Ça gonfle, ça enfle, et ça commence à dire n’importe quoi dans la presse.
Non, on ne va pas arrêter l’enseignement de l’écriture à nos chérubins pour leur imposer d’utiliser un clavier dès le primaire. Ni en France, ni aux États Unis, ni en Finlande.
Ce dont on parle dans ces deux derniers pays c’est d’arrêter l’enseignement obligatoire dans le tronc commun de la calligraphie cursive – les écritures dites liées ou attachées. En parallèle on parle aussi d’introduire les claviers dans les enseignements, mais dans aucun des cas il n’a été question de remplacer l’un par l’autre : On continuera l’enseignement de l’écriture à la main. Ce sera juste potentiellement du script – caractères d’imprimerie, lettres bâtons.
En fait c’est même déjà le cas en Finlande, ma femme ayant vu arriver dans sa classe une petite fille nordique qui n’avait jusqu’alors appris que le script – et qui donc était totalement incapable au début de relire ce qui était écrit en cursif au tableau, dont justement l’enseignement est obligatoire en France. Il semble qu’au États Unis le niveau fédéral autorise désormais les États internes à prendre le même chemin s’ils le souhaitent.
Dans tous les cas on parle de ne plus rendre obligatoire, pas d’interdire. Mieux : Dans le cas des États-Unis on parle de permettre de ne plus rendre obligatoire. Plus souple tu meurs.
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Quelques images pour se convaincre, s’il le fallait encore, que l’écriture cursive n’est rien d’autre qu’une commodité pour soi, un frein à la communication et un moyen de sélection pour l’école. S’il est bien préférable d’écrire encore en script, il est aussi indispensable de commencer à apprendre à écrire avec un clavier, réel ou virtuel, et de se préparer pour de bon à d’autres modes de saisie, y compris oraux. Histoire de mieux s’attacher enfin au fond de ce que l’on écrit et aux enjeux de la publication…
— Michel Guillou, « qui se plaindra de la fin de l’écriture cursive ?«
Il faut dire qu’on lit – et écrit – désormais très majoritairement de l’imprimé papier ou l’électronique. Les mots échangés avec une belles calligraphie liée se font plus rares. Les cartes postales, les mots sur le frigo et les ordonnances médicales sont peut être aujourd’hui les usages majoritaires restants.
Même pour les formulaires ou pour les post-its, je vois fréquemment des écritures scriptes pour éviter des ennuis de relecture – quasiment à chaque fois sur des noms de personne, de ville ou de rue – ou simplement par honte du style de calligraphie cursive. Même ceux qui continuent à écrire en cursif y importent généralement les majuscules d’imprimeries, parfois même certaines minuscules comme le v.
Qu’en sera-t-il dans 20 ans quand nos enfants seront à notre place ?
Est-ce donc vraiment pertinent maintenir l’apprentissage de deux calligraphies distinctes, si la cursive est à la fois peu fréquente, complexe à écrire et difficile à relire ? Il y a l’avantage de la vitesse d’écriture face à l’écriture manuelle scripte, mais si les textes longs finissent de toutes façons sur clavier…
Ça me rappelle l’usage des stylos plumes en primaire, avec les doigts et cahiers plein d’encre et les cartouches vides. Il y aura toujours des gens qui leur trouveront mille avantages pour l’apprentissage de l’écriture, mais je me rappelle encore mon père me demander « pourquoi tu utilises encore un stylo plume ? nous on a utilisé des stylos à billes dès qu’on a pu » comme si l’évolution avait subi une régression incompréhensible.
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