Catégorie : Politique et société

  • PepsiCo Exec Has Tough Words for Agen­cies

    « Can we stop using the term adver­ti­sing, which is based on this model of pollu­ting [content], » he said.

    « My parti­cu­lar peeve is pre-roll. I hate it, » he added. « What is even worse is that I know the people who are making it know that I’m going to hate it. Why do I know that? Because they tell me how long I am going to have to endure it — 30 seconds, 20 seconds, 15 seconds. You only have to watch this crap for another 10 seconds and then you are going to get to the content that you really wanted to see. That is a model of pollu­ting content that is not sustai­nable. »

    — Brad Jake­man (PespiCo), via AdAge

    Le reste de l’ar­ticle est large­ment discu­table, mais clai­re­ment il commence à être tard pour se rendre compte du problème cité. Les gens se sont tour­nés vers les système de blocages, ou la contre­façon. Le temps où la rébel­lion était confi­den­tielle sont finis. Il est un peu tard désor­mais. La rupture est déjà là, même si le modèle persis­tera encore quelques années.

  • Le FBI fabrique-t-il des terro­ristes ?

    Le 10 avril, le FBI annonçait l’ar­res­ta­tion d’un homme de 20 ans, John Booker, prêt à perpé­trer un atten­tat-suicide à la voiture piégée contre une base mili­taire du Kansas. Or, selon le compte-rendu d’enquête consulté par l’AFP, Booker était depuis six mois mani­pulé par le FBI. Ce sont des agents infil­trés qui ont aidé l’ap­prenti djiha­diste à réali­ser sa vidéo de « martyr ». Ils lui ont fourni la liste des compo­sants néces­saires pour sa bombe. Enfin, ils ont confec­tionné l’en­gin – en fait inac­tivé – et l’ont remis avec un véhi­cule au suspect.

    Le Point

    Le sujet n’est pas neuf, et est déli­cat. Mieux qu’un Mino­rity Report, ici nous ne condam­nons pas le futur qui va arri­ver, nous allons jusqu’à le créer. À se deman­der si nous ne condam­nons pas simple­ment le fait d’être influençable et d’être tombé sur un test des auto­ri­tés.

    Quand en plus, d’Ous­sama Ben Laden aux prémices de l’État Isla­mique, on se rend compte que ce sont nos pays qui ont favo­risé l’émer­gence des ces groupes voire les ont armé pour créer une oppo­si­tion bien pratique à l’époque, nous sommes fran­che­ment des pompiers pyro­manes. Aie.

  • Pendant des décen­nies

    Pendant des décen­nies

    J’en­tends parler de vengeance, de guerre, de bombes. Je ne juge pas le besoin d’agir, mais est-ce vrai­ment ça qui mettra fin au terro­risme ? Où est-ce au contraire ce qui peut renfor­cer leur propre vengeance, leur senti­ment d’injus­tice, les divi­sions chez nous et leur capa­cité à recru­ter ?

    Et si nous appre­nions de notre passé ? Depuis 40 ans nous avons plus ou moins direc­te­ment encou­ragé des guerres et armé des oppo­sants à de nombreux régimes. Nous avons aussi nous-même mené certaines guerres, ou bombardé et tué à distance.

    D’énormes moyens. Il serait malhon­nête de dire qu’il n’y a eu aucun résul­tat : la situa­tion d’aujourd’­hui est en grande partie le résul­tat d’hier. Recom­men­ce­rons-nous ?

    Ça ne résou­dra rien en soi, et il faut bien entendu agir en paral­lèle. Pour autant, voilà une conduite dont je serais fier, une qui serait en ligne droite avec l’in­ter­ven­tion de Domi­nique de Ville­pin à l’ONU il y a quelques années : assu­mer de ne pas se lancer dans une guerre qui n’a d’objec­tifs que de montrer qu’on agit, sans réel­le­ment être la solu­tion à quoi que ce soit, et qui coûtera cher en vies humaines là où nous enver­rons nos bombes.

    Aurons-nous le courage de refu­ser la fausse solu­tion facile et de réflé­chir au long terme, tout en sachant que ça ne flat­tera pas nos instincts ? Il y a quelques années nous avons tous été fiers d’un discours de Domi­nique de Ville­pin. J’ai­me­rais tant qu’il en soit de nouveau ainsi.

    Voilà un exemple de ce que nous pour­rions dire. Le droit de vote aux étran­gers n’est qu’un exemple.

    Si c’est plus consen­suel, même si ça me parait moins fort comme symbole, nous pouvons aussi simple­ment de multi­plier par dix notre promesse d’ac­cueil des réfu­giés, et en faire notre réponse aux atten­tats.

    Parce que fina­le­ment, ces réfu­giés fuient les mêmes forces que nous, mais eux c’est tous les jours, armes lourdes et bombar­de­ments, parfois nos propres bombes.

    À l’heure où on parle de défendre la France, ses valeurs, son histoire, le concept de liberté, égalité et frater­ni­té… ça aurait telle­ment plus de sens d’ima­gi­ner quelque chose comme ça. Je peux vous dire qu’on parle­rait de la France comme d’un vrai pays de liber­tés et de frater­nité pendant des décen­nies avec un truc du genre.

    Ça n’ar­rê­te­rait pas le terro­risme dès aujourd’­hui, mais les bombes non plus. Au moins ça n’en créera pas de nouveaux adeptes pour demain.

    Mais pour ça il faut du courage. Le courage d’agir même si on risque sa réélec­tion, même si on se soumet aux critiques débiles de laxisme. Le courage de penser une poli­tique au lieu de faire du spec­tacle et du marke­ting.

    Je sais que mon opinion est très large­ment mino­ri­taire en France, encore plus aujourd’­hui, mais permet­tez-moi de rêver – ou aidez-moi à diffu­ser ce message si vous y rêvez aussi.


    Image d’en­tête sous licence Crea­tive Commons BY-SA détour­née à partir d’une image de elPa­da­wan

  • Pourquoi je ne crois pas à l’en­tre­prise libé­rée | Sylvain Pierre | TEDxVau­gi­rardRoad

    J’ai plein de choses à dire sur la mode des entre­prises libé­rées : combien c’est impor­tant, mais aussi combien ça peut être une arnaque ou malsain si c’est pour simple­ment rendre le sala­rié respon­sable de ses propres turpi­tudes, ou combien le mana­ger reste quelque chose d’utile et même souhai­table – tout est ques­tion du rôle du dit mana­ger. Ça sera proba­ble­ment pour un autre billet ou pour les commen­taires de celui-ci.

    Je me retrouve quand même dans quelques histoires de cette vidéo :

    J’ai manqué mon réveil

    Je l’ai vécu à Yahoo! J’y ai vu la possi­bi­lité de dire expli­ci­te­ment « hier je n’ai pas été vrai­ment produc­tif, je n’ai pas vrai­ment avancé, mais je suis sur le chan­tier aujourd’­hui ». Parce que ça arrive, à tous. Par le passé je lissais mes pics et creux d’ac­ti­vité, je cachais pour paraitre fiable et présen­table.

    Par la suite j’ai assumé d’avoir des jours où je n’ar­rive pas à avan­cer sur le travail à faire et où ma tête passe plus de temps à penser à de nouvelles choses, voire simple­ment à entrer dans des impasses.

    Parce que fina­le­ment ce qui importe c’est la valeur appor­tée sur le mois ou sur l’an­née, et ça ne se mesure certai­ne­ment pas à ce que j’ai fait hier ou ce que je ferai demain. À Yahoo! j’ai commencé à être honnête avec moi-même, et avec les autres.

    Dès que je suis entré de nouveau dans un mode où je ne pouvais plus avoir cette honnê­teté, ça a fini par mal se passer. Quand l’at­tente est celle d’un proprié­taire par rapport à son robot de produc­tion et plus celle d’un humain par rapport à un humain qui colla­borent ensemble, le fossé est bien trop grand. C’est peut-être ce qui rendra diffi­cile désor­mais pour moi de travailler de nouveau dans une SSII.

    Quelqu’un dans l’équipe a levé la main

    Plus que toutes les ques­tions de présence ou absence de mana­ger, c’est _ça_ qui pour moi est la révo­lu­tion des nouveaux fonc­tion­ne­ments d’en­tre­prise.

    Il s’agit de redon­ner la respon­sa­bi­lité et l’au­to­no­mie aux équipes, de faire confiance. Et si ce n’est plus le rôle du mana­ger que de tout vali­der et tout dicter, c’est alors le rôle de l’équipe entière que d’in­ter­ve­nir.

    La vidéo parle de salaires mais ça se fait même au niveau de l’opé­ra­tion­nel de tous les jours. C’est à l’équipe de véri­fier ce qu’elle livre, et donc de vali­der elle-même le travail collec­tif, d’ai­der les collègues qui ne livrent pas ce qu’il faut, de prendre les déci­sions sur les choses à amélio­rer.

    Ça demande une direc­tion prête à jouer le jeu, au moins sur un péri­mètre donné : on peut ne pas délé­guer les salaires ou la stra­té­gie, mais le strict mini­mum est de délé­guer aux employés leur métier lui-même, ne pas prétendre déci­der à leur place comment le faire, tant que l’équipe s’en charge effec­ti­ve­ment.

    Le mana­ger est là comme filet de sécu­rité, comme faci­li­ta­teur au service de l’équipe, comme coach, ou éven­tuel­le­ment pour prendre les déci­sions lourdes que l’équipe ne souhaite pas porter (souvent les problèmes de personnes).Si personne ne lève la main en cas de problème, je n’ai pas une équipe, j’ai un groupe d’in­di­vi­dus qui colla­borent entre eux. La diffé­rence est fonda­men­tale.

    Petit point diver­geant par rapport à la vidéo : Ce modèle n’est pas adapté à tout le monde. Certains ne souhaitent prendre aucune respon­sa­bi­lité active, juste donner leur temps à exécu­ter, correc­te­ment et avec sérieux, mais juste exécu­ter. C’est respec­table, et vouloir leur impo­ser une prise de respon­sa­bi­lité serait tout aussi véné­neux que de vouloir reti­rer la respon­sa­bi­lité à ceux qui veulent se libé­rer.

  • Si nous avons choisi de rester en France, c’est avant tout par prag­ma­tisme écono­mique

    Passons à notre fameux code du travail. Que n’en­tend-on pas dessus. Est-il réel­le­ment la cause de tous nos maux ? Il est vrai qu’en France les licen­cie­ments néces­sitent une procé­dure formelle pas toujours adap­tée au contexte social des start-up. Et souvent coûtent nette­ment plus cher qu’aux États-Unis. Les charges sociales sont aussi sensi­ble­ment plus impor­tantes. Mais, d’une certaine manière, ces éléments sont inté­grés par le marché. Au final, dans la tech­no­lo­gie, pour des niveaux de compé­tence équi­va­lents, les coûts sala­riaux sont sensi­ble­ment moins impor­tants à Paris que dans la Sili­con Valley ou à New York.
    […] on m’a souvent demandé pourquoi nous n’avions pas relo­ca­lisé aux États-Unis notre siège, et en parti­cu­lier les secteurs de recherche et déve­lop­pe­ment. La réponse est simple. Si nous avons choisi de rester en France, c’est avant tout par prag­ma­tisme écono­mique. Autre­ment dit, cela nous coûte moins cher, et nous permet d’être beau­coup plus compé­ti­tifs que nos concur­rents qui doivent payer au prix fort les salaires parfois exor­bi­tants des infor­ma­ti­ciens de la Sili­con Valley.

    Ça fait du bien parce que la parole des entre­pre­neurs français commence à se libé­rer. Ce n’est pas le premier à sortir du moule, j’es­père pas le dernier.

    Il ne s’agit pas de dire que tout est parfait ici et qu’il n’y a rien à chan­ger, mais il faudrait peut-être aussi arrê­ter l’idéo­lo­gie et se rendre compte du faible coût qu’on a en France par rapport aux pays qui semblent faire l’ado­ra­tion du milieu star­tup.

  • Ayez peur du capi­ta­lisme, pas des robots

    Nous déve­lop­pons sans cesse des tech­no­lo­gies d’au­to­ma­ti­sa­tion des proces­sus de produc­tion, enten­dez, des robots. Ne va-t-on pas, de ce fait, vers un effon­dre­ment de l’éco­no­mie et une explo­sion du chômage ? À cette ques­tion perti­nente, Stephen Hawking répond avec beau­coup de ratio­na­lité, mettant le système écono­mique en cause, pas la tech­no­lo­gie.

    « Si les machines produisent tout ce que nous avons besoin, le résul­tat dépen­dra de la façon dont les richesses sont distri­buées. »

    Huffing­ton Post, via

    Un titre et une cita­tion de deux lignes sont parfois bien plus forts que tous les discours.

    Le mala­die n’est pas dans l’au­to­ma­ti­sa­tion ou la perte des emplois qui en résulte, mais bien dans le système lui-même, dans l’idée que les béné­fices de cette auto­ma­ti­sa­tion doivent profi­ter à une petite mino­rité de proprié­taires.

    C’est le capi­ta­lisme qui se meurt.

    Cher­cher à frei­ner l’au­to­ma­ti­sa­tion sous prétexte de défendre l’em­ploi est d’une imbé­ci­lité sans nom. Le seul inté­rêt est de faire perdu­rer le système encore un peu, d’évi­ter de chan­ger de système, parfois par peur que ceux qui en profitent ne soient plus les mêmes.

    Et si nous inven­tions plutôt ?

  • Beau­vais: les habi­tants refusent de les armer, les poli­ciers muni­ci­paux se vengent

    Une vengeance au goût « d’amende ». Après les atten­tats de janvier,  la ville de Beau­vais, en Picar­die, avait demandé à ses habi­tants par voie de réfé­ren­dum si les poli­ciers muni­ci­paux devaient être armés d’un pisto­let de service. 67% des votants s’étaient décla­rés hostiles à cette propo­si­tion. Mécon­tents, les concer­nés avaient fait tomber une pluie de PV sur les auto­mo­bi­listes, rapporte Euro­pe1. A tel point que la mairie s’en est même excu­sée.

    « On a tous reçu (un PV, ndlr) en même temps: un samedi matin. On a tous été verba­li­sés, à 1 heure du matin, devant chez nous […] après avoir garé comme tous les soirs sa voiture sur le trot­toir

    — via BFM TV

    Et là je ne peux que soute­nir une remarque que j’ai vu passer sur les réseaux :

    « Il est heureux que nous n’ayons pas armé ceux qui sont prêts à user ainsi de la force publique dans leurs propres inté­rêts »

    Ils ont simple­ment démon­tré qu’il aurait été irres­pon­sable de leur confier une arme. Que ça serve d’exemple.

    Main­te­nant la réac­tion pose un autre sujet, elle montre combien l’exé­cu­tif ou le judi­ciaires peuvent à l’en­vie deve­nir des pouvoirs d’op­pres­sion tota­le­ment arbi­traires, sans rien chan­ger à nos lois :

    Nous avons telle­ment intro­nisé le prin­cipe de tolé­rance et le sain juge­ment du repré­sen­tant de l’ordre, que chacun peut à tout moment être condamné pour de multiples motifs. Nous avons telle­ment mis des peines maxi­mum déli­rantes, que pour tout ça nous pour­rions même finir des mois en prison.

    Seuls nous sauvent la modé­ra­tion des forces de l’ordre et des juges, mais cette modé­ra­tion peut dispa­raitre à tout moment, globa­le­ment, ou sur des sujets spéci­fiques. Les condam­na­tions ubuesques pour apolo­gie de terro­risme suite à l’at­ten­tat de janvier le montrent bien.

    Notre démo­cra­tie apai­sée tient à peu de chose, ne la tenons pas pour acquise.

  • Voting Machines Running Block­chain Tech­no­logy Are No Longer Just A Theory

    On me pointe un article sur la block­chain pour les votes élec­tro­niques. J’ai peur qu’on se retrouve avec les deux mêmes dilemmes habi­tuels : Non fiable et au choix soit non véri­fiable soit non secret (ici c’est le secret qui est sacri­fié).

    Pour rappel, le vote doit être libre (je vote ce que je veux), secret (corol­laire du précé­dent, je vote sans contrainte et sans peur). Le résul­tat doit être fiable (le compte doit corres­pondre aux votes réels avec une marge d’er­reur non signi­fi­ca­tive) et véri­fiable (je n’ai pas à faire confiance, je peux m’as­su­rer que la fiabi­lité est réelle).

    The current plan is to keep the voting machine discon­nec­ted from the Inter­net. Further­more, all ballots are burned to a DVD before connec­ting the machine to the Inter­net, crea­ting a physi­cal backup of all votes just in case.

    Tout est dans ce simple para­graphe. tout d’abord on parle d’un ordi­na­teur hors-ligne. Contrai­re­ment à ce qui est annoncé plus haut dans l’ar­ticle, on ne pourra pas suivre en temps réel depuis Inter­net (ni même voter depuis Inter­net d’ailleurs).

    Avec les infor­ma­tions que donne l’ar­ticle, le résul­tat de la machine est tota­le­ment non véri­fiable. Jusqu’au moment où le DVD est gravé en fin de vote, le système n’est qu’une gigan­tesque boite noire à laquelle il faut faire confiance les yeux bandés. Je ne sais pas si le vote qu’il me dit avoir pris en compte sera bien ajouté au bon candi­dat, ni que les données ne seront pas modi­fiées d’ici au gravage du DVD. Rien ne le garan­tit, nulle part. Ouille.

    Il peut y avoir des erreurs ou failles de sécu­rité (volon­taires ou non) dans le code source du logi­ciel de vote, dans les biblio­thèques de code utili­sées ou dans le système d’ex­ploi­ta­tion. Il peut y avoir du code mali­cieux injecté dans le binaire du logi­ciel de vote, dans le système d’ex­ploi­ta­tion, ou même dans le bios de l’or­di­na­teur. Récem­ment on a même vu des vers trans­por­tés dans des firm­wares de disques durs, donc virtuel­le­ment indé­tec­tables. Aie.

    Some people might wonder how Block­chain Tech­no­lo­gies Corp. plans to keep the voting process tamper-proof, as block­chain tech­no­logy requires an inter­net connec­tion.

    La block­chain, sauf si je manque quelque chose dans la retrans­crip­tion de l’ar­ticle, n’a aucun inté­rêt dans tout le proces­sus tant que les votes ne sont pas parta­gés dans le réseau et vali­dés par tout un chacun (sur quelle base ? comment savent-ils que le compte est bon avant de l’en­té­ri­ner sur les réseaux ?).

    Bref, c’est juste pour faire joli et tech­nique à la mode, mais ça n’a aucun inté­rêt. Pffff.

    Their propo­sed process is simple, elegant, and conve­nient in its own way. Voting ballots would remain the same, other than three QR codes at the bottom. The first code repre­sents a block­chain address; the second one repre­sents the ballot ID, and the final code is the elec­tion ID. These QR codes would then be scan­ned once the ballot is depo­si­ted into the voting machine, and auto­ma­ti­cally trans­fer “vote units” to the appro­priate candi­date;

    Aie. Donc chaque bulle­tin contient non seule­ment le contenu du vote mais aussi un iden­ti­fiant secret appar­te­nant au votant. Comment cet iden­ti­fiant est-il créé ou trans­mis ? Avec quelle sécu­rité est-il gardé par l’élec­teur ? La véri­fia­bi­lité du système est basé là dessus.

    Proba­ble­ment que ces iden­ti­fiants (l’adresse block­chain) sont attri­bués par l’or­ga­ni­sa­teur du vote (l’État). Ce dernier aurait alors capa­cité à faus­ser le vote, ou savoir qui a voté quoi. Oups.

    Dans tous les cas, le résul­tat n’est toujours pas véri­fiable. Chacun peut véri­fier son propre vote, mais pas le résul­tat global. On peut imagi­ner que ça fonc­tionne si tout le monde véri­fie (et sait véri­fier) son propre vote, mais c’est une garan­tie assez faible : Que se passe-t-il si un groupe assez signi­fi­ca­tif conteste le résul­tat ? Personne ne saura s’ils sont de bonne foi ou non. Tout repose sur la confiance, pas la trans­pa­rence ni la véri­fia­bi­lité. Argh.

    It is not common to see the combi­na­tion of block­chain tech­no­logy with a paper trail. Howe­ver, in light of the sensi­tive nature of voting results, Block­chain Tech­no­logy Corp. prefers to take no risks. In a way, the paper trail can be used as an arbi­tra­tor in case the block­chain data and/or DVD data don’t match up.

    Atten­tion, Voilà l’étape de véri­fi­ca­tion, la vraie. La source de vérité est une simple impres­sion incré­men­tale sur un papier à chaque vote.

    Elle n’a de sens que si le votant voit son vote s’ins­crire en temps réel, de façon intel­li­gible, et que le papier reste à tout moment visible.

    Très proba­ble­ment on se retrouve avec un jour­nal papier ordonné de tous les votes, et c’est la fin du secret (l’ordre de passage est celui du papier, on sait qui vote quoi). Malgré ce secret éventé, on ne saura pas quoi faire si un groupe de taille signi­fi­ca­tive déclare que son vote n’a pas été correc­te­ment pris en compte.

    Dans le meilleur des cas il y a un système méca­nique de mélange après impres­sion. Par exemple si la machine qui scanne notre bulle­tin, écrit ensuite un nouveau bulle­tin devant nos yeux, en cache ou masque le contenu du vote mais garde visible le papier lui-même jusqu’au dépouille­ment de véri­fi­ca­tion s’il est demandé. Tiens, ce pour­rait être fait en le mettant dans une enve­loppe qui tombe dans une urne trans­pa­rente, tout ça sous les yeux des scru­ta­teurs tiers (ça me rappelle quelque chose, pas vous ? :-)

    The current plan is to keep the voting machine discon­nec­ted from the Inter­net.

    Et avec tout ça on parle d’un ordi­na­teur de vote local, donc toujours pas de vote par Inter­net (qui ajou­te­rait mille problèmes de sécu­rité et empê­che­rait une partie des solu­tions trou­vées par l’im­plé­men­ta­tion décrite ici).

    Même si tout fonc­tion­nait à merveille et qu’on trou­vait une solu­tion au problème initial de la boite noire (je vous dis un secret : on ne trou­vera pas), trop peu de citoyens seraient capables de comprendre comment tout ça fonc­tionne et de le garan­tir. Il faudra faire confiance à l’or­ga­ni­sa­teur du vote, ce qui est bien la dernière chose qu’on souhaite sur une élec­tion natio­nale orga­ni­sée par le pouvoir en place… Bref, c’est inadapté.

    Je ne peux m’em­pê­cher de trou­ver tout ça bien compliqué par rapport aux isoloirs non élec­tro­niques, pour un gain large­ment discu­table.

    Tout ça pour ça…

    D’ailleurs c’est assez assumé dans l’article d’ori­gine sur Vice.com :

    The open source code combi­ned with the paper, DVD, and block­chain audit trails may not comple­tely elimi­nate fraud in the voting process, but it will be a step in the right direc­tion. Espe­cially compa­red to the 10–15 year old, buggy elec­tro­nic voting machines we use today

    En gros : Ça ne garan­tit pas vrai­ment contre la fraude, mais c’est mieux que les machines à voter d’il y a 15 ans sur lesquelles ont a réussi à chan­ger les votes des élec­teurs précé­dents, faire voter pour un non-candi­dat, avoir plus de votes que de votants, faire chan­ter l’hymne natio­nal en plein vote, et j’en passe des meilleures.

    Ailleurs dans l’ar­ticle il est assumé que ça ne protège seule­ment qu’à peu près le secret du vote. Ni fiabi­lité ni secret : on est très loin d’une solu­tion.

    Je serai très ravi de voir une vraie solu­tion de vote élec­tro­nique satis­fai­sante (ne parlons pas de parfait, satis­fai­sante suffi­rait). Un jour peut-être, mais c’est peu probable.

    La problé­ma­tique n’est pas vrai­ment une problé­ma­tique tech­nique. Elle est dans la trans­pa­rence du proces­sus, qui ne pourra jamais être atteinte par une puce (dont par prin­cipe on ne voit pas le fonc­tion­ne­ment) sans atteindre au secret des votes.

    Entre temps, appe­ler à la mise en place d’un vote élec­tro­nique, connais­sant l’état de l’art sur le sujet et sauf à vouloir sacri­fier le secret du vote, c’est sacré­ment dange­reux quand même.

  • Un élec­teur sur deux favo­rable au vote sur inter­net

    Je pour­rais vous dire que tous les essais de vote élec­tro­nique ont montré des erreurs ou des failles de sécu­rité nette­ment plus impor­tantes que ce qui est possible sur des votes papier.

    Je pour­rais vous dire que l’es­sen­tiel des pays qui ont étudié la ques­tion voire qui ont mis en pratique le vote élec­tro­nique ont ou sont en train de faire marche arrière.

    Je pour­rais vous dire qu’en l’état de nos connais­sances, sachant que les États savent infec­ter les firm­wares de carte mère ou même ceux des disques durs pour créer des chevaux de troie extrê­me­ment complexes, il est en pratique impos­sible de s’as­su­rer de quel logi­ciel tourne effec­ti­ve­ment sur le serveur inter­net ou la machine à voter, et donc d’avoir confiance dans le résul­tat.

    Je pour­rais vous dire que même si ce n’était pas le cas, le citoyen lambda est tota­le­ment inca­pable de véri­fier le fonc­tion­ne­ment ou la sécu­rité d’un système de vote élec­tro­nique, et que cette capa­cité de véri­fi­ca­tion est le socle de la confiance et du vote démo­cra­tique.

    En fait je vais simple­ment vous dire qu’aujourd’­hui, malgré toutes les intel­li­gences qui s’y sont penchées, nous ne savons pas faire un vote élec­tro­nique qui ait à la fois un résul­tat véri­fiable et des votes anonymes. C’est soit l’un soit l’autre, même si nous arri­vions à sécu­ri­ser tota­le­ment le système. Malheu­reu­se­ment les deux sont tota­le­ment indis­pen­sables au proces­sus.

    Que notre secré­taire d’État au numé­rique envi­sage le vote par Inter­net comme solu­tion à l’abs­ten­tion aux élec­tion relève soit de l’im­pro­vi­sa­tion complète au point de n’en avoir parlé avec aucun conseiller, soit de la malhon­nê­teté à propo­ser une solu­tion dont on connait la dange­ro­sité extrême.

    Rien que cette sortie poli­tique au lende­main du lance­ment de la campagne de finan­ce­ment de La Quadra­ture du Net, justi­fie de vite faire un don. Nous jouons le futur de notre démo­cra­tie, rien que ça.

    Le site est vieux, moche, mais ordi­na­teurs-de-vote contient une multi­tude d’in­for­ma­tions pour ceux qui veulent en savoir plus.

  • Bouygues condamné à 25.000 euros d’amende pour travail dissi­mulé

    Le groupe Bouygues a été condamné mardi par le tribu­nal de Cher­bourg (Manche) à 25.000 euros d’amende pour avoir recouru à l’em­ploi de travailleurs dissi­mu­lés sur le chan­tier du réac­teur nucléaire EPR de Flaman­ville. Quatre autres socié­tés, Atlanco, Elco, Quille Cons­truc­tions (une filiale de Bouygues), et Welbond Arma­tures ont elles aussi été condam­nées pour le même motif par le tribu­nal correc­tion­nel de Cher­bourg, à des amendes allant de 5.000 à 70.000 euros.

    — via Les Echos

    On parle de 460 employés, donc une amende d’un peu moins de 55 € par travailleur dissi­mulé.

    Ça va clai­re­ment leur faire peur, remettre dans les rails tout le monde, et dissua­der d’éven­tuelles fraudes à venir, non ? non ? vrai­ment ? même pas un peu ?

    Sérieu­se­ment, je ne comprends même pas qu’on ait pu envi­sa­ger de tels montants ridi­cules. Ou plutôt…

    Le syndi­cat s’est en revanche réjoui que le groupe Bouygues ne soit pas privé de l’ac­cès aux marchés publics, ce qui aurait été auto­ma­tique­ment le cas si une amende supé­rieure à 30.000 euros lui avait été infli­gée.

    Bref, l’im­pact serait trop impor­tant alors on préfère glis­ser tout ça sur le tapis. Le too big to fail des banques US n’est pas très loin. Loin d’être un motif de réjouis­sance, on est juste en train de dire qu’on n’osera pas les embê­ter réel­le­ment quoi qu’ils fassent parce que ça aurait trop de consé­quences. Oups…