On a parlé héritage et je me rends compte que je n’avais toujours pas écrit ce billet. Pas d’argumentation chiffrée, essentiellement de l’opinion pour l’instant :
Je n’ai jamais compris la légitimité de l’héritage. Au delà de la source d’inégalité, je ne vois pas en quoi on mérite quoi que ce soit sous prétexte de filiation. Alors certes, je comprends que les parents veuillent donner mais la fiscalité des dons me semble alors parfaitement adaptée. La volonté passée d’un mort ne me semble pas d’un poids suffisamment fort pour mériter des avantages fiscaux dans l’organisation sociale entre les vivants.
Ce que j’imagine :
Exonération totale de droits pour :
– Le conjoint (sous condition de vie commune depuis un certain temps et de déjà gérer leur patrimoine de façon commune) ;
– Les personnes à charge qui vivent sous le même toit ou en institution (enfants jusque 20 à 25 ans, invalides, ascendants dépendants, …).
Franchise totale jusqu’à 100 000 € pour les autres cas de transmissions à des proches ayant encore un lien actif (si tu n’as plus de liens de solidarité depuis des années, tu oublies).
Fiscalisation élevée de l’ordre de 60% pour tout le reste, sans exception, sans abattement, y compris pour l’immobilier. Le 60% n’est pas arbitraire, c’est la fiscalité pour les dons quand il n’y a aucun statut privilégié.
Aucune transmission vers des tiers sans lien affectif ou de solidarité récent avec le défunt, sauf à ce qu’ils soient désignés nommément dans un testament. Contrairement à aujourd’hui, sauf si par le défunt le demande explicitement, le petit fils du cousin n’aurait droit à rien même s’il est le descendant le plus direct. Ce genre d’héritage n’a aucun sens et aucune légitimité.
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Par contre je trouverai légitime de trouver une solution éviter la mise aux enchères forcée des biens dont l’attachement familial est particulier.
Le donateur transmet une habitation familiale dans laquelle le légataire a passé une partie significative de sa vie et dont il projette de faire sa résidence principale ? On peut imaginer demander le paiement des droits de successions correspondants, modulo des intérêts légaux, uniquement quand cette situation change.
On peut imaginer un système similaire au cas par cas pour d’autres biens comme des objets d’art.
Pour les petites entreprises historiquement contrôlées par la famille et dont le légataire prévoit d’en reprendre le contrôle actif, on peut imaginer un mécanisme similaire, ou que l’État en devienne actionnaire silencieux avec un droit de sortie conjoint automatique en cas de revente.
Bref, il y a des solutions à la problématique de la fameuse maison familiale qui a pris une valeur démesurée.
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Je sais que ça ne changera pas les finances publiques de façon gigantissime, mais si on réaffecte ces sommes pour subventionner l’éducation des jeunes ou leur prise d’indépendance, ça sera probablement mieux utilisé et plus légitime.
Je sais, tout ça est irréalisable, mais au moins ça me permettra d’y faire référence sur une prochaine discussion.
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