Catégorie : Politique et société

  • L’amour du risque

    J’ai bien conscience que cette nouvelle orien­ta­tion profes­sion­nelle pour­rait se conci­lier avec une posi­tion de dispo­ni­bi­lité, qui m’as­su­re­rait, au moins pendant huit ans, de pouvoir retrou­ver mes fonc­tions à la Cour des comptes à tout moment.

    Mais j’aborde mes acti­vi­tés à venir dans un état d’es­prit marqué par un enga­ge­ment total, comme cela a d’ailleurs toujours été le cas dans les précé­dentes étapes de ma carrière admi­nis­tra­tive et poli­tique, et la force de cet enga­ge­ment me semble incom­pa­tible avec le choix du confort, de la précau­tion et de la mini­mi­sa­tion du risque dont un main­tien en dispo­ni­bi­lité serait, à mes yeux, syno­nyme.

    Fleur Pelle­rin

    C’est son choix, et parce qu’il ne m’im­pacte en rien – rete­nez-le bien, c’est le point prin­ci­pal du billet – je n’ai rien à y redire.

    Ce d’au­tant moins qu’a­près avoir été ministre, plutôt bien appré­ciée par le milieu entre­pre­neu­rial, elle n’a pas besoin de la sécu­rité de la mise en dispo­ni­bi­lité pour pantou­fler si d’aven­ture elle le souhai­tait, que ce soit dans du semi-public ou dans du privé.

    La prise de risque est toute rela­tive. Si elle voulait un avenir poli­tique, elle a même peut-être pris le chemin le moins risqué.

    *

    Ce choix est le sien. Je n’ai rien à lui repro­cher.

    Non, ce qui me gêne ce sont ceux qui s’en féli­citent, que ce soit à cause de la fable entre­pre­neu­riale de la prise de risque ou à cause du climat de défiance vis à vis des poli­tiques et de la haute fonc­tion publique.

    * * *

    La fable entre­pre­neu­riale c’est celle qui valo­rise la prise de risque et l’in­con­fort extrême de l’en­tre­pre­neur, comme un cheva­lier qui va combattre un dragon pour l’hon­neur et la gloire.

    On raconte de belles histoires en y recréant une noblesse, celle qui a pris des risques et vécu l’in­con­fort pour créer la valeur de demain, les emplois, la prochaine révo­lu­tion. Il y a eux et les autres, dans ces derniers les pires étant les sala­riés, les syndi­ca­listes et les fonc­tion­naires.

    La belle romance permet de valo­ri­ser soi et ceux de son rang, puis de barrer la route à toute critique sur les travers néga­tifs des acti­vi­tés.

    La fable s’en­tre­tient et certains finissent par y croire, par voir de la valeur dans la prise de risque et l’in­con­fort, comme une médaille et un abou­tis­se­ment.

    *

    Foutaises que tout cela. Savoir prendre des risques est impor­tant. Les prendre effec­ti­ve­ment est souvent néces­saire. Savoir les éviter est la plus grande qualité.

    Si on peut obte­nir les mêmes effets posi­tifs sans passer par la prise de risque, le faire quand même est juste du maso­chisme. À la limite chacun ses plai­sirs, mais c’est aussi jouer à la roulette avec les finances des inves­tis­seurs, avec les vies de famille des colla­bo­ra­teurs, avec l’équi­libre des socié­tés pres­ta­taires et parte­naires.

    Ces risques, cet incon­fort, ne sont que des outils, des leviers, et plutôt de ceux à manier avec précau­tion. Quand certains les voient comme l’objet même de l’ac­ti­vité entre­pre­neu­riale, je ne peux me rete­nir de repen­ser à la maxime « quand le sage pointe la lune, l’im­bé­cile regarde le doigt ».

    *

    Si un jour l’aven­ture de Fleur Pelle­rin la pose dans une situa­tion réel­le­ment diffi­cile pour son avenir, qu’il lui faut faire des choix, quelle est donc la situa­tion qui lui permet­tra de conti­nuer à s’in­ves­tir à fond plutôt que de commen­cer à réflé­chir à la voie de secours ? Est-ce de savoir qu’elle a un filet de sécu­rité quoi qu’il se passe ? ou est-ce de savoir que si elle ne fait rien et que ça se passe mal elle va vrai­ment avoir de graves problèmes ?

    Un jour les gens compren­dront que le confort et la sécu­rité permettent de travailler avec les gens à leur plein poten­tiel. Le stress et le risque ne sont là qu’à défaut de savoir ou de pouvoir le faire. Ça revient à travailler contre les gens qu’on met dans une telle situa­tion. Quand c’est de soi-même dont on parle et que c’est volon­taire, il faut consul­ter.

    * * *

    Ce sont ceux qui se réjouissent par défiance qui me gênent le plus. Ils fêtent ça comme une victoire, comme une justice reprise sur les élus et les fonc­tion­naires, comme un besoin pour remettre élus et hauts fonc­tion­naires dans la réalité, voire comme ça de moins à payer en tant que contri­buable.

    C’est très simple. Que son aven­ture réus­sisse ou non, soit Fleur Pelle­rin reste dans le privé, soit elle revient à son poste dans le public. La dernière alter­na­tive n’est possible qu’a­vec la mise en dispo­ni­bi­lité à laquelle elle vient de renon­cer.

    Si elle reste dans le privé, à part le plai­sir sadique de la savoir dans la panade si elle se plante, il n’y a stric­te­ment rien à gagner à cette démis­sion. Rien. Pas un kopeck. Et je ne prends person­nel­le­ment jamais de plai­sir à contem­pler le malheur des autres.

    Si elle reve­nait dans le public on aurait par contre une haute fonc­tion­naire avec une expé­rience signi­fi­ca­tive récente dans le privé, à l’heure où on fustige la décon­nexion des élites publiques avec ce qui s’y passe.

    Est-ce donc cette dernière éven­tua­lité qui serait si grave ? Il faudrait un peu de cohé­rence dans le discours. D’au­tant qu’à défaut c’est quelqu’un sans cette expé­rience dans le privé qui offi­ciera à sa place.

    Même finan­ciè­re­ment, une reprise de dispo­ni­bi­lité se fait à l’an­cienne rému­né­ra­tion, sans augmen­ta­tion due à l’ex­pé­rience et l’an­cien­neté passées dans le privé. Bref, tout à y gagner.

    *

    On peut discou­rir autant qu’on veut sur l’injus­tice de la mise à dispo­ni­bi­lité des fonc­tion­naires, mais il n’y a rien à se réjouir du cas indi­vi­duel.

    Même collec­ti­ve­ment, ce système est clai­re­ment à l’avan­tage des contri­buables. Il permet d’en­cou­ra­ger les fonc­tion­naires à explo­rer et se faire d’autres expé­riences. Il permet ensuite poten­tiel­le­ment à la fonc­tion publique d’en profi­ter, sans rien débour­ser.

    Le pire c’est de voir que ceux qui discré­ditent ce système sont les mêmes qui critiquent la décon­nexion entre privé et public. Il va falloir choi­sir…

    Non, ce qui serait intel­li­gent serait d’au contraire encou­ra­ger tous les grands groupes à mettre en place un système simi­laire. C’est impos­sible à tenir pour des petites struc­tures mais, dès qu’on parle de milliers ou dizaines de milliers d’em­ployés, la société a la masse pour assu­mer ces départs et retours sans mettre en péril l’ac­ti­vité.

    Il y a certes les congés sabba­tiques mais il faut annon­cer une durée fixe à l’avance, et cette durée est forcé­ment infé­rieure à l’an­née. C’est vrai­ment adapté à des congés. Diffi­cile d’al­ler se lancer dans une réelle aven­ture profes­sion­nelle avec ce cadre.

  • [Commen­taire] Limi­ter le chif­fre­ment

    Ne croyez donc pas qu’ils soient incom­pé­tents. C’est faux. Ils sont compé­tents. Ils sont entou­rés de gens brillants. Ils ont été aver­tis, par les bonnes personnes, qu’il ne fallait pas faire ça. Et ils le font quand-même.

    Toute analyse qui s’ap­puie sur l’idée que nos ministres sont idiots est inva­lide. Toute analyse qui s’ap­puie sur le fait qu’ils soient incom­pé­tents, ou mal infor­més, cherche à leur trou­ver une excuse qui n’est pas la bonne.

    Mais alors… Alors l’ana­lyse est plus compliquée à poser.

    — Benja­min Bayard

    J’ai­mais bien la maxime qui disait en gros « ne cher­chez pas l’in­ten­tion maligne là où il peut n’y avoir que de l’idio­tie ». Elle était beau­coup ressor­tie du temps de Georges W. Bush et elle permet de rester sur terre : Nos diri­geants font parfois des choses que nous jugeons idiotes mais c’est non seule­ment réflé­chi mais en plus quasi­ment toujours avec une bonne

    Donc, oui, ils ne sont pas fous, pas au sens « je fais n’im­porte quoi ». Le lais­ser croire c’est se mettre des œillères.

    Non. Ils ont peur qu’on leur reproche leur inac­tion. Ils ont peur qu’il y ait encore des atten­tats, et qu’on dise que c’est de leur faute. Alors il faut bien faire quelque chose. Inutile, dange­reux, tota­li­taire, n’im­porte quoi, mais quelque chose.

    Ça j’y crois beau­coup. Parfois c’est d’ailleurs dit expli­ci­te­ment sous le ton « les français ne compren­draient pas » ou « il faut agir ». Cepen­dant l’at­taque contre le chif­fre­ment arrive dans un espace vide, pas sous la pres­sion. C’est le gouver­ne­ment qui amène lui-même le sujet. Personne ne lui aurait repro­ché de ne pas le faire.

    C’est une superbe raison pour moultes inter­dic­tions et annu­la­tions, pour l’état d’ur­gences et bien d’autres choses. Ici ça me semble moins perti­nent.

    Bran­dir le tout sécu­ri­taire, agiter les peurs et les haines, c’est une stra­té­gie pour récol­ter les votes des gens qui ont peur.

    C’est fait tous les jours, même si prin­ci­pa­le­ment par ceux qui ne sont pas au pouvoir – ceux qui sont au pouvoir doivent aussi rassu­rer pour prou­ver qu’ils ont agit ou que ce qu’ils font va tout solu­tion­ner, diffi­cile exer­cice d’équi­li­briste.

    Pour autant je n’y crois pas là non plus. Le sujet ne tourne pas, ne rassure pas l’élec­to­rat conser­va­teur. Si le débat était établi, incon­tour­nable, pourquoi pas. Là ça va durer maxi­mum deux semaines. Ça ne vaut vrai­ment pas le coup.

    Si notre gouver­ne­ment propose de sucrer le chif­fre­ment c’est qu’ils veulent vrai­ment le faire. Ce n’est d’ailleurs pas neuf.

    Enfin, il reste l’angle d’ana­lyse le plus raison­nable. Nos diri­geants veulent surveiller le peuple pour s’as­su­rer de rester au pouvoir quoiqu’il advienne. Oh, pas forcé­ment eux indi­vi­duel­le­ment, mais leur caste.

    Là on est direc­te­ment dans l’in­ten­tion maligne, limite dans le complot. Je ne crois pas une seconde qu’il y ait une réflexion consciente à faire un choix poli­tique pour que le pouvoir reste aux mains d’une caste qui inclut aussi le parti d’en face.

    On exclu­rait qui ? Le peuple ? mais il en est déjà exclu de toutes façons, par défi­ni­tion. Ceux qui arrivent dans le jeu poli­tique à un niveau sérieux ne sont déjà plus « le peuple ».

    Non, par contre je crois à cette distinc­tion « nous » – « le peuple ». Quand ils coupent le chif­fre­ment, ils n’ima­ginent pas une seconde que ça va les impac­ter eux. Le chif­fre­ment sera encore légi­time pour les services de l’État et des collec­ti­vi­tés, pour proté­ger les secrets des entre­prises. Leurs commu­ni­ca­tions ne risquent rien. Ça ne concerne que le peuple, les autres, ceux en qui on ne peut ni ne doit avoir confiance.

    On le voit faci­le­ment aujourd’­hui dans les débats où l’op­po­si­tion demande la fin de l’État de droit et des arres­ta­tions sans motifs. Ils n’ima­ginent pas un instant que eux pour­raient être empri­son­nés ainsi sur une simple note confi­den­tielle d’un service sous l’au­to­rité hiérar­chique directe du Premier ministre, bref, sur simple volonté de la personne qu’ils combattent. Je crois que ça veut tout dire.

    Nos diri­geants sont coupés de tout, et sont alimen­tés en continu d’in­for­ma­tions anxio­gènes par des hauts fonc­tion­naires des services de police, parfois (souvent ?) avec des visées sécu­ri­taires ou tota­li­taires, typique­ment Alain Bauer et ses semblables. Ça peut suffire à perdre les pédales.

    Je ne nie pas qu’ils soient coupés de tout, et parfois de la réalité. Je doute que ça soit une expli­ca­tion de la lutte contre le chif­fre­ment. Certes on peut s’em­bal­ler mais s’ils ont des conseillers, ils ont aussi des gens pour filtrer, trier, résu­mer et remettre en contexte l’in­for­ma­tion.

    Si on se dit qu’ils ne peuvent pas igno­rer que leur solu­tion est erro­née vu le nombre de conseillers brillants qu’ils ont, alors ils ne devraient pas non plus pouvoir perdre les pédales par simple amas d’in­for­ma­tions anxio­gènes, pour la même raison.

    Le truc : écoutent-ils ces conseillers ? Ce qu’on lit régu­liè­re­ment laisse plutôt à penser qu’ils écoutent un ou deux conseillers favo­ris, qui n’ap­par­tiennent juste­ment pas au corps de fonc­tion­naires, et eux-seuls. Je me rappelle aussi cet article de presse qui rele­vait des propos de E. Valls disant en gros qu’il éprou­vait une fierté à avoir raison seul contre tous et à mener sa poli­tique ainsi.

    Énorme égo et préjugé de supé­rio­rité mons­trueux. Ça j’y crois faci­le­ment et ça casse toute l’ar­gu­men­ta­tion liée aux conseillers brillants. Encore faudrait-il que ces conseillers soient écou­tés et leurs avis pris en comp­te…

    Pire, encore faudrait-il que ces conseillers ne soient pas noyés dans ceux qui se font une joie de flat­ter les avis de la personne au pouvoir pour faire avan­cer leur carriè­re…

    Voilà ce qui me parait fina­le­ment le plus probable, parce que le plus humain et ne néces­si­tant aucune inten­tion maligne : Ces gens croient avoir raison, envers et contre tous, surtout contre ces igno­rants de citoyens qui ne comprennent pas la complexité et les respon­sa­bi­li­tés que eux portent sur les épaules. Égo déme­suré, compor­te­ment d’une caste de privi­lé­giés.

  • Choi­sir notre monde

    Je vois les poli­tiques gesti­cu­ler dans une esca­lade à celui qui reniera le plus les valeurs qu’il prétend défendre, et la popu­la­tion qui cherche à qui la faute.

    J’ai mal, parce qu’a­voir arrêté un camion qui se lance sur la foule en tout juste deux minutes, c’est une sacré réus­site, un exploit même. Pas dit que le lance roquette de Henri Guaino aurait fait mieux.

    Oui, c’est une réus­site de nos services de police, malgré le lourd bilan.


    Bon, c’est aussi un énorme coup de chance mais quand l’au­teur prépare ça sur quelques jours sans histo­rique ni connexion avec le milieu terro­riste, il est illu­soire de penser faire mieux.

    Dès que quelqu’un est prêt à mourir, il pourra toujours faci­le­ment tuer des gens au hasard dans la rue, poten­tiel­le­ment beau­coup, quoi qu’on fasse.

    Nous pouvons mettre des check­points tous les deux kilo­mètres, des blocs de béton en zigzag sur tous les axes, des patrouilles mili­taires lour­de­ment armées en surnombre à tous les carre­fours, une surveillance totale sur toutes les commu­ni­ca­tions, des fouilles systé­ma­tiques à chaque bâti­ment, un empri­son­ne­ment préven­tif et sans procès, des recon­duites à la fron­tières en masse, un contrôle de la reli­gion et une inter­dic­tion de tout prosé­ly­tisme d’une opinion non caution­née par le pouvoir en place…

    Nous pouvons, mais ça ne chan­ge­rait rien. Si nous pouvions combattre le terro­risme ainsi, à voir les moyens déployés en ce sens du Moyen-Orient à l’Afrique du Nord, la paix aurait été obte­nue depuis long­temps. Au lieu de cela, nos morts sont presque anec­do­tiques face aux leurs.


    Ne rien faire n’est pas une solu­tion non plus, mais il y a un équi­libre à trou­ver. Aujourd’­hui j’ai l’im­pres­sion que nous l’avons large­ment dépassé.

    Il y a bien des causes en France qui provoquent plus de 300 drames par an et pour lesquelles on ne déploie même pas le dixième des moyens actuels. Des causes pour lesquelles nous n’au­rions même pas besoin de renier nos valeurs. Des causes pour aider et permettre plutôt que pour empê­cher et humi­lier.

    De quels moyens aurions-nous besoin pour accom­pa­gner ses parents isolés qui viennent de perdre leur conjoint et qui ne savent comment faire face aux besoins de la famille ? De quels moyens aurions-nous besoin pour éviter que 500 SDF meurent dans nos rues chaque année ? De quels moyens aurions-nous besoin pour accom­pa­gner quelques milliers de syriens qui fuient la guerre que nous menons chez eux plutôt que de les lais­ser se noyer ou mourir en chemin ? Certai­ne­ment beau­coup moins, autant au niveau finan­cier qu’au niveau symbo­lique.

    On me dira que ça n’a rien à voir. Je ne suis pas d’ac­cord. C’est un choix. À part que les gens qui prennent les déci­sions ne sont ni dans le besoin ni SDF ni syriens, il y a-t-il vrai­ment une bonne raison de plutôt conti­nuer d’in­ves­tir dans l’écra­se­ment inutile de nos valeurs et de nos liber­tés ?


    Mon fils a commencé à toucher au maté­riel élec­tro­nique à l’âge de deux ans. J’ai tenté de proté­ger en mettant des choses devant mais ça n’a été qu’une complexité à résoudre, rien qui n’a changé l’is­sue. J’ai surveillé le maté­riel en sa présence, évité qu’il n’ap­proche. Je me suis épuisé mais lui a conti­nué à profi­ter de chaque inat­ten­tion, et surtout il y a trouvé plein d’autres trucs que je ne voulais pas qu’il touche. Évidem­ment j’ai inter­dit mais à cet âge ça lui passe au-dessus. Quoique… au moins il savait quoi faire quand il avait envie de faire une bêtise. J’ai eu une période diffi­cile, avec oppo­si­tion systé­ma­tique. Je ne suis pas fier, j’ai même du crier trop fort ou punir quand je n’en pouvais plus.

    Il y avait d’autres solu­tions. Il y avait lui accor­der plus de temps, jouer avec lui plutôt que travailler à côté sur l’or­di­na­teur, lui donner à manger quand il a faim mais avant qu’il ne le demande lui-même, lui faire faire la sieste quand il a sommeil plutôt que de le lais­ser vaquer, lui ensei­gner des choses, éveiller son esprit, lui permettre et lui propo­ser de faire d’autres choses plutôt que de lui inter­dire de faire des bêtises, l’ac­com­pa­gner plutôt que de le sanc­tion­ner. La réus­site était d’au­tant plus écla­tante.

    Si vous avez eu un enfant, vous savez proba­ble­ment de quoi je parle. C’est évident pour tout le monde mais aussi telle­ment facile de se lais­ser entrai­ner dans la mauvaise boucle si on n’y prête pas garde. Parfois un peu de fatigue suffit.


    Non, ça n’a rien à voir.

    Ça n’a rien à voir mais je ne peux m’em­pê­cher de voir que toute une classe poli­tique inves­tit dans la réponse puni­tive, dans les mesures de protec­tion, de police et de contrôle.

    On s’étonne de géné­rer nos propres oppo­sants mais nous faisons tout pour éviter qu’ils aspirent à vivre ici et s’y sentent épau­lés.

    La défiance de la popu­la­tion envers la police est au plus haut depuis quelques mois. La défiance de l’ad­mi­nis­tra­tion envers les admi­nis­trés a atteint un point de non-sens total. La défiance des poli­tiques envers tout le monde et de tout le monde envers les poli­tiques ne date pas d’hier. Vu les décla­ra­tions de ces derniers après l’at­ten­tat de Nice, de l’aban­don assumé de l’État de droit à l’em­pri­son­ne­ment arbi­traire 24h/24 sans procès en passant par l’his­toire du lance-roquette, j’ai du mal à ne pas parti­ci­per moi-même à cette défiance géné­ra­li­sée.

    Certains diront que je vis chez les bisou­nours. Moi j’ai peur qu’ils veuillent faire ressem­bler notre monde à leurs peurs et leurs cauche­mars.


    AMENDEMENT N°17

    présenté par Mme Attard

    ———-

    ARTICLE PREMIER

    Suppri­mer cet article.

    EXPOSÉ SOMMAIRE

    Les chiffres du minis­tère de l’In­té­rieur et les rapports parle­men­taires ont démon­tré que l’état d’ur­gence n’a plus d’in­té­rêt au-delà des 15 jours initiaux déci­dés par le Président de la Répu­blique. De nombreuses audi­tions l’ont confirmé. Comme son nom l’in­dique, l’état d’ur­gence doit être réservé aux situa­tions d’ur­gence. C’est pourquoi il est néces­saire de suppri­mer cet article, afin de lutter effi­ca­ce­ment contre le terro­risme. Cette lutte doit passer par un accrois­se­ment des moyens finan­ciers et humains consa­crés à l’enquête de proxi­mité, à l’édu­ca­tion et à la justice. La suren­chère sécu­ri­taire et l’agi­ta­tion média­tique ne consti­tuent pas une poli­tique effi­cace.

    Merci. Merci d’es­sayer de faire vivre notre société, de la faire progres­ser, de penser au futur plutôt qu’au jeu média­tique.

  • Caméra partout, sécu­rité nulle part

    « Je l’avais vu un peu avant, il condui­sait bizar­re­ment. Il accé­lé­rait, frei­nait, re-accé­lé­rait, re-frei­nait… », a affirmé un témoin dans les colonnes de Nice-Matin. « Plusieurs personnes m’ont raconté la même histoire, s’agace un rive­rain auprès de Media­part. Les poids lourds sont inter­dits dans le centre-ville, il y a des camé­ras à chaque coin de rue et aucune d’entre elles ne réagit… Ça inter­roge sur les limites du système quand même… »— Media­part

    Oui il s’agit d’une formu­la­tion bancale mais elle est telle­ment révé­la­tri­ce…

    Non, une caméra ça ne réagit pas. Une caméra ça ne fait rien, ça n’em­pêche rien. Ça filme, et c’est tout. Au moins on aura de belles images (enfin si c’est une caméra correc­te­ment posi­tion­née, de bonne qualité, bran­chée et avec une main­te­nance régu­lière – malheu­reu­se­ment c’est loin d’être une évidence).

    Ce camion n’est qu’une illus­tra­tion du problème. Ce qui me gêne c’est que les gens ne se réveillent qu’à peine, et que main­te­nant.

    On a pris les caméra comme une solu­tion alors que ce n’est qu’un outil. Et si on arrê­tait avec ces camé­ras ?

  • [Commen­taire] Ils ont besoin de notre aide

    Pour que ce soit plus clair :

    Les popu­la­tions terro­ri­sées quoti­dien­ne­ment par l’EI n’ont pas besoin de notre vengeance, elles ont besoin de notre aide.

    Et nous de conti­nuer à rendre diffi­cile l’ac­cueil des syriens qui fuient nos bombar­de­ments.

  • Député pour l’in­té­rêt géné­ral ?

    Ce gouver­ne­ment a des idées que je ne partage pas. Je critique, je milite, j’ex­plique. C’est le fonc­tion­ne­ment d’une démo­cra­tie, où tous les avis s’ex­priment et où le mien ne l’em­porte pas toujours.

    Ce que je n’ac­cepte pas c’est quand un député démis­sionne de son rôle et trahit son mandat.

    Ça n’a l’air de rien mais ils sont au moins trois dépu­tés à avoir envoyé la même chose cette même soirée. Au moins deux membres du bureau natio­nal du PS.

    Ils déclament trou­ver ça inac­cep­table mais ils l’ac­cep­te­ront quand même. Aucun d’eux n’aura utilisé l’arme en leur pouvoir pour bloquer l’inac­cep­table. Aucun d’eux n’a signé la motion de censure, pour­tant parfai­te­ment adap­tée quand un gouver­ne­ment n’a plus la confiance des dépu­tés.

    On perçoit mieux la trahi­son quand on sait qu’il n’aura manqué que de deux signa­tures pour procé­der au vote de cette motion de censure.

    Le débat se fera aux primaires ? mais… la loi sera passée. Nos dépu­tés ont préféré lâcher le pays pour sauve­gar­der et corri­ger le PS plutôt que l’in­verse.

    Ils ont simple­ment violé les deux premiers articles de leur code de déon­to­lo­gie. Le parti – et leur carrière – sont passés avant l’in­té­rêt géné­ral et leur rôle de député. Je pleure quand certains de mes inter­lo­cu­teurs sont rési­gnés au point de trou­ver ça normal et accep­table.

    La droite ne fait pas mieux. La motion n’est pas dépo­sée parce qu’elle obli­ge­rait les dépu­tés à rester jusqu’à 19h le jeudi soir au lieu d’être dans les fan zone de leur circons­crip­tion pour le match de foot… En pleine réforme sur le droit du travail je trouve l’image magni­fique.

    On arrive à un niveau de trahi­son fantas­tique où personne ne fait même plus semblant de travailler pour l’in­té­rêt géné­ral, de prendre les respon­sa­bi­li­tés allant avec son mandat.

    Même en cas de duel avec N. Sarkozy, il faudra argu­men­ter très dur pour me revoir voter PS. Le gouver­ne­ment Valls aura tout fait pour me dégou­ter mais c’est fina­le­ment acces­soire.

    Ce n’est même plus une ques­tion d’opi­nion poli­tique. C’est une ques­tion de valeurs et de confiance. Je vois que des dépu­tés PS cadres et membres du bureau natio­nal font passer le parti avant la nation, en dépit de ce qu’ils pensent, trahis­sant par là leur mandat natio­nal de repré­sen­tant du peuple. C’est l’or­ga­ni­sa­tion même qui est corrom­pue.

    Malheu­reu­se­ment je n’ai pas mieux en réserve. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de m’im­pliquer ailleurs.

    Oui, je ne crois pas à l’homme ou la femme provi­den­tiels mais c’est un·e des seul·es que je vois droit·e dans ses bottes à toujours privi­lé­gier l’in­té­rêt géné­ral et respec­ter des valeurs huma­nistes. Je n’en demande pas beau­coup plus.

  • [vidéo] Non, le peuple n’a pas toujours raison

    Je suis gêné que quelqu’un comme Daniel Cohn-Bendit tombe dans de piège. La démo­cra­tie n’est pas de savoir si le peuple a raison, mais de donner le pouvoir au peuple.

    Parce que… il n’a pas toujours raison mais qui juge quand il a raison et quand il a tort ? Il y a quelqu’un qui a raison envers et contre tout ? Comment savoir ?

    Les poli­tiques parlent de prendre leurs respon­sa­bi­li­tés. Quand une personne décide seule à l’en­contre du peuple, moi j’ap­pelle ça prendre le pouvoir au peuple, donc une dicta­ture. Oui, même si l’his­toire révèle ensuite que cette personne aura eu « raison ». Au mieux c’est une dicta­ture éclai­rée, mais dès que le peuple ne décide plus, c’est une dicta­ture quand même. N’ayons pas peur des mots.

    On oublie telle­ment faci­le­ment que non l’his­toire ne donnera forcé­ment pas « raison », et que reti­rer le pouvoir au peuple est bien trop grave.

    En moins de deux minutes deman­der à la fois plus de repré­sen­ta­ti­vité à l’As­sem­blée Natio­nale et dire que le pouvoir n’a pas à respec­ter la déci­sion du peuple, c’est assez osé quand même. Daniel, tu me déçois.

  • Où sont nos repré­sen­tants ? Faiblesse

    « La plupart des dépu­tés seront repar­tis dans leur circo, explique un parle­men­taire LR. Surtout qu’il y a le match France-Alle­magne jeudi soir. Entre ceux qui préfèrent rentrer chez eux et ceux qui ont envie de se montrer dans la fan zone de leur ville, il est impos­sible de leur dire “bah non, en fait tu restes à Paris jusqu’à 19 heures, merci”. » Quand bien même la moitié du groupe LR aurait la possi­bi­lité de voter par procu­ra­tion, la manœuvre néces­si­te­rait la présence de 100 dépu­tés dans l’hé­mi­cycle. Un mini­mum pour donner du poids au recours. « Jacob ne veut pas se retrou­ver avec une motion votée par 33 pelés », pour­suit le même élu. Du coup, pour éviter le ridi­cule de rangs clair­se­més, il a préféré lais­ser tomber.

    Motion de censure: pourquoi la droite se met hors jeu (Media­part)

    Faiblesse de notre parle­ment, mais aussi et surtout faiblesse de ce que repré­sente le mandat pour nos élus.

    Consi­dé­rer que c’est trop deman­der qu’une moitié de nos dépu­tés de restent au parle­ment un jeudi jusqu’à 19h pour déci­der – ou non – de faire tomber un gouver­ne­ment…

    Quand vous croi­se­rez votre député dans la fan zone, sur un événe­ment public quel­conque, dites-vous bien que c’est visi­ble­ment plus impor­tant pour lui que son rôle de député, que le mandat que vous lui avez donné.

    * * *

    Qu’un député décide de suivre le gouver­ne­ment ne me choque pas. Je ne partage pas ses idées mais c’est son choix, son rôle.

    Qu’un autre trouve la situa­tion inac­cep­table mais se couche, ou qu’ils ne fassent même pas l’ef­fort de parti­ci­per, là par contre on a un grave problème.

  • Lectures poli­tiques – début juillet 2016

  • [Commen­taire] Le contrat

    Pour cela je voudrais que l’on mette en place un système qui semble fonc­tion­ner dans à peu près tous les corps de métiers : le contrat. […]

    C’est pourquoi je propose que pour être élu, un candi­dat doit présen­ter un contrat listant ses promesses. […] Si le contrat est rompu, comme pour tout contrat, une suite pénale sera donc envi­sa­gée. C’est aussi simple que cela.

    — Blog de Delta­kosh

    Nous n’avons pas de mandat impé­ra­tif dans les insti­tu­tions françaises, unique­ment des mandats repré­sen­ta­tifs… et pour de très bonnes raisons.

    Imagi­nons donc plusieurs cas. Je fais une promesse de dimi­nuer les impôts. Je suis élu pour quatre ans à l’As­sem­blée natio­nale :

    1-  Le contexte change : Je suis franc, honnête, je n’ai pas changé de valeurs ou de direc­tion mais le contexte écono­mique et social a changé entre mon élec­tion et la mise en œuvre du projet. Bais­ser les impôts serait désor­mais une folie, ne pas le faire me rendrait coupable devant mon enga­ge­ment. Que faire ?

    2– On me confronte au tout ou rien : Le gouver­ne­ment propose les lois, je les amende et je les vote. Le gouver­ne­ment ont proposé et fait arri­ver une baisse des impôts mais le texte contient aussi d’autres dispo­si­tions inac­cep­tables, et peut-être même des baisses bien trop impor­tantes. J’ai proposé des amen­de­ments mais ils n’ont pas remporté la majo­rité suffi­sante. Même si je conti­nue à être pour une baisse des impôts, voter ce texte précis serait dange­reux. Que faire ?

    3– D’autres prio­ri­tés inat­ten­dues : Nous travaillons sur un projet mais l’ac­tua­lité s’im­pose à nous. Il y aura eu de vrais problèmes à régler côté agri­cul­ture, une vague de terro­risme, le gouver­ne­ment aura changé deux fois. Le projet n’a pas pu abou­tir dans les délais malgré toute la bonne volonté. Oh, nous aurions pu le faire arri­ver mais ça aurait été au détri­ment de l’in­té­rêt géné­ral, et ça aurait été un texte bâclé poten­tiel­le­ment pire que la situa­tion actuelle. Que faire ?

    4– Je ne décide pas seul : Je travaille, j’amende, je vote. Je ne suis pas seul à déci­der au parle­ment. La majo­rité en décide autre­ment et nous aurons une hausse des impôts. Comment me tenir respon­sable ?

    5– Compro­mis et équi­libres : J’ai aussi fait la promesse d’aug­men­ter le budget de la justice, drama­tique­ment en besoin. Les deux sont réali­sable conjoin­te­ment mais je ne travaille pas seul. Pour faire arri­ver les projets il faut faire des compro­mis. Je peux soit conti­nuer comme prévu avec le risque de finir en mino­rité sur les deux textes, soit faire un compro­mis afin de garan­tir le succès à au moins un des deux textes. Que faire ?

    6– Pas en contrôle : Entre temps le Président a été élu, avec une autre majo­rité, ou au moins le gouver­ne­ment nommé n’a plus les mêmes prio­ri­tés. Le gouver­ne­ment contrôle l’es­sen­tiel de l’agenda parle­men­taire et les niches à l’ini­tia­tive du parle­ments sont trop réduites pour faire arri­ver tout ce qui était envi­sagé.

    7– Nouveaux éléments : Pour faire notre travail sérieu­se­ment nous avons mené des études préa­lables. Le contexte écono­mique et social n’a pas réel­le­ment changé mais nous avons décou­vert des effets néga­tifs signi­fi­ca­tifs impré­vus. Mieux vaudrait ne pas mettre en œuvre ce qui était prévu. Que faire ?

    8– Meilleure solu­tion : Pour faire notre travail sérieu­se­ment nous avons mené des études préa­lables. Le contexte écono­mique et social n’a pas réel­le­ment changé mais nous avons décou­vert une solu­tion pour redon­ner du pouvoir d’achat aux français sans faire bais­ser les recettes fiscales de l’État pour autant. C’est encore mieux que prévu mais ce n’était pas notre enga­ge­ment. Que faire ?

    9– Trahir l’es­prit, respec­ter l’écrit : Je vois l’échéance arri­ver. J’ai été de bonne volonté mais nous n’avons pas fait signi­fi­ca­ti­ve­ment bais­ser les impôts. Heureu­se­ment j’ai la solu­tion : bais­ser les impôts et à la place augmen­ter les taxes et coti­sa­tions indi­rectes. Ce serait sabor­der le pays mais moi ça m’évi­te­rait tout risque. Que faire ?

    9– Mesu­rer et évaluer : Je vois l’échéance arri­ver. Nous avons fait ce que nous pensions le mieux en rapport avec nos enga­ge­ments mais il y a vingt statis­tiques diffé­rentes. Suivant comment on lit et quelle statis­tique on regarde, on va pouvoir dire que les impôts ont augmenté ou qu’ils ont dimi­nué. Que faire ?

    Bonne chance.

    * * *

    Il y a certai­ne­ment 50 autres cas. Le truc c’est de se rappe­ler que nos élus ne maitrisent pas grand chose. Quand ils avancent sans tenir compte de tout le reste, ils réalisent souvent le pire, même si ça colle avec des enga­ge­ments élec­to­raux.

    Si j’ai besoin de prendre un repré­sen­tant, c’est juste­ment parce que je lui donne une direc­tion mais qu’en­suite il devra prendre une déci­sion en fonc­tion d’un contexte, de consul­ta­tions, d’ex­per­tises, de rapports, de docu­men­ta­tions, d’un travail que je n’ai pas fait, et d’autres élus. Même si je sais où j’ai­me­rais aller à priori, lui dicter la déci­sion avant que tout ça soit fait ou connu serait tota­le­ment imbé­cile.

    Plus simple­ment, si j’étais capable de déci­der lors du vote, pourquoi aurais-je besoin d’un repré­sen­tant pour prendre la déci­sion ? Il suffi­rait de regar­der les votes lors de l’élec­tion et de publier direc­te­ment au jour­nal offi­ciel. Nous aurions une démo­cra­tie directe. Pourquoi pas, mais élire un repré­sen­tant pour lui dire que de toutes façons sa conduite est dictée, ça n’a stric­te­ment aucun inté­rêt à mon avis. Pire, ça peut amener les mêmes effets néga­tifs que n’im­porte quel contrat d’objec­tif.

    Les groupes de réflexion sur la démo­cra­tie explorent même l’exact opposé. On tire l’as­sem­blée au sort, on ne choi­sit même plus l’élu, donc hors de ques­tion de lui donner un contrat sur quoi et comment voter.

    * * *

    Le lecteur atten­tif remarquera qu’il en va de même pour les contrats. Il est rare qu’on réalise un contrat sur plus de 2 ans sans prévoir de clauses de sorties ou une capa­cité d’adap­ta­tion. Le cas échéant, si les deux parties travaillent dans le même sens, il est possible de faire des avenants, de réorien­ter le contrat en fonc­tion de ce qu’on trouve. Dans tous les cas les contrats qui se réalisent dans des envi­ron­ne­ments peu contrô­lés ou dont les détails ne sont pas connus sont souvent des enga­ge­ments de moyen et pas des enga­ge­ments de résul­tat.

    Le lecteur atten­tif remarquera aussi que l’élu se rapproche beau­coup plus d’un employé qui est là pour parti­ci­per à la direc­tion de la collec­ti­vité que d’un pres­ta­taire à qui on demande un service avec enga­ge­ment de résul­tat. Au plus on peut le voir comme un consul­tant.

    Étran­ge­ment je n’ai jamais entendu dire qu’un conseil d’ad­mi­nis­tra­tion ait demandé un tel contrat au président qu’il nomme. Il en va de même pour les consul­tants qu’on embauche. Il y a parfois des primes de réus­site et on ne renou­velle pas celui qui ne donne pas satis­fac­tion, mais jamais on n’a imagi­ner le rendre respon­sable devant la justice de ne pas être arrivé à tenir des objec­tifs.

    Je dis étran­ge­ment parce que vous pensez bien que si ça avait le moindre sens, ça fait long­temps que les donneurs d’ordre divers et variés auraient cher­ché à obte­nir ces garan­ties. Non, ils ont simple­ment compris qu’em­bau­cher quelqu’un pour prendre des déci­sions impliquait forcé­ment de lui lais­ser une capa­cité d’ap­pré­cia­tion et d’adap­ta­tion.

    * * *

    Quoi alors ? Et bien juste­ment, utili­sons ce qui existe dans le milieu des entre­prises pour ces cas là. Donnons droit à l’ins­tance supé­rieure de renver­ser une déci­sion, de révoquer celui qui ne donne pas satis­fac­tion. Mieux, défi­nis­sons le cadre de l’en­ga­ge­ment : impo­sons une vali­da­tion lors des déci­sions stra­té­giques de grande impor­tance.

    Pour le milieu des entre­prises il s’agit des conseils d’ad­mi­nis­tra­tion et autres conseils de surveillance, en session ordi­naire ou extra-ordi­naire.

    Pour l’État ça pour­rait être un méca­nisme de réfé­ren­dum pour révoquer le parle­ment ou pour vali­der certaines déci­sions (entre autres celles touchant à la consti­tu­tion, mais pas forcé­ment unique­ment).

    Là je dis oui.