Un groupe appelant au boycott des produits d’Israël vient d’être définitivement condamné. L’appel au boycott est en soi interdit mais là ils l’ont été sur le critère de discrimination/racisme (le boycott est en fonction de l’origine géographique, ce qui est interdit).
Je ne saurais juger si ce groupe avait uniquement une visée politique ou s’il y avait aussi une consonance nettement discriminatoire antisémite. Glenn Greenwald réagit dans The Intercept. Le discours sur la liberté d’expression est un peu à côté de la plaque à mon humble avis : La France et les États-Unis ont des équilibres différents à ce niveau. Je me garde bien de considérer que l’un ou l’autre a « raison ». J’en doute. Partir sur ce débat me parait futile.
Par contre, un tweet précis tape là où ça fait mal :
@AviMayer You believe the law should allow a person to advocate boycott/sanctions for Iran & Russia, but make it illegal for Israel?
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) 26 Octobre 2015
Ça caricature, mais il y a quand même un fond que je ne me sens pas de considérer comme faux, et ça me gêne fortement.
Je ne suis même pas certain que ce soit (ici) le problème d’un pénible amalgame (volontaire ou non) entre critique d’Israël et anti-sémitisme. Un appel au boycott des USA aurait aussi potentiellement été condamné, mais pas un appel au boycott de la Corée du nord. Dans un État de droit basé sur des libertés, cette différence me gêne. Je ne sais pas mettre les bons mots dessus, je ne sais pas où placer la ligne rouge, mais il y a un truc qui fonctionne mal et qui ne me rend pas fier.
et parce que ce sujet est délicat, je préfère prévenir : tout commentaire que je considèrerai comme agressif sera d’office retiré, quel que soit le fond du discours ; de la même façon, toute discussion sur la situation en Palestine ou les actions d’Israël serait totalement hors sujet dans le cadre de ce billet, et serait retirée de la même façon.
3 réponses à “Anti-Israel Activism Criminalized in the Land of Charlie Hebdo and “Free Speech“”
Est-ce que, foncièrement, le mouvement BDS ne prône pas plutôt le boycott des produits issues des territoires occupés ? Mais que, en l’absence d’étiquetage, c’est devenu un boycott des produits israéliens ?
Moi, c’est ça qui me gêne… c’est que je comprends la condamnation pour appel au boycott… mais que, dans la mesure où les produits issus des territoires occupés ne sont pas identifiables, mais aussi que le droit international n’autorise pas Israël à les exporter et qu’ils le font quand même… on est quelque part sur la confrontation entre 2 comportements « illégaux ». Comment en condamner un sans condamner l’autre ? C’est compliqué, non ?
(J’essaie bien de me placer d’un point de vue juridique, je ne suis clairement pas antisémite ou anti-Israël, et je n’appelle pas au Boycott…)
L’appel au boycott des produits issus des territoires occupés serait probablement tout aussi illégal, même avec l’étiquetage précis.
Ce qui me surprend dans cette loi, c’est l’interdiction de l’appel au boycott, alors que le boycott lui-même est autorisé. L’incitation à la violence est condamnée également, mais la violence tout court l’est tout autant. Pourquoi autoriser le boycott et interdire son incitation ?
Dire : ‘consommer local’, n’est-ce pas appeler à boycotter ce qui vient de plus loin ? Dire ‘acheter français’, n’est-ce pas un appel au boycott des produits étrangers ?
Franchement, cette loi est mal formulée, imprécise et bancale, sûrement parce qu’elle tente d’empêcher une forme de non-consommation, ce qui n’est pas très sain dans un monde capitaliste…
Si BDS voulait ‘contourner’ la loi, ne pourraient-ils pas juste établir une liste des produits fabriqués dans les territoires occupés. Chacun en ferait ce qu’il voudrait, ce ne serait alors que de l’information, plus difficile à censurer donc.