Auteur/autrice : Éric

  • 2 – Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel

    En préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus

    Imagi­nons que je lise envi­ron deux livres par mois, pour un montant entre dix et vingt euros.

    Dans le fonc­tion­ne­ment actuel on me vend deux livres, que je me force­rai donc le plus souvent à lire jusqu’au bout. On m’ap­por­tera de la valeur ajou­tée en m’as­su­rant que je ne gâche­rai pas mon achat mensuel. On voit là l’in­té­rêt des livres en grand format à 15 € qui, quitte à ce que j’en achète un seul, m’as­surent de la qualité de l’objet mais surtout d’at­teindre le dernier texte de l’édi­teur, de la collec­tion ou de l’au­teur que j’ai déjà aimé la dernière fois. À défaut, j’au­rai tendance à tester les clas­siques ou les meilleures ventes, dans les collec­tions connues.

    En réflé­chis­sant par ce prisme, il est peu éton­nant que certains s’at­tardent à critiquer des achats en masse, sans choix préa­lable fort, et ce surtout si c’est pour en lais­ser sur l’éta­gère une bonne partie. Ce qui n’est pas lu dimi­nue la valeur de tout le marché du livre, et repré­sente une sorte de gâchis.

    Avec le numé­rique nous nous devons d’al­ler plus loin. La copie d’un livre et sa diffu­sion sont de coût quasi nul. Si je lis deux livres par mois, pour le même montant d’achat, la valeur ajou­tée sera de me donner accès à des dizaines de nouveaux titres par mois. Le résul­tat final ne sera pas bien diffé­rent. Par contre j’es­saie­rai de nouveaux genres en fonc­tion de mon humeur du jour, je décou­vri­rai de nouveaux auteurs, je ne me limi­te­rai pas aux éditeurs ou collec­tions de réfé­rence.

    L’échec sera de faible impor­tance : Un livre qui ne plait pas peut être aban­donné, un autre pren­dra la suite, éven­tuel­le­ment un connu pour se rassu­rer. Ce prisme diffé­rent est une béné­dic­tion, il permet de ne pas se limi­ter par le vécu mais de réel­le­ment tester et décou­vrir, sans rete­nue.

    Voilà pourquoi, que j’achète trente titres à 1 € pour en lais­ser 25 sur l’éta­gère n’est pas la ques­tion. La ques­tion est de savoir ce que j’ai décou­vert, ce que j’ai vécu, si j’ai aimé. Si nous parlons de richesse cultu­relle, indé­nia­ble­ment, il y a eu amélio­ra­tion.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel (ce billet)
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • 1 – Ne plus comp­ter les livres non lus

    Comme d’autres, j’ai profité avec largesse d’offres promo­tion­nelles de livres numé­riques. Nous voilà avec dix, vingt ou trente livres dont parfois une majo­rité reste­ront intou­chés, délais­sés sur leur support de stockage.

    En lisant et écou­tant autour de moi je perçois agace­ment, moque­ries, dédain et mépris pour ces faux lecteurs qui stockent au lieu de lire, voire pour ces offres qui permettent aux faux lecteurs de s’adon­ner à leur glou­ton­ne­rie au lieu de profi­ter de la litté­ra­ture de façon respec­table, livre après livre, en en lisant chaque ligne.

    Mais pourquoi donc s’at­ta­cher à dénom­brer et parler des livres que je n’ai pas lus ?

    Je le comprends d’au­tant moins que des livres que je ne lis pas il en sort presque 6 000 par mois rien qu’en France. Par rapport aux 5 970 autres de ce mois là, au moins ai-je contri­bué, même symbo­lique­ment, à l’au­teur et à l’édi­teur des trente que je stocke sur mon disque. C’est à peu près la seule diffé­rence que je vois, et elle est plutôt posi­tive.

    Et si nous parlions plutôt des livres que j’ai lu, des auteurs que j’ai décou­vert, des histoires qui m’ont trans­porté, des pensées que j’ai partagé ou des réflexions qui ont émergé dans mon esprit suite à ces lectures ?

    De tous ceux que j’ai ouïe critiquer l’hé­ré­sie des lecteurs qui achètent plus de livres qu’ils n’en lisent, aucun n’a tenté d’en­ga­ger la conver­sa­tion sur les livres effec­ti­ve­ment lus, seule­ment sur ceux qui ne l’ont pas été. Si j’osais, le réel problème est plutôt là. Doit-on restreindre la litté­ra­ture à un décompte des boîtes de petits pois stockées inuti­le­ment dans le cellier ?


    Suites à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus (ce billet)
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • Combien de bises ?

    L’illus­tra­tion se suffit à elle-même. Combien de bises ? pourquoi ?

    Nombre de vises

  • La para­ly­sie du tout parfait

    Je lis Tris­tan, et par là un billet essen­tiel d’An­thony, que malheu­reu­se­ment j’avais manqué en janvier.

    Savoir, tout savoir, puis déci­der

    Il me faut un savoir quasi-ency­clo­pé­dique sur le domaine pour me sentir à l’aise au moment de faire un choix.

    Oh combien je m’y retrouve. Au risque de renfor­cer le petit côté autiste, je dirai que ce fut encore pire pour moi. Pour un achat je construis des tableaux de dix kilo­mètres en compa­rant tous les produits du marché sur toutes les boutiques, et même un peu plus, et finis – parfois – par me déci­der au bout de longs mois. Je ne sais pas lequel de nous deux avec Anthony est le moins impul­sif, mais je ne dois pas me lais­ser tant distan­cer que ça.

    Les bases du choix

    Mais là c’est encore simple fina­le­ment, parce qu’on peut trou­ver des critères objec­tifs, des recom­man­da­tions, des expé­riences. Et quand le sujet est pure­ment subjec­tif alors ? Fut un temps mes connais­sances rigo­laient (peut être un peu jaune) sur mon inca­pa­cité à faire des choix simples comme « quel parfum souhaites-tu ? ». Parce qu’entre la glace à la fraise et la glace à la vanille il n’y a pas vrai­ment de *rai­son* de prendre l’un ou l’autre, du coup j’étais inca­pable de dire quoi que ce soit, ou même de prendre une alter­na­tive au hasard. Ce n’est pas tant que j’hé­site sur le choix, c’est que le choix n’a souvent pour moi aucun sens si je n’ai pas de critère objec­tif et de « pourquoi » ; je ne le conçois même pas dans mon esprit.

    Heureu­se­ment j’évo­lue. Ça a été un grand travail sur moi-même, et ça l’est encore un peu parfois, avec quelques stra­té­gies d’évi­te­ment (« vanille » la glace, il y en a toujours et ça m’évite de faire un choix arbi­traire qui n’a aucun sens pour moi). Heureu­se­ment en contexte profes­sion­nel ce travail sur moi-même je l’ai fait avec encore plus de force, au point qu’il a été au moins en partie trans­formé en qualité : atten­tion au détail et volonté d’étu­dier les problé­ma­tiques profon­dé­ment.

    Avan­cer, sauter dans l’in­connu

    Mais tout n’est fina­le­ment pas vrai­ment une ques­tion de savoir faire un choix. C’est un besoin de tout savoir, tout comprendre. Un baptême de plon­gée, je soupçonne ma femme d’avoir été surprise de me voir être capable d’uti­li­ser le déten­deur sans faire trop de sima­grées sans pour autant savoir en détail comment ça fonc­tionne. Côté tech­nique infor­ma­tique c’est une malé­dic­tion qui prend un temps mons­trueux.

    Bien entendu ça se travaille, mais en gran­dis­sant on réalise jour après jour l’éten­due de tout ce qu’on ne connait pas, qui gran­dit bien plus vite que l’éten­due de nos propres connais­sances.

    Apprendre c’est se rendre compte de l’im­por­tance de notre igno­rance. Parfois il y a de quoi se sentir un peu perdu.

    Tout ça pour dire

    Si j’ai appris une chose, c’est qu’a­van­cer est le plus diffi­cile. Même quand je suis (très) critique sur des initia­tives, je ne perds pas de vue que la grande force c’est d’avoir essayé, d’avoir avancé dans l’in­connu, et que ça c’est plus impor­tant que tout. C’est une qualité rare, c’est celle que nous tentons chaque jour de mettre en exergue en star­tup.

    Avan­cez, sans mettre la char­rue avant les boeufs, sans oublier qui vous êtes et ce en quoi vous croyez, mais avan­cez, c’est ça l’im­por­tant.

    Et cette gêne qui nous impose de tout savoir et tout contrô­ler, qui nous incite à refu­ser l’im­per­fec­tion, faisons-en une force. C’est la même force qui nous pousse à toujours vouloir mieux, et à nous dépas­ser nous-même. C’est une capa­cité d’in­ves­tir pour comprendre et savoir avan­cer dans la bonne direc­tion au lieu d’avan­cer bête­ment n’im­porte comment. Ne reniez pas ce trait de votre person­na­lité, culti­vez-le, guidez-le : Le tout est d’avan­cer.

    L’étape suivante c’est savoir décon­nec­ter, profi­ter de la vie sans toujours avoir dans un coin l’en­semble de tout ce qu’on estime impar­fait ou incom­plet. C’est là dessus que se situe mon prochain combat.

  • Quand le peuple veut hacker sa consti­tu­tion…

    C’est vrai qu’on n’en­ten­dait plus beau­coup parler de l’Is­lande et de sa nouvelle consti­tu­tion. L’oc­ca­sion de recom­men­cer de zéro est rare. Il y a eu là bas un élec­tro­choc qui aurait pu permettre de casser les résis­tances et de réfor­mer le système. De loin on y a un peu cru.

    […] en réunis­sant une Assem­blée consti­tuante, formée de 25 citoyens « ordi­naires » char­gés de réécrire la Cons­ti­tu­tion islan­daise. Mieux encore, chacun était invité à parti­ci­per à cette réécri­ture colla­bo­ra­tive sur le site web dédié. Cela ressemble fort à un conte de fées démo­cra­tique […]

    C’était sous-esti­mer la résis­tance du corps poli­tique pour éviter sa propre remise en cause. Si nous imagi­nons très bien qu’il puisse y avoir résis­tance, l’his­toire nous donne un ensei­gne­ment majeur :

    Au contraire, le Parle­ment a décidé de bafouer ses propres décla­ra­tions publiques ainsi que la volonté du peuple expri­mée par le réfé­ren­dum natio­nal, en gelant le projet de loi. De plus, pour couron­ner le tout, le Parle­ment a imposé à la hâte la néces­sité pour tout chan­ge­ment consti­tu­tion­nel sous la prochaine légis­la­ture d’être approuvé par les deux tiers du parle­ment et 40% du vote popu­laire. Un taux de parti­ci­pa­tion mini­mal de 80% sera néces­saire pour qu’une réforme consti­tu­tion­nelle soit accep­tée à la prochaine session du parle­ment.

    Le problème n’est pas tant que le projet ait pu être rejeté, c’est qu’il a été simple­ment mis de côté, et que le corps poli­tique au pouvoir a vite mis en place des gardes fous immenses pour empê­cher toute remise en cause si jamais ils devaient être obli­gés d’en venir au vote.

    Il faut dire que la pres­sion popu­laire était forte, et que le besoin de créer autre chose était clai­re­ment incon­tes­table vu le résul­tat du premier réfé­ren­dum :

    le réfé­ren­dum natio­nal du 20 octobre 2012 sur cette loi, au cours duquel 67% de l’élec­to­rat a exprimé son soutien à ce projet de loi ainsi qu’à ses prin­ci­pales dispo­si­tions spéci­fiques, y compris la natio­na­li­sa­tion des ressources natu­relles (83% de Oui), la démo­cra­tie directe (73% de Oui), et « Une personne, un vote » (67% de Oui).

    À ce niveau là il y a un tel mouve­ment que voter des lois pour frei­ner le chan­ge­ment ça ressemble ni plus ni moins à de l’obs­truc­tion.

    Quand nous ne sommes plus capables de remettre en cause notre propre système poli­tique, alors nous ne sommes plus en démo­cra­tie. Il semble que malgré une quasi révo­lu­tion dans les esprits du peuple Islan­dais, ils n’en soient pas capables.

    Parti de cette expé­rience, j’ai bien du mal à imagi­ner que notre système est plus démo­cra­tique que le leur. Il nous faudrait bien plus que leur propre élan pour renver­ser notre propre struc­ture.

    Alors, que fait-on ?

  • Décla­rons notre patri­moine, et voyons l’inu­ti­lité

    La décla­ra­tion de patri­moine de Jean-Noël Guérini est magni­fique. Elle nous offre un très bon exemple de l’ab­sur­dité de tout le système :

    Notre élu gagne 94 250 € par an. Il faut y rajou­ter des probables très fortes indem­ni­tés de repré­sen­ta­tions et autres aides diverses liées à sa fonc­tion.

    En sortie il n’y a pas de mutuelle (le Sénat y pour­voit), peu de frais de trans­port (train gratuit, avion peu cher), pas de frais de loge­ment (le premier a été hérité, le second est déjà remboursé – proba­ble­ment depuis facile une quin­zaine d’an­nées vu la date d’achat. Bref, il y a la vie courante et tout ce qu’on a envie de se payer pour son plai­sir, et éven­tuel­le­ment des écono­mies.

    Donc avec quasi­ment aucune sortie impor­tante, et des entrées de l’ordre de 100 000 euros au moins… On compte moins de 30 000 € de posses­sions, 20 000 € de parti­ci­pa­tion à une société qu’il a proba­ble­ment créée (vu que non cotée) et … moins 4 000 € de liqui­di­tés. C’est tout, pas d’as­su­rance vue, d’épargne, d’ac­tions en bourse, rien.

    Quel inté­rêt d’avoir de telles décla­ra­tions de reve­nus ? Vous imagi­nez qu’a­vec de tels reve­nus on enre­gistre si peu de posses­sions et des liqui­di­tés + épargne qui ne repré­sentent qu’un demi revenu mensuel hors indem­ni­tés ?

    Autant dire qu’au mieux tout fuit immé­dia­te­ment dans les posses­sions fami­liales grâce à des accords, et que tout ceci n’a aucun sens. Au mieux.

    Donc au mieux on vient de prou­ver par l’exemple la complète absur­dité de ces décla­ra­tions si elles ne sont pas éten­dues au moins à la famille. Sauf que la famille n’a rien demandé et on voit mal au nom de quoi on leur impo­se­rait des contraintes. 

    Quand bien même nous étudie­rions ce scéna­rio le moins repro­chable, il serait on ne peut plus inté­res­sant de se poser la ques­tion du « pourquoi, actuel­le­ment, orga­ni­ser la fuite de la tota­lité des capi­taux vers d’autres personnes ? ». Donc plus que savoir si untel est riche ou pas, ce dont je me moque tota­le­ment, on voit bien qu’il y a de quoi réflé­chir et de quoi inquié­ter nos poli­tiques.

  • Joie des cabi­nets de recru­te­ment

    Copie quasi verba­tim de ce que je viens d’en­voyer aujourd’­hui :

    Bonjour,

    J’avais eu des contacts perti­nents par le passé avec [chargé de recru­te­ment 1] et [chargé de recru­te­ment 2] entre 2008 et 2010.

    Depuis debut 2011 que vous êtes en charge, vous ne me trans­met­tez que des offres qui ne cadrent aucu­ne­ment avec mon type de poste et qui sont géné­ra­le­ment au moins 30% en dessous du salaire que j’avais en 2008 quand je discu­tais avec [cabi­net de recru­te­ment] (étant entendu que depuis 2008 mes expé­riences et mes préten­tions ont bien évidem­ment évolué).

    Le consta­tant, je vous en ai fait la remarque dès mai 2011. N’ayant vu aucune amélio­ra­tion, je vous ai demandé expli­ci­te­ment de me reti­rer de vos listes en novembre 2011. Toujours sans effet, je vous l’ai encore signalé en février de cette année.

    Ne voyant aucune amélio­ra­tion dans la quali­fi­ca­tion ni prise d’ef­fet de mes demandes, je suis au regret de devoir faire deux requêtes plus formelles :

    1. Merci de me commu­niquer le numéro d’en­re­gis­tre­ment CNIL de la base de profil dans laquelle je suis enre­gis­tré. Ceci est une requête légale au titre de la loi loi n°78–17 rela­tive à l’in­for­ma­tique, aux fichiers et aux liber­tés du 6 janvier 1978.
    2. Ensuite, au choix :
    • Soit faire en sorte en interne que mon dossier ne soit plus géré par [chargé de recru­te­ment 3], ni qu’au­cune solli­ci­ta­tion ne me soit envoyée de sa part.
    • Soit de reti­rer toute donnée nomi­na­tive me concer­nant de vos registres (et pas unique­ment de me désins­crire de vos solli­ci­ta­tions), puis de me confir­mer cette suppres­sion.

    Je suis désolé d’en arri­ver là mais je ne vois de toutes façons pas comment établir la rela­tion de confiance néces­saire à un recru­te­ment dans le contexte qui m’est présenté actuel­le­ment, ni pour moi ni – et encore moins – pour vous recom­man­der à mes rela­tions en recherche d’em­ploi.

    En vous remer­ciant d’avance pour la prise en compte,

    Le pire étant que je ne suis plus en recherche depuis 2007 mais ça…

    Sérieu­se­ment, c’est à me dissua­der de faire appel à des recru­teurs pour mes recherches en tant qu’em­ployeur, et encore plus à faire suivre leurs offres à des gens biens.

    C’est quoi vos expé­riences avec des cabi­nets de recru­te­ment ? Vous en avez à conseiller des biens, pas trop chers, qui comprennent le web, qui savent quali­fier des profils de bon niveau et pas taper au hasard ?

  • Paie­ment avec Mozilla

    Je ne sais quoi penser. Mozilla a sorti sa solu­tion de paie­ment. C’est une étape essen­tielle dans l’objec­tif de propo­ser une plate­forme appli­ca­tive complète concur­rente à l’App store d’Apple et au Google Play d’An­droid.

    Main­te­nant, on va me dire que je suis trop critique sur un projet nais­sant mais..

    Prix par palier

    Le prix par palier est une fausse bonne idée. C’est une galère à gérer si on veut vendre sur plusieurs plate­formes ou si on vend aussi hors ligne. Comment est-ce que je synchro­nise les prix ou justi­fie les diffé­rences ?

    Google et Apple le font, parce qu’ils veulent que tout passe par eux et se plie à leur struc­ture. Est-ce vrai­ment le modèle de Mozilla ?

    Comment fais-je pour revoir mon busi­ness plan tous les six mois ? Tous les six mois Mozilla va chan­ger les prix en euros pour tenir compte des conver­sions face au dollar (alors que mes coûts sont en euros et ne changent pas). Au final c’est ma marge qui va faire yoyo hors de mon contrôle, et ça c’est sacré­ment risqué.

    Pire, pour moi qui vend du livre numé­rique avec des prix fixés, je ne peux simple­ment pas léga­le­ment me confor­mer à cette grille. J’ai pour­tant dans les cartons une appli­ca­tion mobile full web qui cadre pour­tant parfai­te­ment avec la philo­so­phie du Market Place Mozilla : dommage.

    Plus éton­nant, pourquoi n’ai-je pas de palier au delà de 10€ ? Il y a bien des logi­ciels qui valent plus de ce montant. Ce n’est même pas rare dans l’App Store ou dans Google Play. Côté Chrome Web Store on a un palier 17 à 37€ et un maxi­mum de tran­sac­tion à 1000€. Il serait dommage que le Market Place Mozilla se limite aux petits jeux à 2$.

    Commis­sion de 30%

    Je ne peux pas non plus donner 30% en commis­sion. Désolé, même avec toute la bonne volonté du monde. Comme beau­coup de commerçants, 30% c’est parfois plus que la marge brute de mes ventes. Si je donne ça, je suis défi­ci­taire avant même d’im­pu­ter mes coûts.

    Oui, Google et Apple le font. Ils profitent de l’en­fer­me­ment de leurs utili­sa­teurs : Si vous voulez vendre il faut accep­ter de passer par là et de lais­ser 30%. Est-ce que vrai­ment Mozilla cherche aussi à moné­ti­ser l’en­fer­me­ment ?

    Mais quitte à compa­rer il faut parler du Chrome Web Store, qui est bien plus proche de l’ap­proche du Market Place Mozilla. Donc le Chrome Web Store prend 5%. Pas 30%, 5%. Forcé­ment, l’uti­li­sa­teur n’est ici pas dans un jardin fermé donc il est plus diffi­cile de justi­fier de telles commis­sions.

    D’ailleurs, quitte à en parler, Google Wallet est capé à 5% mais peut même prendre moins que ça si on dépasse les 9 € sur une tran­sac­tion. Il y a une API pour du in-app, et au final les mêmes possi­bi­li­tés de paie­ment puisque pour l’ins­tant Mozilla n’est bran­ché qu’à Google Wallet. Diffi­cile de justi­fier les 25 points supplé­men­taires de commis­sion.

    Alors ?

    Alors une API passe-plat qui fait la liai­son avec diffé­rents four­nis­seurs de solu­tions de paie­ment ça a de la valeur. Se simpli­fier la vie aussi.

    Disons qu’il faudrait au mini­mum faire sauter la contrainte du palier maxi­mum. Là je peux être prêt à payer un ou deux points de pour­cen­tage sur le prix de vente. Le pres­ta­taire pourra certai­ne­ment en gagner au moins deux autres avec ses pres­ta­taires de paie­ment vu le volume de tran­sac­tions en jeu et l’ab­sence d’in­te­rac­tion avec les vendeurs.

    Par contre pour 25 points de plus que Google Wallet, ça me parait diffi­cile à justi­fier. C’est encore plus plus diffi­cile à imagi­ner aujourd’­hui où ça ne fait que Google Wallet avec des contraintes en plus et moins de fonc­tion­na­li­tés.

  • Rendu de l’avis de la Hadopi concer­nant VLC

    J’avais rédigé un billet il y a quelques temps pour envoyer une contri­bu­tion à propos d’une consul­ta­tion de la Hadopi concer­nant VLC. Le billet n’a pas forcé­ment été mis à jour avec la toute dernière version qui a effec­ti­ve­ment été envoyée, mais le contenu est assez proche.

    La Hadopi a désor­mais rendu son avis. J’y vois mon argu­men­ta­tion presque copiée.

    Dans les faits ça ne change pas grand chose pour VLC, sauf si VideoLan réus­sit à trou­ver le finan­ce­ment néces­saire pour une licence auprès du consor­tium Blu-Ray.

    Par contre ça ouvre beau­coup de portes pour plus tard forcer les DRM et autres jardins fermés, par exemple ceux d’Apple ou d’Ama­zon. D’une manière ou d’une autre, c’est une porte ouverte qui peut avoir de grandes consé­quences à l’ave­nir : Il était temps que cette loi serve à quelque chose.

    On y voit aussi que offi­ciel­le­ment les clefs de déchif­fre­ments ne font pas partie du « logi­ciel ». Ça confirme que ces éléments ne sont pas couverts par le droit d’au­teur. Je ne suis pas certain que ça ouvre vrai­ment des portes, mais on ne pourra plus en empê­cher l’uti­li­sa­tion sous ce motif.

    Pas de quoi sortir le carton à Cham­pagne, mais ça reste une étape inté­res­sante de fran­chie.

  • Lisez en numé­rique qu’ils disaient…

    Mis à jour, expli­ca­tion en bas du billet

    Vous lisez une série sur papier, vous venez de finir le tome 4 et vous cher­cher le tome 5. Tout le monde vous parle de numé­rique et vous déci­dez de tester tout ça.

    Vous avez aussi bien véri­fié que le livre était « sans DRM » comme on vous a dit de le faire. Toutes les boutiques ne le précisent pas, vous avez du cher­cher un peu mais c’est bien tombé : celui là est sans DRM.

    Vous ache­tez votre ebook à 15 €. Bon, 14,99 en réalité mais on ne va pas chipo­ter. Vous avez pris l’EPUB et pas le PDF. Tout ça c’est du chinois mais comme c’est ce qu’on vous conseille partout, vous suivi ce qu’on vous disait. Vous ne compre­nez toute­fois pas bien pourquoi on tente de vous vendre l’autre s’il ne faut pas l’ache­ter mais vous faites comme si de rien n’était.

    Là les ennuis commencent. Le livre vous donne une méchante impres­sion de déjà vu. Véri­fi­ca­tion faite, c’est marqué « tome 5 » mais c’est en fait la première moitié du tome 3 que vous avez déjà lu. Vous fouillez et confir­mez votre méchante impres­sion : L’édi­teur publie chaque livre papier édition poche en deux livres numé­riques, en renu­mé­ro­tant toute la série. Malheu­reu­se­ment bien que les titres indiquent en gros « tome X », la numé­ro­ta­tion des poches et des numé­riques est diffé­rente. Il faut deux livres numé­riques pour faire un poche. Les tomes 1 et 2 numé­riques corres­pondent au tome 1 édition poche et les tomes 3 et 4 numé­riques au tome 2 édition poche. Le tome 5 numé­rique est donc la première partie du tome 3 édition poche. Rien ne le signa­lait expli­ci­te­ment, il fallait faire très atten­tion aux sous-titres pour s’en rendre compte. Ce n’est clai­re­ment pas votre faute : Les bonnes librai­ries avaient même chaîné le tome 5 édition poche avec le tome 5 numé­rique comme s’ils étaient équi­va­lents.

    Vous avez un peu l’im­pres­sion de vous être fait avoir, surtout à 2×15 € le couple d’ebook alors que le papier n’est pas à 30 €. Un doute vous prend d’ailleurs : Vous n’aviez pas payé si cher que ça les tomes précé­dents, 10 € tout au plus. Seconde méchante impres­sion. Vous véri­fiez et avec la réduc­tion de 5% appliquée presque partout, le tome 5 papier édition poche vaut seule­ment 8 € pour l’équi­valent de deux tomes numé­riques. Bon, 7,98 € mais on ne va pas chipo­ter.

    Oui, vous venez d’ache­ter un ebook qui vaut entre 3 et 4 fois plus cher que sa version papier, et qui de plus est tota­le­ment renu­mé­roté par rapport à votre lecture précé­dente.

    Sérieu­se­ment, comment le lecteur peut-il s’en sortir ?

    Oui c’est un cas réel, même si romancé. Non, pas de nom (et je ne parlais pas de Game of Throne même s’il semble d’après les réac­tions que le problème soit simi­laire), parce que ça n’ap­porte rien, que mon objec­tif n’est pas de poin­ter du doigt X ou Y, et que je veux bien croire que les concer­nés soient de bonne foi avec juste d’une mauvaise orga­ni­sa­tion. Heureu­se­ment ces cas relèvent de l’ex­cep­tion, mais la pilule doit parfois être diffi­cile à avaler.


    Mis à jour et expli­ca­tion : Le billet a été légè­re­ment modi­fié après publi­ca­tion pour tenir compte des raisons du problème. Nous avons ici trois facteurs qui se cumulent :

    Premier facteur : Tout d’abord, il arrive qu’un livre broché grand format soit publié en plusieurs tomes lorsqu’il passe en édition poche. Plus rare à ma connais­sance, il peut aussi arri­ver l’in­verse : Plusieurs tomes grand format sont réédi­tés en un seul livre poche. C’est ce qu’il s’est passé ici.

    En papier cela ne pose pas de problème majeur vu que l’édi­tion poche est éditée long­temps après l’édi­tion brochée grand format. Souvent cette dernière n’existe plus et les deux ne circulent pas en paral­lèle. Dans notre cas le premier tome de l’édi­tion poche est paru trois ans après la fin de commer­cia­li­sa­tion de l’édi­tion brochée grand format du même tome. Pris isolé­ment c’est maladroit mais tout va bien.

    Deuxième facteur : Au lieu d’in­diquer « tome 1 et 2 » sur le poche, la série a été entiè­re­ment renu­mé­ro­tée. La numé­ro­ta­tion des uns et des est indiquée assez visi­ble­ment sur la couver­ture, ce qui peut induire faci­le­ment le lecteur en erreur s’il cherche à suivre la série d’une édition à l’autre.

    Malheu­reu­se­ment ici, c’est l’édi­tion grand format qui sert de support à l’édi­tion numé­rique. Elle hérite donc de la même numé­ro­ta­tion, concur­rente à celle de l’édi­tion poche. Là aussi, pris isolé­ment c’est compré­hen­sible, mais au final les deux se retrouvent bien en vente au même moment, avec le risque que le lecteur glisse du papier au numé­rique avec une très mauvaise surprise après achat.

    Troi­sième facteur : L’édi­tion numé­rique est basée sur l’édi­tion brochée grand format. Si elle est bien déco­tée par rapport au prix origi­nal, c’est par rapport au prix de cette édition grand format que le calcul a été fait : 15 € au lieu de 19 €.

    Entre temps les poches sont sortis, avec un prix entre 8 et 10 € suivant les tomes, et le prix du numé­rique n’a pas été impacté. Chaque poche regroupe deux tomes de l’édi­tion grand format, ce qui veut dire qu’un tome édition poche à 8 € contient le même texte que deux livres numé­riques à 15 €. C’est tout de même un facteur de 3,75 entre les deux prix, en faveur du papier. Incom­pré­hen­sible pour le lecteur.

    Les prix numé­riques plus chers que l’édi­tion poche corres­pon­dante c’était assez fréquent par le passé. Désor­mais on en trouve de moins en moins. On est juste tombé sur un éditeur qui n’a pas encore fait sa tran­si­tion sur ce point là.

    Comme je le suppo­sais, plus qu’une mauvaise volonté c’est proba­ble­ment simple­ment le cumul d’une maladresse et d’un manque de coor­di­na­tion ou/et d’or­ga­ni­sa­tion commer­ciale entre la divi­sion numé­rique et la divi­sion papier.

    Le problème c’est que non seule­ment tout ça reste incom­pré­hen­sible pour le lecteur mais surtout que ce n’est pas son problème. Lui se retrouve à payer 15 € la moitié d’un titre qu’il a déjà lu alors que la version papier de ce qu’il cher­chait coute moins de 10 €. S’il revient au numé­rique plus tard c’est qu’il est sacré­ment motivé, et ce sera avec un autre libraire/distri­bu­teur. On est en train de se tirer une balle dans le pied avec ce type d’his­toires.