Catégorie : Politique et société

  • Je veux partir, lais­sez-moi partir !

    On me pose plein de ques­tions suite au billet sur les indem­ni­tés et je me rends compte que si on parle beau­coup de comment faire son entrée, personne ne parle de comment quit­ter un emploi. Ça semble un peu tabou.


    IANAL: Je ne suis pas juriste. Je peux me trom­per. En ce cas vous êtes invi­tés me corri­ger dans les commen­taires, je mettrai à jour avec plai­sir.


    La démis­sion. C’est simple : Vous signa­lez à votre employeur que vous partez. Il vous faudra respec­ter un préavis, c’est à dire le préve­nir à l’avance. Les durées clas­siques vont de un à trois mois. Pour les cadres c’est géné­ra­le­ment trois mois. Atten­tion : L’em­ployeur n’est pas tenu de vous accor­der de congés pendant cette période de préavis.

    Cette durée peut être raccour­cie d’un commun accord. N’hé­si­tez pas à le deman­der, poli­ment. Il est fréquent que l’em­ployeur accepte de couper à moins de trois mois, mais il est aussi fréquent qu’il ne l’an­nonce qu’au dernier moment, à la moitié du préavis. Inver­se­ment, si c’est l’em­ployeur qui veut unila­té­ra­le­ment vous voir partir plus tôt que prévu, il sera tenu de quand même vous payer l’in­té­gra­lité du préavis.

    Parce que votre mana­ger est un humain, même si le courant ne passe pas entre vous, essayez de le voir pour lui en annon­cer votre démis­sion en face à face. Si ce n’est pas envi­sa­geable, vous pouvez aller voir les ressources humaines, ou le président pour une petite boite. Faites-le, même si la rela­tion est tendue. Si vrai­ment c’est la guerre, envoyez au moins un email infor­mel poli disant que vous allez leur envoyer une démis­sion par cour­rier.

    Et donc… envoyez une lettre recom­man­dée avec accusé de récep­tion, datée, signée et adres­sée soit aux ressources humaines soit à votre président. Elle vous sécu­ri­sera quoi qu’il se passe ensuite. Indiquez dedans la date de départ que vous aurez calculé (le préavis commence à récep­tion de la lettre, donc comp­tez deux jours après son envoi), elle évitera des ambi­guï­tés et ce sera à l’em­ployeur de contes­ter expli­ci­te­ment s’il en calcule une diffé­rente. Comme je suis person­nel­le­ment un stressé de la vie, je la scanne et j’en­voie la copie en paral­lèle par e-mail à partir de mon adresse person­nelle, au cas où le cour­rier se perd mais aussi pour qu’on ne puisse pas en contes­ter le contenu.

    Main­te­nant le conseil : Sauf si vous avez déjà en main le contrat ou la promesse d’em­bauche d’un futur emploi… Ne. Faites. Jamais. Ça. Encore moins si c’est parce que ça se passe mal en interne.

    1 : Passez par une rupture conven­tion­nelle.

    Avant les cadres et mana­gers passaient par un faux licen­cie­ment accom­pa­gné d’une tran­sac­tion. Aujourd’­hui il y a la rupture conven­tion­nelle qui est parfaite pour ça, passez toujours par là. Toujours. Ça vous ouvrira les droits chômage et la porta­bi­lité mutuelle si quoi que ce soit ne se passe pas comme prévu (genre vous avez un acci­dent quelques jours après votre démis­sion et non seule­ment il faut payer l’hô­pi­tal mais en plus ça fait capo­ter le job de vos rêves parce qu’ils ne veulent pas attendre, je l’ai déjà vu).

    Et donc, la rupture conven­tion­nelle. Offi­ciel­le­ment c’est un licen­cie­ment par accord mutuel mais ça ne change pas grand chose : Vous annon­cez que vous voulez partir mais que vous voulez le faire sous le régime de la rupture conven­tion­nelle. Il n’y a pas de préavis mais il y a une procé­dure formelle à respec­ter qui met 4 à 6 semaines mini­mum.

    Pas la peine de vous embê­ter avec la procé­dure, votre employeur vous guidera (et tant qu’il vous donne une copie de la conven­tion signée, vous êtes à priori bordé de votre côté).

    Le seul point à rete­nir c’est de ne lais­ser aucune trace écrite ou publique de la propo­si­tion ou de la négo­cia­tion tant que la conven­tion n’est pas termi­née et signée. Tout se fait à l’oral tant qu’il n’y a pas accord. Ne vous inquié­tez pas, l’em­ployeur en fera tout autant de son côté.

    En sortie c’est un licen­cie­ment. On vous paiera une indem­nité légale. Le montant dépend de votre ancien­neté et de votre conven­tion collec­tive. Pour les cadres syntec c’est 1/3 de mois de salaire par année d’an­cien­neté. Vous aurez le droit au chômage et à la porta­bi­lité de la mutuelle (deman­dez là, c’est impor­tant). Vu que c’est vous qui deman­dez à partir, je ne vois pas pourquoi l’em­ployeur vous donne­rait des indem­ni­tés supra-légales mais si c’est le cas pensez à jeter un œil au billet précé­dent.

    On commen­cera parfois à vous dire « non, si vous voulez partir, démis­sion­nez ». C’est logique, ça coûte des sous à l’em­ployeur qui n’a rien demandé. En pratique il est peu probable que ce « non » tienne plus de deux mois, surtout si la rela­tion est diffi­cile. Sauf pour les SSII qui revendent les colla­bo­ra­teurs en régie, l’em­ployeur n’a pas grand inté­rêt à garder quelqu’un qui veut partir et qui risque de ne plus être motivé. Certains propo­se­ront par contre peut-être des arran­ge­ments à l’amiable (genre un préavis plus long, un effort parti­cu­lier, ou éven­tuel­le­ment l’es­ca­mo­tage d’une période de congés payés équi­va­lente au montant de l’in­dem­nité à payer). À vous de voir.

    Si toute­fois le refus persis­tait, compre­nez bien que vous aurez passé un cap. Quelle que soit votre atti­tude, l’em­ployeur vous consi­dé­rera proba­ble­ment des années comme poten­tiel­le­ment sur le départ et moins impliqué, avec des consé­quences sur les augmen­ta­tions, les promo­tions, les affec­ta­tions, et la rela­tion de travail en géné­ral. C’est humain.

    Ce n’est pas une raison pour jouer à ce jeu là ! Si vous restez, faites-le sérieu­se­ment et profes­sion­nel­le­ment, en gardant votre impli­ca­tion au travail et une rela­tion cordiale. C’est juste une obli­ga­tion morale vis à vis du contrat de travail et d’une démis­sion que vous choi­sis­sez de ne pas donner. Si l’as­pect moral ne vous touche pas, sachez que le milieu est petit. Vos collègues et votre employeur n’hé­si­te­ront pas une seconde à infor­mer vos futurs collègues et employeurs qu’on ne peut pas faire confiance à vos enga­ge­ments et à votre profes­sion­na­lisme, et ils auront raison.

    2 : Restez humain, profes­sion­nel et respec­tueux, avant comme après.

    Certains mauvais employeurs ne respec­te­ront pas cette dernière règle et passe­ront aux mesures de rétor­sion ou de harcè­le­ment pour vous faire démis­sion­ner main­te­nant que le sujet de départ à été abordé.  Malheu­reu­se­ment ça arrive. Si c’est le cas faites inter­ve­nir les délé­gués du person­nels ou la Direccte. Ça y mettra fin immé­dia­te­ment et l’em­ployeur aura vite fait de vous propo­ser une sortie pour éviter un conflit aux Prud’­hommes.

    Le départ. Encore une fois, restez cordial, profes­sion­nel et impliqué jusqu’au dernier jour. Mieux : Faites ce qu’il faut pour que faci­li­ter votre future absence en docu­men­tant ce qui peut l’être et en formant vos collègues à vos tâches.

    Pensez aussi à effa­cer toutes vos données person­nelles de vos outils infor­ma­tiques (les mots de passe du navi­ga­teur, vos mp3, photos ou fichiers person­nels). Atten­tion aussi aux docu­ments profes­sion­nels sensibles : les fichiers ou emails avec des salaires ou des infor­ma­tions confi­den­tielles, les emails aux délé­gués du person­nel ou au syndi­cat, les comptes rendus d’en­tre­tien avec vos colla­bo­ra­teurs si vous êtes mana­ger, etc. Ne comp­tez pas sur votre mana­ger et votre service infor­ma­tique pour être parfaits et éviter tout problème : Prenez les devants. Tout ça se prépare et ne se fait pas en une heure au dernier moment.

    3 : Effa­cez vos données person­nelles et vos donnés sensibles.

    En sortie l’em­ployeur vous remet­tra un certi­fi­cat de travail, un solde de tout compte avec le paie­ment des jours de congé restant, et le chèque corres­pon­dant. Si ce n’est pas une démis­sion, vous aurez aussi une attes­ta­tion pour le pôle emploi et vos indem­ni­tés de licen­cie­ment.

    Ne signez rien, et surtout pas un papier non prévu ou qui vous engage, surtout pas si on condi­tionne la remise des papiers décrits plus haut à un enga­ge­ment quel­conque, même si vous êtes en rela­tion de confiance. Une fuite possible est de signer récep­tion avec une formule du type « signa­ture pour acter récep­tion ce jour ; sous réserve de mes droits passés, présents et futurs ; ne vaut pas pour accord ou comme enga­ge­ment » ou quoi que ce soit qui dit clai­re­ment que tout ça ne repré­senta pas un accord de votre part. Au pire, partez sans les papiers si on refuse de vous les remettre et envoyez une lettre recom­man­dée pour les récla­mer, c’est l’em­ployeur qui sera en tort. Au cas où, même signé sans réserve, le solde de tout compte (et lui seule­ment) est encore contes­table six mois.

    4 : Ne signez rien lors de votre départ, surtout pas sous la pres­sion.

    De votre côté rendez tout le maté­riel profes­sion­nel en personne (ne le lais­sez pas sur le bureau) et exigez un reçu signé en échange. On évite bien des ennuis possibles, même avec un employeur de bonne foi.

    5 : Exigez un reçu pour la remise de votre maté­riel profes­sion­nel.

    Si ce n’est pas une démis­sion et que ce n’est pas déjà fait, profi­tez-en pour deman­der immé­dia­te­ment la porta­bi­lité de votre mutuelle (plus large­ment, des vos droits santé et prévoyance). Vous pour­rez rester ainsi couvert pendant un an, aux mêmes condi­tions. Vous aurez à payer la part sala­riée que vous payez déjà, l’em­ployeur conti­nuera à payer la part employeur qu’il paye déjà.

    6 : Deman­dez la porta­bi­lité de vos droits santé et prévoyance.

    Oh, et même après votre départ, vous avez encore des obli­ga­tions, morales, légales ou contrac­tuelles. Respec­tez-les. Au niveau moral, n’al­lez pas d’un coup salir votre employeur précé­dent simple­ment parce que vous n’y êtes plus. Au niveau contrac­tuel vous avez peut-être une clause de confi­den­tia­lité (elle conti­nue de s’ap­pliquer), de non débau­chage ou de non concur­rence (cette dernière n’est valable que si on vous la compense finan­ciè­re­ment).

  • Indém­ni­tés de licen­cie­ment et délai de carence

    Je vous ai parlé cumul, je vais désor­mais vous parler indem­ni­tés et délais de carence. Je ne sais pas qui a imaginé le système en place depuis 2015, mais il devait être sacré­ment retort.


    Je parle gros sous, vous pouvez arrê­ter de lire si ça vous gêne, mais je me dis que ça pourra servir à certains.


    Quand vous êtes licen­cié vous partez avec des indem­ni­tés légales et onven­tion­nelles, déter­mi­nées par la conven­tion collec­tive en fonc­tion de votre ancien­neté, et éven­tuel­le­ment des indem­ni­tés dites supra-légales négo­ciées libre­ment avec l’em­ployeur. Dans la suite, quand je ne précise pas, je parle de ces dernières.

    Imagi­nons le cas le plus fréquent : Vous retrou­ve­rez un nouvel emploi avant la fin des allo­ca­tions chômage mais il vous faudra tout de même quelques mois.

    Pôle Emploi va divi­ser le montant de votre indem­nité supra-légale par 90 et déca­ler le début de votre allo­ca­tion chômage d’au­tant de jours.

    Premier effet kiss-kool : À cause du délai de carence spéci­fique, l’in­dem­nité ne vient pas en plus de votre allo­ca­tion chômage mais à la place. C’est peut comme si votre employeur indem­ni­sait en réalité le Pôle Emploi et pas vous.

    Dans l’es­sen­tiel des cas, une indem­nité supra-légale est négo­ciée en répa­ra­tion d’un préju­dice. Ce peut être la compen­sa­tion d’un effort ou d’une conces­sion parti­cu­lière de votre part. Plus souvent c’est l’ac­cep­ta­tion d’une rupture conven­tion­nelle alors que l’em­ployeur n’avait pas de motif légi­time de licen­cie­ment.

    Bref, ça vous a coûté humai­ne­ment mais c’est le Pôle Emploi qui est indem­nisé.

    Second effet kiss-kool : Votre indem­nité supra-légale est fisca­li­sée comme une période de travail, avec les mêmes coti­sa­tions sociales. Vous payez donc une assu­rance chômage dessus. Par contre cette coti­sa­tion ne comp­tera ni pour calcu­ler le montant de votre indem­nité, ni pour la durée de votre indem­ni­sa­tion.

    Non seule­ment c’est le pôle emploi qui empoche l’in­dem­nité, mais en plus il se rému­nère une seconde fois dessus sans vous allouer les droits corres­pon­dants.

    La triple peine : Le délai de carence c’est le montant de l’in­dem­nité divisé par 90. Suivant votre niveau de rému­né­ra­tion, un mois d’in­dem­nité peut géné­rer un délai de carence plus ou moins long.

    Si vous êtes bien payé, la perte d’al­lo­ca­tion due au délai de carence peut être supé­rieure au montant de l’in­dem­nité perçue.

    Bref, non seule­ment vous n’y gagnez rien parce que le Pôle Emploi conver­tit ça en délai de carence, non seule­ment vous coti­sez sans que ça ne vous ouvre des droits, mais votre indem­ni­sa­tion va même avoir un solde net néga­tif dans votre compte en banque. Tout ça pour avoir été indem­nisé d’un préju­dice ou d’un effort spéci­fique en plus du licen­cie­ment lui-même. Magique.

    Le palier se situe à un peu plus de 3 200 € nets mensuels pour une allo­ca­tion de retour à l’em­ploi, et à un peu moins de 2 500 € nets mensuels pour un contrat de sécu­ri­sa­tion profes­sion­nel (licen­cie­ment écono­mique).

    Certes on est bien payé à ces montants, mais ils ne sont pas non plus excep­tion­nels pour des infor­ma­ti­ciens seniors.

    Si vous êtes mieux payé que ça, mieux vaut renon­cer à vos indem­ni­tés supra-légales, ou négo­cier pour les toucher sous une autre forme. Ce peut être une période payée mais avec une dispense de travail (ça revient à un mois de salaire gratuit mais il ne subit que le premier effet des trois décrits jusqu’à présent). Ce peut aussi être un accord tran­sac­tion­nel (c’est tombé en désué­tude mais c’est avan­ta­geux et pour l’em­ployeur et pour vous, et c’est juste­ment fait pour compen­ser un préju­dice).

  • De la complexité fiscale, CSG et CRDS

    J’ai envie de mettre des baffes à ceux qui veulent sucrer les minima sociaux ou réduire les taxes et coti­sa­tions sur l’au­tel de la simpli­fi­ca­tion. Ces gens ne simpli­fient pas, ils dimi­nuent.

    Main­te­nant, sérieu­se­ment, des fois j’ai aussi envie de mettre des baffes à ceux qui écrivent les règles fiscales.

    Au début il y a la CSG. Coti­sa­tion unique, assiette large, montant faible. Rien à y redire.

    Mais on a fait deux taxes distinctes avec la CRDS parce qu’un poli­tique a voulu enro­ber l’aug­men­ta­tion de coti­sa­tion avec un discours sur la dette à rembour­ser. Bien entendu même sur la CSG elle-même, il y en a une partie impo­sable et l’autre non, sinon ce serait trop simple.

    Mais on a 8 taux légè­re­ment diffé­rents suivant le type de revenu concerné, sachant qu’il y a en paral­lèle un taux réduit sur certains types de reve­nus pour ceux qui ne dépassent pas un revenu fiscal plafond en fonc­tion de leur quotient fami­lial mais qui gagnent quand même plus qu’un certain montant plan­cher

    Mais c’est appliqué sur 98,25% du revenu (la préci­sion est vrai­ment pour faire ch* à ce niveau) ou 100% à partir d’un certain revenu, sachant que certains reve­nus sont exoné­rés mais que ces exoné­ra­tions dépendent parfois d’une condi­tion de ressources (pour les bourses d’étu­diants ou les retraites) ou ne sont valables que pour l’une des deux taxes (pour des pres­ta­tions fami­liales, mais pas toutes).

    On parle là de la CSG, qui n’est même pas progres­sive et qui est vue comme une taxe qui doit concer­ner un peu tout le monde.

    Même sans aller à penser un revenu d’exis­tence à haut niveau, il y a un sacré gain à diffé­ren­cier ce qu’on donne d’un côté et ce qu’on paye de l’autre plutôt que de faire 50 calculs d’apo­thi­caire sur chaque item et n’avoir aucune vue d’en­semble possible.

  • Cumul emploi chômage

    Quand il reprend un emploi en cours d’in­dem­ni­sa­tion, un deman­deur d’em­ploi peut cumu­ler le salaire (ou la rému­né­ra­tion non sala­riée) avec une partie de ses allo­ca­tions chômage, sous certaines condi­tions.

    Dit autre­ment, quand vous êtes au chômage, le Pôle Emploi veut vous inci­ter à reprendre une acti­vité, même partiel­le­ment, même tempo­rai­re­ment pour quelques jours. Pour vous y inci­ter, ils permettent roya­le­ment un cumul des reve­nus de l’ac­ti­vité en ques­tion avec l’al­lo­ca­tion chômage clas­sique. L’al­lo­ca­tion est réduite pendant le cumul, mais elle est là.

    Allocation de cumul = allocation standard - 70% du revenu d'activité

    Ça a l’air cool, un joli effort du Pôle Emploi qui va dans le bon sens. Main­te­nant si on réflé­chit du point de vue de l’al­lo­ca­taire, c’est moins relui­sant. (suite…)

  • [Commen­taire] Des cher­cheurs ont vu […] la DGSI, qui ont embarqué leurs ordi­na­teurs

    Afin de proté­ger les cher­cheur.e.s qui seraient amené.e.s à consul­ter ces sites [faisant l’apo­lo­gie du terro­risme] pour mener à bien leurs recherches, je vous demande de bien vouloir nous trans­mettre [les] noms et coor­don­nées [des cher­cheurs] qui travaillent ou envi­sagent de travailler en consul­tant ces sites.

    […] Cette infor­ma­tion est hélas néces­saire afin de pouvoir prou­ver qu’un programme de recherche était bien en cours sur ces ques­tions dans votre unité. Il s’agit d’une mesure préven­tive qui nous permet­trait, le cas échéant, de défendre les collègues

    Certains ont cru que l’in­for­ma­tion était là. C’est le symp­tôme d’une crainte, mais la vraie infor­ma­tion elle suit dans l’ar­ticle :

    Des cher­cheurs ont vu débarquer chez eux ou dans leurs labo­ra­toires les services de la DGSI, qui ont embarqué leurs ordi­na­teurs, juste­ment dans ce domaine.

    — Patrice Bour­de­lais, direc­teur de l’INSHS, Fran­ceinfo

    Mesure préven­tive ? vrai­ment ? peut-être pas tant que ça, et là ce n’est plus une crainte mais un vrai problème.

    Je n’ose imagi­ner un système telle­ment défaillant que les services de rensei­gne­ments ignorent qu’ils s’adressent à des cher­cheurs spécia­li­sés sur le sujet. Ils savent, et donc ce qui les inté­resse ce sont les données, les recherches, pas le risque de terro­risme de la part du cher­cheur.

    C’est un problème pour les cher­cheurs aujourd’­hui, mais aussi pour le futur. Je souhaite bien du courage aux cher­cheurs pour ne pas se faire fermer toutes les portes si leurs données peuvent à tout moment être saisies.

    On peut se dire qu’ils méritent la même protec­tion que les jour­na­listes mais c’est se trom­per de combat.

    Le problème est en amont. Tout le monde mérite d’avoir le droit de s’in­for­mer ou d’in­for­mer les autres, sans forcé­ment avoir une étiquette ou un métier parti­cu­lier.

    Ce sont nos liber­tés fonda­men­tales qu’on remet en cause. Lais­ser faire est d’une négli­gence grave. Le trai­ter comme un problème parti­cu­lier de cher­cheurs ou de jour­na­listes, c’est une erreur grave qu’on risque de regret­ter.

  • [Lecture] The 2016 U.S. Mobile App Report

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    — ComS­core, The 2016 U.S. Mobile App Report

    Quelque part ça s’amé­liore, en 2014 65% des gens ne télé­char­geaient rien. Nous en sommes à 49%… aux USA.

    Il reste que moins de 20% des gens télé­chargent plus de 3 apps mobiles par mois. Si on prend l’in­té­gra­lité de l’échan­tillon, c’est moins de deux nouvelles apps par mois en moyenne.

    Dans ces deux apps, il y a le dernier Candy Crush, l’app du jour­nal favori, celle du centre commer­cial du coin, celle d’Ikea ou du drive pour faire ses courses, Uber, AirBnb… Bien du courage pour concur­ren­cer les 10 app domi­nantes d’une tranche d’âge.

    Autant dire que vouloir initier la diffu­sion de son produit/service par une app mobile, c’est partir avec un boulet au pied.

    On le voit d’ailleurs sur le nombre d’app qui dépassent les 5 millions d’au­dience : à peine 130, là où le web mobile en a 580, en progres­sion de +36% dans la dernière année.

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    Les app mobiles n’ont pas tout perdu. Le temps passé y est 7x plus impor­tant que sur le web mobile (page 12 du rapport). Ce n’est juste pas par là qu’il faut commen­cer. Il sera temps d’y venir quand l’at­ti­rance de la marque sera assez forte pour percer dans les quelques app impor­tantes.

    Et même là… les utili­sa­teurs choi­sissent quelles app mettre sur l’écran d’ac­cueil pour un accès rapide (page 25). Si vous arri­vez à y mettre un raccourci vers une web app, il est probable que l’ef­fet soit le même.

  • Je paye une bière

    Plusieurs même. Pour celui ou ceux qui arrivent à me trou­ver un groupe qui convient à mes crédos pour mili­ter poli­tique avec eux.


    Diffi­cile de se défi­nir avec quelques phrases, et mes écrits passés sont proba­ble­ment plus repré­sen­ta­tif de mes opinions mais :

    J’ai un penchant social très marqué. Je souhaite que la collec­ti­vité permette à chacun de vivre décem­ment : santé, trans­port, loge­ment, éduca­tion, mais aussi confort élémen­taire. Cela n’a pas a être soumis à mérite ou condi­tion.

    Plus géné­ra­le­ment je crois à la mise en commun de tous les services publics et de tout ce qui est dans l’in­té­rêt collec­tif. Pour un exemple ça sous-entend des rembour­se­ments à 100% pour le système de santé, l’uni­ver­sité en accès libre et gratuit, ou des trans­ports en commun locaux gratuits.

    Je crois à un État au service et sous contrôle des citoyens, qui leur est assujetti. J’at­tends donc une trans­pa­rence de l’État et des collec­ti­vi­tés à tous les niveaux et dans les moindres détails, avec des règles qui limitent et contraignent ceux qui ont le pouvoir. Aujourd’­hui nous tendons vers le contraire, le contrôle du citoyen par l’État, et c’est d’un grand danger.

    Je cherche un rapport au travail diffé­rent, l’ar­rêt de la domes­ti­cité et de l’ex­ploi­ta­tion d’une partie de la popu­la­tion au profit d’une mino­rité, l’ar­rêt la culpa­bi­li­sa­tion et la préca­ri­sa­tion comme modèle de gestion du non-emploi. Il ne faut pas qu’a­dap­ter, il faut trou­ver un autre modèle. Le revenu d’exis­tence est une piste mais je suis prêt à en discu­ter d’autres.

    Je mets défi­ni­ti­ve­ment la vie des citoyen·nes en prio­rité par rapport à la ques­tion finan­cière, commer­ciale, écono­mique. Je ne crois pas à l’axiome qui veut que le premier item découle forcé­ment des trois suivants.

    Je crois aux insti­tu­tions publiques, à la fonc­tion publique, au services publics, et à la fisca­lité pour finan­cer tout cela. Il est toujours préfé­rable de payer le moins possible, mais étran­gler nos hôpi­taux ou nos écoles ne sera jamais un bon inves­tis­se­ment. Réduire le collec­tif permet de déga­ger de la marge de manœuvre aux plus aisés en assujet­tis­sant les plus faibles. Je m’y refuse.

    Je crois que la fina­lité des collec­ti­vi­tés publiques est d’as­su­rer une bonne vie aux citoyen·nes. L’éco­no­mie n’est qu’un moyen, pas une fina­lité. On se trompe souvent de prio­ri­tés en privi­lé­giant l’éco­no­mie et en partant de l’axiome que le reste en découle forcé­ment.
    Je crois que tout le monde doit avoir accès à des soins complets, un toit, et globa­le­ment de quoi vivre correc­te­ment.

    Je crois aux liber­tés civiles, aux droits de l’H, à la démo­cra­tie, à l’État de droit, à l’in­dé­pen­dance de la justice, à l’im­por­tance des insti­tu­tions.

    Je crois à l’Eu­rope. Je ne crois pas aux fron­tières, au natio­na­lisme qui se déguise en patrio­tisme.

    Je crois à la démi­li­ta­ri­sa­tion.

    Je ne crois pas à la perti­nence du nucléaire actuel, ni sur les risques ni sur l’as­pect écono­mique, et je crois qu’il faut en sortir mais pas en préci­pi­ta­tion. Je crois (cette opinion a évolué), malgré tout ce que je peux lui repro­cher, que le nucléaire reste notre meilleure — ou notre moins pire, c’est selon — option dans l’ur­gence clima­tique qui est la nôtre. Indé­pen­dam­ment, je crois à l’im­por­tance de conti­nuer la recherche et les expé­ri­men­ta­tions. J’ai pas la solu­tion et ne crois pas que dire « il faut du renou­ve­lable » soit si évident, mais je crois qu’on doit conti­nuer à essayer d’imagi­ner des choses.

    Je crois à la diver­sité, au respect des autres, de tous genre, opinion, culture, couleur de peau, choix de vie, etc. Je crois à la laïcité qui impose à l’État de ne pas se préoc­cu­per des reli­gions mais de respec­ter la liberté de pratique de chacun, y compris dans l’es­pace public. Je rejette les velléi­tés d’im­po­ser un ordre moral venu du siècle dernier, des uniformes ou tout ce qui a trait à un fantasme du « c’était mieux avant, la jeune géné­ra­tion est déca­dente ».

    Je suis certain que j’en oublie plein, je complè­te­rai peut-être au fur et à mesure. Voyez-vous quel groupe puis-je rejoindre ?

  • La vie ne se discute pas

    C’était il y a plus d’un an. Ça me réchauffe le cœur à chaque fois que quelqu’un le repar­tage. Merci.

    Autour de moi j’avais un ami qui luttait contre un cancer et qui a perdu la bataille, lais­sant femme et enfants. J’ai appris que d’autres connais­sances en France étaient passées par là dans leur vie, avec heureu­se­ment plus de succès.

    Sur la même période deux de mes connais­sances en Amérique du nord ont lancé un crowd­fun­ding pour gérer le même type d’évé­ne­ment. De ce que j’ai compris, au moins une n’es­père plus payer les trai­te­ments mais juste vivre le temps qui lui reste.

    Alors oui, savoir que les gens autour de moi n’ont pas besoin de lancer de crowd­fun­ding pour leur trai­te­ment, ça vaut toutes mes coti­sa­tions sociales.

    Oui il y a d’autres modèles possibles. Non les pays qui ont un autre modèle ne sont pas tous au niveau du moyen-âge. Ce n’est juste pas le sujet.

    J’ai parlé d’un vécu, personne, réel, concret. Je ne parle que de moi et même si les partages me font beau­coup de bien, ce n’est pas un débat.

    Peut-être est-ce ma faute d’avoir placé ce message dans un flux qui parle beau­coup poli­tique – le pire est que parfois je me laisse moi-même entraî­ner à argu­men­ter suite aux réponses, j’ai mes propres contra­dic­tions – mais quand vous me répon­dez impôts trop élevés ou libé­ra­li­sa­tion des assu­rances, non seule­ment vous êtes hors sujet, mais en plus vous me portez un coup au cœur. En niant ou refu­sant mon vécu, ces gens qui ont combattu la mala­die, l’aide qu’ils ont ou non reçu, vous êtes pour moi d’une indé­cence folle.

    Si vous voulez parler du modèle de la sécu­rité sociale, des impôts, du niveau de soin, de la compa­rai­son avec d’autres pays, de tel ou tel parti poli­tique : Bien­ve­nue mais pas ici, merci.

  • À ceux qui disent que dans les votes D. Trump n’a pas gagné

    Je fatigue des réac­tions scan­da­li­sées sur le fait que la perdante de la prési­den­tielle US ait eu en pratique plus de voix que le gagnant.

    Quand en France un parti qui fait dura­ble­ment 20% des voix n’a que 3 dépu­tés sur 925, étran­ge­ment ça attire moins les foules.

    La compa­rai­son n’est pas dénuée de sens, parce que l’élec­tion améri­caine se rapproche quelque part des nos élec­tions légis­la­tives, séna­to­riales et euro­péennes.

    C’est à dessein que ces élec­tions ne sont pas pure­ment repré­sen­ta­tives des popu­la­tion. On ne cherche pas à repré­sen­ter unique­ment les popu­la­tions, mais aussi les terri­toires. Le para­doxe de Simp­son n’est pas une anoma­lie excep­tion­nelle et scan­da­leuse, il fait partie des objec­tifs assu­més.

    Et à y penser, les USA sont une fédé­ra­tion d’États, et leur président est élu par les repré­sen­tants des diffé­rents États (les grands élec­teurs). Leur futur président a bien obtenu la majo­rité des États (modulo les pondé­ra­tions choi­sies par leur fédé­ra­tion). Présenté comme ça, d’un coup c’est moins éton­nant.

    Les équi­libres terri­toires – popu­la­tions ne sont pas faciles, les deux facettes sont légi­times. Déter­mi­ner un élu unique sur ces bases est forcé­ment complexe et illé­gi­time sur une des deux facettes. Au moins les USA une ont vraie histoire et un vrai fonc­tion­ne­ment en fédé­ra­tion d’États indé­pen­dants donc dire qu’il y a eu une influence due aux terri­toires n’est pas inac­cep­table.

    Nous avons ces mêmes biais mais sans la même excuse. Notre pays est bien plus uni, autant dans son histoire que dans son fonc­tion­ne­ment. Nous élisons de plus des centaines de personnes dans nos assem­blées, donc aurions toute possi­bi­lité d’avoir une vraie repré­sen­ta­tion des terri­toires comme des popu­la­tions… pour peu que nous le voulions.

    Avant de critiquer la paille repré­sen­tant un biais de 2 points de pour­cen­tage chez les autres, regar­dons la poutre chez nous qui est plus de l’ordre de 20 points. On gagnera en crédi­bi­lité et en démo­cra­tie.

  • [Lecture] La crèche a, une fois de plus, donné de l’ho­méo­pa­thie à notre enfant de 18mois, sans nous préve­nir