Auteur/autrice : Éric

  • Pourquoi apprendre l’en­tre­preu­na­riat à l’école est une idée, et qu’on se moque qu’elle soit de gauche

    Quand je lis « Pourquoi apprendre l’en­tre­preu­na­riat à l’école est une idée de gauche » je me dis qu’il y a un problème avec l’ap­proche de notre classe poli­tique.

    Parler du pourquoi l’en­tre­pre­na­riat à l’école, de comment on va mettre en place l’idée – et le défi est là – ou de la perti­nence de commen­cer en 6ème, là ça serait plus qu’in­té­res­sant. Le billet parle en fait à peine de ces ques­tions, le sujet de fond semble plus être de convaincre les tiers que l’idée est compa­tible avec « la gauche » que de savoir si c’est en soi une bonne idée.

    Il faut quand même que notre démo­cra­tie soit bien malade pour que la ques­tion prin­ci­pale soit celle là, que la ques­tion soit celle du « qui » (quel élu, quel parti, quelle mouvance) et pas celle du « quoi ».

    Nos élus donnent l’im­pres­sion de croire qu’ils ne sont crédibles que quand ils sont unis derrière leur bannière. Lais­sez-moi leur dire dire : Vous devien­drez crédibles quand vous discu­te­rez le fond au lieu de voter et vous expri­mer en fonc­tion de la couleur atta­chée à la mesure débat­tue. On aura fait un grand pas pour notre pays. Que ce soit l’ha­bi­tude au parle­ment et que le billet soit écrit par un colla­bo­ra­teur parle­men­taire n’est peut être pas un hasard. On ne mesure pas tout le mal que font pour la percep­tion de la démo­cra­tie ces atti­tudes de godillot ou la procé­dure de vote de groupe du Sénat.

    Puisqu’on parle du monde de l’en­tre­pre­na­riat : dans le monde des star­tup on dit souvent qu’une idée ne vaut pas grand chose, c’est la mise en oeuvre qui compte. Parfois la phrase est racon­tée autre­ment : l’idée c’est moins de 1% de la valeur, le reste c’est la réali­sa­tion.

    Alors, si, au lieu de regar­der d’où vient l’idée, on discu­tait de pourquoi et comment la mettre en oeuvre ?

    Et au final, si l’en­tre­pre­na­riat à l’école était une idée de droite, ça chan­ge­rait quoi ? Elle devien­drait de fait une mauvaise idée à combattre ?

  • TLS par défaut

    Il ne fallait qu’une heure pour le faire mais je ne l’avais jamais inves­tie jusqu’à présent. C’est main­te­nant fait : Cet espace utilise une connexion HTTP sécu­ri­sée par défaut.

    Le lien HTTP non sécu­risé redi­rige direc­te­ment vers la partie sécu­ri­sée. Cette dernière envoie l’entête HSTS pour bloquer ce choix.

    Remon­tez-moi toute diffi­culté.

  • 6 – Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance

    Dans la même série, en préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance

    Il est facile de critiquer les réac­tion­naires au chan­ge­ment profond qu’a­morce le passage à l’im­ma­té­riel, mais propo­ser mieux est diffi­cile. Alors, on fait quoi ?

    À court terme nous avons des tenta­tives comme les offres d’abon­ne­ment, mais c’est oublier que pour l’ins­tant les modèles sur la musique ou la vidéo sont encore loin d’être des succès pour autre chose que les inves­tis­seurs en bourse. Ça restera de toutes façons un compro­mis qui risque de ne pas être suffi­sant.

    Pour ce long terme j’ai d’un côté des réformes du droit d’au­teur comme une limi­ta­tion à 10 ou 20 ans après première publi­ca­tion et la léga­li­sa­tion des échanges non marchands. D’un autre côté j’ai l’ar­ri­vée du revenu de base qui sécu­rise et enri­chit la créa­tion elle-même. Pour boucler le tout j’at­tends le retrait des inter­dic­tions de contour­ne­ment des DRM. Malheu­reu­se­ment je n’ai pas tant d’es­poir de voir un jour moi-même un des deux premiers arri­ver, et encore moins les deux. Quand bien même, un tel chan­ge­ment aurait tant d’im­pact sur la société que je suis bien à mal de me rendre compte à quoi elle ressem­ble­rait ensuite ou comment assu­rer la tran­si­tion. Bref, un saut dans l’in­connu.

    Entre temps il est évident que la poli­tique réac­tion­naire nous mène dans le mur et risque de faire des dommages graves. On entre­voit des atteintes aux liber­tés, des surveillances géné­ra­li­sées, une priva­ti­sa­tion des biens communs, une esca­lade dans la repres­sion et une sépa­ra­tion chaque jour plus profonde entre le public et le système.

    Entre temps je maudis autant les acteurs du para­graphe précé­dent que ceux qui pensent pouvoir outre­pas­ser la réalité d’aujourd’­hui en oubliant les lois et la société.

  • 5 – Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance

    En préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance

    La nouvelle géné­ra­tion baigne dans cette écono­mie d’abon­dance de conte­nus. Copier et diffu­ser se fait à coût virtuel­le­ment nul. On a accès à tout plus ou moins faci­le­ment, et il est évident qu’on ne pourra pas utili­ser tout ces conte­nus. L’enjeu n’est plus de comp­ter mais décou­vrir, de sélec­tion­ner et parta­ger, éven­tuel­le­ment de faire gros­sir encore plus le nombre de conte­nus et de les redif­fu­ser à son tour pour parti­ci­per à l’en­ri­chis­se­ment collec­tif.

    C’est d’ailleurs là que se trompent ceux qui luttent contre la contre­façon. Si la gratuité joue bien entendu un rôle, c’est toute une vision de l’ac­cès et de l’usage des conte­nus qui est diffé­rente sur la nouvelle géné­ra­tion. La lutte contre la contre­façon actuelle revient à expliquer pourquoi payer l’ac­cès au puit chaque matin à une géné­ra­tion qui ne connait que l’eau courante quasi gratuite et qui l’a toujours à portée de main. Ce n’est pas une ques­tion de mauvaise volonté, c’est juste que tout ceci leur semble natu­rel et ils ne le conçoivent proba­ble­ment même plus autre­ment. Ils peuvent s’y contraindre pour un temps, mais pas chan­ger leur façon de voir le monde.

    Être limité en nombre de copie pour un contenu acquis léga­le­ment ? Ne pas pouvoir parta­ger avec son petit ami ? Oubliez l’idée car cela leur semblera toujours illé­gi­time quand bien même on inves­ti­rait encore 10 ou même 100 millions d’eu­ros en commu­ni­ca­tion dans une seconde Hadopi.

    Les verrous seront cassés, les conte­nus copiés et tout ce qu’on obtien­dra c’est un désin­té­rêt irré­cu­pé­rable pour imagi­ner ensemble un autre modèle écono­mique. Nous devrions bien plus inves­tir pour faire muter notre société que pour frei­ner cette révo­lu­tion, car elle ne pourra en aucun cas être stop­pée.

    Il est temps de réflé­chir à notre société dans l’éco­no­mie d’abon­dance. C’est sérieux et nous dépas­sons ici large­ment le domaine du livre, c’est tout le droit d’au­teur qu’il faut à terme repen­ser.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance (ce billet)
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • 4 – D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance

    En préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare

    Ce qui diffé­ren­cie les points de vue du second billet est plus fonda­men­tal qu’il n’y paraît. N’ayons pas peur des mots, ce sont deux modèles de société qui s’op­posent (l’écoute de la vidéo est indis­pen­sable, croyez moi, et je ne me risque­rai pas à la para­phra­ser ici) : celui d’une écono­mie de la rareté et celui d’une écono­mie de l’abon­dance.

    Nous vivons cette muta­tion depuis des années dans la musique, la vidéo et la presse. Le livre n’est fina­le­ment qu’un nouveau venu dans cette bataille mais c’est aussi celui avec l’his­toire la plus stable et la plus ancrée dans la rareté. La réac­tion de rejet est donc encore plus forte, au point de feindre de ne pas connaitre l’is­sue. Là où musique vidéo et presse cherchent un modèle, le livre agit expli­ci­te­ment pour péren­ni­ser sont modèle de rareté.

    Vous n’y croyez pas ?

    Au Salon du livre il y a un mois, un repré­sen­tant des éditeurs affi­chait expli­ci­te­ment son inten­tion de main­te­nir la rareté du livre dans les offres numé­riques aux biblio­thèques publiques, pour éviter de concur­ren­cer le modèle de vente d’aujourd’­hui. La loi récente qui va gérer le cas des œuvres indis­po­nibles du XXème siècle et permettre leur numé­ri­sa­tion semble en partie avoir été conçue pour éviter d’autres alter­na­tives à diffu­sion plus large, comme entre autres la loi euro­péenne sur les œuvres orphe­lines. Et le président de la BNF dont la mission est de donner accès au plus grand nombre, de décla­rer qu’il faut éviter de donner accès gratui­te­ment au domaine public afin de sauve­gar­der les librai­ries. On pour­rait aussi parler de DRM ou d’ab­sence d’offre d’abon­ne­ment.

    Il semble que dans le livre numé­rique seuls Amazon et quelques star­tups consi­dèrent qu’il faut plani­fier l’iné­luc­table plutôt que de tenter l’ar­rê­ter. Ce n’est pas pour rien qu’A­ma­zon propose via son offre premium un noyau de ce que peut être une offre d’abon­ne­ment. Le jour où ce sera perti­nent, ils seront prêts. Entre temps ils « achètent » des auteurs pour consti­tuer un cata­logue le plus large possible dont ils contrôlent l’offre et les condi­tions, pour dépendre le moins possible d’édi­teurs tiers qui pour­raient les empê­cher de suivre un nouveau modèle.

    Si vous contrô­lez les conte­nus, vous contrô­lez l’offre. Si vous contrô­lez l’offre, vous pouvez choi­sir votre modèle écono­mique.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance (ce billet)
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • Comment lire

    Je l’ai promis à Pascale, alors je tente de décrire la façon dont je lis. Atten­tion c’est long.

    J’ai à l’es­prit ce héros qui lit les livres en photo­gra­phiant menta­le­ment chaque page qu’il tourne à vitesse rapide. Je suis certain que vous en avez un en tête, qu’il soit person­nage de livre ou de série télé­vi­sée.

    Survo­ler les pages

    Je ne sais pas le faire, et c’est bien dommage, mais je garde une sorte de lecture photo­gra­phique, ce qui me permet de faire semblant de me croire dans la même caté­go­rie que le héros plus haut.

    Je crois que je n’ai jamais lu en suivant les lignes comme ont semblé le faire mes cama­rades au moins jusqu’aux études supé­rieures. Je me rappelle même mon primaire où après une première lecture à ma façon je me mettais à bouger les lèvres ou à bouger les yeux de gauche à droite en atten­dant que ça passe pour faire comme les autres et éviter de me faire remarquer.

    Lecture verti­cale

    Pour la fiction, format poche, mes yeux parcourent une ligne qui va de haut en bas, assez rapi­de­ment. Plus la lecture demande de l’at­ten­tion (dialogues, person­nages multiples), plus cette ligne se rapproche du quart gauche du texte, verti­cale. Plus la lecture est simple plus on se rapproche du milieu voire du tiers droit du texte, et prend un angle vers la diago­nale.

    Avec ma propre fatigue, un besoin d’at­ten­tion ou de la lumière, je finis aussi par mélan­ger le suivi de cette ligne avec quelques points de foca­li­sa­tion à droite : Suivi de la ligne à gauche, un point à droite un peu plus bas, puis on reprend la ligne un peu plus bas à gauche, faisant une sorte de zig zag. Plus la fatigue monte, plus je fais de points à droite. Disons entre trois et six sur un format poche. Quand je commence à en faire plus j’aban­donne assez rapi­de­ment la lecture.

    Lecture en diago­nale

    Pour les autres textes je commence géné­ra­le­ment ma ligne direc­trice en haut du tiers droit du texte et descend en diago­nale vers le bas du tiers gauche avant de glis­ser hori­zon­ta­le­ment de nouveau à droite. Si ma compré­hen­sion n’est pas suffi­sante je remonte par l’autre diago­nale (oui, à l’en­vers), puis commence par éven­tuel­le­ment cher­cher des points encore peu couverts (dans l’ordre : milieu du tiers droit, en bas au centre, milieu du tiers gauche, en haut au centre, …). Si je ne comprends toujours pas alors je reprends du haut avec un système en zig zag comme pour la fiction, mais je pense que j’aban­donne souvent avant d’en arri­ver là.

    On peut dire que dans la non-fiction je scanne plus que je ne lis, et c’est un peu vrai, mais quand je fais vrai­ment une lecture en diago­nale ou une recherche, je pars quasi­ment toujours du bas à droite pour remon­ter au haut à gauche. Je suis convaincu que c’est une procé­dure d’évi­te­ment incons­ciente pour me forcer à ne pas lire juste­ment.

    Compré­hen­sion et ressenti du texte

    Comprendre

    Vous pour­riez me dire que c’est une lecture en diago­nale et que je ne lis pas le texte mais vous vous trom­pe­riez. Je perçois au contraire très bien le texte, avec la préten­tion d’une compré­hen­sion de texte plutôt au dessus de la moyenne.

    Le résul­tat c’est que je lis vite, avec une compré­hen­sion globale très bonne. Je suis aussi très sensible au style d’un bon auteur. Une écri­ture hachée, sèche et ponc­tuée aura un impact direct sur mon ressenti. Certains auteurs jouent très bien avec ça et me trans­portent tota­le­ment.

    Détail ou image globale

    La lecture de gauche à droite m’est réel­le­ment pénible. Elle me fatigue, et elle m’agace. L’aban­don n’est jamais loin derrière et la compré­hen­sion est loin d’être meilleure. Elle ne me permet pas d’em­bras­ser le texte ou d’en­trer dans l’his­toire. C’est pour moi comme regar­der une pein­ture en regar­dant chaque centi­mètre carré séquen­tiel­le­ment sans jamais recu­ler pour voir l’en­semble.

    En échange je perds certains détails, y compris des détails majeurs. Un détail majeur c’est quand le héros assiste à un enter­re­ment mais que le mort lui-même ne prend pas réel­le­ment place dans l’in­trigue. Je lis le contexte, le ressens, comprends les émotions, les impli­ca­tions, mais je peux tota­le­ment passer à côté du fait qu’il y a eu un enter­re­ment. C’est un détail, majeur vu qu’on y passe deux chapitres, mais un détail quand même qui n’est pas l’objet du déroulé de l’his­toire, ou en tout cas dans mon vécu de l’his­toire. Ce « détail » est tout de même lu donc s’il devient impor­tant par la suite je l’au­rai en tête à ce moment là, et au pire rebrous­se­rai chemin cinq chapitres en arrière pour relire les trois pages concer­nées avant de reve­nir à ma page en cours.

    Me relire, moi ?

    Cette lecture globale de la page me rend très diffi­cile les relec­tures. Je sais que se relire est une épreuve pour tous mais j’ai vrai­ment l’im­pres­sion que j’ai une diffi­culté supplé­men­taire : Comme je ne lis pas phrase à phrase mais que je perçois le texte, non seule­ment je perçois ce que j’ai voulu écrire et non ce que j’ai écrit, mais en plus je peux lais­ser des demies-phrases sans queue ni tête sans que ça ne me choque un seul instant – l’ordre des mots ou l’ab­sence de la moitié d’une phrase n’est fina­le­ment qu’un détail dans la vue d’en­semble.

    Dis, comment il s’ap­pelle le héros ?

    Pour reve­nir à la méthode de lecture elle-même, si vous suivez l’or­don­nan­ce­ment de mes sens de lecture, tout ça implique que je porte bien plus d’at­ten­tion aux lectures de fiction (bien plus proches de la droite de la page et d’une lecture en diago­nale) qu’aux lecture de non-fiction (plus proche de la gauche et d’une lecture en zig zag).

    La lecture de mes romans de fantasy habi­tuels me demande effec­ti­ve­ment beau­coup plus d’at­ten­tion que des docu­ments tech­niques. C’est à relier à un symp­tôme très clair : Je suis inca­pable de vous dire comment s’ap­pelle le héros de l’his­toire que je suis en train de lire. Mais alors tota­le­ment inca­pable.

    Méthode globale

    Je repère le nom du héros dans le texte et au bout d’un moment je l’in­tègre et le fais mien. Je suis toujours tota­le­ment inca­pable de savoir le pronon­cer, et je ne suis même pas certain de le recon­naitre si vous l’ora­li­sez, mais je sais que ce mot là c’est le héros. Je tique­rai par contre immé­dia­te­ment si vous l’écri­vez avec une faute, même si le nom est une succes­sion impro­bable et impro­nonçable de consonnes ; surtout dans ce cas là d’ailleurs.

    Je lis par recon­nais­sance de mots, voire de groupes de mots. J’ai même tendance à croire que dans des lectures rapides je perçois des ensembles de mots et y asso­cie un sens global, sans suivre les phrases elles-mêmes.

    Il y a quelques années on parlait de méthode sylla­bique et de méthode globale aux JT, je suis clai­re­ment du second côté. Je sais qu’on m’a ensei­gné le b-a-ba mais je ne me rappelle pas me l’être vrai­ment appro­prié comme méthode.

    Euh, c’est qui lui ?

    Le défaut de la méthode globale c’est la recon­nais­sance des mots nouveaux. C’est d’au­tant plus vrai que je lis la page elle-même globa­le­ment et non phrase à phrase. Un mot inconnu est donc tota­le­ment ignoré, comme s’il n’était pas là. Le plus souvent le sens reste compris mais si ce mot inverse le sens complet du texte, je risque défi­ni­ti­ve­ment de ne rien comprendre. Expé­rience rare mais vécue, malheu­reu­se­ment.

    Cette non recon­nais­sance des mots incon­nus c’est aussi une diffi­culté accrue pour inté­grer des person­nages ou des termes tech­niques à l’his­toire. Les allers-retours avec les premiers chapitres sont donc assez fréquents, même passé la moitié du livre.

    Conti­nuer à lire beau­coup de fantasy avec des noms tota­le­ment inven­tés pour les objets, les concepts et les personnes doit rele­ver chez moi du maso­chisme le plus primaire. C’est encore pire quand le héros est parfois nommé par un prénom et parfois par un nom car alors je vais mettre un bon moment pour recol­ler les deux dans mon esprit.

    Et vous ?

    J’ai tenté un peu d’in­tros­pec­tion, en essayant d’évi­ter de trop faire coller mes obser­va­tions avec ce que j’ai­me­rai obser­ver. Toute obser­va­tion modi­fie l’objet mesuré, et celle ci ne fait pas excep­tion. Je ne prétends pas être objec­tif mais j’ai toujours eu l’im­pres­sion de lire réel­le­ment diffé­rem­ment des autres, la vitesse de lecture n’étant qu’une consé­quence de la méthode de lecture.

    Qu’en est-il réel­le­ment ? Et vous, vous lisez comment ?

  • 3 – Le livre, cet objet rare

    Préa­la­ble­ment à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel

    J’ai beau jeu de provoquer un peu dans le premier billet de cette série, mais avant de passer à la suite il est bon de poser les bases.

    La rareté et la valeur d’un livre (les deux sont liées) sont à tel point enra­ci­nées dans nos usages qu’il en est presque sacré : Rien qu’en corner les pages ou en user la tranche provoquera des réac­tions épider­miques chez certains déten­teurs. C’est en même temps un des rares objets qui passe de main en main même en dehors du cercle fami­lial alors que pour tout le reste on a tendance jeter et ache­ter du neuf. Trop impor­tant, trop rare. Même dans les films catas­trophe on brûle jusqu’au plan­cher avant d’en­vi­sa­ger, oh héré­sie, de se chauf­fer avec des livres.

    Mieux : Le livre on l’ex­pose. C’est d’ailleurs tout l’objet des collec­tions comme La Pléiade et je mets au défi quelqu’un de venir m’af­fir­mer que la valeur de ces objets tient dans l’er­go­no­mie de lecture. C’est dire à quel point on consi­dère l’objet comme rare malgré sa démo­cra­ti­sa­tion et la faci­lité de repu­bli­ca­tion.

    Dans ce contexte, effec­ti­ve­ment, ache­ter un livre sans le lire c’est mépri­ser le livre, son auteur ; une preuve d’ir­res­pect frôlant le sacri­lège envers la Culture et la Litté­ra­ture. Toute la chaîne de valeur, de l’au­teur jusqu’au lecteur, est basée sur cette rareté imagi­naire à la limite de la sacra­li­sa­tion. Le numé­rique joue les trou­blions mais visi­ble­ment pas au point de chan­ger l’angle de vue des diffé­rents acteurs.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare (ce billet)
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • 2 – Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel

    En préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus

    Imagi­nons que je lise envi­ron deux livres par mois, pour un montant entre dix et vingt euros.

    Dans le fonc­tion­ne­ment actuel on me vend deux livres, que je me force­rai donc le plus souvent à lire jusqu’au bout. On m’ap­por­tera de la valeur ajou­tée en m’as­su­rant que je ne gâche­rai pas mon achat mensuel. On voit là l’in­té­rêt des livres en grand format à 15 € qui, quitte à ce que j’en achète un seul, m’as­surent de la qualité de l’objet mais surtout d’at­teindre le dernier texte de l’édi­teur, de la collec­tion ou de l’au­teur que j’ai déjà aimé la dernière fois. À défaut, j’au­rai tendance à tester les clas­siques ou les meilleures ventes, dans les collec­tions connues.

    En réflé­chis­sant par ce prisme, il est peu éton­nant que certains s’at­tardent à critiquer des achats en masse, sans choix préa­lable fort, et ce surtout si c’est pour en lais­ser sur l’éta­gère une bonne partie. Ce qui n’est pas lu dimi­nue la valeur de tout le marché du livre, et repré­sente une sorte de gâchis.

    Avec le numé­rique nous nous devons d’al­ler plus loin. La copie d’un livre et sa diffu­sion sont de coût quasi nul. Si je lis deux livres par mois, pour le même montant d’achat, la valeur ajou­tée sera de me donner accès à des dizaines de nouveaux titres par mois. Le résul­tat final ne sera pas bien diffé­rent. Par contre j’es­saie­rai de nouveaux genres en fonc­tion de mon humeur du jour, je décou­vri­rai de nouveaux auteurs, je ne me limi­te­rai pas aux éditeurs ou collec­tions de réfé­rence.

    L’échec sera de faible impor­tance : Un livre qui ne plait pas peut être aban­donné, un autre pren­dra la suite, éven­tuel­le­ment un connu pour se rassu­rer. Ce prisme diffé­rent est une béné­dic­tion, il permet de ne pas se limi­ter par le vécu mais de réel­le­ment tester et décou­vrir, sans rete­nue.

    Voilà pourquoi, que j’achète trente titres à 1 € pour en lais­ser 25 sur l’éta­gère n’est pas la ques­tion. La ques­tion est de savoir ce que j’ai décou­vert, ce que j’ai vécu, si j’ai aimé. Si nous parlons de richesse cultu­relle, indé­nia­ble­ment, il y a eu amélio­ra­tion.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel (ce billet)
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • 1 – Ne plus comp­ter les livres non lus

    Comme d’autres, j’ai profité avec largesse d’offres promo­tion­nelles de livres numé­riques. Nous voilà avec dix, vingt ou trente livres dont parfois une majo­rité reste­ront intou­chés, délais­sés sur leur support de stockage.

    En lisant et écou­tant autour de moi je perçois agace­ment, moque­ries, dédain et mépris pour ces faux lecteurs qui stockent au lieu de lire, voire pour ces offres qui permettent aux faux lecteurs de s’adon­ner à leur glou­ton­ne­rie au lieu de profi­ter de la litté­ra­ture de façon respec­table, livre après livre, en en lisant chaque ligne.

    Mais pourquoi donc s’at­ta­cher à dénom­brer et parler des livres que je n’ai pas lus ?

    Je le comprends d’au­tant moins que des livres que je ne lis pas il en sort presque 6 000 par mois rien qu’en France. Par rapport aux 5 970 autres de ce mois là, au moins ai-je contri­bué, même symbo­lique­ment, à l’au­teur et à l’édi­teur des trente que je stocke sur mon disque. C’est à peu près la seule diffé­rence que je vois, et elle est plutôt posi­tive.

    Et si nous parlions plutôt des livres que j’ai lu, des auteurs que j’ai décou­vert, des histoires qui m’ont trans­porté, des pensées que j’ai partagé ou des réflexions qui ont émergé dans mon esprit suite à ces lectures ?

    De tous ceux que j’ai ouïe critiquer l’hé­ré­sie des lecteurs qui achètent plus de livres qu’ils n’en lisent, aucun n’a tenté d’en­ga­ger la conver­sa­tion sur les livres effec­ti­ve­ment lus, seule­ment sur ceux qui ne l’ont pas été. Si j’osais, le réel problème est plutôt là. Doit-on restreindre la litté­ra­ture à un décompte des boîtes de petits pois stockées inuti­le­ment dans le cellier ?


    Suites à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus (ce billet)
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • Combien de bises ?

    L’illus­tra­tion se suffit à elle-même. Combien de bises ? pourquoi ?

    Nombre de vises