Quelles bases de typographie sont donc enseignées à l’école ? Le mot « typographie » est-il utilisé ? — Emmanuel
Question intéressante. J’ai fouillé mes souvenirs.
Au niveau caractère
On m’a appris les majuscules, les minuscules, les chiffres, les ponctuations et l’espace.
On ne m’a pas appris la différenciation entre majuscule et capitale, ou même l’existence des petites capitales, ni le fait que les points de suspensions est un caractère à part entière et pas trois points séparés.
On ne m’a pas appris non plus les cadratin et demi cadratin, les chevrons pour faire des citations à l’intérieur d’autres citations ou le sens des crochets. On ne m’a pas appris non plus qu’il y a différentes tailles d’espace (mais ça s’est fait tout seul à l’usage pour l’écriture manuscrite). Je ne parle même pas de savoir ce qu’est une ligature.
On m’a aussi explicitement mal appris que les majuscules ne prennent jamais d’accent ou de cédille, et je crois que ce mauvais apprentissage perdure encore aujourd’hui.
On m’a aussi explicitement appris le mauvais genre pour « une espace », et j’ai encore du mal aujourd’hui à me corriger.
Au niveau du mot
On m’a appris à séparer les mots par des espaces, à capitaliser les noms propres, ce qu’est un sigle ou une abréviation. On m’a même appris la césure et qu’elle se fait entre deux syllabes.
On ne m’a par contre pas appris – ou je ne m’en souviens pas – comment arbitrer entre les différentes écritures des sigles et acronymes (capitales ou non, points entre les lettres ou non).
Sur la césure on ne m’a pas non plus appris à faire des coupures élégantes, ou quand éviter de les faire.
Au niveau de la phrase
On m’a appris la majuscule en début de phrase et le point en fin de phrase, quelle ponctuation prend une espace avant ou après.
On m’a toujours appris à ne pas mettre de virgule entre les deux derniers éléments d’un inventaire quand un « et » ou un « ou » est présent, même si j’ai appris à parfois le faire moi-même plus tard.
On ne m’a par contre pas appris à gérer la ponctuation des listes.
On ne m’a pas appris non plus la notion d’espace insécable, même si en pratique la « règle du bon sens » fait qu’on m’a interdit de revenir à la ligne avant une ponctuation autre que l’ouverture de guillemet ou de parenthèse, avant les symboles d’unité, ou (pour les professeurs les plus tatillons) au milieu d’un « 15 septembre ».
La capacité de ne pas mettre une capitale après les deux points quand il s’agit d’un inventaire a été différente chaque année suivant le professeur. Pour le coup on m’a appris tout et son contraire.
Au niveau du paragraphe
On m’a appris la notion de paragraphe, le saut de ligne et même l’indentation. On m’a appris la notion de titre, l’espace sous et sur le titre.
On ne m’a pas appris que c’est normalement soit un sauf de ligne soit une indentation mais pas forcément les deux – et assez rapidement plus personne n’a demandé ou fait attention à la présence ou non d’une indentation. On ne m’a pas appris non plus à réellement concevoir une différence entre un nouveau paragraphe et un simple retour à la ligne – même si j’ai finis par la faire de moi-même.
On ne m’a pas appris à gérer les veuves ou les orphelines.
La notion de phrase : On m’a appris la majuscule en début de phrase
Autres
On m’a appris le souligné, on m’a donné très tardivement la signification de l’italique mais jamais du gras. On ne m’a par contre jamais donné les armes pour faire de l’écriture clavier avec un usage élégant entre les guillemets et l’italique plutôt que le gras et le souligné.
De manière générale on ne m’a jamais appris à vraiment utiliser le clavier ou que l’informatique permet plus que le simple ASCII : majuscules accentuées, cadratins, espace insécable, espace fine, apostrophe et guillemet typographique, et encore moins les traits d’union et traits de césure explicite ou la césure optionnelle. On ne m’a globalement pas appris l’informatique du tout en fait, que ce soit clavier ou traitement de texte – je ne parle même pas de choix des fontes. Ça peut expliquer aussi le faible niveau typographique des échanges électroniques actuels.
Je regrette aussi qu’on ne m’ait pas enseigné les questions typographiques en tant que tel, peut-être rien que pour me dire que la typographie est différente dans d’autres langues.
Clairement, dans tous les cas, personne n’avait même abordé le terme de typographie. À l’heure où on parle de la pertinence d’enseigner l’écriture à la main, c’est surprenant.
Et vous ?
Photo d’entête sous licence CC BY-NC-SA par Relly Annett-Baker
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