Plafonner les indemnités pour licenciement abusif c’est le système de l’amende forfaitaire. C’est faciliter et inciter à la logique du « je sais combien ça me coûte, donc si je paye alors j’ai le droit de violer la loi ».
L’impact malsain est vu et revu à chaque fois qu’on instaure une pénalité forfaitaire : On instaure en réalité une autorisation soumise à paiement. Exemple assez connu : La pénalité pour les parents qui sont en retard pour chercher leurs enfants à la garderie de l’école. Après mise en place, non seulement les retards augmentent en fréquence et en volume, mais en plus les parents deviennent agressifs quand on leur reproche. Intellectuellement ils ont acquis un droit de retard. Ils ont payé donc personne n’a plus le droit de leur reprocher. Certaines bibliothèques l’ont constaté aussi pour les pénalités des livres rendus en retard.
Est-ce vraiment ça qu’on souhaite pour les licenciements abusifs ?
Si le contexte des TPE et PME mérite vraiment qu’on simplifie ou qu’on assouplisse des procédures, alors réfléchissons-y, mais ne donnons pas à ceux qui peuvent se le permettre un permis de violer une interdiction qu’on souhaite garder par ailleurs. Ça ne résout pas le problème de l’entrepreneur qui est en limite de rentabilité (il aura quand même des dommages et intérêts à payer) et à l’inverse ça facilite la vie de celui qui en abuse et fait un vrai système RH d’exploitation et pression sur le salarié.
Mais le vrai scandale n’est même pas là. Le vrai scandale c’est qu’on ne parle pas d’une amende. On parle d’indemnités pour compenser un dommage pour la victime (à priori le salarié dans le cas d’un licenciement abusif). Il s’agit d’un équilibre entre deux intérêts privés, pas d’une pénalité pour les entrepreneurs indélicats.
La règle normalement c’est que celui qui cause un dommage fautif en indemnise le dommage, tout le dommage. Que se passe-t-il si on instaure un plafond et que le dommage dépasse ce plafond ? et bien le reste est à la charge de la victime. Tant pis pour elle. Elle l’a bien mérité après tout, non ? non ? ah…
C’est certain que de simplifier et assouplir les règles là où c’est pertinent ça aurait demandé plus de courage politique, et une vraie réflexion de fond. Visiblement les deux manquent.
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