Auteur/autrice : Éric

  • #DCAout – Bleu

    Il a fallu plusieurs heures pour le trouver, j'ai cru m'être trompé de jour
    Il a fallu plusieurs heures pour le trou­ver, j’ai cru m’être trompé de jour – #DCAout
  • #DCAout – Vendredi

    Un vendredi d'août, c'est un peu comme un dimanche
    Un vendredi d’août, c’est un peu comme un dimanche – #DCAout
  • Noir et blanc photo­gra­phique

    Noir et blanc photo­gra­phique

    J’ai entendu tout et son contraire sur le noir et blanc, qu’il est beau­coup plus diffi­cile à gérer car la lumière et les contrastes ne pardonnent aucune erreur, et inver­se­ment qu’il est plus simple car on s’oc­cupe de deux compo­santes en moins : la couleur et la diver­sité des sources lumi­neuses.

    La compo­sante qui m’in­trigue le plus c’est le sens qu’on y attache, moi le premier. Inva­ria­ble­ment, certains sujets ne se conçoivent qu’en noir et blanc, d’autres qu’en couleurs.

    Est-ce un exer­cice de style ? Plus son auteur cherche l’ar­tis­tique ou l’aca­dé­mique, plus la photo a tendance a passer en noir et blanc.

    Je n’ex­clue pas l’idée d’un simple mimé­tisme acadé­mique, parce que certains sujets sont trai­tés ainsi dans les modèles qu’on nous présente, mais je doute qu’il y ait unique­ment ça.

    C’est parti­cu­liè­re­ment vrai sur les portraits et quasi­ment obli­ga­toire sur du nu. La même image en couleur peut faci­le­ment donner l’im­pres­sion de gratuit ou de vulgaire. La même pose, en chair sans appa­reil photo et on détourne le regard.

    Le noir et blanc semble une façon d’ou­blier le sujet, de s’en déta­cher, de prendre du recul pour penser autre­ment, oublier qu’il s’agit de personnes ou de nudité pour parler d’un concept abstrait « artis­tique », même si au final rien ne change.

    C’est fina­le­ment très hypo­crite, mais je ne suis pas diffé­rent.

    Qu’est-ce qui vous fait passer en noir et blanc ? pourquoi ? Quelles émotions changent quand vous choi­sis­sez un rendu plutôt que l’autre pour la même photo ?

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-ND par Florian

  • Ouvrir son angle de vue

    Ouvrir son angle de vue

    J’ai commencé à vrai­ment m’écla­ter en photo quand j’ai pu monter mon objec­tif 85mm. Avec mon capteur c’est l’équi­valent d’un 130mm. De quoi capter des visages et expres­sions en restant bien à distance, avec une ouver­ture magique de 1.8 pour déta­cher ces expres­sions de quasi­ment n’im­porte quel fond.

    Aujourd’­hui non seule­ment ça ne sera pas adapté aux portraits et silhouettes que je recherche mais il y a autre chose. Je ressens à la fois le besoin de me rappro­cher et de prendre une vue et un contexte plus large, pas qu’un bout de visage. C’est un peu un manière de reve­nir dans l’image et de tisser une rela­tion avec le sujet.

    Je pense m’être fixé pour tenter le 35mm ; de quoi prendre une personne en pied tout en restant rela­ti­ve­ment proche, et un buste en étant carré­ment à côté. J’es­père autant que je crains le grand chan­ge­ment. Hors pose fixe et prépa­rée, je ne sais pas encore bien ce que je vais faire de tout cet espace autour du sujet. Mais surtout, ça va me forcer à m’im­pliquer dans la photo au lieu de rester en dehors.

    Je suis certain de ne pas être le premier à avoir fait ce chemin. Comment l’avez-vous abordé et vécu ?

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par Kris­to­pher Chan­droo

  • Rapport au corps

    Rapport au corps

    Notre rapport au corps est quand même bien tordu. Le moindre bout de peau est consi­déré comme à masquer.

    Oh, on s’en défend en montrant du doigts certains pays qui vont voiler jusqu’au visage, mais nous ne sommes pas si diffé­rents. Lais­sez une photo de décol­leté, un bout de fessier, et c’est à cacher pour ne pas faire peur aux enfants ou aux patrons (je laisse à d’autre l’ex­pli­ca­tion du pourquoi les deux tombent dans la même caté­go­rie).

    Nous sommes en fait bien plus hypo­crites, en créant des contextes très norma­li­sés, chacun avec son bout de peau qui a le droit ou pas le droit d’être montré. Mettez un bikini hors de la plage, ou des simples sous-vête­ments à la place d’un maillot de bain pour­tant pas plus couvrant, et voilà l’at­teinte à la pudeur.

    Nous menons la cari­ca­ture assez loin pour pouvoir montrer à peu près tout ce qu’on peut imagi­ner tant que c’est pour vendre sur une publi­cité, mais en paral­lèle on invoquera le bien être des enfants à la moindre nudité partielle, voire pour un soutien gorge un peu visible.

    Comment en est-on arri­vés à trou­ver le corps de l’autre scan­da­leux et le notre honteux ? Ce revi­re­ment est rela­ti­ve­ment récent au moins dans notre pays, deman­dez à la géné­ra­tion de mai 68. Mais surtout, pourquoi cédons-nous en conti­nuant à cacher les corps, leur repré­sen­ta­tion, et à les étique­ter pour encou­ra­ger ce tabou ?

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Martin Bause­wein

  • Illi­mité dans le livre ?

    Illi­mité dans le livre ?

    Pour l’ins­tant je suis dans une posi­tion d’ob­ser­va­teur. Je ne sais pas ce que ça va donner, comment. Je retiens bien d’émettre un quel­conque juge­ment tran­ché.

    En fait, s’il y a une chose de certaine, c’est juste­ment que je ne sais pas. On avance en plein brouillard, Amazon comme les autres. C’est juste cohé­rent dans la stra­té­gie d’Ama­zon via la masse d’auto-édition et de maîtrise de toute la chaîne de diffu­sion.

    Si je suis obser­va­teur c’est que j’ai quand même quelques effets posi­tifs à véri­fier :

    Le premier c’est l’ef­fet de décou­verte. L’illi­mité c’est faire sauter les freins à la lecture d’un livre hors cadre. On peut essayer, sans crainte, et au pire ça ne plait pas et on passe à un autre. Et pourquoi pas même loucher sur de la poésie qu’on n’au­rait jamais acheté sur une heure de temps libre ? Ça peut dimi­nuer l’ef­fet best-seller qu’on achète pour s’as­su­rer une lecture stan­dard mais qui déce­vra rare­ment complè­te­ment. Ça peut.

    Le second est sur le finan­cier. Les services semblent viser le 10 € par mois. C’est beau­coup, plus que la plupart des lecteurs n’in­ves­tissent, y compris des grands lecteurs. Certes il y a des lecteurs qui se conten­te­ront des 10 € par mois et qui actuel­le­ment mettent un peu plus. Ils ne sont pas légion. Mais ça peut aussi inci­ter des gens à suivre ces 10 € dans la durée, à les enga­ger. C’est l’ef­fet habi­tuel des abon­ne­ments, géné­ra­le­ment très rentables pour les vendeurs. Et ça peut aussi tenter des gens qui mettent actuel­le­ment moins que ça en une année, à sauter le pas parce qu’ils en auront pour leur argent. Bref, ça peut tout à fait rému­né­rer la chaîne édito­riale plus qu’elle ne l’est actuel­le­ment. Ça peut.

    Même si les gens ne payent pas plus par an, ils pour­ront lire plus, sans que ça ne soit au détri­ment des auteurs (vu que la rému­né­ra­tion est la même). Sauf que lire plus ça se fait forcé­ment à l’avan­tage des plus petits auteurs, des indé­pen­dants. Une fois qu’on a lu le best-seller, ce sont les autres qu’on va lire. Si la rému­né­ra­tion globale est la même, on va l’étendre sur plus de monde, rému­né­rer un peu plus les petits auteurs et un peu moins les best-seller. Je vois cette possi­bi­lité comme posi­tive.

    Ça peut aussi relan­cer la lecture parmi les autres loisirs. On fait sauter des barrières que sont le dépla­ce­ment en boutique (physique ou en ligne), la barrière de l’achat (Amazon l’a déjà partiel­le­ment faite sauter en enre­gis­trant la CB dans le compte client), et le « c’est cher quand même ». Ça peut.

    Inver­se­ment il y a deux argu­ments que je n’achète pas, ce sont ceux de la compa­rai­son avec la musique et de la rému­né­ra­tion par lecture. La musique a un usage tout à fait diffé­rent du livre. Le modèle commer­cial ne peut pas s’y trans­po­ser direc­te­ment. Quant à la rému­né­ra­tion par lecture, elle est un non-objec­tif. L’im­por­tant est combien les auteurs et éditeurs récu­pèrent, en valeur abso­lue. Imagi­nons que les gens se mettent à lire plus en dépen­sant autant, la rému­né­ra­tion par lecture dimi­nue mais la rému­né­ra­tion abso­lue reste la même. Personne n’y perd. Si.

    Bref, ça peut, si. Je n’en sais juste rien. Mais il reste des oppor­tu­ni­tés.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Paul Liber­wirth

  • Strea­ming or not strea­ming ?

    Strea­ming or not strea­ming ?

    Pour avan­cer et créer quelque chose de nouveau, il faut déjà arrê­ter de tout cloi­son­ner dans des tiroirs étanches.

    Promou­voir ou combattre le strea­ming ? c’est courte vue.

    • J’ouvre mon navi­ga­teur, je clique sur lire, j’ai la première page qui se télé­charge et s’af­fiche. Je clique sur page suivante, j’ai la seconde page : Strea­ming.
    • J’ouvre mon navi­ga­teur, je clique sur lire, il télé­charge tout ou partie du livre dans un cache de façon trans­pa­rente. Je n’ai pas accès au fichier mais je peux désor­mais lire sans connexion Inter­net : Strea­ming ou pas strea­ming ?
    • Même procédé, mais le tout est encap­sulé dans une appli­ca­tion smart­phone plutôt qu’un navi­ga­teur. L’app se connecte, me présente les livres, télé­charge silen­cieu­se­ment ceux que je lis. Je n’ai toujours pas accès aux fichiers mais j’ai une appli­ca­tion de lecture qui synchro­nise en ligne : Strea­ming ou pas strea­ming ?
    • Même procédé, mais cette fois ci j’ai en plus accès à un site web en paral­lèle, sur lequel je peux télé­char­ger les fichiers : Strea­ming ou pas strea­ming ?

    La distinc­tion entre l’ac­cès fichier et l’ac­cès strea­ming n’est pas aussi tran­chée que cela. Il y a une zone grise plus grande qu’on ne le pense. Parce qu’une appli­ca­tion qui synchro­nise mais qui ne donne pas accès aux fichiers sources, c’est fina­le­ment assez proche d’un strea­ming, juste avec un peu moins de contraintes.

    Et si on parlait plutôt des usages ? L’im­por­tant c’est de savoir si j’ai besoin d’une connexion Inter­net à chaque lecture, si je peux lire sur l’ap­pa­reil de mon choix – y compris ma liseuse e-ink -, et si j’ai le contrôle du fichier, s’il est pérenne ou si quelqu’un peut m’en reti­rer l’usage, etc.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Peter Ras

  • Chan­ger d’air

    Chan­ger d’air

    On croit toujours être diffé­rent. On l’est toujours, mais ça n’em­pêche pas les autres d’avoir aussi raison.

    J’ai toujours eu travail et passion dans l’in­for­ma­tique, dans le web. Mon rela­tion­nel aussi. J’ai fait le sourd quand on me disait que je ne devais pas faire d’in­for­ma­tique pour me détendre.

    J’ai eu raison, car c’est aussi là que j’ai tant reçu et tant pu faire. Mais j’ai eu tort, en ce qu’une fois le trop plein arrivé il ne reste plus rien pour souf­fler.

    Je me suis fixé un vieil objec­tif que j’ai repoussé depuis de nombreuses années, hors infor­ma­tique.  Je crois que j’ai besoin, pour moi, d’y avan­cer.

    Je l’ai juste fait tard. Main­te­nant j’ai un mur à fran­chir au lieu d’une colline à gravir, et c’est loin d’être gagné, mais je ne peux plus me permettre d’échouer à le fran­chir.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Susan Sermo­neta

  • Qu’êtes-vous prêts à faire pour autrui ?

    Qu’êtes-vous prêts à faire pour autrui ?

    Plus j’avance plus je me rends compte que je quali­fie les gens d’abord sur un critère : En cas de besoin, mon inter­lo­cu­teur a-t-il plus tendance à se sacri­fier pour autrui ou à sacri­fier autrui pour lui-même ?

    Certes, posée ainsi la ques­tion est vague, trop sujette au contexte, voire cari­ca­tu­rale – clas­ser les gens dans des cases l’est toujours – mais je ne peux m’em­pê­cher de voir très peu de gens dans la zone grise. Tout juste quelques uns ont peut être une réac­tion diffé­rente envers les gens qu’ils connaissent et envers les incon­nus, mais je n’en suis même pas certain.

    Qu’êtes-vous prêt à faire pour autrui ?

    Si quelqu’un vous a donné rendez-vous dehors, qu’il est en retard, qu’il pleut à verse, et que vous auriez aimé être ailleurs : atten­dez-vous cinq minutes ? dix ? une heure ? une après-midi ?

    Je suis de ceux qui vont non seule­ment attendre toute l’après midi sous la pluie, mais qui en plus vont retour­ner inquiet et tenter de joindre leur inter­lo­cu­teur non pour se plaindre mais pour propo­ser leur aide, car à mon sens l’ab­sence ne peut rele­ver que d’un fait sérieux et grave.

    Souvent pour la même raison, ceux qui sont prêts à donner d’eux-même sont ceux qui auront tous les scru­pules à deman­der aux autres. On peut parler de timi­dité mais ça va plus loin que ça. Chéris­sez ces gens là, car ce sont eux qui font la beauté de notre monde.

    Je ne leur reproche pas, mais je tisse diffi­ci­le­ment de rela­tion avec ceux qui ne penchent pas instinc­ti­ve­ment du même côté que moi. Ce n’est même pas une ques­tion de réci­pro­cité, juste que tôt ou tard cette rela­tion rend diffi­cile de tenir mes propres valeurs.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Martin Gommel

  • Statis­tiques en folie

    Statis­tiques en folie

    Je vois trop d’ar­ticles ainsi, et beau­coup sur la ques­tion de la dange­ro­sité du vélo. Jouer avec les statis­tiques c’est bien, mais il faut un mini­mum de mise en contexte si on ne veut pas racon­ter n’im­porte quoi.

    Ainsi, 80% des acci­dents mortels ont lieu entre véhi­cules moto­ri­sés unique­ment. Alors convaincu?

    Pas du tout. Quelle est la propor­tion de véhi­cules moto­ri­sés et non moto­ri­sés sur la route ?

    Les véhi­cules moto­ri­sés ont beau faire 80% des acci­dents mortels, si au final ils repré­sentent plus de 80% de la circu­la­tion – ce qui est probable – ils peuvent tout à fait être en fait *moins* dange­reux que les autres.

    En fait c’est encore plus complexe car ici on parle des acci­dents entre véhi­cules moto­ri­sés *unique­ment*. Il faudrait plutôt compa­rer d’un côté ceux qui se font « avec un véhi­cule moto­risé » et de l’autre ceux qui se font « avec un vélo ». Bien entendu certains comp­te­ront dans les deux caté­go­ries. Ou, suivant ce qu’on veut calcu­ler, regar­der en fonc­tion du respon­sable de l’ac­ci­dent.

    72% des piétons sont bles­sés par une voiture, quand seule­ment 2% le sont par un cycliste

    Ok, main­te­nant le vélo repré­sente-t-il plus ou moins de 2% de la circu­la­tion ? S’il repré­sente plus de 2% de la circu­la­tion, alors on peut consi­dé­rer qu’il est moins dange­reux pour les piétons.  Si à l’in­verse il repré­sente moins de 2% de la circu­la­tion, alors on peut consi­dé­rer qu’il est *plus* dange­reux qu’un autre moyen de trans­port.

    Pour aller même plus loin, si la voiture repré­sente plus de 72% de la circu­la­tion et qu’en même temps le vélo en repré­sente moins de 2%, le vélo serait même plus dange­reux qu’une voiture pour les piétons.

    L’ar­ticle n’a aucun chiffre sur les propor­tions de circu­la­tion. Je n’en ai pas plus. Je ne sais pas si le vélo est dange­reux ou pas, pour lui ou pour les autres, avec casque ou sans casque.

    La chose que je sais c’est que rien dans les chiffres donnés ne permet de tirer une quel­conque conclu­sion à ce niveau. Toutes les affir­ma­tions et argu­men­ta­tions de l’ar­ticle source présentent le même défaut d’ana­lyse statis­tique : Utili­ser des chiffres abso­lus sans mise en contexte.

    J’aime bien citer une superbe (fausse) argu­men­ta­tion dans le même genre :

    Je vous recom­mande de mettre des chemises au boulot, car il y a beau­coup plus d’ac­ci­dents du travail graves sur des gens en tshirt que sur des gens en chemise.

    Bien entendu avec la mise en contexte on se rendra compte que les gens en chemise sont géné­ra­le­ment dans les bureaux et que les ouvriers ou personnes faisant des travaux risqués portent habi­tuel­le­ment des tshirts (mise en contexte), que la propor­tion d’ac­ci­dent est liée au type d’ac­ti­vité et non à l’ha­bille­ment (causa­lité vs corré­la­tion)… mais tout ça n’est qu’un détail.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Michael Dono­van