Mes signatures e-mail deviennent de plus en plus brèves. Je signe d’un double tiret et de mes nom et prénom, parfois uniquement le prénom.
C’est déjà totalement superflu – mon nom est déjà indiqué comme expéditeur, et mieux mis en valeur dans n’importe quel logiciel de lecture email que ne le sera jamais la signature – mais je continue par habitude, pour faire comme tout le monde, un peu par peur qu’on me reproche l’impolitesse une absence totale qui ne serait pas encore dans les usages. Un jour j’abandonnerai quand même probablement le peu que je garde, vue l’absence totale de valeur.
Oui, c’est l’usage, mais cet usage de signatures longues et inutiles m’agace significativement, au point qu’il serait malhonnête que j’impose moi-même aux autres plus que le strict minimum. Je remarque d’ailleurs que les conversations les plus collaboratives que j’ai se font souvent avec des échanges sans signature. On se présente une fois, la première, pas à chaque fois qu’on se parle.
Parfois j’indique le nom de la société, quand je n’ai pas d’interaction assez fréquente avec mon interlocuteur pour qu’il sache qui je suis, mais finalement je m’en passe souvent.
Quant au titre, quand bien même mon interlocuteur ne le connais pas déjà, j’en n’en vois souvent plus la valeur. Je l’ajoute encore souvent par principe quand je précise la société, mais je suis mal à l’aise.
Je valorise ce que les gens font et leur rôle dans la discussion, pas leur titre ou leur rôle dans leur propre société. Est-ce vraiment important que je sois CTO, développeur ou chef de projet ? Ce n’est pas ma façon de voir la collaboration et je ne précise mon titre que quand je veux artificiellement donner du poids, impressionner ou jouer sur le côté hiérarchique, parfois sur des communications plus formelles.
Je déteste le parties marketing, annonces d’événements, logos et banières dans les signatures. C’est une plaie dans les échanges un peu long, ça n’apporte rien, et ça transforme chaque message en signal commercial publicitaire. Là encore, peut-être parce que ce n’est pas mon rôle premier, j’ai l’impression que ça fait plus de mal que de bien. Je déteste en recevoir, je ne l’imposerai pas à mes interlocuteurs.
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Il reste l’adresse et le téléphone, oui. Et là il y a un sujet intéressant sur les outils. Pourquoi donnerais-je l’adresse des locaux et mon téléphone ?
J’utilise pourtant bien plus la vidéo conférence par hangout que le téléphone. Quant à recevoir des courriers, je crois que les seuls que j’ai reçu depuis mon arrivée dans la société sont des cartons publicitaires et cartes de vœux.
Mes outils sont asynchrones, électroniques. En interne tout ou presque se fait par Slack. L’externe se fait essentiellement par email, parfois par vidéo-conférence.
Ce n’est pas qu’une lubie. Utiliser le téléphone comme outil principal impliquerait d’avoir un bureau dédié pour ne pas déranger les tiers et de laisser les gens sur messagerie pour ne pas être interrompu en permanence.
Par dessus tout, ça ne fonctionnerait pas dans une organisation collaborative. L’email ou la messagerie permettent de s’adresser à un groupe, avec plusieurs personnes et pas que le-chef-qui-décide. Le cas échéant ces outils permettent de se renseigner pour ensuite répondre de façon éclairée, en asynchrone, ou de faire suivre à la bonne personne.
C’est encore plus vrai pour moi qui ai une vision de facilitateur et d’organisateur, pour coordonner et permettre aux équipes de travailler plutôt que pour décider et faire exécuter. Le bon interlocuteur qui sait et qui agit, c’est rarement moi. Je fais même tout pour que ce ne soit pas moi.
Un coup de fil impromptu à partir du numéro trouvé en signature ? Mais ce serait totalement contre-productif pour tout le monde. En échange je suis réactif pour au moins lire les messages et y répondre immédiatement quand c’est urgent.
Parfois je discute par téléphone, parfois je rencontre les gens en face à face. Dans ce cas là, les coordonnées sont échangées dans l’invitation, ou explicitement dans la discussion, et ça fonctionne très bien.
Pourquoi diable irais-je préciser tout ça dans mes signatures ? Inciter les gens à me laisser un message audio sur répondeur plutôt que d’écrire un e-mail avec les bons groupes en copie ? Inciter les gens à m’envoyer des lamelles d’abres morts par la poste plutôt qu’un document numérisé par email ? Laisser les gens venir au bureau au hasard sans rendez-vous après avoir deviné le code du portail et la porte à laquelle il faut frapper ? (*)
J’ai plus de vidéo-conférences que de discussions téléphoniques et rencontres physiques réunies. Mettez-vous votre identifiant de vidéo-conférence en signature de vos emails ? Précisez-vous votre email personnel en signature de vos courriers papier ? Pourtant c’est l’équivalent de mon côté du téléphone en signature d’email.
En échange je donne mon email, facilement. Il me sert pour discuter, pour envoyer et recevoir des documents, et même d’identifiant pour les vidéo-conférences.
C’est une question de canaux d’échange. Mes outils ne sont plus le téléphone et le courrier. Ça n’aurait juste pas de sens de les répéter à chaque fois que j’échange deux lignes avec quelqu’un.
(*) Pour les non parisiens : oui, à Paris il faut souvent un premier code portail pour accéder aux interphones. Ici précisément nous n’avons non seulement pas d’interphone mais le nom de la société n’apparait nulle part à l’extérieur, pas même sur la porte d’entrée. Venir avec juste une adresse c’est assez aventureux.
Et vous, à quoi ressemblent vos signatures email ? pourquoi ?
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