Catégorie : Livre numérique

  • EPUB 0

    Plus j’avance et moins je vois la valeur ajou­tée de la norme EPUB. La folie du fixed layout est un long tunnel à sens unique qui mène au préci­pice. Quant à la complexi­fi­ca­tion pour forma­li­ser toutes les spéci­fi­ci­tés possibles, vu le niveau de support par les moteurs de rendu, elle vient à contre-sens de la valeur ajou­tée pour le lecteur.

    Je ne dis pas que tout ça est inutile, mais c’est proba­ble­ment trop complexe, de toutes façons trop préci­pité par rapport à l’état du marché (autant vis à vis des moteurs de rendu que vis à vis l’état de l’art de la produc­tion).

    Je bave depuis que j’ai vu quelques lignes sur une ébauche de EPUB 0. De simples fichiers HTML, dans un zip, avec un index.html à la racine, le tout rendu dans un navi­ga­teur web moderne clas­sique. Il faudra proba­ble­ment porter quelques amélio­ra­tions typo dans les navi­ga­teurs web, mais c’est de toutes façons là que va l’his­toire.

    Oh, il faudra proba­ble­ment forma­li­ser un peu : Au moins symbo­li­ser un sommaire, une illus­tra­tion de couver­ture, quelques méta­don­nées biblio­gra­phiques, et une liai­son vers le chapitre suivant/précé­dent dans chaque sous-fichier. Rien d’in­sur­mon­table. Du RDFa poin­tant vers schema.org/Book plus des rela­tions start, prev, next et toc feront très bien l’af­faire dans un premier temps, et pour­ront faci­le­ment être éten­dus par la suite.

    Certes, il y en aura qui voudront plus de richesse, comme avoir des minia­tures de couver­ture diffé­rentes suivant la taille d’af­fi­chage dans la biblio­thèque de l’uti­li­sa­teur, mais c’est juste­ment ce type de complexité qui va finir par tuer EPUB sans amélio­rer l’ex­pé­rience utili­sa­teur.

    Nous n’échap­pe­rons de toutes façons pas à la conver­gence entre le livre et le web, j’es­père juste qu’on le fera avant de se tirer une balle dans le pied.

  • Jugez un ebook sur son rendu,

    Jugez un ebook sur son rendu,

    Fran­che­ment, je me moque du code source. Faites des livres numé­riques avec du code horrible, ce qui m’im­porte c’est qu’il soit utili­sable partout, au mieux.


    Je prends donc le contre-pied total de Jiminy :

    Jugez un ebook sur son rendu,
    c’est unique­ment pour cela qu’il existe.

    Le rendu c’est l’as­pect graphique, la typo­gra­phie, l’adap­ta­tion à diffé­rents écrans, l’ac­ces­si­bi­lité, les extrac­tions textes, la compa­ti­bi­lité avec les outils divers et variés…

    L’exemple parfait nous vient du PDF. Il y a des PDF très bien faits, acces­sibles, utili­sables, compa­tibles. Personne n’ira regar­der à l’in­té­rieur, et cet inté­rieur est très fréquem­ment effec­ti­ve­ment une soupe infâme géné­rée par un logi­ciel d’édi­tion. Je n’ai aucun problème à ce que l’EPUB prenne le même chemin.

    * * *

    L’ar­ti­san expert a un atta­che­ment émotion­nel fort avec ses outils, et peut conti­nuer à les chérir et les utili­ser quand bien même ils ne seraient pas indis­pen­sable. Il reste que ces outils ne sont qu’un moyen de parve­nir à une fina­lité, pas la fina­lité elle-même. Le code interne n’est qu’un outil, rien de plus.

    Faut-il promou­voir un code simple et « propre » dans les EPUB ? La ques­tion est pure­ment tech­nique et ne devrait inté­res­ser que les concep­teurs. Hors atta­che­ment émotion­nel, la ques­tion est simple­ment de savoir ci ce code simple et propre est néces­saire.

    *

    Nous avons eu le débat il y a envi­ron 10 ans dans le milieu du déve­lop­pe­ment web, pour les mêmes tech­no­lo­gies. Aujourd’­hui faire du code simple et propre est devenu une bonne pratique incon­tour­nable. Les Dream­wea­ver et autres GO Live ont disparu. Si l’es­sen­tiel du code reste du code généré par des outils, il sera jugé en fonc­tion de sa ressem­blance avec du code déve­loppé main par un arti­san. À l’époque la compa­ti­bi­lité, l’évo­lu­ti­vité, la perfor­mance et le coût de main­te­nance nous ont entrai­nés dans cette direc­tion.

    Doit-il en être de même pour l’EPUB ? Je n’en sais rien, ce d’au­tant plus que la concep­tion d’EPUB n’est pas direc­te­ment mon métier.

    Je ne suis par contre pas convaincu que les argu­ments qu’on avait pour les pages web il y a 10 ans valent pour les EPUB aujourd’­hui : Les livres sont peu modi­fiés une fois publiés. On s’ap­proche plus d’un format final d’ex­port comme le PDF qu’un docu­ment en évolu­tion perma­nente comme le gaba­rit d’un site web.

    Le débat s’ouvre d’ailleurs de nouveau aujourd’­hui pour les sites web. Avec certains frame­works Javas­cript, le format de travail tend à s’éloi­gner gran­de­ment du code tech­nique rendu par les navi­ga­teurs. Pourquoi faudrait-il appliquer les mêmes bonnes pratiques à ce dernier alors que les contraintes et avan­tages y sont diffé­rents ?

    *

    J’ai un passé d’ar­ti­san du web. J’étais moi-même mili­tant de cette vision à l’époque. J’ai donc forcé­ment tendance à encou­ra­ger les arti­sans du livre numé­rique, ceux qui aiment le code bien fait, qui en prennent soin, qui font atten­tion aux détails.

    En prenant du recul, toute­fois, main­te­nant que je ne suis plus partie prenante, je me moque du code tech­nique interne. C’est un débat de tech­ni­ciens. Si un jour on me montre des EPUB avec un code infâme mais dont le rendu – au sens large – est bon, je n’au­rai aucun mal à le prendre en exemple.

    Nous sommes malheu­reu­se­ment en réalité encore loin de ce débat. Ceux qui génèrent du code mal fait sont aujourd’­hui très loin de géné­rer un bon rendu. Typo­gra­phie, compa­ti­bi­lité et acces­si­bi­lité sont rare­ment au rendez-vous.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY par Vicky Hughes­ton

  • Recom­man­da­tions pour une liseuse à Noël 2014

    Recom­man­da­tions pour une liseuse à Noël 2014

    Une liseuse pour Noël ? oui mais laquelle ?

    –> Allez plutôt voir la nouvelle recom­man­da­tion pour l’hi­ver 2015 – 2016 <–

    Lire partout, souvent

    Votre amour lit des romans, des nouvelles, des séries, essen­tiel­le­ment du texte. Le numé­rique lui permet­tra de lire dans les trans­ports, dans la salle d’at­tente de votre méde­cin, sur un banc public, ou chez lui sur votre canapé et dans votre lit.

    pb_sense_kenzoIl lui faut quelque chose qui tient dans la poche, avec un écran qui reste lisible en pleine lumière et une auto­no­mie longue sans rechar­ger. L’encre élec­tro­nique est indis­pen­sable, oubliez les tablettes LCD.

    Le cadeau sympa est la Pocket­book Sense. Elle est vendue dans une édition limi­tée siglée Kenzo, accom­pa­gnée d’une couver­ture inté­grée avec un rendu façon cuir croco­dile fran­che­ment sympa. En alter­na­tive vous aurez les Aura et Aura H2O de chez Kobo.

    Laquelle ?

    Les trois sont de bonnes liseuses, avec les mêmes clas­siques : design sympa, tactiles,  bon contraste de lecture, possi­bi­lité de sur-éclai­rage, ouver­ture des livres au format epub avec ou sans drm, un diction­naire inté­gré, et librai­rie embarquée qui donne accès à l’in­té­gra­lité du cata­logue français dispo­nible.

    La Sense est ma préfé­rée, l’édi­tion limi­tée Kenzo est superbe pour un cadeau : la couver­ture est sympa, la griffe Kenzo discrète, et la couver­ture vrai­ment collée à la liseuse au lieu de rajou­ter une sorte de sur-embal­lage comme partout ailleurs. La Sense a aussi l’avan­tage de garder des boutons physiques pour tour­ner les pages en plus de l’écran tactile. Ça rassure au départ pour ceux qui viennent du papier et ça permet de fonc­tion­ner l’hi­ver avec des gants pendant les trans­ports. Les plus tech­no­philes y trou­ve­ront une synchro­ni­sa­tion des livres avec leur compte Drop­box : appré­ciable même si pas indis­pen­sable.

    La Aura simple est très proche de la Sense, même format compact malgré l’écran clas­sique de 6″. Une superbe promo­tion pour Noël la met à 100 €, mais une fois que vous ajou­tez la couver­ture – indis­pen­sable – vous remon­tez au même prix que la Sense by Kenzo sans avoir le côté « inté­gré » de la couver­ture. Le choix Aura se révè­lera surtout perti­nent si ache­ter des livres en anglais direc­te­ment depuis la liseuse est indis­pen­sable pour vous (sinon vous pour­rez toujours le faire depuis le web).

    Quant à la Aura H2O, on monte signi­fi­ca­ti­ve­ment en gamme. Ça se ressent à la lecture, mais aussi sur le porte­feuille : Plus de 200 € si on ajoute la couver­ture – et à ce prix, qui a envie de risquer une rayure ? Elle a aussi un format un peu plus grand, inté­res­sant pour lire, mais qui devient trop large pour pas mal de poches. Plus quali­ta­tive, mais du coup un peu moins mobile.

    Et le reste ?

    Je décon­seille les liseuses bas de gamme premier prix. On sacri­fie la qualité de l’écran, le sur-éclai­rage, et l’ex­pé­rience de lecture s’en ressent. Au final ça aura tendance à rester sur l’éta­gère, voire à faire reje­ter la lecture numé­rique.

    Évitez aussi les Kindle. Même si la Paperw­hite est un excellent maté­riel, vous entrez dans un envi­ron­ne­ment qui s’ap­pa­rente à une prison dorée : Vous ne pour­rez pas sortir vos livres de l’en­vi­ron­ne­ment Kindle, ni impor­ter la plupart des livres ache­tés ailleurs. Le jour où vous voudrez sortir de l’éco­sys­tème Amazon, vous devrez aban­don­ner tous vos achats. Inac­cep­table.

    Litté­ra­ture, dans le lit et le canapé

    Votre amour lit à domi­cile, sur le canapé ou dans le lit. Pas vrai­ment besoin de se dépla­cer avec la liseuse en poche. Vous pouvez garder la recom­man­da­tion précé­dente – qui restent très bien – ou inves­tir un peu plus pour des modèles plus grand format et plus quali­ta­tifs.

    0190000007374577-photo-pocketbook-inkpad (1)Celle que je vous conseille est la Pocket­book Inkpad. Elle a une très haute réso­lu­tion (250 point par pouce, c’est à dire mieux que les liseuses « haute défi­ni­tion » habi­tuelles) et une surface d’af­fi­chage équi­va­lente à un livre grand format (8″). Bref, elle avance là où c’est le plus impor­tant : la qualité de lecture. Elle aura sinon tous les avan­tages de la Sense citée plus haut, plus la sortie audio qui permet entre autres les mp3 et la synthèse vocale (text to speech).

    La seule autre que je recom­mande est la Kobo Aura H2O : écran à fort contraste et très haute défi­ni­tion, elle gagne aussi une résis­tance à l’eau (notez le signe « H2O », sans ce dernier il s’agit de modèles de taille ou de géné­ra­tion/qualité diffé­rente). Elle est par contre d’une taille plus réduite (6,8″ pour la H2O contre 8″ pour la Inkpad). À vous de voir si vous privi­lé­giez la surface de lecture ou la taille pour le range­ment.

    Et le reste ?

    Les grands formats sont encore rares, et le choix plus que limité. La seule alter­na­tive crédible est la Cybook Ocean. C’est une 8″, mais avec un écran basse densité produit par un concur­rent de e-ink (l’usine qui four­nit l’en­semble des écrans à encre élec­tro­nique haute qualité, sur toutes les liseuses citées jusqu’à présent). Elle n’est pas vrai­ment moins chère de toutes façons.

    N’hé­si­tez toute­fois pas à jeter un oeil aux formats 6″ clas­siques décrits plus haut. La lecture y reste tout à fait confor­table. Pour lire dans le lit j’au­rais même tendance à conseiller un format 6″ qui tient faci­le­ment en main (taille d’un livre de poche).

    Bandes dessi­nées, jeunesse, et hors litté­ra­ture (cuisine, photo)

    Pour les illus­trés il vous faudra quit­ter les liseuses à encre élec­tro­nique. Il y a bien eu de l’encre élec­tro­nique couleur chez Pocket­book mais vous n’au­rez pas l’éclat attendu pour appré­cier la lecture.

    Vous pouvez cher­cher dans les tablettes LCD clas­siques, pas forcé­ment spéci­fiques au livre. Privi­lé­giez un écran de très bonne qualité et haute réso­lu­tion. N10_Overview_bottom-1200 (1)

    Pour de la BD belge clas­sique, préfé­rez une tablette 9 ou 10″ qui aura la surface utile pour ne pas avoir à zommer sur chaque case.  La Nexus 9 a de loin le meilleur rapport qualité/prix. Oui, ça fait presque 400€ mais ça les vaut. Plus petit ça sera diffi­cile pour tout ce qui n’est pas litté­ra­ture.

    Côté concur­rence il y a les les iPad, mais ça vaut encore plus cher. Fuyez les tablettes premier prix (disons celles qui valent moins de 60/50% des prix que je vous donne) et faites atten­tion aux autres (le prix ou une marque connue ne sont pas toujours révé­la­teurs d’un contenu de qualité).


    Si vous le souhai­tez, vous pouvez aussi vous aider du compa­ra­tif auto­ma­tisé : Il vous construit une recom­man­da­tion à partir de vos propres critères

    Rappel : J’ai un emploi partie prenante dans le domaine de la distri­bu­tion de livre numé­rique. Je ne prétends donc pas être objec­tif, mais je ne fais que des conseils que je soutiens person­nel­le­ment, pas de la publi­cité. À vrai dire c’est juste­ment parce que je crois en une solu­tion que je travaille avec, pas l’in­verse. Ces recom­man­da­tions sont données à titre pure­ment person­nel, juste­ment parce que j’ai eu la chance de tester moi-même les diffé­rents modèles que je recom­mande.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Saad Sarfraz Sheikh

  • Le jardin ferme, il n’était pas ouvert

    Le jardin ferme, il n’était pas ouvert

    J’ai parfois du mal à faire passer l’in­for­ma­tion qu’a­che­ter du livre numé­rique sur Kindle est aber­rant. Micro­soft (via Nokia) vient de nous donner un excellent exemple :

    Les lecteurs qui ont encore l’ap­pli­ca­tion Nokia Reader sur leur télé­phone ont 45 jours pour télé­char­ger leurs livres en local sur l’ap­pli­ca­tion. Si le stockage du télé­phone est déjà plein, il faudra faire des choix, effa­cer des choses.

    Ensuite ils pour­ront lire… jusqu’à ce que le télé­phone soit hors d’usage, remplacé, ou simple­ment mis à jour vers une version d’OS incom­pa­tible avec l’ap­pli­ca­tion de lecture. Ensuite les livres ache­tés seront défi­ni­ti­ve­ment perdus, sans recours.

    Les autres ? ceux qui ont tempo­rai­re­ment désins­tallé l’ap­pli­ca­tion, ceux qui n’ont plus de place sur le stockage du télé­phone, ceux qui ne verront pas l’email reçu dans la boite à spam, ceux qui utilisent au jour le jour autre chose que leur Lumia pour lire ? Ils ont déjà tout perdu. Tant pis.

    Une ques­tion d’en­vi­ron­ne­ment fermé

    À cause d’une DRM spéci­fique à Nokia, les livres ne pour­ront pas être trans­fé­rés ailleurs. Le tout est verrouillé. C’est typique­ment le problème que je reproche à l’en­vi­ron­ne­ment Kindle.

    Samsung, Sony, Micro­soft sont des gros acteurs, qui aurait prédit l’ar­rêt de leurs solu­tions ebook ? À son époque, Yahoo! avait aussi arrêté son service de musique en ligne. Quand j’étais en école Google n’exis­tait pas et personne n’ima­gi­nait la fin d’Al­ta­vista, d’ICQ, d’AOL ou de Yahoo!

    Nook (un des services phare de livres numé­riques aux États Unis) est lui même dans une situa­tion diffi­cile à prévoir. Micro­soft a préféré recom­man­der Kindle comme alter­na­tive à Nokia Reader alors qu’il détient 300 M$ dans la solu­tion Nook, pour­tant large­ment quali­ta­tive.

    Parier que le livre numé­rique sera toujours stra­té­gique chez Amazon c’est s’en­ga­ger sur un terrain abso­lu­ment impré­vi­sible. Quand le jour tant redouté arri­vera, tout sera perdu. Pas parce qu’A­ma­zon est une mauvaise société – leur service est même excep­tion­nel – mais unique­ment parce qu’ils verrouillent tout dans un envi­ron­ne­ment proprié­taire fermé.

    D’ailleurs il n’y a aucun besoin d’ima­gi­ner le pire. Il suffira qu’un jour vous ayez envie d’al­ler à la concur­ren­ce… Vous ne pour­rez y trans­fé­rer aucun livre sous DRM Kindle.

    Une prison dorée, c’est pratique, agréable, mais c’est une prison quand même. Plus on y reste, plus il est coûteux d’en sortir.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA à partir d’un travail de Antoine Walter

  • Non Amazon n’est pas moins cher (sur le livre)

    Je suis toujours profon­dé­ment frus­tré quand on me dit ache­ter ses livres sur Amazon « parce que c’est moins cher ».

    En France les livres sont vendus partout au même prix, celui fixé par l’édi­teur. Ce prix unique est garanti par la loi. Même les promo­tions, prix cassés et autres livres gratuits sont déci­dés par l’édi­teur et appli­cable chez tous les commerçants au même moment, sans excep­tion. Tout au plus les librai­ries peuvent appliquer une réduc­tion de 5%, ce qu’elles font quasi­ment toutes au moins sous forme de carte de fidé­lité mais qui ne paiera même pas une place de cinéma à la fin de l’an­née.

    Mais c’est certain que ce type de présen­ta­tion avec un « prix Amazon » est très trom­peur :

    Donc non, Amazon n’est pas moins cher que la FNAC, que votre super­mar­ché, ou que le site de votre libraire. Pas sur le livre français, ni papier ni numé­rique.

  • ADE 4 vous espionne (ou pas…)

    On vient de se rendre compte que le logi­ciel Adobe Digi­tal Editions 4 envoie un volume d’in­for­ma­tions impor­tant à un serveur en ligne. Il cafte les livres que vous lisez, les pages que vous tour­nez, etc. (exemple)

    Scan­da­leux ! mais…

    Cons­truc­tion produit

    Vous faites une appli­ca­tion de lecture, qui a pour rôle de gérer des DRM. Votre métier est très sensible vu que le système contrôle de fait une grosse partie de l’édi­tion numé­rique.

    Vous avan­cez, mais les yeux bandés. Assez rapi­de­ment vous avez envie de voir ce qu’il se passe. Pour ça une solu­tion est de mettre en place de la télé­mé­trie… des statis­tiques quoi :

    Pour ça rien de plus simple. Il suffit que le logi­ciel retienne quand certains événe­ments surviennent, puis envoie de temps en temps en ligne un paquet avec l’en­semble des événe­ments passés.

    De votre côté vous faites des agré­ga­tions et des statis­tiques. Vous saurez ce qui est utilisé ou non, si les gens se servent de votre outil unique­ment pour les DRM ou aussi pour lire des livres tiers, s’ils arrivent à lire jusqu’au bout ou aban­donnent avant la fin, si les perfor­mances sont assez bonnes.

    Vous pour­riez faire des tests utili­sa­teur en labo mais en réalité rien ne vaut les résul­tats réels. C’est juste indis­pen­sable.

    Que tracer ? On va regar­der à chaque fois qu’on ouvre un livre, quelques données sur le livre au cas où on repère une anoma­lie signi­fi­ca­tive, quand l’uti­li­sa­teur tourne les pages pour mesu­rer une progres­sion approxi­ma­tive, et quand l’uti­li­sa­teur ferme le livre. On va aussi tracer les licences DRM de chaque fichier, mais ça c’est le rôle même du logi­ciel.

    Si on a le temps, plus tard, une analyse dans cet énorme volume de données permet­trait d’avoir une meilleure connais­sance du marché, par exemple savoir si les gens lisent en moyenne des gros ou des petits livres, sur combien de temps. En réalité vu la masse de données ça ne se fera proba­ble­ment pas, d’au­tant que les données n’ont pas été struc­tu­rées pour ça (donc que ça néces­si­te­rait de rete­nir dans la durée chaque événe­ment indi­vi­duel et de faire des calculs non négli­geables pour en tirer des conclu­sions).

    Devi­nez quoi ?

    C’est exac­te­ment ce à quoi ressemble le cas d’ADE 4. Le logi­ciel trace l’ou­ver­ture du fichier, quelques infor­ma­tions sur le fichier, la licence DRM éven­tuelle, les chan­ge­ments de page avec une posi­tion très approxi­ma­tive, et la clôture du fichier.

    Les infor­ma­tions sont stockées séquen­tiel­le­ment, et ça manque cruel­le­ment des iden­ti­fiants qui permet­traient de jouer faci­le­ment à Big Brother. Pour exemple l’évé­ne­ment « je tourne une page » ne contient pas l’iden­ti­fiant du livre pour lequel on a tourné la page.

    Bref, je ne suis pas parano. Faire de la télé­mé­trie est l’état de l’art de toute construc­tion de produit aux États Unis. Une bonne star­tup fait même peut être plus de télé­mé­trie que de construc­tion produit. Pas pour récol­ter des profils utili­sa­teurs à la Google ou revendre les données, mais bête­ment pour comprendre ce qu’il se passe, de façon anonyme et agré­gée, et amélio­rer le produit comme sa connais­sance du marché.

    Alors ?

    Alors on n’en sait pas plus. Tech­nique­ment ils pour­raient effec­ti­ve­ment jouer à big brother s’ils voulaient (comme les données sont séquen­tielles, il suffit de regar­der les méta­don­nées du dernier événe­ment d’ou­ver­ture de livre pour savoir dans lequel on a tourné une page). Les données ne semblent simple­ment pas faci­li­ter cet usage et ce serait donc éton­nant que ce soit la fina­lité recher­chée. Main­te­nant c’est possible, tout est possible.

    Le problème n’est pas tant là en fait. Le problème c’est d’une part que tout ça est envoyé en clair, que cette télé­mé­trie n’est pas annon­cée (suffi­sam­ment) expli­ci­te­ment, et qu’on ne peut pas savoir ce qui en est réel­le­ment fait ensuite. Mozilla en fait aussi sur Fire­fox, mais vous propose d’y sous­crire expli­ci­te­ment avant, et chiffre tout ça.

    Reste un dernier point : Si c’est une petite star­tup en deve­nir ça passe encore mais Adobe a une taille monstre, et ces données permettent effec­ti­ve­ment des trai­te­ments massifs très dange­reux pour les liber­tés publiques si elles arrivent dans de mauvaises mains, par exemple un état tota­li­taire. Avec des trai­te­ments, on peut en effet savoir qui lit quoi et quand. Oups.

    Ce n’est pas tant ce que fait Adobe qui est scan­da­leux, mais de le faire aux USA aujourd’­hui, sans préve­nir suffi­sam­ment expli­ci­te­ment l’uti­li­sa­teur, avec ce qu’on connait des révé­la­tions de Snow­den, en clair sur le réseau, avec un logi­ciel qui est à ce point central dans la lecture de livre hors Amazon.

  • Pas dans le bon pays mon ebook ?

    Puisque le sujet refait surface, voici un peu d’ex­pli­ca­tions :

    La gestion des droits

    Le libraire obtient les droits de vente avec toute une série de droits atta­chés à chaque titre. Pour faire simple ça dit sur quels pays on a le droit de vendre. La date de publi­ca­tion (à partir de laquelle on a le droit de vendre), le prix (parfois imposé de par la loi) et la devise sont poten­tiel­le­ment diffé­rents pour chaque pays. En fait on pour­rait même avoir, pour des raisons de droits, une illus­tra­tion de couver­ture diffé­rente par pays.

    À partir de ça le libraire a l’obli­ga­tion contrac­tuelle (voire légale pour ce qui est du prix) de véri­fier l’adé­qua­tion de ces infor­ma­tions avec la vente à venir. En résumé : savoir à quel pays affec­ter la vente.

    On en arrive à des situa­tions comme celle de Jérôme :

    amazon fr est inac­ces­sible depuis l’étran­ger. Revenu en france, ma kindle n’ac­cep­tait que le store austra­lien..

    La vente par le libraire

    En France, on impose aux libraires indé­pen­dants une triple véri­fi­ca­tion. Pour pouvoir vendre sur la France, il faut trois condi­tions cumu­la­tives :

    1. L’adresse de factu­ra­tion du client est en France
    2. L’adresse IP du client est affec­tée à la France
    3. Le moyen de paie­ment est français, plus exac­te­ment la carte bancaire est déli­vrée en France

    Si un des trois ne corres­pond pas, la vente n’est pas française et le libraire doit la refu­ser.

    Bien entendu c’est diffi­ci­le­ment compré­hen­sible pour le client, surtout s’il est en vacances à l’étran­ger. Ne parlons même pas de celui qui a une adresse IP non recon­nue par la base de géolo­ca­li­sa­tion, ou un moyen de paie­ment peu clas­sique qui est enre­gis­tré à l’étran­ger.

    Le pire c’est le pays de la carte bleue qui n’est connu qu’a­près l’au­to­ri­sa­tion de paie­ment, ce qui implique d’an­nu­ler la tran­sac­tion après la saisie du numéro de CB. Autant dire que ça passe diffi­ci­le­ment pour le client.

    Vous note­rez qu’un français en vacances au Maroc ne peut pas ache­ter de livre numé­rique, pas plus qu’un expa­trié espa­gnol en France pour longue durée mais qui a sa visa affec­tée à son pays d’ori­gine. Avec ces règles ces gens ne pour­ront pas plus ache­ter au Maroc ou en Espagne : Ils ne pour­ront pas ache­ter, point.

    Pour certains libraires il est au final carré­ment plus simple de ne vendre que dans leur pays d’ori­gine plutôt que de s’amu­ser à compo­ser dans une multi­tudes de pays pour un rapport béné­fice / coût discu­table. Tous ont adapté leur archi­tec­ture pour tenir compte du système imposé, au prix des situa­tions comme celle de Jérôme en début de billet, même ceux qui ne subissent pas tota­le­ment ce triple critère.

    Encore de la gestion des droits

    Le libraire n’est pas coupable ici. Il ne prends pas toujours la meilleure solu­tion, mais il n’en a que des mauvaises à son arc.

    Tout ça est imposé par l’édi­teur, mais ne lui jetons pas la pierre trop vite non plus :

    Déjà l’édi­teur lui-même obtient peut être les droits unique­ment pour la France à partir d’un agent ou d’un éditeur étran­ger (on vend plus cher un droit exclu­sif pour chaque pays indé­pen­dam­ment qu’au­tant de droits non exclu­sifs où personne n’est garanti de quoi que ce soit). Bon gré mal gré, il a lui-même l’obli­ga­tion de faire respec­ter les droits géogra­phiques.

    Quand ce n’est pas lui qui achète les droits à des tiers, il se réserve poten­tiel­le­ment la possi­bi­lité de les revendre. C’est impor­tant pour son busi­ness et la renta­bi­lité de ses inves­tis­se­ments : Tous n’ont pas un circuit de vente inter­na­tio­nal. Le tiers lui deman­dera des droits exclu­sifs, ce qui implique forcé­ment d’im­po­ser tout de même ces restric­tions géogra­phiques.

    Bref, c’est tout le système qui fonc­tionne comme ça histo­rique­ment, parce que pour des livres papier ce n’est pas tota­le­ment idiot, et parce que les droits numé­riques accom­pagnent géné­ra­le­ment les droits papier. Il faut plus qu’un peu de bonne volonté pour chan­ger les choses.

    Même quand l’édi­teur dispose bien des droits monde, les prix dans certains pays sont gérés par la loi : En France le libraire doit vendre au prix fixé, ni plus ni moins. Sauf à ce que le prix soit stric­te­ment iden­tique partout – en faisant atten­tion aux conver­sions de devise et en niant la réalité écono­mique du marché local et du niveau de vie de chaque pays – on en revient encore à devoir véri­fier très stric­te­ment le pays de chaque vente.

    Aussi dommage que ça puisse être, le marché a évolué ainsi. Aujourd’­hui les éditeurs sont autant coin­cés là dedans que les libraires, les auteurs et les lecteurs.

    On peut espé­rer voir des assou­plis­se­ments dans les condi­tions (par exemple vali­der deux critères sur les trois, ou accep­ter un dépla­ce­ment hors de France occa­sion­nel pour un client français préexis­tant), mais le fond du problème ne dispa­rai­tra pas sans passer par le légis­la­tif, proba­ble­ment au niveau euro­péen.

    Que faire ? discu­ter avec votre député, français comme euro­péen.

    Dernière note : Pour plein de raisons, la situa­tion des vidéos est proba­ble­ment diffé­rente, parti­cu­liè­re­ment en ce qui concerne les vidéos en ligne type Youtube, et ce même si les effets visibles du grand public sont simi­laires.

  • Ninja Squad : Bilan des ventes de l’ebook Angu­larJS

    Ninja Squad : Bilan des ventes de l’ebook Angu­larJS

    On m’a montré le retour de Ninja Squad concer­nant leur ebook sur Angu­larJS.

    Premier retour : Bravo. J’ai étudié la possi­bi­lité de faire quelque chose de simi­laire, et je saute­rai proba­ble­ment le pas si j’écris un nouveau livre. Ils l’ont fait, l’ex­pé­rience a été posi­tive pour eux, et ils ont eu une rému­né­ra­tion non négli­geable. Bref, bravo.

    Très heureux de voir aussi que les lecteurs sont prêts à soute­nir l’ini­tia­tive, et pas payer le prix plan­cher à chaque fois. Ça commence à être connu sur les humble bundle, mais c’est agréable à chaque fois qu’on le confirme.

    Main­te­nant vu qu’on m’a pointé le billet, ça vaut le coup de démon­ter tout le discours parce que ça va induire trop de monde en erreur.

    Tout d’abord le prix libre

    Tous les auteurs ne se seraient pas mis à risque ainsi. Ils l’ont fait, bien fait, avec succès. Bravo.

    carac­té­ris­tique notable qui n’aura échappé à personne : il est vendu à prix libre

    Aïe, c’est illé­gal.

    En France, le prix la loi impose de fixer un prix pour le livre, et il est inter­dit de vendre à un autre prix (c’est un peu plus complexe que ça sur des cas parti­cu­liers mais on peut s’ar­rê­ter à ça concer­nant notre exemple).

    Diffi­cile du coup de recom­man­der l’ini­tia­tive de Ninja Squad.

    J’avais exploré un peu le sujet. Le don est quasi­ment exclu dans ce cas. Une possi­bi­lité est de faire plusieurs éditions à des prix éche­lonné sur la four­chette probable, avec du contenu légè­re­ment diffé­rent (images supplé­men­taires, préface en plus, formats en plus, couver­ture de couleur diffé­rente, etc.). Une autre serait de vendre en bundle un dessin, un auto­graphe, enfin quelque chose qui lui serait à prix libre à côté du livre à prix plan­cher fixe.

    Ça reste de toutes façons très arti­fi­ciel et je ne garan­tis pas l’idée inat­taquable juri­dique­ment.

    Ensuite les reve­nus

    4000 € HT ce n’est pas rien. Il y a plein d’au­teurs qui effec­ti­ve­ment gagnent moins que ça. Bref, encore une fois bravo.

    on a fait 4300 visi­teurs unique, et 395 ventes pour un total de plus de 3900€ HT

    Atten­tion tout de même, ici on ne parle pas de gain « auteur » mais de gain « entre­prise ». Quand l’édi­teur vous verse 4000 €, il ne reste que l’im­pôt sur le revenu à payer. Ici c’est la struc­ture qu’ils ont choisi qui encaisse. Il faut payer l’im­pôt sur les socié­tés, et proba­ble­ment des charges et coti­sa­tions avant que ça arrive dans la poche de l’au­teur. Dans le meilleur des cas (auto-entre­pre­neur) c’est 20% forfai­taires envi­ron. Il ne reste donc au mieux que 3200 € en réalité.

    D’un autre côté ils ont facturé à 20% de TVA, et je ne comprends pas du tout pourquoi. Le livre, y compris numé­rique, c’est une TVA à 5%. Ils ont donné 15 points de marge à l’État, gratui­te­ment, au lieu de les garder pour eux. Bref, ils ont eux 3 200 € en poche mais avec le bon taux de TVA ça aurait effec­ti­ve­ment pu être dans les 4 000 €.

    Mora­lité : des auteurs recon­nus, sortant un livre de réfé­rence sur des tech­no­lo­gies univer­sel­le­ment utili­sées, n’ont pas gagné plus d’argent que nous avec ce modeste livre vendu par nous-même dans des propor­tions infi­ni­ment plus faibles.

    Foutaises !

    Toutes propor­tions gardées parce que j’ai publié en papier, mais mon gain total sur mon premier livre, donc avant que je ne sois connu, a proba­ble­ment été d’en­vi­ron 40 000 € au total. On était deux, donc le gain du livre était de l’ordre de 80 000 €. C’est quand même autre chose que 4 000 €.

    Ce n’est pas à chaque fois, rare­ment autant, et on pourra trou­ver plein de contre-exemples, mais de là à dire qu’un auteur connu gagne moins de 5 000 € sur un livre réfé­rence, il y a un pas que je ne fran­chi­rai juste pas.

    Et par rapport à un éditeur ?

    Pour la rému­né­ra­tion, c’est simple : l’au­teur touche 8/10/12% du prix… EDITEUR !!! Donc, mon livre est à 49$, prix éditeur 22$ et moi je touche 2.2$

    Foutaises !

    L’his­toire rappor­tée par le billet de Ninja Squad est certai­ne­ment vraie, mais elle est loin d’être la norme, pas en France tout du moins.

    Si en France on parle bien de 8, 10 ou 12% pour l’au­teur, on parle d’un pour­cen­tage sur le prix de vente public HT, pas du prix éditeur. La diffé­rence est juste du simple au double.

    Du coup, sur un bouquin tech­nique, souvent au delà de 20€, avec une TVA à 5%, c’est quasi­ment toujours au moins 2 € par livre et non 1 € comme indiqué dans le billet.

    En numé­rique c’est encore plus déli­cat vu qu’outre atlan­tique – puisque l’au­teur cité a publié là bas – et avec un éditeur clas­sique, il n’est pas anor­mal d’avoir une commis­sion doublée sur les ventes numé­riques. Les éditeurs tech­niques pur numé­riques vont même jusqu’à 50% (PragP­rog par exemple).

    le suivi est misé­reux, la relec­ture quasi inexis­tante et les contraintes multiples

    Je ne peux que racon­ter mon expé­rience : Ça n’a pas empê­ché de multiples coquilles et quelques ratés de maquet­tage, mais j’ai eu une relec­ture non tech­nique à chaque édition. Je me rappelle parti­cu­liè­re­ment la première, rela­ti­ve­ment poin­tilleuse, y compris sur la typo­gra­phie et ce malgré un nombre de pages impres­sion­nant et de multiples allers-retours.

    Côté relec­ture tech­nique ils se sont simple­ment assu­rés que c’était sérieux et que nous avions des gens pour ça. Je crois qu’ils nous ont proposé des contacts pour ça au moins pour une édition. Je n’ima­gi­nais de toutes façons pas qu’ils aient un expert tech­nique de chaque sujet en interne, mais ils ont fait leur boulot.

    Je ne me rappelle pas de contraintes parti­cu­lières mis à part l’im­pres­sion papier en noir et blanc, pas dues à l’édi­teur en tout cas. On leur a pour­tant parfois demandé des choses « anor­males ».

    Par contre j’ai du du suivi, des coups de pieds au fesse quand il fallait pour que ça avance, des commen­taires sur le sommaire avant de prendre une mauvaise direc­tion. Rien de fantas­ma­go­rique, mais ils étaient là. Merci Muriel et Karine (entre autres).

    nous ne voyons pas l’in­té­rêt de passer par le circuit tradi­tion­nel de l’édi­tion

    Je ne dis pas que passer par un éditeur est forcé­ment une bonne idée. Devoir aban­don­ner ses droits pour sa vie, et même 70 ans après sa mort, ça me bloque sérieu­se­ment désor­mais.

    Pour du pur numé­rique, il y a large­ment de quoi se poser la ques­tion. J’au­rais tendance à privi­lé­gier l’auto-publi­ca­tion. Pour un livre qui aurait un volume de vente signi­fi­ca­tif en papier, ou si vous privi­lé­giez la diffu­sion et le béné­fice d’image à la rému­né­ra­tion, l’édi­teur a en revanche une carte à jouer (assu­rez-vous qu’il la joue, il peut aussi ne quasi­ment rien faire si on ne le chal­lenge pas, comme n’im­porte quel four­nis­seur).

    Et même si rien n’est fait exac­te­ment comme nous on l’au­rait fait, l’édi­teur qui se charge du choix des polices, du maquet­tage, de l’en­voi sur les réseaux de vente, de la collecte des ventes, du dépôt légal, des décla­ra­tions fisca­les… ce n’est pas rien non plus. En tous cas ce n’est pas aussi noir que décrit.

    Ça n’em­pê­chera de toutes façons pas de faire sa propre landing page, son marke­ting, et tout ce que Ninja Squad a pu faire comme commu­ni­ca­tion autour de leur livre.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Luca Rossato

  • Ivres de la jungle

    Ivres de la jungle

    Auteur (un peu) connu ; chro­niqueur humo­ris­tique, en rupture du monde de l’édi­tion qui ne m’ac­corde pas de crédit malgré mon lecto­rat passé, et encore actuel, depuis quelques années (http://fr.wiki­pe­dia.org/wiki/Fran­cis_Mizio), je lance cette nouvelle forme de ce que jadis on appe­lait une sous­crip­tion.
    Ivres de la jungle, sur Ulule

    Dans tous les systèmes écono­miques alter­na­tifs pour la produc­tion cultu­relle, le finan­ce­ment parti­ci­pa­tif est un de ceux que j’ap­pré­cie le plus.

    C’est encore bancal car hors des usages, mais ça répon­dra à une partie des problé­ma­tiques bien mieux que les licences globales, rede­vances de copie privée, contri­bu­tion créa­tives et autres systèmes déri­vés d’une gestion collec­tive.

    Voyez ça comme un système de micro-mécé­nat, qui est juste le système qui a financé la culture sur quasi­ment toute l’his­toire humaine. La préva­lence du droit d’au­teur patri­mo­nial est un événe­ment assez récent qui n’a jamais été stable ou tota­le­ment satis­fai­sant.

    Ici ça prend de plus la forme d’une précom­mande, ce qui assure le créa­teur de sa rému­né­ra­tion mini­mum avant même la réali­sa­tion.

    On ne finan­cera pas tout par le parti­ci­pa­tif, il ne s’agit pas de faire mourir le droit d’au­teur pour autant, mais si vous voulez parti­ci­per à la liberté des auteurs et à la construc­tion d’un autre écosys­tème, c’est entre autres par là que ça se passe. Et c’est sacré­ment bien adapté à la problé­ma­tique du livre.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY par Mario Mancuso

  • Le DRM qui protège

    Le DRM qui protège

    Oh combien je déteste cette novlangue du DRM qui « protège » le contenu ou le fichier.

    Le contenu et le fichier vont très bien, merci pour eux. Ils ne risquent rien. Le DRM en lui-même n’em­pêche d’ailleurs géné­ra­le­ment pas la copie, juste ce qu’on peut faire avec.

    Le DRM protège les inté­rêts de certaines personnes, dont les ayant droits. Parfois pas très intel­li­gem­ment et avec un effet posi­tif à démon­trer, mais OK.

    Le fichier, lui, n’est pas protégé. Il est verrouillé. Et c’est bien diffé­rent.

    En commençant avec les bonnes formu­la­tions, on va déjà éviter de se leur­rer et de trom­per nos inter­lo­cu­teurs.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Lok Leung