Catégorie : Politique et société

  • Le prin­cipe de non-loca­tion du corps humain

    Le prin­cipe de non-loca­tion du corps humain

    Le prin­cipe de non-loca­tion du corps humain. Je ne sais pas d’où sort cette idée que l’on n’au­rait pas le droit de gagner de l’argent en mettant son corps à dispo­si­tion d’au­trui, mais il faudra en parler à l’en­semble des travailleurs manuels de ce pays, ça les inté­res­sera beau­coup. Surtout nos mili­taires qui sautent sur des mines en Afgha­nis­tan et nos 56000 ouvriers victimes de mala­dies profes­sion­nelles chaque année. En fait, l’ex­ploi­ta­tion de l’Homme par l’Homme, et notam­ment de son corps, c’est un peu la base du capi­ta­lisme et jusqu’à l’ar­ri­vée de […], ça ne semblait choquer personne, à l’ex­cep­tion peut-être des syndi­cats. Mais si pour inter­dire […] vous voulez pour rester cohé­rent inter­dire aussi le travail, ça me va, je signe.
    extrait de ad virgi­lium

    J’ai toujours eu du mal avec l’ar­gu­ment « c’est de l’ex­ploi­ta­tion de gens qui n’ont pas le choix » voire « de la loca­tion du corps humain ».

    Une partie impor­tante des travailleurs manuels ne font *que* se soumettre à une exploi­ta­tion physique parce qu’ils n’ont pas le choix pour vivre. Croyons-nous que travailler à la chaîne, dans des fours à plus de 40° ou avec des produits dange­reux se fait par envie ou par amour ?

    Nous louons souvent notre corps, parfois pour la partie physique, parfois pour la partie mentale, souvent au détri­ment de notre santé – si le travail c’est la santé, n’ou­blions pas qu’on nous achète notre travail, et donc notre santé

    Je ne suis pas cynique au point de dire que tout se vaut, donc qu’on doit accep­ter toute exploi­ta­tion humaine simple­ment parce que le prin­cipe est partout autour de nous. Le simple argu­ment ne me suffit par contre pas.

    La ques­tion est de savoir où on trace la limite. C’est bien plus diffi­cile qu’on ne le croit car on utilise au jour le jour plus d’un outil ou d’un service qui exploite autrui dans des condi­tions tota­le­ment inac­cep­tables.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-SA James Vaughan

  • Être un bon ministre de la Culture

    Être un bon ministre de la Culture

    Même si je n’ai pas toujours été tendre avec Fleur Pelle­rin, là, je dois dire que j’ap­puie le cap qu’elle trace. Il faut en finir avec un minis­tère de la Culture sans aucune ligne poli­tique, réduit à être un guichet à subven­tions publiques, desti­nés à des gens qui n’ont aucun sens de la bonne utili­sa­tion des deniers publics, et qui, bien souvent, se moquent éper­du­ment du « grand public ». Si certains veulent faire de l’art d’avant-garde, celui que seule une « élite éclai­rée » peut comprendre et appré­cier, qu’ils le fassent avec leur argent. Mais pas sur fonds publics. Le minis­tère de la culture doit être celui de la diffu­sion de la connais­sance, de la culture pour tous, à commen­cer par ceux qui en ont besoin. La Culture, ce n’est pas seule­ment les grands musées pari­siens et les happe­nings bran­chouille façon festi­val d’Avi­gnon. C’est aussi et surtout les biblio­thèques, les ateliers scolaires dans les musées ou les services d’ar­chives, l’édu­ca­tion artis­tique. Bref, ce qui s’adresse au grand public pour vulga­ri­ser, au sens noble du terme.

    Je ne suis pas d’ac­cord avec d’autres côtés, notam­ment le côté « ministre de l’in­dus­trie cultu­relle qui doit s’oc­cu­per davan­tage d’éco­no­mie que de créa­tion », mais le para­graphe cité est on ne peut plus bien­venu.

    Sans faire réduire tout au marché de masse et en faire l’apo­lo­gie, il est temps d’en finir avec la vue élitisme sous subven­tion de la culture.

    Le reste est chez Authueil.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA Ahmed

  • Rendre la péni­bi­lité suppor­table pour les entre­prises

    Rendre la péni­bi­lité suppor­table pour les entre­prises

    Un groupe de travail plan­chera pour rendre la péni­bi­lité suppor­table pour les entre­prises.
    Emma­nuel Macron, Radio Clas­sique, 02/12/2014

    Un peu d’hu­mour noir ferait remarquer que même au mieux des discus­sions, on a juste prévu de compen­ser légè­re­ment en fin de vie les travaux pénibles aux survi­vants, mais jamais de la rendre suppor­table pour les sala­riés. Ques­tion de valeurs et de prio­ri­tés.

    Quant à ceux qui trou­ve­ront le terme « survi­vant » exagéré (ne vous cachez pas, vous êtes nombreux), je vous propose de regar­der les espé­rances de vie de ces popu­la­tions. On a beau jeu de leur propo­ser une retraite un ou deux ans plus tôt : la plupart n’en profi­te­ront pas, et conti­nue­ront à coûter bien moins cher à la collec­ti­vité que les retraites de tous ces gens aux travaux non-pénibles.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-SA de Ulisse Albiati

  • L’ex rédac­trice en chef du New York Times lance un nouveau média à 100 000 dollars l’ar­ticle

    L’ex rédac­trice en chef du New York Times lance un nouveau média à 100 000 dollars l’ar­ticle

    Je vois vrai­ment la mort de la presse dans la direc­tion qu’elle prend, à ne faire que du format court, reprise des dépêches d’agences, news people et commu­niqués.

    On fait de la poubelle avec de la main d’oeuvre sous-payée, et en siphon­nant les fonds publics. Je ne vois pas comment la société pourra soute­nir long­temps une absence telle de valeur.

    Certains prennent le pas opposé, et si je n’ai pas envie de prendre de paris sur le modèle, c’est assez rafrai­chis­sant de voir que certains croient en l’in­for­ma­tion profonde, de qualité, et bien payée.

    Qualité ou quan­tité ? Visi­ble­ment, Jill Abram­son a fait son choix. Bruta­le­ment licen­ciée en mai après 17 ans passés au sein du pres­ti­gieux New York Times dont trois ans à sa tête, la jour­na­liste de 60 ans a décidé de recom­men­cer à zéro, sur Inter­net cette fois-ci. Son nouveau média, dont ni la date de lance­ment ni le nom ne sont pour le moment connus, ne publiera qu’un seul article par mois, rému­néré 100 000 dollars au jour­na­liste. A ce prix là, la rédac­trice en chef s’at­tend à ce que le pigiste se fende d’un long format d’en moyenne 120 000 signes, le double des plus longs papiers publiés par le célèbre New Yorker

    Photo d’en­tête sous licence CC BY à partir d’un travail de John Ragai

  • L’ob­so­les­cence program­mée existe, je l’ai rencon­trée…

    L’ob­so­les­cence program­mée existe, je l’ai rencon­trée…

    Les écrits avec du recul sur l’ob­so­les­cence program­mée ne sont pas légion. Celui-ci en est un :

    Dès lors, ce serait une faute de concep­tion que de ne pas correc­te­ment ajus­ter les compo­sants puisque cela risque­rait d’oc­ca­sion­ner des retours coûteux au service après vente. C’est ainsi un impé­ra­tif ration­nel que de cali­brer l’en­semble des conden­sa­teurs en sorte qu’ils rendent l’âme le plus possible au même instant…

    […]

    Un tel écart de prix [choix de la durée de vie des compo­sants] était incom­pré­hen­sible pour le client à l’époque et il se trou­vait déjà des écono­mistes néo-libé­raux pour expliquer que le « diffé­ren­tiel » de prix était entiè­re­ment dû à l’écart de coût de main d’œu­vre…

    Au demeu­rant, on conçoit que l’in­dus­trie n’ait pas envie de commu­niquer sur ce para­mètre qui, moyen­nant un calcul actua­riel, permet­trait de compa­rer plus juste­ment les prix…

    En outre, le client est, pour des raisons épis­té­mo­lo­giques, inéluc­ta­ble­ment aveugle sur ce qu’il achète – n’en déplaise aux écono­mistes qui essaient de nous faire croire en la possi­bi­lité d’une trans­pa­rence des marchés. Il pour­rait se sentir « le dindon de la farce » s’il savait que le fabri­cant déter­mine préci­sé­ment la durée de vie espé­rée…

    Je me rappelle aussi cette histoire sur les impri­mantes qui recueillent un tout petit peu d’encre pendant les nettoyages des têtes à l’al­lu­mage. Il y a un bac avec une mousse pour ça, malheu­reu­se­ment non acces­sible. L’im­pri­mante tient un compte du nombre de nettoyages, et refuse le fonc­tion­ne­ment à partir d’un certain nombre prédé­ter­miné, pour éviter que le bac ne déborde.

    *

    Pas besoin de voir un complot des indus­triels. La durée de vie de l’im­pri­mante est connue, mais c’est plus une ques­tion d’éco­no­mie – le bac n’est pas acces­sible pour être vidé – que de volonté de faire raccour­cir le temps d’uti­li­sa­tion.

    Oui le construc­teur défi­nit la durée de vie probable du maté­riel, parce que cette durée de vie a un coût au niveau de la fabri­ca­tion et des compo­sants. Ce n’est pas que pour de l’élec­tro­nique. On peut parler du choix du textile et de son tissage pour les vête­ments.

    Le problème c’est que cette qualité et cette durée de vie sont invi­sibles de la part du client. Les deux critères de vente restent le prix et le marke­ting. Pas éton­nant donc qu’on tende vers des prix bas accom­pa­gnés d’un beau discours, quitte à avoir une qualité de concep­tion en baisse.

    * * *

    Que faire ? Étendre les garan­ties obli­ga­toires (elles sont désor­mais de deux ans). Impo­ser une commu­ni­ca­tion sur la dispo­ni­bi­lité de pièces déta­chées (bien­tôt effec­tif).

    J’ai plus simple, mais ça demande un courage poli­tique : Simple­ment impo­ser au construc­teur de commu­niquer offi­ciel­le­ment sur la durée de vie probable pour le maté­riel à sa connais­sance. Pas d’en­ga­ge­ment autre que la bonne foi, mais au moins on pourra se retour­ner si jamais il y a mauvaise foi.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA à partir d’un travail de Matt Shif­fler

  • Cop Detains Black Man for « Walking With His Hands in His Pockets »

    Cop Detains Black Man for « Walking With His Hands in His Pockets »

    L’ar­ticle vaut le détour, même si le titre décrit très bien l’in­té­gra­lité de l’his­toire.

    A Michi­gan man was stop­ped and ques­tio­ned by police last week after « nervous » passersby called 911 to report he was « walking with his hands in his pockets. »

    The cop, who also recor­ded the inci­dent, appa­rently stop­ped and ques­tio­ned the man about his hand place­ment around 4:30 p.m. on Thanks­gi­ving in Pontiac, MI.

    « You were walking by, you were making people nervous, » the cop explains in the video, which was origi­nally uploa­ded on Face­book. « They said you had your hands in your pockets. »

    Chaque situa­tion est diffé­rente, mais la France est loin d’être exclue de ce type de ségré­ga­tion.  C’est un peu moins vrai depuis que je suis à Lyon, mais à Paris je voyais quoti­dien­ne­ment des gens se faire arrê­ter pour des contrôles autour de moi : iden­tité, titre de trans­port et souvent la fouille – oui, tech­nique­ment c’est proba­ble­ment une palpa­tion de sécu­rité avec une demande insis­tante de vider les poches et ouvrir les sacs sous peine de finir en garde à vue pour appro­fon­dir le contrôle, mais ça revient un peu au même au final.

    Par une extra­or­di­naire coin­ci­dence, je n’ai jamais été ciblé. Plus préci­sé­ment je n’ai jamais fait l’objet de ma vie d’un contrôle indi­vi­duel pour mon iden­tité,et, quand j’ai été contrôlé pour mon titre de trans­port, c’est que tout le monde l’a été sans excep­tion.

    Je sais que je suis plutôt du genre passe-partout qui se tient correc­te­ment donc peu de raisons d’at­ti­rer un contrôle indi­vi­duel, mais il en va de même pour certains autres qui sont quand même contrô­lés.

    Ce doit être la même extra­or­di­naire coïn­ci­dence qui fait que c’étaient quasi­ment toujours des gens de couleur qui étaient arrê­tés  à la Garde du Nord dans la zone métro – rer. Ils devaient avoir les mains dans les poches. Il faut dire que moi ça m’ar­rive rare­ment.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par Thomas Hawk

  • Dans des chaus­sures de grand

    Visi­ble­ment l’af­fiche du salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil fait débat. On y verrait un reflet sexiste de mauvais gout.

    Je retrouve parfai­te­ment mon fils dans l’image du petit qui joue au grand, essayant et trai­nant les chausses de ses parents. Il a l’âge en ce moment, et si ça ne lui arrive pas tous les jours, ça reste plusieurs fois par semaine. Oh qu’il est fier quand il fait ça ! autant avec les chaus­sures de sa mère que de son père d’ailleurs.

    J’ai person­nel­le­ment pensé à ça en voyant l’af­fiche. J’ai souri, et trouvé l’image excel­lente pour un salon jeunesse qui a pour thème l’âge adulte.

    * * *

    Main­te­nant je suis forcé­ment un peu moins sensible au sexisme, n’en étant géné­ra­le­ment pas la cible. Parfois j’ai besoin qu’on m’ex­plique, qu’on me montre, avant de prendre conscience. Ici je sèche même avec les expli­ca­tions.

    Ce que je lis tourne autour du choix d’avoir mis des chaus­sures rouges à talon pour iden­ti­fier l’ave­nir de la petite fille et du fait que c’est très stéréo­typé, que ça contraint la petite fille à un rôle précon­di­tionné, sexua­lisé.

    Même en seconde lecture, j’avoue que j’ai beau­coup de mal à y lire ça.

    Pourquoi avoir utilisé des chaus­sures rouges à talon ? Aucune idée, il faudrait deman­der à l’au­teur.

    En pratique ça reste quand même une des formes les plus ingé­nieuses pour le thème. Non seule­ment l’angle permet plus faci­le­ment de voir la diffé­rence de taille entre le pied et la chaus­sure, mais on ajoute intel­li­gem­ment une montée en hauteur, ce qui illustre double­ment juste­ment le sujet : faire grand.

    Je ne prétends nulle­ment que ces deux réflexions étaient dans les réflexions de l’au­teur, mais je n’ai non plus aucun élément pour douter qu’a­près plusieurs essais il ou elle ait pu trou­ver cette illus­tra­tion comme la plus adéquate.

    Dans tous les cas je trouve qu’on va un peu vite en besogne quand on y voit forcé­ment la simple appli­ca­tion du stéréo­type sexiste « femme objet sexuel » comme avenir de la petite fille. Je le vois d’au­tant moins que mon fils se moque bien de savoir s’il essaye les chaus­sures de sa mère ou de son père.

    *

    Et pourquoi rouge ? Aucune idée, il faudrait deman­der à l’au­teur (si vous y voyez un bottage en touche, ce n’est pas par hasard : je n’ai simple­ment pas envie de présup­po­ser les raisons du choix de l’au­teur, qu’elles soient conscientes ou incons­cientes).

    Peut-être est-ce effec­ti­ve­ment parce que les talons sont stéréo­ty­pés avec une image de désir, donc asso­cié au rouge (même si dans les faits ils sont rare­ment de cette couleur).

    Peut-être est-ce aussi plus basique­ment la couleur la plus basique pour faire ressor­tir un élément dans un crayonné noir blanc et bleu. On voit d’ailleurs que plus que la couleur, ce qui diffé­ren­cie les chaus­sures est qu’il s’agit du seul élément « rempli » de couleur ; il y a donc bien une inten­tion de mise en avant forte.

    Bref, je n’en sais rien, et il y a proba­ble­ment des deux, mais je suis loin de sauter sur la conclu­sion de sexisme ou de sexua­li­sa­tion, même invo­lon­taire.

    * * *

    Ce qui me gêne c’est qu’à jouer les inter­prètes du pourquoi de ces choix, on aurait pu avoir la même conclu­sion avec tout à fait d’autres chaus­sures.

    • Des chaus­sures d’homme ? Mais pourquoi être grand serait-il forcé­ment une ques­tion d’homme, c’est infan­ti­li­ser les femmes
    • Des chaus­sures de chan­tier type Cater­pillar ? Malheu­reu­se­ment, même si elles sont mixtes, le rendu est proche de la cari­ca­ture de chaus­sure homme et aurait encore plus renforcé l’idée grand = homme qui travaille
    • Des chaus­sons ? Horreur, l’ave­nir de la petite fille est-il forcé­ment d’être mère au foyer avec des chaus­sures d’in­té­rieur ?
    • Des chaus­sures neutres et plates types tennis de toile ? Pourquoi lui nier la possi­bi­lité d’avoir des chaus­sures femme, nier son sexe ?

    Je cari­ca­ture bien évidem­ment, mais le pire c’est qu’en le faisant je me demande si je n’ai effec­ti­ve­ment pas déjà vécu ces réac­tions à d’autres occa­sions.

    * * *

    Est-ce à dire que l’af­fiche n’est pas sexiste ? Je n’en sais rien. Tout simple­ment. Je ne vois pas ce sexisme ici mais je veux aussi bien croire qu’il puisse exis­ter sans que je ne le vois ; le contexte et l’his­to­rique social ont forcé­ment un poids qu’il n’est pas toujours simple à éviter. Je trouve de toutes façons plutôt sain qu’on puisse avoir ce débat, que des personnes puissent aler­ter sur du sexisme qui leur appa­rait.

    C’est juste que j’en ai lu ici ne m’a pas convaincu. J’ai l’im­pres­sion qu’on sur-inter­prète les conno­ta­tions asso­ciées au choix des chaus­sures à talon quasi­ment autant qu’on sur-inter­pré­tait les impli­ca­tions et chaque mot ou tour­nure de phrase lors des analyses de texte en prévi­sion du BAC au lycée. L’au­teur doit avoir bien mal, ici comme au lycée.

    N’ou­blions pas : Quand on prête arbi­trai­re­ment des inten­tions à d’autres, et encore plus quand on prête des influences incons­cientes liées au cadre social, on peut prou­ver n’im­porte quelle thèse à partir de n’im­porte quel fait, ou de son contraire.

    Si quelqu’un y voit autre chose, ou que j’ai manqué une image, une conno­ta­tion, une histoire, n’hé­si­tez pas à me le signa­ler en commen­taire, c’est en fait surtout pour ça que je publie ce billet.

  • Ensei­gnants gratuits, promo­tion excep­tion­nelle

    Ensei­gnants gratuits, promo­tion excep­tion­nelle

    J’en­tends encore autour de moi les gens râler sur ces ensei­gnants trop payés, qui font toujours grève et qui sont toujours en vacances. Je rage parce que pas un n’ac­cep­te­rait les condi­tions de travail des profes­seurs des écoles.

    Sans salaire depuis la rentrée, des ensei­gnants reçoivent des bons alimen­taires

    Ce n’est que le titre de l’ar­ticle de presse, mais le contenu ne vient nulle­ment modé­rer le sens initial. Après deux mois sans salaire, on leur fait même l’in­sulte de leur donner des bons alimen­taires. Et encore, c’est au profes­seur de s’hu­mi­lier à quéman­der pour les obte­nir.

    Ils ont réussi le concours, sortent d’un diplôme BAC+5 – oui, il faut avoir un master pour ensei­gner désor­mais – souvent jeunes diplô­més donc sans le sou. Vous en connais­sez beau­coup qui dans ces condi­tions conti­nue­raient à travailler après plus de deux mois sans salaire sur un nouveau job ? Vous le feriez ?

    Même quand tout fonc­tionne, le salaire n’est jamais versé à plein le ou les premiers mois. C’est dans le proces­sus « normal » de l’édu­ca­tion natio­nal : Le profes­seur reçoit un simple acompte, et le solde au mieux fin octobre.

    Quant aux congés ou aux horaires soit-disant tranquilles, je vous laisse lire la petite histoire de septembre dernier – lisez-la, vrai­ment. Oh, et le sala­rié trop payé n’est en réalité payé que 2000 € bruts par mois (envi­ron 1550 € net), pour un BAC +5 une fois le concours en poche. Quant à la sécu­rité de l’em­ploi, 13 ans d’exer­cice avec une bonne nota­tion ne garan­tit pas une place de titu­laire.

    Pensez-y avant de vous moquer de la prochaine grève qui parle de mauvaises condi­tions de travail.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Jeyheich

  • Raising capi­tal in the US vs EU: a biased compa­ra­tive study

    Raising capi­tal in the US vs EU: a biased compa­ra­tive study

    Si vous enten­dez de gros chiffres à propos de star­tup, sauf événe­ment excep­tion­nel, ça se passe ailleurs qu’en France, voire qu’en Europe.

    US funds invest in case your company succeeds, whereas in Europe, they invest because your company succee­ded.

    Another way to phrase this? The biggest fear for a US inves­tor is to miss out on a big hit. When Peter Thiel was asked what his worst invest­ment was, he replied “not (doing) the Series B round of Face­book”. See the diffe­rence? Instead of going over the many invest­ments he made that turned out to be failures, he’s blaming himself for a risk not taken.

    Et ça cadre très bien avec ce que j’ai pu voir. Ici on inves­tit à minima, pour alimen­ter un busi­ness qui a déjà prouvé son fonc­tion­ne­ment, ou pas loin, avec des busi­ness plan à 3 ans. Là bas ils analysent plutôt la capa­cité de l’équipe à créer quelque chose, et la soli­dité du projet.

    At the seed stage, US inves­tors know that spen­ding weeks analy­zing the ‘total addres­sable market’ (or TAM) is a waste of time. The most inter­es­ting compa­nies are those that expand their TAM as they go. For example, before Google came along, the market for PPC SERP ads was non-existent; today it’s a multi-billion dollar market with a clear leader.

    But that doesn’t deter Euro­pean inves­tors from reques­ting a full deck, inclu­ding a three-year busi­ness plan as a prerequi­site to any form of conver­sa­tion. If your path to profi­ta­bi­lity is not already proven, you will have a hard time getting as much as a phone call.

    Diffé­rence de culture, mais pas que. Le reste du billet vaut aussi la lecture.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA à partir d’un travail de Marc Thur­man

  • Faut-il éteindre la CNIL ?

    Sérieu­se­ment, on envi­sage de faire aujourd’­hui exac­te­ment ce qu’on voulait empê­cher en créant la CNIL : Croi­ser tous les fichiers publics, spéci­fique­ment ceux qui tracent des ques­tions sociales (retraite, famille, mala­die, emploi, mini­mums sociaux).

    On avait déjà croisé toute une série de fichiers poli­ciers, accepté d’avoir eu pendant des années nombre de fichiers poli­ciers offi­ciels non décla­rés, avec des infor­ma­tions obso­lètes et souvent fausses (STIC, je pense à toi), parfois tota­le­ment illé­gales (traçage des rom et gens du voyage). Au mieux on a fait passé des lois quelques années après pour les légi­ti­mer. Au mieux on a eu droit à un entre­fi­let dans la presse.

    Côté État, la CNIL n’a de toutes façons qu’un rôle consul­ta­tif dans nombre de cas. Le pire c’est quand son président vote au Sénat pour des projets que la CNIL réprouve. Joie.

    Côté collec­ti­vi­tés, la vidéo surveillance exces­sive qui ne respecte ni la propor­tion­na­lité ni la légis­la­tion sur les règles d’ex­ploi­ta­tion est plutôt la norme que l’ex­cep­tion, quand elle est décla­rée. Au pire on corri­gera quand on se fera taper sur les doigts.

    Côté privé le nombre de fichiers non décla­rés ou hors la loi est juste phéno­mé­nal. Le trai­te­ment des données person­nelles est fait quasi­ment sans limi­ta­tion ni précau­tions. Négli­gence fautive ? Fuite de données person­nelles ? Usage délic­tueux ? au pire il y a un rappel à la loi. Les sanc­tions sont excep­tion­nelles et abso­lu­ment pas dissua­sives.

    Notre CNIL produit de très belles recom­man­da­tions mais au final, elle sert à quoi ? Je suis volon­tai­re­ment provo­ca­teur, mais elle est à la fois stricte à la fois échoue à proté­ger les données du citoyen de l’état, des collec­ti­vi­tés publiques, et des entre­prises privées.