Catégorie : Livre numérique

  • Le prix du livre numé­rique : 3 – Le coût du numé­rique

    Dis tonton, pourquoi on me dit que le livre numé­rique coûte autant que le livre papier ? Ça n’a aucun sens !

    Pour justi­fier que les livres numé­riques coûtent sensi­ble­ment plus cher ou à peu près aussi cher que les livres papier, on raconte que ça coûte autant à l’édi­teur.

    C’est diffi­cile à contes­ter parce qu’on entre sur des terrains maré­ca­geux où les coûts ne sont pas publics, et diffé­rents pour chaque éditeur, chaque distri­bu­teur, chaque type de livre. Je vais unique­ment parler de romans (c’est très diffé­rents pour des epub 3 complexes) pour des éditeurs de moyenne impor­tance ou plus.

    Tentons toute­fois de dégon­fler la légende.

    Le travail d’édi­teur

    Commençons par tout ce qui est iden­tique : la sélec­tion, le travail de l’au­teur, l’ac­ti­vité de correc­tion, d’édi­tion, de style de collec­tion, de promo­tion hors librai­rie (quand il y en a), de comp­ta­bi­lité et suivi des ventes. Là dedans rien ne change qu’on parle de papier ou de numé­rique, ou si peu. Ça ne justi­fie ni un prix plus faible ni un prix plus fort.

    Les tiers de la chaîne

    En théo­rie l’au­teur fait le même travail et gagne la même chose. En pratique chez de nombreux éditeurs les droits d’au­teurs sont réduits sur les éditions numé­riques, jusqu’à la moitié.

    La chaîne de vente (diffu­seur, distri­bu­teur, libraire) est très diffé­rente en numé­rique et en papier. Les coûts sont aussi très diffé­rents suivant qu’on parle d’un petit éditeur ou d’un gros, d’un petit libraire ou d’un gros. Sensi­ble­ment la somme des trois repré­sente quelque chose comme 40 à 55% sur un livre papier, 35 à 45% sur un livre numé­rique.

    La fabri­ca­tion

    Là on arrête de rire.

    Côté papier on paye quelqu’un a faire la maquette fine : au moins relire pour régler les veuves, orphe­lines et césures néces­saires, au jugé après un premier travail auto­ma­tique. Il y a un bon à tirer validé avec l’au­teur à ce niveau, donc forcé­ment un vrai travail qui coûte des sous. C’est fait en interne, je suppose de quelques à plusieurs centaines d’eu­ros.

    Ensuite il faut impri­mer. Je n’ai pas les coûts non plus mais il y a un coût fixe rien que pour régler et cali­brer la chaîne d’im­pres­sion. C’est non négli­geable au point que déclen­cher une nouvelle impres­sion à l’iden­tique a un coût signi­fi­ca­tif pour mon éditeur. Bien entendu il y a des exem­plaires de test, des risques d’échec, des vali­da­tions à faire. On parle de travail manuel, donc cher.

    Enfin il faut payer le papier, l’encre, l’im­pres­sion et l’as­sem­blage. C’est un coût par livre, donc pas négli­geable non plus, même si ça dépend forcé­ment des choix de qualité de l’édi­teur.

    Ça ne repré­sente peut-être pas le coût prin­ci­pal dans un livre, mais c’est cher, non négli­geable, et crois­sant avec le nombre de livres vendus.

    À côté la fabri­ca­tion d’un roman simple c’est la course au pres­ta­taire le moins cher. On trouve des éditeurs qui travaillent avec des chaînes auto­ma­tiques pour 50 € par titre, et certains peuvent deman­der des aides du CNL pour cela. Les éditeurs qui y inves­tissent le plus doivent comp­ter en centaines d’eu­ros. C’est un coût fixe, non dépen­dant du nombre d’exem­plaires vendus.

    Les stocks

    Dernier détail : En papier on réalise des tirages. L’im­pres­sion se fait sur quelques centaines, quelques milliers ou quelques dizaines de milliers d’exem­plaires. Comme on l’a vu, ça coûte cher. C’est un pari.

    Ces exem­plaires il faut les envoyer, stocker le surplus, parfois récu­pé­rer les retours inven­dus des libraires, parfois avoir imprimé trop d’exem­plaires et payer pour les détruire alors qu’on a déjà payé pour les construire.

    Il faut prévoir assez – pour ne pas repayer inuti­le­ment les coûts fixes de l’im­pres­sion – mais pas trop – pour ne pas payer des livres qu’on va mettre au pilon où vendre soldés. Ce risque est inclus dans le prix du livre papier.

    Côté numé­rique, rien de tout ça. Zéro, nada. Une fois payés les 50 à 500 €, on est tranquilles quelles que soient les ventes.

    Résu­mons un peu

    Si on publie un livre papier, les coûts fixes supplé­men­taires pour le publier en numé­rique sont de l’ordre de quelques dizaines à quelques centaines d’eu­ros. En paral­lèle, pour l’édi­teur, les coûts variables signi­fi­ca­ti­ve­ment plus faibles que pour un livre papier. Mieux, il n’y a aucun risque de payer des livres qui fini­rons en inven­dus.

    Pour un petit éditeur, 20 à 100 € de coût fixe ça peut être un vrai frein. Les ventes numé­riques sont faibles et, même s’ils sont faibles, il n’a pas de garan­tie de rentrer dans ses frais. Oui, un petit éditeur ce sont des équi­libres très précaires.

    Pour un éditeur de moyenne à grande impor­tance, par contre, la vérité c’est que même en offrant un prix sensi­ble­ment moins cher au public, l’édi­teur y gagne plus sur un livre numé­rique que sur un livre papier.

    Si un éditeur justi­fie un prix élevé du numé­rique à cause de coûts spéci­fiques, si c’est un éditeur qui compte au moins en centaines d’exem­plaires numé­riques vendus, c’est du vent.

    L’au­teur

    Aujourd’­hui le vrai perdant, comme toujours, c’est malheu­reu­se­ment l’au­teur. Vu qu’il est payé au pour­cen­tage, non seule­ment un livre numé­rique moins cher lui rapporte moins, mais parfois son pour­cen­tage est même réduit signi­fi­ca­ti­ve­ment quand il s’agit d’une vente numé­rique (c’est vrai aussi sur les ventes poche cela dit).

    La solu­tion n’est pas de refu­ser le numé­rique et d’ache­ter en papier, c’est d’ai­der les auteurs à avoir une part correcte des ventes en numé­rique.

    Heureu­se­ment ça bouge, de plus en plus les bonnes maisons d’édi­tion acceptent de donner à l’au­teur une commis­sion plus impor­tante sur les ventes numé­riques.

  • Le prix du livre numé­rique : 2 – Privi­lé­gier le papier

    Dis tonton, pourquoi je trouve mon livre numé­rique au même prix ou légè­re­ment plus cher que le livre papier en librai­rie ? Ça n’a aucun sens !

    Autant dans le cas précé­dent il y a de bonnes raisons écono­miques ou histo­riques, là on passe dans l’idéo­lo­gie.

    Il y a des éditeurs qui ne veulent pas que le numé­rique se diffuse. Il y a autant de raisons à ça que d’in­ter­ve­nants. Il y a les élitistes qui consi­dèrent qu’un livre c’est du papier et c’est tout ou qui ont une détes­ta­tion claire de tout ce qui est écran ou numé­rique. Il y a ceux qui pensent que le numé­rique va détruire le droit d’au­teur, et donc leur acti­vité voire toute la créa­tion litté­raire. Il y a ceux qui parlent de destruc­tion de valeur et qui ont peur d’une baisse des prix, et donc de leur capi­tal. Il y a ceux qui ont peur que le pouvoir passe des mains des éditeurs aux mains des distri­bu­teurs (Amazon, Apple, mais pas que).

    Je ne dirai certai­ne­ment pas que tout est folie – surtout le dernier point – mais plus qu’un vrai choix stra­té­gique, ça semble être la somme des craintes et juge­ments de chaque personne qui fait que la machine freine face au chan­ge­ment et à tout ce qui est numé­rique.

    Le résul­tat c’est que oui. Aujourd’­hui il y a encore des éditeurs qui mettent le numé­rique au même prix que le papier. C’est souvent argu­menté – et contes­table – mais entre les lignes c’est aussi une volonté de garder le marché tel quel, avec du papier.

    Même dans les divi­sions numé­riques dont c’est le rôle, on ne veut pas déclen­cher la révo­lu­tion trop tôt, on appuie plus sur le frein que sur l’ac­cé­lé­ra­teur.

    Bref, même prix. Sauf que les libraires ont le droit de faire 5% de remise sur les livres papier. Même prix facial, mais le papier se retrouve au final moins cher à l’achat que le numé­rique.

    Jouer le jeu

    J’ai peu de solu­tions à ça parce qu’on joue sur la crainte du futur. J’ai essayé de discu­ter mais ça ne bougera pas vite. Le pire c’est qu’en ache­tant le papier quand le prix est iden­tique, on renforce leur logique.

    Le seul conseil que j’ai c’est d’ex­pri­mer notre mécon­ten­te­ment publique­ment, à chaque fois qu’un éditeur ne joue pas le jeu.

    Un éditeur qui joue le jeu, c’est qu’un roman numé­rique ait au moins 30% de décote sur le grand format papier, et au moins 15% par rapport au prix facial du format poche si ce dernier existe.

  • Le prix du livre numé­rique : 1 – Le format poche

    Dis tonton, pourquoi je trouve mon livre numé­rique à plus de 15 € alors que j’ai le même livre papier à 8 € en librai­rie ? Ça n’a aucun sens !

    Une telle diffé­rence c’est la faute du livre de poche.

    En papier il y a le grand format et le poche. Les nouveau­tés sortent en grand format – à prendre au sens litté­ral, le livre est de plus grande taille – avec du bon papier bien blanc et bien épais, et un prix aujourd’­hui supé­rieur à 20 €.

    Quand les ventes en grand format s’épuisent, on donne alors une seconde vie au texte en sortant une édition poche : petite taille avec un papier de moindre qualité mais un prix dans les 8 €.

    Ce qu’il faut rete­nir c’est que ces deux éditions sont au mieux gérées par des collec­tions ou des filiales rela­ti­ve­ment indé­pen­dantes dans la maison d’édi­tion. Pour les éditeurs c’est vrai­ment un second livre, distinct, pas juste une baisse de prix. Souvent il s’agit même d’un éditeur diffé­rent qui rachète spéci­fique­ment le droit d’édi­ter en version poche.

    parlons de numé­rique

    L’édi­teur du grand format vend son livre numé­rique à un prix initia­le­ment élevé, en rapport avec le prix de sa version papier. Quand l’édi­tion poche arri­ve…

    … parfois il n’a pas envie de bais­ser le prix numé­rique alors que l’édi­tion grand format papier est toujours en vente. Le lecteur ne compren­drait pas (si, si, un éditeur m’a dit ça).

    … parfois le livre numé­rique conti­nue à se vendre à son prix initial. Comme les ventes numé­riques sont faibles, on veut amor­tir les inves­tis­se­ments le plus long­temps possible, quitte à ce que le papier soit moitié moins cher. Le prix chan­gera quand les ventes chute­ront, pour donner là aussi une seconde vie.

    … parfois l’édi­teur du grand format ne s’en préoc­cupe simple­ment pas. Les ventes numé­riques sont faibles par rapport au papier, personne ne cherche à y mener une poli­tique tari­faire cohé­rente.

    … parfois l’édi­teur grand format ne veut pas concur­ren­cer le livre de poche. La revente des droits poche est un vrai busi­ness très rentable et on ne veut pas mécon­ten­ter l’édi­teur poche (celui qui achète les droits) en marchant sur ses plate-bandes du livre peu cher. On ne me l’a pas dit expli­ci­te­ment mais je crois même avoir compris que parfois il y avait un enga­ge­ment contrac­tuel de l’édi­teur grand format de ne pas vendre au-dessous d’un certain prix… et malheu­reu­se­ment ça vaut alors aussi pour le numé­rique.

    Petite astuce

    Les couver­tures des deux éditions sont géné­ra­le­ment diffé­rentes. Si votre livre numé­rique a la même illus­tra­tion de couver­ture que l’édi­tion initiale grand format, il y a toutes les chances qu’un prix élevé vienne de cet héri­tage lié aux éditions papier.

    Il y a eu une prise de conscience et les grandes maisons d’édi­tion ne se laissent plus toutes avoir. Il reste que les habi­tudes et les contrats ne se changent pas d’un coup.

    Petite astuce quand même : parfois l’édi­teur grand format et l’édi­teur poche ont tous deux une version numé­rique… à des prix diffé­rents. Si le prix vous semble déli­rant, regar­dez si le même titre n’existe pas aussi en paral­lèle à un prix plus abor­dable. Ça arrive.

  • Le géoblo­cage ne s’ap­pliquera pas aux livres numé­riques


    Merci au SNE de s’en réjouir.

    Il aurait été telle­ment dommage de diffu­ser la culture française à l’in­ter­na­tio­nal, de permettre d’ac­cé­der faci­le­ment à la tota­lité de l’offre édito­riale en français aux étran­gers qui apprennent ou parlent notre langue, de chez eux ou de passage chez nous, ainsi qu’aux expa­triés et aux français en voyage à l’étran­ger…

    La problé­ma­tique est la même dans l’autre sens : Pour les français d’ac­cé­der aux livres en version non traduite, d’ici ou pendant leurs voyages à l’étran­ger.

    Je suis bien au courant des problé­ma­tiques que pose la vente trans­fron­ta­lière. Il y a les problèmes des légis­la­tions natio­nales comme le prix unique du livre en France et la concur­rence faus­sée qui peut en naître.

    Il y a les éditeurs qui eux-mêmes n’ont pas toujours acquis des droits qui leur permettent de vendre en dehors d’une zone bien défi­nie – ou qui ne souhaitent pas le faire pour pouvoir revendre ces droits à d’autres éditeurs locaux.

    Pour autant, ce ne sont que des problèmes pratiques qu’il serait temps de commen­cer à dépas­ser. C’est d’ailleurs bien l’in­ten­tion du règle­ment euro­péen sur le géoblo­cage : mettre fin à ces situa­tions ubuesques.

    Dire que c’est complexe, que ça néces­site du temps, ça oui. Mais bon, ça fait long­temps qu’on en parle et à part faire barrage, on ne voit pas beau­coup d’ac­tions. Appuyer chaque mesure qui évite d’ou­vrir la culture et s’en réjouir, ça c’est un peu dommage.


    On notera que le « immé­dia­te­ment » de la cita­tion d’ori­gine n’a été ajouté qu’a­près coup, suite aux réac­tions indi­gnées. Vous en concluez ce que vous voulez, surtout que l’in­ten­tion n’a jamais été de simple­ment deman­der une période de tran­si­tion.

  • Synchro­ni­ser mes lectures

    J’at­tends une liseuse qui me permette d’im­por­ter mes propres livres ache­tés hors de la plate­forme du construc­teur et qui me permette d’en synchro­ni­ser les posi­tions de lecture et surli­gne­ments entre la liseuse et le smart­phone.

    Bonus si j’ai une sorte d’es­pace de stockage en ligne qui ne m’im­pose pas de stocker toute ma biblio­thèque en local sur chaque appa­reil. Si la liseuse gère les DRM Adobe et LCP c’est encore mieux, mais pas stric­te­ment indis­pen­sable.

    Plein de jardins plus ou moins fermés, aucun système ouvert assez mature pour offrir ça, et ça me manque.

    Je sais déve­lop­per le système de synchro­ni­sa­tion – je suis même prêt à le faire – et il est assez facile de se repo­ser sur un Drop­box ou équi­valent pour le stockage si néces­saire. Le problème c’est bran­cher ça sur une liseuse de qualité.

    J’achète la première liseuse suffi­sam­ment ouverte pour me permettre de faire ça.

  • Amazon’s new $50 Kindle Fire won’t reco­gnize side­loa­ded ebooks on SD cards

    The Kindle Fire comes with a SDXC card slot that outclasses every other tablet in its price range, accom­mo­da­ting storage cards that can hold as much as 128GB of media — but it won’t read ebooks from the slot.

    Chris adds, « This seems like a strange over­sight, given that every other media app on the tablet uses that card for down­loa­ding and storage, and its 5 GB usable inter­nal memory isn’t a lot for people who have a large library of picture-heavy e-books — espe­cially if they want to install other apps, too. »

    […]

    Every walled garden wants to keep out the compe­ti­tion. Amazon also announ­ced yester­day that it would stop carrying the Chro­me­cast and Appletv, devices from Google and Apple that compete with its own Fire TV.

    via BoingBoing

    Et pour­tant j’ai encore des gens, à chaque fois que j’aborde des compa­ra­tifs de liseuses en expliquant avoir mis de côté les Kindle, qui m’ar­gu­mentent que je réagis par inté­rêt ou par idéo­lo­gie.

    Pour l’ins­tant le jardin est grand, doré, mais il est fermé. Demain le jardin sera peut être trop petit, ou les dorures auront dispa­rues parce qu’il sera temps de renta­bi­li­ser. Vous, vous serez encore à l’in­té­rieur.

    Vous, nous peut-être. Je ne sais pas. Parce que l’ana­lyse vaut pour plus que le livre numé­rique et Kindle.

  • No, e-book sales are not falling, despite what publi­shers say

    Il y a des éditeurs qui font volon­tai­re­ment un prix numé­rique supé­rieur au prix papier pour leurs livres, prétex­tant la défense des libraires et les faibles ventes numé­riques. Quand je dis qu’ils sont en train de se tirer une balle dans le pied…

    But that’s only half the story. Accor­ding to the figures from Author Earnings — which are based in part on regu­lar samples of Amazon sales data — what’s really been happe­ning is that the market share of esta­bli­shed publi­shers has been decli­ning, while sales of inde­pen­dently publi­shed e-books have been growing. In parti­cu­lar, sales of books that don’t even have indus­try stan­dard ISBN numbers have increa­sed.

    extrait du maga­zine Fortune

    Ça se passe aux États-Unis, où faire payer plus cher le numé­rique que le papier serait inima­gi­nable, mais où les prix des livres des gros éditeurs sont en train de remon­ter.

    Bref, en propo­sant une offre inadap­tée, on habi­tue simple­ment auteurs et lecteurs à se passer des gros éditeurs. Quand vous les enten­drez appe­ler à la défense du droit d’au­teur face au numé­rique et à la baisse des ventes, repen­sez-y. Ce sont peut être simple­ment eux qui tournent une page, perdant leur quasi mono­pole pour deve­nir un modèle parmi d’autres possibles.

  • Les liseuses recom­man­dées – hiver 2015–2016

    Vous pensez passer au livre numé­rique et cher­chez une liseuse ? Voici les deux modèles que je recom­mande :

    Ma préfé­rée est la Kobo Glo HD. Elle a le meilleur écran du marché pour le prix du moyen de gamme d’hier (130 €). Je préfé­re­rais que ce ne soit pas une Kobo parce que la poli­tique de DRM n’est pas parfaite, mais ça reste un appa­reil globa­le­ment ouvert et de très bonne qualité. On trouve des liseuses plus chères, mais elles sont géné­ra­le­ment moins bien.

    À 10 € de moins on trouve la TEA Touch Lux 3 de Pocket­book. La réso­lu­tion d’écran est plus faible mais on reste sur la tech­no­lo­gie Carta HD. On gagne des boutons physiques et une chaîne ebook qui se veut vrai­ment ouverte, notam­ment avec un port micro-SD et l’uti­li­sa­tion de DRM légers quand l’édi­teur le permet.

    * * *

    Pour un peu moins cher on trouve – dans mon ordre de préfé­rence – la Pocket­book Touch Lux 2, la Kobo Aura 6″ et la Cybook Odys­sey Front­light 2. Toutes trois sont dans la même gamme, à 99 € avec l’ éclai­rage et un écran Pearl HD (un peu moins bon que celui de la Touch Lux 3). Il y a aussi la Cybook Muse Front­light de Bookeen, mais à 10 € de plus.

    Je conseille quand même une des deux recom­man­dées tout en haut : L’ap­pa­reil devrait durer plus de deux ans, bien plus si vous êtes soigneux et que vous ne cédez pas à la tenta­tion du renou­vel­le­ment. On y passe litté­ra­le­ment des heures et des heures. Pas certain que les 20 € de gagnés soient vrai­ment perti­nents dans ce cadre, mais ces diffé­rentes liseuses restent des choix sûrs si vous êtes réel­le­ment serrés en budget.

    En dessous de 99 €, par contre, vous faites clai­re­ment de mauvaises écono­mies. À chaque fois que j’en­tends l’his­toire d’une liseuse qui finit par rester sur l’éta­gère, c’est un modèle sous la barre des 99 €. La réci­proque est aussi vraie : À chaque fois elles finissent par rester sur l’éta­gère. Je n’ai aucune excep­tion en tête, vrai­ment. Autant ne rien ache­ter.

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    On trouve aussi des grand formats 8″ mais les retours que j’ai eu en utili­sa­tion réelle ne sont bons ni sur la dura­bi­lité ni sur le côté pratique du format (poids, taille).

    La 6.8″ de la Kobo Aura H2O est sympa­thique mais la Glo HD reste une meilleure qualité de lecture pour moins cher. La faible diffé­rence de taille ne me semble pas assez signi­fi­ca­tive pour en faire un vrai avan­tage. Elle n’aura de sens que pour ceux qui ont vrai­ment envie de l’étan­chéité (et là c’est le seul modèle que je conseille).

    L’éclai­rage vaut vrai­ment d’y mettre quelques euros, autant pour l’aug­men­ta­tion de contraste ressenti que pour lire le soir dans le lit sans déran­ger son conjoint. Ce mode d’éclai­rage et son inten­sité n’ont vrai­ment rien à voir avec ceux d’une tablette ou d’un smart­phone. Il ne fati­guera pas les yeux et ne vous tien­dra pas plus éveillé qu’une lampe de chevet.

    La diffé­rence entre un écran simple et un écran Pearl HD ne se verra pas du premier coup d’œil sur un présen­toir de démons­tra­tion mais il se sent vrai­ment à l’usage. Un mauvais écran ne vaudra jamais le coup, quel que soit le prix auquel vous le trou­ve­rez : Vous ne lirez pas dessus plus d’un an.

    Quant aux autres marques que celles citées jusqu’à présent vous pour­riez avoir de bonnes surprises, mais vous risquez surtout d’être déçus.

    Vous trou­ve­rez certai­ne­ment plein de raisons de vouloir telle ou telle liseuse, mais rappe­lez-vous : En pratique, quand il s’agit de lire, seules la qualité de lecture de l’écran et l’ou­ver­ture de l’éco­sys­tème ont vrai­ment un sens. Le reste est du registre de l’ac­ces­soire.

    * * *

    Et les Kindle ? même réponse que d’ha­bi­tude :

    Le problème est que c’est un appa­reil fermé dans un écosys­tème fermé. Ce que vous y ache­tez y restera, tota­le­ment assujetti à la volonté d’Ama­zon : S’ils ferment votre compte vous l’avez dans l’os. Si vous chan­gez de pays, même chose. Si vous voulez passer à une liseuse autre que Kindle, même chose. Vous aurez à aban­don­ner tous vos achats, et plus long­temps vous y reste­rez plus vous aurez à aban­don­ner.

    Si demain ils deviennent simple­ment plus chers ou moins bons que la concur­rence, vous serez coin­cés. Et si demain ils se fâchent plus fort qu’hier avec Hachette, c’est un tiers des livres français que vous ne trou­ve­rez plus dans le cata­logue. Si demain, comme Sony, ils décident de ne plus faire de livre numé­rique, là c’est la catas­trophe poten­tielle.

    Il y a possi­bi­lité de conver­tir les livres mais seuls quelques rares parmi les plus geeks d’entre vous conti­nue­ront à le faire au jour le jour plutôt que de profi­ter de tous les avan­tages de l’éco­sys­tème interne. Et même alors, ça ne concerne que les livres sans DRM, c’est à dire très peu voire aucune des nouveau­tés les plus vendues.

    Bien entendu, s’ils changent de format, vous êtes dépen­dants de l’hy­po­thé­tique déve­lop­pe­ment d’un nouveau conver­tis­seur de la part de la commu­nauté, sans aide et contre la volonté d’Ama­zon. On me souffle dans l’oreillette que c’est juste­ment ce qu’il est en train de se passer cette semaine. Oups…

    Bref, pas de Kindle tant qu’ils ne s’ouvrent pas plus. La péren­nité n’est pas tip top.

    * * *

    Enfin, mais pas le moins impor­tant : Fuyez les tablettes LCD si c’est pour lire autre chose que des bandes dessi­nées et des livres tech­niques.

    Le poids, le rétroé­clai­rage puis­sant direct dans les yeux, l’au­to­no­mie ridi­cule par rapport à une liseu­se… Vous seriez dégou­tés du numé­rique sans en avoir gouté les avan­tages.

  • Pas moins de 25% en numé­rique

    Je ne publie­rai pas avec un éditeur sans au moins 25% de droits d’au­teur sur le prix hors taxe des ventes numé­riques.

    J’ai conscience qu’au­cun grand éditeur ne propose autant. Ça voudra dire gérer soi-même la diffu­sion numé­rique. J’ai conscience que tous les grand éditeurs imposent la cession des droits numé­riques en même temps que les droits papier. Si ça veut dire ne pas publier en papier chez un grand éditeur, tant pis.

    Peut-être que ce sera chez un petit éditeur à la mode, peut être que ce sera en auto-publi­ca­tion chez Amazon & co. ou même en vente direct. Je ne sais pas, proba­ble­ment ne gagne­rai-je pas forcé­ment plus au final mais au moins ne donne­rai-je pas mes droits pour 120 ans dans un accord tota­le­ment déséqui­li­bré.

    * * *

    Certes le numé­rique finit à un prix moins élevé mais, pour avoir vu une partie de la chaîne de l’in­té­rieur, je ne crois pas une seconde à la légende du « fabriquer du numé­rique coûte aussi cher que fabriquer du papier » : La partie édition et maquet­tage est certes la même mais qu’on ne vienne pas me dire que le libraire prend autant de commis­sion ou que l’im­pres­sion et la logis­tique de ces kilo de papier n’a aucune influence dans l’équa­tion. Ce n’est simple­ment pas vrai.

    La fabri­ca­tion du numé­rique a bien un coût, de même que le maquet­tage du PDF destiné à l’im­pres­sion, mais on parle là en centaines d’eu­ros par titre, donc de quasi rien au regard du reste. Je ne parle même pas de ceux qui font des exports auto­ma­tiques ou qui font appel à un pres­ta­taire discount à 50 € la numé­ri­sa­tion.

    Le risque n’est pas le même non plus : Il n’y a plus d’im­pres­sion inutile, plus de stockage des inven­dus ou de mise en pilon. On peut même lais­ser en vente un titre qui ne fait que quelques centaines achats par an, augmen­tant de fait la renta­bi­lité des titres les moins vendus.

    * * *

    Mais surtout, main­te­nant qu’il n’y a plus l’im­pres­sion et toute la logis­tique papier, le travail de l’édi­teur est essen­tiel­le­ment du temps humain. Ne serait-il donc pas logique que la répar­ti­tion auteur-éditeur reflète alors un peu mieux les inves­tis­se­ments respec­tifs en temps de travail ?

    Un auteur c’est au mini­mum des semaines ou des mois des travail. 25% du hors taxe, soit entre 40 et 50% du cumul éditeur+au­teur, ça ne me semble pas abusé.

    Certes, l’édi­teur apporte aussi du capi­tal de répu­ta­tion pour garan­tir des ventes. Accep­tons, même si dans les faits l’in­ves­tis­se­ment en promo­tion est loin d’être aussi systé­ma­tique et impor­tant qu’on ne veut bien le dire. Mais alors, si c’est une moti­va­tion à ne pas respec­ter une répar­ti­tion en fonc­tion du temps passé, alors il serait légi­time qu’en échange l’édi­teur garan­tisse des ventes mini­mum. Qu’il le prouve en assu­rant un fixe initial ou au moins une avance non rembour­sable signi­fi­ca­tive. Il faut rester cohé­rent.

    * * *

    Et que l’édi­teur ne vienne pas parler d’au­teur en danger tant qu’il garde l’es­sen­tiel de la marge pour lui. Il est quand même à l’ini­tia­tive de la rému­né­ra­tion de l’au­teur, et pas qu’un peu.

  • Abon­ne­ment, et le solde ?

    La vente de livre neuf ne se fait pas à prix libre en France. La règle géné­rale est la suivante : « le prix de vente public du livre est fixé par l’édi­teur ». Ce prix peut varier dans le temps, peut varier pour des offres diffé­rentes (vente au chapitre, loca­tion, édition diffé­rente) mais pour un même produit vendu, le prix public sera le même partout, ni moins cher ni plus cher, fixé par l’édi­teur.

    Ça posait problème pour ceux qui voulaient inno­ver et propo­ser de l’abon­ne­ment. Par prin­cipe, le prix n’est plus fixé puisqu’il s’agit de répar­tir une somme parmi tous les éditeurs des livres lus. Certains lecteurs lisent beau­coup, d’autres moins, le résul­tat c’est que le prix pour un même contenu n’est plus fixé. Pire : Il dépend de l’usage du lecteur et de la poli­tique commer­ciale du reven­deur, plus de l’édi­teur. On renverse tota­le­ment l’es­prit de la loi.

    Il y a eu étude, proces­sus de média­tion. Il semble que les acteurs soient arri­vés à une solu­tion en accord avec le média­teur du gouver­ne­ment. Je suis plus qu’heu­reux : Ça va permettre d’in­no­ver, tester d’autres modèles. Ces acteurs qui ont tenté autre chose méritent de vivre l’aven­ture jusqu’au bout.

    Une solu­tion ?

    De ce que j’en lis un peu partout, la solu­tion a du sens : L’édi­teur fixe un prix spéci­fique à cet usage. Ici ce sera un prix à la page, poten­tiel­le­ment diffé­rent livre à livre (mais proba­ble­ment fixé de manière assez simple en fonc­tion de la date de première publi­ca­tion). Logique­ment, le reven­deur est donc obligé d’af­fi­cher ce prix à la page, et de mettre fin à l’illi­mité : Impos­sible de vous permettre de lire plus que ce que vous payez en abon­ne­ment sinon ça veut dire qu’on vous vend moins cher que le prix public fixé par l’édi­teur, ce qui est illé­gal.

    Natu­rel­le­ment cette limite sera très haute, donc ne devrait pas chan­ger réel­le­ment l’usage de ceux qui choi­sissent l’abon­ne­ment. Vis à vis du lecteur tout ça est virtuel (et c’est tant mieux).

    Bref, pourquoi pas. L’avan­tage très clai­re­ment visé par tout le monde est que ça va gêner Amazon, qui ne pourra pas chan­ger son offre spéci­fique­ment pour la France aussi faci­le­ment ou rapi­de­ment que ça. Ne nous leur­rons pas, c’était à priori l’in­ten­tion de toute la procé­dure dès le départ (la suite de la média­tion et la solu­tion d’aujourd’­hui ne sont là que pour intel­li­gem­ment éviter de faire couler deux ou trois jeunes acteurs français en victimes colla­té­rales). Au pire ça remet­tra le pouvoir un peu aux mains des éditeurs.

    Quid du solde inuti­lisé ?

    Il me reste deux inter­ro­ga­tions quand même :

    1. Si je ne lis que 500 pages à 1 centime la page (le prix est arbi­traire pour l’exemple), que mon abon­ne­ment est à 9,99€. Que me facture-t-on sur les 4,99€ restant ? À priori pas du livre (le prix est fixé, donc inter­dit de factu­rer la page plus cher que ce qu’a décidé l’édi­teur). Si on me facture un service géné­rique ça veut dire que chaque mois j’au­rais une part de service avec une TVA à 20% et une part de livre avec une TVA à 5.5%, diffé­rente à chaque fois. Oups. Je ne sais même pas s’il est possible de réali­ser un enga­ge­ment de ce type en abon­ne­ment.
    2. Si je ne lis que mes 500 pages à 1 centime la page, que mon abon­ne­ment est à 9,99€, serais-je auto­risé à lire 1500 pages le mois suivant ? Cela revien­drait à faire une moyenne sur la durée de l’abon­ne­ment, une sorte de « report des minutes » comme sur les télé­phones portables. Ce serait intel­li­gent mais si on m’a facturé le solde du mois précé­dent avec une TVA à 20%, ça va poser problème.

    À mes ques­tions un reven­deur me répond que le prix à la page est là pour les éditeurs au cata­logue, que pour le lecteur il s’agit d’illi­mité. Là je tique, car ce serait exac­te­ment l’op­posé de l’es­prit de la loi : prix fixe entre l’édi­teur et le reven­deur mais libre entre le reven­deur et le public.

    L’obli­ga­tion d’af­fi­chage du prix à la page impo­sée par le média­teur tend à me confir­mer que ma première inter­pré­ta­tion est la bonne : Il s’agit d’un prix public. Même si c’est masqué via un abon­ne­ment, c’est bien le prix que le lecteur paye réel­le­ment pour ce qu’il lit/achète.

    Quelqu’un a-t-il plus de détail, soit sur l’in­ten­tion du média­teur soit sur l’in­ter­pré­ta­tion des reven­deurs d’abon­ne­ment ?

    Ce que gagne l’édi­teur

    Je crains que ça ne règle fina­le­ment qu’un diffé­rent avec les éditeurs, que l’ac­cord soit très poli­tique, mais que fina­le­ment le texte de la loi ne soit toujours pas respecté (mais j’ai peut être manqué quelque chose).

    Le plus étrange dans tout ça c’est que j’ai l’im­pres­sion que ce sont les éditeurs qui vont y perdre alors que ce sont eux qui sont à l’ori­gine de la fronde : Si le lecteur consomme peu (ou en tout cas moins que le maxi­mum lié au prix public à la page), le reven­deur ne rever­sera que la partie du montant lié à ce qui a été utilisé (vu que prix fixe à la page), gardant le solde.

    Dans l’an­cien modèle c’était l’in­té­gra­lité de l’abon­ne­ment qui était reversé aux éditeurs (une fois retiré la marge du reven­deur), quelle que soit la consom­ma­tion. Dans le meilleur des cas ça revient au même, dans 99% de la réalité, ça sera moins.

    Amazon est mis hors course quelques mois car ne pouvant pas chan­ger son offre immé­dia­te­ment pour la France, mais dans l’his­toire j’ai l’im­pres­sion que ça ne va être inté­res­sant que pour le reven­deur d’abon­ne­ment.