Catégorie : Vie professionnelle

  • Télé­phone, email et signa­tures

    Mes signa­tures e-mail deviennent de plus en plus brèves. Je signe d’un double tiret et de mes nom et prénom, parfois unique­ment le prénom.

    C’est déjà tota­le­ment super­flu – mon nom est déjà indiqué comme expé­di­teur, et mieux mis en valeur dans n’im­porte quel logi­ciel de lecture email que ne le sera jamais la signa­ture – mais je conti­nue par habi­tude, pour faire comme tout le monde, un peu par peur qu’on me reproche l’im­po­li­tesse une absence totale qui ne serait pas encore dans les usages. Un jour j’aban­don­ne­rai quand même proba­ble­ment le peu que je garde, vue l’ab­sence totale de valeur.

    Oui, c’est l’usage, mais cet usage de signa­tures longues et inutiles m’agace signi­fi­ca­ti­ve­ment, au point qu’il serait malhon­nête que j’im­pose moi-même aux autres plus que le strict mini­mum. Je remarque d’ailleurs que les conver­sa­tions les plus colla­bo­ra­tives que j’ai se font souvent avec des échanges sans signa­ture. On se présente une fois, la première, pas à chaque fois qu’on se parle.

    Parfois j’in­dique le nom de la société, quand je n’ai pas d’in­te­rac­tion assez fréquente avec mon inter­lo­cu­teur pour qu’il sache qui je suis, mais fina­le­ment je m’en passe souvent.

    Quant au titre, quand bien même mon inter­lo­cu­teur ne le connais pas déjà, j’en n’en vois souvent plus la valeur. Je l’ajoute encore souvent par prin­cipe quand je précise la société, mais je suis mal à l’aise.

    Je valo­rise ce que les gens font et leur rôle dans la discus­sion, pas leur titre ou leur rôle dans leur propre société. Est-ce vrai­ment impor­tant que je sois CTO, déve­lop­peur ou chef de projet ? Ce n’est pas ma façon de voir la colla­bo­ra­tion et je ne précise mon titre que quand je veux arti­fi­ciel­le­ment donner du poids, impres­sion­ner ou jouer sur le côté hiérar­chique, parfois sur des commu­ni­ca­tions plus formelles.

    Je déteste le parties marke­ting, annonces d’évé­ne­ments, logos et banières dans les signa­tures. C’est une plaie dans les échanges un peu long, ça n’ap­porte rien, et ça trans­forme chaque message en signal commer­cial publi­ci­taire. Là encore, peut-être parce que ce n’est pas mon rôle premier, j’ai l’im­pres­sion que ça fait plus de mal que de bien. Je déteste en rece­voir, je ne l’im­po­se­rai pas à mes inter­lo­cu­teurs.

    * * *

    Il reste l’adresse et le télé­phone, oui. Et là il y a un sujet inté­res­sant sur les outils. Pourquoi donne­rais-je l’adresse des locaux et mon télé­phone ?

    J’uti­lise pour­tant bien plus la vidéo confé­rence par hangout que le télé­phone. Quant à rece­voir des cour­riers, je crois que les seuls que j’ai reçu depuis mon arri­vée dans la société sont des cartons publi­ci­taires et cartes de vœux.

    Mes outils sont asyn­chrones, élec­tro­niques. En interne tout ou presque se fait par Slack. L’ex­terne se fait essen­tiel­le­ment par email, parfois par vidéo-confé­rence.

    Ce n’est pas qu’une lubie. Utili­ser le télé­phone comme outil prin­ci­pal implique­rait d’avoir un bureau dédié pour ne pas déran­ger les tiers et de lais­ser les gens sur messa­ge­rie pour ne pas être inter­rompu en perma­nence.

    Par dessus tout, ça ne fonc­tion­ne­rait pas dans une orga­ni­sa­tion colla­bo­ra­tive. L’email ou la messa­ge­rie permettent de s’adres­ser à un groupe, avec plusieurs personnes et pas que le-chef-qui-décide. Le cas échéant ces outils permettent de se rensei­gner pour ensuite répondre de façon éclai­rée, en asyn­chrone, ou de faire suivre à la bonne personne.

    C’est encore plus vrai pour moi qui ai une vision de faci­li­ta­teur et d’or­ga­ni­sa­teur, pour coor­don­ner et permettre aux équipes de travailler plutôt que pour déci­der et faire exécu­ter. Le bon inter­lo­cu­teur qui sait et qui agit, c’est rare­ment moi. Je fais même tout pour que ce ne soit pas moi.

    Un coup de fil impromptu à partir du numéro trouvé en signa­ture ? Mais ce serait tota­le­ment contre-produc­tif pour tout le monde. En échange je suis réac­tif pour au moins lire les messages et y répondre immé­dia­te­ment quand c’est urgent.

    Parfois je discute par télé­phone, parfois je rencontre les gens en face à face. Dans ce cas là, les coor­don­nées sont échan­gées dans l’in­vi­ta­tion, ou expli­ci­te­ment dans la discus­sion, et ça fonc­tionne très bien.

    Pourquoi diable irais-je préci­ser tout ça dans mes signa­tures ? Inci­ter les gens à me lais­ser un message audio sur répon­deur plutôt que d’écrire un e-mail avec les bons groupes en copie ? Inci­ter les gens à m’en­voyer des lamelles d’abres morts par la poste plutôt qu’un docu­ment numé­risé par email ? Lais­ser les gens venir au bureau au hasard sans rendez-vous après avoir deviné le code du portail et la porte à laquelle il faut frap­per ? (*)

    J’ai plus de vidéo-confé­rences que de discus­sions télé­pho­niques et rencontres physiques réunies. Mettez-vous votre iden­ti­fiant de vidéo-confé­rence en signa­ture de vos emails ? Préci­sez-vous votre email person­nel en signa­ture de vos cour­riers papier ? Pour­tant c’est l’équi­valent de mon côté du télé­phone en signa­ture d’email.

    En échange je donne mon email, faci­le­ment. Il me sert pour discu­ter, pour envoyer et rece­voir des docu­ments, et même d’iden­ti­fiant pour les vidéo-confé­rences.

    C’est une ques­tion de canaux d’échange. Mes outils ne sont plus le télé­phone et le cour­rier. Ça n’au­rait juste pas de sens de les répé­ter à chaque fois que j’échange deux lignes avec quelqu’un.

    (*) Pour les non pari­siens : oui, à Paris il faut souvent un premier code portail pour accé­der aux inter­phones. Ici préci­sé­ment nous n’avons non seule­ment pas d’in­ter­phone mais le nom de la société n’ap­pa­rait nulle part à l’ex­té­rieur, pas même sur la porte d’en­trée. Venir avec juste une adresse c’est assez aven­tu­reux.


    Et vous, à quoi ressemblent vos signa­tures email ? pourquoi ?

  • Feed­back posi­tif

    Je me rappelle les cartes postales. À Yahoo il était possible de décer­ner une étoile à un collègue pour le remer­cier ou distin­guer une action parti­cu­lière. Je me rappelle d’un système de cartes postales internes pour cela.

    Je ne l’ai jamais vu utilisé dans les bureaux pari­siens. Peut-être une histoire de culture. Peut-être qu’aux États-Unis les pratiques étaient diffé­rentes.

    Je me demande toute­fois si ce n’est pas aussi une ques­tion d’ou­tils. Il est telle­ment facile de mettre un like sur Face­book et montrer un peu de compas­sion et de célé­bra­tion…

    Aujourd’­hui j’at­tri­bue une partie du succès de Slack aussi à ça : la capa­cité d’ajou­ter une humeur ou un emoji en réac­tion à un message.

    emoji2

    C’est simple tech­nique­ment mais c’est surtout discret et non intru­sif au point que même les plus timides ont envie de parti­ci­per.

    Parfois c’est un pouce pour montrer l’ac­cord, un symbole ok, un coeur, un merci, une bouteille de cham­pagne ou des dizaines d’emojis moins signi­fi­ca­tifs qui ne sont là que pour donner un peu d’am­biance ou d’hu­meur.

    emoji3

    L’en­ga­ge­ment néces­saire pour envoyer un emoji sur un message est extrê­me­ment faible. Rien à voir avec le frein pour envoyer un vrai message de célé­bra­tion. Le résul­tat c’est que les emojis sont utili­sés à profu­sion, et génèrent un feed­back posi­tif constant impos­sible à rempla­cer.

    emoji1

    Et vous ? quel type de feed­back posi­tif mettez-vous en place dans votre équipe ? en mettez-vous au moins un en place ?

  • [Lecture] Let’s Make Work Better.

    We believe that work can be desi­gned to actually make people happier, heal­thier, and more produc­tive. This is possible when orga­ni­za­tions put their employees first, trust them and treat them like owners, and use data to drive people deci­sions. Research tells us that orga­ni­za­tions are more success­ful when they invest in people prac­tices like these.

    re:Work, Prac­tices, research, and ideas from Google and other orga­ni­za­tions to put people first.

    Je n’ai qu’à peine survolé. Il y a bien entendu des lieux communs qu’il n’est en rien facile de mettre en pratique, mais j’y ai vu des rappels ou des choses inté­res­santes.

    Par exemple sur les équipes :

    We lear­ned that there are five key dyna­mics that set success­ful teams apart from other teams at Google:

    1. Psycho­lo­gi­cal safety: Can we take risks on this team without feeling inse­cure or embar­ras­sed?
    2. Depen­da­bi­lity: Can we count on each other to do high quality work on time?
    3. Struc­ture & clarity: Are goals, roles, and execu­tion plans on our team clear?
    4. Meaning of work: Are we working on some­thing that is perso­nally impor­tant for each of us?
    5. Impact of work: Do we funda­men­tally believe that the work we’re doing matters?
  • [Cita­tion] Being a good, senior dev is easy

    J’ac­quiesce. Encore une fois, passé les premières années, la valeur d’un déve­lop­peur est quasi­ment plus dans le compor­te­ment que dans la compé­tence tech­nique.

  • Tous à Poêle au Bureau : mouve­ment pour la cuisine en entre­prise

    Notre mode d’or­ga­ni­sa­tion n’in­clut aucune contrainte. Deux fois par semaines, deux volon­taires se chargent de faire les courses : ils achètent avant tout des fruits et des légumes de saison. Tous les midis, les personnes qui le souhaitent inves­tissent la cuisine et préparent à manger pour le reste de l’équipe avec les ingré­dients qu’ils trouvent. Ils savent combien d’as­siettes ils doivent remplir, car tous les volon­taires ont dû s’ins­crire au préa­lable sur un tableau Excel, que personne n’ou­blie de consul­ter quand le repas appro­che… Après le déjeu­ner, on passe l’éponge et on range son assiette dans le lave vais­selle. En terme de proto­cole, c’est tout ce qu’il a fallu mettre en place ! Nous ne plani­fions pas de rota­tions. Nous ne tenons pas les comptes.

    — La Ruche Qui Dit Oui !

    Je ne sais pas si je mange mieux que certains qui se font leur bento. Je sais que je mange mieux que quand j’al­lais cher­cher sand­wichs triangles et plats surge­lés.

    Pour moi l’ex­pé­rience c’est surtout le manger ensemble, l’es­prit qui se dégage, le fait que ça rentre tout à fait dans la vie de la société. Mis à part la place – on en manque – je ne comprends toujours pas pourquoi ce n’est pas plus courant. Ça fait en tout cas indé­nia­ble­ment partie de mes bonnes surprises.

  • You start being judged based on how you work with people

    Commu­ni­ca­tion is another one of those soft skills that no one tells you is impor­tant for an engi­neer, yet most soft­ware engi­neers will find them­selves held back at some point due to  commu­ni­ca­tion issues (myself inclu­ded). As one of my mentors once told me, « at a certain point, you stop being judged on your tech­ni­cal skills and you start being judged based on how you work with people. » Commu­ni­ca­tion, natu­rally, is at the heart of working with people.

    — Nicho­las C. Zakas

    Vous pouvez enle­ver le « at a certain point ». L’at­ti­tude, la façon dont chaque diffi­culté est vécue, dont chaque colla­bo­ra­tion est effec­tuée, sont des points essen­tiels profes­sion­nel­le­ment.

    Plus simple­ment, on se moque de ce que vous valez tech­nique­ment. L’im­por­tant est ce que vous appor­tez en plus au résul­tat quand vous inté­grez l’équipe et la société.

    Un incom­pé­tent tech­nique­ment qui sait colla­bo­rer arri­vera toujours à appor­ter quelque chose, et éven­tuel­le­ment saura se mettre en retrait pour ne pas gêner. Il finira bien par apprendre quelque chose ou trou­ver une tâche qu’il peut remplir… et appor­ter de la valeur.

    Un expert qui ne sait pas colla­bo­rer, pour peu qu’il intègre un projet qui dépasse le travail qu’il peut four­nir seul, peut tout à fait ne rien appor­ter du tout sur le long terme, voire ralen­tir tout le monde. Parfois c’est à la surprise de toute l’équipe, mais reti­rer l’ex­pert permet de livrer mieux et plus vite.

    Appre­nez à colla­bo­rer et à apprendre. Le reste est négli­geable dans la valeur que vous pouvez avoir.


    Entre l’écri­ture et la publi­ca­tion, on m’a aussi fait suivre un lien avec une illus­tra­tion assez expli­cite :

    1*6setGCgpCT4XFBUI5eZUUA

  • Le baro­mètre des salaires 2015 dévoile ses résul­tats

    Rien de très éton­nant ni nouveau mais tout de même inté­res­sant :

    • une année d’ex­pé­rience corres­pond en moyenne à 3 à 5% de salaire en plus
    • la rému­né­ra­tion variable conti­nue d’être assez rare dans nos métiers
    • on recrute hommes et femmes globa­le­ment au même salaire mais les augmen­ta­tions ne suivent pas le même rythme, pour arri­ver à 20% de diffé­rence dans la dernière tranche d’ex­pé­rience
    • les rému­né­ra­tions en Île de France sont 20% plus hautes que dans le reste de la France.

    Je comprends tout à fait l’ori­gine de cette dernière donnée mais sa perti­nence m’in­ter­roge.

    Pourquoi l’en­tre­prise dépen­se­rait plus pour des infor­ma­ti­ciens sur Paris plutôt qu’en région alors qu’ils vont produire la même chose ? Ou vu de l’autre côté, pourquoi paie­rait-on moins un infor­ma­ti­cien hors Île de France alors qu’en plus les locaux et l’en­ca­dre­ment y coûtent moins cher  pour l’en­tre­prise ?

    Si on consi­dère que c’est unique­ment l’en­tre­prise qui est légi­time à payer le moins possible, pourquoi donc est-ce qu’on conti­nue à tout concen­trer sur Paris ? Je ne vois pas la logique dans tout cela.

    Des entre­prises qui viennent de Paris et qui décident de migrer en région sans en chan­ger les salaires risquent d’avoir un avan­tage compé­ti­tif signi­fi­ca­tif tout en descen­dant leurs coûts (pas sur le salaire, mais sur les locaux, les négo­cia­tions annuelles, les coûts de recru­te­ments…)

    Atten­tion quand vous faites des filtres assez sélec­tifs, la base de réponses reste assez limi­tée.

  • 10 ques­tions posées lors d’en­tre­tiens d’em­bauche chez Apple

    Heureu­se­ment que personne ne me fait passer d’en­tre­tiens d’em­bauche de ce type. Je crois que je ne quali­fie­rai jamais. Voici ce que je me senti­rais réel­le­ment capable de répondre en face à face.

    Heureu­se­ment, on ne m’a jamais, mais alors jamais, posé de ques­tions de ce type. Je trouve ça bien à côté de la plaque quand c’est pensé au premier degré, et assez aléa­toire si c’est pensé au second degré (c’est à dire pour regar­der le pourquoi, le comment et quelle réponse il donne plus que savoir s’il a donné la bonne réponse).

    Je m’y essaye bête­ment :

    Si vous avez 2 oeufs et que vous voulez savoir la hauteur maxi­male à laquelle vous pouvez lâcher un oeuf sans qu’il se brise, comment vous y pren­driez-vous ? Quelle est la solu­tion opti­male ? – poste de Soft­ware Engi­neer

    Je cherche sur Inter­net. Et j’es­père qu’il n’at­tend pas « je le lâche de plus en plus haut jusqu’à ce que le premier casse » parce que même en alter­nant les deux œufs, non seule­ment on va les fragi­li­ser au fur et à mesure, mais en plus les résul­tats seraient bien trop aléa­toires en fonc­tion de comment ils atter­rissent pour prétendre avoir un résul­tat fiable.

    Combien d’en­fants naissent chaque jour ? – poste de Global Supply Mana­ger

    Je ne sais pas, mais je suis capable de trou­ver cette infor­ma­tion si besoin.

    Vous dispo­sez de 100 pièces posées à plat devant vous sur une table, chacune avec un coté « face » et un coté « pile ». 10 d’entre-elles ont le côté « face » vers le haut, les 90 autres ont le côté « pile ». Vous ne pouvez d’au­cune manière voir ou sentir quelles pièces ont le côté « face » et quelles pièces ont le côté « pile ». Sépa­rez les pièces en 2 tas de manière à ce qu’il y ait le même nombre de pièces avec le côté « face » dans chaque tas. – poste de Soft­ware Engi­neer

    Certains trou­ve­ront peut-être la solu­tion mais je crains que ça ne filtre surtout ceux qui connaissent le truc ou qui ont le déclic sur place. Le problème c’est que si ceux qui ont d’eux-même le déclic ont bien une capa­cité d’ana­lyse inté­res­sante, ça ne dit rien sur la majo­rité qui reste : ceux qui n’ont pas su trou­ver mais qui sont pour beau­coup tout aussi capables.

    Je pense que j’au­rais triché, et proposé de mettre les piles hori­zon­tales, sur la tranche. Tricher c’est mal, mais ça s’ar­gu­mente : là je réponds au besoin réel­le­ment exprimé.

    Il y a trois boîtes, une ne contient que des pommes, l’autre que des oranges et la dernière contient un mélange de pommes et d’oranges. Les boîtes ont mal été iden­ti­fiées, ce qui induit qu’au­cune d’entre elles n’a le nom corres­pon­dant à son véri­table contenu. En ouvrant une boîte unique­ment, et sans regar­der son contenu, vous prenez un fruit à l’in­té­rieur. En regar­dant le fruit que vous venez de prendre, comment pouvez-vous immé­dia­te­ment iden­ti­fier les trois boîtes ? – poste de Soft­ware Quality Assu­rance Engi­neer

    Je la pose­rai à mon fils quand il sera en école primaire celle là. Je ne peux qu’es­pé­rer que ce que cherche ici le recru­teur c’est véri­fier qu’on sait expliquer et prou­ver que notre solu­tion couvre tous les cas au lieu de se baser sur notre compré­hen­sion intui­tive. Ce serait effec­ti­ve­ment une compé­tence très perti­nente pour un ingé­nieur QA.

    Si par contre le recru­teur reste au premier degré et que c’est leur niveau d’exi­gence pour un ingé­nieur, ce sera sans moi. Le pire c’est qu’a­vec le stress ou simple­ment si on ne voit pas le truc, même quelqu’un de très intel­li­gent peut ne pas savoir répondre à une ques­tion basique. Très mauvaise ques­tion si c’est bien ça qu’on attend.

    Comment pour­riez-vous répar­tir le coût de ce stylo ? – poste de Global Supply Mana­ger

    Je ne suis pas certain de comprendre la ques­tion, savoir si on parle de répar­tir entre le coût d’achat, de trans­port, de stockage, de négo­cia­tion, etc. ou si on parle de répar­tir entre le bouchon, la bille, le tube, etc.

    L’in­ti­tulé du poste me fait penser qu’on est plutôt dans le premier type de répar­ti­tion. Dans ce cas un expé­ri­menté aura proba­ble­ment une idée des ordres de gran­deur. Sinon : « je cherche sur Inter­net ». Oui, c’est la réponse magique mais c’est réel­le­ment la réponse.

    Êtes-vous intel­li­gent ? – poste de Build Engi­neer

    Oui selon la défi­ni­tion la plus clas­sique de l’in­tel­li­gence et dans sa clas­si­fi­ca­tion rela­tive à la popu­la­tion humaine récente, mais est-ce cette défi­ni­tion et cette clas­si­fi­ca­tion qui est réel­le­ment recher­chée ?

    J’ai peur que cette ques­tion soit plus une ques­tion humaine, donc la réponse varie telle­ment en fonc­tion du stress, de l’his­toire et du carac­tère de la personne qu’elle en devienne assez peu perti­nente – même s’il s’agit juste­ment de comprendre le carac­tère de la personne.

    Qu’un recru­teur me demande ça est un point néga­tif dans l’in­ter­view.

    Vous posez un verre rempli d’eau sur une platine vinyle et vous augmen­tez progres­si­ve­ment la vitesse. Qu’ar­rive-t-il en premier – est-ce que le verre tombe de la platine, se renverse dessus ou est-ce que de l’eau est éjec­tée du verre ? – poste de Mecha­ni­cal Engi­neer

    Quel verre, quelle platine, quelle vitesse, quel niveau d’eau dans le verre, quelle progres­si­vité, quelle posi­tion initiale sur la platine ? Si c’est une ques­tion liée à un projet réel, la solu­tion la plus perti­nente est réel­le­ment de mettre en test, même si on a une réponse théo­rique à dispo­si­tion.

    S’il faut faire une réponse au jeté, si on a une progres­si­vité parfaite avec une accé­lé­ra­tion constante la plus faible possible, sauf erreur de ma part le verre va glis­ser jusqu’à sortir de la platine.

    Quelle est la chose la plus impor­tante entre régler le problème du client ou lui offrir une expé­rience client satis­fai­sante ? – poste d’Apple At Home Advi­sor

    Je n’ima­gine pas que le client puisse consi­dé­rer avoir une expé­rience satis­fai­sante si son problème n’est pas réglé. Inver­se­ment, je ne vois pas pourquoi régler son problème indui­rait une mauvaise expé­rience.

    Ques­tion au recru­teur : a-t-il un cas concret où il est néces­saire d’ar­bi­trer entre ces deux valeurs afin de pouvoir lui présen­ter une solu­tion adap­tée ?

    Si l’on vous donne un bocal avec un mélange de pièce normale et de pièces truquées, que vous en piochez une, que vous la faites sauter 3 fois et que vous obte­nez comme séquence de résul­tats : face, face et pile, quelles sont les chances pour que la pièce que vous avez tirée au hasard soit normale ou truquée ? – poste de Lead Analyst

    Ne sachant pas ce quel est le compor­te­ment d’une pièce truquée (est-ce qu’elle est censée donner plus de face ou plus de pile ? toujours ou simple­ment plus souvent ? si c’est juste plus souvent, quelles sont les proba­bi­li­tés asso­ciées ?) il n’y a pas de réponse.

    À défaut de plus d’in­di­ca­tion, la proba­bi­lité dépend de la propor­tion de pièces truquées et normales.

    Comment teste­riez-vous un grille-pain ? – poste de Soft­ware Quality Assu­rance Engi­neer

    Quelles sont les qualité et niveau d’exi­gence atten­dus sur ce grille-pain ? Quels sont les défauts les plus courants ou corri­gés récem­ment ?

  • Conti­nuous Deli­very: The Dirty Details

    Il n’y a rien d’ex­cep­tion­nel­le­ment nouveau mais ça permet quand même de prou­ver certaines pratiques : Préfé­rer des déploie­ments en perma­nence plusieurs fois par jour plutôt que de faire un événe­ment une fois de temps en temps à date program­mée avec vrai proces­sus autour.

  • Your Best Employees Will Quit. Here’s What To Do About It.

    And you’re willing to make a lot of sacri­fices in the pursuit of that goal.

    Do you realize how insane it is to expect that of lite­rally anyone else who isn’t a co-foun­der?

    — Groove

    Le reste de l’ar­ticle ne m’a pas paru trans­cen­dant mais cette phrase a beau­coup d’écho chez moi.

    L’im­pli­ca­tion

    Le serveur tombe en plein week-end ? l’ac­ti­vité néces­site un petit déve­lop­pe­ment imprévu dans la jour­née de manière vrai­ment impé­rieuse ? Je sais que ce n’est pas un du, mais j’ap­pré­cie de travailler avec des gens et des équipes suffi­sam­ment impliquées pour savoir parti­ci­per dans ces moments.

    Je pour­rais dire que c’est compensé sur les condi­tions de travail souples que nous avons dans notre métier, entre les horaires non fixes, la capa­cité de télé­tra­vail et la possi­bi­lité d’avoir un effi­ca­cité très variable sans contre­maitre pour faire la police de ce qui est produit.

    En réalité tout ça est complexe, je ne sais pas si l’un compense l’autre, ou même si compa­rer les deux a un sens et si c’est une bonne chose de le penser ainsi. Je sais juste que parfois il y a des impré­vus ou des besoins non struc­tu­rels, ponc­tuels et limi­tés, et que je ne saurais pas travailler avec des gens qui s’en détournent.

    Et l’ex­ploi­ta­tion

    Si la phrase fait écho c’est pour l’autre partie : quand la demande de sacri­fice ou le coup de bourre est long, struc­tu­rel, lié à l’ac­ti­vité de la société, au cycle commer­cial, voire à la survie de la boite.

    Et là, pour un non-action­naire, celui à qui on demande le sacri­fice n’est pas celui qui en béné­fi­ciera, ou alors indi­rec­te­ment et sans garan­tie. Le « sacri­fie-toi pour que je puisse garder ou augmen­ter le capi­tal qu’est la société » sonne faux.

    On peut argu­men­ter que tout le monde est dans le même bateau, que ça sauve­garde des emplois, que ça permet­tra des jours meilleurs, ou que ça se reflè­tera sur l’in­té­res­se­ment d’en­tre­prise ou sur les BSPCE. Pour autant, même quand on y croit – il n’y a aucun enga­ge­ment – c’est un mélange des rôles.

    Au final il s’agit d’évi­ter à l’ac­tion­naire de réin­ves­tir finan­ciè­re­ment dans la société pour payer du travail en plus – celui des sala­riés exis­tants sous forme de primes ou heures supplé­men­taires, de pres­ta­taires exté­rieurs ou de nouvelles embauches – ou d’évi­ter de donner une part de son capi­tal en échange de l’in­ves­tis­se­ment d’un tiers – inves­tis­se­ment en monnaie pour des finan­ciers ou en travail pour des employés.

    Présenté sous cet angle c’est déjà bien moins accep­table. S’il n’y a pas de finance pour des primes, le mini­mum est alors de donner une part (supplé­men­taire) du capi­tal que les employés vont contri­buer à sauve­gar­der ou faire fruc­ti­fier par du travail supplé­men­taire. Pas de promesses, des chiffres couchés sur contrat.

    Il ne s’agit pas de tout monnayer, il s’agit juste d’être clair sur les rôles de chacun, action­naire et sala­rié, et que le retour soit à la hauteur de l’in­ves­tis­se­ment respec­tif.