien n’em­pêche tech­nique­ment de garder une copie tout en en reven­dant une autre. Là il n’y a plus revente mais bien contre­façon pure et simple. Rien n’em­pê­che­rait même de le vendre plusieurs fois tant qu’à faire.

    Bref, même si la revente d’oc­ca­sion ne posait en soi pas beau­coup plus de problèmes de droit d’au­teur que sur le papier, cela demande une confiance aveugle en son prochain. Et là… forcé­ment… ça coince.

    Redigi avait tenté d’y appor­ter une solu­tion en certi­fiant l’ori­gine de l’achat et l’uni­cité du fichier dans l’éco­sys­tème de revente, mais cela n’a pas suffit à calmer les esprits (et n’avait aucune chance d’être tota­le­ment effi­cace).

    Pour moi c’est la seule vraie justi­fi­ca­tion à l’in­ter­dic­tion de revente d’oc­ca­sion, mais elle est assez forte à elle seule, d’au­tant qu’il n’y a pas urgence non plus vu la taille du marché numé­rique et l’im­por­tance de lais­ser les premiers efforts se renta­bi­li­ser.

    Oh, et une taxe sur la revente d’oc­ca­sion ? Non merci. Soit c’est légal, soit ça ne l’est pas. Il n’y a pas lieu de taxer toutes les acti­vi­tés de la terre.