Catégorie : Politique et société

  • Suis-je dans la classe moyenne ?

    La classe moyenne a ça de bien que tout le monde croit y être. Il faut bien que certains se trompent.

    Alors petit calculs, à faire en cumu­lant sur toute la famille, adultes et enfants :

    • Prenez tous vos salaires nets de l’an­née, primes, heures supplé­men­taires et inté­res­se­ments compris, pas d’ex­cep­tion
    • Ajou­tez tous vos autres reve­nus et rentes : inté­rêts d’épargne, assu­rance chômage, retraite, indem­ni­tés d’élu, reve­nus loca­tifs, …
    • Ajou­tez encore toutes les pres­ta­tions sociales : Allo­ca­tions fami­liales, allo­ca­tions loge­ment, aides à la garde d’en­fants, …
    • Reti­rez ensuite les impôts directs : impôt sur le revenu, taxe d’ha­bi­ta­tion, CSG et CRDS si elles n’ont pas déjà été comp­tées autre­ment

    Voilà, vous avez le revenu dispo­nible de votre ménage.

    Ce revenu dispo­nible est à divi­ser par les unités de consom­ma­tion. Il faut comp­ter 1 pour le premier adulte, puis ajou­ter 0.5 par adulte ou enfant de plus de 14 ans, 0.3 par enfant de moins de 14 ans (atten­tion, contrai­re­ment aux impôts, le conjoint compte pour 0.5 et pas pour 1). Une famille de deux adultes avec un enfant de 16 ans et un de 12 ans aura donc 2,3 unités de consom­ma­tions.

    En sortie de divi­sion vous avez votre niveau de vie au sens de l’INSEE.

    La classe moyenne se situe grosso modo entre 15 500 et 28 500 € par an.

    Pour ceux qui veulent du détail, seuls les chiffres de 2011 sont dispo­nibles (j’ai donc fait une approxi­ma­tion au doigt mouillé à partir de là pour cadrer à plus récent). Le chiffre tout à droite est la borne supé­rieure du décile de décile, on consi­dère que sont dans la classe moyenne les déciles 4 à 7 (donc supé­rieur au chiffre de la ligne du D3 et infé­rieur au chiffre de la ligne du D7).

  • Extra-terreste à gauche

    J’ai l’im­pres­sion que je suis un extra-terrestre quand je discute dans le milieu des star­tups et des entre­pre­neurs.

    Il est trop facile de dire que les « charges » plombent les comptes, qu’on préfère inves­tir cette somme, ou la rever­ser en salaire. C’est oublier que ces charges sont en fait des coti­sa­tions, qui payent des pres­ta­tions et des assu­rances sociales, et que les impôts font la même chose avec l’in­fra­struc­ture (dont l’édu­ca­tion, qui est juste essen­tielle à l’équi­libre écono­mique local).

    On peut les dimi­nuer, voire les suppri­mer, mais il faudra bien payer les pres­ta­tions. Le salaire net augmen­tera, mais c’est dessus qu’il faudra payer la santé, l’as­su­rance chômage, l’école et le reste. Possible que le sala­rié y gagne, mais ça sera au détri­ment de la soli­da­rité envers les plus pauvres. On passe­rait juste d’un système de répar­ti­tion à un système indi­vi­duel.

    Les pays ayant les meilleurs chiffres écono­miques d’Eu­rope, les pays nordiques, n’ont pas un taux d’im­po­si­tion global infé­rieur au notre. Même les US, quand on compare à pres­ta­tions équi­va­lentes (par exemple en réin­té­grant les frais de santé payés par le sala­rié aux US), ne sont pas si diffé­rents (et contrai­re­ment à la croyance, toutes les études montrent qu’en indi­vi­dua­li­sant la santé, les gens prennent des garan­ties moins élevées ou tardent à se soigner, ce qui coûte au final plus cher non seule­ment à eux-même indi­vi­duel­le­ment, mais aussi à la collec­ti­vité de façon indi­recte).

    Mon problème n’est du coup pas sur les coti­sa­tions, charges impôts et taxes. Ils servent à notre collec­ti­vité, à la soli­da­rité entre citoyens, et à nous aussi (on oublie vite tout ce dont on béné­fi­cie, de l’école aux infra­struc­tures en passant par l’hô­pi­tal).

    J’ai fait mon choix depuis long­temps : Celui de penser à l’in­té­rêt géné­ral avant l’in­té­rêt parti­cu­lier ; le choix d’une société soli­daire sur les risques et sur une vie de qualité mini­male pour tous (santé, éduca­tion, justice, loge­ment, etc.), vrai­ment tous. Ces taxes, impôts, coti­sa­tions, ce sont des bonnes choses, dont je profite tous les jours.

    Non, par contre il faut arrê­ter le maquis fiscal, avec une myriade de collectes diffé­rentes, chan­geantes, bour­rées d’exo­né­ra­tions et excep­tions, fran­chises et plafonds, assiettes diffé­rentes. Le rever­se­ment est un peu plus simple, mais pas tant que ça.

    Par la même occa­sion on pourra éviter les délires où les inter­mé­diaires payent avec des taux de prélè­ve­ments plus forts que les plus riches, ce qui est vrai autant pour les citoyens que pour les entre­prises. Ne parlons même pas des montages qui échappent tota­le­ment à la fisca­lité.

    Ensuite on pourra parler gaspillages, recen­trer sur les vrais objec­tifs publics, et arrê­ter le saupou­drage de subven­tions à tout et n’im­porte quoi sans réel impact (bien prendre compte : en géné­ral ces aides sont faites à des acteurs écono­miques, pas à des citoyens).

    Tout ça permet­tra de la visi­bi­lité, de la compré­hen­sion, et donc l’ac­cep­ta­tion du système social français, qui en lui-même n’est pas mauvais. On l’a juste tota­le­ment brouillé à force de poli­tiques court terme et de mesures d’af­fi­chage.

  • Petit calcul autour du revenu de base

    Aujourd’­hui, un petit calcul autour du revenu de base. Pour moi l’idée a surtout du sens en ce qu’elle permet­trait à tous de vivre, c’est à dire un revenu de base au moins égal au seuil de pauvreté.

    Pour rappel, le seuil de pauvreté est défini en fonc­tion du niveau de vie médian (et c’est logique, puisque ça dépend des prix et de la vie locale). On le situe en géné­ral à 60% de ce niveau de vie médian.

    L’as­tuce c’est que si on donne la même somme à tout le monde, le niveau de vie médian augmente du même ordre de gran­deur. Au final on aura à peu près autant de gens sous le seuil de pauvreté.

    Tout ça se calcule. Aujourd’­hui le niveau de vie médian se situe à presque 20 000 € par an, le seuil de pauvreté à 12 000 € par an.

    Pour que le revenu de base passe au dessus du seuil de pauvreté, il faut que RdB ≥  (20 000 + RdB) * 60%. Un petit calcul plus tard, on obtient que pour vali­der cette condi­tion il faudrait un revenu de base à 30 000 € par an, soit 2 500 € par mois. À ce niveau on se situe dans l’illu­sion totale.

    Heureu­se­ment il y a d’autres façons d’ar­ri­ver à cet objec­tif de mettre tout le monde au dessus du seuil de pauvreté.

  • The auto­mo­bile is a swift and power­ful vehicle

    The auto­mo­bile is a swift and power­ful vehicle of recent deve­lop­ment, which has multi­plied by quan­tity produc­tion and taken posses­sion of our high­ways in batta­lions, until the slower, animal-drawn vehicles, with their easily noted indi­vi­dua­lity, are rare. Cons­truc­ted as cove­red vehicles to stan­dard form in immense quan­ti­ties, and with a capa­city for speed riva­ling express trains, they furnish for success­ful commis­sion of crime a disgui­sing means of silent approach and swift escape unknown in the history of the world before their advent. The ques­tion of their police control and reaso­nable march on high­ways or other public places is a serious ques­tion… The baffling extent to which they are success­fully utili­zed to faci­li­tate commis­sion of crime of all degrees, from those against mora­lity, chas­tity, and decency to robbery, rape, burglary, and murder, is a matter of common know­ledge. Upon that problem a condi­tion and not a theory confronts proper admi­nis­tra­tion of our crimi­nal laws.

    Nous avons toujours eu peur des choses nouvelles. Aujourd’­hui ce texte fait bien rire mais nos véhi­cules ont un marquage moteur, une plaque d’im­ma­tri­cu­la­tion, une carte grise qui les rattache au proprié­tai­re… L’uti­li­sa­tion d’une auto­mo­bile est tout sauf anonyme.

    Les géné­ra­tions futures rigo­le­ront bien de la peur d’In­ter­net de nos poli­tiques actuels, mais ils héri­te­ront de notre lais­ser-faire. À médi­ter.

  • La trajec­toire d’un élu poli­tique en France répond à deux lois simples

    La trajec­toire d’un élu poli­tique en France répond à deux lois simples : on se présente à une fonc­tion pour prépa­rer sa candi­da­ture à la fonc­tion suivante ; lorsqu’on est élu à la fonc­tion supé­rieure, on conserve la fonc­tion anté­rieure de manière à éviter qu’un « intri­guant » ne vienne repro­duire à vos dépens le parcours que vous venez de réus­sir. D’où l’ob­ses­sion de cumu­ler les mandats.

    — Valé­rie Giscard d’Es­taing, Les Français : réflexions sur le destin d’un peuple

  • Total income control­led by top 1%

    Rien ne vaut une info­gra­phie bien faite.

    Ce que l’in­fo­gra­phie ne dit pas, c’est que si avant on parlait des 1%, en réalité main­te­nant c’est plutôt 0,1% qui contrôlent tout.

  • Saper l’Etat de droit au motif de le défendre

    [La CNDH recom­mande aux pouvoirs publics] de ne pas prendre, au nom de la lutte contre le terro­risme, n’im­porte quelle mesure jugée par eux appro­priée, dès lors qu’elle condui­rait à fragi­li­ser voire saper l’Etat de droit au motif de le défendre

    On ne saurait mieux dire. Mais aujourd’­hui où certains ont fait du terme « droit de l’Homme » un terme dépré­cia­tif voire une insulte, je doute que nos dépu­tés entendent le message.

  • Why CEOs are wildly over­paid, in one chart

    Une étude récente mise en avant par Busi­ness Insi­der indique que pour la plupart des gens le ratio entre les bas salaires et les hauts salaires serait idéa­le­ment entre 4 et 5, 6 tout au plus – et ce qu’ils se quali­fient de droite comme de gauche, qu’ils soient dans une couche socio-écono­mique élevée ou non, qu’ils soient jeunes ou vieux, et pour tous niveaux d’édu­ca­tion : c’est même étran­ge­ment stable.

    Rien de nouveau, il y a un siècle et demi, la Commune de Paris prenait des mesures pour réduire ce ratio à 5.

    Calculé à partir des grands chefs d’en­tre­prise, ce ratio serait en réalité au delà de 110 en France, 155 en Alle­magne, 130 en Espagne, 150 en Suisse, et même proche de 350 pour les États Unis. Bien que toujours sans rapport avec le ratio idéal, il est de moins de 90 au Royaume Uni,  et moins de 40 en Autriche comme en Pologne.

    Bien qu’a­vec un ratio tota­le­ment décon­necté de l’idéal des gens, la France a échoué a impo­ser un taux margi­nal d’im­pôt sur le revenu à 75%. La Suisse n’a pas plus réussi à défi­nir une limite maxi­mal aux hauts salaires en novembre dernier. Étran­ge­ment, c’est en Autriche et aux Pays Bas qu’ils ont tout de même réussi à ajou­ter une impo­si­tion plus forte sur les para­chutes dorés et avan­tages au delà de 500 000 €.

    Le gros problème pour agir n’est pas au niveau de la volonté, mais de la percep­tion des gens :

    D’après l’étude, les gens estiment à tort le ratio réel actuel entre 7 et 12. Que se passe­rait-il s’ils avaient conscience de la réalité où il faut ajou­ter un zéro de plus ?

    Ventu­re­beat a une superbe illus­tra­tion – en gris le réel, en rouge l’es­timé, en bleu l’idéal selon les mêmes personnes :

     

    Ce qui est inté­res­sant c’est qu’il y a une oppor­tu­nité. Si on propose de limi­ter les reve­nus à un ratio 1:20, c’est bien au-delà de ce que les gens estiment comme réel, donc ils ne perce­vront pas ça comme une limi­ta­tion catas­tro­phique, alors que ça va provoquer un chan­ge­ment radi­cal dans la réalité.

    La limi­ta­tion n’a pas à être radi­cale, il suffi­rait d’avoir un taux de taxa­tion progres­sif très signi­fi­ca­tif à partir de là.

  • Et vous devriez vous en réjouir

    Le FN entre au Sénat. Et vous devriez vous en réjouir. Oui, même si le FN vous fait horreur.

    Il y a un non-événe­ment, et un vrai événe­ment.

    Le non-événe­ment c’est la montée du FN. Le FN repré­sente de manière stable 10 à 20% de la popu­la­tion depuis presque des dizaines d’an­nées.

    Ils ont 2 dépu­tés, et ont déjà été 35 à l’As­sem­blée Natio­nale (1986). Ils ont fait 18% à la prési­den­tielle de 2002 et ont même fait le meilleur score devant le PS et l’UMP aux dernières euro­péennes avec 24 dépu­tés sur 74. Dire que le résul­tat d’aujourd’­hui est syno­nyme d’une montée du FN est large­ment discu­table. Si on devait faire une bête compa­rai­son, le FN a même plutôt un très mauvais score au Sénat.

    C’est d’au­tant moins une « montée du FN » que l’élec­tion qui a eu lieu ce week-end est indi­recte. Les résul­tats ne repré­sentent pas le score du FN parmi la popu­la­tion mais acte sa repré­sen­ta­tion parmi des gens déjà élus (donc rien de neuf). Le FN serait aujourd’­hui soutenu par 1% de la popu­la­tion ou par 99%, il aurait pu faire le même score.

    Bref, pas de quoi faire même un entre­fi­let si ce n’est pour faire peur aux gens ou vendre des jour­naux (main­te­nant ça explique pourquoi ceux qui vivent de ces deux acti­vi­tés parlent encore d’une montée soudaine du FN).

    Le vrai événe­ment c’est qu’un parti qui repré­sente dura­ble­ment 10 à 20% de la popu­la­tion a pu enfin entrer au Sénat sans faire d’al­liance avec les deux gros partis histo­riques. Et ça, c’est forcé­ment bien pour la démo­cra­tie. C’est le contraire qui aurait été un scan­dale. Dans l’idéal il faudrait même qu’il ait nette­ment plus d’élus au sein des deux chambres natio­nales (vous pouvez multi­plier par 10 leurs repré­sen­tants actuels que vous seriez encore large­ment en dessous).

    Tout notre système est fait pour créer un bipar­tisme, faire peur avec les extrêmes mais empê­cher tout tiers de venir trou­bler la fête sans qu’il ne courbe l’échine en s’as­sujet­tis­sant à un des deux gros partis. Rien n’a changé à ce niveau, mais le système reste un peu perméable quand même, et ça c’est une sacré­ment bonne nouvelle.

    Si vous voulez râler, faites le contre les idées du FN, contre la popu­la­tion qui soutient le FN, mais certai­ne­ment pas dans le fait qu’ils soient repré­sen­tés dans nos insti­tu­tions. Ce, peu importe ce que vous pensez du FN : c’est hors sujet.

  • Élec­tions et démo­cra­tie

    Démo­cra­tie, litté­ra­le­ment, « le pouvoir détenu par le peuple ».

    Quel pouvoir avez-vous (collec­ti­ve­ment) ? Si votre seul pouvoir est d’élire quelqu’un, ou de vous faire tirer au sort, alors vous n’êtes proba­ble­ment pas en démo­cra­tie.

    L’élec­tion ou le tirage au sort ne sont en rien exclus. Ils ne sont toute­fois que des outils, ce qui compte est tout le système qui va autour.

    Jamais le fait d’avoir des élec­tions – ou un tirage au sort- ne doit suffire à vous sentir en démo­cra­tie. Mal employée, l’élec­tion est même un superbe outil de confis­ca­tion du pouvoir.

    Véri­fi­ca­tion en trois critères :

    1– Quand bien même elle aurait été prépa­rée et négo­ciée par le repré­sen­tant, la déci­sion est-elle prise,  confir­mée ou vali­dée direc­te­ment par vous (collec­ti­ve­ment) ?

    2– À défaut, avez-vous (collec­ti­ve­ment) moyen de bloquer la déci­sion du repré­sen­tant , de vous y oppo­ser ou de reve­nir en arrière ?

    3– À défaut, et à condi­tion de garder un contrôle sur le repré­sen­tant (renou­vel­le­ment très court du mandat, ou capa­cité de révo­ca­tion, ou possi­bi­lité de reve­nir excep­tion­nel­le­ment à un des deux points précé­dents en cas de besoin, etc.), la déci­sion relève-t-elle d’un choix réalisé (collec­ti­ve­ment) lors de la dési­gna­tion de ce repré­sen­tant ? soit que la déci­sion à prendre ait fait expli­ci­te­ment partie du choix, soit qu’elle est direc­te­ment issue d’une posi­tion ou de valeurs géné­rales assez claires qui faisaient partie de ce choix.

    Si vous ne répon­dez-pas « oui » à au moins un de ces trois scéna­rios, en pratique la déci­sion prise n’est pas démo­cra­tique.

    Mais ça ne s’ar­rête pas là.  Il y a deux condi­tions supplé­men­taires, à cumu­ler aux précé­dentes :

    A- Vous êtes (collec­ti­ve­ment) en pleine capa­cité de réali­ser des choix libres et éclai­rés. Ceci implique entre autres d’être plei­ne­ment infor­més de l’en­semble des contextes utiles concer­nant les choix passés et futurs, ou en capa­cité raison­nable d’ob­te­nir une telle infor­ma­tion si vous le souhai­tez.

    B- L’en­semble des déci­sions et choix d’im­por­tance vous concer­nant (collec­ti­ve­ment) sont pris suivant un procédé démo­cra­tique.

    #16ans m’an­nonce qu’il a été élu délé­gué de classe dans sa termi­nale. #démo­cra­tie

    Petite illus­tra­tion à partir d’une phrase lue aujourd’­hui, sur un sujet volon­tai­re­ment léger.

    • Les rares inter­ven­tions prises par le délé­gué sont prises unila­té­ra­le­ment par ce dernier, sans vali­da­tion ou confir­ma­tion de l’en­semble de la classe. Sauf excep­tion, elles sont de toutes façons prises sur l’ins­tant, sans prépa­ra­tion préa­lable.
    • De même, des déci­sions rela­ti­ve­ment défi­ni­tives sont prises suite à ces inter­ven­tions. La classe n’a aucun moyen de s’op­po­ser, ni même de desti­tuer son délé­gué (c’est à l’unique appré­cia­tion d’une auto­rité tierce, le profes­seur, basée sur un juge­ment pure­ment person­nel et arbi­traire).
    • Enfin, les ques­tions qui seront abor­dées par le délé­gué ne sont géné­ra­le­ment pas connues à l’avance. Il s’agit d’ailleurs géné­ra­le­ment de ques­tions person­nelles qui ne sont pas de nature à rele­ver d’une posi­tion poli­tique géné­rale. Il n’y a de toutes façons aucun moyen de contrôle d’un repré­sen­tant qui n’agi­rait pas comme initia­le­ment prévu.

    En tout état de cause, la classe n’a géné­ra­le­ment aucune infor­ma­tion sur les sujets réel­le­ment abor­dés par le repré­sen­tant au conseil de classe (et heureu­se­ment, ce sont des ques­tions de personnes).

    Pire, le délé­gué lui-même n’a quasi­ment aucun pouvoir. Il parti­cipe à des instances dans lesquelles il est partie extrê­me­ment mino­ri­taire, au milieu de tiers qui ont tous une forte auto­rité sur lui, parfois très directe. Il n’a lui-même que peu de recul sur les enjeux des déci­sions qui sont prises ni de capa­cité à les comprendre. Il est au mieux un porte-parole ou un indi­ca­teur du senti­ment de la classe, certai­ne­ment pas un déten­teur de pouvoir.

    Démo­cra­tie ? certai­ne­ment pas.

    Le pire c’est qu’ici l’élec­tion est plus de nature à disso­cier les élèves du pouvoir en leur donnant un os à ronger. On enseigne direc­te­ment à la géné­ra­tion future que la démo­cra­tie c’est la capa­cité à se plier aux déci­sions de tiers pour peu qu’on puisse envoyer quelqu’un aux instances de déci­sion.

    Ce n’est pas un appren­tis­sage de la démo­cra­tie, c’est un appren­tis­sage du renon­ce­ment par l’illu­sion démo­cra­tique.

    Ce qui m’inquiète n’est pas l’ab­sence de démo­cra­tie dans le fonc­tion­ne­ment de la classe, mais que les citoyens adultes que nous sommes puissent confondre une simple élec­tion de repré­sen­tant avec un système démo­cra­tique – bien entendu, l’exemple ici n’est qu’une illus­tra­tion, pas l’objet du débat.