Catégorie : Vie professionnelle

  • Et si ça tombe ?

    Oui, si ça tombe il faut des gens pour inter­ve­nir en dehors des heures habi­tuelles. Sauf infra­struc­ture de folie qui permet d’avoir des gens 24/7 devant un écran à travailler, ça veut dire faire des astreintes.

    Et là je me pose des ques­tions pour faire ça bien. Comment est-ce que ça se passe chez vous ?

    • Vous tour­nez sur quelle durée ? tous les jours, toutes les semaines, ou en sépa­rant le week-end du reste de la semaine ?
    • Vous tour­nez à combien de personnes ? deux, trois, quatre ou plus ? comment les congés de chacun sont-ils gérés ?
    • Votre temps d’as­treinte est-il rému­néré ou compensé ? Comment ? Combien ? Cela comprend-il un forfait d’in­ter­ven­tion mini­mum ?
    • Quels sont les règles établies (même impli­ci­te­ment) en terme de délai de réponse et d’in­ter­ven­tion ?
    • Avez-vous une astreinte qui s’oc­cupe de l’ap­pli­ca­tion en paral­lèle de l’as­treinte liée à la plate­forme/système ? Si oui, est-ce deux équipes sépa­rées ou les mêmes personnes ?
    • Il y a-t-il d’autres points non listés dans votre fonc­tion­ne­ment ? (règles, horaires, repos, maté­riel, orga­ni­sa­tion)

    Vous pouvez répondre ici (il suffit de mettre un email inconnu pour que le commen­taire reste privé jusqu’à ce que je le liste, préci­sez-le si vous voulez que le commen­taire ne soit pas publié).


    Afin de préci­ser, je parle d’as­treinte, donc être joignable en cas d’in­ci­dent majeur ayant un impact tel qu’une inter­ven­tion ne peut attendre la prochaine heure de travail habi­tuelle. Si l’in­ter­ven­tion elle-même peut parfois simple­ment être de véri­fier et décla­rer que le problème peut attendre, il ne s’agit pas d’être en direct des utili­sa­teurs à faire du support niveau 1 « ça marche pas », qui est un tout autre métier.

  • Retro­mat – inspi­ra­tion & plans for (agile) retros­pec­tive

    En panne sur les rétros­pec­tives ? Envie de redon­ner un peu de souffle et d’en­train ?

    Florie m’a fait passer un lien vers Retro­mat, je vous recom­mande de jouer avec. Plein d’idées pour réflé­chir.

    Plan­ning your next retros­pec­tive? Get star­ted with a random plan, tweak it, print it and share the URL. Or just browse around for new ideas!

    Sur le même sujet : Fun retros­pec­tives Acti­vi­ties and ideas for making agile retros­pec­tives more enga­ging

  • The B Corp Decla­ra­tion

    We envi­sion a global economy that uses busi­ness as a force for good.

    This economy is compri­sed of a new type of corpo­ra­tion […] – Which is purpose-driven and creates bene­fit for all stake­hol­ders, not just share­hol­ders.

    […] we believe:

    • That we must be the change we seek in the world.
    • That all busi­ness ought to be conduc­ted as if people and place matte­red.
    • That, through their products, prac­tices, and profits, busi­nesses should aspire to do no harm and bene­fit all.
    • To do so requires that we act with the unders­tan­ding that we are each dependent upon another and thus respon­sible for each other and future gene­ra­tions.

    — The B Corp Decla­ra­tion

    Pour moi c’est sacré­ment impor­tant.

    J’ai la chance d’avoir le choix de là où je travaille, ou plutôt de pouvoir refu­ser de travailler dans les entre­prises qui ne corres­pondent pas à mes valeurs. Cette décla­ra­tion corres­pond fina­le­ment assez bien à mon critère.

    Chaque choix a un coût, et rien n’est parfait ou magique, mais que faites-vous de votre côté pour aligner vos valeurs et vos actions ?

     

  • C’est un peu ma rentrée des classes à moi

    Je suis arrivé avec un peu de stress à cause du nouvel envi­ron­ne­ment mais heureux de me remettre au travail. J’ai ouvert mon cahier à spirales, préparé un stylo bleu et un stylo noir – le genre rétrac­table, je déteste les bouchons qui se perdent – avant de régler ma chaise. J’ai aussi rencon­tré plein de nouveaux cama­rades de jeux. Je n’ai pas encore mangé à la cantine sur la grande table en bois massif avec les autres, mais ça ne saurait tarder.

    Bref, j’ai commencé de nouvelles aven­tures cette semaine à La Ruche Qui Dit Oui. Je vais y aider les équipes tech­niques et produit dans leur mission : élabo­rer les outils pour rassem­bler produc­teurs et commu­nau­tés de consom­ma­teurs, via des circuits courts.

    La Ruche Qui Dit Oui

    Chaque nouvelle aven­ture amène son lot de compro­mis mais ici j’ai la chance de me dire que je ne travaille pas dans la finance, sur la base de reve­nus publi­ci­taire ou en exploi­tant les données person­nelles des gens – et c’est impor­tant. À ma petite échelle, je fais même avan­cer le monde dans un sens qui me plait, en favo­ri­sant les circuits courts locaux et les inter­ac­tions entre les gens – et ça aussi c’est impor­tant.

    Bien entendu, La Ruche recrute. Côté tech il n’y a aucune recherche active en cours, mais ça n’em­pêche pas de discu­ter si vous êtes la personne qui nous corres­pond.

    Et si vous veniez faire un tour, vous inscrire à une ruche locale, favo­ri­ser les circuits courts et directs avec les produc­teurs ?

     

  • Un CV pour répondre à une annonce d’em­ploi

    Recru­teur, je regarde s’il y a adéqua­tion entre :

    1. Ce que le candi­dat recherche
    2. Ce qu’il a comme expé­rience et/ou compé­tence
    3. Ce que je propose/recherche

    Les CVs que je vois mettent bien en valeur ce que le candi­dat a comme expé­rience ou compé­tence, parfois ce qu’il recherche, mais trop peu tentent de montrer l’adé­qua­tion avec ce que le recru­teur propose ou recherche.

    C’est pour­tant essen­tiel. Juger d’une candi­da­ture est très diffi­cile. Le premier tri pour savoir qui prendre en entre­tien se fait unique­ment sur quelques lignes d’in­tro­duc­tion et un CV, avec une déci­sion prise en à peine quelques minutes.

    S’il y a une annonce, il faut iden­ti­fier les points impor­tants pour la société, pour le poste, pour l’équipe. Pour mettre toutes les chances de votre côté, tous ces points impor­tants *doi­vent* être mis en valeur dans le CV (à condi­tion qu’ils corres­pondent à votre expé­rience et vos compé­tences, bien entendu).

    Ça veut dire appro­fon­dir les détails de l’ex­pé­rience qui corres­pond le plus, ne pas hési­ter mettre en gras les bons mots-clefs, et préfé­ra­ble­ment utili­ser exac­te­ment le même terme que l’an­nonce elle-même pour ces mots-clefs impor­tants. L’idéal est même de travailler le titre du CV (le poste recher­ché) spéci­fique­ment en réponse à l’an­nonce.

    Il ne s’agit pas de tricher ou de faire du marke­ting, il s’agit de choi­sir ce qui est impor­tant à mettre en valeur ou à sélec­tion­ner vis à vis de cette candi­da­ture spéci­fique. L’objec­tif est de démon­trer instan­ta­né­ment au recru­teur que vous corres­pon­dez à sa recherche mais aussi que vous avez compris ce dont il a besoin. La suite se fera via les entre­tiens.

    Des profils parfaits reje­tés par erreur à cause d’un CV trop géné­rique ça arrive proba­ble­ment fréquem­ment, et c’est dommage pour tout le monde. Si vous répon­dez à deux annonces avec exac­te­ment le même CV, c’est plutôt mauvais signe :

    Inves­tir du temps pour répondre préci­sé­ment au poste visé est à mon humble avis un inves­tis­se­ment large­ment rentable. Ne passez pas à côté.

    Sérieu­se­ment, rien de pire qu’un CV hyper géné­rique qui fina­le­ment ne donne aucune vraie info, et où on se demande si ce que va cher­cher le candi­dat est vrai­ment ce qu’on peut lui offrir. Le candi­dat a toutes les chances d’être rejeté avant même l’en­tre­tien, ou d’être convoqué dans derniers unique­ment si les autres n’ont rien donné.

  • Je paye beau­coup plus d’im­pôts depuis que je suis aux États-Unis

    La France est un para­dis fiscal. […] C’est rela­ti­ve­ment facile d’opé­rer une entre­prise en France […] Quand je suis arrivé aux États-Unis j’ai rencon­tré des diffi­cul­tés simi­laires [admi­nis­tra­tives] dans leur complexité. […] Je paye beau­coup plus d’im­pôts depuis que je suis aux États-Unis

    Un entre­pre­neur qui a fait les deux, qui dit que la tracas­se­rie admi­nis­tra­tive française est sur-évaluée, que les impôts sont en réalité plus forts aux États-Unis… ça change. Ajou­tez le coût de main d’œuvre dans les NTIC ou le coût des locaux dans la Sili­con Valley…

    Mais on préfère toujours de plaindre, ça donne des excuses, ça permet d’avoir un peu plus d’aides et de justi­fier quelques opéra­tions peu éthiques.


    Jérôme Lecat (Scality): « Vous ne vous rendez…

  • La réalité de ce que je sais

    On connait tous l’image qui montre que « ce que l’on connait » et « ce que l’autre connait » ne sont pas inclus l’un dans l’autre. Celle-ci est telle­ment plus éclai­rante sur le pourquoi on ressent quand même ce senti­ment idiot d’im­pos­teur.

    (source incon­nue, comme toutes ces images qui circulent partout)

  • Prime sur objec­tif

    J’es­père qu’elle me pardon­nera d’avoir repris le dessin verba­tim. La version lisible grand format est chez Ellène Siber Dijoux. À partir d’une inter­ven­tion de Ludo­vic Cinquin à Devoxx

    Et ça rejoint tota­le­ment mes réflexions précé­dentes.

  • Mettre en produc­tion le vendredi

    L’idée de base c’est que s’il se passe quelque chose d’im­prévu, les veilles de jours chômés sont les moins bons jours pour cela.

    Au pire on ne le détecte pas et on a une catas­trophe à gérer au retour. Au mieux on le détecte et on fait inter­ve­nir les personnes d’as­treinte. Dans les cas inter­mé­diaires il faut faire déran­ger l’équipe opéra­tion­nelle pendant les jours de repos, ce qui n’est pas idéal non plus. Rien de très atti­rant.

    Et s’il y a des centaines de mini-déploie­ments réus­sis par jour ? des tests unitaires, un déploie­ment auto­ma­tisé, un triple envi­ron­ne­ment iso dev / test / prod, une capa­cité de reve­nir à la version anté­rieure sur simple requête, et un moni­to­ring complet … ?

    Génial. C’est un bon objec­tif qui améliore sacré­ment le niveau de confiance.

    Main­te­nant on ne parle pas niveau de risques, on parle équi­libre de risques. Si le risque d’em­mer­de­ment est faible mais que le béné­fice d’une livrai­son le vendredi soir plutôt que le lundi matin est encore plus faible… autant attendre.

    Cet équi­libre seul vous pouvez le connaitre, mais ne vous leur­rez pas quant à votre couver­ture de test. Elle ne couvre que ce que vous avez pensé à couvrir. La ques­tion n’est pas de savoir si vous aurez des problèmes mais de quand vous les aurez, et dans quelles condi­tions.

    Du coup oui, j’ai tendance à conseiller par défaut d’évi­ter de livrer dans les périodes qui arrangent le moins. Les fins de jour­née les veilles d’opé­ra­tions tech­niques plani­fiées impor­tantes, vendre­dis après midi, veilles de jours chômés, et quelques dates très spéci­fiques genre autour de Noël pour le e-commerce.

    Ça ne veut pas dire « on ne bosse pas » (on peut même livrer en pré-produc­tion), ça ne veut même pas dire « on ne livre pas » (parfois le rapport béné­fice/risque est assez haut, par exemple pour des correc­tifs), ça veut juste dire « ne pas faire comme si rien ne pouvait se passer » et garder une vision objec­tive de la situa­tion – impact d’un imprévu compris.

  • À la pour­suite des objec­tifs

    J’ai vu des commer­ciaux tenter par tous les moyens d’avan­cer la factu­ra­tion ou la signa­ture de clients pour faire rentrer le chiffre corres­pon­dant dans la période en cours et atteindre l’objec­tif.

    (même si vous ne lisez pas tout, plani­fiez de regar­der les deux vidéo de 10 et 2 minutes, vrai­ment)

    objec­tifs, pour le pire et…
    surtout le pire

    Une part impor­tante de l’éner­gie était dépen­sée non à signer ou factu­rer, mais à avan­cer ces évène­ments de quelques semaines. La valeur ajou­tée est faible pour l’en­tre­prise. C’est autant d’ef­forts et de fatigue qui sont perdus pour réali­ser de nouveaux contrats.

    Bien entendu, pour y réus­sir, on grille quelques faveurs, on fait des remises excep­tion­nelles qu’on aurait pu éviter, et on signe des contrats discu­tables au niveau de la renta­bi­lité. Peu importe, ça permet de joindre l’objec­tif. Là on est dans une une perte directe pour l’en­tre­prise.

    Il faudra recom­men­cer la période suivante mais il y faudra en plus compen­ser les projets qui manquent, ceux qui ont été avancé à la période précé­dente. Magni­fique effet boule de neige et fuite en avant. Jusqu’à épui­se­ment ou effon­dre­ment.

    Je ne l’ai pas vu une seule fois. Je l’ai vu dans trois entre­prises diffé­rentes, avec des gens diffé­rents, dans des contextes rela­ti­ve­ment diffé­rents.

    Ne croyez pas qu’il s’agisse unique­ment d’une culture commer­ciale : J’ai vu des chefs de projet trai­ter ou ne pas trai­ter les anoma­lies – voire ne pas les enre­gis­trer – unique­ment pour opti­mi­ser les résul­tats en fonc­tion des objec­tifs, au détri­ment du projet lui-même. J’ai vu des mana­gers deman­der à leurs colla­bo­ra­teurs de tricher dans les rapports d’ac­ti­vité – faus­sant du même coup la factu­ra­tion et le contrôle de gestion – pour tenir les objec­tifs.

    Je ne saurais même pas dire combien j’ai vu de colla­bo­ra­teurs, de l’exé­cu­tant au direc­teur, travailler au détri­ment de l’in­té­rêt de l’en­tre­prise unique­ment pour atteindre les objec­tifs fixés, qu’ils soient person­nels ou collec­tifs.

    Je n’ai par contre jamais vu d’ef­fet posi­tif, et je dis bien jamais. Peut-être ai-je toujours eu la chance de travailler avec des gens respon­sables qui ont toujours cher­ché d’eux-même l’in­té­rêt de l’en­tre­prise quand ils n’avaient pas instruc­tion de faire autre­ment (et parfois même malgré les instruc­tions de faire autre­ment), qu’ils aient des objec­tifs ou pas.

    Netflix s’ef­force de ne recru­ter que des “adultes respon­sables” : ils parle­ront ouver­te­ment des problèmes qu’ils rencontrent à leurs collègues et leurs supé­rieurs et jamais n’abu­se­ront des avan­tages qui leur sont donnés. La confiance érigée en valeur supé­rieure entraîne des pratiques diffé­rentes en matière de contrôle. Ainsi, on part du prin­cipe que les employés dépensent l’argent de l’en­tre­prise comme s’il s’agis­sait du leur et on contrôle moins les notes de frais. Si l’em­ployé prend des vacances, c’est qu’il en a besoin et qu’il sera plus perfor­mant après s’être reposé.

    Les primes habi­tuel­le­ment distri­buées dans les grandes entre­prises sont aban­don­nées car elles n’amé­liorent pas la perfor­mance des “adultes respon­sables” qui, payés au juste prix du marché, sont de toute manière déjà inté­res­sés au succès de l’en­tre­prise qu’ils servent. Ils ont décidé eux-mêmes de la part du salaire et des stock options dans leur rému­né­ra­tion, en fixant l’équi­libre corres­pon­dant le mieux à leurs besoins et à leur degré d’aver­sion au risque

    — RH, le modèle Netflix

    Une stra­té­gie claire et expliquée, un suivi par le mana­ger ou par l’équipe pour garder la moti­va­tion, un envi­ron­ne­ment qui permet la confiance, l’au­to­no­mie, des moyens adap­tés, une rému­né­ra­tion décente et un droit à l’er­reur… ça vaut tous les objec­tifs du monde.

    rému­né­ra­tion variable, arme fatale

    La pres­sion du mana­ge­ment suffit le plus souvent à obte­nir les dérives citées en début de texte mais si en plus on rému­nère le compor­te­ment par des bonus… vous vous doutez bien qu’il va y avoir du répon­dant.

    Jusque là les exemples restent assez soft.

    J’ai aussi vu des commer­ciaux faire des signa­tures pour les annu­ler ensuite – avec péna­li­tés – un peu après le calcul d’at­teinte des objec­tifs. J’ai vu des mana­gers modi­fier après coup les impu­ta­tions des mois ou années précé­dentes pour obte­nir de faux résul­tats. J’ai vu des direc­tions déca­ler des primes et des rému­né­ra­tions variables de plusieurs mois pour tenir l’objec­tif de résul­tat net. J’ai vu des chefs de projet livrer des projets incom­plets ou avec des trous béants unique­ment pour tenir la date.

    J’ai vu de nombreuses choses illé­gales ou simple­ment très immo­rales, toutes au détri­ment de l’in­té­rêt de l’en­tre­prise mais dans l’in­té­rêt de la rému­né­ra­tion variable de leur auteur.

    Vous pour­riez me dire qu’un variable sur objec­tif signi­fi­ca­tif permet au moins de moti­ver et d’as­su­rer une meilleure produc­ti­vité. Vous auriez tort.

    Il y en a même une seconde depuis :

    We find that finan­cial incen­tives can result in a nega­tive impact on overall perfor­mance

    — Dr. Bernd Irlen­busch, London school of econo­mics

    Parfois les faits, quand ils sont analy­sés froi­de­ment, ne valident pas le ressenti et l’in­tui­tion : Plus la prime à l’objec­tif est forte, moins nous sommes produc­tifs. L’argent n’est pas source de moti­va­tion, c’est son manque qui est source de démo­ti­va­tion (hey! non, ça ne veut pas dire la même chose, pensez-y).

    À défaut de permettre de meilleurs résul­tats, et en plus de provoquer des dysfonc­tion­ne­ments voire des actions contre-produc­tives dans l’en­tre­prise, on ajoute surtout de la démo­ti­va­tion et du stress.

    Le stress pour cher­cher à atteindre les objec­tifs court terme (qui remplace celui de faire son travail le mieux possible, sur le long terme). Le stress de savoir si la prime sera bien versée (et ce d’au­tant plus si le mana­ge­ment n’a pas toujours été très clean, même si ce n’est qu’en appa­rence). On cherche à courir des sprints épui­sants alors que l’en­tre­prise devrait être une course de fond qui se mesure dans la durée.

    Mais aussi la démo­ti­va­tion quand les objec­tifs ne sont pas atteints et la prime non versée (alors que si la prime n’avait simple­ment pas été prévue, à rému­né­ra­tion iden­tique, il n’y aurait pas eu démo­ti­va­tion) – démo­ti­va­tion démul­ti­pliée si le colla­bo­ra­teur a l’im­pres­sion de ne pas avoir été entiè­re­ment en contrôle des résul­tats et en moyen de les atteindre. Même effet si la prime est quand même fina­le­ment versée (trop tard, l’ef­fet néga­tif a déjà eu lieu car anti­cipé, au mieux on arri­vera à un solde de moti­va­tion neutre mais pas une moti­va­tion posi­tive due à la récep­tion de la prime).

    La démo­ti­va­tion est d’ailleurs valable indé­pen­dam­ment de l’ori­gine de la prime. Qu’elle soit sur objec­tifs person­nels, objec­tifs collec­tifs ou inté­res­se­ment aux béné­fices, elle intro­duit un stress dès qu’elle est atten­due ou espé­rée, puis une démo­ti­va­tion en cas d’an­nu­la­tion ou un effet posi­tif extrê­me­ment court terme en cas de verse­ment. (quant à ceux qui croient encore au stress posi­tif : vous êtes dange­reux et vous n’en avez pas conscience).

    The facts are abso­lu­tely clear. There is no ques­tion that in virtually all circum­stances in which people are doing things in order to get rewards, extrin­sic tangible rewards under­mine intrin­sic moti­va­tion.

    — New Scien­tist 9th April 2011. pp 40–43

    cas de conscience

    Le pire arrive quand l’em­ployé commence à avoir le choix entre réali­ser ce qu’il sait être dans l’in­té­rêt de l’en­tre­prise et réali­ser ce qui est inscrit sur ses objec­tifs. Comme les objec­tifs sont fixés plusieurs mois à l’avance et ne s’en­combrent pas des détails, ça arrive régu­liè­re­ment.

    Certains choi­si­ront leurs objec­tifs. Vous venez de leur dire que travailler pour l’en­tre­prise n’est pas dans leur inté­rêt, et de leur prou­ver qu’ils ont raison. Les rembarquer va être très diffi­cile.

    D’autres choi­si­ront l’in­té­rêt de l’en­tre­prise et vous allez les sanc­tion­ner pour ça en leur refu­sant leur prime. Au mieux ils devront s’en justi­fier auprès de leur direc­tion pour que vous allouiez quand même la prime de façon discré­tion­naire. Ça sera quand même trop tard. Ils devront se battre pour avoir le droit de privi­lé­gier l’en­tre­prise.

    Ça fonc­tionne une fois, deux fois, peut-être trois. Ensuite ça finit en rési­gna­tion et désillu­sion. Ça peut finir en burn-out, en démis­sion, ou en rési­gna­tion et désim­pli­ca­tion. Une fois que vous aurez perdu ceux qui ont essayé par bonne volonté, les récu­pé­rer est mission impos­sible.


    Seule solu­tion : la prime excep­tion­nelle surprise, qui elle aura un effet unique­ment posi­tif, long terme. Malheu­reu­se­ment elle finira par être atten­due si elle devient fréquente ou régu­lière.