Catégorie : Politique et société

  • Beau­vais: les habi­tants refusent de les armer, les poli­ciers muni­ci­paux se vengent

    Une vengeance au goût « d’amende ». Après les atten­tats de janvier,  la ville de Beau­vais, en Picar­die, avait demandé à ses habi­tants par voie de réfé­ren­dum si les poli­ciers muni­ci­paux devaient être armés d’un pisto­let de service. 67% des votants s’étaient décla­rés hostiles à cette propo­si­tion. Mécon­tents, les concer­nés avaient fait tomber une pluie de PV sur les auto­mo­bi­listes, rapporte Euro­pe1. A tel point que la mairie s’en est même excu­sée.

    « On a tous reçu (un PV, ndlr) en même temps: un samedi matin. On a tous été verba­li­sés, à 1 heure du matin, devant chez nous […] après avoir garé comme tous les soirs sa voiture sur le trot­toir

    — via BFM TV

    Et là je ne peux que soute­nir une remarque que j’ai vu passer sur les réseaux :

    « Il est heureux que nous n’ayons pas armé ceux qui sont prêts à user ainsi de la force publique dans leurs propres inté­rêts »

    Ils ont simple­ment démon­tré qu’il aurait été irres­pon­sable de leur confier une arme. Que ça serve d’exemple.

    Main­te­nant la réac­tion pose un autre sujet, elle montre combien l’exé­cu­tif ou le judi­ciaires peuvent à l’en­vie deve­nir des pouvoirs d’op­pres­sion tota­le­ment arbi­traires, sans rien chan­ger à nos lois :

    Nous avons telle­ment intro­nisé le prin­cipe de tolé­rance et le sain juge­ment du repré­sen­tant de l’ordre, que chacun peut à tout moment être condamné pour de multiples motifs. Nous avons telle­ment mis des peines maxi­mum déli­rantes, que pour tout ça nous pour­rions même finir des mois en prison.

    Seuls nous sauvent la modé­ra­tion des forces de l’ordre et des juges, mais cette modé­ra­tion peut dispa­raitre à tout moment, globa­le­ment, ou sur des sujets spéci­fiques. Les condam­na­tions ubuesques pour apolo­gie de terro­risme suite à l’at­ten­tat de janvier le montrent bien.

    Notre démo­cra­tie apai­sée tient à peu de chose, ne la tenons pas pour acquise.

  • Voting Machines Running Block­chain Tech­no­logy Are No Longer Just A Theory

    On me pointe un article sur la block­chain pour les votes élec­tro­niques. J’ai peur qu’on se retrouve avec les deux mêmes dilemmes habi­tuels : Non fiable et au choix soit non véri­fiable soit non secret (ici c’est le secret qui est sacri­fié).

    Pour rappel, le vote doit être libre (je vote ce que je veux), secret (corol­laire du précé­dent, je vote sans contrainte et sans peur). Le résul­tat doit être fiable (le compte doit corres­pondre aux votes réels avec une marge d’er­reur non signi­fi­ca­tive) et véri­fiable (je n’ai pas à faire confiance, je peux m’as­su­rer que la fiabi­lité est réelle).

    The current plan is to keep the voting machine discon­nec­ted from the Inter­net. Further­more, all ballots are burned to a DVD before connec­ting the machine to the Inter­net, crea­ting a physi­cal backup of all votes just in case.

    Tout est dans ce simple para­graphe. tout d’abord on parle d’un ordi­na­teur hors-ligne. Contrai­re­ment à ce qui est annoncé plus haut dans l’ar­ticle, on ne pourra pas suivre en temps réel depuis Inter­net (ni même voter depuis Inter­net d’ailleurs).

    Avec les infor­ma­tions que donne l’ar­ticle, le résul­tat de la machine est tota­le­ment non véri­fiable. Jusqu’au moment où le DVD est gravé en fin de vote, le système n’est qu’une gigan­tesque boite noire à laquelle il faut faire confiance les yeux bandés. Je ne sais pas si le vote qu’il me dit avoir pris en compte sera bien ajouté au bon candi­dat, ni que les données ne seront pas modi­fiées d’ici au gravage du DVD. Rien ne le garan­tit, nulle part. Ouille.

    Il peut y avoir des erreurs ou failles de sécu­rité (volon­taires ou non) dans le code source du logi­ciel de vote, dans les biblio­thèques de code utili­sées ou dans le système d’ex­ploi­ta­tion. Il peut y avoir du code mali­cieux injecté dans le binaire du logi­ciel de vote, dans le système d’ex­ploi­ta­tion, ou même dans le bios de l’or­di­na­teur. Récem­ment on a même vu des vers trans­por­tés dans des firm­wares de disques durs, donc virtuel­le­ment indé­tec­tables. Aie.

    Some people might wonder how Block­chain Tech­no­lo­gies Corp. plans to keep the voting process tamper-proof, as block­chain tech­no­logy requires an inter­net connec­tion.

    La block­chain, sauf si je manque quelque chose dans la retrans­crip­tion de l’ar­ticle, n’a aucun inté­rêt dans tout le proces­sus tant que les votes ne sont pas parta­gés dans le réseau et vali­dés par tout un chacun (sur quelle base ? comment savent-ils que le compte est bon avant de l’en­té­ri­ner sur les réseaux ?).

    Bref, c’est juste pour faire joli et tech­nique à la mode, mais ça n’a aucun inté­rêt. Pffff.

    Their propo­sed process is simple, elegant, and conve­nient in its own way. Voting ballots would remain the same, other than three QR codes at the bottom. The first code repre­sents a block­chain address; the second one repre­sents the ballot ID, and the final code is the elec­tion ID. These QR codes would then be scan­ned once the ballot is depo­si­ted into the voting machine, and auto­ma­ti­cally trans­fer “vote units” to the appro­priate candi­date;

    Aie. Donc chaque bulle­tin contient non seule­ment le contenu du vote mais aussi un iden­ti­fiant secret appar­te­nant au votant. Comment cet iden­ti­fiant est-il créé ou trans­mis ? Avec quelle sécu­rité est-il gardé par l’élec­teur ? La véri­fia­bi­lité du système est basé là dessus.

    Proba­ble­ment que ces iden­ti­fiants (l’adresse block­chain) sont attri­bués par l’or­ga­ni­sa­teur du vote (l’État). Ce dernier aurait alors capa­cité à faus­ser le vote, ou savoir qui a voté quoi. Oups.

    Dans tous les cas, le résul­tat n’est toujours pas véri­fiable. Chacun peut véri­fier son propre vote, mais pas le résul­tat global. On peut imagi­ner que ça fonc­tionne si tout le monde véri­fie (et sait véri­fier) son propre vote, mais c’est une garan­tie assez faible : Que se passe-t-il si un groupe assez signi­fi­ca­tif conteste le résul­tat ? Personne ne saura s’ils sont de bonne foi ou non. Tout repose sur la confiance, pas la trans­pa­rence ni la véri­fia­bi­lité. Argh.

    It is not common to see the combi­na­tion of block­chain tech­no­logy with a paper trail. Howe­ver, in light of the sensi­tive nature of voting results, Block­chain Tech­no­logy Corp. prefers to take no risks. In a way, the paper trail can be used as an arbi­tra­tor in case the block­chain data and/or DVD data don’t match up.

    Atten­tion, Voilà l’étape de véri­fi­ca­tion, la vraie. La source de vérité est une simple impres­sion incré­men­tale sur un papier à chaque vote.

    Elle n’a de sens que si le votant voit son vote s’ins­crire en temps réel, de façon intel­li­gible, et que le papier reste à tout moment visible.

    Très proba­ble­ment on se retrouve avec un jour­nal papier ordonné de tous les votes, et c’est la fin du secret (l’ordre de passage est celui du papier, on sait qui vote quoi). Malgré ce secret éventé, on ne saura pas quoi faire si un groupe de taille signi­fi­ca­tive déclare que son vote n’a pas été correc­te­ment pris en compte.

    Dans le meilleur des cas il y a un système méca­nique de mélange après impres­sion. Par exemple si la machine qui scanne notre bulle­tin, écrit ensuite un nouveau bulle­tin devant nos yeux, en cache ou masque le contenu du vote mais garde visible le papier lui-même jusqu’au dépouille­ment de véri­fi­ca­tion s’il est demandé. Tiens, ce pour­rait être fait en le mettant dans une enve­loppe qui tombe dans une urne trans­pa­rente, tout ça sous les yeux des scru­ta­teurs tiers (ça me rappelle quelque chose, pas vous ? :-)

    The current plan is to keep the voting machine discon­nec­ted from the Inter­net.

    Et avec tout ça on parle d’un ordi­na­teur de vote local, donc toujours pas de vote par Inter­net (qui ajou­te­rait mille problèmes de sécu­rité et empê­che­rait une partie des solu­tions trou­vées par l’im­plé­men­ta­tion décrite ici).

    Même si tout fonc­tion­nait à merveille et qu’on trou­vait une solu­tion au problème initial de la boite noire (je vous dis un secret : on ne trou­vera pas), trop peu de citoyens seraient capables de comprendre comment tout ça fonc­tionne et de le garan­tir. Il faudra faire confiance à l’or­ga­ni­sa­teur du vote, ce qui est bien la dernière chose qu’on souhaite sur une élec­tion natio­nale orga­ni­sée par le pouvoir en place… Bref, c’est inadapté.

    Je ne peux m’em­pê­cher de trou­ver tout ça bien compliqué par rapport aux isoloirs non élec­tro­niques, pour un gain large­ment discu­table.

    Tout ça pour ça…

    D’ailleurs c’est assez assumé dans l’article d’ori­gine sur Vice.com :

    The open source code combi­ned with the paper, DVD, and block­chain audit trails may not comple­tely elimi­nate fraud in the voting process, but it will be a step in the right direc­tion. Espe­cially compa­red to the 10–15 year old, buggy elec­tro­nic voting machines we use today

    En gros : Ça ne garan­tit pas vrai­ment contre la fraude, mais c’est mieux que les machines à voter d’il y a 15 ans sur lesquelles ont a réussi à chan­ger les votes des élec­teurs précé­dents, faire voter pour un non-candi­dat, avoir plus de votes que de votants, faire chan­ter l’hymne natio­nal en plein vote, et j’en passe des meilleures.

    Ailleurs dans l’ar­ticle il est assumé que ça ne protège seule­ment qu’à peu près le secret du vote. Ni fiabi­lité ni secret : on est très loin d’une solu­tion.

    Je serai très ravi de voir une vraie solu­tion de vote élec­tro­nique satis­fai­sante (ne parlons pas de parfait, satis­fai­sante suffi­rait). Un jour peut-être, mais c’est peu probable.

    La problé­ma­tique n’est pas vrai­ment une problé­ma­tique tech­nique. Elle est dans la trans­pa­rence du proces­sus, qui ne pourra jamais être atteinte par une puce (dont par prin­cipe on ne voit pas le fonc­tion­ne­ment) sans atteindre au secret des votes.

    Entre temps, appe­ler à la mise en place d’un vote élec­tro­nique, connais­sant l’état de l’art sur le sujet et sauf à vouloir sacri­fier le secret du vote, c’est sacré­ment dange­reux quand même.

  • Un élec­teur sur deux favo­rable au vote sur inter­net

    Je pour­rais vous dire que tous les essais de vote élec­tro­nique ont montré des erreurs ou des failles de sécu­rité nette­ment plus impor­tantes que ce qui est possible sur des votes papier.

    Je pour­rais vous dire que l’es­sen­tiel des pays qui ont étudié la ques­tion voire qui ont mis en pratique le vote élec­tro­nique ont ou sont en train de faire marche arrière.

    Je pour­rais vous dire qu’en l’état de nos connais­sances, sachant que les États savent infec­ter les firm­wares de carte mère ou même ceux des disques durs pour créer des chevaux de troie extrê­me­ment complexes, il est en pratique impos­sible de s’as­su­rer de quel logi­ciel tourne effec­ti­ve­ment sur le serveur inter­net ou la machine à voter, et donc d’avoir confiance dans le résul­tat.

    Je pour­rais vous dire que même si ce n’était pas le cas, le citoyen lambda est tota­le­ment inca­pable de véri­fier le fonc­tion­ne­ment ou la sécu­rité d’un système de vote élec­tro­nique, et que cette capa­cité de véri­fi­ca­tion est le socle de la confiance et du vote démo­cra­tique.

    En fait je vais simple­ment vous dire qu’aujourd’­hui, malgré toutes les intel­li­gences qui s’y sont penchées, nous ne savons pas faire un vote élec­tro­nique qui ait à la fois un résul­tat véri­fiable et des votes anonymes. C’est soit l’un soit l’autre, même si nous arri­vions à sécu­ri­ser tota­le­ment le système. Malheu­reu­se­ment les deux sont tota­le­ment indis­pen­sables au proces­sus.

    Que notre secré­taire d’État au numé­rique envi­sage le vote par Inter­net comme solu­tion à l’abs­ten­tion aux élec­tion relève soit de l’im­pro­vi­sa­tion complète au point de n’en avoir parlé avec aucun conseiller, soit de la malhon­nê­teté à propo­ser une solu­tion dont on connait la dange­ro­sité extrême.

    Rien que cette sortie poli­tique au lende­main du lance­ment de la campagne de finan­ce­ment de La Quadra­ture du Net, justi­fie de vite faire un don. Nous jouons le futur de notre démo­cra­tie, rien que ça.

    Le site est vieux, moche, mais ordi­na­teurs-de-vote contient une multi­tude d’in­for­ma­tions pour ceux qui veulent en savoir plus.

  • Bouygues condamné à 25.000 euros d’amende pour travail dissi­mulé

    Le groupe Bouygues a été condamné mardi par le tribu­nal de Cher­bourg (Manche) à 25.000 euros d’amende pour avoir recouru à l’em­ploi de travailleurs dissi­mu­lés sur le chan­tier du réac­teur nucléaire EPR de Flaman­ville. Quatre autres socié­tés, Atlanco, Elco, Quille Cons­truc­tions (une filiale de Bouygues), et Welbond Arma­tures ont elles aussi été condam­nées pour le même motif par le tribu­nal correc­tion­nel de Cher­bourg, à des amendes allant de 5.000 à 70.000 euros.

    — via Les Echos

    On parle de 460 employés, donc une amende d’un peu moins de 55 € par travailleur dissi­mulé.

    Ça va clai­re­ment leur faire peur, remettre dans les rails tout le monde, et dissua­der d’éven­tuelles fraudes à venir, non ? non ? vrai­ment ? même pas un peu ?

    Sérieu­se­ment, je ne comprends même pas qu’on ait pu envi­sa­ger de tels montants ridi­cules. Ou plutôt…

    Le syndi­cat s’est en revanche réjoui que le groupe Bouygues ne soit pas privé de l’ac­cès aux marchés publics, ce qui aurait été auto­ma­tique­ment le cas si une amende supé­rieure à 30.000 euros lui avait été infli­gée.

    Bref, l’im­pact serait trop impor­tant alors on préfère glis­ser tout ça sur le tapis. Le too big to fail des banques US n’est pas très loin. Loin d’être un motif de réjouis­sance, on est juste en train de dire qu’on n’osera pas les embê­ter réel­le­ment quoi qu’ils fassent parce que ça aurait trop de consé­quences. Oups…

  • Une liste noire en ligne pour repé­rer le travail illé­gal en entre­prises

    Les entre­prises condam­nées pour travail illé­gal pour­ront voir leur nom appa­raître dans une « liste noire » consul­table sur le site du minis­tère du Travail, suite à la publi­ca­tion d’un décret paru le vendredi 23 octobre 2015 au Jour­nal offi­ciel. Plus concrè­te­ment, un juge pourra déci­der d’une « peine complé­men­taire » consis­tant à faire appa­raître une société dans ce docu­ment public pour une durée de deux ans.

    — via French­web

    Bref, le légis­la­teur prévoit une peine spéci­fique, desti­née à appor­ter une publi­ca­tion à certains faits, et la dissua­sion qui en découle. La durée de publi­ca­tion est limi­tée, évitant de faire persis­ter un passé révolu.

    Sauf que ça gêne les grandes entre­prises (forcé­ment, c’est le but) donc…

    Pour garan­tir les droits des personnes […] inter­dic­tion est faite aux moteurs de recherche d’in­dexer les infor­ma­tions présentes sur le site.

    Et les juge­ments seront publiés sous forme d’images et non de texte, avec inter­dic­tion de faire des travaux d’ex­trac­tion.

    Autant dire qu’on a tué dans l’œuf l’objet même de la peine. Un peu comme ces décla­ra­tions de patri­moine qui sont consul­tables unique­ment sur rendez-vous, sur papier, avec inter­dic­tion de prendre des notes ou de diffu­ser les éven­tuelles trou­vailles.

    L’obs­cu­rité devient telle­ment la norme que même quand une loi dicte une publi­ca­tion, on trouve une façon de la rendre inopé­rante. Il faut renver­ser toute la façon de penser de nos élus, et ça n’a pas l’air d’être bien parti.

  • Éditeurs, arrê­tez de prendre en otage la connais­sance ! (1e cati­li­naire)

    j’ai mis au programme une dizaine de livres – tous publiés après 2011 ! – et la quasi-tota­lité d’entre eux est introu­vable […] indis­po­nibles chez le four­nis­seur – en six mois, impos­sible de les avoir […]

    Les maisons d’édi­tion ne distri­buent pas, même pas dans la forme la plus simple : rendre le livre dispo­nible sur une plate­forme de vente en ligne (voire même sur leur propre site). Et la plupart ne propose pas de version numé­rique.

    […]

    Il faut d’abord souli­gner que ces livres sont très souvent le fruit de recherches payées par l’uni­ver­sité, qui ensuite – direc­te­ment (biblio­thèques) ou indi­rec­te­ment (étudiants, profes­seurs) – les rachète. L’au­teur n’est pas payé par la maison d’édi­tion, mais par son employeur : l’uni­ver­sité. De plus, la plupart du temps, l’édi­teur est payé pour son travail – par les finan­ce­ments publics concer­nant les publi­ca­tions savantes.

    […]

    La réponse est simple : pourquoi se soucier de diffu­ser un livre lorsque l’on est déjà payé ? […] Pourquoi perdre du temps et risquer de l’argent pour distri­buer ? […]

    En bref, nous payons les maisons d’édi­tion avec de l’argent public pour prendre en otage la connais­sance que nous produi­sons avec des fonds publics.

    — via The conver­sa­tion

    Juste­ment à l’heure où le SNE essaye de convaincre qu’ou­vrir les publi­ca­tions scien­ti­fiques ou ne pas avoir une période d’ex­clu­si­vité longue risque­rait de casser l’édi­tion scien­ti­fique, qui fonc­tion­ne­rait parfai­te­ment.

    Certes, aujourd’­hui on se demande pourquoi lais­ser aux éditeurs ce privi­lège : les correc­tions et la mise en forme peuvent être faites au sein de l’uni­ver­sité – les maisons d’édi­tion demandent d’ailleurs déjà en partie l’aide non payée des univer­si­taires pour l’éva­lua­tion des manus­crits – et la diffu­sion peut se faire pratique­ment gratui­te­ment sur le web. Pourquoi alors paye-t-on les éditeurs ? Cela aurait du sens si le travail de diffu­sion était excel­lem­ment fait et que les conte­nus deve­naient véri­ta­ble­ment visibles et acces­sibles. Mais c’est dans les faits tout le contraire.

  • Suppres­sion de la demi-part fiscale des veuves : la gauche doit répa­rer les dommages de l’époque Sarkozy

    Inévi­ta­ble­ment, ces mesures pèsent lourd sur le budget des personnes concer­nées, dont beau­coup ont décou­vert avec effa­re­ment leur avis d’im­po­si­tion cette année. Pour elles, c’est une double injus­tice : non seule­ment le montant des impôts augmente, mais en plus il augmente de façon déme­su­rée, du fait de l’exis­tence de paliers en fonc­tion des reve­nus. En augmen­tant son revenu fiscal de réfé­rence de quelques dizaines d’eu­ros seule­ment, on risque de passer le palier supé­rieur, et de payer – énor­mé­ment – plus d’im­pôts. Si notre système d’im­po­si­tion était plus juste et propor­tion­nel, de telles situa­tions ne risque­raient pas d’ar­ri­ver.

    extrait de Marianne

    Oui, mais non. Qu’un jour­na­liste dans un article fiscal colporte encore ce genre d’idio­tie, c’est inex­cu­sable.

    Le taux d’im­pôt sur le revenu (c’est de lui dont on parle) est en France un taux margi­nal. Il change effec­ti­ve­ment par paliers, mais seul ce qui dépasse du palier est imposé au taux supé­rieur. L’im­po­si­tion sur le revenu *est* progres­sive.

    Imagi­nons que vous ayez 11 991 € impo­sables annuels. Vos premiers 6 011 € sont exoné­rés, et le reste est à un taux faible de 5,5 %. Vous gagnez 10 € de plus, vous passez effec­ti­ve­ment au taux margi­nal de 10 %… mais unique­ment pour les 10 € qui dépassent du palier précé­dent. En gros le passage de 10 € au dessus du palier vous ajoute une impo­si­tion de (roule­ment de tambour) 1 €.

    Yann a tracé de jolies courbes pour le taux moyen réel (et donc pas le taux margi­nal, qui ne veut pas dire grand chose). Le résul­tat n’est effec­ti­ve­ment pas une ligne droite, mais on n’en est fran­che­ment pas si loin.

    Ces histoires de 10 € qui font explo­ser la fiche d’im­po­si­tion sur le revenu, c’est de la légende urbaine. Main­te­nant vous savez quelle crédi­bi­lité accor­der à la presse quand elle se plaint de la fisca­lité.

    Pour être complet – et l’ar­ticle le dit ensuite – d’autres effets d’ajoutent pour creu­ser un peu les courbes et s’éloi­gner un peu de la droite lors des passages de palier, mais c’est hors de la fiche d’im­po­si­tion qui elle est assez progres­sive. Il s’agit des réduc­tions, exoné­ra­tions et tarifs sociaux qui dépendent du taux d’im­po­si­tion. Mis à part le passage du « non soumis à l’im­pôt sur le revenu » à « soumis à l’im­pôt sur le revenu » qui peut être diffi­cile, le reste est géné­ra­le­ment lissé juste­ment pour éviter un maxi­mum les effets de seuils.

  • TVA sur les tampons : qu’est-ce qu’un « produit de première néces­sité » ?

    En clair, la logique qui gouverne la fisca­lité des « produits de première néces­sité » n’a pas consi­déré que le savon en était un. Ce qui est évidem­ment discu­table, qu’il s’agisse des produits d’hy­giène fémi­nine comme les tampons et les serviettes ou d’autres produits plus géné­riques.

    L’as­so­cia­tion Geor­gette Sand, à l’ori­gine de la demande de baisse de TVA sur les tampons et serviettes, grâce à une péti­tion qui a réuni 17 000 signa­tures, deman­dait d’ailleurs qu’une série de produits d’hy­giène « de première néces­sité » (savon, sham­pooing…) béné­fi­cient du même taux.

    chez Les Déco­deurs

    Au delà de la ques­tion spéci­fique des serviettes et tampons, c’est un gros ménage qu’il faudrait faire dans les caté­go­ri­sa­tions de TVA. Le problème, c’est que ça risque de déplaire à bien trop d’in­té­rêts.

    La restau­ra­tion en Guade­loupe et les ventes d’ani­maux vivants béné­fi­cient du taux super-réduit de 2,1% qui sert aux médi­ca­ments et produits sanguins.

    Les œuvres d’art, le cinéma, les livres et les spec­tacles vivants béné­fi­cient du taux réduit des biens de première néces­sité comme l’ali­men­taire, les appa­reillages pour handi­ca­pés ou les pres­ta­tions pour personnes âgées dépen­dantes. Oh, c’est aussi le cas de la presse, y compris les jolies éditions Atlas (et asso­ciées) vendues au bureau de tabac.

    Les zoos béné­fi­cient du même taux inter­mé­diaire que les médi­ca­ments non rembour­sés et travaux d’amé­lio­ra­tion des loge­ments.

    Bref, chaque lobby a obtenu avec le temps de se placer plus ou moins proche du taux le plus bas. Bonjour les grèves et le mauvais buzz pour le gouver­ne­ment qui osera cham­bou­ler tout ça. Tout ça n’a plus grand sens.

  • The B Corp Decla­ra­tion

    We envi­sion a global economy that uses busi­ness as a force for good.

    This economy is compri­sed of a new type of corpo­ra­tion […] – Which is purpose-driven and creates bene­fit for all stake­hol­ders, not just share­hol­ders.

    […] we believe:

    • That we must be the change we seek in the world.
    • That all busi­ness ought to be conduc­ted as if people and place matte­red.
    • That, through their products, prac­tices, and profits, busi­nesses should aspire to do no harm and bene­fit all.
    • To do so requires that we act with the unders­tan­ding that we are each dependent upon another and thus respon­sible for each other and future gene­ra­tions.

    — The B Corp Decla­ra­tion

    Pour moi c’est sacré­ment impor­tant.

    J’ai la chance d’avoir le choix de là où je travaille, ou plutôt de pouvoir refu­ser de travailler dans les entre­prises qui ne corres­pondent pas à mes valeurs. Cette décla­ra­tion corres­pond fina­le­ment assez bien à mon critère.

    Chaque choix a un coût, et rien n’est parfait ou magique, mais que faites-vous de votre côté pour aligner vos valeurs et vos actions ?

     

  • Combien ça coûte de vendre sa star­tup ?

    Au total, sur votre plus-value de 500’000€ réali­sée au bout de 2 à 8 ans, vous aurez donc versé 170’390€, soit un taux réel de 34%. Pas tout à fait 40%, ni encore moins 45%. A peine plus que le tiers. Poten­tiel­le­ment moins.

    […]

    Les star­tup mettent en moyenne 7 ans à s’ap­pré­cier, à partir de 8 ans l’abat­te­ment est de 65%. La taux effec­tif sur une plus-value d’1M€ après 8 ans est donc de 33,8%. Yep.

    […]

    Dans certains cas, l’abat­te­ment peut aller jusqu’à 85%… Les inves­tis­seurs le savent, à n’en pas douter !

    Tous ces scéna­rios partent du prin­cipe que vous êtes céli­ba­taire, sans enfant à charge, sans autre parti­cu­la­rité fiscale et ne prennent pas en compte d’autres reve­nus ou crédits d’im­pôts dont vous pour­riez béné­fi­cier.

    chez Damien Varron, via David Larlet

    Merci. Bien évidem­ment le taux ne monte pas tant que ça même si vous chif­frez une plus-value à plusieurs millions. Et l’au­teur de départ oublie la possi­bi­lité de placer ses actions sur un PEA, qui intro­duit d’autres faci­li­tés.

    Parce qu’en trem­pant dedans, moi aussi j’en ai marre de tout ce bull­shit.

    Bien entendu on oublie faci­le­ment l’énorme exoné­ra­tion qu’est le CIR, les faci­li­tés fiscales de la JEI, l’in­fa­struc­ture excep­tion­nelle qu’on a en France et qui permet au busi­ness de fonc­tion­ner, le niveau d’édu­ca­tion payé sur fonds publics, l’ab­sence d’IS des star­tup qui sont défi­ci­taires pendant des années…

    Malgré tout ça, il y a une défiance envers tout ce qui a trait à l’État et aux règles sociales est à son maxi­mum dans nombre de struc­tures. C’est d’un hypo­crite au possible.

    On y ressent comme une croyance que l’en­tre­pre­neur est un super-héros, qui contri­bue telle­ment de part sa réus­site qu’il mérite d’être exonéré de tout impôt, qu’il ne doit rien à la société. Je n’y ai jamais vu la moindre justi­fi­ca­tion.