Tu feras le métier qu’on te dira de faire mon fils

Aujourd’­hui l’Édu­ca­tion natio­nale nous dit qu’il n’y aura pas assez de place en 1ère et termi­nale scien­ti­fique pour répondre à la demande à la prochaine rentrée scolaire. On ne va pas en ouvrir plus. À la place on va tirer au sort un certain nombre de lycéens qui pour­ront aller dans cette filière.

Les autres… n’ont qu’à aller ailleurs. Les plus aisés des malchan­ceux pour­ront aller dans le privé. Pour eux il y aura toujours une solu­tion.

Ceux qui n’ont pas les moyens seront redi­ri­gés vers leur orien­ta­tion de second ou troi­sième choix s’ils souhaitent conti­nuer leurs études.

Peut-être que ça ne corres­pon­dra pas du tout à leur souhait de forma­tion et de profes­sion, mais on leur propo­sera quelque chose dans une filière moins limi­tée. Ce seront des filières moins coûteuses, des filières qui pour­ront être renta­bi­li­sées via des parte­na­riats public-privés pour les travaux des étudiants, ou qui font plus appel à des stages qu’à des cours.

Il n’est pas impos­sible qu’à terme on étende le tirage au sort à toutes les filières sous tension, c’est à dire aussi en 1ère et termi­nale écono­mique. Là demande y est aussi assez forte, et risque de s’ac­cen­tuer si tous les lycéens à sensi­bi­lité scien­ti­fique ne peuvent pas aller dans leur filière de prédi­lec­tion.

On redi­ri­gera donc surtout les élèves vers des filières profes­sion­nelles. Bac pro et appren­tis­sage sont moins deman­dés et donc capables d’ac­cueillir les élèves en fonc­tion de leur second ou troi­sième choix de préfé­rence.

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Sauf si tu es dans les chan­ceux tirés au sort, tu feras le métier qu’on te dira de faire mon fils, en fonc­tion des prévi­sions statis­tiques du minis­tère et du coût des forma­tions. Choi­sir son métier c’est une lubie d’idéa­liste socia­liste.

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Je ne réalise pas une fiction. Le décret est offi­ciel­le­ment passé aujourd’­hui.

La seule diffé­rence c’est qu’on parle de forma­tion supé­rieure en univer­sité et non de lycée. Visi­ble­ment ça choque moins les gens, je ne sais pas pourquoi.

On recule. L’édu­ca­tion pour tous n’est plus l’objec­tif. La réforme des univer­si­tés après mai 68 risque de ne pas faire de vieux os.

Oui, je sais, je suis un grand idéa­liste, mais à un moment le « il n’y a aura pas assez de place » ressemble beau­coup à « on souhaite que vous fassiez autre chose, surtout si en plus ça coute moins cher ».

Si vous doutiez de l’im­pact de l’au­to­no­mie des univer­si­tés, et de leur obli­ga­tion de faire de la gestion en fonc­tion des coûts… nous y voilà.


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