Catégorie : Livre numérique

  • Choi­sir sa liseuse pour livre numé­rique – rentrée 2014

    Choi­sir sa liseuse pour livre numé­rique – rentrée 2014

    –> Mis à jour pour Noël 2014 <–

    Ache­ter une liseuse c’est bien, mais je vous conseille de bien quali­fier vos critères avant. Un mauvais choix et elle restera au placard.

    Litté­ra­ture, partout avec vous

    Vous lisez des romans, des nouvelles, des séries, essen­tiel­le­ment du texte. Le numé­rique vous permet­tra de lire dans les trans­ports, dans la salle d’at­tente de votre méde­cin, sur un banc public, ou chez vous sur votre canapé et dans votre lit.

    Il vous faut quelque chose qui tient dans la poche, avec un écran qui résiste à la lumière et une auto­no­mie longue sans rechar­ger. L’encre élec­tro­nique est indis­pen­sable, oublier les tablettes LCD.

    Ma nouvelle chou­chou est la Pocket­book Ultra (elle est indiquée dispo­nible fin août mais les expé­di­tions ont déjà commencé). Elle arrive à être plus petite que la moyenne tout en gardant des boutons physiques. Elle est aussi une des dernières à garder de quoi jouer de la musique pendant la lecture ou lire les livres via synthèse vocale (text to speech).

    Elle béné­fi­cie aussi du nouvel écran Carta à très bon contraste qu’ont eu les Kindle Paperw­hite en exclu­si­vité pendant un temps. Bref, si vous êtes prêts à payer du haut de gamme, c’est celle qu’il vous faut.

    En prix plus raison­nable la Touch Lux 2 est à moins de 120 €. Comme sa grande sœur, elle sait ouvrir les fichiers stan­dards EPUB, se synchro­ni­ser avec Drop­box et a un sur-éclai­rage option­nel pour lire dans le lit sans réveiller son conjoint.

    Côté concur­rence, par exemple si vous souhai­tez ache­ter de l’an­glais depuis l’ap­pa­reil lui-même, vous trou­vez la Kobo Aura ou la Kindle Paperw­hite. Je décon­seille très forte­ment cette seconde, qui vous verrouillera à vie chez Amazon et qui ne saura pas lire les fichiers stan­dards qui circulent partout ailleurs. Toutes quatre sont des bons maté­riels, de qualité très simi­laire (l’écran, pièce prin­ci­pale, vient des mêmes usines).

    Dans tous les cas je vous conseille de privi­lé­gier les modèles à éclai­rage (pour moins de 30€ de diffé­rence, vous regret­te­riez de ne pas avoir cédé) et d’évi­ter les modèles non HD (pour faire simple : mis à part les Cybook Odys­sey, celles qui ont l’éclai­rage ont la haute défi­ni­tion). Je fais parti de ceux qui consi­dèrent qu’un plas­tique noir, gris ou de couleur sombre faci­li­tera plus la lecture qu’un boitier blanc. Ça n’a l’air de rien mais autant le prendre en compte si vous hési­tez.

    Seul ovni : La Pocket­book Aqua. Basse réso­lu­tion, sans éclai­rage, mais étanche et à l’eau et au sable si vous lisez dans le bain ou sur la plage.

    Litté­ra­ture, unique­ment chez vous

    Si vous ne lisez que chez vous, sur le canapé ou dans le lit, et que vous n’avez pas vrai­ment besoin de vous dépla­cer avec votre liseuse, vous pouvez rester sur les modèles précé­dents (qui sont très bien) ou envi­sa­ger des modèles plus grand format qui sorti­ront bien­tôt sur le marché (mais qui sont moitié plus chers). Ces derniers modèles vous ouvrent aussi la voie aux livres tech­niques peu graphiques :

    0190000007374577-photo-pocketbook-inkpad (1)Celle que je vous conseille est la Pocket­book Inkpad. Elle a une très haute réso­lu­tion (250 point par pouce, c’est à dire mieux que les liseuses « haute défi­ni­tion » stan­dard) et une surface d’af­fi­chage équi­va­lente à un livre grand format (8″), en plus de toutes les quali­tés des Pocket­book Touch Lux 2 citées plus haut.

    Aussi recom­man­dée, mais une taille plus réduite (6.8″, contre 8″ pour l’Ink­pad et 6″ pour les clas­siques), la Kobo Aura H2O : écran à fort contraste et très haute défi­ni­tion, plus une résis­tance à l’eau (notez le sigle « H2O », sans ce dernier il s’agit de modèles de taille ou de géné­ra­tion/qualité diffé­rente). La liseuse n’a pas non plus de multi­touch (possi­bi­lité de pincer pour zoomer, comme sur tablette et smart­phone) alors que toutes les autres ont cette possi­bi­lité.

    Côté concur­rence il y a les Kobo Aura HD (écran moins bon que les Aura H2O) et les Cybook Ocean. Cette dernière est 8″ mais avec un écran basse réso­lu­tion d’un concur­rent de e-ink. J’ai tendance à la décon­seiller (mais on n’est pas à l’abris d’une bonne surprise).

    Dans les quatre cas, le prix est plus élevé qu’une liseuse 6″, et si l’Ink­pad et l’Ocean sont prévues cette année, seules les Aura HD et H20 est dans le commerce aujourd’­hui. À vous cepen­dant de voir si le passage de 6″ à 6,8″ est suffi­sant, les deux autres sont en 8″, bien plus grand.

    Bandes dessi­nées, jeunesse, et hors litté­ra­ture (cuisine, photo)

    Pour les illus­trés il vous faudra quit­ter les liseuses à encre élec­tro­nique. Il y a bien eu de l’encre élec­tro­nique couleur chez Pocket­book mais vous n’au­rez pas l’éclat attendu pour appré­cier la lecture.

    Vous pouvez cher­cher dans les tablettes LCD clas­siques, pas forcé­ment spéci­fiques au livre. Privi­lé­giez un écran de très bonne qualité et haute réso­lu­tion. N10_Overview_bottom-1200 (1)

    Pour de la BD belge clas­sique, préfé­rez une tablette 10″ qui aura la surface utile pour ne pas avoir à zommer sur chaque case.  La Nexus 10 a de loin le meilleur rapport qualité/prix. Oui, ça fait presque 400€ mais ça les vaut.

    Pour du comics les tablettes 7″ feront proba­ble­ment l’af­faire. Là aussi, la Nexus 7 a de très loin le meilleur rapport qualité/prix avec 200€. De vrai­ment très loin : vous trou­ve­rez un peu moins cher, mais énor­mé­ment moins bien.

    Côté concur­rence il y a les respec­ti­ve­ment les iPad et iPad mini, mais ça vaut encore plus cher. Fuyez donc les tablettes premier prix (disons celles qui valent moins de 60/50% des prix que je vous donne) et faites atten­tion aux autres (le prix ou une marque connue ne sont pas toujours révé­la­teurs d’un contenu de qualité).

    Si vous tenez à des petit prix, la Surf­pad 2 de Pocket­book et la Cybook Tablet de Bookeen sont plutôt des bonnes affaires pour de la lecture (ils ont retiré le GPS et la caméra arrière pour avoir un écran de meilleure qualité).


    Si vous le souhai­tez, vous pouvez aussi vous aider du compa­ra­tif auto­ma­tisé : Il vous construit une recom­man­da­tion à partir de vos propres critères

    Rappel : J’ai un emploi partie prenante dans le domaine de la distri­bu­tion de livre numé­rique. Je ne prétends donc pas être objec­tif, mais je ne fais que des conseils que je soutiens person­nel­le­ment, pas de la publi­cité. À vrai dire c’est juste­ment parce que je crois en une solu­tion que je travaille avec, pas l’in­verse. Ces recom­man­da­tions sont données à titre pure­ment person­nel, juste­ment parce que j’ai eu la chance de tester les diffé­rents modèles moi-même.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Saad Sarfraz Sheikh

  • Illi­mité dans le livre ?

    Illi­mité dans le livre ?

    Pour l’ins­tant je suis dans une posi­tion d’ob­ser­va­teur. Je ne sais pas ce que ça va donner, comment. Je retiens bien d’émettre un quel­conque juge­ment tran­ché.

    En fait, s’il y a une chose de certaine, c’est juste­ment que je ne sais pas. On avance en plein brouillard, Amazon comme les autres. C’est juste cohé­rent dans la stra­té­gie d’Ama­zon via la masse d’auto-édition et de maîtrise de toute la chaîne de diffu­sion.

    Si je suis obser­va­teur c’est que j’ai quand même quelques effets posi­tifs à véri­fier :

    Le premier c’est l’ef­fet de décou­verte. L’illi­mité c’est faire sauter les freins à la lecture d’un livre hors cadre. On peut essayer, sans crainte, et au pire ça ne plait pas et on passe à un autre. Et pourquoi pas même loucher sur de la poésie qu’on n’au­rait jamais acheté sur une heure de temps libre ? Ça peut dimi­nuer l’ef­fet best-seller qu’on achète pour s’as­su­rer une lecture stan­dard mais qui déce­vra rare­ment complè­te­ment. Ça peut.

    Le second est sur le finan­cier. Les services semblent viser le 10 € par mois. C’est beau­coup, plus que la plupart des lecteurs n’in­ves­tissent, y compris des grands lecteurs. Certes il y a des lecteurs qui se conten­te­ront des 10 € par mois et qui actuel­le­ment mettent un peu plus. Ils ne sont pas légion. Mais ça peut aussi inci­ter des gens à suivre ces 10 € dans la durée, à les enga­ger. C’est l’ef­fet habi­tuel des abon­ne­ments, géné­ra­le­ment très rentables pour les vendeurs. Et ça peut aussi tenter des gens qui mettent actuel­le­ment moins que ça en une année, à sauter le pas parce qu’ils en auront pour leur argent. Bref, ça peut tout à fait rému­né­rer la chaîne édito­riale plus qu’elle ne l’est actuel­le­ment. Ça peut.

    Même si les gens ne payent pas plus par an, ils pour­ront lire plus, sans que ça ne soit au détri­ment des auteurs (vu que la rému­né­ra­tion est la même). Sauf que lire plus ça se fait forcé­ment à l’avan­tage des plus petits auteurs, des indé­pen­dants. Une fois qu’on a lu le best-seller, ce sont les autres qu’on va lire. Si la rému­né­ra­tion globale est la même, on va l’étendre sur plus de monde, rému­né­rer un peu plus les petits auteurs et un peu moins les best-seller. Je vois cette possi­bi­lité comme posi­tive.

    Ça peut aussi relan­cer la lecture parmi les autres loisirs. On fait sauter des barrières que sont le dépla­ce­ment en boutique (physique ou en ligne), la barrière de l’achat (Amazon l’a déjà partiel­le­ment faite sauter en enre­gis­trant la CB dans le compte client), et le « c’est cher quand même ». Ça peut.

    Inver­se­ment il y a deux argu­ments que je n’achète pas, ce sont ceux de la compa­rai­son avec la musique et de la rému­né­ra­tion par lecture. La musique a un usage tout à fait diffé­rent du livre. Le modèle commer­cial ne peut pas s’y trans­po­ser direc­te­ment. Quant à la rému­né­ra­tion par lecture, elle est un non-objec­tif. L’im­por­tant est combien les auteurs et éditeurs récu­pèrent, en valeur abso­lue. Imagi­nons que les gens se mettent à lire plus en dépen­sant autant, la rému­né­ra­tion par lecture dimi­nue mais la rému­né­ra­tion abso­lue reste la même. Personne n’y perd. Si.

    Bref, ça peut, si. Je n’en sais juste rien. Mais il reste des oppor­tu­ni­tés.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Paul Liber­wirth

  • Strea­ming or not strea­ming ?

    Strea­ming or not strea­ming ?

    Pour avan­cer et créer quelque chose de nouveau, il faut déjà arrê­ter de tout cloi­son­ner dans des tiroirs étanches.

    Promou­voir ou combattre le strea­ming ? c’est courte vue.

    • J’ouvre mon navi­ga­teur, je clique sur lire, j’ai la première page qui se télé­charge et s’af­fiche. Je clique sur page suivante, j’ai la seconde page : Strea­ming.
    • J’ouvre mon navi­ga­teur, je clique sur lire, il télé­charge tout ou partie du livre dans un cache de façon trans­pa­rente. Je n’ai pas accès au fichier mais je peux désor­mais lire sans connexion Inter­net : Strea­ming ou pas strea­ming ?
    • Même procédé, mais le tout est encap­sulé dans une appli­ca­tion smart­phone plutôt qu’un navi­ga­teur. L’app se connecte, me présente les livres, télé­charge silen­cieu­se­ment ceux que je lis. Je n’ai toujours pas accès aux fichiers mais j’ai une appli­ca­tion de lecture qui synchro­nise en ligne : Strea­ming ou pas strea­ming ?
    • Même procédé, mais cette fois ci j’ai en plus accès à un site web en paral­lèle, sur lequel je peux télé­char­ger les fichiers : Strea­ming ou pas strea­ming ?

    La distinc­tion entre l’ac­cès fichier et l’ac­cès strea­ming n’est pas aussi tran­chée que cela. Il y a une zone grise plus grande qu’on ne le pense. Parce qu’une appli­ca­tion qui synchro­nise mais qui ne donne pas accès aux fichiers sources, c’est fina­le­ment assez proche d’un strea­ming, juste avec un peu moins de contraintes.

    Et si on parlait plutôt des usages ? L’im­por­tant c’est de savoir si j’ai besoin d’une connexion Inter­net à chaque lecture, si je peux lire sur l’ap­pa­reil de mon choix – y compris ma liseuse e-ink -, et si j’ai le contrôle du fichier, s’il est pérenne ou si quelqu’un peut m’en reti­rer l’usage, etc.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Peter Ras

  • Culture, entre propriété indi­vi­duelle et bien commun

    Je lis Niel Jomunsi abor­der avec brio la ques­tion de la diffu­sion de ses oeuvres, de la copie et de son impact. Je n’ai limite rien à ajou­ter telle­ment c’est bien pensé et bien expliqué. Je ne saurai trop vous recom­man­der la lecture.

    Thierry Crou­zet répond, en parlant d’al­go­rithmes.  Je ne comprends pas cette vision et ce voca­bu­laire tech­nique.

    On copie. Pas d’al­go­rithme ou de magie à l’oeuvre du point de vue utili­sa­teur. Copier on le fait déjà avec des images, avec du texte, avec de la musique. On l’a toujours fait.

    On avait peur de l’im­pri­me­rie quand elle est arri­vée. Plus tard on a eu peur de la radio, avec des conte­nus gratuits ça serait la mort de la produc­tion phono­gra­phique. Puis on a eu peur des cassettes audio, puis des mêmes en vidéo, du photo­co­pieur, du graveur de CD, du rattra­page TV.

    Non, ce qui arrive n’est pas l’ef­fet de bord de la révo­lu­tion numé­rique. Ce qui arrive est l’évo­lu­tion natu­relle de notre société, conti­nue depuis des siècles. Le fait qu’on travaille avec du numé­rique n’est pas plus struc­tu­rant que le fait qu’on ait travaillé avec des photo­co­pieurs il y a 50 ans ou avec du plomb il y a 100 ans.

    Je ne dis pas que le partage numé­rique à grande échelle ne va rien chan­ger – au contraire – mais d’une part il faut arrê­ter de croire que la présence de conte­nus gratuits va dimi­nuer d’au­tant le budget cultu­rel – le passé a prouvé plusieurs fois que ce n’était pas le cas – d’autre part affir­mer que la rému­né­ra­tion à la copie est indis­pen­sable est forte­ment mécon­naitre notre histoire : Ce modèle actuel de rému­né­ra­tion à la copie est tout récent, la part la plus impor­tante de notre culture s’est forgée dans d’autres modèles.

     

    Pour la suite, désolé, mais je ne comprends pas l’ar­gu­men­ta­tion qui veut amal­ga­mer les caisses auto­ma­tiques, le trading haute fréquence et le droit de parta­ger un livre numé­rique à son voisin. Je ne dis pas que ce sujet est inin­té­res­sant, mais ça n’a un peu rien à voir à mon humble avis.

    Quand on parle de copie de conte­nus cultu­rels on ne parle pas d’au­to­ma­ti­sa­tion d’un travail manuel, on parle d’équi­libre entre l’in­té­rêt indi­vi­duel de l’au­teur (et de la chaîne d’édi­tion/produc­tion) et entre l’in­té­rêt collec­tif de la société. C’est un sujet qui n’est pas léger, mais ce n’est « que » ça : un équi­libre à trou­ver.

    Inter­dire les copies ? C’est chan­ger l’équi­libre pour se rappro­cher de l’in­té­rêt indi­vi­duel (puisque des copies et des prêts on en a toujours eu même avant le numé­rique).
    Lais­ser faire les copies ? C’est lais­ser l’équi­libre déri­ver vers le collec­tif. C’est une direc­tion qui est prise depuis des dizaines ou des centaines d’an­nées, bien avant le numé­rique, mais qui fait un bon inima­gi­nable aujourd’­hui.

    La ques­tion est juste là. Où se situe l’équi­libre entre l’in­di­vi­duel et le collec­tif ? Celui qui croit avoir une réponse simple a proba­ble­ment mal compris la problé­ma­tique.

  • Mise en page fixe sur l’EPUB

    Le web a un histo­rique avec beau­coup de mises en page fixes. On allait jusqu’à indiquer en bas de page avec quel taille et quelle réso­lu­tion d’écran il fallait pour consul­ter le site dans les meilleures condi­tions.

    C’était déjà diffi­ci­le­ment tenable avant, mais l’ar­ri­vée des tablettes et smart­phones a tota­le­ment changé la donne. Depuis, c’est le terme « respon­sive web design » qui repré­sente l’état de l’art : des mises en page dyna­miques qui s’adaptent à toutes les tailles d’écran et une majo­rité des tailles de carac­tères.

    Photo sous licence CC par Jean Cotchin
    Photo sous licence CC par Jean Cotchin

    La litté­ra­ture est en train de vivre une bascule simi­laire avec le numé­rique : Les livres, au moins la litté­ra­ture clas­sique, s’adapte à l’écran et à la taille de carac­tères choi­sies. Dans le format EPUB on parle de reflow.

    Là où je suis perplexe, c’est devant l’ar­ri­vée des EPUB à mise en page fixe. D’une part parce qu’ils ont tendance à bête­ment rempla­cer le PDF, sans réelle valeur ajou­tée. Même contraintes, moins de compa­ti­bi­lité avec les lecteurs actuels, pas vrai­ment plus stan­dard vue le nombre de direc­tives proprié­taires.

    Je reste heureux de savoir que c’est du zip + html + css, parce que ça s’em­barquera plus faci­le­ment sur le web dans le futur, mais je ne peux m’em­pê­cher d’être dubi­ta­tif sur les raisons prag­ma­tiques qui peuvent pous­ser à rempla­cer du PDF par de l’EPUB à mise en page fixe.

    Photo sous licence CC par antjeverena
    Photo sous licence CC par antje­ve­rena

    Mais surtout j’ai l’im­pres­sion que l’édi­tion va encore une fois à rebours de l’his­toire du web. Pourquoi vouloir faire de la mise en page fixe ?

    Des conte­nus graphiques, parfois extrê­me­ment complexes, le web en a plus d’un, et les solu­tions pour les vues adap­ta­tives existent. Parfois ce n’est pas simple, souvent ça demande un véri­table travail de créa­tion, mais on y arrive.

    On me cite Apol­li­naire, et l’adap­ta­tion est ici extrê­me­ment limi­tée car l’objec­tif est de respec­ter une oeuvre ancienne qui ne bougera pas. C’est un exemple qui reste toute­fois excep­tion­nel.

    Des livres photo, des livres tech­niques, des livres pour enfants, des livres illus­trés, des guides de voya­ge… tout ça existe sur le web, en adap­ta­tif. Les deux seules raisons que je vois pour faire de la mise en page fixe sont le coût et la compa­ti­bi­lité.

    Sauf que si on ne veut pas inves­tir dans la créa­tion numé­rique  – ce qui me semble être un problème non seule­ment pour l’ave­nir mais aussi pour le présent proche vu que le numé­rique repré­sente déjà plus de 30% du livre aux États Unis – et qu’on souhaite une compa­ti­bi­lité maxi­ma­le… le PDF convient très bien. En fait il convient bien mieux.

    Et même là, une majo­rité de ce que je vois en mise en page fixe serait assez « simple » – toutes propor­tions gardées – à faire en adap­ta­tif. Il n’y a qu’à… C’est d’au­tant plus vrai qu’on s’oriente vers un avenir où les lecteurs EPUB sont basés sur des navi­ga­teurs web tout ce qu’il y a de plus modernes, en fait la même base que Chrome ou Safari.

    Il y a même proba­ble­ment parfois moyen de faire de l’adap­ta­tif qui dégrade très bien sur les lecteurs qui ne savent relire que du bête texte. Tout reste encore à inven­ter.

    Photo sous licence CC par Len Matthews
    Photo sous licence CC par Len Matthews

    En fait il y a une troi­sième raison que je vois très bien : Les éditeurs ont toujours pensé des mises en page fixes jusqu’à présent, des graphismes qui ne souffrent d’au­cune adap­ta­tion après impres­sion, que tout le monde voit exac­te­ment pareil.

    C’est un vrai chan­ge­ment de para­digme qu’il faut pour accep­ter des adap­ta­tions, des compro­mis, que ce ne sera pas exac­te­ment pareil partout. Ce chan­ge­ment d’état d’es­prit a mis long­temps à s’im­po­ser sur le web. C’est juste dommage qu’on recom­mence à zéro sur le livre, voire un peu en dessous de zéro.

  • Dépôt légal numé­rique

    oui le dépôt légal du livre numé­rique est envi­sagé (tech­nique­ment), mais finan­ciè­re­ment on ne pourra pas suivre

    Foutaises.

    De ce que j’en vois, numé­rique ou non, il y a des coûts de logis­tique (récu­pé­rer les livres et les données atta­chées), de trai­te­ment (essen­tiel­le­ment le clas­se­ment, les méta­don­nées, les véri­fi­ca­tions, l’ac­cès, etc.), et de sauve­garde (entre autres le stockage).

    Le numé­rique coûte moins cher

    La logis­tique et le stockage coûtent infi­ni­ment moins cher pour le numé­rique que pour le papier. Le stockage est presque négli­geable sur le budget de la BNF. Oh, il faut initia­li­ser des liens et des espaces qui n’existent pas encore, mais si c’est un vrai boulot qui n’est pas gratuit, c’est quand même virtuel­le­ment négli­geable aussi. Le trai­te­ment n’est lui pas négli­geable, mais je ne vois aucune raison pour laquelle il serait signi­fi­ca­ti­ve­ment plus cher en numé­rique qu’en papier.

    On me donne 5 000 par To et par an tout compris (y compris verse­ment, accès, trai­re­ment…). 300 000 titres à 50 Mo en moyenne (soit deux fois le nombres de titres de l’édi­tion clas­sique, avec un poids moyen auquel je rajoute presque un zéro), ça donne 15 To. Soit 75 K€ par an. Abor­dable, surtout face au coût de stockage de 300 000 titres papier en plusieurs exem­plaires. Je serai *très* étonné qu’il ne faille pas rajou­ter un ou deux zéros pour le papier.

    Factuel­le­ment le numé­rique coûte certai­ne­ment moins cher, donc à budget iden­tique on peut gérer le dépôt légal de bien plus d’ou­vrages en numé­rique qu’en papier.

    Ques­tion de choix

    Le problème n’est pas et n’a jamais été que le dépôt légal des livres numé­rique ne puisse être fait finan­ciè­re­ment. Le problème est, éven­tuel­le­ment, que le budget ne permet pas de gérer le dépôt légal de l’en­semble des livres (numé­riques + papier) au niveau de trai­te­ment actuel.

    Il faut donc soit augmen­ter le budget (un peu), soit dimi­nuer le niveau de pres­ta­tion, soit ne pas trai­ter tous les titres.

    Le reste, c’est à dire consi­dé­rer que la gestion des livres papier est plus impor­tante, qu’on peut sacri­fier le dépôt légal des titres numé­riques en regard du trai­te­ment papier, ce n’est *pas* une ques­tion de finances. C’est un choix poli­tique : manque d’or­ga­ni­sa­tion, manque d’ini­tia­tive, résis­tance au chan­ge­ment ou déva­lo­ri­sa­tion du numé­rique face au papier.

    Pour l’ins­tant c’est encore tenable car l’es­sen­tiel de l’édi­tion est fait aussi sur papier. Au pire ça veut dire privi­lé­gier le support papier d’un livre dispo­nible sur les deux supports. Ça coûte plus cher (donc permet d’en gérer moins à budget iden­tique) et ça handi­cape les usages futurs (sauf à numé­ri­ser le papier après coup, et on a vu que c’est hors de prix), mais c’est encore tenable. Ça le sera de moins en moins.

    Bien entendu je me contente ici de parler livre.  Je suis certain que la BNF entend aussi sauve­gar­der « le web » et tout contenu numé­rique quand elle parle de dépôt légal. Là oui c’est un budget d’un autre ordre. Mais ça n’em­pêche pas de gérer le livre. On peut même imagi­ner qu’un livre sur les deux supports ne soit déposé que en numé­rique (prio­rité au numé­rique sur le papier) afin de libé­rer des finances pour d’autres docu­ments ?

    En fait c’est plus l’ar­gu­ment cité en haut de billet mettant la ques­tion du numé­rique sur le dos du budget qui me met en colère. C’est facile mais taper à côté du problème. En pratique à ma connais­sance les epub et pdf des éditeurs sont déjà récu­pé­rés par la BNF.

  • Je ne veux pas de médailles litté­raires monsieur Pivot

    Monsieur Pivot,

    J’ai un profond respect pour le travail que vous avez effec­tué et que vous effec­tuez toujours autour de la langue, de la litté­ra­ture et de l’écri­ture. Il y a un grand honneur à défendre des valeurs intem­po­relles tout en restant ouvert aux nouveau­tés. Aussi futile que cela puisse être, vous voir inves­tir twit­ter de manière éclai­rée est rafraî­chis­sant en cette période de clivage entre « le numé­rique est l’ave­nir » et « le numé­rique est dange­reux ».

    Quand je vous lis vouloir défendre la librai­rie ; je tends l’oreille. Tels qu’ils sont rappor­tés, vos propos récents m’ont fait trem­bler de tris­tesse.

    « Nous avons toute une poli­tique du livre que la ministre et le président du CNL ont raison de mener  », observe le récent président de l’Aca­dé­mie Goncourt. Et à ce titre que pour­rait faire l’Aca­dé­mie pour appor­ter sa petite pierre à ce grand édifice ? « En couron­nant de bons livres. En couron­nant des livres qui se vendent très bien », exulte, dans un franc sourire, Bernard Pivot.

    «  Regar­dez le dernier, [Pierre Lemaître, Au revoir là-haut, publié chez Albin Michel], il en est à plus de 500.000 exem­plaires !  » Selon les données Edistat, ce sera plutôt presque 300.000 exem­plaires, en réalité. Mais on comprend l’idée. « Les libraires sont plutôt contents que l’on ait couronné un livre qui se vend à 500.000 exem­plaires, plutôt qu’un livre qui se serait vendu à 50.000 exem­plaires. Notre action elle est là, elle n’est pas ailleurs.  »

    Est-ce donc là toute la mission de la librai­rie ? Le meilleur soutien qu’on puisse appor­ter à la librai­rie est-il de sacra­li­ser et d’ajou­ter des rubans rouges à ces livres qui se vendent si bien ?

    On enterre là tota­le­ment la librai­rie, et le libraire encore plus profond. Si ces derniers n’ont pour seul rôle que de mettre en avant les meilleures ventes et d’en assu­rer la distri­bu­tion, quel service rendent-ils ? Pourquoi n’irais-je pas au super­mar­ché ou sur Inter­net pour ache­ter le même livre ? Je n’ai que faire d’un maga­sin dédié si c’est unique­ment pour ache­ter les meilleures ventes.

    Si notre seule vision de la librai­rie est une auto­rité qui décerne les disques d’or en fonc­tion de leurs ventes passées ou probables afin de mieux accro­cher des médailles aux livres dans les vitrines des librai­ries, c’est certain que le numé­rique n’a pas sa place. On aidera encore quelques temps les libraires à atti­rer les badauds, mais ils fini­ront par mourir par manque de valeur ajou­tée pour le lecteur.

    Je vous pensais défen­seur de la litté­ra­ture. Les meilleures ventes en font partie, incon­tes­ta­ble­ment. Sauf à consi­dé­rer que tous les lecteurs sont des imbé­ciles, on peut même affir­mer que les fleu­rons de la litté­ra­ture se retrou­ve­ront le plus souvent dans ces meilleures ventes.

    Main­te­nant, où sont la décou­verte et le conseil ? Où est le soutien à la richesse et l’éten­due de la litté­ra­ture ? aux coups de cœur, à la capa­cité d’avoir en stock juste­ment autre chose que les cinquante meilleures ventes qui seront primées ? Où est la capa­cité de livrer à domi­cile ? Comment renou­ve­ler l’in­te­rac­tion entre le libraire et le lecteur à l’heure où la commu­ni­ca­tion passe de plus en plus en ligne ? Comment la librai­rie peut-elle parti­ci­per à l’ar­ri­vée du numé­rique et y appor­ter sa valeur ?

    Voilà les ques­tions que j’au­rais aimé vous voir abor­der. Ajou­ter un prix litté­raire de plus à un paysage qui n’en compte que trop, cela ne va que renfor­cer le fossé entre l’offre librai­rie et les attentes des lecteurs. Le TOP 50 n’a jamais aidé les disquaires à vivre leur muta­tion, il les a au contraire enchaî­nés dans un modèle tota­le­ment déphasé par rapport à leur époque.

    À l’in­verse, si on voit le libraire comme un pres­crip­teur, quelqu’un qui découvre, fait décou­vrir, qui conseille, y compris et surtout juste­ment en dehors des sentiers battus et des grands prix litté­raires pour lesquels personne n’a besoin de lui, quelqu’un qui sait trou­ver le livre adapté au lecteur en fonc­tion de son carac­tère et d’un échange sur la litté­ra­ture, alors peut-être que nous aurons une vraie défense de la librai­rie à long terme.

    Et dans cette vision, on se moque bien que le livre soit en papier et en numé­rique. Par contre le numé­rique peut appor­ter des formats diffé­rents. Il peut permettre de remettre les nouvelles et les textes courts au goût du jour. Il peut permettre de publier des ovnis litté­raires qu’il serait risqué de publier immé­dia­te­ment en papier.

    « Oh, je ne crois pas. À mon avis non. Nous lisons des livres sur papier. Les bons livres… ils peuvent être numé­riques… mais ils seront toujours sur papier. Je ne crois pas à cette histoire du livre qui ne serait que numé­rique et qui n’au­rait pas de version papier. Je ne crois pas du tout à cela. »

    Je vais prendre le contre-pied. Les bons livres… ils peuvent être sur papier… mais ils seront toujours en numé­rique. Tout simple­ment parce qu’il n’y a aucune raison pour qu’un bon livre ne soit pas publié aussi en numé­rique.

    Par contre le numé­rique et son faible coût de publi­ca­tion peuvent entrai­ner un foison­ne­ment, une richesse qu’on n’a jamais vus en papier et qu’on ne pourra jamais voir. Il s’agit de la litté­ra­ture ouverte à tous pour la lecture mais aussi pour l’écri­ture. Il y aura du mauvais, voire du très mauvais, mais il y aura aussi du bon voire du très bon qui n’au­rait pas éclos sans cette faci­lité.

    Le numé­rique c’est aussi la possi­bi­lité de renou­ve­ler les formats en publiant des nouvelles et formats courts, oubliés des librai­ries et des éditeurs. C’est aussi la possi­bi­lité de sortir tant de textes trop risqués en édition papier, de la poésie au nouveau roman en passant par des ovnis trop déca­lés pour imagi­ner les mettre en tête de gondole dans les maga­sins.

    Nous avons eu une grande révo­lu­tion en passant des livres reco­piés manuel­le­ment à l’im­pri­me­rie, une petite révo­lu­tion avec l’avè­ne­ment du poche. Chacune a permis d’élar­gir la litté­ra­ture, sa diffu­sion, et sa richesse. Ce que le numé­rique promet, c’est un élar­gis­se­ment d’un ordre de gran­deur supé­rieur.

    Personne n’en veut au papier, pas plus que le poche n’a fait dispa­raître le grand format, mais si on enseigne aux libraires que là n’est pas leur avenir, ils vont se conten­ter de faire du commerce d’arbres morts décou­pés en fines lamelles, plus ou moins mis en avant en fonc­tion du nombre de leur passages à la TV ou de médailles litté­rai­res… et finir par mourir.

    Permet­tons-leur de ne plus vendre du papier mais de conseiller de la litté­ra­ture. Là non seule­ment le support n’est pas primor­dial, mais il est évident qu’il y aura un bouillon­ne­ment dans le numé­rique qu’il serait suici­daire de lais­ser à Amazon.

  • Poli­tique cultu­relle : numé­ri­sa­tion du patri­moine

    Petite vision de ce qu’il se fait en Norvège et compa­rai­son avec le système ReLire français.

    Les deux projets ont pour objec­tif de numé­ri­ser les livres publiés dans leur pays avant 2001 pour leur redon­ner une vie et assu­rer la diffu­sion du patri­moine cultu­rel.

    Les simi­la­ri­tés s’ar­rêtent ici.

    La Norvège finance une numé­ri­sa­tion publique, et en donne ensuite un accès public (unique­ment aux admi­nis­trés), gratui­te­ment. Seuls les auteurs sont rému­né­rés, de façon forfai­taire. Ceux qui veulent s’en exclure le peuvent.

    La France subven­tionne les numé­ri­sa­tions qui seront faites par les éditeurs, et en donne ensuite l’ex­ploi­ta­tion aux éditeurs, exploi­ta­tion qui ne pourra pas être gratuite. Les béné­fices vont à moitié pour l’édi­teur et pour les auteurs (via une gestion collec­tive) après rembour­se­ment des frais de numé­ri­sa­tion (donc les non rentables ne touchent rien). Ceux qui veulent s’en exclure ont six mois pour le faire à partir d’une date qu’on ne leur annonce pas.

    Il y a comme une diffé­rence flagrante dans la vision de la mission des deux biblio­thèques natio­nales ou des deux minis­tères de la culture. Les deux visions ont des moti­va­tions respec­tables, mais elles sont tota­le­ment oppo­sées

    Il y a aussi du très posi­tif à signa­ler : La BNF a annoncé l’ou­ver­ture de sa base biblio­gra­phique, et ça c’est un très grand pas dans la bonne direc­tion.

  • Choi­sir sa liseuse numé­rique – Hiver 2013–2014

    Choi­sir sa liseuse numé­rique – Hiver 2013–2014

    –> Mis à jour pour Noël 2014 <–

    Vous aimez lire ? Vous faites un cadeau à quelqu’un qui aime lire ? Les liseuses et les livres numé­riques commencent à sortir au grand jour. Pour ma part ça m’a permis de redé­cou­vrir la lecture.

    Je lis des roman, des nouvelles, des séries

    1 – Pocket­book Touch Lux
    119 € via Cultura

    Sans contes­ta­tion, il vous faut une liseuse à encre élec­tro­nique : Le confort de lecture sera bien plus proche du papier que celui d’une tablette LCD. Le poids est plus faible qu’un livre de poche et vous pour­rez lire plusieurs semaines sans vous soucier de l’au­to­no­mie.

    Le sur-éclai­rage inté­gré vaut large­ment les quelques euros de diffé­rence avec le modèle de base. C’est ce qui vous permet­tra de lire avec une faible lumi­no­sité ambiante, ou dans le lit sans déran­ger votre conjoint. La lumière est géné­ra­le­ment douce et de faible inten­sité : Rien à voir avec votre smart­phone.

    Évitez les Nolim de Carre­four. Les 20 € de diffé­rence sont loin de compen­ser la baisse de qualité subie. Évitez aussi les Kindle qui ne sont compa­tibles qu’a­vec Amazon et qui enfer­me­ront à vie vos conte­nus hors de votre portée.

    2 – Kobo Aura HD
    170 € via la FNAC

    Le vrai choix est sur le format : Par défaut je propose une 6″. C’est fin, léger, et ça rentre dans les poches de veste. C’est proba­ble­ment le plus adapté si vous comp­tez lire dans la salle d’at­tente du méde­cin, dans les trans­ports, à la pause de midi, etc.

    Dans cette gamme je vous conseille la Pocket­book Touch Lux (le lien est vers Cultura, elle est aussi dispo­nible chez Decitre et peut être chez votre libraire local ; les prix varient). Elle permet d’avoir plusieurs profils utili­sa­teurs, une synchro­ni­sa­tion par Drop­box, l’en­voi de livres par email, et une refonte ergo­no­mique profonde est en cours de déve­lop­pe­ment pour encore plus amélio­rer l’ex­pé­rience utili­sa­teur (les liseuses ache­tées aujourd’­hui y auront accès à la nouvelle version logi­cielle quand elle sortira). La Kobo Glo et la Kobo Aura sont aussi des bons choix, un peu plus chères.

    Si vous ne lisez que des livres grand format depuis votre canapé, alors jetez un oeil aux liseuses grand format. Le choix se rétreint à la Kobo Aura HD (atten­tion à la mention « HD »), nette­ment plus chère toute­fois que les modèles 6″.

    Si vous aimez faire vos propres choix, je vous recom­mande aussi de jouer avec l’outil de sélec­tion multi-critères pour trou­ver la liseuse la plus adap­tée à *vos* besoins. Quel que soit le modèle, je vous recom­mande une liseuse noire ou sombre, qui sera plus repo­sante à la lecture et aidera à avoir un meilleur ressenti sur le contraste de l’écran.

    Je lis des bandes dessi­nées, des livres spécia­li­sés, des livres tech­niques, des PDF grand format, des docu­ments complexes

    Pour la couleur et les docu­ments à mise en page fixe grand format : Point de salut encore cette année hors des tablettes LCD. C’est moins l’objet de ce billet mais si je devais donner quelques conseils :

    • Fuyez les modèles bas de gamme. C’est le meilleur moyen d’être dégouté ou de chan­ger sa tablette six mois après.
    • L’écran est le compo­sant prin­ci­pal. La réso­lu­tion n’est pas le seul critère mais elle donne une bonne indi­ca­tion de la géné­ra­tion de l’écran.
    • Évitez les modèles Android trop custo­mi­sés comme les Kobo et les Kindle, prenez une tablette géné­rique
    Nexus 7 - 229€
    3 – Nexus 7 – 229€ via Google

    Pour un petit prix orienté lecture, vidéo, mail et quelques jeux clas­siques, les Pocket­book Surf­pad 2 me semblent plutôt bien. Je n’ai pas testé la Cybook Tablet de Bookeen mais elle devrait être simi­laire.

    Si je devais recom­man­der quelque chose pour du multi-usage ce serait plutôt les Nexus 7 et Nexus 10. Le prix est nette­ment plus élevé mais c’est tout de même une gamme au dessus, avec un rapport qualité / prix imbat­table. Là dessus vous avez de la très haute réso­lu­tion, du GPS, une double caméra avant/arrière, etc.


    Photo d’illus­tra­tion sous licence CC-BY-SA, par Alexandre Dulau­noy.

  • Dis papa, le livre numé­rique ça s’achète d’oc­ca­sion ?

    La ques­tion est entière.

    Impri­més, réel droit

    Un livre imprimé a une vie complète en dehors de la librai­rie. Il se donne, se vend et s’achète d’oc­ca­sion, entre parti­cu­liers ou via un inter­mé­diaire commer­cial. Plusieurs librai­ries font d’ailleurs parti­cu­liè­re­ment commerce d’oc­ca­sion.

    Le mono­pole commer­cial de l’au­teur s’ar­rête à la vente de l’ou­vrage, on parle d’épui­se­ment des droits [d’au­teur]. L’au­teur (ou son éditeur) n’a pas de pouvoir sur ce que vous faites de l’objet livre lui-même. Vous pouvez l’an­no­ter, le modi­fier, le décou­per, le brûler ou… le revendre.

    Pour couper court au premier mythe : Ce n’est pas une tolé­rance, un lais­ser faire ou une mauvaise habi­tude. C’est simple­ment la loi, pour toute œuvre.

    Quid alors du livre numé­rique ? et bien il n’y a aucune diffé­rence entre numé­rique et non numé­rique dans la loi – ou plutôt la diffé­rence n’est pas – et aucune diffé­rence morale.

    Licence d’ac­cès

    Le réel sujet c’est qu’on ne vous vend géné­ra­le­ment pas un objet livre numé­rique. On nous vend un service, une licence d’uti­li­sa­tion. Savoir s’il y a épui­se­ment des droits sur une licence d’uti­li­sa­tion, si on a le droit d’in­ter­dire la revente dans le contrat de licence, voilà les vraies ques­tions.

    On a vu deux réponses oppo­sées au niveau des insti­tu­tions judi­ciaires, faites votre choix :

    La première c’est l’his­toire de Redigi, star­tup US qui voulait orga­ni­ser la revente de fichiers musi­caux. Un juge­ment préli­mi­naire n’a pas permis de sécu­ri­ser le prin­cipe et Redigi a stoppé ses acti­vi­tés en atten­dant.

    La seconde c’est la Cour de Justice de l’Union Euro­péenne qui a acté qu’un éditeur ne pouvait s’op­po­ser à la revente d’oc­ca­sion d’une licence logi­cielle (qui ne s’use pas non plus).

    Tout au plus si on vend un accès restreint par une DRM avec une limi­ta­tion sur la durée, le nombre d’ac­cès ou le nombre de support, on peut consi­dé­rer qu’on se rapproche beau­coup plus d’une licence d’ac­cès logi­cielle et bien moins d’un fichier de musique simple (qui main­te­nant sont tous sans DRM ni limi­ta­tions).

    Ou objet numé­rique

    D’autres consi­dèrent qu’ils vendent bien un fichier, un objet livre numé­rique. Certains se sont même faits l’écho d’une propo­si­tion visant réser­ver le taux de TVA réduit aux livres numé­riques objets, par oppo­si­tion aux licences d’ac­cès et fichiers avec DRM.

    Si nous parlons bien d’un livre en tant qu’objet, il n’y a pas de raison que cet objet, fut-il numé­rique et imma­té­riel, ne soit pas trans­fé­rable. Faites votre choix entre objet numé­rique et licence d’ac­cès mais soyez ensuite cohé­rents. On peut arguer que dans ce cas plusieurs lecteurs profi­te­ront de l’œuvre en ne payant l’au­teur qu’une seule fois, mais il en va de même pour l’im­primé.

    L’ar­gu­ment du numé­rique qui ne s’use pas n’a aucun effet non plus – sans comp­ter qu’il est proba­ble­ment faux, mes contem­po­rains ont plus de chance d’hé­ri­ter de livres de leur grands-parents que d’ac­cé­der aux photo­gra­phies de leurs parents : Dans les multiples restric­tions via le droit d’au­teur, les droits voisins, le droit des marques, les brevets, il y a plus d’un élément soumis à revente dont l’usure n’est pas un critère signi­fi­ca­tif. Rien dans le droit d’au­teur ne parle d’usure, si ce n’est au contraire pour dire qu’au bout d’un certain temps l’œuvre échappe au mono­pole de son auteur.

    Unicité et copie

    Le réel enjeu n’est en réalité pas de savoir si la revente est légi­time. Il est dans la confiance : Le numé­rique étant facile à copier, rien n’em­pêche tech­nique­ment de garder une copie tout en en reven­dant une autre. Là il n’y a plus revente mais bien contre­façon pure et simple. Rien n’em­pê­che­rait même de le vendre plusieurs fois tant qu’à faire.

    Bref, même si la revente d’oc­ca­sion ne posait en soi pas beau­coup plus de problèmes de droit d’au­teur que sur le papier, cela demande une confiance aveugle en son prochain. Et là… forcé­ment… ça coince.

    Redigi avait tenté d’y appor­ter une solu­tion en certi­fiant l’ori­gine de l’achat et l’uni­cité du fichier dans l’éco­sys­tème de revente, mais cela n’a pas suffit à calmer les esprits (et n’avait aucune chance d’être tota­le­ment effi­cace).

    Pour moi c’est la seule vraie justi­fi­ca­tion à l’in­ter­dic­tion de revente d’oc­ca­sion, mais elle est assez forte à elle seule, d’au­tant qu’il n’y a pas urgence non plus vu la taille du marché numé­rique et l’im­por­tance de lais­ser les premiers efforts se renta­bi­li­ser.

    Oh, et une taxe sur la revente d’oc­ca­sion ? Non merci. Soit c’est légal, soit ça ne l’est pas. Il n’y a pas lieu de taxer toutes les acti­vi­tés de la terre.