Catégorie : Politique et société

  • [Lecture] Fouilles lors d’un contrôle d’iden­tité : exigence d’in­dices objec­tifs

    Je me suis long­temps posé la ques­tion de la léga­lité des fouilles. Je n’ai jamais lu de texte clair à ce sujet. Visi­ble­ment on était dans l’usage diffi­cile ou impos­sible à remettre en cause mais sans base légale.

    Tout au plus certains sites proposent de décla­rer quelque chose comme « je n’y consens pas, je ne prête pas mon concours, mais je ne me rebelle pas au cas où vous le faites vous-même en ayant le droit de vous passer de mon consen­te­ment ».

     « la palpa­tion de sécu­rité opérée sur une personne faisant l’objet d’un contrôle d’iden­tité n’au­to­rise pas l’of­fi­cier de police judi­ciaire à procé­der, sans l’as­sen­ti­ment de l’in­té­ressé, à la fouille de sa sacoche, dès lors que cette palpa­tion n’a pas préa­la­ble­ment révélé l’exis­tence d’un indice de la commis­sion d’une infrac­tion flagrante ».

    — Cour de cassa­tion, chambre crimi­nelle, via Dalloz

    Bien évidem­ment, vous vous essayiez de lais­ser les poli­cier vous fouiller sans donner votre accord ou que vous refu­siez en citant la juris­pru­dence, vous risquez surtout d’éner­ver les forces de police et qu’ils consi­dèrent ça comme rébel­lion.

    Il reste, qu’en ces temps où la loi et les usages donnent tous les droits à l’État et la police, cette préci­sion est plus qu’ap­pré­ciable.

    Dalloz conti­nue en rappe­lant que ça ne vaut pas en cas de flagrance, ni si la palpa­tion laisse effec­ti­ve­ment penser à infrac­tion.

  • Photo­re­por­tage : Les enfants de Tcher­no­byl ont grandi

    On semble commen­cer à retrou­ver le sens des photos repor­tages et des webdoc. À l’heure où la TV ne prend aucun recul et où la presse se contente souvent de l’ac­tua­lité du moment et des refor­mu­la­tions de brèves de l’AFP, on a comme l’im­pres­sion d’un contre-courant, d’une redé­cou­verte des possi­bi­li­tés du media web.

    Le Temps sort un photo­re­por­tage bien fait sur l’en­vi­ron­ne­ment humain autour de Tcher­no­byl aujourd’­hui. Je ne peux que vous le conseiller.

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    Ce n’est pas le premier sur Le Temps, mais on repère encore le sous-domaine labs qui montre que tout ça n’est pas encore vrai­ment consi­dé­rer comme du contenu normal.

    Arte semble être un des rares à en faire vrai­ment des sujets à part entière, très réus­sis.

  • [Commen­taire] Nuit debout : Alain Finkiel­kraut chassé de la place de la Répu­blique

    « J’ai été expulsé d’une place où doivent régner la démo­cra­tie et le plura­lisme, donc cette démo­cra­tie c’est du bobard, ce plura­lisme c’est un mensonge.

    Il y a sur la place un mouve­ment de citoyens qui veulent entre autres se réap­pro­prier l’es­pace poli­tique. Ils avancent effec­ti­ve­ment les notions de démo­cra­tie et de plura­lisme.

    Ils ne sont cepen­dant pas la démo­cra­tie et le plura­lisme. Ils parti­cipent à la démo­cra­tie en tentant de la faire vivre, et au plura­lisme en ouvrant la discus­sion à d’autres que les person­na­li­tés média­tiques habi­tuelles. La nuance est impor­tante parce qu’ils n’ont aucune obli­ga­tion – pas même morale – de repré­sen­ter quiconque à part eux-mêmes, juste le devoir de porter leur voix dans un espace qui accueillera aussi celle des autres.

    Cet espace, la France, accueille déjà large­ment Alain Finkiel­raut, bien plus large­ment que 99,99% de la popu­la­tion. On ne peut pas dire que la démo­cra­tie et le plura­lisme soient morts en ne lui donnant pas le micro place de la Répu­blique.

    Europe 1 rapporte qu’il a pu écou­ter sans être gêné quand il était à côté de l’AG. L’in­ci­dent a eu lieu quand il s’en est écarté, de l’autre côté de la place où des groupes dispa­rates traînent, en marge des débats.

    Bref, rien qui ne puisse vrai­ment être imputé au mouve­ment lui-même. J’ose penser que Jean-Luc Mélan­chon à un rassem­ble­ment popu­laire LR ou Marine Le Pen à un rassem­ble­ment popu­laire de gauche auraient été bien plus chahuté qu’ici, où il n’y a eu que des invec­tives orales.

    Même si c’est un événe­ment lié à des indi­vi­dus et pas au mouve­ment lui-même, j’y vois juste­ment le plein exer­cice de la démo­cra­tie et de la liberté d’ex­pres­sion :

    xkcd 1357

    Alain Finkiel­raut c’est la figure oppo­sée à la plupart des courants qui animent le mouve­ment. Au delà, c’est celui qui théo­rise que la foule mène au tota­li­ta­risme. Bref, l’an­ti­thèse de ce que les rassem­blés à la place de la Répu­blique tentent de construire.

    Nous ne sommes pas ici dans une opinion diver­gente menant à débat, mais dans l’op­po­si­tion même à l’idée de construire le débat sur la place.

    D’au­tant que je ne venais que pour écou­ter, je ne venais même pas pour inter­ve­nir et pour faire valoir mes idées mais on a voulu puri­fier la place de la Répu­blique de ma présence et donc j’ai subi cette puri­fi­ca­tion, avec mon épouse »

    Le choix des termes n’est pas un hasard. Quelqu’un d’ha­bité à lancer des polé­miques, qui croit profon­dé­ment que ces rassem­ble­ments sont dange­reux et ne sont pas un espace de débat… étran­ge­ment il en sort une polé­mique et une posi­tion dans laquelle il peut dire qu’il est victime de la foule, que le rassem­ble­ment n’est pas sain.

    Chacun a joué le jeu qu’on atten­dait de lui, et tout le monde y a perdu. Je ne dis pas qu’il y a de quoi être fier de ce qu’il s’est passén ou que ces insultes et invec­tives sont accep­tables. De là à trans­for­mer le pyro­mane en victime, il ne faudrait pas trop se lais­ser abuser.

    Le prin­cipe même que ce léger fait divers fasse l’ac­tua­lité montre que quelque chose cloche bien plus profond.

    Sérieu­se­ment, on est en train de faire la une de tous les médias parce que quelqu’un s’est fait insulté en marge d’une mani­fes­ta­tion poli­tique ?

    Il semble surtout que ce soit un sujet parce que c’est lui, qu’il appar­tient aux person­na­li­tés et aux sphères média­tiques, et que leur montrer une oppo­si­tion à eux, que de ne pas les consi­dé­rer au centre du débat, voire les en exclure eux, ça c’est scan­da­leux. Ne serait-il pas plutôt le sujet ?

    Fina­le­ment tout ça est diable­ment inté­res­sant, mais à condi­tion de ne pas s’ar­rê­ter au premier degré du fait divers.

  • Terro­risme.

    Prendre du recul, sortir de ce qu’on croit évident et de nos préju­gés, reve­nir aux défi­ni­tions.

    Terro­risme :
    A. – Histo­rique.
    Poli­tique de terreur pratiquée pendant la Révo­lu­tion.
    Par exten­sion : emploi systé­ma­tique par un pouvoir ou par un gouver­ne­ment de mesures d’ex­cep­tion et/ou de la violence pour atteindre un but poli­tique.

    Par cette défi­ni­tion les États-Unis quali­fient tota­le­ment au prin­cipe de l’État terro­riste.

    Poli­tique exté­rieure armée, lois d’ex­cep­tions, empri­son­ne­ment de « combat­tants enne­mis » hors conven­tion de Genève, poli­tique d’exé­cu­tion arbi­traire de mili­taires et civils par des bombes venant de drones… Tout y est, le systé­ma­tisme, le pouvoir en place, les mesures d’ex­cep­tions, la violence et le but poli­tique.

    Même si les mesures d’ex­cep­tion Vigi­pi­rate sont anciennes, les liber­tés du niveau de l’état d’ur­gence sont encore fraiches. La France n’en est pas au systé­ma­tisme et on peut encore discu­ter du but poli­tique. Atten­tion toute­fois : quand on annonce vouloir garder ces mesures d’ex­cep­tion tant que le terro­risme existe, qu’on en fait un outil poli­tique, on glisse juste­ment vers un État terro­riste nous-même. Le souhai­tons-nous ?

    B. −
    Ensemble des actes de violence qu’une orga­ni­sa­tion poli­tique exécute dans le but de désor­ga­ni­ser la société exis­tante et de créer un climat d’in­sé­cu­rité tel que la prise du pouvoir soit possible.
    Par analo­gie : Atti­tude d’in­to­lé­rance, d’in­ti­mi­da­tion dans le domaine cultu­rel, intel­lec­tuel et/ou spiri­tuel.

    Là aussi, la poli­tique exté­rieure des États-Unis quali­fie tota­le­ment à la défi­ni­tion racine.

    La France est moins inter­ven­tion­niste, ou pas. Peut-être avons-nous simple­ment moins de recul sur la moti­va­tion de nos inter­ven­tions mili­taires exté­rieures. Diffi­cile de ne pas croire qu’au moins en partie notre moti­va­tion n’est pas d’ins­tau­rer un nouveau gouver­ne­ment qui nous convient mieux, c’est à dire réali­ser ou permettre une prise de pouvoir.

    On pour­raient même dire que l’état d’ur­gence aujourd’­hui est en partie une façon de créer ou entre­te­nir un senti­ment d’in­sé­cu­rité et casser les barrières exis­tantes pour des motifs élec­to­raux. Je n’irai pas jusqu’à dire que ça valide l’es­prit de la défi­ni­tion de terro­risme, mais au moins nous nous devons de faire atten­tion.

    Sur la défi­ni­tion par analo­gie, la France comme les États-Unis quali­fient là aussi très faci­le­ment. Quand on voit nos poli­tiques prin­ci­paux s’en­fon­cer dans un racisme ouvert, voir parfois une guerre de reli­gion, vouloir contrô­ler l’ap­pa­ri­tion de telle ou telle reli­gion en public ou vouloir la modé­rer telle que la voudrait l’État, parler de droit de l’hom­miste, faire peur pour mino­rer les opinions diver­gen­tes…

    Après tout est une ques­tion de propor­tion, nous ne sommes pas en Chine, mais faut-il forcé­ment être dans le pire pour s’au­to­ri­ser à prendre du recul et consi­dé­rer qu’on est sur le mauvais chemin ?


     

    Par exten­sion : emploi systé­ma­tique par un pouvoir ou par un gouver­ne­ment […]

    Le diction­naire a ses défi­ni­tions, l’usage en a d’autres.

    À l’ori­gine le terro­risme quali­fie l’État ou le pouvoir en place. Il est inté­res­sant que ces derniers aient réussi à renver­ser la défi­ni­tion pour l’ap­pliquer à ceux qui les contestent. Inté­res­sant et effrayant.

    Cela dit, même dans la défi­ni­tion popu­laire du terro­risme, c’est à dire « qui commet des actes de violence sur des civils pour des motifs reli­gieux ou poli­tiques », n’ou­blions pas que nos pays quali­fient tout autant.

    Les attaques de drones états-uniens se font pour partie sur des civils. Nos opéra­tions exté­rieures sont plus discrètes et plus anec­do­tiques mais les croire diffé­rentes serait une gros­sière erreur.


     

    Je n’ai pas parlé d’Is­raël. En partie parce que ça déclenche des polé­miques à n’en plus finir, mais aussi malheu­reu­se­ment parce qu’il n’y a pas vrai­ment place au débat. On peut trou­ver ça justi­fié mais factuel­le­ment on valide chaque défi­ni­tion, formelle ou popu­laire, sans même l’ombre d’une hési­ta­tion.

    Ça amène le dernier point, fina­le­ment évident, le terro­riste c’est celui qui utilise de la violence illé­gi­time. L’illé­gi­time c’est l’autre, peu importe dans quel camp on est. Quand il n’en reste plus qu’un, l’illé­gi­time c’est le perdant, le moins fort.

    Aujourd’­hui je suis occi­den­tal, et nous appa­rais­sons comme les plus forts. Est-ce une justi­fi­ca­tion pour nous auto­ri­ser tout cela ?

  • Stage de décon­di­tion­ne­ment

    Nous avons des stages de citoyen­neté, des stages de sensi­bi­li­sa­tion à la sécu­rité routière, des obli­ga­tions de soins psycho­lo­giques pour les agres­sions sexuelles, nous avons pensé à des stages de déra­di­ca­li­sa­tion divers, aujourd’­hui des stages sensi­bi­li­sa­tion à la lutte contre l’achat d’actes sexuels.

    Indi­vi­duel­le­ment je n’en critique aucun. Accu­mu­lés, en tant que peine prin­ci­pale ou complé­men­taire, je suis gêné. J’ai l’im­pres­sion qu’on glisse douce­ment vers 1984 (encore une fois), à fina­le­ment faire du condi­tion­ne­ment et du contrôle des pensées.

    Je ne nie pas la perti­nence de préve­nir de la réité­ra­tion. Je suis convaincu que des discus­sions sont infi­ni­ment plus effi­caces que des amendes ou de la prison.

    Pour autant, la diffé­rence entre condi­tion­ne­ment et décon­di­tion­ne­ment est parfois très faible. Elle tient surtout en ce qu’on croit être la bonne pensée. Je préfère que la loi et les peines s’oc­cupent des actes, pas des pensées.

    Entre un « ne le faites pas » et un « on va vous guérir et vous apprendre à penser comme il faut », il y a un pas que je ne veux pas fran­chir.

  • [Lecture] Ghosn, Tavares : les raisons de l’ex­plo­sion des rému­né­ra­tions des grands patrons

    [S]i le niveau absolu de cet écart peut légi­ti­me­ment choquer, c’est bien son évolu­tion au cours des dernières décen­nies qui consti­tue le phéno­mène le plus surpre­nant.

    En effet, cet écart n’était que de 1 à 20 aux États-Unis en 1965. C’était d’ailleurs l’écart maxi­mal de rému­né­ra­tion que recom­man­dait au début du XXe siècle le célèbre banquier J.P. Morgan, peu réputé pour son mili­tan­tisme égali­taire. L’écart est ensuite monté à 1 à 30 en 1978, à 1 à 60 en 1990, à 1 à 300 en 2000 et donc à 1 à 373 en 2015.

    Le bon entre 1990 et 2000 est impres­sion­nant : x5 en 10 ans. On peut se réjouir en se disant que l’écart augmente moins vite depuis mais nous avons eu deux crises gigan­tesques entre temps. Que l’écart augmente encore de 25% pendant cette période reste juste indé­cent.

    C’est l’ex­pli­ca­tion de l’ar­ticle qui est inté­res­sante : la publi­cité des salaires des diri­geants incite les action­naires à parti­ci­per à l’in­fla­tion.

    Payer moins cher son président que la société voisine ? Ce serait dire qu’on est plus petit, ou qu’on prend un président moins bon, ou qu’on a moins confiance dans l’ave­nir. Ce serait faire bais­ser le cours de l’ac­tion.

    Ne pas donner un bonus ou dimi­nuer la rému­né­ra­tion ? Ce serait dire que la société va mal et qu’on a peu confiance dans le président pour avoir de bons retours à court terme mais qu’on le garde quand même. Là aussi, bonjour la baisse à la bourse.

    Paraitre est plus impor­tant que tout pour la bourse, bluff et fumi­gènes en face d’un trou­peau de moutons. Entre temps on entre­tient un modèle idiot et contre-produc­tif.

  • [Commen­taire] Les habi­tants du 16ème mobi­li­sés contre un centre d’hé­ber­ge­ment pour sans-abris

    La grogne monte dans les beaux quar­tiers de Paris. L’ins­tal­la­tion d’un centre d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence pour sans abris dans le 16ème arron­dis­se­ment de la capi­tale soulève en effet une fronde chez les rive­rains. Ce centre, qui doit ouvrir ses portes d’ici à l’été, accueillera pendant trois ans des sans-abris orien­tés par le Samu social.

    Europe 1

    C’est malheu­reux mais peu éton­nant. Aider les dému­nis est une chose, mais qu’on le fasse chez les autres. Je passe sur ceux qui vont sortir leur fameuse théo­rie de « l’ap­pel d’air », comme si aider les sans domi­cile fixe allait inci­ter des gens à se lais­ser glis­ser dans cette situa­tion…

    Pour les habi­tants, un tel centre ferait en effet « tache » dans le paysage. Entre le bois de Boulogne et des immeubles cossus et des ambas­sades, dans une allée très tranquille, des préfa­briqués devraient être mis en place.

    Le problème c’est surtout qu’ici on ne mélange pas les torchons avec les serviettes. Ailleurs c’est normal, mais ici on est au-dessus de ça.

    « ils ne pouvait pas imagi­ner qu’en faisant cela ici il n’y aurait pas de réac­tions, c’est simple­ment un coup poli­tique pour embê­ter », témoigne-t-il. « Cet espèce de mépris vis-à-vis des habi­tants parce qu’on leur impose ce centre. J’ai l’im­pres­sion d’être en Corée du Nord »

    On en est au point où instal­ler un centre d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence c’est forcé­ment pour embê­ter les locaux. Quelle autre raison peut-il y avoir ? (ne souf­flez pas, j’ai bon espoir que chacun s’en rende compte seul)

    Corée du Nord, parce qu’on présente une solu­tion d’ur­gence aux sans-abris quand toutes les autres sont surchar­gés. N’ayons pas peur des mots. Les gens sont telle­ment empê­trés dans leurs privi­lèges qu’ils n’osent même pas imagi­ner être confron­tés avec la réalité des autres. Il faut de la distance entre les riches et les pauvres. Pourquoi pas un mur comme dans la série TV Trepa­lium ?

    Pour ceux qui se posent la ques­tion :

    L’ar­ticle d’Eu­rope 1 est encore assez doux. Libé­ra­tion raconte aussi de belles perles, dont la préfette de Paris qui tente de rassu­rer avec ce racisme exem­plaire :

    Je le dis avec la plus grande fermeté : il n’y aura pas de migrants dans ce centre, de personnes qui viennent d’Afrique et d’ailleurs.

    Au moins ils sont bien de chez nous, mais ça ne semble pas rassu­rer beau­coup plus. L’apar­theid est aussi au niveau écono­mique.

    Le député-maire du XVIe n’est pas en reste :

    Vous voulez dyna­mi­ter la piscine [située à proxi­mité du futur centre d’hé­ber­ge­ment, ndlr] ? Ne vous gênez pas, mais ne vous faites pas repé­rer.

    Ah ces révo­lu­tion­nai­res… Ce n’est pas comme en Corée du Nord fina­le­ment, au XVIe on ne se laisse pas faire.

    Si tout ça n’était pas aussi honteux, ça pour­rait prêter à rire.

  • « Ces conser­va­teurs qui n’ont pas encore 20 ans »

    Sauf que ces jeunes ne sont pas conser­va­teurs, ils sont progres­sistes.

    On voir le recul tempo­rel sur nous-même qui rase les pâque­rettes. Si on regarde sur une échelle de quelques mois, ces jeunes sont effec­ti­ve­ment conser­va­teurs, ils refusent le chan­ge­ment. Si on regarde d’un peu plus haut, c’est juste qu’ils s’op­posent à un retour en arrière et voudraient au contraire conti­nuer sur la voie du progrès. Poli­tique­ment ce sont des progres­sistes, ils mani­festent pour ça.

    Le rapport des forces a changé. Les conser­va­teurs ne se contentent plus de frei­ner le progrès. Ils ont désor­mais assez de force pour diri­ger les réformes et reve­nir sur les progrès acquis. Ça n’in­verse pas les rôles pour autant.

    Quand moder­ni­ser revient à dire qu’on recule de plusieurs dizaines d’an­nées… dommage alors qu’il y a de vrais enjeux de moder­ni­sa­tion à enta­mer, notam­ment sur la ques­tion des auto-entre­pre­neurs qui tendent à rempla­cer les sala­riés sans gagner en indé­pen­dance.

    Quand réfor­mer devient plus impor­tant que le contenu de la réfor­me… agir, quitte à aller dans le mauvais sens, et railler ceux qui refusent de suivre le mouve­ment.

  • [Lecture] Is Cali­for­nia More Socia­list Than France?

    Chez Gilles Raymond :

    It’s a widely held convic­tion that France is a socia­list state, an assump­tion that while not backed up by facts, causes some to hold a preju­dice against the coun­try.

    […] Instead of relying on assump­tions and preju­dice, I set out to compare the two tax systems by mode­ling how five different levels of income would fair in the two systems. Here’s what I found:

    Je suis frus­tré. J’ai­me­rais quelque chose bien plus fouillé et bien plus détaillé. Si quelqu’un a ça sous la main…

    Il reste un résul­tat inté­res­sant. Qu’on parle de céli­ba­taire ou de famille avec deux enfants, de quelqu’un gagnant 10.000, 50.000, 100.000 ou 200.000, le ménage cali­for­nien paye systé­ma­tique­ment plus d’im­pôts que le français.

    De quoi peut-être tuer quelques préju­gés. D’au­tant que…

    The purpose is not to say one coun­try is better than another (I defi­ni­tely enjoy my life in San Fran­cisco), but to chal­lenge some preju­dices with facts. France offers a series of social services that we do not have in Cali­for­nia. Indeed, any French citi­zen has auto­ma­tic health cove­rage, unem­ploy­ment insu­rance for 18 months, free educa­tion system inclu­ding college, state finan­ced pension fund… If in Cali­for­nia the sum fede­ral taxes and states tax is higher, none of this service is inclu­ded on the same scale (except the recent health insu­rance since Obama­care). Fede­ral budget is almost $4 tril­lion, with $12,000 dollars per US citi­zen, inclu­ding kids. So where does the money go?

    Il reste que je ne sais pas si ça prend en compte les coti­sa­tions sociales payées sur les salaires français, si on a bien pris en compte les taxes locales au niveau des diffé­rentes strates locales françaises, etc.

    Bref, à fouiller mais au moins la compa­rai­son devrait arrê­ter avec l’idée que la France est un suppôt du commu­nisme quand on parle d’im­pôts.

  • Archaïsme des lois du travail

    On oppose une vision réfor­ma­trice du XXIe siècle à l’ar­chaïsme du XXe et du XIXe. J’ai­me­rai bien qu’il en soit si simple.

    Le XIXe c’est l’in­ter­dic­tion du travail des jeunes enfants et la limi­ta­tion horaire pour les plus grands. C’est le droit de grève, l’in­dem­ni­sa­tion et la respon­sa­bi­lité patro­nale des acci­dents du travail. C’est l’ins­pec­tion du travail et la liberté syndi­cale – rien que ça.

    Le XXe c’est la jour­née de repos hebdo­ma­daire obli­ga­toire, les congés payés, la sécu­rité sociale, des ampli­tudes raison­nables de travail, les allo­ca­tions fami­liales, la consti­tu­tion­na­li­sa­tion du droit de grève…

    S’il y a bien deux siècles réfor­ma­teurs au niveau du droit du travail ce sont bien ces deux là. Tout a été créé, tout ce qui nous semble non seule­ment évident mais aussi fonda­men­tal.

    À l’époque on luttait contre le conser­va­tisme et l’ar­chaïsme libé­ral, contre ceux qui parlaient d’as­sis­ta­nat, de liberté d’en­tre­prendre bafouée, de règles inap­pli­cables.

    Aujourd’­hui, comme à l’avant-guerre, les libé­raux reviennent avec les mêmes argu­ments, pour reve­nir à l’ex­ploi­ta­tion des masses via le travail comme au XIXe siècle, juste­ment.

    Quand on veut permettre de dépas­ser les 11h par jour de travail, on souhaite ni plus ni moins retour­ner aux règles d’avant 1900. Rien que ça. L’ar­chaïsme n’est pas où l’on croit.

    Media­part a aussi un bel article sur ce sujet.