Auteur/autrice : Éric

  • Statis­tiques en folie

    Statis­tiques en folie

    Je vois trop d’ar­ticles ainsi, et beau­coup sur la ques­tion de la dange­ro­sité du vélo. Jouer avec les statis­tiques c’est bien, mais il faut un mini­mum de mise en contexte si on ne veut pas racon­ter n’im­porte quoi.

    Ainsi, 80% des acci­dents mortels ont lieu entre véhi­cules moto­ri­sés unique­ment. Alors convaincu?

    Pas du tout. Quelle est la propor­tion de véhi­cules moto­ri­sés et non moto­ri­sés sur la route ?

    Les véhi­cules moto­ri­sés ont beau faire 80% des acci­dents mortels, si au final ils repré­sentent plus de 80% de la circu­la­tion – ce qui est probable – ils peuvent tout à fait être en fait *moins* dange­reux que les autres.

    En fait c’est encore plus complexe car ici on parle des acci­dents entre véhi­cules moto­ri­sés *unique­ment*. Il faudrait plutôt compa­rer d’un côté ceux qui se font « avec un véhi­cule moto­risé » et de l’autre ceux qui se font « avec un vélo ». Bien entendu certains comp­te­ront dans les deux caté­go­ries. Ou, suivant ce qu’on veut calcu­ler, regar­der en fonc­tion du respon­sable de l’ac­ci­dent.

    72% des piétons sont bles­sés par une voiture, quand seule­ment 2% le sont par un cycliste

    Ok, main­te­nant le vélo repré­sente-t-il plus ou moins de 2% de la circu­la­tion ? S’il repré­sente plus de 2% de la circu­la­tion, alors on peut consi­dé­rer qu’il est moins dange­reux pour les piétons.  Si à l’in­verse il repré­sente moins de 2% de la circu­la­tion, alors on peut consi­dé­rer qu’il est *plus* dange­reux qu’un autre moyen de trans­port.

    Pour aller même plus loin, si la voiture repré­sente plus de 72% de la circu­la­tion et qu’en même temps le vélo en repré­sente moins de 2%, le vélo serait même plus dange­reux qu’une voiture pour les piétons.

    L’ar­ticle n’a aucun chiffre sur les propor­tions de circu­la­tion. Je n’en ai pas plus. Je ne sais pas si le vélo est dange­reux ou pas, pour lui ou pour les autres, avec casque ou sans casque.

    La chose que je sais c’est que rien dans les chiffres donnés ne permet de tirer une quel­conque conclu­sion à ce niveau. Toutes les affir­ma­tions et argu­men­ta­tions de l’ar­ticle source présentent le même défaut d’ana­lyse statis­tique : Utili­ser des chiffres abso­lus sans mise en contexte.

    J’aime bien citer une superbe (fausse) argu­men­ta­tion dans le même genre :

    Je vous recom­mande de mettre des chemises au boulot, car il y a beau­coup plus d’ac­ci­dents du travail graves sur des gens en tshirt que sur des gens en chemise.

    Bien entendu avec la mise en contexte on se rendra compte que les gens en chemise sont géné­ra­le­ment dans les bureaux et que les ouvriers ou personnes faisant des travaux risqués portent habi­tuel­le­ment des tshirts (mise en contexte), que la propor­tion d’ac­ci­dent est liée au type d’ac­ti­vité et non à l’ha­bille­ment (causa­lité vs corré­la­tion)… mais tout ça n’est qu’un détail.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Michael Dono­van

  • Aide sur projet photo

    Aide sur projet photo

    J’ai un vieux projet photo qui me tient beau­coup à coeur et que je tente de pour­suivre acti­ve­ment cette année. Je bloque malheu­reu­se­ment pour trou­ver démar­cher celle qui pour­rait m’ai­der en jouant le jeu et passant sous l’objec­tif.

    Un appel public n’est proba­ble­ment pas adéquat mais je me dis que ça peut permettre d’éta­blir un contact auquel je n’au­rai pas pensé de moi même.

    Pas de contrainte parti­cu­lière, même géogra­phique, et certai­ne­ment pas celle de ressem­bler aux femmes des maga­zines. Par contre je souhaite quelqu’un que je connais, avec j’ai ou je peux établir une rela­tion de confiance.

    C’est sibyl­lin mais j’en discute ensuite plus en détail avec qui ne se sent pas contre parti­ci­per. Merci.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Xava-du

  • Fonda­men­ta­lisme et laïcité

    On a joué avec le feu à monter les uns contre les autres. Aujourd’­hui, quand on parle de reli­gion et de laïcité, j’ai peur des fonda­men­ta­listes.

    J’ai peur de ces fonda­men­ta­listes qui cherchent à impo­ser leur croyance reli­gieuse et à faire dispa­raitre les autres de l’es­pace public.

    J’ai peur de ces fonda­men­ta­listes qui croient que toute croyance diffé­rente est forcé­ment un danger critique pour le pays, la popu­la­tion, pour l’ordre public.

    J’ai peur de ces fonda­men­ta­listes qui vont jusqu’à vouloir inter­dire les croyances qui ne sont pas les leurs, inter­dire d’en parler en public, inter­dire d’en porter tout symbole.

    J’ai très peur d’eux, et de leur vision extré­miste de la laïcité. Ils prônent un « don’t show, don’t tell » qui rappelle un peu trop un ancien « don’t ask, don’t tell ». Ils ne sont fina­le­ment pas diffé­rents des autres fonda­men­ta­listes qu’ils disent combattre.


    Parce qu’il semble qu’il faille le rappe­ler : Inter­dire l’ex­pres­sion de sa reli­gion en public n’est pas plus légi­time ou accep­table qu’in­ter­dire l’ex­pres­sion de ses croyances poli­tiques, de ses croyances écolo­giques, de ses croyances musi­cales, ou d’une quel­conque autre croyance. Si vous pensez que la reli­gion est dange­reuse et diffé­rente en elle-même, c’est en soi une croyance, votre croyance.

    Pensez aussi que prétendre assu­rer la libre croyance tout en impo­sant un code vesti­men­taire en public – car inter­dire certains symboles ou vête­ments, ce n’est pas autre chose – c’est juste­ment ce qui se faisait en Iran et dans quelques autres pays.

    À ceux qui veulent s’en­ga­ger tout de même sur ce terrain, pensez que cela viole­rait très clai­re­ment la Conven­tion euro­péenne des droits de l’Homme. Je vous invite donc à soupe­ser très longue­ment l’op­por­tu­nité d’al­ler remettre en cause ce texte si fonda­men­tal, où chaque modi­fi­ca­tion devra être pensée avec mille précau­tions et discu­tée avec 1500 groupes aux avis diver­gents, pas tous avec les mêmes croyances que vous. Le moins amusant c’est qu’on risque même d’en sortir avec une version plus reli­gieuse qu’a­vant, si on en croit la volonté de rappe­ler des racines reli­gieuses dans les textes fonda­men­taux euro­péens.

    Entre temps, à titre de rappel, la laïcité, telle qu’elle est défi­nie dans nos textes en France, est un concept qui s’im­pose à l’État – et par exten­sion éven­tuel­le­ment aux repré­sen­tants de celui-ci, pas le citoyen. En fait, ce qui concerne le citoyen c’est juste­ment l’obli­ga­tion pour l’État de lui garan­tir la libre expres­sion et le libre exer­cice de sa reli­gion – et pas unique­ment en privé. Bref, exac­te­ment l’op­posé de ce que ce nouveau fonda­men­ta­lisme qui se réclame de la laïcité essaye d’im­po­ser.

  • Culture, entre propriété indi­vi­duelle et bien commun

    Je lis Niel Jomunsi abor­der avec brio la ques­tion de la diffu­sion de ses oeuvres, de la copie et de son impact. Je n’ai limite rien à ajou­ter telle­ment c’est bien pensé et bien expliqué. Je ne saurai trop vous recom­man­der la lecture.

    Thierry Crou­zet répond, en parlant d’al­go­rithmes.  Je ne comprends pas cette vision et ce voca­bu­laire tech­nique.

    On copie. Pas d’al­go­rithme ou de magie à l’oeuvre du point de vue utili­sa­teur. Copier on le fait déjà avec des images, avec du texte, avec de la musique. On l’a toujours fait.

    On avait peur de l’im­pri­me­rie quand elle est arri­vée. Plus tard on a eu peur de la radio, avec des conte­nus gratuits ça serait la mort de la produc­tion phono­gra­phique. Puis on a eu peur des cassettes audio, puis des mêmes en vidéo, du photo­co­pieur, du graveur de CD, du rattra­page TV.

    Non, ce qui arrive n’est pas l’ef­fet de bord de la révo­lu­tion numé­rique. Ce qui arrive est l’évo­lu­tion natu­relle de notre société, conti­nue depuis des siècles. Le fait qu’on travaille avec du numé­rique n’est pas plus struc­tu­rant que le fait qu’on ait travaillé avec des photo­co­pieurs il y a 50 ans ou avec du plomb il y a 100 ans.

    Je ne dis pas que le partage numé­rique à grande échelle ne va rien chan­ger – au contraire – mais d’une part il faut arrê­ter de croire que la présence de conte­nus gratuits va dimi­nuer d’au­tant le budget cultu­rel – le passé a prouvé plusieurs fois que ce n’était pas le cas – d’autre part affir­mer que la rému­né­ra­tion à la copie est indis­pen­sable est forte­ment mécon­naitre notre histoire : Ce modèle actuel de rému­né­ra­tion à la copie est tout récent, la part la plus impor­tante de notre culture s’est forgée dans d’autres modèles.

     

    Pour la suite, désolé, mais je ne comprends pas l’ar­gu­men­ta­tion qui veut amal­ga­mer les caisses auto­ma­tiques, le trading haute fréquence et le droit de parta­ger un livre numé­rique à son voisin. Je ne dis pas que ce sujet est inin­té­res­sant, mais ça n’a un peu rien à voir à mon humble avis.

    Quand on parle de copie de conte­nus cultu­rels on ne parle pas d’au­to­ma­ti­sa­tion d’un travail manuel, on parle d’équi­libre entre l’in­té­rêt indi­vi­duel de l’au­teur (et de la chaîne d’édi­tion/produc­tion) et entre l’in­té­rêt collec­tif de la société. C’est un sujet qui n’est pas léger, mais ce n’est « que » ça : un équi­libre à trou­ver.

    Inter­dire les copies ? C’est chan­ger l’équi­libre pour se rappro­cher de l’in­té­rêt indi­vi­duel (puisque des copies et des prêts on en a toujours eu même avant le numé­rique).
    Lais­ser faire les copies ? C’est lais­ser l’équi­libre déri­ver vers le collec­tif. C’est une direc­tion qui est prise depuis des dizaines ou des centaines d’an­nées, bien avant le numé­rique, mais qui fait un bon inima­gi­nable aujourd’­hui.

    La ques­tion est juste là. Où se situe l’équi­libre entre l’in­di­vi­duel et le collec­tif ? Celui qui croit avoir une réponse simple a proba­ble­ment mal compris la problé­ma­tique.

  • Justice folle sur le numé­rique

    Notre justice est folle. Bon, celle des US, mais ça aurait pu se passer ici.

    No-ip est un service qui permet à des inter­nautes de donner un nom public à leurs machines person­nelles pour pouvoir y accé­der faci­le­ment depuis Inter­net. On parle de millions d’uti­li­sa­teurs.

    Ce service a été anec­do­tique­ment utilisé par des logi­ciels malveillants pour infec­ter des machines sous Micro­soft Windows.

    Réac­tion : Micro­soft s’adresse à la justice pour faire cesser le problème (plus exac­te­ment ici : filtrer les accès malveillants et réus­sir à en tracer l’ori­gine). La justice lui délègue tota­le­ment la gestion des noms de domaine No-ip corres­pon­dants.

    Bien entendu Micro­soft n’a pas eu l’in­fra­struc­ture suffi­sante pour gérer le trafic et le service No-ip s’est partiel­le­ment écroulé, lais­sant les utili­sa­teurs dans le noir.

    À vrai dire tout se serait bien passé que le scan­dale serait quand même là. La justice vient de donner à Micro­soft, qui n’est pas ciblé par les attaques infor­ma­tiques mais unique­ment concerné indi­rec­te­ment parce que ça exploite des failles de son OS, l’ac­cès aux noms de domaine d’une société tierce à qui on ne reproche rien.

    Avec ça Micro­soft contrôle (et ici a fait s’écrou­ler) le busi­ness d’un tiers, peut en tracer le volume, les clients, les services utili­sés, etc. Sans compen­sa­tion aucune.

    Tout ça sans même avoir contac­ter No-ip pour tenter de résoudre le problème en colla­bo­ra­tion initia­le­ment.

    Vous avez un .com ? prenez peur.

     

  • Auto­pre­fixer

    Je note ici autant pour ceux qui ne connaissent pas que pour mon moi de plus tard : Auto­pre­fixer, qui prend une CSS clas­sique et qui ajoute les versions préfixées utiles pour les diffé­rents navi­ga­teurs.

    Ça ne le fait pas bête­ment, genre pour flex­box ça sait gérer les diffé­rences de syntaxes. Bref : utile.

  • Mise en page fixe sur l’EPUB

    Le web a un histo­rique avec beau­coup de mises en page fixes. On allait jusqu’à indiquer en bas de page avec quel taille et quelle réso­lu­tion d’écran il fallait pour consul­ter le site dans les meilleures condi­tions.

    C’était déjà diffi­ci­le­ment tenable avant, mais l’ar­ri­vée des tablettes et smart­phones a tota­le­ment changé la donne. Depuis, c’est le terme « respon­sive web design » qui repré­sente l’état de l’art : des mises en page dyna­miques qui s’adaptent à toutes les tailles d’écran et une majo­rité des tailles de carac­tères.

    Photo sous licence CC par Jean Cotchin
    Photo sous licence CC par Jean Cotchin

    La litté­ra­ture est en train de vivre une bascule simi­laire avec le numé­rique : Les livres, au moins la litté­ra­ture clas­sique, s’adapte à l’écran et à la taille de carac­tères choi­sies. Dans le format EPUB on parle de reflow.

    Là où je suis perplexe, c’est devant l’ar­ri­vée des EPUB à mise en page fixe. D’une part parce qu’ils ont tendance à bête­ment rempla­cer le PDF, sans réelle valeur ajou­tée. Même contraintes, moins de compa­ti­bi­lité avec les lecteurs actuels, pas vrai­ment plus stan­dard vue le nombre de direc­tives proprié­taires.

    Je reste heureux de savoir que c’est du zip + html + css, parce que ça s’em­barquera plus faci­le­ment sur le web dans le futur, mais je ne peux m’em­pê­cher d’être dubi­ta­tif sur les raisons prag­ma­tiques qui peuvent pous­ser à rempla­cer du PDF par de l’EPUB à mise en page fixe.

    Photo sous licence CC par antjeverena
    Photo sous licence CC par antje­ve­rena

    Mais surtout j’ai l’im­pres­sion que l’édi­tion va encore une fois à rebours de l’his­toire du web. Pourquoi vouloir faire de la mise en page fixe ?

    Des conte­nus graphiques, parfois extrê­me­ment complexes, le web en a plus d’un, et les solu­tions pour les vues adap­ta­tives existent. Parfois ce n’est pas simple, souvent ça demande un véri­table travail de créa­tion, mais on y arrive.

    On me cite Apol­li­naire, et l’adap­ta­tion est ici extrê­me­ment limi­tée car l’objec­tif est de respec­ter une oeuvre ancienne qui ne bougera pas. C’est un exemple qui reste toute­fois excep­tion­nel.

    Des livres photo, des livres tech­niques, des livres pour enfants, des livres illus­trés, des guides de voya­ge… tout ça existe sur le web, en adap­ta­tif. Les deux seules raisons que je vois pour faire de la mise en page fixe sont le coût et la compa­ti­bi­lité.

    Sauf que si on ne veut pas inves­tir dans la créa­tion numé­rique  – ce qui me semble être un problème non seule­ment pour l’ave­nir mais aussi pour le présent proche vu que le numé­rique repré­sente déjà plus de 30% du livre aux États Unis – et qu’on souhaite une compa­ti­bi­lité maxi­ma­le… le PDF convient très bien. En fait il convient bien mieux.

    Et même là, une majo­rité de ce que je vois en mise en page fixe serait assez « simple » – toutes propor­tions gardées – à faire en adap­ta­tif. Il n’y a qu’à… C’est d’au­tant plus vrai qu’on s’oriente vers un avenir où les lecteurs EPUB sont basés sur des navi­ga­teurs web tout ce qu’il y a de plus modernes, en fait la même base que Chrome ou Safari.

    Il y a même proba­ble­ment parfois moyen de faire de l’adap­ta­tif qui dégrade très bien sur les lecteurs qui ne savent relire que du bête texte. Tout reste encore à inven­ter.

    Photo sous licence CC par Len Matthews
    Photo sous licence CC par Len Matthews

    En fait il y a une troi­sième raison que je vois très bien : Les éditeurs ont toujours pensé des mises en page fixes jusqu’à présent, des graphismes qui ne souffrent d’au­cune adap­ta­tion après impres­sion, que tout le monde voit exac­te­ment pareil.

    C’est un vrai chan­ge­ment de para­digme qu’il faut pour accep­ter des adap­ta­tions, des compro­mis, que ce ne sera pas exac­te­ment pareil partout. Ce chan­ge­ment d’état d’es­prit a mis long­temps à s’im­po­ser sur le web. C’est juste dommage qu’on recom­mence à zéro sur le livre, voire un peu en dessous de zéro.

  • Deci­sions are made by people…

    Certaines fois certaines cari­ca­tures en bande dessi­née sont telle­ment proches de certaines expé­riences passées…

    BqLSqeBIUAAE9AS.png_large

  • Reti­ring the Netflix Public API

    To better focus our efforts and to align them with the needs of our global member base, we will be reti­ring the public API program. Effec­tive on Novem­ber 14, 2014, public API deve­lo­pers will no longer be able to access Netflix content. All requests to the public API will return 404 errors.

    […]

    Thank you to all of the deve­lo­pers who have parti­ci­pa­ted in the ecosys­tem throu­ghout the years.

    Termi­ner comme ça c’est ajou­ter une insulte à l’hu­mi­la­tion.

    Vous nous avez bien servi, main­te­nant nous capi­ta­li­sons sur ce que vous avez créé et qui nous rému­nère le plus et nous vous coupons l’ac­cès au reste. L’éco­sys­tème ne nous inté­res­sait que le temps qu’on gagne une posi­tion domi­nante.