Catégorie : Fiscalité

  • Loi Macron : un réduc­tion d’im­pôts de 900 millions d’eu­ros

    Diffi­cile de s’y retrou­ver dans la loi Macron, car il y a tout et n’im­porte quoi […] mais il y a un article de loi injus­te­ment méconnu : il s’agit de l’ar­ticle 34 sur l’al­lè­ge­ment de la fisca­lité des actions gratuites. […]

    « Actuel­le­ment impo­sable à l’im­pôt sur le revenu selon les règles de droit commun appli­cables aux trai­te­ments et salaires, la valeur de ces actions sera désor­mais impo­sée selon les prin­ci­pales moda­li­tés appli­cables aux plus-valeurs mobi­lières »

    […] cela signi­fie que les actions gratuites béné­fi­cie­ront d’un abat­te­ment de 50% avant impo­si­tion, ce qui réduit de moitié l’im­po­si­tion. […]

    « Les conseils d’ad­mi­nis­tra­tion des entre­prises du CAC 40 ont voté, en 2014, l’at­tri­bu­tion d’ac­tions gratuites pour un montant de 6,4 milliards. Et, dans l’im­mense majo­rité des cas, à leurs cadres diri­geants les mieux payés ».

    Le capi­ta­lisme qui se renforce lui-même, comme un objec­tif en soi. Si on te donne une part du capi­tal, c’est aux frais de l’État, qui rece­vra moins d’im­pôts.

    Bien entendu, vu qu’on parle d’im­pôts sur le revenu, ça ne peut allé­ger que la moitié la plus riche de la popu­la­tion (l’autre ne gagne pas assez pour en payer), et même proba­ble­ment le décile le plus haut quand on parle de rému­né­ra­tion en actions.

    Les star­tup servi­ront proba­ble­ment de justi­fi­ca­tion, mais pour ça il y a les BSPCE (bons de sous­crip­tion pour créa­teurs d’en­tre­prise). Non, ça va servir surtout aux diri­geants de grandes entre­prises. Tiens, un exemple avec un scan­dale récent, celui de la CDC Entre­prise.

    Source sur poli­tique.net.

  • Ayez envie de deve­nir milliar­daires

    Deve­nez milliar­daires ! Il y a 78 milliar­daires en France, le record d‘Eu­rope.

    Ce chiffre d’un un relief parti­cu­lier à tous les cris contre les impôts, les charges sociales et le système français qui ferait fuir tous les riches dont on a besoin pour la France. Il faut croire que…

    Le travail n’en­ri­chit personne, c’est l’ex­ploi­ta­tion du travail des autres qui enri­chit. Et pour s’en­ri­chir au point d’être milliar­daires il faut avoir pillé abusi­ve­ment des milliers de travailleurs pendant des géné­ra­tions !

    Il y a de quoi discu­ter en dessus, mais les faits sont têtus : La plupart des milliar­daires ont hérité d’une fortune consé­quente. Les quelques rares autres sont à la tête d’en­tre­prises dont une grosse partie de la richesse se base sur les salaires peu élevés des travailleurs à la base de la pyra­mide. En fait c’est souvent les deux à la fois.

    80 milliards de fraude fiscale « offi­cielle » recon­nue par Bercy […]

    Il suffit d’em­bau­cher 2000 inspec­teurs des impôts, des centaines d’in­for­ma­ti­ciens, de faire un pont d’or aux jour­na­listes d’off­shore-leaks, de prendre les mesures légales pour traquer la fraude, et d’avoir la volonté poli­tique d’af­fron­ter l’oli­gar­chie, les 1 %, les 58 socié­tés qui trichent…

    Nous avons choisi. Nous recru­tons des milliers de consul­tants Pôle Emploi pour contrô­ler que nos chômeurs culpa­bi­lisent bien de leur statut. Ques­tion de choix.

    Cita­tions tirées de Gérard Filoche

    (Je rappelle que je mets ici des commen­taires ou réac­tions à certaines de mes lectures, pour les parta­ger, pour enclen­cher des discus­sions, pour réflé­chir, pour fixer par écrit des pensées. Il n’y a aucun soutien, aucune caution ou ni aucune affi­lia­tion autres que ce que j’écris expli­ci­te­ment)

  • Ques­tion de redis­tri­bu­tion… et de modèle social

    Ques­tion de redis­tri­bu­tion… et de modèle social

    En pratique, si certaines miettes tombent en bas, les finances qu’on donne aux plus riches profitent d’abord aux plus riches. Formulé ainsi personne ne s’en étonne, mais la fable qui voudrait qu’en soute­nant les plus riches on relève toute la société a la vie dure. Elle ne s’ap­puie malheu­reu­se­ment sur rien de concret.

    Wealth doesn't trickle down. It trickles outwards - to tax havens.
    Wealth doesn’t trickle down. It trickles outwards – to tax havens.

    Le problème c’est qu’on semble inca­pable d’oser dire « stop » à la classe supé­rieure, qui demande de plus en plus.

    Aux États Unis, on se rend compte que des grands groupes payent plus en indem­ni­tés à leur PDG qu’à la commu­nauté via le fisc. Au niveau mondial ce sont 211 000 personnes qui détiennent 13% du capi­tal plané­taire, y compris les éner­gies fossiles, les loge­ments, les terres, les moyens de produc­tion… C’est 0,004% de la popu­la­tion et ce déséqui­libre va gran­dis­sant.

    Évolution du salaire moyen horaire hors inflation des salariés du secteur privé aux Etats-Unis. Baisse depuis 2011.
    Évolu­tion du salaire moyen horaire hors infla­tion des sala­riés du secteur privé aux Etats-Unis. Baisse depuis 2011.

    En France, les grands patrons ont obtenu des allè­ge­ments histo­riques de fisca­lité pour aider à leur compé­ti­ti­vité et compen­ser des bas salaires vrai­sem­bla­ble­ment trop chers. En paral­lèle pour­tant, la part des salaires dans le PIB ne fait que dimi­nuer depuis 40 ans, les salaires commencent à dimi­nuer aussi (à monnaie constante). Autant dire que non, ça ne permet pas d’amé­lio­rer l’em­ploi, ça permet surtout de conso­li­der des divi­dendes et la course à la capi­ta­li­sa­tion.

    Depuis 40 ans, la part du PIB reversée des salaires vers les dividendes représente 1,5x le PIB.
    Depuis 40 ans, la part du PIB rever­sée des salaires vers les divi­dendes repré­sente 1,5x le PIB.

    Les aides, baisses de fisca­lité et déré­gle­men­ta­tions ne font qu’a­li­men­ter le haut de la pyra­mide. Les divi­dendes explosent pendant que les PDG font la mine du chat de Shreck en mettant tout sur le dos de la crise. Ça ne s’ar­rête pas. Ils osent tout, jusqu’à vouloir dénon­cer l’obli­ga­tion de moti­ver les licen­cie­ments.

    Entre temps, rien ne s’ar­range. Les gens lais­sés sur le carreau sont de plus en plus nombreux : +44% de SDF en 10 ans. Le pire est peut être de se rendre compte que 25% d’entre eux ont pour­tant un emploi.

    Quant à la baisse des « charges » pour la compé­ti­ti­vité des entre­prises, c’est tout simple­ment une baisse des coti­sa­tions sociales, dont les caisses sont pour­tant déjà dans le rouge depuis des années. Il serait illu­soire de croire que cela ne va pas faire bais­ser le niveau de vie et se santé de ceux qui sont le plus dans le besoin.

    Les pauvres sont trop pauvres, mais ne les aidons pas avec nos impôts
    61% pour dire qu’il faut augmen­ter les minima sociaux, mais 58% pour refu­ser d’aug­men­ter les impôts à cette fin. Blocage idéo­lo­gique.

    Tout le monde est bien d’ac­cord sur le problème, mais dès qu’il s’agit de faire de la redis­tri­bu­tion autre­ment qu’en donnant plus de sous aux plus riches, il y a un blocage idéo­lo­gique. L’im­pôt c’est pour­tant la base d’un système que même les plus riches étran­gers nous envient (l’his­toire en lien me tire une larme à chaque lecture). Je crains que ça ne dure pas, parce que pour ça il faut le finan­cer et le consen­te­ment à l’im­pôt est au plus bas.

    Le travail de commu­ni­ca­tion des plus riches fonc­tionne, il obtient désor­mais le soutien même des plus pauvres : Au lieu de main­te­nir le niveau des recettes, on sabre dans les pres­ta­tions et dans la redis­tri­bu­tion. Pauvre monde, pauvre France. Nous décons­trui­sons en quelques années une dyna­mique qui a pris des dizaines d’an­nées à se former.

    La quan­tité de biens étant limi­tée, quand on allège les taxes, coti­sa­tions et impôts des plus riches, voire qu’on subven­tionne leurs acti­vi­tés, on ne fait que prendre aux plus pauvres pour cela. C’est tout bête mais bon à rappe­ler.

    Et si pour vous commen­ciez à voir d’un bon oeil tout ce qu’on vous demande de payer pour la collec­ti­vité ? La seule ques­tion est de savoir quel modèle social vous soute­nez, et si les trans­for­ma­tions en cours ont votre soutien.

    La lutte des classes existe, nous l’avons gagnée.
    — Warren Buffet

    Les « riches », eux, savent très bien où ils en sont. Je ne compte plus le nombre de fois où j’en entendu « tu devrais être pour, c’est posi­tif pour nous ». La phrase célèbre attri­buée à Warren Buffet n’a jamais été aussi vraie.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-SA Doctor Ho

  • Le coût du travail est désor­mais moins élevé en France qu’en Alle­magne

    Le coût du travail est désormais moins élevé en France qu'en AllemagneMoi je dis « enfin ! ».

    D’au­tant que c’est une vue tronquée parce que la France est aussi plus produc­tive que l’Al­le­magne par heure travaillée, d’en­vi­ron 2% d’après les chiffres OCDE. Au final la même produc­tion coûte­rait alors entre 6 et 7% de moins en France qu’en Alle­magne. C’est énorme !

    Je dis « enfin ! » parce qu’on va pouvoir montrer que ce n’est pas le problème, que ça ne va rien résoudre. Si ça résol­vait quelque chose, la Grèce ou l’Es­pagne seraient en plein boom.

    Main­te­nant, si ça ne résout rien, ça me fait mal quand même, comme à chaque fois qu’on se tire une balle dans le pied :

    On vient juste d’an­non­cer qu’on joue le dumping sur le coût du travail, la concur­rence à ce niveau avec notre voisin euro­péen prin­ci­pal. Avec ce genre de commu­ni­ca­tion on va bien ramer pour expliquer aux entre­prises qu’elles feraient mieux de rester chez nous plutôt qu’al­ler au Bangla­desh, en Rouma­nie ou même plus proche mais moins cher qu’en France.

    Si le but pour­suivi est de jouer le moins disant social pour dimi­nuer le coût, non seule­ment on ne pourra pas gagner mais ça va être un désastre humain.

    À force de consi­dé­rer que 99% de la popu­la­tion ne sont qu’un coût pour les 1% qui détiennent le capi­tal, on va vrai­ment faire explo­ser le modèle social…

  • Suis-je dans la classe moyenne ?

    La classe moyenne a ça de bien que tout le monde croit y être. Il faut bien que certains se trompent.

    Alors petit calculs, à faire en cumu­lant sur toute la famille, adultes et enfants :

    • Prenez tous vos salaires nets de l’an­née, primes, heures supplé­men­taires et inté­res­se­ments compris, pas d’ex­cep­tion
    • Ajou­tez tous vos autres reve­nus et rentes : inté­rêts d’épargne, assu­rance chômage, retraite, indem­ni­tés d’élu, reve­nus loca­tifs, …
    • Ajou­tez encore toutes les pres­ta­tions sociales : Allo­ca­tions fami­liales, allo­ca­tions loge­ment, aides à la garde d’en­fants, …
    • Reti­rez ensuite les impôts directs : impôt sur le revenu, taxe d’ha­bi­ta­tion, CSG et CRDS si elles n’ont pas déjà été comp­tées autre­ment

    Voilà, vous avez le revenu dispo­nible de votre ménage.

    Ce revenu dispo­nible est à divi­ser par les unités de consom­ma­tion. Il faut comp­ter 1 pour le premier adulte, puis ajou­ter 0.5 par adulte ou enfant de plus de 14 ans, 0.3 par enfant de moins de 14 ans (atten­tion, contrai­re­ment aux impôts, le conjoint compte pour 0.5 et pas pour 1). Une famille de deux adultes avec un enfant de 16 ans et un de 12 ans aura donc 2,3 unités de consom­ma­tions.

    En sortie de divi­sion vous avez votre niveau de vie au sens de l’INSEE.

    La classe moyenne se situe grosso modo entre 15 500 et 28 500 € par an.

    Pour ceux qui veulent du détail, seuls les chiffres de 2011 sont dispo­nibles (j’ai donc fait une approxi­ma­tion au doigt mouillé à partir de là pour cadrer à plus récent). Le chiffre tout à droite est la borne supé­rieure du décile de décile, on consi­dère que sont dans la classe moyenne les déciles 4 à 7 (donc supé­rieur au chiffre de la ligne du D3 et infé­rieur au chiffre de la ligne du D7).

  • Extra-terreste à gauche

    J’ai l’im­pres­sion que je suis un extra-terrestre quand je discute dans le milieu des star­tups et des entre­pre­neurs.

    Il est trop facile de dire que les « charges » plombent les comptes, qu’on préfère inves­tir cette somme, ou la rever­ser en salaire. C’est oublier que ces charges sont en fait des coti­sa­tions, qui payent des pres­ta­tions et des assu­rances sociales, et que les impôts font la même chose avec l’in­fra­struc­ture (dont l’édu­ca­tion, qui est juste essen­tielle à l’équi­libre écono­mique local).

    On peut les dimi­nuer, voire les suppri­mer, mais il faudra bien payer les pres­ta­tions. Le salaire net augmen­tera, mais c’est dessus qu’il faudra payer la santé, l’as­su­rance chômage, l’école et le reste. Possible que le sala­rié y gagne, mais ça sera au détri­ment de la soli­da­rité envers les plus pauvres. On passe­rait juste d’un système de répar­ti­tion à un système indi­vi­duel.

    Les pays ayant les meilleurs chiffres écono­miques d’Eu­rope, les pays nordiques, n’ont pas un taux d’im­po­si­tion global infé­rieur au notre. Même les US, quand on compare à pres­ta­tions équi­va­lentes (par exemple en réin­té­grant les frais de santé payés par le sala­rié aux US), ne sont pas si diffé­rents (et contrai­re­ment à la croyance, toutes les études montrent qu’en indi­vi­dua­li­sant la santé, les gens prennent des garan­ties moins élevées ou tardent à se soigner, ce qui coûte au final plus cher non seule­ment à eux-même indi­vi­duel­le­ment, mais aussi à la collec­ti­vité de façon indi­recte).

    Mon problème n’est du coup pas sur les coti­sa­tions, charges impôts et taxes. Ils servent à notre collec­ti­vité, à la soli­da­rité entre citoyens, et à nous aussi (on oublie vite tout ce dont on béné­fi­cie, de l’école aux infra­struc­tures en passant par l’hô­pi­tal).

    J’ai fait mon choix depuis long­temps : Celui de penser à l’in­té­rêt géné­ral avant l’in­té­rêt parti­cu­lier ; le choix d’une société soli­daire sur les risques et sur une vie de qualité mini­male pour tous (santé, éduca­tion, justice, loge­ment, etc.), vrai­ment tous. Ces taxes, impôts, coti­sa­tions, ce sont des bonnes choses, dont je profite tous les jours.

    Non, par contre il faut arrê­ter le maquis fiscal, avec une myriade de collectes diffé­rentes, chan­geantes, bour­rées d’exo­né­ra­tions et excep­tions, fran­chises et plafonds, assiettes diffé­rentes. Le rever­se­ment est un peu plus simple, mais pas tant que ça.

    Par la même occa­sion on pourra éviter les délires où les inter­mé­diaires payent avec des taux de prélè­ve­ments plus forts que les plus riches, ce qui est vrai autant pour les citoyens que pour les entre­prises. Ne parlons même pas des montages qui échappent tota­le­ment à la fisca­lité.

    Ensuite on pourra parler gaspillages, recen­trer sur les vrais objec­tifs publics, et arrê­ter le saupou­drage de subven­tions à tout et n’im­porte quoi sans réel impact (bien prendre compte : en géné­ral ces aides sont faites à des acteurs écono­miques, pas à des citoyens).

    Tout ça permet­tra de la visi­bi­lité, de la compré­hen­sion, et donc l’ac­cep­ta­tion du système social français, qui en lui-même n’est pas mauvais. On l’a juste tota­le­ment brouillé à force de poli­tiques court terme et de mesures d’af­fi­chage.

  • Why CEOs are wildly over­paid, in one chart

    Une étude récente mise en avant par Busi­ness Insi­der indique que pour la plupart des gens le ratio entre les bas salaires et les hauts salaires serait idéa­le­ment entre 4 et 5, 6 tout au plus – et ce qu’ils se quali­fient de droite comme de gauche, qu’ils soient dans une couche socio-écono­mique élevée ou non, qu’ils soient jeunes ou vieux, et pour tous niveaux d’édu­ca­tion : c’est même étran­ge­ment stable.

    Rien de nouveau, il y a un siècle et demi, la Commune de Paris prenait des mesures pour réduire ce ratio à 5.

    Calculé à partir des grands chefs d’en­tre­prise, ce ratio serait en réalité au delà de 110 en France, 155 en Alle­magne, 130 en Espagne, 150 en Suisse, et même proche de 350 pour les États Unis. Bien que toujours sans rapport avec le ratio idéal, il est de moins de 90 au Royaume Uni,  et moins de 40 en Autriche comme en Pologne.

    Bien qu’a­vec un ratio tota­le­ment décon­necté de l’idéal des gens, la France a échoué a impo­ser un taux margi­nal d’im­pôt sur le revenu à 75%. La Suisse n’a pas plus réussi à défi­nir une limite maxi­mal aux hauts salaires en novembre dernier. Étran­ge­ment, c’est en Autriche et aux Pays Bas qu’ils ont tout de même réussi à ajou­ter une impo­si­tion plus forte sur les para­chutes dorés et avan­tages au delà de 500 000 €.

    Le gros problème pour agir n’est pas au niveau de la volonté, mais de la percep­tion des gens :

    D’après l’étude, les gens estiment à tort le ratio réel actuel entre 7 et 12. Que se passe­rait-il s’ils avaient conscience de la réalité où il faut ajou­ter un zéro de plus ?

    Ventu­re­beat a une superbe illus­tra­tion – en gris le réel, en rouge l’es­timé, en bleu l’idéal selon les mêmes personnes :

     

    Ce qui est inté­res­sant c’est qu’il y a une oppor­tu­nité. Si on propose de limi­ter les reve­nus à un ratio 1:20, c’est bien au-delà de ce que les gens estiment comme réel, donc ils ne perce­vront pas ça comme une limi­ta­tion catas­tro­phique, alors que ça va provoquer un chan­ge­ment radi­cal dans la réalité.

    La limi­ta­tion n’a pas à être radi­cale, il suffi­rait d’avoir un taux de taxa­tion progres­sif très signi­fi­ca­tif à partir de là.

  • Bulle immo­bi­lière

    Bulle immo­bi­lière

    Le coût monte à une vitesse folle d’un coup. Ce ne peut pas être qu’une consé­quence de la rareté ou de la diffi­culté de produc­tion, pas avec une telle pente.

    Imagi­ner que des aides à la construc­tion, à la loca­tion ou à l’achat règle­ront quoi que ce soit est un rêve dange­reux. Pour que ça arrive il faudrait augmen­ter d’un coup de manière extrê­me­ment forte le nombre de loge­ment dispo­nible. Comme le coût n’est pas le seul critère, même en défis­ca­li­sant complè­te­ment, ça n’ar­ri­vera pas.

    Entre temps on ne fait que finan­cer la bulle sur des fonds publics, à la plus grande joie des inves­tis­seurs exis­tants.

    Pire : En défis­ca­li­sant la construc­tion, en four­nis­sant des aides diverses et variées, on finance l’in­ves­tis­se­ment des plus riches, sur des fonds publics, sous prétexte que ces riches permet­tront ensuite aux pauvres de louer ce capi­tal créé. Ça peut avoir un symp­tôme posi­tif à très court terme, mais les dégâts seront impor­tants.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par Shawn Harquail

  • Sous la dette publique, l’ar­naque néoli­bé­rale

    C’est un article Media­part, donc payant, mais la source est d’ac­cès public.

    On véri­fie aisé­ment que les dépenses (même y compris les inté­rêts) ne présentent pas de tendance à la hausse. Certes, on observe deux pics en 1993 et 2010, qui corres­pondent aux réces­sions. Mais sur moyen terme, les dépenses de l’État ont au contraire baissé, passant d’en­vi­ron 24 % du PIB jusqu’en 1990 à 21 % en 2008. Tout le problème vient du fait que les recettes ont, elles aussi, baissé, parti­cu­liè­re­ment au cours de deux périodes : entre 1987 et 1994, puis à partir de 2000.

    En *pan* pour la croyance popu­laire qui voudrait que l’État prélève et dépense de plus en plus. Non seule­ment la part des dépenses dans le PIB a tendance à bais­ser, mais en plus ses recettes (donc les impôts et taxes) baissent encore plus. Elles baissent assez vite pour que ce soit juste­ment le facteur de créa­tion de dette.

    G3

    « Au total, de 2000 à la mi-2012, les mesures de baisse d’im­pôts ont repré­senté 4,3 %  du PIB. Elles ont souvent favo­risé les plus riches (baisse de l’im­pôt sur le revenu, de l’ISF, des droits de succes­sion), les grandes entre­prises (niche Copé, Crédit impôt recherche) et certains lobbys (baisse de la TVA dans la restau­ra­tion). Signa­lons en parti­cu­lier que le taux margi­nal supé­rieur de l’im­pôt sur le revenu qui était de 65 % entre 1982 et 1985, avait baissé à 54 % en 1999. Il a été abaissé à 49,6 % en 2002, 48 % en 2003 et 40 % en 2006.

    Comme les baisses d’im­pôts béné­fi­cient forcé­ment aux plus riches (pour rappel, la moitié de la popu­la­tion ne paye pas d’im­pôt sur le revenu, et la TVA a elle tendance à augmen­ter derniè­re­ment), nous créons de la dette au profit des plus riches.

    la France, malgré la crise, aurait presque encore été à l’époque en confor­mité avec les sacro-saints critères de Maas­tricht si ces baisses d’im­pôts n’étaient pas inter­ve­nues, et notam­ment le critère euro­péen qui fait obli­ga­tion à ce que la dette d’un État ne dépasse pas 60 % de sa richesse natio­nale. Concrè­te­ment, sans ces baisses d’im­pôts, la France aurait certes crevé ce plafond, mais dans des propor­tions raison­nables. Juste un chouïa…

    Bien entendu on ne peut pas se conten­ter de réflé­chir ainsi, les baissent d’im­pôts ayant proba­ble­ment eu des effets macro-écono­miques posi­tifs par ailleurs qui ont pu (ou pas) compen­ser en partie, mais ça fait réflé­chir.

    Ils y ajoutent un effet boule de neige, à cause du mode de finan­ce­ment de la dette et ses inté­rêts anor­ma­le­ment élevés. Ces derniers relèvent d’un choix poli­tique pur et simple : Les banques empruntent à la BCE à coût quasi nul, puis prêtent à l’État à des coûts non négli­geables. Les inté­rêts supplé­men­taires vont gros­sir la dette qui à leur tour vont faire gros­sir les inté­rêt et ainsi de suite : faire un joli effet boule de neige unique­ment dû à un choix poli­tique de finan­ce­ment.

    Sans ce cumul d’ef­fet, voilà ce que nous aurions :

    grafsynthese

    Comme le disent les auteurs du rapport, la dette publique a donc été le prétexte au cours de ces dernières années d’un formi­dable mouve­ment de « redis­tri­bu­tion à l’en­vers », ou si l’on préfère d’un immense mouve­ment de trans­ferts de reve­nus puisque si les hauts reve­nus sont double­ment gagnants, les bas reve­nus, eux, sont perdants, étant conviés en bout de course à suppor­ter le poids du plan d’aus­té­rité pris pour conte­nir l’ex­plo­sion de la dette. En résumé, ce que les hauts reve­nus gagnent au travers des baisses d’im­pôt ou de la poli­tique de l’argent cher, ce sont les reve­nus modestes qui le financent au travers de la poli­tique d’aus­té­rité.

    Double effet kiss-cool, comme ce sont aussi les plus riches qui ont de l’épargne dans les banques, voire des parts dans les banques qui récu­pèrent les inté­rêts de la dette, ils en profitent double­ment.

    Illé­gi­time la dette ? C’est une autre ques­tion. Mais elle relève clai­re­ment de choix poli­tiques que nous avons pris, et qui sont loin d’être neutres dans la répar­ti­tion.

  • De la progres­si­vité du revenu de base

    Je ne reco­pie pas le billet, je ne suis pas d’ac­cord avec tout et j’ai répondu direc­te­ment là bas, mais je vous incite à lire : De la progres­si­vité du revenu de base.

    Injec­ter par exemple 1500€ par habi­tant et par mois serait une pure folie écono­mique, ne serait ce que par l’ef­fet tran­si­toire brutal qu’une telle mesure impo­se­rait en France et dans les pays voisins.

    […]

    Enfin, la défi­ni­tion du Revenu de Base impose une incon­di­tion­na­lité, mais certaines propo­si­tions, dont celles qui demandent un revenu élevé, trahissent pure­ment et simple­ment cette incon­di­tion­na­lité en concé­dant que des allo­ca­tions chômage, des aides sociales ou des pres­ta­tions fami­liales pour­raient être dimi­nuées, voire annu­lées en contre­par­tie de ce revenu de base ! Nous nous oppo­sons forte­ment à ce qu’un RdB enlève un seul centime d’euro du montant des aides actuelles. Pire, suppri­mer par exemple un RSA pour le rempla­cer par un RdB, qui serait aussi distri­bué aux riches sans baisse de salaire, condui­rait méca­nique­ment à augmen­ter les inéga­li­tés.