L’historique c’est certainement une dimension religieuse. Maintenant la question est celle d’un choix de société. Le dimanche c’est un moyen de permettre un équilibre entre la vie sociale professionnelle et la vie sociale personnelle. S’assurer qu’il peut y avoir une vie familliale avec un jour de congé commun. S’assurer qu’il puisse y avoir des activités sociale et culturelles avec des heures et des jours communs. S’assurer qu’on peut faire une sortie avec des amis parce qu’on a un jour commun. C’est idiot mais ça permet beaucoup de choses ce dimanche.
Il peut y avoir des exceptions. Il doit même y avoir des exceptions. Peut être même qu’il faille repenser les règles ou les assouplir. Probablement. Mais la règle elle-même reste sacrément utile et ne doit probablement pas être vidée de son sens.
Ce qui est certain c’est que les arguments que je vois passer ont des oeillères énormes. Oui c’est sur qu’ouvrir le dimanche permet de l’activité économique en plus et qu’il y a de toutes façons des volontaires. Mais non seulement il faut un équilibre entre ces arguments et le besoin social global, mais en plus si on cherche à aller voir plus loin, l’image est bien plus complexe que ça. Je ne suis ni pour ni contre, je suis juste excédé par ces arguments qui finalement n’apportent rien et ne prennent absolument pas en compte de l’ensemble du sujet.
Côté entreprise
Première question : Une partie de ceux qui viennent le dimanche se seraient organisés pour venir un autre jour de la semaine avant ou après. Est-ce que le nombre de clients supplémentaires (ceux qui ne se reportent pas sur un autre jour) compense vraiment les frais d’ouverture le dimanche ?
Si on ouvre le dimanche alors que les concurrents ferment, c’est certain. Le cas de Castorama c’était surtout à cause d’un concurrent qui n’avait pas eu la même autorisation. Le gain est alors indéniable.
La réflexion s’étend même dans les autres domaines. On ira plus facilement faire des emplettes sur un magasin ouvert le dimanche si on n’a rien d’autre à faire. Le jour où on assouplit la loi sur le travail le dimanche, tous les commerces seront en concurrence et la spécificité du dimanche risque de disparaitre. Dans ce cas les ventes vraiment créées par l’ouverture du dimanche (par opposition aux ventes reportées le dimanche) sont-elles vraiment encore significatives ?
Allons même plus loin. Si l’ouverture le dimanche est autorisée, les magasins seront globalement un peu forcés de suivre, parce que justement les clients vont là où c’est ouvert au lieu de reporter leurs achats un autre jour. Même si l’ouverture le dimanche est clairement non rentable pour certains, ils le feront quand même car l’alternative serait pire. Il n’est même pas certain que l’économie dans son ensemble en sortira du positif.
Côté salarié
L’argument ultime c’est de dire que certains salariés sont pour. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, les salariés ne sont pas pour travailler le dimanche, ils sont pour vivre avec un revenu correct. Ils sont juste prêts à travailler le dimanche si c’est le seul moyen pour ça. Proposez leur d’être payés correctement le vendredi, et d’un coup il risque d’y avoir beaucoup moins de volontaires pour le dimanche.
Avec un argument comme celui ci, on peut supprimer le salaire minimum (quel que soit ce salaire minimum, certains seront prêt pour travailler à 10% de moins s’ils ne trouvent pas d’emploi), les congés payés (prêt à avoir un jour de congé de moins), et à peu près toutes les mesures protectrices mise à part l’interdiction de l’esclavage (et encore, si j’en suis réduit à ça pour pouvoir donner un toit et une vie à mes enfants…).
Les gens se portent rarement volontaires pour le travail le dimanche, ils se portent volontaires pour un salaire correct, ou même volontaire pour accepter de renoncer à plus que le voisin et avoir le poste.
L’idée est aussi de prendre du recul. Si en travaillant normalement cela ne suffit pas et qu’il faut accepter de travailler le dimanche pour faire vivre la famille, c’est plutôt ça qu’il faut corriger et pas le travail le dimanche. Même chose pour les jobs étudiants (et une boutique ne tourne pas le dimanche avec *que* des étudiants, pas possible).
C’est d’autant plus vrai que dans le travail le dimanche l’intérêt est aussi d’avoir du coup un jour de semaine libre pour pouvoir faire ses emplettes tranquille en semaines. Bref, ils sont pour travailler le dimanche aussi parce que justement les magasins sont fermés le dimanche. Ça se mord un peu la queue.
Dimanche sacré
4 réponses à “Dimanche, prendre du recul”
> Est-ce que le nombre de clients supplémentaires (ceux qui ne se reportent pas sur un autre jour) compense vraiment les frais d’ouverture le dimanche ?
Puisque ces entreprises veulent tellement ouvrir le Dimanche, on peut penser que oui.
> Le cas de Castorama c’était surtout à cause d’un concurrent qui n’avait pas eu la même autorisation.
Plus précisément : *tout le monde* ouvrait le Dimanche et ça marchait très bien, jusqu’à ce qu’un syndicat extérieur vienne distordre la concurrence en faisant fermer Bricorama…
> C’est d’autant plus vrai que dans le travail le dimanche l’intérêt est aussi d’avoir du coup un jour de semaine libre pour pouvoir faire ses emplettes tranquille en semaines. Bref, ils sont pour travailler le dimanche aussi parce que justement les magasins sont fermés le dimanche. Ça se mord un peu la queue.
Huh ? Tu autorises le travail du Dimanche, le résultat est que plus personne n’a le problème « mon seul jour de congé tout est fermé », et tout le monde est content.
On est d’accord, les gens travaillent la semaine et doivent faire leurs courses le dimanche, parce qu’ils n’ont pas le choix.
C’est pour ça que les magasins sont fermés pendant les heures de bureau – forcément tout le monde travaille et si les magasins étaient ouverts, ils seraient déserts – et surtout le dimanche on a un pouvoir d’achat magique qui apparait dans son portefeuille alors que c’est pas le cas en cours de semaine…
Je pense qu’on a vraiment besoin d’avoir un jour voire deux jours consécutifs de repos pour faire une pause.
Disclaimer: je n’ai pas de vie de famille et mes amis non plus, ce qui me permet de les voir facilement n’importe quand.
En ce qui me concerne, je préfère nettement avoir un autre jour de congé que le dimanche (par contre, je suis en effet assez pour deux jours de repos d’affilée), justement parce que cela me simplifie énormément la vie.
Je dois aller à la préfecture ? Je peux le faire parce que la préfecture est ouverte un de mes jours de congé. Je dois aller faire les courses ? Je ne passe pas 4h à faire la queue à la caisse et les magasins ne sont pas bondés.
Donc non, je pense que le salaire « amélioré » n’est pas le seul argument qui peut pousser des gens à avoir envie de travailler un dimanche.
Bon. Une réponse difficile pour moi. Confrontation entre l’éducation (dans le système français) et le quotidien (dans le système canadien et japonais).
Au Canada, comme au Japon, les magasins sont ouverts tous les jours de la semaine.
Au Japon (Tokyo), ils ouvrent souvent tard autour de 10h/11h mais ferment en général à 21h, tous les jours de la semaine. Des exceptions en 24/7 (soit en permanence, comme les convenience stores)
Au Canada (Montréal), ils ouvrent du samedi au mercredi (de 10h à 17h) et le jeudi-vendredi de 10h à 21h. (Parfois 22h ou plus dans certains cas, même exception que le Japon pour certains magasins).
Au Japon, je ne pense pas qu’il y ait un salaire spécial pour le week-end. C’est un jour comme les autres. Et dans le domaine du commerce de détails, le dimanche ou samedi d’ailleurs ne représente pas quelque chose de spécial. Le salaire est en revanche augmenté en fonction des heures supplémentaires. Mais je peux me renseigner sur les détails exacts si cela t’intéresse.
Et c’est très très pratique. Ce qui est bien et qui a été dit dans les commentaires est d’avoir une certaine flexibilité sur les jours de congés au choix de l’employé. C’est pour cela que les syndicats sont souvent contre, c’est que toutes lois qui donnent de la flexbilité sont utilisées à l’avantage de l’employeur (ce qui est raisonnable) mais trop souvent au désanvatage de l’employé (ce qui n’est pas raisonnable). Une situation gagnant-gagnant est très rare.
Si on parle de temps de travail choisi, j’ai eu la chance pendant 2 ans de pouvoir travailler une semaine de 35h (39h + RTT) mais sur 4 jours. Et *ça* c’était fabuleux. Pour les magasins ouverts le