Auteur/autrice : Éric

  • Marine Le Pen quitte le plateau de France Inter après une véri­fi­ca­tion de ses propos en direct

    Un climat tendu régnait jeudi matin sur le plateau de France Inter. Marine Le Pen a quitté le plateau après une séance de fact checking en direct.

    […]

    Accu­sant l’émis­sion de France Inter d’être « un tribu­nal », Marine Le Pen, a ensuite quitté le plateau de la mati­nale pendant la coupure pub

    — via BFM TV

    Ce devrait être systé­ma­tique, et pas unique­ment vis à vis du FN, excep­tion­nel­le­ment. Nos jour­na­listes n’osent pas ou le font timi­de­ment du bout des lèvres, puis laissent l’en­fu­mage conti­nuer.

    Nous n’aban­don­ne­rons pas la poli­tique spec­tacle tant que les jour­na­listes ne pren­dront pas aussi leur rôle à contes­ter et corri­ger, en direct. Leur rôle ne doit pas se limi­ter à ça, mais ça en fait partie, sauf à rendre les cartes de presse et les consi­dé­rer comme des hôtes et hôtesses d’ac­com­pa­gne­ment.

    Bref, c’est encore trop rare mais merci France Inter, ainsi qu’aux organes de déco­dage comme ceux de Libé et Le Monde (même si je regrette que ce soit vu comme une acti­vité annexe disso­ciée de la vraie rédac­tion).

  • Vos guerres, nos morts

    128, c’est beau­coup. C’est effrayant. C’est presque autant que la moyenne quoti­dienne des morts en Syrie depuis mars 2011.

    Presque autant que la moyenne quoti­dienne, oui : 250.000 morts depuis mars 2011, ça fait presque 4500 morts par mois, soit près de 150 morts par jour.

    Avis au prochain qui nous expliquera qu’il ne comprend pas pourquoi les Syriens fuient vers l’Eu­rope : depuis plus de 4 ans et demi, c’est le 13 novembre tous les jours en Syrie. […]

    La France se féli­cite de vendre ses machines de guerre à l’Égypte. La France se féli­cite de vendre ses machines de guerre à l’Ara­bie Saou­dite. La France se féli­cite de vendre ses machines de guerre aux Émirats arabes unis.

    Mais la France s’étonne, s’in­digne, s’in­surge d’être elle aussi ciblée.

    Hypo­cri­sie. Lâcheté. Mensonge.

    Julien Salingue

    Il y a un moment où notre hypo­cri­sie n’est plus tenable.

    Les guerres d’aujourd’­hui – ou quel que soit le nom qu’on leur donne – sont majo­ri­tai­re­ment le résul­tat des guerres d’hier. Hier comme aujourd’­hui, ce sont nos armes qui sont vendues, nos moyens qui sont utili­sés par tel ou tel camp qui nous arrange pour des raisons poli­tiques ou écono­miques sur le moment.

  • Jean-Jacques Urvoas évoque certaines « mesures dispro­por­tion­nées »


    Etat d’ur­gence : Jean-Jacques Urvoas évoque…

    On parle de pompier pyro­mane, là c’est le pyro­mane qui veut endos­ser l’uni­forme du pompier quand il se rend compte que la presse n’aime pas les incen­dies.

    D’un certain côté c’est peut être posi­tif, si ça veut dire qu’ils se rendent compte qu’ils vont trop loin. Ou très néga­tif, si ça montre leur naïveté totale de ce qu’ils votent et mettent en œuvre.

    S’il y en a un qui devrait être humble, du fait de ses posi­tions passés sur les pouvoirs donnés à l’État hors contrôle judi­ciaire, c’est peut être lui.

  • Soupçon de radi­ca­lité

    D’un côté, ils nous soupçon­naient d’être d’ex­trême gauche, de l’autre ils sous-enten­daient qu’on était isla­mistes.

    Sud Ouest, à propos d’une perqui­si­tion admi­nis­tra­tive en Dordogne

    Ce n’est qu’un exemple mais ça ne semble pas anec­do­tique comme événe­ment. La force public et l’État combattent l’ex­trême et le radi­cal sous couvert de terro­risme.

    La peur nous fait faire n’im­porte quoi. Avoir les mauvaises opinions devient dange­reux pour soi. Être même simple­ment sur la voie vers ces opinions devient condam­nable. Chacun, des méde­cins aux insti­tu­teurs, est mis en devoir de dénon­cer son voisin soupçonné d’être en voie de radi­ca­li­sa­tion. On imagine des lieux de déra­di­ca­li­sa­tion, et le gouver­ne­ment va même jusqu’à faire tester la léga­lité de centres d’in­ter­ne­ment pour radi­ca­li­sés.

    On peut penser au terro­risme, mais au final la police de la pensée poli­tique n’est pas loin. Nous ne jugeons plus des faits et des actes, mais des opinions poli­tiques. Quoi que nous pensions de ces idées, nous sommes sur un terrain très glis­sant.

    Aujourd’­hui l’anar­chisme est de l’ex­trême gauche, extrême, radi­cal au point de justi­fier une intru­sion forcée de l’État. Vouloir enfer­mer des gens simple­ment soupçon­nés de peut être être à même de trou­bler l’ordre public, sans déci­sion d’un juge, non. Il y a 70 ans c’était le contraire. Ce qui est radi­cal ou extrême est unique­ment rela­tif à la pensée commune du moment.

    Rica­nons de 1984, mais de la guerre à la novlangue poli­tique en passant par la réha­bi­li­ta­tion de la pensée des déviants, nous en avons fait un présent… juste un peu moins cari­ca­tu­ral (ou peut être juste que nous sommes trop au milieu pour en prendre tota­le­ment conscience).

  • La classe poli­tique, victime colla­té­rale du terro­risme

    En plus de cette faiblesse patho­lo­gique des poli­tiques, qui n’osent plus agir alors que c’est leur cœur de métier, nous avons aussi assisté au bal des ambi­tions comme jamais. […] Sa seule préoc­cu­pa­tion, depuis vendredi, est d’ins­tru­men­ta­li­ser les évène­ments pour sa carrière. Aucun sens du long terme, de l’in­té­rêt géné­ral, et même de la décence.

    […]

    Plus que le terro­risme, qui m’inquiète beau­coup, le vide poli­tique au sommet me terri­fie. Nous n’au­rons pas de véri­table solu­tion à nos problèmes sans un renou­vel­le­ment profond de nos élites poli­tiques. Soit elles s’adaptent et modi­fient radi­ca­le­ment leur manière de travailler, soit il faudra les virer. Parce que là, ce n’est plus possible.

    — Authueil

    Le terro­risme exacerbe parce que ça ressort autant dans le fond que dans la forme, mais le problème est pré-exis­tant.

    J’ai long­temps cru qu’il suffi­sait de s’im­pliquer. Je ne sais pas si c’est notre classe poli­tique qui se dégrade ou moi qui me réveille, mais là il y a un ménage à faire. Je ne suis pas convaincu qu’il ne s’agisse que d’un renou­vel­le­ment profond, le système favo­rise ces compor­te­ment, il est même limite prévu ainsi et pour ça.

    Qu’on parle de renou­ve­ler les gens ou le système, on s’y attache comment ? J’ai tenté des choses, mais j’en sors avec un senti­ment d’im­puis­sance doublé de l’im­pres­sion d’être ultra-mino­ri­taire dans mon juge­ment.

  • Repu­bli­cans are so bullish on war that 30% would bomb a fictio­nal coun­try

    “30% of Repu­bli­can primary voters natio­nally say they support bombing Agra­bah.” That would be the fictio­nal coun­try in Alad­din.

    The Guar­dian

    Faire la guerre, élimi­ner l’étran­ger. Aujourd’­hui la moindre conso­nance arabe suffit. Ne rica­nons pas : je doute que le résul­tat aurait été très diffé­rent en France. Il faut dire qu’on en est au point où certains appellent la police en voyant un tiers écrire arabe dans un café.

    L’ar­ticle par des répu­bli­cains (US) parce qu’on est en période élec­to­rale, mais les démo­crates ont aussi répondu oui à 19%, soit presque un sur cinq. Un sur cinq, pour la guerre, à un pays qu’il ne connaissent pas, juste sur la conso­nance.

    Ce n’est même plus de la xéno­pho­bie ou du racisme, là c’est de la folie.

  • Nos deux gros partis poli­tiques ont peur

    Les citoyens ne votent plus vrai­ment pour eux, mais d’abord contre un autre. Demain cela pour­rait ne plus fonc­tion­ner. Peu probable que l’af­freux gagne, telle­ment il y a rejet d’une majo­rité de la popu­la­tion, mais les votes pour­raient tout à fait se repor­ter sur n’im­porte qui, voire sur un petit nouveau. Le pouvoir pour­rait bascu­ler à tout moment, chan­ger de main.

    Que faire ? Verrouiller le système, donner plus de poids aux partis actuel­le­ment au pouvoir.

    Trois chan­ge­ments

    1/ Réduire l’obli­ga­tion de suivi des comptes de campagne de moitié, de 12 à 6 mois.

    Avant ? c’est open bar. Autant dire qu’on favo­rise grave­ment les gros partis en place, surtout quand on se rappelle que l’UMP avait les moyens en 2012 de dépen­ser quasi­ment deux fois le plafond légal de 21,5 millions. Il faut dire que l’es­sen­tiel du finan­ce­ment vient de l’État, en fonc­tion du nombre et du type d’élus en place.

    Comme verrouillage pour éviter un renou­vel­le­ment, c’est juste génial. Ce n’est d’ailleurs pas que finan­cier :

    L’obli­ga­tion des comptes forçait les élus à diffé­ren­cier leurs acti­vi­tés liées à leur mandat et celles liées à la campagne. Un semblant de contrôle étant opéré, on évite les abus les plus mani­festes. Plus de contrôle des comptes, moins de contraintes pour profi­ter de l’avan­tage des mandats déjà déte­nus.

    2/ Réduire l’éga­lité stricte du temps de parole aux deux dernières semaines de campagne, au lieu des cinq dernières actuel­le­ment.

    Autant dire quasi rien. L’objec­tif est d’ailleurs expli­ci­te­ment de permettre à la télé­vi­sion d’or­ga­ni­ser des débats avec unique­ment les deux ou trois gros partis.

    Bonus, le reste du temps c’est l’équité tu temps de parole qui compte, c’est à dire un temps de parole basé sur les élus et résul­tats aux élec­tions précé­dentes. On vient juste d’op­ti­mi­ser le système pour qu’il s’auto-entre­tienne un peu mieux.

    3/ Publier tous les parrai­nages et pas juste un échan­tillon, et en temps réel.

    On peut faire mieux : bloquer les pertur­ba­teurs avant-même qu’ils ne parti­cipent à l’élec­tion. Ce sont déjà les élus en place qui permettent à un candi­dat de se propo­ser à l’élec­tion prési­den­tielles. Certains ne jouent pas le jeu de leur parti et parrainent des tiers.

    On peut les mena­cer de leur reti­rer l’in­ves­ti­ture à la prochaine élec­tion mais tous les noms des parrains n’étaient pas publiés. Même quand ils le sont, c’est beau­coup plus diffi­cile à justi­fier après l’élec­tion (si le nouveau venu a fait un petit score on peut défendre que ça n’a rien changé, et s’il a fait un gros score on peut défendre que c’était justi­fié de le parrai­ner).

    Là, avec publi­ca­tion en temps réel de tous les noms, la menace est bien plus présente dans le débat. Élus en poste, votez suivant les direc­tives de votre parti.

    Un vrai putsch

    Ce n’est ni plus ni moins qu’un putsch pour garder le pouvoir. Pour­tant, le système était déjà très forte­ment biaisé avec tant d’élec­tions non propor­tion­nelles où la plus grande mino­rité – avec géné­ra­le­ment moins de 30% des inten­tions de vote au premier tour – rafle une majo­rité des sièges, du temps de parole et du finan­ce­ment qui vont avec. Pour l’As­sem­blée natio­nale on a même une surcouche qui s’ajoute où il faut avoir assez d’élus pour consti­tuer un groupe si on veut vrai­ment du finan­ce­ment et du temps de parole, histoire d’être certain que les petits partis n’au­ront pas voix au chapitre.

    On ne fait qu’ajou­ter des verrous, des avan­tages aux élus en poste et aux gros partis au pouvoir. S’ils ont d’autres idées, comp­tez sur eux pour les mettre en œuvre.

    On peut croire qu’ils n’ont rien compris. Moi je pense qu’ils ont au contraire tout compris, et qu’ils ont peur de perdre leur place. Mieux : ils profitent de notre peur du FN pour se renfor­cer eux comme seule alter­na­tive.

    En lais­sant faire nous nous tirons une balle dans le pied, car ça ne peut finir que mal.

  • Une taxe sur les tran­sac­tions finan­cières pour­rait rempla­cer tous les impôts actuels

    Il s’agi­rait, […] de taxer tous les paie­ments élec­tro­niques, comme les factures de restau­rant… et pas seule­ment les achats d’ac­tions ou d’obli­ga­tions. En Suisse ces paie­ments sont de l’ordre de 100 000 milliards de francs par an. C’est énorme. Il s’agit d’en­vi­ron 160 fois le PIB du pays.

    Il suffi­rait de prendre 0,2% sur chaque tran­sac­tion pour obte­nir 200 milliards, soit davan­tage que l’en­semble des impôts perçus en suisse, qui est de l’ordre de 170 milliards. Une telle taxe, si elle était intro­duite, pour­rait théo­rique­ment rempla­cer tous les impôts actuels et permet­trait de simpli­fier le système fiscal.

    Marc Ches­ney via Le Temps

    J’ai tendance à dire « si déjà nous avions une taxe Tobin concrète, fonc­tion­nelle, sans exemp­tion, ça serait bien » mais je dois avouer que l’idée est tentante. Contrai­re­ment à pas mal de systèmes fiscaux, il est assez diffi­cile d’y échap­per dès lors qu’un des inter­lo­cu­teurs est en France, et très peu d’ac­ti­vi­tés réelles (hors pur finance) seront bloquées par une telle commis­sion (surtout si en échange on retire des impôts de l’autre côté).

  • Ce que veut vrai­ment l’Etat isla­mique

    L’EI applique peut-être des sanc­tions médié­vales contre les crimes moraux, mais son programme d’aides sociales est, du moins à certains égards, suffi­sam­ment progres­siste pour plaire à des commen­ta­teurs de gauche. Les soins de santé, affirme-t-il, sont gratuits. Four­nir des aides sociales n’était pas selon lui un choix poli­tique, mais une obli­ga­tion en vertu de la loi de Dieu.

    Le Cour­rier Inter­na­tio­nal

    La cita­tion n’est repré­sen­ta­tive de rien, mais l’ar­ticle lui-même est un puits de connais­sance sur ce qu’est réel­le­ment l’État Isla­mique et ce qu’il repré­sente, au delà de la simple évoca­tion terro­riste, qui n’est fina­le­ment que la petite frange qui nous parvient.

    Vrai­ment à lire : un vrai docu­men­taire, instruc­tif, et pas un article de presse à la va-vite.

  • Aussi­tôt élu, Eric Woerth démis­sionne de son mandat de conseiller régio­nal

    A peine élu, déjà démis­sion­naire. Eric Woerth, qui était tête de liste dans l’Oise pour Les Répu­bli­cains aux élec­tions régio­nales en Nord-Pas-de-Calais-Picar­die, ne siégera fina­le­ment pas à la future assem­blée.

    […]

    Votre démis­sion ne va-t-elle pas être vécue comme une trahi­son par vos élec­teurs ?

    Je ne crois pas. J’ai construit cette liste. J’ai essayé de mobi­li­ser et d’évi­ter les chamaille­ries. Ce n’était pas n’im­porte qui en face. C’était Marine Le Pen (FN) et je ne souhai­tais pas qu’elle soit prési­dente. J’ai permis, avec les autres, l’élec­tion de Xavier Bertrand, que j’ai aidé à élabo­rer un projet. La mission est bien remplie, je pense. Les condi­tions sont égale­ment réunies pour que l’Oise soit proté­gée et déve­lop­pée dans cette grande région.

    Le Pari­sien

    Pas de doutes, certains ont tout compris au besoin de renou­veau dans le paysage démo­cra­tique et à la prise de respon­sa­bi­lité des élus. C’est clai­re­ment comme ça qu’ils vont convaincre les élec­teurs de ne pas tout mettre par terre. Ou pas…

    Donc dans la règle de non cumul, il faudrait impo­ser un aban­don auto­ma­tique du mandat le plus ancien (ou de celui qui a la date de fin la plus proche) pour éviter les « je me présente mais je n’ai pas l’in­ten­tion d’ac­com­plir mon mandat. »

    Qu’on n’aille pas me dire qu’il ne pouvait pas au moins annon­cer à l’avance qu’il ne comp­tait pas siéger. Là il a simple­ment eu une atti­tude volon­tai­re­ment trom­peuse, donc malhon­nête. Je ne vois aucune autre expli­ca­tion qu’une inten­tion maligne.

    Si c’est la poli­tique du parti pour combattre le FN et l’abs­ten­tion, on peut s’at­tendre à un raz de marée aux prochaines élec­tions.