Le parlement s’est enfin chargé du sujet brûlant des libraires. La concurrence d’Amazon commençait à les mettre à risque dangereusement.
Il faut dire qu’Amazon a un tel volume qu’il pouvait faire ce qu’aucun libraire ne peut envisager: Acheter de la surface au sol en centre ville pour y poser du stock au plus près des clients, payer des vendeurs-conseil à attendre ces clients toute la journée, et laisser ces derniers flâner et se laisser tenter sur place. Le volume de vente énorme créé par ce nouveau modèle de vente lui permet d’amortir très facilement tous ces coûts supplémentaires et de les offrir aux clients fidèles.
Les libraires historiques qui faisaient de la VPC par économie se retrouvent dépassés. Nous risquons de perdre tout notre riche réseau de libraires sur Internet si on ne les protège pas. Ceux qui ont tenté l’aventure en créant eux aussi des magasins physiques ont bien du mal à dégager une marge suffisante pour ne pas facturer les services en plus, comme l’accès au magasin, au parking privé attenant, ou à la demi-heure de conseil personnalisé par un vendeur humain.
Autant dire que l’activité d’Amazon agaçait depuis longtemps, surtout vue du point de vue du prix unique du livre. Offrir tous ces services indépendants en plus de la prestation de vente et de remise du livre acheté était considéré par beaucoup comme un détournement du prix unique du livre.
Bientôt ce sera fini, les libraires avec magasin en centre ville ne pourront plus cumuler la remise de 5% sur le prix du livre et la gratuité des services attenants au magasin physique. Les libraires historiques (vpc) pourront enfin souffler et survivre.
Ce qui est très marrant c’est qu’on peut réécrire l’histoire actuelle dans l’autre sens, et que ça fonctionne encore mieux. Le problème n’est pas celui des frais de port, c’est celui de la défense d’un ancien modèle face au seul un acteur qui a investit massivement dans un nouveau modèle pertinent, et qui acquiert en retour une masse critique dangereuse. A-t-on vraiment choisi le bon style de réponse ?
2 réponses à “Fiction amazonienne”
Pour compléter : Faire en sorte que tous puissent avoir accès à un réseau de distribution postal aussi efficace et à prix similaire pourrait être une étape bien plus adéquate, et pour défendre les autres libraires en ligne dans la durée, et pour le lecteur lui-même.
Vis à vis des librairies physiques, trouver un moyen de leur permettre de dégager une valeur ajoutée plus forte, surtout au niveau du conseil. Et si on trouve que les libraires ont aussi un rôle de service public, pourquoi ne définit-on par ce rôle, avec un cahier des charges, et ne rémunère-t-on pas ceux qui le remplissent ?
Que les libraires ne puissent pas envisager faire livrer en moins de 48h (voire plus d’une semaine quand le livre n’est pas en stock), et à des tarifs prohibitifs, me parait être un problème bien plus intéressant à régler.
Je n’ai pas « la solution », et je ne prétends pas l’avoir, mais développer de la valeur et fonctionner en construction m’a toujours semblé plus adapté que bloquer ou freiner celui qui amorce un nouveau service utile pour la population.
Surtout que dans l’histoire, le client ne gagne rien, voir vas y perdre. Que l’on mette fin à des pratiques anti-concurrentielles est une chose (et encore, dans une certaine mesure, pourquoi pénaliser celui qui apporte une valeur ajoutée ?). La position dominante n’est pas un mal, c’est son *abus* qui est répréhensible.
J’ai l’impression qu’on prend systématiquement le problème à l’envers et comme je l’ai vu sur twitter hier, que les mauvaises décisions d’aujourd’hui justifieront de nouvelles mauvaises décisions à l’avenir… :-(
A sanctionner la réussite et protéger ceux en échec / qui ne savent pas s’adapter avec en prime la subvention du contribuable, cela commence à me fatiguer sérieusement.
Vu de loin : Amazon va peut être (voir a déjà) remporté le marché de la lecture de masse ; à mon sens le libraire ne peut que se différencier par un conseil et une proximité mais pas par le prix ou le stock. Perso, j’achète mes BDs dans une librairie de versailles justement pour cette raison ; ils ont des séries originales et un bon conseil. Jamais été déçu et pour un prix correct (ou quand bien même je paye plus, j’approuve de part la valeur supplémentaire que j’en retire).
Faudrait que le consommateur assume aussi le fait de soit il paye pas cher et il a ce qu’il a ; soit il a une qualité ou une valeur supérieure mais à un prix pouvant être supérieur. Cela est valable pour tous les produits (supermarché vs marché/producteurs locaux, produits culturels, meubles (IKEA/Alinea vs …) , etc.