Catégorie : Politique et société

  • Les salaires des PDG sont sans rapport avec leurs perfor­mances

    Les salaires des PDG sont sans rapport avec leurs perfor­mances

    qu’en­tend-on par “meilleur PDG” ? Celui qui a prouvé une judi­cieuse vision stra­té­gique sur le long terme ? Qui innove ? Qui crée de l’em­ploi ? Celui dont l’en­tre­prise a pris la plus grande valeur en bourse ? Ce dernier critère, très quan­ti­ta­tif, est celui du clas­se­ment cité par Le Monde : il a été établi par l’In­sead, une grande busi­ness school inter­na­tio­nale, à partir des perfor­mances finan­cières des entre­prises sur plusieurs années. Les 100 meilleurs patrons ont accru la valeur de leurs entre­prises de 40 milliards de dollars, les 100 moins bons ont fait bais­ser cette valeur de 14 milliards.

    Et cette dernière manière de calcu­ler, qui est aussi la plus admise, est une gigan­tesque arnaque. C’est décon­nec­ter tota­le­ment la rému­né­ra­tion de ce que l’in­di­vidu apporte effec­ti­ve­ment comme valeur, pour le rému­né­rer à partir de ce que tous ses subor­don­nés apportent comment valeur. Il y a comme une erreur dans l’équa­tion.

    Qu’est-ce qui peut nous faire croire qu’un homme mérite, par son travail, 120, 200 ou même 800 fois le salaire moyen de tous les autres, et un ratio encore plus grand face à ceux qui bossent toute la jour­née à la chaine dans des condi­tions diffi­cile souvent en mettant en jeu leur santé ?

    Tout ça n’a aucun sens, et la dérive est fina­le­ment rela­ti­ve­ment récente : tout juste une tren­taine d’an­nées.

    Même en imagi­nant que le diri­geant soit prin­ci­pal respon­sable direct des résul­tats, et donc rému­néré en fonc­tion des gains qu’il fait réali­ser, l’équa­tion est fausse d’après l’étude :

    1 – Il n’existe pas de corré­la­tion entre la rému­né­ra­tion des P-DG et les perfor­mances finan­cières de leurs entre­prises.

    La classe sociale la plus haute, celle des 1% ou 1‰, s’est tota­le­ment décon­necté du reste de la société. Entre-soi écono­mique, mais aussi rela­tion­nel. Ils ne voient pas la dérive et vont jusqu’à penser méri­ter ces écarts de rému­né­ra­tions, en toute bonne foi.

    2 – Le fait qu’une entre­prise crée en interne un Comité des Rému­né­ra­tions a plutôt pour effet de faire monter le salaire des diri­geants.

    3 – La présence d’ad­mi­nis­tra­teurs indé­pen­dants au CA de l’en­tre­prise ne garan­tit aucu­ne­ment une modé­ra­tion du salaire du P-DG.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Ross Pollack

  • Quand le « Finan­cial Times » soutient les propo­si­tions de la gauche radi­cale en Europe

    Quand le « Finan­cial Times » soutient les propo­si­tions de la gauche radi­cale en Europe

    « Consi­dé­rons que vous parta­gez le consen­sus global sur ce que devrait faire immé­dia­te­ment l’eu­ro­zone. Concrè­te­ment, vous voulez davan­tage d’in­ves­tis­se­ments publics et de restruc­tu­ra­tion de la dette. Main­te­nant, posez-vous la ques­tion suivante : si vous étiez citoyen d’un pays de l’eu­ro­zone, quel parti poli­tique soutien­driez-vous pour que cela advienne ? Vous serez proba­ble­ment surpris de consta­ter qu’il n’y a pas beau­coup de choix. En Alle­magne, la seule forma­tion qui soit proche d’un tel agenda est Die Linke, les anciens commu­nistes. En Grèce, ce serait Syriza. En Espagne, ce serait Pode­mos qui est sorti de nulle part et se retrouve en tête dans les sondages ».

    […] Pour reprendre le titre déli­bé­ré­ment provo­ca­teur d’un article récent (30 décembre 2014) du Finan­cial Times – oui, encore lui –, « les élec­teurs sont le maillon faible de l’eu­ro­zone ». On ne saurait mieux décrire la concep­tion de la « démo­cra­tie » qui prévaut au sein de l’Union euro­péen­ne…

    Bernard Cassen

    Photo d’en­tête sous licence CC BY par Pasu Au Yeung

  • J’au­rai essayé

    J’au­rai essayé

    La nouvelle ligne en créa­tion n’était peut être ni le Paris-Lille ni l’Orient Express, mais la direc­tion choi­sie avait trouvé un écho chez moi. J’ai pris un billet, bien déter­miné à pous­ser ma part de char­bon s’il y avait besoin d’ali­men­ter la loco­mo­tive.

    Le train avance, je ne sais pas vrai­ment où il va, mais je sais que je n’adhère pas au comment il y va, et qu’en tout cas je ne saurais consi­dé­rer y être impliqué.

    Je lui souhaite bonne route, mais il va falloir passer un sacré nombre d’ai­guillage afin de réorien­ter le train sur les bons rails.

    Je ne lui souhaite que d’y arri­ver, mais je crois que je m’en sorti­rai quand même mieux à pieds. Je m’ar­rête à la prochaine gare.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par Diego Sevilla Ruiz

  • Typo­gra­phie à l’école

    Typo­gra­phie à l’école

    Quelles bases de typo­gra­phie sont donc ensei­gnées à l’école ?  Le mot « typo­gra­phie » est-il utilisé ? — Emma­nuel

    Ques­tion inté­res­sante. J’ai fouillé mes souve­nirs.

    Au niveau carac­tère

    On m’a appris les majus­cules, les minus­cules, les chiffres, les ponc­tua­tions et l’es­pace.

    On ne m’a pas appris la diffé­ren­cia­tion entre majus­cule et capi­tale, ou même l’exis­tence des petites capi­tales, ni le fait que les points de suspen­sions est un carac­tère à part entière et pas trois points sépa­rés.

    On ne m’a pas appris non plus les cadra­tin et demi cadra­tin, les chevrons pour faire des cita­tions à l’in­té­rieur d’autres cita­tions ou le sens des crochets. On ne m’a pas appris non plus qu’il y a diffé­rentes tailles d’es­pace (mais ça s’est fait tout seul à l’usage pour l’écri­ture manus­crite). Je ne parle même pas de savoir ce qu’est une liga­ture.

    On m’a aussi expli­ci­te­ment mal appris que les majus­cules ne prennent jamais d’ac­cent ou de cédille, et je crois que ce mauvais appren­tis­sage perdure encore aujourd’­hui.

    On m’a aussi expli­ci­te­ment appris le mauvais genre pour « une espace », et j’ai encore du mal aujourd’­hui à me corri­ger.

    Au niveau du mot

    On m’a appris à sépa­rer les mots par des espaces, à capi­ta­li­ser les noms propres, ce qu’est un sigle ou une abré­via­tion. On m’a même appris la césure et qu’elle se fait entre deux syllabes.

    On ne m’a par contre pas appris – ou je ne m’en souviens pas – comment arbi­trer entre les diffé­rentes écri­tures des sigles et acro­nymes (capi­tales ou non, points entre les lettres ou non).

    Sur la césure on ne m’a pas non plus appris à faire des coupures élégantes, ou quand éviter de les faire.

    Au niveau de la phrase

    On m’a appris la majus­cule en début de phrase et le point en fin de phrase, quelle ponc­tua­tion prend une espace avant ou après.

    On m’a toujours appris à ne pas mettre de virgule entre les deux derniers éléments d’un inven­taire quand un « et » ou un « ou » est présent, même si j’ai appris à parfois le faire moi-même plus tard.

    On ne m’a par contre pas appris à gérer la ponc­tua­tion des listes.

    On ne m’a pas appris non plus la notion d’es­pace insé­cable, même si en pratique la « règle du bon sens » fait qu’on m’a inter­dit de reve­nir à la ligne avant une ponc­tua­tion autre que l’ou­ver­ture de guille­met ou de paren­thèse, avant les symboles d’unité, ou (pour les profes­seurs les plus tatillons) au milieu d’un « 15 septembre ».

    La capa­cité de ne pas mettre une capi­tale après les deux points quand il s’agit d’un inven­taire a été diffé­rente chaque année suivant le profes­seur. Pour le coup on m’a appris tout et son contraire.

    Au niveau du para­graphe

    On m’a appris la notion de para­graphe, le saut de ligne et même l’in­den­ta­tion. On m’a appris la notion de titre, l’es­pace sous et sur le titre.

    On ne m’a pas appris que c’est norma­le­ment soit un sauf de ligne soit une inden­ta­tion mais pas forcé­ment les deux – et assez rapi­de­ment plus personne n’a demandé ou fait atten­tion à la présence ou non d’une inden­ta­tion. On ne m’a pas appris non plus à réel­le­ment conce­voir une diffé­rence entre un nouveau para­graphe et un simple retour à la ligne – même si j’ai finis par la faire de moi-même.

    On ne m’a pas appris à gérer les veuves ou les orphe­lines.

    La notion de phrase : On m’a appris la majus­cule en début de phrase

    Autres

    On m’a appris le souli­gné, on m’a donné très tardi­ve­ment la signi­fi­ca­tion de l’ita­lique mais jamais du gras. On ne m’a par contre jamais donné les armes pour faire de l’écri­ture clavier avec un usage élégant entre les guille­mets et l’ita­lique plutôt que le gras et le souli­gné.

    De manière géné­rale on ne m’a jamais appris à vrai­ment utili­ser le clavier ou que l’in­for­ma­tique permet plus que le simple ASCII : majus­cules accen­tuées, cadra­tins, espace insé­cable, espace fine, apos­trophe et guille­met typo­gra­phique, et encore moins les traits d’union et traits de césure expli­cite ou la césure option­nelle. On ne m’a globa­le­ment pas appris l’in­for­ma­tique du tout en fait, que ce soit clavier ou trai­te­ment de texte – je ne parle même pas de choix des fontes. Ça peut expliquer aussi le faible niveau typo­gra­phique des échanges élec­tro­niques actuels.

    Je regrette aussi qu’on ne m’ait pas ensei­gné les ques­tions typo­gra­phiques en tant que tel, peut-être rien que pour me dire que la typo­gra­phie est diffé­rente dans d’autres langues.

    Clai­re­ment, dans tous les cas, personne n’avait même abordé le terme de typo­gra­phie. À l’heure où on parle de la perti­nence d’en­sei­gner l’écri­ture à la main, c’est surpre­nant.

    Et vous ?

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Relly Annett-Baker

  • Écri­ture digi­tale

    Écri­ture digi­tale

    Ça gonfle, ça enfle, et ça commence à dire n’im­porte quoi dans la presse.

    Non, on ne va pas arrê­ter l’en­sei­gne­ment de l’écri­ture à nos chéru­bins pour leur impo­ser d’uti­li­ser un clavier dès le primaire. Ni en France, ni aux États Unis, ni en Finlande.

    Ce dont on parle dans ces deux derniers pays c’est d’ar­rê­ter l’en­sei­gne­ment obli­ga­toire dans le tronc commun de la calli­gra­phie cursive – les écri­tures dites liées ou atta­chées. En paral­lèle on parle aussi d’in­tro­duire les claviers dans les ensei­gne­ments, mais dans aucun des cas il n’a été ques­tion de rempla­cer l’un par l’autre : On conti­nuera l’en­sei­gne­ment de l’écri­ture à la main. Ce sera juste poten­tiel­le­ment du script – carac­tères d’im­pri­me­rie, lettres bâtons.

    En fait c’est même déjà le cas en Finlande, ma femme ayant vu arri­ver dans sa classe une petite fille nordique qui n’avait jusqu’a­lors appris que le script – et qui donc était tota­le­ment inca­pable au début de relire ce qui était écrit en cursif au tableau, dont juste­ment l’en­sei­gne­ment est obli­ga­toire en France. Il semble qu’au États Unis le niveau fédé­ral auto­rise désor­mais les États internes à prendre le même chemin s’ils le souhaitent.

    Dans tous les cas on parle de ne plus rendre obli­ga­toire, pas d’in­ter­dire. Mieux : Dans le cas des États-Unis on parle de permettre de ne plus rendre obli­ga­toire. Plus souple tu meurs.

    * * *

    Quelques images pour se convaincre, s’il le fallait encore, que l’écri­ture cursive n’est rien d’autre qu’une commo­dité pour soi, un frein à la commu­ni­ca­tion et un moyen de sélec­tion pour l’école. S’il est bien préfé­rable d’écrire encore en script, il est aussi indis­pen­sable de commen­cer à apprendre à écrire avec un clavier, réel ou virtuel, et de se prépa­rer pour de bon à d’autres modes de saisie, y compris oraux. Histoire de mieux s’at­ta­cher enfin au fond de ce que l’on écrit et aux enjeux de la publi­ca­tion…
    — Michel Guillou, « qui se plain­dra de la fin de l’écri­ture cursive ?« 

    Il faut dire qu’on lit – et écrit – désor­mais très majo­ri­tai­re­ment de l’im­primé papier ou l’élec­tro­nique. Les mots échan­gés avec une belles calli­gra­phie liée se font plus rares. Les cartes postales, les mots sur le frigo et les ordon­nances médi­cales sont peut être aujourd’­hui les usages majo­ri­taires restants.

    Même pour les formu­laires ou pour les post-its, je vois fréquem­ment des écri­tures scriptes pour éviter des ennuis de relec­ture – quasi­ment à chaque fois sur des noms de personne, de ville ou de rue – ou simple­ment par honte du style de calli­gra­phie cursive. Même ceux qui conti­nuent à écrire en cursif y importent géné­ra­le­ment les majus­cules d’im­pri­me­ries, parfois même certaines minus­cules comme le v.

    Qu’en sera-t-il dans 20 ans quand nos enfants seront à notre place ?

    Est-ce donc vrai­ment perti­nent main­te­nir l’ap­pren­tis­sage de deux calli­gra­phies distinctes, si la cursive est à la fois peu fréquente, complexe à écrire et diffi­cile à relire ? Il y a l’avan­tage de la vitesse d’écri­ture face à l’écri­ture manuelle scripte, mais si les textes longs finissent de toutes façons sur clavier…

    Ça me rappelle l’usage des stylos plumes en primaire, avec les doigts et cahiers plein d’encre et les cartouches vides. Il y aura toujours des gens qui leur trou­ve­ront mille avan­tages pour l’ap­pren­tis­sage de l’écri­ture, mais je me rappelle encore mon père me deman­der « pourquoi tu utilises encore un stylo plume ? nous on a utilisé des stylos à billes dès qu’on a pu » comme si l’évo­lu­tion avait subi une régres­sion incom­pré­hen­sible.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par i k o

  • Ques­tion de redis­tri­bu­tion… et de modèle social

    Ques­tion de redis­tri­bu­tion… et de modèle social

    En pratique, si certaines miettes tombent en bas, les finances qu’on donne aux plus riches profitent d’abord aux plus riches. Formulé ainsi personne ne s’en étonne, mais la fable qui voudrait qu’en soute­nant les plus riches on relève toute la société a la vie dure. Elle ne s’ap­puie malheu­reu­se­ment sur rien de concret.

    Wealth doesn't trickle down. It trickles outwards - to tax havens.
    Wealth doesn’t trickle down. It trickles outwards – to tax havens.

    Le problème c’est qu’on semble inca­pable d’oser dire « stop » à la classe supé­rieure, qui demande de plus en plus.

    Aux États Unis, on se rend compte que des grands groupes payent plus en indem­ni­tés à leur PDG qu’à la commu­nauté via le fisc. Au niveau mondial ce sont 211 000 personnes qui détiennent 13% du capi­tal plané­taire, y compris les éner­gies fossiles, les loge­ments, les terres, les moyens de produc­tion… C’est 0,004% de la popu­la­tion et ce déséqui­libre va gran­dis­sant.

    Évolution du salaire moyen horaire hors inflation des salariés du secteur privé aux Etats-Unis. Baisse depuis 2011.
    Évolu­tion du salaire moyen horaire hors infla­tion des sala­riés du secteur privé aux Etats-Unis. Baisse depuis 2011.

    En France, les grands patrons ont obtenu des allè­ge­ments histo­riques de fisca­lité pour aider à leur compé­ti­ti­vité et compen­ser des bas salaires vrai­sem­bla­ble­ment trop chers. En paral­lèle pour­tant, la part des salaires dans le PIB ne fait que dimi­nuer depuis 40 ans, les salaires commencent à dimi­nuer aussi (à monnaie constante). Autant dire que non, ça ne permet pas d’amé­lio­rer l’em­ploi, ça permet surtout de conso­li­der des divi­dendes et la course à la capi­ta­li­sa­tion.

    Depuis 40 ans, la part du PIB reversée des salaires vers les dividendes représente 1,5x le PIB.
    Depuis 40 ans, la part du PIB rever­sée des salaires vers les divi­dendes repré­sente 1,5x le PIB.

    Les aides, baisses de fisca­lité et déré­gle­men­ta­tions ne font qu’a­li­men­ter le haut de la pyra­mide. Les divi­dendes explosent pendant que les PDG font la mine du chat de Shreck en mettant tout sur le dos de la crise. Ça ne s’ar­rête pas. Ils osent tout, jusqu’à vouloir dénon­cer l’obli­ga­tion de moti­ver les licen­cie­ments.

    Entre temps, rien ne s’ar­range. Les gens lais­sés sur le carreau sont de plus en plus nombreux : +44% de SDF en 10 ans. Le pire est peut être de se rendre compte que 25% d’entre eux ont pour­tant un emploi.

    Quant à la baisse des « charges » pour la compé­ti­ti­vité des entre­prises, c’est tout simple­ment une baisse des coti­sa­tions sociales, dont les caisses sont pour­tant déjà dans le rouge depuis des années. Il serait illu­soire de croire que cela ne va pas faire bais­ser le niveau de vie et se santé de ceux qui sont le plus dans le besoin.

    Les pauvres sont trop pauvres, mais ne les aidons pas avec nos impôts
    61% pour dire qu’il faut augmen­ter les minima sociaux, mais 58% pour refu­ser d’aug­men­ter les impôts à cette fin. Blocage idéo­lo­gique.

    Tout le monde est bien d’ac­cord sur le problème, mais dès qu’il s’agit de faire de la redis­tri­bu­tion autre­ment qu’en donnant plus de sous aux plus riches, il y a un blocage idéo­lo­gique. L’im­pôt c’est pour­tant la base d’un système que même les plus riches étran­gers nous envient (l’his­toire en lien me tire une larme à chaque lecture). Je crains que ça ne dure pas, parce que pour ça il faut le finan­cer et le consen­te­ment à l’im­pôt est au plus bas.

    Le travail de commu­ni­ca­tion des plus riches fonc­tionne, il obtient désor­mais le soutien même des plus pauvres : Au lieu de main­te­nir le niveau des recettes, on sabre dans les pres­ta­tions et dans la redis­tri­bu­tion. Pauvre monde, pauvre France. Nous décons­trui­sons en quelques années une dyna­mique qui a pris des dizaines d’an­nées à se former.

    La quan­tité de biens étant limi­tée, quand on allège les taxes, coti­sa­tions et impôts des plus riches, voire qu’on subven­tionne leurs acti­vi­tés, on ne fait que prendre aux plus pauvres pour cela. C’est tout bête mais bon à rappe­ler.

    Et si pour vous commen­ciez à voir d’un bon oeil tout ce qu’on vous demande de payer pour la collec­ti­vité ? La seule ques­tion est de savoir quel modèle social vous soute­nez, et si les trans­for­ma­tions en cours ont votre soutien.

    La lutte des classes existe, nous l’avons gagnée.
    — Warren Buffet

    Les « riches », eux, savent très bien où ils en sont. Je ne compte plus le nombre de fois où j’en entendu « tu devrais être pour, c’est posi­tif pour nous ». La phrase célèbre attri­buée à Warren Buffet n’a jamais été aussi vraie.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-SA Doctor Ho

  • Le prin­cipe de non-loca­tion du corps humain

    Le prin­cipe de non-loca­tion du corps humain

    Le prin­cipe de non-loca­tion du corps humain. Je ne sais pas d’où sort cette idée que l’on n’au­rait pas le droit de gagner de l’argent en mettant son corps à dispo­si­tion d’au­trui, mais il faudra en parler à l’en­semble des travailleurs manuels de ce pays, ça les inté­res­sera beau­coup. Surtout nos mili­taires qui sautent sur des mines en Afgha­nis­tan et nos 56000 ouvriers victimes de mala­dies profes­sion­nelles chaque année. En fait, l’ex­ploi­ta­tion de l’Homme par l’Homme, et notam­ment de son corps, c’est un peu la base du capi­ta­lisme et jusqu’à l’ar­ri­vée de […], ça ne semblait choquer personne, à l’ex­cep­tion peut-être des syndi­cats. Mais si pour inter­dire […] vous voulez pour rester cohé­rent inter­dire aussi le travail, ça me va, je signe.
    extrait de ad virgi­lium

    J’ai toujours eu du mal avec l’ar­gu­ment « c’est de l’ex­ploi­ta­tion de gens qui n’ont pas le choix » voire « de la loca­tion du corps humain ».

    Une partie impor­tante des travailleurs manuels ne font *que* se soumettre à une exploi­ta­tion physique parce qu’ils n’ont pas le choix pour vivre. Croyons-nous que travailler à la chaîne, dans des fours à plus de 40° ou avec des produits dange­reux se fait par envie ou par amour ?

    Nous louons souvent notre corps, parfois pour la partie physique, parfois pour la partie mentale, souvent au détri­ment de notre santé – si le travail c’est la santé, n’ou­blions pas qu’on nous achète notre travail, et donc notre santé

    Je ne suis pas cynique au point de dire que tout se vaut, donc qu’on doit accep­ter toute exploi­ta­tion humaine simple­ment parce que le prin­cipe est partout autour de nous. Le simple argu­ment ne me suffit par contre pas.

    La ques­tion est de savoir où on trace la limite. C’est bien plus diffi­cile qu’on ne le croit car on utilise au jour le jour plus d’un outil ou d’un service qui exploite autrui dans des condi­tions tota­le­ment inac­cep­tables.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-SA James Vaughan

  • Être un bon ministre de la Culture

    Être un bon ministre de la Culture

    Même si je n’ai pas toujours été tendre avec Fleur Pelle­rin, là, je dois dire que j’ap­puie le cap qu’elle trace. Il faut en finir avec un minis­tère de la Culture sans aucune ligne poli­tique, réduit à être un guichet à subven­tions publiques, desti­nés à des gens qui n’ont aucun sens de la bonne utili­sa­tion des deniers publics, et qui, bien souvent, se moquent éper­du­ment du « grand public ». Si certains veulent faire de l’art d’avant-garde, celui que seule une « élite éclai­rée » peut comprendre et appré­cier, qu’ils le fassent avec leur argent. Mais pas sur fonds publics. Le minis­tère de la culture doit être celui de la diffu­sion de la connais­sance, de la culture pour tous, à commen­cer par ceux qui en ont besoin. La Culture, ce n’est pas seule­ment les grands musées pari­siens et les happe­nings bran­chouille façon festi­val d’Avi­gnon. C’est aussi et surtout les biblio­thèques, les ateliers scolaires dans les musées ou les services d’ar­chives, l’édu­ca­tion artis­tique. Bref, ce qui s’adresse au grand public pour vulga­ri­ser, au sens noble du terme.

    Je ne suis pas d’ac­cord avec d’autres côtés, notam­ment le côté « ministre de l’in­dus­trie cultu­relle qui doit s’oc­cu­per davan­tage d’éco­no­mie que de créa­tion », mais le para­graphe cité est on ne peut plus bien­venu.

    Sans faire réduire tout au marché de masse et en faire l’apo­lo­gie, il est temps d’en finir avec la vue élitisme sous subven­tion de la culture.

    Le reste est chez Authueil.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA Ahmed

  • Rendre la péni­bi­lité suppor­table pour les entre­prises

    Rendre la péni­bi­lité suppor­table pour les entre­prises

    Un groupe de travail plan­chera pour rendre la péni­bi­lité suppor­table pour les entre­prises.
    Emma­nuel Macron, Radio Clas­sique, 02/12/2014

    Un peu d’hu­mour noir ferait remarquer que même au mieux des discus­sions, on a juste prévu de compen­ser légè­re­ment en fin de vie les travaux pénibles aux survi­vants, mais jamais de la rendre suppor­table pour les sala­riés. Ques­tion de valeurs et de prio­ri­tés.

    Quant à ceux qui trou­ve­ront le terme « survi­vant » exagéré (ne vous cachez pas, vous êtes nombreux), je vous propose de regar­der les espé­rances de vie de ces popu­la­tions. On a beau jeu de leur propo­ser une retraite un ou deux ans plus tôt : la plupart n’en profi­te­ront pas, et conti­nue­ront à coûter bien moins cher à la collec­ti­vité que les retraites de tous ces gens aux travaux non-pénibles.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-SA de Ulisse Albiati

  • L’ex rédac­trice en chef du New York Times lance un nouveau média à 100 000 dollars l’ar­ticle

    L’ex rédac­trice en chef du New York Times lance un nouveau média à 100 000 dollars l’ar­ticle

    Je vois vrai­ment la mort de la presse dans la direc­tion qu’elle prend, à ne faire que du format court, reprise des dépêches d’agences, news people et commu­niqués.

    On fait de la poubelle avec de la main d’oeuvre sous-payée, et en siphon­nant les fonds publics. Je ne vois pas comment la société pourra soute­nir long­temps une absence telle de valeur.

    Certains prennent le pas opposé, et si je n’ai pas envie de prendre de paris sur le modèle, c’est assez rafrai­chis­sant de voir que certains croient en l’in­for­ma­tion profonde, de qualité, et bien payée.

    Qualité ou quan­tité ? Visi­ble­ment, Jill Abram­son a fait son choix. Bruta­le­ment licen­ciée en mai après 17 ans passés au sein du pres­ti­gieux New York Times dont trois ans à sa tête, la jour­na­liste de 60 ans a décidé de recom­men­cer à zéro, sur Inter­net cette fois-ci. Son nouveau média, dont ni la date de lance­ment ni le nom ne sont pour le moment connus, ne publiera qu’un seul article par mois, rému­néré 100 000 dollars au jour­na­liste. A ce prix là, la rédac­trice en chef s’at­tend à ce que le pigiste se fende d’un long format d’en moyenne 120 000 signes, le double des plus longs papiers publiés par le célèbre New Yorker

    Photo d’en­tête sous licence CC BY à partir d’un travail de John Ragai