En pratique, si certaines miettes tombent en bas, les finances qu’on donne aux plus riches profitent d’abord aux plus riches. Formulé ainsi personne ne s’en étonne, mais la fable qui voudrait qu’en soutenant les plus riches on relève toute la société a la vie dure. Elle ne s’appuie malheureusement sur rien de concret.
Le problème c’est qu’on semble incapable d’oser dire « stop » à la classe supérieure, qui demande de plus en plus.
Aux États Unis, on se rend compte que des grands groupes payent plus en indemnités à leur PDG qu’à la communauté via le fisc. Au niveau mondial ce sont 211 000 personnes qui détiennent 13% du capital planétaire, y compris les énergies fossiles, les logements, les terres, les moyens de production… C’est 0,004% de la population et ce déséquilibre va grandissant.
En France, les grands patrons ont obtenu des allègements historiques de fiscalité pour aider à leur compétitivité et compenser des bas salaires vraisemblablement trop chers. En parallèle pourtant, la part des salaires dans le PIB ne fait que diminuer depuis 40 ans, les salaires commencent à diminuer aussi (à monnaie constante). Autant dire que non, ça ne permet pas d’améliorer l’emploi, ça permet surtout de consolider des dividendes et la course à la capitalisation.
Les aides, baisses de fiscalité et déréglementations ne font qu’alimenter le haut de la pyramide. Les dividendes explosent pendant que les PDG font la mine du chat de Shreck en mettant tout sur le dos de la crise. Ça ne s’arrête pas. Ils osent tout, jusqu’à vouloir dénoncer l’obligation de motiver les licenciements.
Entre temps, rien ne s’arrange. Les gens laissés sur le carreau sont de plus en plus nombreux : +44% de SDF en 10 ans. Le pire est peut être de se rendre compte que 25% d’entre eux ont pourtant un emploi.
Quant à la baisse des « charges » pour la compétitivité des entreprises, c’est tout simplement une baisse des cotisations sociales, dont les caisses sont pourtant déjà dans le rouge depuis des années. Il serait illusoire de croire que cela ne va pas faire baisser le niveau de vie et se santé de ceux qui sont le plus dans le besoin.
Tout le monde est bien d’accord sur le problème, mais dès qu’il s’agit de faire de la redistribution autrement qu’en donnant plus de sous aux plus riches, il y a un blocage idéologique. L’impôt c’est pourtant la base d’un système que même les plus riches étrangers nous envient (l’histoire en lien me tire une larme à chaque lecture). Je crains que ça ne dure pas, parce que pour ça il faut le financer et le consentement à l’impôt est au plus bas.
Le travail de communication des plus riches fonctionne, il obtient désormais le soutien même des plus pauvres : Au lieu de maintenir le niveau des recettes, on sabre dans les prestations et dans la redistribution. Pauvre monde, pauvre France. Nous déconstruisons en quelques années une dynamique qui a pris des dizaines d’années à se former.
La quantité de biens étant limitée, quand on allège les taxes, cotisations et impôts des plus riches, voire qu’on subventionne leurs activités, on ne fait que prendre aux plus pauvres pour cela. C’est tout bête mais bon à rappeler.
Et si pour vous commenciez à voir d’un bon oeil tout ce qu’on vous demande de payer pour la collectivité ? La seule question est de savoir quel modèle social vous soutenez, et si les transformations en cours ont votre soutien.
La lutte des classes existe, nous l’avons gagnée.
— Warren Buffet
Les « riches », eux, savent très bien où ils en sont. Je ne compte plus le nombre de fois où j’en entendu « tu devrais être pour, c’est positif pour nous ». La phrase célèbre attribuée à Warren Buffet n’a jamais été aussi vraie.
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